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Patrick WEIL "Le sens de la République"


 Henri LOURDOU  27 Juillet 2015 0
 laïcité et lutte contre le terrorisme, Immigration

Patrick WEIL "Le sens de la République"

(Grasset, 2015, 178p.)

Dans le torrent réactionnaire qui est en train de nous entraîner vers des gouffres de malheur, ce petit livre
rétablit quelques ilôts de vérité.

Des nombreuses mises au point historiques et factuelles qu'il opère se dégage effectivement un "sens de
la République" qui permet d'envisager un futur moins sombre.

Ce sens, quel est-il ? Tout simplement celui de l'universalité et de l'égalité des droits et de l'ouverture maî‐
trisée à l'autre.

Celui-ci est illustré à travers 11 questions.

1 A la question sur le poids supposé excessif de l'immigration, poids économique et mise en danger
culturel, qui obsède un nombre croissant de nos concitoyens, Patrick Weil répond par une indispensable
mise en perspective historique.

Rappelant que la France fut jusqu'au milieu du XIXe siècle le pays le plus peuplé d'Europe, il établit égale‐
ment que l'immigration en France est très ancienne. Et elle a découlé de décisions politiques des
gouvernements, pour des raisons tantôt militaires, tantôt économiques.

Raisons militaires, lorsque la loi de 1889 institue le droit du sol pour l'accès à la nationalité en même
temps qu'elle institue le service militaire obligatoire, lorsqu' après 1918, il est fait appel massivement à
des immigrés polonais, italiens ou tchèques avec une facilitation de l'accès à la nationalité (3 ans de sé‐
jour suffisaient au terme de la loi de 1927). C'est ainsi qu'"en 1930 la France est le pays qui compte le plus
fort taux d'étrangers au monde (515 pour 100 000 habitants contre 492 pour les Etats-Unis d'Amérique)" (p
16)    
En 1945, c'est le besoin économique de main d'oeuvre qui commande : le choix est alors fait de refuser
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une politique de quotas par origine. "Une partie des membres du gouvernement ou du Conseil d'Etat, 
proches du Général De Gaulle, et des résistants, s'y oppose : à leurs yeux, les quotas impliquent une hiérar‐
chie des origines, inacceptable après ce que le racisme a produit comme monstruosités pendant la Se‐
conde Guerre mondiale. De Gaulle est sensible à leur point de vue (...) Finalement l'ordonnance du 2 no‐
vembre 1945 tranche : c'est le besoin de main d'oeuvre qui déterminera les flux migratoires." (p 17)

Cependant, les tentations de "régulation" à connotation raciste n'ont pas manqué : chaque fois elles ont
été évitées, pour des raisons qui tiennent au coeur de notre Histoire républicaine.

L' une des plus méconnues a été la tentative par VGE de mettre en oeuvre le départ forcé vers l'Algérie de
500 000 immigrés algériens en 1979-80 : il n'est pas suivi par son propre gouvernement tant cette pers‐
pective horrifie tous ceux qui seraient chargés de la concrétiser (p 21-22).

En cause : l'idée de séparer des enfants de nationalité française de leurs parents de nationalité
algérienne.

C'est pourtant à cette époque que se met en place le mythe de "l'immigration zéro". Il est basé sur l'arrêt
officiel dès 1974 de l'immigration de travail.

Or chaque année 50 000 Français choisissent d'épouser un conjoint étranger, chaque année à peu près
autant (le chiffre est beaucoup plus variable car il dépend de l'état des conflits dans le monde) de persé‐
cutés bénéficient du droit d'asile, et enfin les familles directes (conjoints et enfants) des immigrés légaux
bénéficient du regroupement familial (leur nombre a rapidement baissé après l'arrêt de l'immigration de
travail, contrairement à ce que continuent d'affirmer "certains, comme Alain Fnkielkraut" (p 24) : de 73 700
en 1974, il est passé aux alentours de 30 000 à la fin des années 80.

2 La question de l'échec de l'intégration est aujourd'hui aussi fortement posée, en se basant tant sur les
émeutes des banlieues que sur les attentats terroristes.

Là aussi la réponse doit se baser sur les faits, et non sur les fantasmes d'un nombre croissant de nos in‐
tellectuels médiatiques (le dernier en date étant Bernard Maris dans son "Si on aimait la France").

La question est d'abord une question sociale : "Entre 1973 et 1985 la baisse générale de l'emploi touche
507 000 personnes dont 435 000 étrangers, soit 83% de cette baisse générale et 29% de l'emploi étranger"(p
28-29)

Ainsi, contrairement à ce que continue de seriner le Front national, la "préférence nationale " a été très tôt
et très clairement appliquée ...

Par contre, tous ces chômeurs n'ont pas été immédiatement expulsés : à cela une bonne raison évoquée
plus haut, la plupart de leurs enfants ont la nationalité française,et plus concrètement ils ont fait leur vie
en France et ont vocation à devenir Français comme bien d'autres avant eux.

Il n'en demeure pas moins que la question de leur appartenance est posée par certains.

C'est l'occasion de revenir sur les raisons de la mise en place de notre code de la nationalité depuis 1889.

Onze ans après le vote de cette loi instituant le droit du sol, Maurice Barrès, chantre du nationalisme, dé‐
veloppe "la théorie du grand remplacement" : "aujourd'hui, parmi nous, se sont glissés de nouveaux Français
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que nous n'avons pas la force d'assimiler (...) et qui veulent nous imposer leur façon de sentir. Ce faisant ils
croient nous civiliser; ils contredisent notre civilisation propre. Le triomphe de leur manière de voir coïncide‐
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rait avec la ruine réelle de notre patrie. Le nom de France pourrait bien survivre; le caractère spécial de notre
pays serait cependant détruit." (p 33)

Ce genre d'attaque fera cependant long feu. Il se heurte à une réalité : les "nouveaux Français" adoptent
les valeurs républicaines d'autant plus facilement qu'elles sont fondées sur l'universalité et l'égalité des
droits et des devoirs.

C'est à la condition que ces valeurs soient effectivement respectées que l'intégration se réalise sans
problème.

Or, c'est de moins en moins le cas quand le chômage touche de façon différentielle en fonction des ori‐
gines supposées.

3 A cela s'ajoute la question de la "concurrence des victimes" mise en cause par certains intellectuels, et
crédibilisée par la caution de certains de nos plus grands historiens à l'occasion du vote de la loi Taubira
de 2001 sur la mémoire de l'esclavage.

Il y a là aussi certaines vérités historiques à rétablir.

Et tout d'abord une mise au point de vocabulaire à faire. Car le dérapage sur cette question a d'abord re‐
posé sur un amalgame abusif.

Du fait que la loi Taubira qualifiait l'esclavage de "crime contre l'humanité", l'historien Olivier Pétré-Gre‐
nouilleau induit qu'il introduit une assimilation au génocide des Juifs, et argumente en conséquence sur
les différences entre l'un et l'autre. Il y a là abus de langage. Mais cela a entraîné une prise de position
d'une liste impressionnante d'historiens reconnus, et généralement classés à gauche, contre la loi
Taubira, accusée de plaquer "sur le passé des schémas idéologiques contemporains" (p 50)

Or, rien n'est plus faux, ainsi que l'établit Patrick Weil. Dès 1794, lors de la première abolition de l'escla‐
vage par la Convention, celui-ci est qualifié de "crime de lèse-humanité" et le propriétaire d'esclave dé‐
chu de la citoyenneté française. Son rétablissement par Napoléon 1er au terme d'une guerre sanglante
qui aboutit à l'indépendance de Haïti, mais à l'écrasement des résistants antillais (p 61-63), est définitive‐
ment annulé par le décret de 1848, à l'initiative de Victor Schoelcher, qui qualifie à son tour l'esclavage de
crime de lèse-humanité et maintient la peine de déchéance de la nationalité française pour toute per‐
sonne qui y concourrait. Cette peine est maintenue par la loi de 1889 sur la nationalité, et ne sera abolie
que par l'ordonnance de 1945 (p 53)

La mémoire de l'esclavage, tout comme celle de toute la France d'Outre-mer doit être réintroduite dans
notre Histoire, avec toutes ses composantes, car c'est justement le seul moyen de la soustraire aux idéo‐
logies mortifères qui se nourrissent des dénis historiques.

4 Sur quoi repose donc en réalité notre identité nationale ?

C'est sur les doutes dans la réponse à cette question que se nourrit un nationalisme régressif... et forte‐
ment clivant, contraire à ce qu'il prétend restaurer : l'unité de nos concitoyens.

Or, la vraie leçon du 11 janvier 2015 est que les facteurs d'unité nationale existent : mais pas là où la
Droite actuelle, aspirée par le nationalisme régressif de l'Extrême-Droite, le croit.

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P Weil distingue ainsi 4 piliers de l'identité française qui sont le principe d'égalité, la langue française, la
mémoire de la Révolution et la laïcité.   
Chacun de ces piliers est bâti sur des événements et des processus relativement récents, comme l'est
par ailleurs la conscience nationale. Cela prouve bien le caractère construit et évolutif de cette
conscience, totalement opposé à la conception fixiste et figée des nationalismes.

Cela montre aussi en creux la possibilité d'une identité et d'une conscience européennes qui sont aujour‐
d'hui à l'ordre du jour,et qui se forgent et se forgeront dans des événements et des processus communs
aux peuples européens.

5 Sur ces 4 piliers, l'un est aujourd'hui fortement sollicité : celui de la laïcité.

A cet égard, P Weil rappelle fort opportunément les travaux de la commission Stasi pour actualiser la loi
de 1905, et leur application inégale. S'il en est issu la loi sur l'interdiction du port de signes religieux os‐
tensibles à l'école, loi mesurée et bien circonscrite au cas des enfants mineurs, par contre la recomman‐
dation de laïciser davantage les jours fériés en introduisant la possibilité de moduler l'un d'entre eux au
choix pour répondre aux obligations de toutes les religions et non d'une seule, est restée lettre morte. A
ceux qui invoqueraient le risque de dissolution de nos origines catholiques, P Weil rappelle que la propo‐
sition ne s'appliquerait qu'à un seul de nos 58 jours fériés catholiques...

6 La question de la radicalisation islamiste menant aux attentats.

Là aussi, utile mise au point. Les auteurs des différents attentats ont 4 points communs : jeunes
délinquants; ayant connu des périodes d'emprisonnement; reconvertis à l'Islam sous l'influence de
gourous, d'un groupe restreint ou de l'Internet; touristes du terrorisme dans les zones de guerre du
Moyen-Orient ou d'Asie centrale; "leur subjectivité est marquée par la haine de la société, le sentiment de
rejet ou d'humiliation en tant qu'Arabe, Noir ou musulman, notamment en prison". (p 94)

Ils relèvent de la catégorie mise en lumière par l'essayiste allemand Hans-Magnus Enzensberger sous le
nom de "perdant radical". Catégorie née de la mondialisation, son nombre a tendance à se multiplier : "Le
raté peut se résigner à son sort, la victime peut demander compensation, le vaincu peut toujours se préparer
au prochain round. Le perdant radical en revanche, prend un chemin distinct, il devient invisible, cultive ses
obsessions accumule ses énergies et attend son heure. Le perdant radical est difficile à repérer, il se tait et
attend. Il ne laisse rien paraître. C'est pour cela qu'on le craint.(...) La religion n'est pas la cause initiale, elle
constitue le catalyseur d'une tension et d'une frustration latente." (in "Le perdant radical. Essai sur les
hommes de la terreur." Gallimard, 2006, p 12 et 24).

Cette tension et cette frustration alimentant la haine de la France trouvent leurs racines dans des bles‐
sures historiques et des non-dits.

7 La question de l'antisémitisme et le traumatisme algérien

Est ainsi évoquée la blessure historique provoquée chez les Juifs de France par le fameux mot du géné‐
ral De Gaulle sur le "peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur" à la suite de la Guerre des Six Jours de
1967. Cette expression, réveillant le vieil antisémitisme complotiste, a provoqué un véritable traumatisme
chez les Juifs, en raison du rôle historique antérieur de celui qui l'a prononcée. Ne pouvant mettre en
cause la personne sacrée du Général, ils ont dû surenchérir dans leur dénonciation de l'antisémitisme de
Vichy et de tous ceux qui ne bénéficient pas du privilège historique de De Gaulle.
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Mais également la blessure algérienne, qui concerne 4 catégories différentes de Français, dont les mé‐
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moires sont insuffisamment confrontées : "les pieds-noirs, les juifs présents avant la conquête de l'Algérie 
par les Arabes, les harkis et assimilés, et ceux qui ont combattu pour être Algériens indépendants. Les
pieds-noirs, les juifs et les harkis ont eu le sentiment d'avoir été abandonnés par de Gaulle; ceux qui ont
combattu pour être Algériens indépendants, par leur propre Etat, qui leur a promis si longtemps le retour im‐
minent au pays". (p 103-104)

Aujourd'hui, ce sentiment d'abandon est réactivé de façon inconsciente et détournée, et alimente des
peurs mutuelles.

C'est ainsi que le dernier livre d'Eric Zemmour est analysé comme un symptôme des blocages provoqués
par cette Histoire. "De Gaulle reste pour lui intouchable. Pour d'autres c'est le FLN.

Ainsi, plutôt que de se parler, de partager leur mémoire différente mais aussi commune de l'Algérie, plutôt
que de regarder l'histoire, leur histoire et notre histoire en face, ils se projettent, portent la bataille dans la
France d'aujourd'hui."(p 105)

8 Les vraies racines de l'antisémitisme

Les expressions d'antisémitisme liées au conflit israélo-palestinien restent superficielles, alors que l'anti‐
sémitisme profond se nourrit de véritables stratégies que l'on retrouve principalement à l'extrême-droite
car elles font partie du fond commun issu de l'Action française, pour laquelle "la France était menacée par
4 puissances : les métèques, les juifs, les protestants et les francs-maçons auxquelles s'ajoute aujourd'hui
une 5e : les musulmans." (p 117)

9 Retour du religieux et résistance de la laïcité

Contrairement aux fantasmes en vogue, le principal affront au principe de laïcité n'est pas le port du voile
dans l'espace public, mais l'émergence de mariages religieux non validés par un mariage civil.

P. Weil fait encore une fois une mise au point sur les limites de l'interdiction du port du voile et des signes
ostensibles d'appartenance religieuse en général : si leur port est interdit "aux élèves et aux fonctionnaires
des écoles publiques (...) , en dehors de l'espace strictement étatique, dans la mesure du possible, le prin‐
cipe de la liberté individuelle de conscience prévaut."(p 124) Dès lors, rien d'étonnant ni de scandaleux se‐
lon lui au jugement de la cour de cassation dans l'affaire de la crèche Baby-Loup invalidant le licencie‐
ment d'une employée voilée.

Par contre, il s'étonne du silence des personnes indignées par ce jugement au nom de la laÏcité sur le fait
que l'un des assassins de janvier 2015 M.Coulibaly "ait été déclaré "marié" avec Mme Boumedienne, une
de ses complices présumée, alors que selon la loi française on ne peut être marié qu'après une cérémonie
publique dans une mairie."(p 125-126).

Quoi qu'il en soit, note-t-il enfin, ce genre de comportement reste ultra-minoritaire, et l'islam de France
s'accommode fort bien, et de plus en plus, des règles de la laïcité.

"L'Etat en France n'est pas hostile à la religion comme il peut l'être en Chine. Il ne lui est pas favorable
comme il peut l'être aux Etats-Unis. Il est neutre, indifférent et seulement sensible à la liberté de l'individu.
C'est cette particularité qui maintient ce modèle populaire et attractif en France et dans le monde." (p 129)

10 Comment lutter contre les discriminations ?


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Ici il est surtout question des "statistiques ethniques" brandies par certains comme l'outil magique qui
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permettrait de mesurer objectivement les discriminations pour mieux les combattre (et souhaitées par 
d'autres pour établir la confirmation de leurs préjugés racistes : voir les nombreuses campagnes de
presse sur "les choses qu'on nous cacherait" pour "sauver la bien-pensance du politiquement correct").

P. Weil se positionne clairement contre les statistiques ethniques en faisant encore une fois appel à notre
histoire.

Il en profite d'abord pour établir un parallèle avec la question du droit de vote des immigrés pour les élec‐
tions locales, agité par le PS avant chaque élection depuis 1981, mais jamais mis en oeuvre quand il en
aurait eu les moyens. On en parle tout en sachant qu'on ne le mettra pas en oeuvre (p 130-131).

La seule fois en France où des bases de données à caractère ethnique ont été établies (en-dehors des
"gens du voyage" que curieusement P.Weil oublie alors que leur cas confirme son propos) c'est à propos
des juifs sous le régime de Vichy, donc pour mettre en place une politique discriminatoire. Ce fichier juif
sera la base des rafles et des déportations en vue de l'extermination.

Qui peut garantir que de tels fichiers ethniques ne serviront pas potentiellement à de telles fins ?

De tels précédents, ainsi que l'article 1er de notre Constitution, constituent de puissants obstacles à la
constitution de tels fichiers : d'une part, on peut s'attendre à un refus massif d'enregistrement de tels ren‐
seignements personnels, et d'autre part la jurisprudence du Conseil constitutionnel limite la collecte de
renseignements nominatifs à des "données objectives", telles que le nom, le lieu de naissance, la nationa‐
lité antérieure, le lieu de résidence et de scolarisation (p 134-135).

De plus, établir l'existence de discriminations à base ethnique ne nécessite nullement la collecte de don‐
nées individuelles et nominatives : les exemples ne manquent pas.(p 135-139).

"La question n'est donc pas l'absence de données, mais l'absence de réaction politique à ces données"(
p141), d'autant qu'elles ne permettent pas de conclure, contrairement aux propos comme d'habitude ou‐
tranciers de notre Premier ministre, à une situation "d'apartheid".

L'absence d'une action publique persévérante et clairement affichée contre les discriminations consta‐
tées est d'autant moins acceptable...que cette passivité nourrit le repli sur le religieux et le
communautarisme.

Une illustration concrète en est la non-ouverture 7 jours sur 7 des bibliothèques publiques : lieux par ex‐
cellence de "libre communication de l'information et des idées, pour construire sa liberté de conscience." (p
145)

11 Ouvrir ou fermer les frontières ?

Cette question vient en écho et en point final à la question de départ sur le poids supposé excessif de
l'immigration.

On a vu que l'immigration zéro était un mythe en raison des échanges persistants avec le reste du monde
(qui génèrent également une émigration non négligeable : aujourd'hui plus d' 1 M de Français, et pas loin
de 2 vivent à l'étranger.)

Cela étant la question reste ouverte du degré et des modalités d'ouverture de nos frontières.
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Pour cela un comptage suffisamment précis et clair des immigrés est nécessaire : or, le mode de comp‐
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tage imposé par l'UE depuis 2007 ne contribue pas à le faire. En effet, celui-ci inclut les étudiants 
étrangers, destinés par nature à repartir pour beaucoup d'entre eux à brève échéance. Cela contribue à
majorer le nombre d'immigrants annuel de 60 000 sur un total de de 180 000 à 210 000 selon les années.

A cela s'ajoute le chiffre supposé de l'immigration irrégulière, dont P. Weil, se fondant sur le nombre ef‐
fectif de candidats à la régularisation, dont 25 000 à 40 000 sont effectivement régularisés chaque
année, nous dit qu'il est régulièrement surestimé par l'administration.

Au total donc, selon lui, le flux effectif d'immigrants annuels se monterait au total (irréguliers compris) à
150 000.

Or certains auteurs, tel le géographe Christophe Guilluy, coqueluche des xénophobes de gauche, es‐
timent ce flux à 250 000 au moins...

Cette surestimation (incluant les étudiants et comptant deux fois les clandestins sur la base d'estima‐
tions grossies : à la fois les régularisés et les clandestins non régularisés) n'est bien sûr pas innocente.
Elle a pour but de dévoiler un pays "ouvert aux quatre vents", contrairement aux prétentions des "bobos
politiquement corrects"...et aux divers rapports internationaux dénonçant la politique de fermeture et de
non-accueil de la France.

Ce lobbying est efficace, comme on le voit depuis 2012 avec la politique restrictive pratiquée par le gou‐
vernement de gauche. Les lois votées en 2015 pour mettre la France en conformité avec les directives
européennes avaient pourtant pour but d'améliorer les conditions d'accueil et de traitement des deman‐
deurs d'asile et des étrangers en général.

Et si ces lois contiennent des éléments d'amélioration, ceux-ci sont contrebalancés par le discours
public, qui se veut martial, du gouvernement... Et certaines restrictions de fait.

Faut-il pour autant revendiquer une ouverture totale des frontières ? La question semble purement rhéto‐
rique dans la situation présente de la France et de l'Europe. P.Weil estime pourtant devoir répondre par la
négative à cette question, avec l'argument difficilement contestable que la levée juridique des frontières
se traduirait par la mise en place de frontières économiques (sélection par l'argent).

L'hypothèse des quotas est également rejetée pour ses effets pervers (quotas d'accueil comme quotas
d'expulsions, tels qu'ils se sont mis en place depuis 2007, avec ce chiffre récurrent de 30 000 expulsions
par an à effectuer : toutes les politiques migratoires "qui reposent sur un principe d'objectifs chiffrés ou de
quotas sont pour la France parfaitement contre-productives."(p 153°

Pourquoi ? Parce que le sens de la République est de préserver l'égalité des droits de l'individu en gardant
un équilibre avec l'intérêt collectif.

De ce point de vue on peut donc s'interroger sur le respect de cette égalité des droits lorsqu'on constate
la réaction de la France à la crise de l'asile en Europe depuis un an.

Les demandes ont augmenté en Europe de +44% en 2014 mais de façon très différente selon les pays :
+60% en Allemagne, +50% en Suède...mais −5% en France.

La conclusion s'impose : "Fondée sur l'universalisme égalitaire de tous ses citoyens, la République n'a rien à
craindre de sa diversité. Les immigrés et leurs descendants devenus pleinement Français permettent à la
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France de développer des liens avec les pays du monde entier et de conserver sa vocation universelle."(p
161)   

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