Vous êtes sur la page 1sur 114

Université Cadi Ayyad

Faculté des sciences juridiques économiques et sociales – Marrakech

Mémoire pour l‘obtention du Master en Droits de l’Homme et Libertés


Publiques

Réalisé par : Ismail AIT TMOUDA

La protection internationale des réfugiés


_______________________________________________
Sous la direction du professeur Abdelmalek EL OUAZZANI
Membres du jury :
- Mr. Abdelmalek EL OUAZZANI
Professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales – Marrakech
- Mme. Meriem MAHREZ
Professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales – Marrakech
- Mme. Intissar BENSBIH
Professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales – Marrakech

Année Universitaire : 2022-2023


Remerciements :

Je tiens à offrir mes plus sincères remerciements au professeure Abdelmalek EL


OUAZZANI pour sa supervision, son aide et ses précieux conseils. Un grand merci
à tous les professeurs qui m'ont enseigné durant mes études en Master Droit de
l‘homme et libertés publiques. Et enfin, je remercie tous les professeurs qui m‘ont
enseigné durant mes études universitaires et mon parcours scolaire.

Mes sincères remerciements vont naturellement à Ma mère pour sa grande


patience, son appui Indéfectible, à mon père Qui n'a jamais cessé de me soutenir et
de m'épauler pour que je puisse atteindre mes objectifs, à mon frère et mes sœurs
pour le soutien, pour leurs conseils précieux. Et enfin, je tiens à remercier mes amis
pour leurs supports.
Dédicace :

À ma chère Mère,
Qui n'a jamais cessé de me soutenir et de m‘épauler pour que je puisse
atteindre mes objectifs. Ton affection me couvre, ta bienveillance me
guide et ton incroyable soutien effectif, ta présence à mes côtés a
toujours été ma source de force pour affronter les différents obstacles.

À mon cher père,


Qui n'a jamais cessé de me soutenir et de m‘épauler pour que je puisse
atteindre mes objectifs. Tu as toujours été à mes côtés pour me soutenir
et m'encourager.

À mon frère et mes sœurs,


Pour le soutien moral, pour leurs conseils précieux tout au long de mes
études.

À tous les membres de ma famille,


Pour leurs supports et leurs conseils.

À mes amis et mes amies,


Pour leurs supports et leurs conseils.
Liste des abréviations

AFP AGENCE France presse

DAR Aide au développement pour les réfugiés

DLI Développement par l‘intégration sur place

DUDH Déclaration universelle des droits de l'homme

ETA espaces temporaires d‘apprentissage

HCR Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

IST Initiative pour des solutions transitoires

LRA l'armée de résistance du seigneur

MAG LE Taux de malnutrition aiguë globale

MINAS Ministère des Affaires Sociales , Actions humanitaires et solidarité


nationale

MINPROFF Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille .


OIR Organisation internationale pour les réfugiés

ONU Organisation des Nations Unies

ONG Organisation non-gouvernementale

OTAN Organisation du traité de l‘Atlantique Nord

OUA Organisation de l‘Unité Africaine

PNUD Programme Des Nations Unies pour le développement

RCA République Centrafricaine

RDC République démocratique du Congo

UNICEF Fonds des Nations unies pour l‘enfance

UE Union européenne

URSS Union des républiques socialistes soviétiques


Sommaire :

Introduction
Première partie : Le cadre général de la protection internationale
des réfugiés
Chapitre I : Les instruments de protection des droits des réfugiés
Chapitre II : Les mécanismes de protection des réfugiés : Le rôle du
Haut-commissariat pour les réfugiés ( HCR )
Deuxième partie : état des lieux sur la situation des réfugiés
Chapitre I : la situation des réfugiés centrafricains
Chapitre II : La situation des réfugiés Ukrainiens
Chapitre III : La situation des réfugiés syriens

Conclusion
Bibliographie

i
Résumé :
Les violations massives des droits de l‘homme, l‘affaiblissement de l‘autorité de
l‘État, la destruction des biens et équipements, le dérèglement des services sociaux de
base, le ralentissement de la vie économique, l‘insécurité, la violence et les violations
généralisées des droits de l‘homme. Sont des factures qui posent toute personne de fuir
son pays. Le statut du réfugié est octroyé à toute personne qui par des raisons sérieuses
telles qu'elles sont énoncées ci-dessus a décidé de quitter son pays vers un pays où il peut
sentir en sécurité. Depuis sa création en 1951, Le Haut Commissariat des Nations Unies
pour les réfugiés est l'organisation qui a un mandat de répondre aux besoins des
réfugiés d'où assurer une protection internationale en faveur d'eux. Cette protection
internationale est concrétisée par la garantie aux réfugiés l‘égalité d‘accès aux droits et la
jouissance des droits tels qu'ils sont mentionnés dans les instruments internationaux et
régionaux de protection des droits des réfugiés. En collaboration avec les États, Le HCR
et les États confèrent tout ensemble aux réfugiés la jouissance d'un ensemble des droits
dans le pays d'asile : L' éducation, la santé, la sécurité alimentaire, la liberté de
circulation.... Ensuite, Le HCR élabore des politiques publiques pour consolider aux
réfugiés des solutions durables à leur situation non désirée.

Abstract :

The massive violations of human rights, the weakening of State authority, the
destruction of property and equipment, the disruption of basic social services, slowdown
in economic life, insecurity, violence and widespread violations of human rights. Are bills
that ask anyone to flee his country. Refugee status is granted to anyone who, for serious
reasons as set out above, has decided to leave their country for a country where they can
feel safe. Since its creation in 1951, the Office of the United Nations High Commissioner
for Refugees has been the organization with a mandate to meet the needs of refugees,
hence ensuring international protection for them. This international protection is

1
materialized by guaranteeing refugees equal access to rights and the enjoyment of rights
as mentioned in international and regional instruments for the protection of the rights of
refugees. In collaboration with States, UNHCR and States together confer on refugees the
enjoyment of a set of rights in the country of asylum: education, health, food security,
freedom of movement... Then, UNHCR develops public policies to provide refugees with
durable solutions to their unwanted situation.

Mots Clés :

Réfugiés, protection internationale, Haut Commissariat des Nations


Unies pour les réfugiés, réfugiés centrafricains, réfugiés ukrainiens,
réfugiés syriens

2
Introduction

« Je voudrais être clair. Les réfugiés ont le droit fondamental de rentrer chez eux en
sécurité et dans la dignité au moment qu‘ils auront choisi. Nous soutenons toutes
les mesures contribuant au plein exercice de ce droit. Une décision libre et éclairée est
indispensable, tout comme les mesures devant être prises par les autorités chargées
d‘enlever les obstacles au retour. Cette position n‘est nullement dictée par les
circonstances politiques. Elle cadre avec les normes internationales établies, et avec notre
position sur le retour des réfugiés dans d‘autres régions. »

par m. Filippo grandi, haut commissaire des nations unies


pour les réfugiés | 01 octobre 2018

Les droits de l'homme sont des droits innés de l'individu, qu'il possède indépendamment
de toute reconnaissance par une autorité politique1. les droits de l'homme sont des droits nés avec
la personne humaine, toute personne peut se prévaloir de ces droits sans distinction de race, de
sexe, de langue ou de religion.... » tous les hommes sont nés également libres et indépendants : ils
ont des droits certains, essentiels et naturels, dont ils ne peuvent, par aucun contrat, priver ni
dépouiller leur postérité : tels sont les droits de jouir de la vie et de la liberté, avec les moyens
d'acquérir et posséder des propriétés, de chercher et d'obtenir le bonheur et la sûreté. » 2

Le droit international des droits de l'homme préserve la dignité et la dimension de


chacun. Longtemps il n‘avait pas été nécessaire de proclamer la dignité de la personne. Il existait
des moyens d‘en assurer la sauvegarde, soit a travers des dispositions législatives spéciales
(abolition de l‘esclavage, condamnation de la Torture), soit au moyen de ces remparts nécessaires
que constituent l‘ordre public et les bonnes mœurs (Art. 6 Cc)3.

1
Caroline Sägesser, les droits de l‘homme ,Dans Dossiers du CRISP 2009/2 (N° 73), p 9 en ligne:
https://www.cairn.info/revue-dossiers-du-crisp-2009-2-page-9.htm consulté le 3 avril 2023
2
Article premier de la déclaration des droits de Virginie adoptée le 12 juin 1776
3
Dominique TERRÉ, les questions morales du droit Ethique et philosophie morale , 1 edition, Presses Universitaires
de France,2007, P 107

3
Le droit international des droits de l'homme est un système de normes internationales
destinées à défendre et promouvoir les droits de l'homme de chacun. Inhérents à la personne
humaine sans distinction de nationalité, de lieu de résidence, de sexe, d'origine nationale ou
ethnique, de couleur, de religion , de langue ou de tout autre aspect de sa condition. Ces droits
sont liés entre eux, interdépendants et indivisibles4.

Précisons que les droits de l'homme sont au cœur du projet des nations unies. Certaines
catégories de personnes nécessitant une prise en considération, une protection idéale spéciale.
Actuellement, l'ampleur et la complexité du problème des réfugiés continue devant nos yeux,
l‘actualité de cette question des réfugiés est de tous les continents et traverse les sociétés.

Les réfugiés sont des personnes qui se trouvent hors de leur pays d‘origine en raison
d‘une crainte de persécution, de conflit, de violence ou d‘autres circonstances qui ont gravement
bouleversé l‘ordre public et qui, de ce fait, ont besoin d‘une « protection internationale »5.

Le terme migrant englobe la plupart des personnes qui se rendent dans un pays étranger
pour des raisons variées et pour une certaine durée (en général une année au moins, afin de ne pas
inclure les visiteurs temporaires tels que les touristes, les personnes en voyage d‘affaires, etc.) Ce
terme diffère de celui d‘ ― immigrant ‖, qui décrit une personne ayant établi sa résidence
permanente dans un pays Autre que sa patrie6.

Le demandeur d'asile désigne une personne qui dit être un(e) réfugié(e), et qui attend que
sa demande soit acceptée ou rejetée. Ce terme est neutre ; il décrit simplement le fait
qu‘une personne ait déposé une demande d‘asile. Certains requérants sont reconnus comme
réfugiés, d‘autres non7.

Depuis la fin de la guerre froide, les afflux de réfugiés et de personnes déplacées


internes (désormais PDI) sont beaucoup plus importants, les personnes déplacées internes sont
4
Nation Unies, La protection juridique internationale des droits de l'homme dans les conflits armés, New York et
Genève, 2011, p 5
En ligne: https://www.ohchr.org/fr/publications/special-issue-publications/international-legal-protection-human-
rights-armed-conflict
5
HCR, « Réfugiés » et « migrants » - Questions fréquentes , publié le 16 mars 2016, en ligne:
https://www.unhcr.org/fr/news/stories/2016/3/56f29941c/refugies-migrants-questions-frequentes.html
Consulté le 3 avril 2023
6
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés HCR), Protéger les réfugiés : le rôle de l'UNHCR, Mars
2009, UNHCR / MRPI / B•3 / FRA 1, Disponible sur: https://www.refworld.org/docid/49f5c0e72.html [consulté le 3
Avril 2023]
7
Ibid.

4
définies comme étant "les personnes ou groupes qui ont été forcés de fuir leur foyer ou leur
lieu de résidence habituel, soudainement ou de manière imprévue, par suite d'un conflit
armé, de troubles internes, de violations systématiques des droits de l'homme ou de
catastrophes naturelles ou causées par l'homme qui n'ont pas traversé une frontière
nationale reconnue comme telle au plan international»8.

Dans les années 1920 et 1930, la société des nations, le premier organisme mondial de
coopération entre les États et le précurseur des nations unies, a lancé une série d‘initiatives sans
précédent, pour venir en aide aux réfugiés d‘Europe 9.

En 1921, Le Haut Commissariat pour les réfugiés russes a été instauré. Ce haut
commissariat a été établi au lendemain de la première guerre mondiale. Le haut commissaire,
Fridtjof Nansen, avait à l‘origine pour tâche d‘apporter une assistance aux personnes qui étaient
devenues des réfugiés à la suite de la révolution russe. Il s‘est attaché, avant tout, à clarifier leur
statut juridique dans les pays hôtes, en leur fournissant des papiers d‘identité et des titres de
voyage. Il s‘est employé aussi à Leur Assurer Des Possibilités d‘emploi et à mettre au point des
arrangements en vue de leur rapatriement. Par La suite, Nansen a été chargé de fournir une aide
aux personnes déplacées après l‘effondrement de l‘empire ottoman et d‘organiser leur installation
définitive dans des pays autres que ceux qui leur avaient donné asile. Après le décès de Nansen,
en 1930, l‘office international Nansen pour les réfugiés a poursuivi son œuvre10.

En 1933, Le Haut Commissariat pour les réfugiés provenant d‘Allemagne a été instauré.
Des réfugiés commençant à fuir l‘Allemagne hitlérienne, la société des nations a nommé James
Mcdonald haut commissaire pour les réfugiés provenant d‘Allemagne. Face aux restrictions à
l‘immigration en vigueur partout dans le monde, Mcdonald s‘est efforcé de leur trouver un asile
permanent. En l‘espace de deux ans, il a réinstallé plus de 80 000 réfugiés, principalement en
Palestine. En 1935, toutefois, Mcdonald a démissionné pour protester contre le refus de la
société des nations de prendre des mesures plus vigoureuses en faveur des juifs d‘Allemagne,

8
Haut Commissariat pour les droits de l'homme, Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à
l'intérieur de leur propre pays, Doc. off. CES NU, 54' sess., Doc. NU E/CN.4/1998/53/Add.2 \(1998\) au para.
2 [Principes directeurs]; Mutoy Mubiala, La mise en œœuvre du droit des réfugiés et des personnes déplacées en
Afrique: problématique et perspectives, Paris, Academia-Bruylant, 2006 p. 30 [Mubiala].
9
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Module d'autoformation 1: Introduction à la
protection internationale. Protéger les personnes relevant de la compétence du HCR, 1 Août 2005, p.5 disponible sur
: https://www.refworld.org/docid/42fb0c124.html [consulté 12 avril 2023]
10
Ibid.

5
privés par les lois de Nuremberg, nouvellement adoptées, de leur citoyenneté et d‘autres droits
fondamentaux. En 1938, le haut commissaire pour les réfugiés provenant d‘Allemagne a été
remplacé par un haut commissaire pour les réfugiés 11.

L‘office international Nansen pour les réfugiés a été remplacé par le haut commissariat
pour les réfugiés et comité intergouvernemental pour les réfugiés. Comme cela est indiqué plus
haut, le haut commissariat résultait d‘une fusion de l‘office international Nansen pour les réfugiés
et du haut commissariat pour les réfugiés provenant d‘Allemagne. Il a joué un rôle très limité, qui
a pris fin en 1946. La même année, un comité intergouvernemental était créé. Son action, d‘abord
consacrée à l‘émigration forcée d‘Allemagne et d‘Autriche, a été élargie à tous les groupes de
personnes réfugiées en Europe pendant la seconde guerre mondiale. Le comité a été remplacé en
1947 par l‘organisation internationale pour les réfugiés 12.

En 1947, deux ans après sa création, l‘Organisation des Nations Unies fondait
l‘Organisation Internationale pour les Réfugiés (OIR), la première institution internationale ayant
pour mandat de s‘occuper de tous les aspects de la vie des réfugiés, notamment l‘enregistrement,
la détermination du statut, le rapatriement et la réinstallation. Compte tenu de la situation
politique qui régnait à l‘époque en Europe, la plupart des réfugiés ne voulaient plus regagner leur
pays d‘origine; ils ont été réinstallés ailleurs. L‘OIR s‘est trouvée au centre des tensions est-ouest
grandissantes: de nombreux pays critiquaient ses activités de réinstallation disant qu‘elles étaient
partisanes, ou qu‘elles étaient une source de main d‘œuvre pour l‘occident, ou encore qu‘elles
aidaient les groupes subversifs. Cet accueil hostile, conjugué au fait que seuls quelques pays
contribuaient au budget de l‘OIR, a conduit a la dissolution de l‘institution en 195113.

Les réfugiés sont devenus des cibles, des victimes de nombreux conflits. Les réfugiés
souhaitent que leur soit présentée une solution durable à leur situation non désirée.

Les membres de la communauté internationale ont la responsabilité commune de veiller


au respect des droits des réfugiés et de leur garantir la protection internationale 14. Depuis 1951,

11
Ibid., p.5-6
12
Ibid., p.6
13
Ibid., p.6-7
14
Organisation des Nations Unies, Communiqué, «La protection des réfugiés n'est pas un choix mais un
devoir humanitaire‘ pour les États» \(6 octobre ZOOS\), en ligne: ONU‘
<http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=11171&Cr=HCR&Crl=>.

6
le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) exerce un rôle important, il garantit la mise en
œuvre des droits des réfugiés.

Le HCR, la communauté internationale jouent un rôle primordial à protéger les droits des
réfugiés afin de leur garantir une vie durable. Compte tenu du rôle clé qu'occupe le HCR nous
mettrons l'accent dans notre mémoire sur le rôle du HCR en tant que mécanisme de protection
des droits des réfugiés. Le HCR consacre clairement une large protection aux réfugiés et il
encourage le respect des droits garantis pour les réfugiés.

La convention relative au statut des réfugiés de 1951 garanti aux réfugiés un ensemble des
droits qu'ils exercent sans aucune discrimination, le HCR supervise l'application de cette
convention. Il est le gardien de la convention relative au statut des réfugiés de 1951. Nous
focalisons notre recherche dans notre mémoire sur les instruments internationaux et régionaux de
protection des droits des réfugiés.

Les mouvements de réfugié sont de tous les temps et traverse tous les continents. Au fil
des années, leur nombre et leur fréquence ont augmenté, le nombre total de réfugiés a augmenté
en 2021 pour atteindre 27,1 millions15 . force est donc de consacrer toute une partie de notre
mémoire à l'état des lieux sur la situation des réfugiés et nous mettrons l'accent dans notre
mémoire sur la situation des réfugiés centrafricains , les réfugiés ukrainiens et les réfugiés
syriens.

Le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial \(PAM\) a également souligné que « [I]es réfugiés sont
la responsabilité de la communauté internationale‘ toute entière, pas d'un seul pays »,PAM «N'oublions pas les
Sahraouis!>. \(13 novembre Z006\), en ligne: PAM‘
<http://www.wfp.org/french/?NodeID=4Z&k=183>; Organisation internationale pour les migrations,
«La protection des réfugiés», en ligne: OIM < http://www.iom.int/jahia/Jahia/lang/fr/pid/Z81>.‘ )
15
Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, Les chiffres du déplacement forcé dans le monde
atteignent un nouveau record et confirment une tendance à la hausse depuis une décennie, selon le HCR. 16 juin2022
En ligne:https://www.unhcr.org/fr/news/press/2022/6/62a9e94fa/chiffres-deplacement-force-monde-atteignent-
nouveau-record-confirment Consulté le 12 avril 2023

7
Considérons que le HCR est un mécanisme auquel conféré le mandat de protéger les
droits des réfugiés depuis 1951 :

Problématique

 Que fait le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés pour
assurer une protection internationale aux réfugiés ?

8
Pour appuyer nos propos, nous diviserons notre mémoire en deux parties
principales. La première partie sera dédiée au cadre juridique de la protection des droits des
réfugiés, le premier chapitre, on va voir les instruments de protection des droits des réfugiés,

La convention de 1951 relative aux réfugiés et son protocole de 1967 constituent la base
et la source des droits garantis aux réfugiés. Ils sont les pierres angulaires de la protection des
réfugiés. Des réfugiés - qui ont besoin d'une protection spécifique en vertu du droit international.
Outre les instruments susmentionnées, d'autres instruments régionaux s'ajoutent, il s'agit de
la convention de 1969 de l‘organisation de l‘unité africaine(OUA) régissant les aspects propres
aux problèmes des réfugiés en Afrique ainsi que la déclaration de Carthagène datée de 1984 suite
à un colloque de représentants des gouvernements et d'éminents juristes latino-américains.

Précisons que le HCR veille à ce que les dispositions des instruments relatifs aux réfugiés
soient appliquées et il veille à ce que les droits énoncés dans les instruments de protection des
droits des réfugiés soient garantis. Compte tenu de son rôle qu'il joue en matière de protection des
droits des réfugiés nous examinons dans le second chapitre les mécanismes de protection des
droits des réfugiés : le rôle du HCR en matière de protection des droits des réfugiés.

Dans la seconde partie qui sera dédiée à l'état des lieux sur la situation des réfugiés, toute
cette partie sera centralisée autour des différents camps des réfugiés. Néanmoins, nous nous
limitons sur le cas des réfugiés Centrafricains qui ont été forcés de fuir leur foyer à cause
d'une guerre civile dans le chapitre I . Ensuite, le chapitre II sera consacré aux réfugiés
Ukrainiens qui ont été forcés de fuir leur foyer à cause de l'invasion russe du 24 février 2021.
Enfin, nous traitons dans le chapitre III le cas des réfugiés Syriens.

9
Première partie :
Le cadre général de la protection internationale des réfugiés

10
Précisons que La protection des réfugiés serait idéalement reconnue à travers l'adoption
des instruments internationaux relatifs aux réfugiés. La Convention de 1951 et son Protocole de
1967, les seuls traités universels qui définissent un régime juridique spécifique pour ceux qui ont
besoin d‘une protection internationale, forment le noyau du droit international relatif aux
réfugiés16.

En effet, Il est fort que le but de ces instruments est, bien entendu, de garantir un
ensemble des droits aux réfugiés. C'est à travers ces instruments susmentionnés que les réfugiés
disposent d'un ensemble des droits comme par exemple le droit à l'éducation, la liberté de
circulation, le droit à la santé, la liberté d'association.... La protection des réfugiés serait
également renforcée par l'adhésion aux instruments régionaux relatifs aux réfugiés.

Ensuite, Le HCR prend toutes les mesures pour renforcer la supervision de la mise en
œuvre des instruments susmentionnés. Le HCR est connu comme le gardien des instruments
relatifs aux statuts des réfugiés. Il garantit alors l'exercice des droits énoncés dans ces
instruments, il garantit une protection internationale des réfugiés.

16
Haut commissariat des Nation Unies pour les réfugiés, Module d'autoformation 1: Introduction à la protection
internationale. Protéger les personnes relevant de la compétence du HCR, 1 Août 2005, p.28 disponible sur :
https://www.refworld.org/docid/42fb0c124.html

11
Chapitre I : Les instruments de protection des droits des
réfugiés

La Convention de 1951 est le point de départ de tout débat sur le droit international
relatif aux réfugiés. Elle est l‘un des deux instruments internationaux concernant les réfugiés; le
second étant le Protocole de 1967 à la Convention de 195117.

La Convention de 1951 et le Protocole de 1967 relatifs au statut des réfugiés18sont


l‘incarnation juridique moderne de la tradition ancienne et universelle consistant à offrir
un sanctuaire aux personnes à risque et en danger. Ces deux instruments reflètent une valeur
humaine fondamentale faisant l‘objet d‘un consensus général, et ils constituent les premiers et
les seuls instruments au niveau global qui régissent spécifiquement le traitement des personnes
contraintes de quitter leur foyer en raison d‘une rupture avec leur pays d‘origine. Ces textes ont
montré clairement leur capacité d‘adaptation aux changements de situation. Bénéficiant d‘abord
aux réfugiés européens de la Deuxième Guerre mondiale, la Convention est parvenue à offrir
un cadre de protection aux réfugiés fuyant les persécutions de régimes répressifs, les troubles
causés par les guerres d‘indépendance ou les nombreux conflits ethniques ayant succédé à
la période de guerre froide19.

La Convention de 1951 et le Protocole de 1967 sont les pierres angulaires du régime


international de protection des réfugiés. Le renforcement de la mise en œuvre de la Convention et
de son Protocole est donc la première étape vers l'amélioration de la protection des réfugiés et des
demandeurs d'asile20.

Le 28 juillet 1951, date de l'adoption de la Convention, le monde sortait d'une période


extrêmement traumatisante et destructive de guerre mondiale et de violation des droits humains à
une échelle catastrophique. La Convention s'est inspirée de la vive préoccupation internationale
de ne pas vivre à nouveau le mépris de la vie humaine, le déplacement et la persécution des
années de guerre. La Convention revêt un caractère humanitaire déclaré. Les États ont voulu

17
Ibid.,
18
Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 189, n° 150 ; Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 606, n° 267
19
Voir, en général, HCR, Les réfugiés dans le monde (Éditions Autrement,2000. )
20
Haut commissariat des Nation Unies pour les réfugiés, Agenda pour la protection, juin 2004, p.9 disponible sur:
https://www.refworld.org/docid/4714a2872.html consulté le 15 avril 2023

12
étendre la portée globale de cette Convention lorsque, ultérieurement, ils l'ont assortie d'un
Protocole en 1967. Ce dernier applique les dispositions de la Convention à l'ensemble des
réfugiés et pas seulement à ceux qui ont été obligés de fuir avant 1951 ou à ceux qui se trouvent
en Europe. Au fil des ans, les obligations contenues dans ces deux instruments ont
également été complétées, en fait étayées, par l'évolution du droit international relatif aux droits
de l'homme21.

Comme mentionné plus haut, la protection des réfugiés serait idéalement renforcée par
l‘adoption des instruments régionaux.

La Convention adoptée par l'Organisation de l'Unité Africaine en 1969 visait à


réglementer des aspects spécifiques des problèmes de réfugiés en Afrique. Elle met un accent
particulier sur le caractère pacifique et humanitaire de l'acte d'octroi de l'asile, sur l'interdiction
des activités subversives des réfugiés dirigées, notamment, contre leur pays d'origine, et sur le
rapatriement librement consenti, qu'elle vise à faciliter par des arrangements appropriés22.

La déclaration de Carthagène23 est un instrument adopté par les pays de la région latino-
Américain en vue de promouvoir un ensemble des droits en faveur des réfugiés.

Section 1 : Les instruments internationaux de protection des droits des


réfugiés

La convention relative au statut des réfugiés de 1951 et le protocole facultatif relatif au


statut des réfugiés de 1967 sont les pierres angulaires de la protection des réfugiés. La protection
des réfugiés serait idéalement reconnue à travers l'adoption des instruments internationaux
relatifs aux réfugiés. Ensemble la convention relative au statut des réfugiés et son protocole
facultatif de 1967 offrent aux réfugiés la jouissance d'un ensemble des droits, des droits qui
facilitent leur intégration et préservent leur dignité humaine et leur fierté. Ces deux instruments
reflètent une valeur humaine fondamentale faisant l‘objet d‘un consensus général, et ils

21
Haut commissariat des Nation Unies pour les réfugiés , Note sur la protection internationale, 13 Septembre
2001, p.2 A/AC.96/951, disponible sur: https://www.refworld.org/docid/3bb45031a.html [consulté le 15 avril 2023]
22
Convention de l‘OUA régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique, adoptée le
10 septembre 1969, Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 1001, n° 45.
23
Adoptée par le Colloque sur la protection internationale des réfugiés en Amérique centrale,
Mexico et Panama, Carthagène, 19-22 novembre 1984.

13
constituent au niveau global des instruments qui régissent spécifiquement le traitement des
personnes contraintes de quitter leur foyer en raison d‘une rupture avec leur pays d‘origine.

A. La convention relative au statut des réfugiés de 1951

La Convention ayant été rédigée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la


définition qu‘elle donne du réfugié est centrée sur les personnes qui se trouvent hors du pays dont
elles ont la nationalité et qui sont réfugiées par suite des événements survenus en Europe ou
ailleurs avant le 1 er janvier 195124.

Aux termes de la convention relative au statut des réfugiés de 1951, Le terme " réfugié "
désigne toute personne qui, par suite d‘événements survenus avant le 1er janvier 1951 et
craignant avec raison d‘être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son
appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont
elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la
protection de ce pays ; ou qui, si elle n‘a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel
elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite
crainte, ne veut y retourner. Dans le cas d‘une personne qui a plus d‘une nationalité, l‘expression
―du pays dont elle a la nationalité‖ vise chacun des pays dont cette personne a la nationalité. Ne
sera pas considérée comme privée de la protection du pays dont elle a la nationalité, toute
personne qui, sans raison valable fondée sur une crainte justifiée, ne s‘est pas réclamée de la
protection de l‘un des pays dont elle a la nationalité25.

On peut déduire que selon la convention relative au statut des réfugiés, est considéré
comme réfugié toute personne qui se trouve hors de son pays de nationalité ou de résidence
habituelle, craignant avec raison d‘être persécutée du fait de sa race, sa religion, sa nationalité,
son appartenance, ses opinion politiques.

La convention a donné donc une définition claire et nette au terme de "réfugié".


Les dispositions de la convention ne s'appliqueront que en faveur des personnes ayant la qualité
de "réfugié".

24
Ibid.
25
Voir la convention relative au statut des réfugiés de 1951, Article 1.

14
La cessation

Les clauses de cessation de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés26 et


les dispositions similaires des autres instruments internationaux en matière de réfugiés, ont
longtemps été négligées en tant que sujet en droit des réfugiés. La cessation peut avoir lieu dans
différentes situations :

- La cessation pour changement de circonstances :

En vertu de l‘article 1C de la Convention de 1951, le statut de réfugié expire quand


la personne concernée se réclame volontairement à nouveau de la protection du pays dont elle a
la nationalité; ou bien quand la personne concernée acquiert une nouvelle nationalité et jouit de
la protection du pays dont elle a acquis la nationalité, ou la personne concernée est retournée
volontairement s‘établir dans le pays qu‘elle avait quitté de crainte d‘être persécutée; ou bien ne
peut plus continuer à refuser de se réclamer de la protection ce pays, les circonstances à la suite
desquelles elle avait été reconnue comme réfugié ayant cessé d‘exister; ou bien la personne n‘a
pas de nationalité mais ne peut plus refuser d‘accepter la protection du pays dans lequel elle avait
sa résidence habituelle, parce que les circonstances à la suite desquelles elle avait été reconnue
comme réfugié ont cessé d‘exister27.

Les États parties à la Convention de 1951 ont le pouvoir d‘invoquer les articles 1 C 5 et C
6, tandis que le HCR peut « déclarer que sa compétence cesse de s‘appliquer à l‘égard des
personnes relevant des situations décrites dans le Statut » 28.

Quand les États envisagent d‘appliquer les clauses de cessation, le HCR recommande
qu‘il « soit impliqué de façon appropriée » au processus, conformément à son rôle de surveillance
de l‘application de la Convention, prévu à l‘article 35 de la Convention de 1951 29. Le HCR peut
aider les États à « évaluer l‘impact des changements dans le pays d‘origine ou donner des
conseils sur les implications de la cessation du statut de réfugié concernant des groupes
importants de réfugiés sur leur territoire »30 De plus, une déclaration de cessation émise par

26
Ibid, Article 1C
27
Ibid.
28
HCR, Note on the Cessation Clauses, UN doc. EC/47/SC/CRP.30, 30 mai 1997, paragraphe 16
29
Ibid.
30
HCR, Note on the Cessation Clauses, UN doc. EC/47/SC/CRP.30, 30 mai 1997, paragraphe 24

15
l‘Office du Haut Commissaire « pourra se révéler utile pour les États en matière d‘application
des clauses de cessation et de la Convention de 1951 »31.

Dans le même temps, le HCR requiert toutefois la coopération des États parties dans
l‘application des clauses de cessation.

Les changements de circonstances impliquent le changement positif dans le pays


d'origine, la garantie des droits de l'homme, comme par exemple le droit à la vie , à la liberté, la
libre circulation, le droit d'accès devant une justice équitable, la liberté d'expression.

le gouvernement australien a recommandé que la cessation du statut de réfugié fondée sur


des changements de circonstances ne soit prise en considération que quand les développements
dans le pays d‘origine sont :

● substantiels, dans le sens où la structure du pouvoir, sous laquelle la persécution était


considérée comme une possibilité réelle, n‘existe plus ;

● effectifs, dans le sens où ils existent en réalité, et non pas comme de simples promesses,
et ils reflètent une véritable capacité et volonté de la part des autorités du pays d‘origine de
protéger les réfugiés ;

● durables, plutôt que des changements transitoires de seulement quelques semaines ou


quelques mois32.

Au sens de l'article 1D de la convention relative au statut des réfugiés, Cette Convention


ne sera pas applicable aux personnes qui bénéficient actuellement d‘une protection ou d‘une
assistance de la part d‘un organisme ou d‘une institution des Nations Unies autre que le Haut
Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés33. Lorsque cette protection ou cette assistance
donnée par une institution des nations unies autre que le HCR aura cessé par une raison
quelconque alors que ces personnes méritent une protection conformément aux dispositions de
cette convention, ils bénéficient alors de plein droit de régime de cette convention

31
Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire, Conclusion No. 69 (XLIII), 1992, UN doc. A/
AC.96/804, troisième paragraphe du préambule.
32
Refugee and Humanitarian Division, Department of Immigration and Multicultural Affairs, Australie, The
Cessation Clauses (Article 1C) : An Australian Perspective, octobre 2001, p. 16.
33
Voir la convention relative au statut des réfugiés, Article 1D

16
Cette Convention ne sera pas applicable à une personne considérée par les autorités
compétentes du pays dans lequel cette personne a établi sa résidence comme ayant les droits et
les obligations attachés à la possession de la nationalité de ce pays34.

Les dispositions de cette Convention ne seront pas applicables aux personnes dont on
aura des raisons sérieuses de penser :

a) qu‘elles ont commis un crime contre la paix, un crime de guerre ou un crime contre
l‘humanité, au sens des instruments internationaux élaborés pour prévoir des dispositions
relatives à ces crimes;

b) qu‘elles ont commis un crime grave de droit commun en dehors du pays

d‘accueil avant d‘y être admises comme réfugiées ;

c) qu‘elles se sont rendues coupables d‘agissements contraires aux buts et aux principes
des Nations Unies35.

Un aperçu sur les droits énoncés dans la convention relative au statut des réfugiés de
1951

La Convention souligne un ensemble des droits élémentaires qui devraient être octroyés
par les États aux réfugiés. On les citera à titre indicatif :

- La liberté de circulation

Tout État Contractant accordera aux réfugiés se trouvant régulièrement sur son territoire
le droit d‘y choisir leur lieu de résidence et d‘y circuler librement sous les réserves instituées par
la réglementation applicable aux étrangers en général dans les mêmes circonstances36. Aux
Termes de cet article, les réfugiés ont le droit de circuler librement.

Dans de nombreuses situations de réfugiés, la liberté de mouvement ne pose pas de


problèmes particuliers pour les réfugiés reconnus. Les gouvernements de la plupart des pays ont
continué d'accorder ou de tolérer une liberté de circulation dans les milieux urbains et d'autoriser
34
Ibid, Article 1E
35
Ibid, Article 1F
36
Voir l'article 26 de la convention relative au statut des réfugiés de 1951.

17
les réfugiés à choisir leurs lieux de résidence, même si, dans certains pays, les réfugiés ont été
contraints de se présenter régulièrement aux autorités. Pour les réfugiés vivant dans les camps,
toutefois, la situation est souvent plus contraignante. Dans certains pays de différentes régions,
les réfugiés n'ont pu que rarement quitter leur camp, et cela moyennant une permission spéciale.
Dans d'autres, où l'ancien système de permis de séjour reste en vigueur ou n'est pas entièrement
aboli, les réfugiés ont rencontré de grandes difficultés à se justifier. Dans un de ces pays, un
décret passé au cours de la période considérée, a eu spécifiquement pour but de restreindre la
liberté de circulation et le lieu de résidence des réfugiés reconnus. L'octroi de la protection
temporaire ou d'une forme de protection complémentaire s'est accompagné de restrictions à la
liberté de mouvement dans certains pays. Les réfugiés reconnus au terme du mandat du HCR ont
été ainsi pénalisés dans certaines situations, ce qui a eu des conséquences graves pour les
individus concernés, et a considérablement réduit leur potentiel d'autosuffisance37.

La détention est restée l'une des questions les plus problématiques pour le HCR. Il s'agit
clairement d'une restriction grave à la liberté de circulation du réfugié. La détention répandue de
demandeurs d'asile dans plusieurs pays des Amériques, de l'Europe et de l'Asie, a causé
davantage de complications encore. Dans certains cas, toutes les personnes arrivées illégalement
ont continué d'être obligatoirement détenues. Les États ont cité des considérations de sécurité
nationale ou d'ordre public pour justifier la détention, et ont souligné la nécessité d'empêcher
l'évasion pour déterminer l'identité/ou la nationalité et de dissuader d'autres candidats à la
demande d'asile.38 Le Comité exécutif s'est prononcé avec autorité sur cette question et a
reconnu que la détention de demandeurs d'asile, qui peuvent bien être des réfugiés, doit en
principe être évitée39.

Les meilleures pratiques de l'État n'utilisent pas la détention comme une dissuasion ou n'y
recourent qu'exceptionnellement sur une base prévue dans la législation nationale et

37
Haut commissariat des Nation Unies pour les réfugiés, Note sur la protection internationale, 13 septembre 2001
A/AC.96/951, Paragraphe 47 disponible sur : https://www.refworld.org/docid/3bb45031a.html.
38
Ibid., paragraphe 46
39
Voir conclusions du Comité exécutif no 44 (XXXVII) de 1986 et no 85 (XLIX) de 1998, par. cc),
dd) et ee).

18
conformément aux normes et principes généraux du droit international relatif aux droits de
l'homme40.

La Convention de 1951 interdit clairement l'imposition de sanctions aux réfugiés présents


ou entrant dans un pays d'asile illégalement, à la condition qu'ils viennent directement d'un
territoire où leur vie ou leur liberté ont été menacées, se présentent sans délai aux autorités et
avancent un motif valable pour leur entrée ou présence illégale41.

- La liberté de religion

La liberté des réfugiés de pratiquer leur religion et de transmettre une éducation religieuse
à leurs enfants est l'un des droits prévus dans la Convention de 1951, auquel aucune réserve n'est
permise. Les États Contractants accorderont aux réfugiés sur leur territoire un traitement au
moins aussi favorable que celui accordé aux nationaux en ce qui concerne la liberté de pratiquer
leur religion et en ce qui concerne la liberté d‘instruction religieuse de leurs enfants42.

- La liberté d'association43

Dans de nombreux pays, ce droit est tout à fait respecté, même lorsque les activités
deviennent politisées, auquel cas, leur interdiction possible est prévue dans la Convention44.
Le HCR et ses partenaires d'exécution ont été très efficaces dans l'assistance aux réfugiés pour
qu'ils créent des associations qui leur permettent de prendre en charge leur propre vie. Le
processus de consultation, de participation et d'élection a été un moyen important de faciliter
l'auto-prise en charge des réfugiés, tant des femmes que des hommes de tous âges – non
seulement aussitôt après leur fuite lorsqu'ils ont tendance à être vus comme vulnérables, mais
également plus tard, lorsqu'ils se sont employés à recommencer une nouvelle vie45.

40
Haut commissariat des Nation Unies pour les réfugiés, Note sur la protection internationale, 13 septembre 2001
A/AC.96/951, Paragraphe 47 disponible sur : https://www.refworld.org/docid/3bb45031a.html.
41
Voir la convention relative au statut des réfugiés de 1951, Article 31
42
Ibid, Article 4
43
L‘article 25 de la convention relative au statut des réfugiés de 1951 dispose que Les États Contractants accorderont
aux réfugiés qui résident régulièrement sur leur territoire, en ce qui concerne les associations à but non politique et
non lucratif et les syndicats professionnels, le traitement le plus favorable accordé
aux ressortissants d‘un pays étranger, dans les mêmes circonstances.
44
Convention de 1951, art. 15. Voir également la Déclaration universelle des droits de l'homme,
art. 20 et le Pacte relatif aux droits civils et politiques, art. 22.
45
Haut commissariat des Nation Unies pour les réfugiés, Note sur la protection internationale, 13 septembre 2001
A/AC.96/951, Paragraphe 47 disponible sur : https://www.refworld.org/docid/3bb45031a.html.

19
- Bien-être santé alimentation

La Convention dispose que les réfugiés résidant légalement sur le territoire peuvent
bénéficier d'une assistance sociale nationale et de systèmes de sécurité sociale sur la même base
que les nationaux, sans avoir à remplir des conditions particulières de résidence locale ou
d'affiliation pouvant être exigées des nationaux46.

Dans de nombreux pays, les programmes d'assistance et de sécurité sociale nationale sont
très limités, voire absents. Dans ces situations, les secours fournis par le HCR, d'autres
organisations internationales et les ONG ont dû se substituer à une capacité nationale limitée.
Pour les pays en transition, où les systèmes d'assistance sociale et de soins de santé subissent de
grandes restructurations et/ou souffrent d'un manque cruel de fonds, le HCR s'est efforcé de
veiller à ce que cette assistance nationale et des soins de santé soient fournis de façon adéquate.
Dans les pays dotés de régimes d'asile développés, les réfugiés ont généralement accès au
système de sécurité sociale. Les demandeurs d'asile reçoivent également une assistance de base
dans les domaines du logement, de l'alimentation et des soins de santé afin de pouvoir subsister
pendant que leur demande d'asile est examinée47 .

- Éducation

L'article 22 de la convention relative au statut des réfugiés dispose que États Contractants
accorderont aux réfugiés le même traitement qu‘aux nationaux en ce qui concerne l‘enseignement
primaire48.

En général, l'accès des enfants réfugiés à l'enseignement primaire est respecté, bien que,
dans la pratique, les conditions du déplacement et les contraintes en matière de ressources aient
continué à entraver sa mise en œuvre. Un grand nombre de pays ont commencé à accorder l'accès
à l'éducation aux réfugiés et aux demandeurs d'asile, dans certains cas à titre onéreux, comme à
la population locale. Un pays d'Asie centrale qui n'est pas partie à la Convention a également

46
Convention de 1951, art. 23
47
Voir l'Accueil des demandeurs d'asile, y compris les normes de traitement dans le contexte des
différents systèmes d'asile (EC/GC/01/17), Consultations mondiales, septembre 2001
48
Voir la convention, art. 22.

20
accordé à tous les enfants réfugiés enregistrés auprès du HCR un accès libre aux écoles publiques
de l'endroit où ils vivent49.

L'éducation dans les camps reste hérissée de difficultés. Du fait de l'absence des
conditions de sécurité requises pour la scolarisation, en raison de barrières culturelles et
pratiques, de coupures dans les programmes du HCR, les entraves à l'éducation ont touché toutes
les classes d'âge. Parmi les projets couronnés de succès, il convient de mentionner ceux qui ont
eu pour but de dispenser un enseignement de survie tel que la prise de conscience du danger des
mines tout en favorisant l'alphabétisation et en fournissant un appui psychosocial50.

- Le principe de non-refoulement

La convention relative au statut des réfugiés souligne un principe appelé le non-


refoulement selon lequel un réfugié a le droit de ne pas être renvoyé dans un pays où il pourrait
faire l‘objet de persécutions.

Au sens article 33 de La Convention de 1951, Aucun des États contractants n‘expulsera


ou ne refoulera, de quelque manière que ce soit, un réfugié sur les frontières des territoires où sa
vie ou sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son
appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques51.

L'obligation des États de ne pas expulser, renvoyer ou refouler les réfugiés vers des
territoires où leur vie ou leur liberté serait menacée est un principe de protection cardinal
consigné dans la Convention et ne tolérant aucune réserve. L‘avis et le Relevé des conclusions de

49
Haut commissariat des Nation Unies pour les réfugiés, Note sur la protection internationale, 13 septembre 2001
A/AC.96/951, Paragraphe 47 disponible sur : https://www.refworld.org/docid/3bb45031a.html.
50
Ibid., paragraphe 66
51
Convention contre la torture, article 3, Quatrième Convention de Genève de 1949, article 45, paragraphe 4
PIDCP, articles 2, 6-7, Commentaire général N°31, paragraphe 12, Déclaration de Carthagène, article III 5)
Convention de l‘OUA, article 2

21
la table ronde qui a eu lieu à Cambridge (Royaume-Uni) en juillet 2001 affirment tous deux que
le non-refoulement est un principe de droit international coutumier 52.

Les États n'ont cessé de réaffirmer leur engagement au principe du non-refoulement dans
leurs prises de position nationales en intégrant le principe dans leur législation nationale ainsi que
dans les instances régionales et internationales. Les politiques régionales et nationales respectent
ce principe. De très nombreux pays, y compris ceux qui ont vu augmenter le nombre d'arrivées de
réfugiés et de demandeurs d'asile et ceux qui comptent depuis longtemps d'importantes
populations réfugiées sur leur territoire continuent de respecter ce principe53.

B. Le protocole facultatif relatif au statut des réfugiés de 1967

Face à la permanence des préoccupations concernant la situation des réfugiés et à


la limitation de la portée rationae personae de la Convention de 1951, un colloque sur les aspects
juridiques des problèmes de réfugiés a été organisé à Bellagio, en Italie, en avril 1965. La réunion
a débouché sur un accord entre les participants selon lequel la Convention de 1951 devrait être
modifiée « pour répondre aux nouvelles situations de réfugiés qui ont vu le jour et dépasser ainsi
la divergence croissante entre la Convention et le Statut de l‘Office du Haut Commissaire pour
les réfugiés »54 Les participants au colloque se sont mis d‘accord sur le fait que la façon la plus
appropriée d‘adapter la Convention de 1951 passerait par l‘adoption d‘un Protocole pour «
supprimer la date limite indiquée (1er janvier 1951) à l‘article 1 A 2 de la Convention »55 Un
projet de Protocole à cette fin a été préparé et annexé au rapport du colloque.

Le Comité exécutif réaffirme que la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et
son Protocole de 1967 restent la pierre angulaire du régime international des réfugiés 56.

52
Voir aussi, par exemple, Comité exécutif, Conclusion No. 25 (XXXIII), 1982, paragraphe b). Un article récent va
jusqu‘à affirmer que le principe du non-refoulement a acquis le statut de jus cogens.
Voir J. Allain, « The Jus Cogens Nature of Non-Refoulement », 13(4) International Journal of Refugee
Law, 2001, pp. 533-58.
53
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés , Note sur la protection internationale, 13 Septembre
2001, A/AC.96/951, paragraphe 17, disponible sur :https://www.refworld.org/docid/3bb45031a.html
54
Colloquium on the Legal Aspects of Refugee Problems, Note by the High Commissioner, A/AC.96/INF.40, 5 mai
1965, paragraphe 2 (traduction libre)
55
Ibid., paragraphe 3 (traduction libre)
56
Conclusion N°87(f) du comité exécutif du HCR,1999

22
Entré en vigueur en 1967, d'après ce protocole le terme "réfugié " s'entend de toute
personne répondant à la définition donnée à l'article premier de la convention. De ce fait, au sens
de la convention relative au statut du réfugié et au sens du protocole de 196757.

Ensemble, la Convention et le Protocole couvrent trois grands sujets. Il s‘agit de


la définition du terme réfugié, les droits des réfugiés et leurs obligations, y compris le droit d‘être
protégé contre une expulsion ou le refoulement, l'obligations des États, celle de coopérer avec
le HCR dans l‘exercice de ses fonctions et celle de faciliter sa tâche de surveillance de
l‘application de la Convention.

Précisons que l'article II du protocole relatif au statut des réfugiés et l'article 35 de


la convention relative au statut des réfugiés partagent le même contenu et le même but en ce
qu'ils consistent à appeler les autorités nationales de coopérer avec les Nations Unies

Les États parties au présent Protocole s‘engagent à coopérer avec le Haut Commissariat
des Nations Unies pour les réfugiés ou toute autre institution des Nations Unies qui lui
succéderait, dans l‘exercice de ses fonctions et, en particulier, à faciliter sa tâche de surveillance
de l‘application des dispositions du présent Protocole.

Afin de permettre au Haut Commissariat ou à toute autre institution des Nations Unies qui
lui succéderait de présenter des rapports aux organes compétents des Nations Unies, les États
parties au présent Protocole s‘engagent à leur fournir, dans la forme appropriée, les informations
et les données statistiques demandées relatives :

a) Au statut des réfugiés ;

b) A la mise en œuvre du présent Protocole ;

c) Aux lois, règlements et décrets qui sont ou entreront en vigueur en ce

qui concerne les réfugiés58.

L'article 35 de la convention relative aux réfugiés ainsi que L‘article II § 2 du Protocole


de 1967 imposent une obligation analogue pour les États parties à ces instruments. Les deux
dispositions imposent des obligations de rapport aux États parties pour faciliter la tâche du HCR

57
Supra note page 5
58
Voir le protocole facultatif de 1967, Art. II. La convention relative au statut des réfugiés de 1951, Art. 35.

23
de « [faire] rapport, chaque année, à l‘Assemblée générale, par l‘entremise du Conseil
économique et social », comme le prévoit le Statut du HCR59.

l‘article 35 de la Convention de 1951 et l‘article II du Protocole de 1967 imposent aux


États parties l‘obligation conventionnelle de respecter le pouvoir de surveillance du HCR, de ne
pas entraver l‘Organisation dans l‘accomplissement de cette tâche, et de coopérer activement
avec elle dans ce domaine afin de parvenir à une application optimale et harmonisée de la
Convention et du Protocole. Des obligations similaires ont aussi été énoncées à l‘article VIII de la
Convention de l‘OUA de 1969 sur les réfugiés et dans la Recommandation II.e) de la Déclaration
de Carthagène de 1984 sur les réfugiés. Compte tenu du Statut du HCR et de son caractère
d‘organe subsidiaire de l‘Assemblée générale des Nations Unies, on peut considérer qu‘une
certaine obligation de coopération, liant aussi les États non parties, découle de l‘article 56 de la
Charte des Nations Unies60.

Est-ce que Les États non parties à la convention ont l’obligation de coopérer avec
le HCR ?

Les articles 35 de la Convention de 1951 et II du Protocole de 1967 n‘ont évidemment pas


force contraignante pour les États qui ne sont pas encore parties à ces deux instruments.
Néanmoins, ces États peuvent avoir une obligation de coopérer avec le HCR. Une telle obligation
a été reconnue à l‘article VIII de la Convention de l‘OUA de 1969 sur les réfugiés et dans la
recommandation II.E) de la Déclaration de Carthagène de 1984 sur les réfugiés. Comme la
Convention de 1951 et le Protocole de 1967, ces instruments reflètent les pouvoirs de
surveillance étendus accordés au HCR au paragraphe 8 de son Statut61, afin que celui-ci assure
une protection à tous les réfugiés qui relèvent de sa compétence et veille ainsi à l‘application du
droit international des réfugiés. L‘obligation de coopération qui en découle pour les États est
énoncée dans la résolution 428(V) de l‘Assemblée générale des Nations Unies relative au Statut

59
Le Haut Commissaire est admis à exposer ses vues devant l'Assemblée générale, le Conseil économique et social
et leurs organes subsidiaires. Le Haut Commissaire fait rapport, chaque année, à l'Assemblée générale, par
l'entremise du Conseil économique et social. Son rapport est examiné comme point distinct de l'ordre du jour de
l'Assemblée générale. Paragraphe 11 du statut du HCR.
60
La charte des nations Unies, Art. 56.
61
Le Haut Commissaire assurera la protection des réfugiés qui relèvent du Haut Commissariat. Paragraphe 8 du
statut du HCR

24
du HCR, qui invite les gouvernements « à coopérer avec le Haut Commissaire des Nations Unies
pour les réfugiés dans l‘exercice de ses fonctions »62 Cette obligation n‘est pas seulement d‘ordre
moral63mais repose sur le fondement juridique de l‘article 56 de la Charte des Nations Unies de
1945 relatif à l‘obligation qu‘ont les États membres de coopérer avec l‘Organisation des
64
Nations Unies , obligation qui s‘étend au HCR, en sa qualité d‘organe subsidiaire de
l‘Assemblée générale.

Section 2 : Les instruments régionaux de protection des droits des


réfugiés

Ensemble la convention de l‘OUA de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes
des réfugiés en Afrique et la déclaration de Carthagène de 1984 constituent un exemple marquant
d‘un effort d‘harmonisation régionale en matière de protection des réfugiés.

La convention de l‘OUA de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés
en Afrique met un accent particulier sur le caractère pacifique et humanitaire de l'acte d'octroi de
l'asile, sur l'interdiction des activités subversives des réfugiés dirigées, notamment, contre leur
pays d'origine, et sur le rapatriement librement consenti, qu'elle vise à faciliter par des
arrangements appropriés65.

La déclaration de Carthagène66 est un instrument adopté par les pays de la région latino-
Américain en vue de promouvoir un ensemble des droits en faveur des réfugiés.

A. La Convention de 1969 de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) régissant les


aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique67

62
Résolution 428(V) de l‘Assemblée générale des Nations Unies, 14 décembre 1950
63
M. Zieck, UNHCR and Voluntary Repatriation of Refugees : A Legal Analysis (Martinus Nijhoff, La
Haye, 1997), p. 450
64
Grahl-Madsen qui souligne qu‘« il semble que la disposition contenue à l‘article 35 donne en réalité effet à
l‘obligation souscrite par les États membres en vertu de l‘article 56 de la Charte » p.252
65
Convention de l‘OUA régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique, adoptée le
10 septembre 1969, Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 1001, n° 45.
66
Adoptée par le Colloque sur la protection internationale des réfugiés en Amérique centrale,
Mexico et Panama, Carthagène, 19-22 novembre 1984.
67
Convention de l‘OUA régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique, adoptée le
10 septembre 1969, Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 1001, n° 45.

25
L'émergence de nouveaux problèmes de réfugiés en Afrique au cours des années 60 n'a
pas seulement inspiré le Protocole de 1967 mais également la Convention de l'OUA de 1969
régissant les aspects spécifiques aux problèmes des réfugiés en Afrique. La Convention de l'OUA
est jusqu'à ce jour le seul instrument régional contraignant en matière de réfugiés,
complémentaire de la Convention de 1951, et l'exemple le plus marquant d'un effort
d'harmonisation régionale dans le sens de l'instrument universel relatif aux réfugiés68.

La Convention adoptée par l'Organisation de l'unité africaine en 1969 visait à réglementer


des aspects spécifiques des problèmes de réfugiés en Afrique. Elle met un accent particulier sur
le caractère pacifique et humanitaire de l'acte d'octroi de l'asile, sur l'interdiction des activités
subversives des réfugiés dirigées, notamment, contre leur pays d'origine, et sur le rapatriement
librement consenti, qu'elle vise à faciliter par des arrangements appropriés69.

Au sens de la convention de l'OUA, le terme "réfugié" s'applique à toute personne qui,


craignant avec raison, d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son
appartenance à un certain groupe social et de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont
elle a la nationalité et qui ne peut, ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection
de ce pays, ou qui, si elle n'a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa
résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut, ou en raison de ladite crainte, ne veut y
retourner. Le terme "réfugié" s'applique également à toute personne qui, du fait d'une agression,
d'une occupation extérieure, d'une domination étrangère ou d'événements troublant gravement
l'ordre public dans une partie ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a
la nationalité, est obligée de quitter sa résidence habituelle pour chercher refuge dans un autre
endroit à l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle a la nationalité70.

Notons alors que toute personne qui est considérée en vertu de l'article 1 de la convention
de 1969 de l‘Organisation de l‘Unité africaine (OUA) régissant les aspects propres aux problèmes
des réfugiés en Afrique. comme un réfugié. Elle Sera couverte des dispositions de cette

68
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés , Note sur la protection internationale, 7 juillet
2000, A/AC.96/951, paragraphe 17, disponible sur :https://www.refworld.org/docid/3bb45031a.html
[ consulté le 20 avril 2023]
69
Dorothée Lobry, « Une étude juridique des crises humanitaires résultant de catastrophes climatiques : l‘exemple du
continent africain », Les Cahiers d‘Outre-Mer [En ligne], 260 | Octobre-Décembre 2012, mis en ligne le 01 octobre
2015, consulté le 21 avril 2023. URL : http://journals.openedition.org/com/6741 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/com.6741
70
La convention de l'OUA, Article 1 paragraphe 1 et 2

26
convention. Néanmoins, ne sont pas concernées par les dispositions de cette convention les
personnes invoquées à l'article I Paragraphe 4. La présente Convention cesse de s'appliquer dans
les cas suivants à toute personne jouissant du statut de réfugié:

a) si cette personne s'est volontairement réclamée à nouveau de la protection du pays dont


elle a la nationalité; ou

b) si, ayant perdu sa nationalité, elle l'a volontairement recouvrée; ou

c) si elle a acquis une nouvelle nationalité et si elle jouit de la protection du pays dont elle
a la nationalité; ou

d) si elle est retournée volontairement s'établir dans le pays qu'elle a quitté ou hors duquel
elle est demeurée de crainte d'être persécutée;

e) si, les circonstances à la suite desquelles elle a été reconnue comme réfugiée ayant
cessé d'exister, elle ne peut plus continuer à refuser de se réclamer de la protection du pays dont
elle a la nationalité;

f) si elle a commis un crime grave de caractère non politique en dehors du pays d'accueil
après y avoir été admise comme réfugiée;

g) si elle a enfreint gravement les buts poursuivis par la présente Convention.

On ajoute que, les dispositions de cette convention ne s'applique pas en faveur de toute
personne qu'elle a commis un crime contre la paix, un crime de guerre ou un crime contre
l'humanité, au sens des instruments internationaux élaborés pour prévoir des dispositions relatives
à ces crimes, qu'elle a commis un crime grave de caractère non politique en dehors du pays
d'accueil avant d'être admise comme réfugiée, qu'elle s'est rendue coupable d'agissements
contraires aux objectifs et aux principes de l'Organisation de l'Unité Africaine, qu'elle s'est rendue
coupable d'agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies71.

Le droit d‘asile constitue un droit fondamental de l‘individu prévu par la Déclaration


universelle des droits de l‘homme, devant la persécution, toute personne a le droit de chercher
asile et de bénéficier de l‘asile d‘un autre pays ; ce droit ne peut être invoqué dans le cas de

71
Ibid. Paragraphe 5

27
poursuites réellement fondées sur un crime de droit commun ou sur des agissements contraires
aux buts et aux principes des Nations unies72.

Affirmons que la convention elle-même stipule que Les États membres de l'OUA
s'engagent à faire tout ce qui est en leur pouvoir, dans le cadre de leurs législations respectives,
pour accueillir les réfugiés, et assurer l'établissement de ceux d'entre eux qui, pour des raisons
sérieuses, ne peuvent ou ne veulent pas retourner dans leurs pays d'origine ou dans celui dont ils
ont la nationalité73.

La Convention de l'OUA prévoit que "l'octroi de l'asile aux réfugiés constitue un acte
pacifique et humanitaire et ne peut être considéré par aucun État comme un acte de nature
inamicale"74. Lorsqu'un État membre éprouve des difficultés à continuer d'accorder le droit d'asile
aux réfugiés, cet État membre pourra lancer un appel aux autres États membres, Tout réfugié qui
n'a pas reçu le droit de résider dans un quelconque pays d'asile pourra être admis temporairement
dans le premier pays d'asile où il s'est présenté comme réfugié75. L'hospitalité traditionnelle de
l'Afrique constitue la base de l'admission et de l'assistance des réfugiés sur ce continent.
Toutefois, compte tenu des problèmes économiques et sociaux pressants, les pays d'asile
(gouvernements et peuples) sont plus disposés à accueillir et à offrir une protection aux réfugiés
s'il existe des garanties de la part de la communauté internationale en matière de partage de la
charge et de recherche de solutions durables. Les populations réfugiées pour lesquelles il n'existe
pas de perspectives réalistes de solutions durables sont génératrices de tensions au plan intérieur
et de frictions avec les communautés hôtes.76 l'hospitalité est l'institution qui règle
l'interaction entre un accueillant (chez lui) et un accueilli (nouveau venu), consistant en un
processus de familiarisation réciproque (faire connaissance, entretenir une relation, etc.). Elle a
comme fonctions la dispensation de bienfaits, l'amorçage de la socialité, l'identification de
l'étranger, ou l'intégration temporaire de l'invité77.

72
La déclaration universelle des droits de l‘homme, Article 14
73
La convention de L‘OUA, Art II 1
74
Ibid. Paragraphe 2
75
Ibid. 4
76
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Personnes couvertes par la Convention de l'OUA régissant
les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique et par la Déclaration de Carthagène sur les réfugiés
(présenté par le groupe africain et le groupe latino-américain), 6 April 1992, EC/1992/SCP/CRP.6,
paragraphe 14 disponible sur :https://www.refworld.org/docid/3ae68cca10.html [ consulté le 20 avril 2023 ]
77
Baudon B., Politique de l‘hospitalité, Paris, CNRS Éditions, 2017.

28
Les droits sans devoir c'est l'anarchie78 . un réfugié qui a des droits en vertu de cette
convention sans discrimination notamment de race , de sexe , de nationalité, de religion,
d'appartenance politique ,il a aussi des devoirs.

Tout réfugié a, à l'égard du pays où il se trouve, des devoirs qui comportent notamment
l'obligation de se conformer aux lois et règlements en vigueur et aux mesures visant au maintien
de l'ordre public. Il doit en outre s'abstenir de tous agissements subversifs dirigés contre un État
membre de l'OUA79.

Les États signataires s'engagent à interdire aux réfugiés établis sur leur territoire respectif
d'attaquer un quelconque État membre de l'OUA par toutes activités qui soient de nature à faire
naître une tension entre les États membres, et notamment par les armes, la voie de la presse écrite
et radiodiffusée. Sous réserve des dispositions de cet article les États membres délivreront aux
réfugiés résidant régulièrement sur leur territoire des titres de voyage conformes à la Convention
des Nations Unies relative au statut des réfugiés et à ses annexes en vue de leur permettre de
voyager hors de ces territoires, à moins que des raisons impérieuses de sécurité nationale ou
d'ordre public ne s'y opposent. Les États membres pourront délivrer un tel titre de voyage à tout
autre réfugié se trouvant sur leur territoire80.

Lorsqu'un pays africain de deuxième asile accepte un réfugié provenant d'un pays de
premier asile, le pays de premier asile pourra être dispensé de délivrer un titre de voyage avec
clause de retour81.

L'esprit de la Convention de l'OUA consiste à accepter le principe selon lequel les


réfugiés africains sont essentiellement une responsabilité africaine. Le principe du rapatriement
librement consenti est également reconnu et, ces dernières années, les causes profondes ont été
étudiées et la responsabilité des pays d'origine a été reconnue82. Le caractère essentiellement
volontaire du rapatriement doit être respecté dans tous les cas et aucun réfugié ne peut être
rapatrié contre son gré.
78
Lessia oukrainka, extrait le maître de pierre
79
Convention de l‘OUA, Art. III 1
80
Voir l‘article III et l‘article VI 1 de la convention de L‘OUA
81
Article VI 2 de la convention de L‘OUA
82
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Personnes couvertes par la Convention de l'OUA régissant
les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique et par la Déclaration de Carthagène sur les réfugiés
(présenté par le groupe africain et le groupe latino-américain), 6 April 1992, EC/1992/SCP/CRP.6,
paragraphe 16, disponible sur :https://www.refworld.org/docid/3ae68cca10.html

29
En collaboration avec le pays d'origine, le pays d'asile doit prendre les mesures
appropriées pour le retour sain et sauf des réfugiés qui demandent leur rapatriement. Le pays
d'origine qui accueille les réfugiés qui y retournent doit faciliter leur réinstallation, leur accorder
tous les droits et privilèges accordés à ses nationaux et les assujettir aux mêmes obligations. Les
réfugiés qui rentrent volontairement dans leur pays ne doivent encourir aucune sanction pour
l'avoir quitté pour l'une quelconque des raisons donnant naissance à la situation de réfugié.
Toutes les fois que cela sera nécessaire, des appels devront être lancés par l'entremise des moyens
nationaux d'information ou du Secrétaire général de l'OUA, pour inviter les réfugiés à rentrer
dans leur pays et leur donner des assurances que les nouvelles situations qui règnent dans leur
pays d'origine leur permettent d'y retourner sans aucun risque et d'y reprendre une vie normale et
paisible, sans crainte d'être inquiétés ou punis. Le pays d'asile devra remettre aux réfugiés le texte
de ces appels et les leur expliquer clairement. Les réfugiés qui décident librement de rentrer dans
leur patrie à la suite de ces assurances ou de leur propre initiative, doivent recevoir de la part du
pays d'asile, du pays d'origine ainsi que des institutions bénévoles, des organisations
internationales et intergouvernementales, toute l'assistance possible susceptible de faciliter leur
retour83.

L'acceptation du principe de rapatriement librement consenti en Afrique dépend de deux


conditions à savoir l'existence d'un climat propice au retour et la disponibilité de ressources pour
le retour et l'intégration des réfugiés dans leurs pays d'origine respectifs. Parfois la solution
première possible mais les ressources manquent, comme tout récemment dans la Corne de
l'Afrique84.

Il est de Plus en plus généralement admis par les gouvernements, par le biais de dispositifs
ou Commissions régionales, ou sous-régionales, comptant avec la participation du HCR, que
le rapatriement librement consenti est un droit légitime des réfugiés et constitue un facteur de
paix et de réconciliation nationale85.

83
convention de l‘OUA, Art. V
84
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Personnes couvertes par la Convention de l'OUA régissant
les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique et par la Déclaration de Carthagène sur les réfugiés
(présenté par le groupe africain et le groupe latino-américain), 6 April 1992, EC/1992/SCP/CRP.6, paragraphe
21 disponible sur :https://www.refworld.org/docid/3ae68cca10.html
85
Ibid. Paragraphe 22

30
Par le biais de la convention, dans un esprit de solidarité et de coopération. Afin de
permettre au Secrétaire général administratif de l'Organisation de l'Unité Africaine de présenter
des rapports aux organes compétents de l'Organisation de l'Unité Africaine, les États membres
s'engagent à fournir au Secrétariat, dans la forme appropriée, les informations et les données
statistiques demandées, relatives:

a) au statut des réfugiés;

b) à l'application de la présente Convention; et

c) aux lois, règlements et décrets qui sont ou entreront en vigueur et qui concernent les
réfugiés86.

Il convient de citer aussi que Les États membres collaboreront avec le Haut Commissariat
des Nations Unies pour les Réfugiés87.

B. La déclaration de Carthagène de 1984

Comme mentionné plus haut, La déclaration de Carthagène88est un instrument adopté par


les pays de la région latino-Américain en vue de promouvoir un ensemble des droits en faveur
des réfugiés.

Au sens de la déclaration de Carthagène et notamment dans sa troisième conclusion le


terme réfugié englobe les personnes qui ont fui leur pays parce que leur vie, leur sécurité ou leur
liberté étaient menacées par la violence généralisée, l'agression étrangère, des conflits Intérieurs,

86
Convention de l‘OUA, Art VII
87
Voir la convention de l'OUA notamment dans son Article VIII
88
Adoptée par le Colloque sur la protection internationale des réfugiés en Amérique centrale,
Mexico et Panama, Carthagène, 19-22 novembre 1984.

31
une violation massive des droits de l'homme ou d'autres circonstances ayant perturbé gravement
l'ordre public." (III 3.)89.

Les trois éléments suivants peuvent être dégagés comme les éléments fondamentaux de
la définition de ce qu‘est un réfugié en qualité de migrant de type particulier :

Premièrement, la fuite d‘un État ou du lieu où la personne avait sa résidence permanente.

Deuxièmement, les causes de cette fuite qui sont des causes forcées et non volontaires
reliées au rapport entre l‘individu et cet État ou ce lieu de sa résidence permanente.

Troisièmement, comme conséquence la rupture des rapports entre l‘individu et cet État
d‘origine supprimant la protection qu‘il pouvait en espérer90.

L'objectif immédiat de la Déclaration de Carthagène consiste à établir, si nécessaire,


un cadre Permettant d'unifier les critères et les programmes afin de satisfaire les besoins des
réfugiés en Amérique centrale. En outre, la Déclaration sert deux autres objectifs, elle consiste à
établir une législation régionale traitant spécifiquement des réfugiés, l'autre à sensibiliser
les gouvernements de la région à la nécessité de supprimer les causes des déplacements massifs
de personnes depuis leur pays d'origine91.

L'accord de Contadora définit les critères qui doivent être pris en considération dans
l'élaboration d'une politique en matière de réfugiés en Amérique centrale. Ces critères, dont les
plus importants sont cités ci-après sont consignés dans la Déclaration de Carthagène:

a) Tout d'abord, il est impérieux d'adhérer à la Convention de 1951 et au Protocole de


1967 pour en appliquer les dispositions et mettre en place les mécanismes nationaux à cette fin. Il
est également suggéré que les États de la région organisent des consultations régulières avec le
HCR et appuient les activités du HCR dans la région (II a), b), c), d), e));

89
La déclaration de Carthagène 1984, conclusion, III 3.
90
CARLIER, Jean-Yves. Les réfugiés In : Le droit des étrangers : Statuts, évolution européenne, droits économiques
et sociaux [en ligne]. Bruxelles : Presses de l‘Université Saint-Louis, 1993 (généré le 14 juin 2023). Disponible sur
Internet : <http://books.openedition.org/pusl/13515>.
91
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Personnes couvertes par la Convention de l'OUA régissant
les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique et par la Déclaration de Carthagène sur les réfugiés
(présenté par le groupe africain et le groupe latino-américain), 6 April 1992, EC/1992/SCP/CRP.6, disponible
sur :https://www.refworld.org/docid/3ae68cca10.html

32
b) La Déclaration reconnaît la nécessité de couvrir les besoins des réfugiés dans les
domaines de la santé, de l'éducation, de l'emploi et de la sécurité (II h)) et de respecter les droits
de l'homme (II o)). Elle interdit le transfert des réfugiés dans d'autres pays contre leur gré. En
même temps, elle recommande que la réinstallation dans ces pays tiers soit envisagée dans
certains cas pour alléger les tensions pesant sur les pays accueillant un grand nombre de réfugiés;

c) Elle accepte le rapatriement volontaire en tant que solution durable (Il f)); le
rapatriement librement consenti doit se fonder sur le principe du choix individuel du réfugié
librement exprimé et doit s'effectuer en collaboration avec le HCR Le processus de rapatriement
doit être pris en charge par le biais de commissions tripartites composées de représentants du
pays d'origine, du pays d'asile et du HCR. Aux fins de rapatriement, les pays d'asile devront
faciliter toutes les formalités de départ, juridiques ou autres auxquelles sont assujettis les
rapatriés;

d) Il convient d'assurer l'autosuffisance des réfugiés par le biais de programmes et de


projets leur permettant d'entreprendre des activités productives et rémunératrices et de gagner
leur vie (Il i)). Cela n'exclut pas la possibilité du rapatriement librement consenti car même dans
les cas où les réfugiés obtiennent un permis de séjour temporaire, ils doivent jouer un rôle dans la
satisfaction de leurs propres besoins pour des raisons économiques et de santé mentale;

e) La Déclaration donne également des assurances aux pays d'asile selon lesquelles les
réfugiés ne doivent pas exercer d'activités« politiques contre leur pays d'origine. Ce critère s'est
révélé nécessaire afin de respecter la nature strictement humanitaire de l'octroi de l'asile et
d'assurer la protection dévolue aux réfugiés (Il o)).

f) Pour terminer, il convient de souligner que la Déclaration de Carthagène consigne la


nécessité pour les gouvernements des pays de la région de déployer des efforts visant à supprimer
les causes de l'exode de réfugiés (II m)). Elle lance également un appel à la communauté
internationale afin qu'elle donne les moyens financiers nécessaires à la recherche de solutions au
problème des réfugiés et à la suppression des causes de l'exode 92.

92
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Personnes couvertes par la Convention de l'OUA régissant
les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique et par la Déclaration de Carthagène sur les réfugiés
(présenté par le groupe africain et le groupe latino-américain), 6 April 1992, EC/1992/SCP/CRP.6,
paragraphe 35 disponible sur :https://www.refworld.org/docid/3ae68cca10.html

33
Parmi les caractéristiques qui caractérisent la déclaration de Carthagène, la réaffirmation
du droit d'asile en tant que principe humanitaire qui ne peut en aucun cas être interprété comme
une critique ou une sanction contre le pays d'origine. En conséquence, l'accueil des réfugiés ne
doit pas être prétexte à une modification des relations bilatérales entre un pays d'asile et un pays
d'origine, le principe du non-refoulement est un autre élément clé de protection internationale
confirmé par la Déclaration et respecté par les Pays de la région, un autre aspect important, la
nécessité du regroupement familial, c'est-à-dire une des caractéristiques les plus marquantes de la
société latino-américaine. Dans la notion d'intégration des réfugiés dans la vie productive des
pays d'asile, la Déclaration consacre un principe humanitaire très important visant à protéger la
santé physique et mentale des personnes. A cette fin, la Déclaration suggère que les ressources
mises à disposition par la communauté internationale soient canalisées vers les programmes de
développement afin de créer des emplois, ce qui permet aux réfugiés de mettre à profit leurs
aptitudes manuelles et intellectuelles. subvenir à leurs besoins et permettre aux pays d'asile de
bénéficier des qualifications qu'ils peuvent offrir. La Déclaration demande aux États de la région
d'intégrer dans leur législation un régime de traitement des réfugiés respectant au minimum les
normes fondamentales de protection internationale applicables aux personnes qui se trouvent
dans une situation conduisant à l'octroi du statut de réfugié. Et enfin, l'un des autres traits
caractéristiques de la Déclaration est sa mention explicite des personnes déplacées à l'intérieur du
territoire (III 9.). On ne dispose d'aucune indication claire de la position de la région en la
matière. La neuvième conclusion contient toutefois un appel aux autorités nationales et aux
organisations internationales compétentes afin qu'elles fournissent protection et assistance aux
personnes se trouvant dans cette situation. En d'autres termes, les personnes déplacées à
l'intérieur du territoire méritent l'attention des autorités nationales dans les États signataires de la
Convention mais pas en raison du statut de réfugié tel qu'il y est défini (Conclusion III 3.). La
dernière caractéristique de la Déclaration est la recommandation de coopération entre l'OEA et
le HCR concernant l'unification des efforts en matière de réfugiés93.

Le groupe latino-américain admet que la protection internationale se compose de deux


domaines d'égale importance, soit le statut juridique et l'assistance sociale des réfugiés94.

93
ibid. Paragraphe 41
94
Ibid., paragraphe 55

34
Le statut juridique est étroitement lié au respect des principes fondamentaux de droit
humanitaire tels que ceux du non-refoulement des personnes déplacées, de la reconnaissance du
droit d'asile et du regroupement familial. Il implique également la délivrance rapide de
documents octroyant le statut de réfugié95.

L'assistance est un autre aspect essentiel de la protection internationale. Nous ne pouvons


perdre de vue le fait que l'assistance est la concrétisation de la protection et qu'en conséquence
la couverture des besoins des réfugiés doit être assurée non seulement au niveau minimal de
subsistance mais aussi au niveau de la jouissance des droits sociaux, économiques et culturels
fondamentaux 96.

 La Protection internationale des réfugiés : principes et droits des


réfugiés

La protection internationale des réfugiés débute par les mesures prises pour garantir leur
admission dans un pays d‘asile, l‘octroi de l‘asile et le respect de leurs droits fondamentaux,
notamment le droit de ne pas être renvoyés de force dans un pays où leur sécurité ou leur survie
sont menacées (le principe de non-refoulement). On entend par la protection internationale ,toutes
les actions visant à garantir aux femmes, aux hommes, aux filles et aux garçons relevant de
la compétence du HCR, l‘égalité d‘accès aux droits et la jouissance de ces droits, en application
des branches applicables du droit (notamment, le droit international humanitaire, le droit des
droits de l'homme et le droit relatif aux réfugiés) 97.

L'asile:

Comme on l'a indiqué plus haut, ce principe permet à toute personne reconnue comme
un réfugié de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.

Ce principe est antérieur à tous les instruments internationaux relatifs aux réfugiés, et dans
de nombreuses parties du monde, il remonte à l'aube de la civilisation.
95
Ibid., paragraphe 56
96
Ibid, paragraphe 57
97
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Module d'autoformation 1: Introduction à la protection
internationale. Protéger les personnes relevant de la compétence du HCR, 1 Août 2005, p.8 disponible sur:
https://www.refworld.org/docid/42fb0c124.html

35
L'expulsion :

L'article 32 de la Convention des Nations Unies de 1951 reconnaît qu'il peut y avoir des
circonstances où l'expulsion d'un réfugiés se trouvant régulièrement sur le territoire d'un État
contractant est justifiée. l'expulsion peut mettre le réfugié dans un situation grave et très difficile.
Rappelant que l'article 32 n'admet comme motif d'expulsion d'un réfugié que ‗'des raisons de
sécurité nationale ou d'ordre public''.

Le non-refoulement:

il importe de noter que le principe du non-refoulement devrait être appliqué même si


les personnes concernées n'ont pas été reconnues officiellement comme réfugiés. Ce principe
désigne le droit de ne pas être renvoyés de force dans un pays où leur sécurité ou leur survie sont
menacées.

Les droits économiques et sociaux :

Les réfugiés doivent bénéficier des divers droits économiques et sociaux non seulement
pour faciliter leur intégration sur place mais encore pour préserver leur dignité humaine et leur
fierté. La jouissance de ces droits est également nécessaire aux personnes en quête d'asile ainsi
qu'à celles qui ne bénéficient que d'un asile temporaire, car à trop compter sur l'assistance, on fait
naître un syndrome de dépendance qui peut sérieusement compromettre leurs perspectives
d'avenir.

La Convention des Nations Unies de 1951, relative au statut des réfugiés et le Protocole
de 1967 prévoient d'accorder aux réfugiés le bénéfice de toute une série de droits économiques et
sociaux, au nombre desquels les droits à une activité professionnelle salariée, à un travail
indépendant, à l'enseignement public et à l'assistance publique, les droits artistiques et la
propriété intellectuelle.

Pièces et documents :

La plupart des États parties à la Convention de 1951 délivrent des titres de voyage aux
réfugiés sous la forme et dans les conditions prévues à l'article 28 de cet instrument. Bien que ces
titres soient généralement délivrés avec une clause permettant au titulaire de regagner le pays

36
d'émission pendant la durée de validité du titre de voyage, ils sont dans certains cas délivrés sans
clause de retour ou avec une durée plus limitée. ces documents d'identité ont facilité
l'organisation de l'assistance à fournir aux réfugiés.

Dans la plupart des cas, les documents d'identité délivrés aux réfugiés non seulement
établissent leur identité mais attestent aussi que leurs titulaires ont le statut de réfugiés,
permettant aux intéressés de bénéficier des divers droits proclamés dans les instruments
internationaux relatifs aux réfugiés,

Regroupement des familles :

Le HCR a continué de bénéficier de la coopération d'un grand nombre de gouvernements


dans l'action qu'il mène pour regrouper les réfugiés et leurs proches parents, et plusieurs milliers
de personnes ont ainsi pu rejoindre des membres de leur famille qui avaient trouvé asile à
l'étranger.

Naturalisation :

L'article 34 de la Convention de 1951 demande aux États contractants de faciliter


l'assimilation et la naturalisation des réfugiés, de mettre tout en œuvre pour accélérer la procédure
de naturalisation et de réduire, dans toute la mesure possible, les taxes et les frais de cette
procédure.

Chapitre II : Les mécanismes de protection des réfugiés :


Le rôle du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR )
Après la Seconde Guerre mondiale, l'Organisation des Nations Unies(ONU) a été créée en
1945, une organisation internationale à vocation universelle, qui permet de garantir la paix et
la sécurité internationale. D'autant plus que, Les missions de L'ONU comprennent:
37
"réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d'ordre
économique, social, intellectuel ou humanitaire, en développant et en encourageant le respect des
droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous sans distinction de race, de sexe, de
langue ou de religion. " 98.

L'ONU assure le respect des droits de l'homme, en adoptant en 1948 la Déclaration


universelle des droits de l'homme. L‘Organisation des Nations Unies fondait l‘Organisation
internationale pour les réfugiés (OIR), la première institution internationale ayant pour mandat de
s‘occuper de tous les aspects de la vie des réfugiés, notamment l‘enregistrement, la détermination
du statut, le rapatriement et la réinstallation. Compte tenu de la situation politique qui régnait à
l‘époque en Europe, la plupart des réfugiés ne voulaient plus regagner leur pays d‘origine; ils ont
été réinstallés ailleurs. L‘OIR s‘est trouvée au centre des tensions Est-Ouest grandissantes: de
nombreux pays critiquaient ses activités de réinstallation disant qu‘elles étaient partisanes, ou
qu‘elles étaient une source de main d‘œuvre pour l‘Occident, ou encore qu‘elles aidaient
les groupes subversifs99.

Il était évident qu‘une institution pour les réfugiés restait nécessaire, du moins dans
l‘avenir immédiat. A l‘issue de nombreux débats passionnés aux Nations Unies sur la forme à
donner à une telle institution, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR)
était créé en tant qu‘organe subsidiaire de l‘Assemblée générale, par la Résolution 319 (IV) de
l'‘Assemblée générale des Nations Unies de décembre 1949100.

Lorsque l'Organisation des Nations Unies a été fondée en 1945, l'objectif déclaré était de
réaffirmer la foi du monde dans "les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur
de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes et des nations,
grandes et petites"101.

98
Charte des nations Unies
99
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Module d'autoformation 1: Introduction à la protection
internationale. Protéger les personnes relevant de la compétence du HCR, 1 août 2005, p.6 Disponible sur:
https://www.refworld.org/docid/42fb0c124.html
100
ibid. p.7
101
Statement by Mrs. Sadako Ogata, United Nations High Commissioner for Refugees, to the Third Committee of
the United Nations General Assembly, New York, 20 November 1995

38
Le HCR a pour mandat de garantir, une protection internationale aux réfugiés, et de
rechercher des solutions permanentes en leur faveur. Il convient d'insister sur que le HCR joue
un rôle actif dans la protection internationale des réfugiés. Cette protection internationale
conférée aux réfugiés comprend les éléments suivants:

 promouvoir la ratification et superviser la mise en œuvre des conventions


internationales pour la protection des réfugiés au niveau mondial et, de plus en plus, au
niveau régional, afin de veiller à ce que les réfugiés soient identifiés et jouissent du statut
et de normes de traitement appropriés dans les pays d‘asile;
 garantir, avec et à travers les autorités nationales, la sécurité et le bien-être
des réfugiés dans leurs pays d‘asile;
 veiller à ce que les besoins des enfants, des femmes et des hommes réfugiés
soient satisfaits, notamment les besoins particuliers des victimes de la violence, des
femmes chefs de famille, des réfugiés âgés, et des enfants réfugiés qui ont été enrôlés de
force en tant qu‘enfants soldats, ou séparés de leur famille;
 promouvoir, avec les gouvernements, les institutions des Nations Unies et
d‘autres organisations internationales, des mesures de nature à éliminer les causes de la
fuite des réfugiés, de façon que les réfugiés puissent regagner leur lieu d‘origine dans des
conditions de sécurité;
 encourager, favoriser et contrôler la sécurité et la dignité du rapatriement
librement consenti quand il est réalisable;
 quand il ne l‘est pas, promouvoir les autres solutions durables, à savoir
l‘intégration locale ou la réinstallation102.

La résolution 428 (V) adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 14 décembre
1950, qui a établi le Statut du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, charge ce
dernier d'assurer la protection des réfugiés dans le cadre de son mandat. L'article 8 du Statut
explique ce que l'on entend par protection et donne une liste détaillée des responsabilités du HCR
à cet égard. Aux termes de l'article 35 de la Convention de 1951, les États contractants s'engagent
à "coopérer avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés dans l'exercice de ses

102
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Module d'autoformation 1: Introduction à la protection
internationale. Protéger les personnes relevant de la compétence du HCR, 1 Août 2005, pp.8
Disponible sur: https://www.refworld.org/docid/42fb0c124.html

39
fonctions" et notamment à «faciliter son devoir de surveillance de l'application des dispositions
de la présente Convention". Ils s'engagent également à fournir au HCR des informations et des
données statistiques concernant la condition des réfugiés103.

La fonction de protection est obligatoire pour le Haut Commissaire. Si les cas dans
lesquels il estime devoir intervenir et la manière dont il intervient constituent pour lui une
obligation stricte, et donc il n'a pas besoin, comme c'est le cas pour l'assistance matérielle, de
recevoir une demande d'un gouvernement avant de l'exercer 104.

La fonction de protection ne repose pas sur un véritable pouvoir supranational conféré au


Haut Commissaire que les États souverains seraient contraints de reconnaître et qui les obligerait
à écouter ses vues et à appliquer ses décisions. Il ne pourrait en être ainsi, comme c'est le cas dans
le domaine particulier de l'éligibilité, que si les États, dans leur souveraineté, décidaient
réellement de lui déléguer le pouvoir de prendre en leur nom des décisions contraignantes105.

Néanmoins, dans la pratique, l'efficacité de l'action du Haut Commissaire dépend


essentiellement de la confiance que lui accorde la communauté internationale, au nom de laquelle
il agit. Seule l'autorité morale que lui confère sa fonction peut pallier l'absence de pouvoir
coercitif au niveau international. Sa seule arme est la persuasion. En particulier, il ne dispose pas
de ce moyen de dissuasion que les États utilisent parfois pour protéger leurs ressortissants à
l'étranger : la menace de mesures de rétorsion. Comme le soulignent toutes les résolutions de
l'Assemblée générale relatives au Haut Commissaire, tout son travail en faveur des réfugiés
dépend de l'esprit de coopération et de la volonté de coopération manifestés par les
gouvernements106.

Le HCR peut aujourd'hui être connu par le grand public comme une agence de secours
répondant aux urgences de réfugiés. Mais c'est le mandat du Haut Commissariat de fournir
une protection internationale aux réfugiés qui distingue le HCR de toute autre organisation du

103
Aga Khan S., Legal Problems Related to Refugees and Displaced Persons, Academy of International Law, La
Haye, 1976, paragraphe 101
104
Ibid. 102
105
Ibid. 103
106
Ibid. 104

40
système des Nations Unies. Sans protection, il n'y a peut-être pas de survie. Sans protection, il n'y
a peut-être pas de solutions107.

Le mandat de protection internationale confère au HCR son caractère distinctif dans


le système des Nations Unies. La protection internationale implique également la promotion,
la sauvegarde et l‘élaboration de principes de protection des réfugiés, le renforcement des
engagements internationaux, notamment pour traiter les réfugiés conformément aux règles et
normes internationales108. De manière générale, les réfugiés se heurtent à des difficultés
matérielles à deux moments clés de leur périple, lors de la fuite du pays d‘origine et lors de
l‘installation dans le pays d‘accueil, ou dans les pays d‘accueil109.

Le HCR joue un rôle actif en matière de protection des réfugiés, il assure l‘accueil des
demandeurs d‘asile et les réfugiés, il intervient auprès des autorités, il garantit la sécurité
physique et protéger les femmes, les enfants et les personnes âgées, il veille à promouvoir les
législations nationales et les procédures d‘asile, il participe aux procédures nationales de
détermination du statut de réfugié , il a pour mission d‘entreprendre la détermination du statut de
réfugié et de fournir des conseils et élabore une jurisprudence110.

Le HCR a parfois été amené à assumer un rôle encore plus prépondérant. Dans les années
90 par exemple, le HCR a organisé le plus long pont aérien jamais réalisé, dans le cadre de son
opération en faveur des populations assiégées et des déplacés de Bosnie-Herzégovine. Plus
récemment, le HCR a lancé des opérations de grande envergure, suite au tsunami qui a frappé
l‘Asie en 2004 et au tremblement de terre survenu au Pakistan en 2005, et ce en dépit du fait que
l‘agence ne prend généralement pas part aux secours en cas de désastre naturel. Dans ces deux
cas, les dommages engendrés concernaient tout particulièrement deux domaines d‘assistance bien
connus du HCR : l‘hébergement et la gestion des camps. En mai 2008, le HCR a aidé les victimes
du cyclone Nargis au Myanmar. Ce même mois, l‘agence pour les réfugiés a fourni des milliers

107
Statement by Mrs. Sadako Ogata, United Nations High Commissioner for Refugees, to the Third Committee of
the United Nations General Assembly, New York, 20 November 1995
108
Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire, Comité permanent, Aperçu des développements régionaux
(octobre à décembre 1995), UN doc. EC/46/SC/CRP.11, 4 janvier 1996, paragraphe 3
109
BENTZ, Anne-Sophie. Chapitre 3. Les réfugiés tibétains et leur nation In : Les réfugiés tibétains en Inde :
Nationalisme et exil [en ligne]. Genève : Graduate Institute Publications, 2010 (généré le 15 juin 2023). Disponible
sur Internet : <http://books.openedition.org/iheid/948
110
HCR, Note sur la protection internationale, UN doc. A/AC.96/930, 7 juillet 2000, paragraphes 10-29

41
de tentes pour les familles qui avaient perdu leur foyer lors du tremblement de terre dans la
province du Sichuan en Chine111.

Compte tenu de son rôle actif qui consiste à garantir une protection internationale en
faveur des réfugiés. Le HCR est également compètent pour garantir des solutions durables en
faveur de ceux qui bénéficient du statut de réfugié.

Les trois solutions traditionnelles disponibles pour les réfugiés sont le rapatriement
librement consenti dans le pays d‘origine lorsque les conditions le permettent, l‘intégration sur
place dans le pays d‘accueil et la réinstallation dans un autre pays. Le HCR utilise toutes ces
solutions de manière complémentaire pour résoudre les problèmes de déplacement112.

À la suite des urgences à grande échelle en Irak, en Somalie, en Bosnie et au Rwanda,


la communauté internationale a de plus en plus reconnu qu'une nouvelle approche proactive et
globale était nécessaire. Bien que l'essentiel de notre mandat reste l'octroi d'une protection et
la recherche de solutions pour des millions de réfugiés, la communauté internationale ne se
contente plus que le HCR attende que les personnes franchissent les frontières pour les protéger
et les assister. Au lieu de cela, l'accent est mis de plus en plus sur la fourniture d'une assistance
humanitaire, la protection et la création de conditions susceptibles de contribuer à des solutions
rapides dans les pays d'origine113.

La meilleure protection est de trouver une solution durable pour que les réfugiés n'aient
plus besoin de protection internationale. Le retour à la maison a toujours été la meilleure solution.
Le but ultime de la protection internationale est de mettre en œuvre des solutions durables pour
les réfugiés, et prenant acte qu'une orientation vers les solutions est inhérente à la résolution 428
(V) de l'Assemblée Générale du 14 décembre 1950 adoptant le Statut du Haut Commissariat des

111
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Protéger les réfugiés : le rôle de l'UNHCR, Mars 2009,
UNHCR/MRPI/ FRA 1, p 20 disponible sur :https://www.refworld.org/docid/49f5c0e72.html.
112
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, « Rapport global du HCR 2014 » p.74 disponible sur le
Site officiel d Haut commissariat pour les réfugiés. [ Consulté le 24 avril 2023 ]
113
Statement by Mrs. Sadako Ogata, United Nations High Commissioner for Refugees, to the Third Committee of
the United Nations General Assembly, New York, 20 November 1995

42
Nations Unies pour les réfugiés, à ce statut lui-même ainsi qu'à la Convention de 1951 par le biais
de ses dispositions sur la cessation, l'intégration et la naturalisation114.

Section 1 : Le rapatriement librement consenti


Le rapatriement librement consenti, lorsqu'il est réalisable est largement reconnu comme
la solution durable la plus souhaitable115. Souvent, des conditions essentielles d‘un retour –
sécurité et rétablissement de la protection nationale – ne sont pas réunies. Dans ce cas, il se peut
que le retour ne soit pas durable et que les réfugiés retournent une nouvelle fois dans leur
pays d‘asile. Créer des conditions propices à un rapatriement volontaire est un défi majeur, non
seulement pour le pays d‘origine mais aussi pour la communauté internationale, dont le soutien
est souvent capital. Tel est particulièrement le cas dans les situations d‘après-conflit, où les
dépenses, les efforts et le temps requis pour rétablir la paix, garantir le respect des droits de
l‘homme, reconstruire les infrastructures, restaurer une vie politique, économique et
sociale normale, relever le système judiciaire, et encourager la stabilité à long terme sont à tout le
moins impressionnants116 . Le rapatriement librement consenti requiert toutefois un
niveau élevé d'engagement politique pour résoudre les situations souvent complexes et
prolongées dans les pays d'origine ainsi que l'engagement à mettre en place un cadre juridique et
socio-économique propice au retour dans la sécurité et la dignité. Pour être couronné de
succès, le rapatriement librement consenti requiert la combinaison de mesures de la part des
différents acteurs, allant en général de mesures d'établissement de la confiance, par le biais
d'activités de création de capacités juridiques et judiciaires jusqu'à la conclusion d'accords
formels de rapatriement librement consenti, l'établissement de modalités de suivi efficace des
rapatriés et l'élaboration d'ensembles de réintégration ciblés dans le pays d'origine. La
coopération interinstitutions en est généralement une composante essentielle117 . La plupart des
réfugiés préfèrent rentrer chez eux dès que les circonstances le permettent (en
général lorsqu‘un conflit a pris fin), et qu‘une certaine stabilité est revenue. Le HCR préconise le

114
Executive Committee of the High Commissioner‘s Programme, Conclusion sur l'intégration sur place Nº 104
(LVI) - 2005, 7 October 2005, Nº 104 (LVI) - 2005, disponible sur: https://www.refworld.org/docid/4649c5ec2.html
115
Voir les conclusions du Comité exécutif nos 85(XLIX), par. gg) de 1998, 87(L), par. r) de 1999
et 89(LI) de 2000
116
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Module d'autoformation 1: Introduction à la protection
internationale. Protéger les personnes relevant de la compétence du HCR, 1 Août 2005, p.156
117
UN High Commissioner for Refugees (UNHCR), Note on international protection, 13 September
2001, A/AC.96/951, p. 29 Disponible sur :https://www.refworld.org/docid/3bb1c6cc4.html [consulté le 24avril 2023]

43
rapatriement volontaire comme la meilleure solution pour les personnes déplacées, si cette
option est sûre et leur réintégration viable. Il est fréquent que l‘agence fournisse une aide pour le
transport et le retour, qui peut comprendre une allocation financière, des projets générateurs de
revenus ou une assistance matérielle, telle que des outils agricoles ou des graines118.

Les principaux éléments du cadre juridique du rapatriement librement consenti sont


notamment les suivants:

 le droit, en vertu du droit des droits de l‘homme, qu‘a une personne de


retourner dans son pays d‘origine;
 les réfugiés, dans l‘exercice de leur droit au retour, devraient en principe
avoir la possibilité de regagner leur lieu d‘origine ou le lieu de résidence de leur choix,
sous réserve seulement des restrictions autorisées par le droit international des droits de
l‘homme;
 les indicateurs utilisés pour déterminer si la protection nationale a été
rétablie dans le pays d‘origine sont fondés sur les normes définies par le droit
international des droits de l‘homme;
 les instruments régionaux relatifs aux droits de l‘homme, qui fixent les
principes du rapatriement librement consenti;
 les diverses conclusions du Comité exécutif établissant les normes du
processus de rapatriement librement consenti;
 dans des situations spécifiques, les accords bilatéraux ou tripartites entre
le pays d‘origine, le pays d‘asile et le HCR, définissant les responsabilités respectives des
parties et les garanties offertes aux rapatriés. De plus en plus, les accords de paix
comprennent des dispositions relatives au rapatriement volontaire119.

La convention de l'OUA invoque le principe de rapatriement volontaire consent selon


lequel les réfugiés peuvent de plein gré quittent le pays d‘asile direction vers le pays d‘origine.120

118
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Protéger les réfugiés : le rôle de l'UNHCR, Mars 2009,
UNHCR/MRPI/ FRA 1, p 20 disponible sur :https://www.refworld.org/docid/49f5c0e72.html.
119
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Module d'autoformation 1: Introduction à la protection
internationale. Protéger les personnes relevant de la compétence du HCR, 1 Août 2005, p.156
120
Voir supra note, page 22-23

44
Précisons que la convention de 1951 relative au statut des réfugiés ne traite pas de manière
explicite le rapatriement volontaire que dans l'article 1 relative à la cessation du statut du réfugié.

l‘article 1C.4 de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés stipule que le statut
de réfugié cesse si un réfugié est retourné volontairement s‘établir dans le pays d‘origine;

Les aspects de la sécurité physique qui caractérisent le retour d'un refugié dans son pays
natal sans aucun danger pour lui implique la situation générale en matière de sécurité et
les assurances données par les autorités quant à l‘intégrité physique des rapatriés, ainsi que des
questions spécifiques de sécurité, telles que la présence de mines et de munitions non explosées.
Pour ce qui est des aspects de la sécurité juridique, il convient de mentionner :

 l‘adoption et l‘application de lois d‘amnistie protégeant les rapatriés contre


la discrimination ou des sanctions, qui auraient pour seul motif le fait qu‘ils ont fui le
pays;
 l‘adoption d‘une législation garantissant la citoyenneté d‘un rapatrié, ainsi
que l‘accès aux papiers nécessaires pour établir le statut personnel;
 la prise de mesures garantissant la restitution des biens ou, si cela s‘avère
impossible, le droit à une indemnisation adéquate.

Enfin, les aspects de la sécurité matérielle sont notamment les suivants:

 l‘accès à des moyens de survie et aux services de base, tels que


l‘approvisionnement en eau potable, les services de santé et l‘éducation;
 des possibilités d‘activités créatrices de revenus 121.

À plusieurs reprises, l‘Assemblée générale des Nations Unies (AG) a confirmé la fonction
du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en ce qui concerne la promotion et
la facilitation du rapatriement librement consenti des réfugiés. Consciente de l‘importance du
retour durable, elle a plus particulièrement élargi le mandat en y intégrant l‘assistance à
la réhabilitation mais aussi des tâches liées aux conséquences du retour122 : contrôler la sécurité et

121
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Module d'autoformation 1: Introduction à la protection
internationale. Protéger les personnes relevant de la compétence du HCR, 1 Août 2005, p.156
122
Voir AG rés. 3271 (1974) ; AG rés.33/36 (1978) ; AG rés.40/118 (198

45
le bien-être des rapatriés, soutenir les efforts nationaux en vue de se doter de capacités légales et
judiciaires en tant que bases pour la réconciliation, assister à la réhabilitation, à la reconstruction
et au développement, faciliter la réintégration durable, etc. Dans les cas où la paix et
la réconciliation paraissent être consolidées, le HCR encourage le rapatriement librement
consenti. Dans des circonstances moins favorables (par exemple si les réfugiés retournent de
manière spontanée bien que la durabilité du processus de paix ne soit pas garantie), le HCR peut
faciliter le processus de retour123.

Le HCR peut promouvoir un rapatriement volontaire à grande échelle quand les


conditions sont jugées propices à un retour dans la sécurité et la dignité; il peut faciliter le
rapatriement librement consenti de réfugiés qui en font spécifiquement la demande en toute
connaissance de cause, même quand les conditions ne sont pas entièrement propices au retour de
la plupart des réfugiés; il peut fournir, dans le pays d‘origine, une assistance à ceux qui sont
rentrés de façon organisée et ceux qui sont rentrés spontanément, s‘il a accès à eux124.

La responsabilité principale des pays d‘origine consiste à assurer, avec le soutien de


la communauté internationale, le retour durable des réfugiés. Dans le contexte de celui-ci, le HCR
essaie de garantir un libre choix et de fournir les informations préalables à un tel retour mais
également de mobiliser le soutien pour le rapatriement librement consenti. Ce dernier implique
que les réfugiés retournent dans la sécurité et dans la dignité mais dans le même temps la capacité
des systèmes légaux nationaux de protéger les rapatriés125.

En matière de rapatriement librement consenti le HCR a pour mission de diffuser des


informations sur la situation dans le pays d‘origine et conduire des entretiens pour vérifier que
les hommes et les femmes qui regagnent leur pays d‘origine ont pris leur décision librement et en
toute connaissance de cause; de conclure avec le pays d‘origine et le pays d‘asile des accords
tripartites fixant les modalités du rapatriement, sans oublier la garantie d‘admission des rapatriés;
et de fournir, le cas échéant, des papiers d‘identité et des moyens de transport aux rapatriés;
d‘assurer un soutien matériel ou financier immédiat, suivant les besoins, afin de permettre le

123
Les conditions dans lesquelles l‘UNHCR promeut et facilite le retour sont exposées dans Le Manuel
sur le rapatriement librement consenti (Handbook on Voluntary Repatriation UNHCR, 1996).
124
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Module d'autoformation 1: Introduction à la protection
internationale. Protéger les personnes relevant de la compétence du HCR, 1 Août 2005, p.155
125
Ibid. P. 154

46
retour et la réintégration pendant la phase initiale; et de suivre la situation des rapatriés pour
s‘assurer qu‘ils bénéficient de l‘entière protection de leur gouvernement; et enfin de participer
aux efforts déployés pour assurer le succès de la réintégration126.

En 1985, le HCR a continué à favoriser et à soutenir les efforts réalisés pour assurer
le rapatriement librement consenti de réfugiés isolés ou de groupes de réfugiés.
En Asie du Sud-Est, 236 personnes ont été ainsi rapatriées de la Thaïlande en République
démocratique populaire lao sous les auspices du HCR, ce qui a porté à 2 839 le nombre total de
personnes qui ont été rapatriées de leur plein gré avec l'assistance du HCR depuis
le début du programme en 1980. Les rapatriés en République démocratique populaire lao ont
continué de bénéficier d'une assistance destinée à faciliter leur réintégration dans leur village
d'origine127.

En Ethiopie, en raison de la grave sécheresse et de l'insuffisance des récoltes dans la


région d'Hararghe, le HCR a dû suspendre ses plans d'assistance à la réadaptation des rapatriés au
profit de secours d'urgence, sous forme de rations alimentaires de base et de soins, en faveur de
quelque 190 000 personnes, les plus touchées des 317 000 rapatriés, ce qui a coûté 7 850 000
dollars environ128.

Plus de 38 000 réfugiés ougandais ont été volontairement rapatriés du Soudan (quelque 15
000) et du Zaïre (quelque 23 000) sous les auspices du HCR, ce qui a représenté un coût de 604
112 dollars. On estimait qu'en juin 1985, 55 000 habitants du Tigré réfugiés dans l'est du Soudan
étaient rentrés chez eux de leur plein gré. Le rapatriement librement consenti de 500 réfugiés
angolais de la Zambie a été également facilité en 1985, ce qui a coûté 120 000 dollars129.

Au Libéria, le pourcentage de réfugiés rapatriés n‘était que de 74% à la fin de l‘année,


alors que la cible avait été fixée à 100%. Le HCR prévoyait à l‘origine de rapatrier 16 000
réfugiés ivoiriens. Ce nombre a été porté à 20 000 lorsque les efforts déployés par l‘Organisation
pour dialoguer avec les réfugiés ont suscité un intérêt plus vif pour le rapatriement. Au 30 juin

126
Ibid., p.155
127
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ,Rapport du Haut Commissaire des Nations Unies pour
les Réfugiés, 1 Août 1986, A/41/12, disponible sur: https://www.refworld.org/docid/3ae68c5d4.html [ consulté le
25 avril 2023
128
Ibid. 86
129
Ibid. 87

47
2014, plus de 12 200 réfugiés ivoiriens avaient été rapatriés. Cependant, l‘épidémie de fièvre
Ebola a entraîné la fermeture de la frontière entre le Libéria et la Côte d‘Ivoire. L‘opération de
rapatriement a été suspendue pendant le reste de l‘année, ce qui a empêché le HCR d‘atteindre
son objectif130 .

En Afrique, outre le grand nombre de réfugiés angolais (près de 20 000) et libériens


(29 000) rapatriés en 2012, plus de 46 000 Congolais réfugiés en République du Congo ont
bénéficié de l‘aide du HCR pour regagner le nord de la RDC. Quelque 1 600 réfugiés tchadiens
sont rentrés du Cameroun en vertu d‘un accord tripartite conclu en novembre 2012. Le HCR a
également facilité le rapatriement de 6 500 réfugiés mauritaniens en provenance du nord du
Sénégal et de plus de 6 000 Ivoiriens réfugiés au Libéria. En Asie, plus de 98 000 réfugiés
afghans ont regagné leur pays. Au cours des dix dernières années, plus de 5,7 millions de réfugiés
sont rentrés de leur plein gré en Afghanistan et environ 4,6 millions d‘entre eux l‘ont fait avec
l‘aide du HCR. Compte tenu des évolutions positives observées au Myanmar, le HCR évalue les
possibilités de rapatriement dans certains secteurs du pays. À Sri Lanka, la majorité des déplacés
internes avaient regagné leur lieu d‘origine à la fin de l‘année 2012. En collaboration avec les
autorités sri-lankaises, le HCR recherchera des solutions durables pour les personnes qui sont
toujours déplacées à l‘intérieur du pays131.

Section 2 : L’intégration sur place 132

Certains réfugiés ne peuvent ou ne veulent pas rentrer chez eux, en général parce qu‘ils
risqueraient d‘y être encore persécutés. Dans de telles circonstances, le HCR les aide à trouver
un nouveau foyer, soit dans le pays d‘asile où ils vivent , ou dans des pays tiers133.

L'intégration sur place ou locale désigne l'installation de la personne titulaire du statut du


réfugié dans le pays d'asile. le pays d‘asile offre aux réfugiés un droit de résidence permanente,
130
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, « rapport global Du HCR DE 2014 – Recherche de
solutions durables. P.77 « disponible sur le site officiel du Haut commissariat des nations unies pour les réfugiés
131
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, « rapport global Du HCR DE 2012 – Recherche de
solutions durables. « disponible sur le site officiel du Haut commissariat des nations unies pour les réfugiés [
consulté le 25 avril 2023 ]
132
Convention de 1951, art. 34, voir également K. Jacobsen, The forgotten solution: Local
Integration for Refugees in Developing countries, New Issues in Refugee Research, Working Paper
no 45, UNHCR, Geneva, July 2001
133
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Protéger les réfugiés : le rôle de l'UNHCR, Mars 2009,
UNHCR/MRPI/ FRA 1, p 20 disponible sur :https://www.refworld.org/docid/49f5c0e72.html.

48
voire la possibilité d‘acquérir la nationalité134. Dans le langage courant, on a tendance à parler du
droit d'asile comme s'il s'agissait d'un droit attaché à l'individu. Cependant, en droit international,
une conception différente prévaut jusqu'à présent, qui fait de l'asile un droit appartenant
essentiellement à l'État. La Déclaration universelle des droits de l'homme(DUDH) elle-même, en
prévoyant, dans son article 14, que toute personne a le droit de bénéficier de l'asile contre
la persécution, entérine en fait ce concept. Le texte original mentionnait le droit de toute personne
à se voir accorder l'asile, mais cette formulation a été écartée car non conforme à la conception
traditionnelle de l'asile que chaque État se réserve le droit d'accorder à un réfugié.135

L'intégration sur place, sa mise en œuvre requiert un investissement dans les mesures
d'établissement de la confiance, particulièrement auprès des communautés locales, ainsi que
la mobilisation de motivations socio-économiques, dans le cadre du partage international de
la charge et des responsabilités. Cette solution a le plus de chances de succès lorsqu'elle s'intègre
dans une stratégie globale de solutions durables. Le défi est d'exploiter au maximum le potentiel
des réfugiés au service des communautés locales, afin qu'ils deviennent des acteurs à part entière
du développement des localités et des régions136.

Son potentiel en tant que solution durable est reconnu dans la Convention de 1951 et dans
le Statut du HCR. L‘intégration sur place peut constituer une solution permanente pour de
nombreux réfugiés; elle peut aussi présenter des avantages pour le pays hôte. Par exemple,
les réfugiés peuvent avoir des compétences qui seront utiles au pays d‘asile, leur présence peut
attirer des ressources de la communauté internationale, qui autrement ne seraient pas mises à
la disposition de la population locale, les liens ethniques, culturels ou linguistiques avec
la communauté locale peuvent accroître les chances de réussite de l‘intégration sur place, aussi
que dans beaucoup de cas, non seulement dans les pays industrialisés mais aussi dans les pays en

134
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Module d'autoformation 1: Introduction à la protection
internationale. Protéger les personnes relevant de la compétence du HCR, 11 Août 2005, p.155
135
Aga Khan S., Legal Problems Related to Refugees and Displaced Persons, Academy of International Law,
La Haye, 1976
136
UN High Commissioner for Refugees (UNHCR), Note on international protection, 13 September
2001, A/AC.96/951, p. 29 Disponible sur :https://www.refworld.org/docid/3bb1c6cc4.html

49
développement, de nombreux réfugiés se sont installés pacifiquement dans le pays d‘asile et sont
en mesure de subvenir à leurs besoins137 .

Les décisions des États concernant l'octroi de l'asile doivent être prises sans discrimination
quant à la race, la religion, l'opinion politique, ou l'appartenance à un groupe social particulier,
la nationalité ou le pays d'origine, et reconnaissant, dans ce contexte, que le potentiel
d'intégration ne doit pas être un critère d'octroi de l'asile138.

En tant que processus aboutissant à une solution durable pour les réfugiés dans le pays
d‘asile, l‘intégration sur place comporte trois dimensions interdépendantes très spécifiques139.

Tout d‘abord il s‘agit d‘un processus juridique en vertu duquel les réfugiés se voient
octroyer un éventail de plus en plus large de droits par l‘État hôte plus ou moins semblables à
ceux dont bénéficient ses citoyens. Ils incluent la liberté de mouvement, l‘accès à l‘éducation et
au marché du travail, l‘accès aux secours et à l‘assistance sociale y compris les services de santé,
la possibilité d‘acquérir et de disposer de biens et la capacité de voyager à l‘aide de documents de
voyage et d‘identité valables. La réalisation de l‘unité familiale constitue un autre aspect
important de l‘intégration sur place. Au fil du temps, ce processus doit aboutir à un droit de
résidence permanent et, dans certains cas, à l‘acquisition en temps utile de la citoyenneté dans le
pays d‘asile140.

Deuxièmement, l‘intégration sur place est clairement un processus économique.


Les réfugiés sont progressivement de moins en moins dépendants de l‘aide de l‘État ou de
l‘assistance humanitaire, parviennent à un degré plus élevé d‘autonomie et sont en mesure de
mener une vie décente, ce qui contribue à la vie économique du pays hôte141.

Troisièmement, l‘intégration sur place est un processus social et culturel d‘acclimatation


de la part des réfugiés et d‘accueil de la part des communautés hôtes qui permet aux réfugiés de

137
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Module d'autoformation 1: Introduction à la protection
internationale. Protéger les personnes relevant de la compétence du HCR, 1 Août 2005, p. 156
138
conclusion no 15 (XXX) du Comité exécutif.
139
Voir également les recommandations sur l‘intégration sur place émanant de la « Perspective des réfugiés », une
réunion avec les réfugiés qui a eu lieu à Rouen du 14 au 16 septembre 2001, disponible sur le site du HCR
(Consultations mondiales).
140
Ibid.
141
Ibid.

50
vivre aux cotés de la population hôte sans discrimination ou exploitation et à contribuer
activement à la vie sociale du pays d‘asile. C‘est dans ce sens un processus interactif
impliquant les réfugiés et les nationaux de l‘État hôte ainsi que ses institutions. Au bout du
compte, on doit arriver à une société faite d‘ouverture et de diversité où les gens peuvent
constituer une communauté indépendamment de leurs différences 142.

Plusieurs pays d'Europe, d'Afrique et des Amériques ont entrepris ou intensifié des efforts
visant à présenter des possibilités d'intégration sur place aux réfugiés.

UN RÊVE DEVENU RÉALITÉ : UNE MEILLEURE INTÉGRATION LOCALE AU


VENEZUELA.143

Celina est née à San Ignacio, dans le Département de Cesar, en Colombie. Elle a passé
une décennie en tant que déplacée dans son pays d‘origine, fuyant plusieurs fois les groupes
irréguliers armés avec sa famille.« Finalement, la situation est devenue intolérable au point que
nous n‘avons pas eu d‘autre choix que de quitter le pays avec les enfants », a-t-elle expliqué. Elle
rejoint le Venezuela en 2002 avec ses deux fils. Elle participe à des projets organisés
par le HCR, CARITAS, les autorités culturelles de l‘État d‘Apure et le programme d‘aide
publique intitulé Bario Adentro qui bénéficie aux personnes âgées réfugiées et vénézuéliennes
dans la région de Guasdualito. Le programme inclut des activités sportives et culturelles, et les
bénéficiaires ont également des visites médicales chaque semaine. De plus, Celina est
bénéficiaire d‘autres projets communautaires financés par le HCR et la mairie de Samaria qui
visent à faire respecter les droits humains et à œuvrer pour l‘intégration locale des réfugiés et des
demandeurs d‘asile. Le HCR a enregistré dans l‘État d‘Apure quelque 400 réfugiés reconnus et 4
300 demandeurs d‘asile, qui sont tous originaires de Colombie144.

Après examen de la situation de Celina, la mairie de Samaria l‘a inclue avec sa famille
comme bénéficiaires du projet de logement géré par les autorités intitulé Rancho por Casa (des
maisons plutôt que des cabanes). Dans le cadre de ce programme, la mairie construit des maisons
gratuitement pour les personnes extrêmement démunies. Son cas illustre ce qui peut se faire

142
Ibid.
143
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, « Rapport Global Du HCR – Recherche de solutions
durables 2012 » p. 59 disponible sur le site officiel du haut commissariat des nations Unies pour les réfugiés.
144
Ibid.

51
dansle cadre des projets communautaires du HCR en partenariat avec les institutions locales. Il a
également montré l‘engagement des autorités vénézuéliennes pour les droits des réfugiés en
les faisant bénéficier des politiques publiques. « Néanmoins, j‘ai toujours rêvé d‘une maison plus
agréable et plus sûre pour mes enfants. »La vie de Celina a pris une nouvelle tournure, haute en
couleur et pleine d‘espoir. Après une journée de fête passée avec ses amis, ses voisins et
les représentants de sa communauté, Celina et ses enfants ont passé leur première nuit en sécurité
dans leur nouvelle maison145.

En Colombie, les activités opérationnelles ont été fortement orientées sur l‘Initiative pour
des solutions transitoires (IST), un projet conjointement exécuté par le HCR et le PNUD.
Les initiatives entreprises dans 17 communautés à ce jour ont continué à produire de bons
résultats et à promouvoir l‘élaboration de politiques publiques pour consolider les solutions
durables. L‘IST pourrait accroître le nombre de déplacés qui sont en mesure de recouvrer
pleinement leurs droits en leur qualité de citoyens146 .

En Europe, le HCR a mené à terme un projet pilote financé par l‘UE et destiné à améliorer
l‘intégration des réfugiés dans quatre pays d‘Europe centrale. Ce projet a permis d‘examiner
les facteurs qui entravent ou facilitent l‘intégration des réfugiés, ainsi que les politiques
nécessaires à une intégration harmonieuse. Il a également servi de forum pour l‘échange de
bonnes pratiques en matière de logement, d‘éducation, de santé, d‘emploi et de regroupement
familial147.

En Inde, la législation permet aux Afghans de religion sikhe ou hindoue d‘obtenir


la citoyenneté indienne à certaines conditions. Cependant, ces dernières années, seuls 11
individus par an, en moyenne, ont pu acquérir la citoyenneté, ce qui représente moins de 0,5%
des quelque 4 000 demandes en attente. La faiblesse de ce chiffre était en grande partie imputable
à la lenteur et à la complexité des formalités administratives. En 2014, le HCR a déployé des
efforts particuliers pour encourager le ministère de l‘Intérieur à simplifier ses procédures. En
novembre 2014, une directive rationalisant la procédure de renonciation au passeport

145
Ibid.
146
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, « Rapport Global Du HCR – Recherche de solutions
durables 2013», p. 62 disponible sur le site officiel du haut commissariat des nations Unies pour les réfugiés.
[consulté le 26 avril 2023]
147
Ibid.

52
nécessaire pour obtenir la citoyenneté indienne a été publiée. En 2014, 53 individus
ont obtenu la citoyenneté – soit 1,3% du nombre total de personnes ayant déposé une demande de
naturalisation. La nouvelle directive devrait encore accélérer le processus de naturalisation en
2015148.

Section 3 : La réinstallation
La réinstallation suppose le départ permanent de réfugiés vers un pays tiers.
La réinstallation est un outil de protection pour les réfugiés isolés dont la vie, la liberté, la
sécurité, la santé ou d‘autres droits fondamentaux sont menacés dans le pays d‘asile, la
réinstallation est une solution durable pour des réfugiés plus nombreux ou des groupes de
réfugiés; c‘est un mécanisme de partage de la charge et des responsabilités entre les États149.

En tant qu‘outil de protection, la priorité est donnée à la réinstallation des personnes ayant
des problèmes de protection spécifiques et immédiats, par exemple, les personnes menacées de
refoulement ou d‘agressions physiques, notamment de violences sexuelles. Les victimes de
la torture et les personnes qui ont d‘urgence besoin de soins médicaux ou psychologiques sont
aussi prises en considération si elles se trouvent dans un pays qui n‘est pas en mesure de leur
assurer l‘assistance requise. Pour les réfugiés en grand nombre, dont les besoins en protection
découlent de l‘absence de solution à long terme dans le pays d‘asile ou le pays d‘origine, la
réinstallation revêt une priorité moindre et, du fait du nombre limité de places, n‘est pas toujours
réalisable150.

Du fait de sa nature même, la réinstallation est une forme de partage de la charge et des
responsabilités, à travers laquelle les pressions exercées sur le pays d‘asile sont allégées par
d‘autres États qui offrent un sanctuaire permanent à certains des membres de la population
réfugiée151.

La réinstallation est à la fois un instrument de protection internationale et une solution


durable. Elle renforce le principe du premier asile et contribue à résoudre les problèmes de

148
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, « Rapport Global Du HCR – Recherche de solutions
durables 2014 », p.77 disponible sur le site officiel du haut commissariat des nations Unies pour les réfugiés.
149
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Module d'autoformation 1: Introduction à la protection
internationale. Protéger les personnes relevant de la compétence du HCR, 1 Août 2005, p. 157
150
Ibid. P.157-158
151
Ibid., p.158

53
réfugiés prolongés dans un esprit de solidarité internationale et de partage des responsabilités. En
tant que telle, elle fait partie intégrante d'un éventail global de réponses et est un complément et
non pas un substitut à la fourniture de l'asile152.

Qui bénéficie de la réinstallation ?

Les personnes qui sont confrontées à des problèmes spécifiques, ou exposées à des
menaces continues contre leur sécurité dans leur premier pays d‘asile, sont les premières à
bénéficier de la réinstallation. Dans certains cas, il s‘agit d‘une question de vie ou de mort — ou
le seul et unique moyen d‘empêcher qu‘un réfugié n‘ait à recourir à des mesures désespérées
(comme l‘illustre le cas malheureusement trop fréquent de victimes de viol rejetées par leurs
familles et par leurs communautés, et qui n‘ont nulle part où aller). Certaines populations
réfugiées bien définies bénéficient aussi parfois des programmes de réinstallation destinés à des
groupes. En 2007, les réfugiés originaires du Myanmar formaient le premier groupe de
bénéficiaires des programmes de réinstallation — avec 20 259 membres ayant débuté une
nouvelle vie hors de leur premier pays d‘asile — suivis des Burundais (6 142), des Somaliens (5
891), des Iraquiens (3 751) et des réfugiés originaires de la République démocratique du Congo
(2 426)153.

Le HCR et ses partenaires de réinstallation ont continué à être confrontés à de multiples


défis dans leurs efforts pour faciliter la réinstallation des personnes qui ont le plus besoin de cette
solution. Le nombre de places de réinstallation disponibles à travers le monde est bien inférieur
aux besoins. Dans le même temps, il a été difficile de pourvoir toutes les places disponibles en
raison de contraintes en matière de ressources, de critères de sélection restrictifs et de problèmes
d‘accès à certaines populations réfugiées. Par exemple, la dégradation des conditions de sécurité
dans les camps de Dadaab au Kenya, ainsi qu‘en République arabe syrienne (Syrie), a entravé
l‘accès aux populations réfugiées et empêché la préparation des dossiers de réinstallation. En
2012, l‘Organisation a présenté des demandes de réinstallation pour 75 200 réfugiés, ce qui
représente une baisse de 18 pour cent par rapport aux 92 000 dossiers soumis en 2011. Si les 68
152
UN High Commissioner for Refugees (UNHCR), Note on international protection, 13 September
2001, A/AC.96/951, p. 31 Disponible sur :https://www.refworld.org/docid/3bb1c6cc4.html
153
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Protéger les réfugiés : le rôle de l'UNHCR, Mars 2009,
UNHCR/MRPI/ FRA 1, p 20 disponible sur :https://www.refworld.org/docid/49f5c0e72.html.

54
000 départs observés au cours de l‘année étaient en augmentation de 11 pour cent par rapport à
l‘année précédente, ce nombre demeure nettement inférieur à la capacité mondiale de
réinstallation. Il est néanmoins encourageant de constater que 11 pour cent des demandes
concernaient des femmes et des filles en situation de risque, de sorte que la cible de 10 pour cent
fixée dans la Conclusion 105 du Comité exécutif (2006) a été atteinte pour la deuxième année
consécutive. Le nombre de places de réinstallation disponibles a atteint 86 000, l‘Australie
doublant son contingent cible. Du fait de la mise en place de programmes réguliers de
réinstallation en Allemagne et en Belgique, le nombre de pays de réinstallation est passé à 27. La
création du programme commun de réinstallation au sein de l‘Union européenne a ouvert de
nouvelles perspectives pour l‘augmentation des ressources, le renforcement des capacités et
l‘amélioration de la coordination entre les États membres. Le HCR a continué à travailler avec
ses partenaires de réinstallation afin de promouvoir un assouplissement des critères de sélection
ainsi qu‘une accélération du traitement des dossiers. À cette fin, un formulaire
abrégé d‘enregistre154.

En Malaisie, le nombre de demandes de réinstallation soumises et de départs a


sensiblement augmenté par rapport à 2011. Fin 2012, quelque 10 500 réfugiés et demandeurs
d‘asile résidant dans des zones urbaines étaient partis se réinstaller dans des pays tiers. L‘un des
facteurs déterminants, dans la hausse des taux de réinstallation, a été le programme de
réinstallation collective pour les réfugiés originaires du Myanmar : au titre de ce programme,
quelque 7 800 réfugiés du Myanmar ont été réinstallés aux États-Unis. L‘Australie et plusieurs
autres pays de réinstallation ont aussi augmenté leurs quotas155 .

La réinstallation est demeurée un instrument important au service de la protection et de la


recherche de solutions, des demandes de réinstallation étant soumises pour plus de
103 890*réfugiés en 2014. Le HCR a cherché à renforcer l‘utilisation stratégique de
la réinstallation, y compris dans le cadre de l‘Alliance pour les solutions. L‘Organisation a
également continué à se consacrer à la mise en œuvre d‘un plan pluriannuel destiné à faciliter

154
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, « Rapport Global Du HCR – Recherche de solutions
durables 2012 » p. 57 disponible sur le site officiel du haut commissariat des nations Unies pour les réfugiés.
155
Ibid.

55
la réinstallation de réfugiés congolais, tout en s‘efforçant d‘étudier d‘autres solutions en
coopération avec des partenaires nationaux et internationaux156.

Aperçu

 Le rapatriement librement consenti désigne le retour d'un réfugié dans son


pays originaire.
 L‘intégration sur place est l‘installation d‘un réfugié dans un pays d‘asile.
 La réinstallation suppose l‘installation du réfugié dans un pays tiers.

S‘il n‘y a pas de hiérarchie formelle entre les solutions durables, le rapatriement
librement consenti est la solution que la plupart des réfugiés souhaitent.

Dans de nombreux forums, le Haut Commissaire a souligné qu‘une recherche des


solutions durables doit être systématique et commencer quasi simultanément avec l‘émergence de
chaque nouvelle crise de réfugiés. Tenant compte de cette nécessité, l‘ UNHCR a développé en
étroite collaboration avec ses partenaires le Cadre de mise en place de solutions durables pour les
réfugiés et les personnes relevant de la compétence du HCR qui comprend :

1) La promotion de l‘Aide au développement pour les réfugiés (DAR) à travers un


meilleur ciblage d‘une telle assistance aux pays et régions accueillant un nombre important de
réfugiés pendant des périodes prolongées, ce qui permet de partager le fardeau et en même temps
d‘équiper les réfugiés pour des solutions durables éventuelles (intégration sur place, rapatriement,
réinstallation) ;

2) La mise en œuvre des programmes « 4R » dans les situations d‘après-conflit assure une
approche intégrée visant le rapatriement, la réintégration, la réhabilitation et la reconstruction ; et

3) La promotion de la stratégie du Développement par l‘intégration sur place (DLI) dans


les cas où l‘intégration sur place représente une option viable pour les réfugiés.

156
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, « Rapport Global Du HCR – Recherche de solutions
durables 2014 », p.77 disponible sur le site officiel du haut commissariat des nations Unies pour les réfugiés.

56
Deuxième partie : état des lieux sur

la situation des réfugiés

57
Un réfugié est communément défini comme toute personne obligée de fuir son lieu de
résidence habituel et de chercher refuge ailleurs. Cette situation peut résulter de deux types
d'événements fondamentalement différents : une catastrophe naturelle telle qu'un tremblement de
terre ou une inondation, ou ce que l'on appelle aujourd'hui une catastrophe "d'origine humaine"
telle que tout conflit armé international, guerre civile, révolution ou persistance instabilité socio-
politique générale157.

Compte tenu des violations graves des droits humains, de l‘instabilité politique,
la destruction des biens et équipements, le dérèglement des services sociaux de base,
le ralentissement de la vie économique. l‘insécurité, la violence et les violations généralisées des
droits de l‘homme par des éléments armés à l‘encontre de la population En République
Centrafricaine, En Ukraine et En Syrie. Nous mettrons l‘accent dans cette partie sur La situation
des réfugiés Centrafricains ( chapitre I) puis La situation des réfugiés Ukrainiens (Chapitre II) et
enfin La situation des réfugiés syriens ( chapitre III )

157
Aga Khan S., Legal Problems Related to Refugees and Displaced Persons, Academy of International Law, La
Haye, 1976

58
Chapitre I : la situation des réfugiés centrafricains

La République centrafricaine (RCA) est un vaste pays. Enclavée au cœur du Continent


africain elle est entourée par le Cameroun à l'ouest, le Tchad au nord, le Soudan et le Soudan du
Sud à l'Est, la République Démocratique du Congo et la République du Congo au Sud. Une
région connue depuis longtemps de l'instabilité.

Face aux violations massives des droits de l‘homme, l‘affaiblissement de l‘autorité de


l‘État, la destruction des biens et équipements, le dérèglement des services sociaux de base,
le ralentissement de la vie économique. l‘insécurité, la violence et les violations généralisées des
droits de l‘homme par des éléments armés à l‘encontre de la population en RCA, y compris des
actes de torture, des violences sexuelles, des exécutions extrajudiciaires et des disparitions
forcées158.

Des dizaines de milliers de réfugiés ont fui la RCA vers les pays limitrophes notamment
vers le Tchad, le Cameroun, vers Le République Démocratique du Congo (RDC), et vers
le Congo...

158
Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), République centrafricaine
Plan d‘intervention régional en faveur des réfugiés, Janvier – décembre 2016 p.6. Disponible sur :
https://data.unhcr.org/en/documents/download/51862 [ consulté le 12 Mai 2023 ]

59
Section 1 : La situation des droits humains en République
Centrafricain

La RCA a ratifié un ensemble des conventions relatives à la protection des droits de


l'homme :

 Convention internationale sur l'élimination de toute les formes de


discrimination raciale, ratifiée le 16 mars 1971
 Pacte international relatif aux droits civils et politique, 8 mai 1981
 Le Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits civils et
politiques, 8 mai 1981
 Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, 8
mai 1981
 Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmes, 21 juin 1991
 Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants, 3 juillet 2002
 Convention relative aux droits de l'enfant, 23 mai1992
 Convention relative au statut des réfugiés, 4 septembre 1962
 Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples, 26 avril 1986
 4 Conventions de Genève de 1949 (1966) et leurs Protocoles facultatifs I et
II, 1986
 Statut de Rome de la Cour pénale internationale, 3 octobre 2001

Il convient de citer que lorsqu'un État a ratifié une convention, il sera tenu de respecter
pratiquement chaque article de cette convention, d'appliquer les dispositions de cette convention.
Cependant, il arrive des cas où le respect des droits de l'homme dans un État devient
incontournable notamment en cas des conflits internes troublant le régime de l'État en question.

60
La situation des droits humains en République centrafricaine est désastreuse159. La RCA a
connu un certain nombre de mutineries, rébellions et coups d‘État assortis de violations massives
du droit international des droits de l‘homme et du droit international humanitaire160.

La culture de L'impunité

De graves atteintes aux droits humains, notamment des crimes de guerre et des crimes
contre l‘humanité, continuent d‘être commises en République centrafricaine par les différents
groupes armés. Une seule personne a comparu devant la Cour pénale internationale pour ces
crimes. Le gouvernement se montre incapable ou n‘a pas la volonté de prendre des mesures pour
défendre et protéger les droits humains. La police, les magistrats du parquet et les juges
d‘instruction ne sont pas non plus désireux – et semblent aussi parfois dans l‘incapacité –
d‘enquêter sur ces actes et d‘en poursuivre les auteurs. L‘instabilité dans le pays, les défaillances
du système judiciaire, le manque de moyens, de discipline et de formation des forces de sécurité
et le faible contrôle du gouvernement sur la majeure partie du pays sont autant de raisons qui
contribuent à perpétuer ce climat d‘impunité161.

Face à ces violations graves et récurrentes des droits de l‘homme, peu de poursuites ont
été intentées à l‘encontre des auteurs présumés de ces actes. La promulgation de plusieurs lois
d‘amnistie, notamment le 30 mai 1996, le 15 mars 1997 et le 13 octobre 2008, est venue
renforcer cette impunité de fait. Signaler que des poursuites ont parfois été engagées contre des
auteurs de violations, comme en 2009 avec 250 affaires concernant des violations des droits.
A/HRC/14/24/Add.5, par. 45)162.

La discrimination

l‘absence effective des services de l‘État dans certaines zones du pays, en particulier au
nord-est, à majorité musulmane, a créé des inégalités profondes dans l‘accès aux ressources et
159
Amnesty International, République centrafricaine. Après des décennies de violence, il est temps d'agir , 20
octobre 2011, AFR 19/001/2011,p. 4 disponible sur : https://www.refworld.org/docid/4ea1116f2.html [consulté le 10
Mai 2023]
160
UN Human Rights Council, Rapport de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme sur la
situation des droits de l'homme en République centrafricaine, 19 February 2014, A/HRC/25/43, p. 8 disponible
sur :https://www.refworld.org/docid/53341c514.html [ consulté le 12 Mai 2023 ]
161
Amnesty International, République centrafricaine. Après des décennies de violence, il est temps d'agir , 20
octobre 2011, AFR 19/001/2011, p. 4 disponible sur : https://www.refworld.org/docid/4ea1116f2.html
162
UN Human Rights Council, Rapport de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme sur la
situation des droits de l'homme en République centrafricaine, 19 February 2014, A/HRC/25/43, p. 8 disponible sur :
https://www.refworld.org/docid/53341c514.html

61
aux services, constituant un obstacle majeur à la jouissance pleine et entière de nombreux droits.
La discrimination dont ont fait l‘objet les habitants de cette région est l‘une des revendications de
l‘UFDR, qui comprend beaucoup de membres de la minorité ethnique des Goula.163.

le Conseil des droits de l‘homme a décidé «de nommer, pourune période d‘un an, un
expert indépendant chargé de surveiller la situation des droits de l‘homme en République
centrafricaine, en vue de formuler des recommandations concernant l‘assistance technique et le
renforcement des capacités dans le domaine des droits de l‘homme»164.

Les droits économiques

La reprise des activités économiques est quasiment impossible dans une telle atmosphère.
La désintégration des circuits économiques, l‘insécurité et la criminalité compromettent l‘accès à
l‘alimentation et au service de base comme l‘électricité dont dépend une série de produit de
consommation. Les paysans ont du mal à vaquer à leurs occupations agricoles et pastorales qui
constituent le socle de l‘économie centrafricaine. Si rien n‘est fait pour y mettre fin et surtout
créer les conditions d‘une bonne reprise de l‘activité agricole en ce début d‘hivernage et de
travail en général, le pays pourrait faire face à une crise alimentaire dans le moyen terme à cause
du déficit de production agricole et de la baisse de revenues qui pourraient résulter de cette
situation. Dans un tel contexte la jouissance du droit au travail et a des conditions de vies
suffisantes reste hypothétique. Malgré les efforts du gouvernement, les fonctionnaires restent
encore exposes au risque du non-paiement de leurs salaires à la fin du mois165.

Le droit à la vie

Parmi les violations des droits de l‘homme on peut noter; les violations du droit à la
dignité humaine et à la vie à travers des exécutions sommaires et extrajudiciaires les plus
horribles que le pays ait connues touchant des musulmans ou de personnes perçues comme
telles dès que qu‘elles sortent des sites où sont actuellement cantonnés les musulmans. Ce qui en
général engendre une revanche de la communauté musulmane dans les régions ou elle en a
la possibilité. C‘est dans ce climat que le 7 mars, à Bangui, 3 individus de confession musulmane

163
Ibid. P.11
164
Ibid. P.3
165
UN Human Rights Council, Compte Rendu oral de l'Experte Indépendante sur la situation des droits de l'homme
en République Centrafricaine, 26 March 2014, A/HRC/25/CRP 2, p.7 disponible sur :
https://www.refworld.org/docid/533bd52e4.html

62
avaient été tués par des anti-Balaka au quartier Combattant, cette exécution extrajudiciaire avait
été suivie par une autre exécution de même nature le lendemain 8 mars quand des musulmans ont
abattu 4 individus soit des anti-Balaka ou des individus perçus comme tels. Les viols et autres
violences sexuelles continuent d‘être rapportés par les ONG et le personnel des Nations-Unies.
Elles se produisent généralement dans les camps de déplacés et à la campagne pendant la fuite
des populations ou lors des attaques des villages. Le nombre élevé des violences rapporté appelle
des mesures sécuritaires d‘urgence. On note également les violations du droit à l‘intégrité
physique à travers des traitements inhumains et dégradants. Cette situation illustre la précarité de
la situation en RCA. Cette violence constitue une menace constante au droit à la sécurité, à la
paix, au droit au développement et partant, au droit à la participation des citoyens au processus de
prise de décisions affectant leur vie quotidienne166.

Section 2 : La guerre En République centrafricaine

La République centrafricaine est un énorme pays , qui se situe dans une région connue
d'instabilité. Elle a connu des crises dans divers temps, des crises qui ont provoqué les civils de
fuire la république vers des pays voisins. La RCA a également été affectée par les conflits au
Soudan, au Tchad et en République démocratique du Congo, les groupes rebelles et les forces
gouvernementales de ces pays voisins utilisant librement les zones rurales reculées de
la Centrafrique comme bases arrière ou pour des opérations militaires167.

L‘origine du dernier cycle d‘instabilité et de conflit est à chercher dans les dernières
années du gouvernement de l‘ex-Président Ange Félix Patassé, arrivé au pouvoir lors d‘élections
organisées en 1993 et renversé en mars 2003 par son ancien chef d‘état-major de l‘armée,
le Général François Bozizé, lors d‘un coup d‘État militaire. Au cours de ses 10 années au

166
Ibid. P.6
167
Par exemple, l‘Armée populaire de libération du Soudan (APLS) a disposé de bases dans la province reculée de
Vakaga, dans le nord-est de la République centrafricaine, pendant la plus grande partie de la guerre civile au Soudan
entre le nord et le sud (1983-2005), et les forces armées soudanaises ont également utilisé cette province pour lancer
des attaques contre l‘APLS à Bahr el-Ghazal pendant les années 90. Voir Small Arms Survey Human Security
Baseline Assessment, « A Widening War Around Sudan », Sudan Issue Brief Number 5, janvier 2007; Africa
Confidential, « Enemy‘s Enemy », Vol. 43 No. 7, 5 avril 2002; Eric G. Berman, La République centrafricaine: une
étude de cas sur les armes légères et les conflits (Genève, Rapport spécial du Small Arms Survey, juin 2006); «
CAR: Report on the Anticipated Sudanese Peace Accord », IRIN, 24 mars 2004. En avril 2006, des rebelles
tchadiens ont lancé une offensive sur N‘Djamena, en partie depuis les bases situées dans la province reculée de
Vakaga, en RCA.

63
pouvoir, Patassé a été confronté à plusieurs tentatives de coup d‘État militaire et à des mutineries
de l‘armée, conduisant à de profondes divisions ethniques au sein de l‘armée, les mutins accusant
Patassé de tribalisme et de favoritisme ethnique168. Les combats entre les forces de Patassé et les
rebelles de Bozizé, dont de nombreux combattants tchadiens (certains auraient été fournis par le
Président tchadien Idriss Déby alors que d‘autres étaient venus de leur propre initiative), se sont
poursuivis de manière sporadique d‘octobre 2002 au 15 mars 2003, date à laquelle Bozizé a fini
par s‘emparer du pouvoir. Ces affrontements prolongés ont eu des effets dévastateurs dans le
nord, les parties belligérantes pillant la population civile, détruisant les infrastructures publiques
déjà limitées, brûlant de nombreux villages et commettant des meurtres et des viols
généralisés169.

Ce pays a connu une succession de crises politiques et militaires depuis plusieurs


décennies dont la dernière est celle de 2012 qui se prolonge de nos jours et qui a entraîné les
violations massives des droits de l‘homme, l‘affaiblissement de l‘autorité de l‘État.

Des atteintes aux droits humains ont eu lieu dans divers temps, les civils sont toujours
les victimes. L‘Armée de résistance du Seigneur (LRA) figure au rang des groupes responsables
de graves atteintes aux droits humains, dont certaines peuvent s‘apparenter à des crimes de guerre
et des crimes contre l‘humanité. Depuis le début de l‘année 2008, elle est celui qui s‘est avéré
le plus redoutable. Elle a mené des incursions dans l‘est de la République centrafricaine, le plus
souvent depuis la République démocratique du Congo (RDC) voisine, mais également depuis
le Soudan du Sud. Elle s‘est notamment rendue coupable d‘exécutions illégales, d‘enlèvements,
de violences sexuelles telles que le viol, de mutilations, de pillages de nourriture et de biens,
d‘enrôlement forcé d‘enfants dans ses rangs et d‘incendies de maisons. le 5 mai 2010, à Dembia,
village situé entre Obo et Rafaï, ils ont ouvert le feu sur un camion loué par le Programme
alimentaire mondial (PAM) pour apporter des vivres aux personnes déplacées par les attaques de
la LRA à Obo et dans les environs. D‘après l‘AFP, le chauffeur du camion, Arnaud Mambé, et
son assistant, Adramane Bouar, ont été tués dans l‘attaque, et deux autres passagers du véhicule
ont été grièvement blessés170.

168
McFarlane et Marlan, « Crisis and Response in the Central African Republic: ».
169
Comité des droits de l‘homme des Nations Unies, « République centrafricaine: Examen de la situation en
l‘absence de rapport », 22 juillet 2004; FIDH, « Oubliées, stigmatisées ».
170
Agence France Presse, ―Two killed in aid vehicle attack blamed on LRA: Red Cross‖, 7 mai 2010

64
À l‘occasion d‘un point presse le 15 octobre 2010, le porte-parole du Haut-Commissariat
des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Adrian Edwards, a déclaré que la LRA avait, depuis
décembre 2008, tué quelque 2 000 personnes, qu‘elle en avait enlevé plus de 2 600, et qu‘elle
avait provoqué le déplacement de plus de 400 000 personnes en RDC, en République
centrafricaine et au Soudan171.

Le 15 mars 2010, l‘AFP a indiqué que, deux jours plus tôt, la LRA avait tué au moins six
personnes et en avait enlevé au moins 30 autres lors d‘une attaque aux alentours de Nzako, dans
la préfecture du Mbomou172. Selon une source militaire centrafricaine citée par l‘AFP, des
combattants de la LRA ont aussi tué huit personnes et en ont enlevé une centaine près de
Bokouma, à environ 60 kilomètres au sud de Nzako173

Les attaques de la LRA qui, entre 2008 et 2009, se sont largement cantonnées aux
préfectures du Mbomou et du Haut-Mbomou, dans le sud-est de la République centrafricaine, se
sont étendues vers le nord courant 2010. En septembre 2010, un groupe armé composé semble-t-
il, entre autres, de membres de la LRA, a attaqué OuaddaDjallé, dans le nord-est de la préfecture
centrafricaine de la Vakaga. Les assaillants auraient tué au moins deux civils, en auraient enlevé
plus de 40 et auraient incendié des dizaines d‘habitations. Au cours du même mois, les
combattants de la LRA ont conduit d‘autres attaques contre des civils à Koumbal et à
Tiroungoulo, au sud de Birao, capitale de la préfecture de la Vakaga. En octobre, des
informations ont fait état d‘attaques et de pillages de la LRA aux alentours de Birao ; les
assaillants auraient enlevé des villageois et les auraient utilisés pour porter leur butin. Plusieurs
milliers de personnes ont été déplacées à l‘intérieur du pays par ces attaques174.

De nouvelles attaques de la LRA contre des civils ont été signalées en mars 2011. Des
membres de la LRA auraient par exemple tué au moins deux civils et quatre soldats des FACA et
enlevé pas moins de 50 personnes dans la région de Nzako, dans la préfecture du Mbomou175.

171
HCR, ―UNHCR seeing new displacement caused by Lord‘s Resistance Army‖, notes d‘information, 15 octobre
2010, www.unhcr.org.
172
Agence France Presse, « Centrafrique : la LRA tue au moins 6 personnes, en enlève au moins 30 », 15 mars 2011.
173
Ibid
174
Amnesty International, République centrafricaine. Après des décennies de violence, il est temps d'agir , 20
octobre 2011, AFR 19/001/2011, p. 4 disponible sur : https://www.refworld.org/docid/4ea1116f2.html [consulté le
25 mai 2023]
175
Radio Ndeke Luka, « Huit personnes tuées par la LRA à Nzacko », 15 mars 2011, www.radiondekeluka.org.

65
La fragilité de l‘État s'ajoute à l‘incapacité des forces armées centrafricaines de protéger
les populations civiles et de maintenir la paix, a fait le jeu des groupes rebelles, aggravant les
conflits locaux et laissant les populations locales de plus en plus dans une situation de
vulnérabilité et d‘impuissance. La Séléka, coalition armée rebelle, renverse le président d‘alors
François Bozizé. Des milices, baptisées les anti-balaka, et des groupes d‘autodéfense, se créent en
réaction à ce coup d‘État. Les affrontements opposant la Séléka et les anti-balaka plongent alors
la RCA dans un cycle de représailles sanglantes.176 Se sentant délaissés par le pouvoir central, des
opposants du nord-est du pays forment un groupe rebelle (la Séléka) durant l‘été 2012. La Séléka
demande également la restitution des matières premières qui sont accaparées par l‘État et dont
l‘exploitation ne bénéficie pas à la population. Les rebelles prennent les armes le 10 décembre
177
2012 et s‘emparent de plusieurs villes, provoquant des déplacements de populations [2].
Malgré l‘accord du 11 janvier 2013 (qui prévoit un gouvernement d‘union national avec la
Séleka), les insurgés de la Séleka, avec l‘aide de mercenaires tchadiens et soudanais [3],
renversent Bozizé le 24 mars 2013 et leur chef Michel Djotodia prend le pouvoir178.

Dès les jours suivants le coup d‘État, et malgré le départ de Bozizé, les troupes Séleka se
comportent brutalement, faisant émerger une haine de nature communautaire et religieuse. Ils
perpétuent pillages et violences contre la population. Les multiples exactions commises par
les membres de Séléka contre la population ont poussé les Centrafricains d‘obédience chrétienne
à former à leur tour une milice armée, baptisée Anti-balaka et soutenue par le président déchu,
François Bozizé Cette mouvance est composée de chrétiens et d‘animistes. La contre-offensive
menée par les anti-balaka s‘accompagne de massacres de populations musulmanes, sans
discernement. Ces massacres provoquent un exode massif de civils dans les pays voisins 179.

En janvier 2014, la communauté internationale pousse à la démission le président


autoproclamé Michel Djotodia lors d‘un sommet extraordinaire de la Communauté économique
des États de l‘Afrique centrale. Catherine Samba-Panza est nommée présidente par intérim en
janvier 2014 pour préparer les élections, qui finissent par être organisées en février 2016. Faustin-

176
Conciliation Ressources, République centrafricaine : gros plan sur le conflit, August 2016 consulté le
https://www.c-r.org/fr/news-and-insight/r%C3%A9publique-centrafricaine-gros-plan-sur-le-conflit
177
Forum Réfugiés-Cosi, Centrafrique : instabilité et territoires hors de contrôle, 15 novembre 2017, disponible sur:
https://www.ritimo.org/Evenements-et-conflits-en-Centrafrique-de-2013-a-2017 [ consulté le 20 mai 2023]
178
Ibid.
179
Ibid.

66
Archange Touadéra, ancien Premier ministre de François Bozizé (2008-2013) remporte le scrutin
en mars 2016. Une approche globale de la gestion de la crise centrafricaine est mise sur pied,
massivement supportée par les bailleurs internationaux (Onu, Union européenne, États-Unis et
Banque mondiale) et appuyée par les grands voisins africains (via la Communauté économique
des États d‘Afrique centrale)180.

Section 3 : La situation des réfugiés centrafricains au Cameroun,


Tchad, République de Congo (RDC)

Les sept phases de conflit qui ont secoué la République centrafricaine (RCA) entre 2002
et 2014 ont provoqué différentes vagues de réfugiés en provenance de la RCA vers les pays
limitrophes notamment vers le Cameroun , vers le Tchad et vers La République démocratique du
Congo

A- Les réfugiés centrafricains au Cameroun

Le Cameroun, qui a ratifié la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, pratique
une politique d‘ouverture à l‘égard des réfugiés centrafricains ; le pays leur permet de s‘installer
dans les communautés d‘accueil et d‘accéder aux services ainsi qu‘aux ressources naturelles
disponibles181.

Les régions du Nord, de l‘Est et de l‘Adamaoua du Cameroun accueillent 234 500


réfugiés centrafricains ; 99 000 sont arrivés avant 2014 alors que les autres sont arrivés en 2014
durant la période la plus violente du conflit en République centrafricaine (RCA). La
majorité des réfugiés, soit près de 70 %, vit dans les communautés d‘accueil alors que le reste
s‘est installé dans les sept camps de réfugiés officiellement reconnus. Au Cameroun, les régions
qui accueillent les réfugiés comptent parmi les plus pauvres du pays. Néanmoins, les collectivités
locales ont permis aux réfugiés d‘accéder aux services essentiels. Presque toutes les personnes
qui ont fui la RCA vers le Cameroun après janvier 2014, et environ 18 000 personnes
180
Ibid.
181
Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), République centrafricaine
Plan d‘intervention régional en faveur des réfugiés, Janvier – décembre 2016 p.22 disponible sur :
https://data.unhcr.org/en/documents/download/51862

67
vulnérables qui sont arrivées dans le pays après cette date, sont dépendantes de l‘aide
alimentaire. Dans les camps de réfugiés, le taux de malnutrition aiguë globale (MAG) s‘élève à
9,6 % parmi les enfants âgés de 6 à 59 mois. Bien qu‘aucun obstacle d‘ordre juridique ou
politique n‘ait été relevé, l‘accès des réfugiés aux services essentiels tels que l‘éducation et la
santé demeure inadéquat et doit être amélioré. Près de 75 % des enfants réfugiés d‘âge scolaire ne
sont jamais allés à l‘école182.

Les réfugiés centrafricains continuent de bénéficier d‘un environnement de protection


favorable au Cameroun. En 2015, cet environnement a toutefois été soumis à d‘intenses pressions
en raison d‘attaques transfrontalières perpétrées par des groupes armés, du haut niveau de
criminalité, de la concurrence entre les réfugiés et les communautés locales vis-à-vis de l‘accès
aux ressources, et des exactions de Boko Haram. À ce titre, les réfugiés sont considérés comme
une menace à la sécurité et à la stabilité du pays. En outre, des restrictions ont été imposées à
la liberté de circulation des réfugiés, des cas isolés de refoulement ont été rapportés et
le regroupement des réfugiés dans des camps a été ordonné. Les réfugiés détenus dans les prisons
vivent dans des conditions déplorables. Environ 3 456 enfants vulnérables ont par ailleurs été
identifiés et enregistrés. Les mariages précoces sont encore répandus, notamment chez les filles
Mbororo. Le taux d‘autonomisation des femmes reste relativement bas, exacerbé par une
pauvreté extrême et par la prostitution, notamment à proximité des exploitations minières et dans
les villes frontalières. Quelque 35 000 réfugiés présentant des besoins spécifiques ont été
identifiés. De plus, les instances et comités dirigeants représentant les réfugiés disposent de peu
de moyens. Un certain nombre de progrès ont été réalisés en 2015. Les autorités se sont
généralement acquittées de leurs responsabilités en matière de protection et se sont montrées
coopératives avec le HCR. Des consultations mensuelles sont organisées avec l‘ensemble des
organismes chargés de l‘application des lois. Des postes de police ont été ouverts dans tous les
camps de réfugiés. Des stratégies, des procédures opérationnelles permanentes et des mécanismes
de prise en charge des cas ont été mis en place pour la protection de l‘enfant et la lutte contre les
violences sexuelles et sexistes. Près de 987 enfants vulnérables ont été orientés vers des services
appropriés et 176 cas de violence sexuelle et sexiste ont été traités par les groupes sectoriels.
Dans l‘ensemble, la paix sociale entre les réfugiés et les communautés d‘accueil a été maintenue.
Des enjeux importants devront être relevés en 2016. L‘instabilité permanente renforce la

182
Ibid. Paragraphe 1

68
stigmatisation envers les réfugiés. Les niveaux de reconnaissance des pièces d‘identité des
réfugiés par les organismes chargés de l‘application des lois demeurent problématiques. Les
ressources destinées à l‘aide humanitaire et les investissements en faveur du développement sont
encore insuffisants pour apaiser les tensions entre les réfugiés et les communautés d‘accueil
concernant l‘accès aux ressources. Les capacités du Ministère des Affaires Sociales (MINAS) et
du Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF) sont limitées. La
plupart des réfugiés n‘ont pas d‘actes de naissance. La réaction des tribunaux à l‘égard de les
violences sexuelles et sexistes est insuffisante. Certaines traditions perpétuées par les réfugiés
Mbororo empêchent certains groupes de jouir pleinement de leurs droits fondamentaux, en
particulier les femmes et les enfants. Les capacités et les politiques menées au sein du Ministère
des Affaires Sociales sont solides, mais les ressources humaines et matérielles dont il dispose
restent limitées183.

Le plan d‘intervention de 2016 en faveur des réfugiés centrafricains aura pour but de
mettre en œuvre la stratégie de recherche de solutions alternatives aux camps du HCR et fera
partie intégrante de l‘Alliance pour les Solutions (Solutions Alliance en anglais). Le plan vise à
soutenir et renforcer les capacités locales dans le but de promouvoir la coexistence pacifique, de
coordonner l‘aide aux réfugiés, d‘adopter une approche davantage axée sur le développement et
d‘accroître l‘autosuffisance des réfugiés tout en recherchant des solutions durables184.

La santé et Nutrition

En 2015, la santé et l‘état nutritionnel des réfugiés centrafricains, qui étaient très
préoccupants avant leur arrivée au Cameroun, se sont progressivement améliorés. La prévalence
de la malnutrition dans les camps de réfugiés ainsi que le taux de mortalité des enfants de moins
de cinq ans ont considérablement diminué, mais demeurent extrêmement élevés dans certains
sites. D‘après les résultats de la dernière enquête nutritionnelle standardisée et étendue (SENS, de
l‘anglais Standard Extended Nutritional Survey), le taux de prévalence de la malnutrition oscille
aujourd‘hui entre 4 et 15 %, alors que la première étude avait annoncé un taux supérieur à 30 %.

183
Ibid. p.26
184
Ibid.p.24

69
L‘amélioration de l‘accès des réfugiés aux services de santé, à l‘eau potable et aux installations
sanitaires ont contribué aux progrès réalisés185.

La communauté humanitaire a mis à la disposition des établissements de santé et hôpitaux


locaux des médicaments, du matériel et du personnel, et a supervisé la construction et
la réhabilitation d‘au moins 20 établissements de santé depuis le début de la crise. En outre, plus
de 100 membres du personnel de santé humanitaire et institutionnel ont été formés pour fournir
des conseils en matière de nutrition. Des mécanismes de coordination s‘appliquant au secteur de
la santé ont également été mis en place dans l‘ensemble de la zone opérationnelle186.

Éducation

la plupart des écoles ont été occupées par les groupes armés ; les infrastructures scolaires
détruites, les manuels scolaires brûlés, les mobiliers scolaires vandalisés et utilisés comme bois
de chauffe. Environ 75 % des enfants réfugiés n‘étaient pas inscrits dans une école publique
avant de fuir la RCA, car leurs familles étaient essentiellement nomades. Aucun obstacle formel
majeur à l‘accès des réfugiés à l‘éducation publique au Cameroun n‘a été relevé, mis à part les
capacités limitées du système éducatif camerounais en termes de nombres d‘enseignants et
d‘infrastructures. Les autorités chargées de l‘éducation sont coopératives, les politiques et
programmes sont solides et les fonctionnaires ainsi que les enseignants sont correctement
formés187.

Des progrès importants ont été réalisés en 2015. En ce qui concerne les infrastructures et
les équipements, les partenaires ont construit 22 salles de classe et en ont réhabilité 18 dans des
villages accueillant les réfugiés. De plus, environ 112 espaces temporaires d‘apprentissage (ETA)
sont opérationnels dans les camps de réfugiés. Des tables, des bancs, des outils pédagogiques et
du matériel didactique ont été mis à la disposition d‘un certain nombre d‘écoles, et des trousses
de fournitures scolaires ont été distribuées à 53 260 enfants. Les partenaires ont recruté et formé
96 enseignants bénévoles au niveau local, dont neuf enseignants réfugiés pour les ETA, et ont
fourni un appui aux conseils de classes de six camps de réfugiés et six villages. Ils ont également
mené des campagnes de retour à l‘école. Aujourd‘hui, 47 % des enfants en âge d‘aller à l‘école

185
Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), République centrafricaine Plan d‘intervention
régional en faveur des réfugiés, Janvier – décembre 2016 p.34
186
Ibid. Paragraphe 2
187
Ibid. p.31

70
primaire (âgés de 6 à 13 ans) sont inscrits dans les écoles primaires publiques au sein des villages
accueillant les réfugiés ou dans les ETA aménagés dans les camps. Néanmoins, seulement 476
enfants (4,5 % de tous les adolescents âgés de 14 à 17 ans) sont inscrits dans un établissement
d'enseignement secondaire. Les communautés sont fortement impliquées dans les programmes
d‘éducation. Elles fournissent un appui aux nouveaux enseignants bénévoles par le biais des
associations de parents d‘élèves188.

Sécurité alimentaire

Des progrès importants ont toutefois été accomplis en 2015. Par exemple, 145 000
réfugiés reçoivent chaque mois une aide alimentaire. Cela a permis aux personnes les plus
vulnérables d‘obtenir des produits alimentaires, améliorant de ce fait leur état de santé. Des
études de marché et enquêtes sur la sécurité alimentaire ont été réalisées, et des projets pilotes
axés sur l‘aide en espèces ont été entrepris afin d‘améliorer l‘état nutritionnel des réfugiés. Dans
l‘ensemble, les autorités gouvernementales se montrent favorables aux interventions mises en
œuvre malgré le peu de ressources financières et humaines disponibles. De plus, les acteurs
humanitaires ne disposent que de ressources limitées pour la distribution des denrées
alimentaires. À cela s‘ajoutent les problèmes logistiques fréquents dus à la congestion
du port de Douala et au fait que les villages de réfugiés sont souvent très isolés189.

B- Les réfugiés centrafricains au Tchad

Les sept phases de conflit qui ont secoué la République centrafricaine (RCA) entre 2002
et 2014 ont provoqué différentes vagues de réfugiés en provenance de la RCA vers le Tchad. Le
HCR et le gouvernement tchadien se sont chargés d‘installer 8 500 réfugiés dans la capitale,
N‘Djamena, et dans 19 villages d‘accueil situés au sud et au sud-est du Tchad ; les autres réfugiés
ont été placés dans des camps. Au 31 octobre 2015, près de 66 382 réfugiés centrafricains
vivaient dans les six camps de réfugiés et communautés d‘accueil recensés au Tchad.190 Au
Tchad, l‘enclavement des camps de réfugiés centrafricains crée des contraintes sur
l‘acheminement de la ressource humanitaire. Ces camps sont éloignés de la capitale
tchadienne. camps de Goré, de Maro et d‘Haraze-Mangueigne sont situés respectivement à 590,

188
Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), République centrafricaine Plan d‘intervention
régional en faveur des réfugiés, Janvier – décembre 2016 p.31 Paragraphe 2
189
Ibid. p.33
190
Ibid. p.48

71
660 et 880 kilomètres de la capitale tchadienne. Les camps sont éloignés de N‘Djaména,
principal centre de transit international des acteurs humanitaires expatriés (Français ou originaires
d‘autres pays d‘Afrique pour la plupart).Cette ville dispose du seul aéroport
tchadien aux normes mondiales. Les bases centrales des organisations humanitaires sont
implantées dans la capitale tchadienne. Les organisations d‘aide doivent déployer des stratégies
de désenclavement pour assurer une continuité d‘approvisionnement des marchandises entre
N‘Djaména et les camps. Ainsi, pour l‘aide alimentaire par exemple, la stratégie du Programme
alimentaire mondial (PAM) consiste à transporter des vivres de N‘Djaména jusqu‘à Moundou,
Sarh et Am Timan, avant une réexpédition partielle vers les camps de Goré, de Maro et d‘Haraze-
Mangueigne. À proximité des camps, le PAM veille à ce que la quantité de vivres
entreposée permette de nourrir des milliers de réfugiés pendant plusieurs mois191.

Éducation

Les efforts du groupe sectoriel Éducation sont principalement axés sur l‘amélioration de
l‘accès des réfugiés à une éducation de qualité. Parmi les 17 344 enfants âgés de 6 à 13 ans
recensés, 10 297 étaient inscrits dans un établissement d‘enseignement primaire pendant l‘année
scolaire 2014-2015. Le taux brut de scolarisation dans le primaire est de 63 % et le taux net de
43,5 %. Parmi les enfants inscrits dans un établissement d‘enseignement primaire, 43,7 % sont
des filles. Parmi les 16 000 adolescents âgés de 13 à 17 ans recensés, 4 154 (dont 34,6 % de
filles) étaient inscrits dans un établissement d‘enseignement secondaire. Le taux brut de
scolarisation dans le secondaire est de 22 %, tandis que le taux net n‘excède pas 5 %. En
ce qui concerne l‘éducation tertiaire, 22 étudiants (dont huit femmes) ont bénéficié du
programme allemand Albert Einstein de bourses universitaires pour les réfugiés (DAFI) afin
d‘étudier dans des universités tchadiennes. De nombreuses difficultés entravent la prise en charge
et la scolarisation d‘autres enfants dans les écoles publiques tchadiennes. En outre, il
convient de souligner le manque de personnel enseignant, d‘infrastructures, d‘outils
pédagogiques et de matériel didactique. D‘autres obstacles empêchent les enfants et les
adolescents d‘être scolarisés, notamment le fait que les réfugiés accordent une plus grande
importance à l‘enseignement coranique au détriment des écoles publiques officielles. Étant donné
191
CHAUVIN, Emmanuel. L‘aide humanitaire au Tchad : une ressource pour l‘enclavement des réfugiés dans des
camps ? Le cas des réfugiés de Centrafrique In : Ressources mondialisées : Essais de géographie politique [en ligne].
Paris : Éditions de la Sorbonne, 2015 . Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/psorbonne/100955 [
consulté le 15 Mai 2023 ]

72
que les écoles coraniques et les écoles publiques sont ouvertes aux mêmes heures le matin, les
enfants sont obligés de choisir entre l‘enseignement coranique ou l‘éducation moderne. De plus,
l‘éloignement des établissements d‘enseignement secondaire par rapport aux camps de réfugiés
est l‘un des facteurs qui contribuent à l‘abandon scolaire, en particulier chez les filles (31 %).
Enfin, un certain nombre d‘enseignants qualifiés a démissionné en raison d‘un manque de
mesures incitatives. En ce qui concerne l‘éducation tertiaire, les possibilités sont
limitées, en particulier pour les jeunes qui ont fui la RCA alors qu‘ils étudiaient à l‘université de
Bangui, ce qui décourage les étudiants les plus jeunes.192

Santé et Nutrition

Les soins de santé primaires sont assurés par des établissements de santé situés au sein des
camps de réfugiés ou à proximité. Tous les établissements sont pourvus en personnel qualifié, et
les indicateurs liés à la santé sont globalement acceptables. Une infirmière consulte en moyenne
44 personnes par jour, parmi lesquelles 9 % sont des membres de la communauté d‘accueil.
Le taux brut de mortalité au Tchad est aujourd‘hui de 0,3/1000 personnes par mois, tandis que le
taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans s‘élève à 1,1/1 000. Le taux de fréquentation
des établissements de santé est de 1,7 consultation par réfugié par an. Au cours du premier
semestre de 2015, près de 400 réfugiés ont été pris en charge dans des établissements de soins
secondaires et tertiaires. Le paludisme et les infections respiratoires sont les maladies les plus
courantes dans l‘enceinte des camps de réfugiés, avec des taux de 34,9 et 34,5/1 000 personnes
par mois respectivement. Un certain nombre de personnes vulnérables, telles que les femmes
enceintes et allaitantes et les personnes vivant avec le VIH/sida, n‘ont pas pu accéder aux
programmes d‘assistance nutritionnelle depuis juin 2013, faute de financement. L‘alimentation
complémentaire des enfants âgés de 6 à 23 mois n‘est pas incluse dans le programme d‘aide
alimentaire de base, d‘où leurs carences en micronutriments. En 2015, l‘une des grandes
réalisations dans le domaine de la santé a été l‘accès des réfugiés et des membres des
communautés concernées aux services de soins de santé primaires disponibles à proximité des
camps de réfugiés. Des services de maternité sans risque ont été offerts par 14 sages-femmes
qualifiées intervenant dans les établissements de santé. Au total, 1 213 nouvelles femmes
enceintes ont pu bénéficier de services de soins prénataux, et près de 87 % des naissances étaient

192
Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), République centrafricaine Plan d‘intervention
régional en faveur des réfugiés, Janvier – décembre 2016 p.57-58

73
assistées par du personnel de santé qualifié. De plus, l‘accès aux services de prise en charge du
VIH/sida a été maintenu, tant pour les réfugiés que pour les membres des communauté
concernées. 235 personnes reçoivent un traitement antirétroviral. Un nouveau centre de santé a
ouvert ses portes dans le camp de Doholo afin de répondre à l‘ensemble des besoins des réfugiés
en matière de santé193.

Les réalisations conjointes qui ont marqué 2015 dans le cadre des interventions en faveur
des réfugiés centrafricains sont résumées ci-dessous :

 Une opération de vérification physique, combinée à l‘enregistrement


biométrique des réfugiés centrafricains, a été réalisée dans les camps de Haraze, Maro et
Goré, et devrait débuter en novembre 2015 dans les villages d‘accueil de la région du
Bahr Sara. Cette opération a confirmé que plus de 10 000 réfugiés étaient rentrés de leur
plein gré en RCA en 2015.
 Un exercice ciblé consistant à établir le profil des ménages de réfugiés dans
le cadre de la recherche de solutions durables a également été réalisé à Maro (en août
2015) et à Haraze (en mai 2015), et est toujours en cours à Goré (depuis septembre 2015).
Au total, les profils de 2 376 réfugiés (523 ménages) ont été établis. Ainsi, 52 % des
réfugiés interrogés seraient favorables pour un rapatriement volontaire si la situation en
RCA se stabilise, 44 % seraient favorables à une réinstallation si l‘opportunité se présente,
et 4 % opteraient plutôt pour une intégration locale ou ne savent pas encore ce qu‘ils
feront.
 Des progrès importants ont été réalisés en ce qui concerne l‘intégration
socio-économique locale des réfugiés, notamment grâce à la distribution de matériel et
outils agricoles à 14 477 personnes concernées, à la construction d‘un nouveau centre de
formation professionnelle dans le camp de Dosseye et à l‘ouverture d‘un cybercafé à
Maro, qui profitera aussi bien aux réfugiés qu‘aux membres de la communauté d‘accueil.
 Par ailleurs, un mécanisme de coordination transfrontalière a été mis en
place entre les bureaux du HCR et les partenaires humanitaires basés en RCA et au Tchad
dans le but de faciliter le partage des informations et d‘améliorer la coordination des
interventions de secours des deux côté.

193
Ibid. p.61-62

74
 La réinstallation des réfugiés a été facilitée par des équipes itinérantes qui
ont interrogé des personnes potentiellement intéressées dans les différents camps et
soumis des demandes de réinstallation.
 Une évaluation du niveau de richesse a également été réalisée dans cinq
camps de réfugiés afin de cibler l‘aide alimentaire, alors que les ressources disponibles se
raréfient. Ainsi, quatre principales catégories socio-économiques ont été identifiées ; en
fonction de la catégorie, des paniers alimentaires correspondant à un apport nutritif allant
de 700 à 1 800 kilocalories sont distribués. En outre, le gouvernement tchadien, le HCR
et le PAM se basent sur les résultats des évaluations multisectorielles du niveau de
vulnérabilité pour classer les réfugiés dans les différentes catégories établies.
 En septembre 2015, un accord tripartite a été signé entre le HCR et les
gouvernements de la RCA et du Tchad pour faciliter la participation des réfugiés aux
prochaines élections. Ainsi, 13 793 réfugiés centrafricains en âge de voter ont été inscrits
sur les listes électorales entre septembre et octobre 2015194.

C- Les réfugiés centrafricains en République démocratique du Congo

Au 30 septembre 2015, le nombre de réfugiés ayant fui la RCA pour s‘installer en


République démocratique du Congo (RDC) s‘élève à plus de 100 000 ; 60 000 vivent dans
les quatre camps de réfugiés aménagés dans les provinces du Nord-Ubangi et du Sud-Ubangi
(province historique de l‘Équateur), et 10 000 autres dans la province du Bas-Uele (province
Orientale, anciennement Haut-Zaïre et Haut-Congo)195.

Sécurité alimentaire

Des lacunes persistent dans le domaine de la sécurité alimentaire. En outre, les transferts
monétaires entraînent des coûts opérationnels importants (de l‘ordre d‘environ 200 000 dollars
US). Au total, 100 % des réfugiés devraient avoir accès aux produits de base d‘ici 2016 grâce à
la mise en place d‘un système de subventions en espèces ou de bons d‘achat dans les camps. Des
subventions en espèces sont actuellement octroyées aux réfugiés dans les camps de Boyabu et
Mole(34 211 bénéficiaires), et des bons d‘achat sont distribués dans le camp d‘Inke (6 007

194
Ibid. p.48-49
195
Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), République centrafricaine
Plan d‘intervention régional en faveur des réfugiés, Janvier – décembre 2016 p.75

75
bénéficiaires). Cela permet à l‘ensemble des réfugiés de bénéficier d‘un accès direct aux produits
alimentaires de base ou de s‘approvisionner directement sur les marchés. Les réfugiés reçoivent
par ailleurs une aide alimentaire en nature. Cependant, face aux besoins alimentaires croissants de
la population, une pénurie pourrait se produire en l‘absence de fonds supplémentaires, ce qui
risque de provoquer des tensions au sein de la population de réfugiés. Une aide complémentaire à
ce niveau s‘avère donc indispensable. D‘autres mesures ont par ailleurs été prises pour inciter
les réfugiés à cultiver leurs propres fruits et légumes, les terres arables étant situées à proximité
des camps196.

Santé et Nutrition

L‘afflux de réfugiés en provenance de la RCA affaiblit le système de santé publique déjà


fragile dans la province de l'Équateur. En effet, un manque chronique d‘effectifs, des pénuries de
médicaments et des infrastructures et moyens de transport inappropriés ont été signalés dans
la région. Cela compromet l‘offre et l‘accès des réfugiés et des membres de la communauté
d‘accueil à des services intégrés de santé reproductive et de prise en charge du VIH/sida de
qualité. Les traitements antirétroviraux (ARV) sont gratuits, mais les ruptures de stocks de
médicaments sont fréquentes. Dans les zones de la province de l‘Équateur accueillant les
réfugiés, des maladies endémiques et des épidémies (telles que le paludisme, les maladies
diarrhéiques, le choléra, la typhoïde et des flambées de rougeole) ont été signalées197.

Les résultats des évaluations conduites ont par ailleurs révélé que seulement 67 % des
réfugiés avaient une consommation alimentaire acceptable (taux de nutrition inférieur à la cible
de 80 %) s‘expliquant, entre autres, par des stocks de nourriture insuffisants et un régime non
équilibré. Les résultats de l‘enquête nutritionnelle standardisée et étendue (SENS) menée de mai
à juillet 2014 ont révélé un taux de prévalence de la malnutrition aiguë globale (MAG) et un taux
de malnutrition aiguë sévère (MAS) plus ou moins acceptables (6,8 % et 0,5 % respectivement).
En revanche, le taux de malnutrition chronique (40,9 % pour la malnutrition chronique globale et
16,1 % pour la malnutrition aiguë chronique) et le taux de prévalence de l‘anémie sont élevés et
suscitent de vives inquiétudes. Par ailleurs, dans les camps de réfugiés, le taux d‘accès aux
services de nutrition (88,6 %) est inférieur au taux minimal requis (> 90 %). Les principales

196
Ibid. p.84
197
Ibid. p.86

76
réalisations qui ont marqué 2015 incluent la construction de trois établissements de santé, la mise
en place d‘un service de santé reproductive et l‘élaboration d‘un programme de
supplémentation nutritionnelle comprenant l‘aiguillage des patients vers quatre hôpitaux
correctement équipés et disposant de stocks de médicaments appropriés. De plus, près de 24 046
moustiquaires ont été distribuées en premier lieu aux femmes enceintes et allaitantes. En dépit de
la pénurie de vaccins et d‘une chaîne du froid non-respectée, des campagnes de vaccination
contre la poliomyélite et la rougeole ont été menées à grande échelle. En ce qui concerne
l‘aide alimentaire, une initiative reposant sur des versements en espèces a été mise en place198.

Éducation

Pour les enfants réfugiés centrafricains, le taux moyen de scolarisation dans le primaire
est de 44 %.Malgré les plans de développement à long terme qui ont été élaborés afin d‘améliorer
le système éducatif, la qualité des infrastructures dans la province de l‘Équateur et la province
Orientale est inférieure aux normes établies. En effet, ces établissements scolaires sont mal
équipés. Par exemple, les enfants doivent s‘asseoir par terre ou sur des troncs d‘arbre. Les autres
lacunes identifiées sont le manque de salles de classe et d‘enseignants qualifiés, ainsi que des
frais de scolarité élevés, ce qui rend l‘éducation inaccessible à certaines familles pauvres. De
plus, l‘accès à une éducation de qualité est limité, notamment pour les enfants qui ont dépassé
l‘âge de scolarisation normal et les jeunes qui n‘ont jamais été à l‘école ou qui ont abandonné
leurs études199.

Les principales réalisations qui ont marqué 2015 incluent la construction de quatre écoles
primaires dans la province de l‘Équateur. Au total, 6 123 enfants étaient inscrits dans
un établissement d‘enseignement primaire et 1 129 dans un établissement d‘enseignement
secondaire, et 912 adultes participaient à des cours d‘alphabétisation. De plus, environ 3 426
personnes étaient inscrites à des cours de Capoeira ou pratiquaient des activités sportives. En
moyenne, 100 personnes suivent chaque jour des cours d‘informatique ou se rendent dans le
cybercafé du camp de Mole200.

198
Ibid. Paragraphe 3
199
Ibid. p.82
200
Ibid. Paragraphe 2

77
Les autres lacunes identifiées incluent, d‘une part, les capacités limitées du ministère de
l‘Éducation de la RCA à soutenir les programmes d‘enseignement dispensés en dehors de la RCA
et, d‘autre part, les résultats scolaires médiocres des enfants réfugiés ayant reçu un enseignement
dispensé par des enseignants centrafricains dans le cadre du programme d‘enseignement national
de la RCA. Des mesures ont récemment été mises en place pour faciliter la transition des enfants
réfugiés centrafricains vers le système éducatif national de la RDC, ce qui leur permettra
d‘accéder plus facilement à l‘éducation secondaire. Enfin, les enfants non-scolarisés font face à
un certain nombre de risques, notamment l‘enrôlement forcé par des groupes ou des forces armés,
le mariage précoce, l‘exploitation sexuelle et autres formes d‘exploitation et/ou la violence
sexiste201.

Les principales réalisations qui ont marqué 2015 dans le cadre des interventions en faveur
des réfugiés centrafricains sont résumées ci-dessous :

 Environ 17 153 réfugiés nouvellement arrivés ont été enregistrés et


installés dans les camps.
 Des activités de sensibilisation sur le principe de non-refoulement ont été
organisées à l‘attention des gardes-frontières, et 137 officiers de police ont été formés et
équipés de manière à assurer la sécurité et la protection dans les camps et les centres de
transit.
 Les activités de prévention et de lutte contre les violences sexuelles et
sexistes étaient axées sur les dispositifs d‘assistance multisectorielle aux victimes, la mise
en œuvre de campagnes de sensibilisation et la création de comités de lutte contre les
violences sexuelles et sexistes à l‘échelle communautaire.
 Quelque 539 réfugiés ont bénéficié d‘une assistance juridique et 699
enfants ont obtenu des actes de naissance.
 Environ 65 % des réfugiés avaient accès à des structures locales de santé.
Le HCR a construit trois hôpitaux (dans les camps d‘Inke, de Boyabu et de Mole) qui ont
été approvisionnés en médicaments. Ces établissements ont pu couvrir 80 % des besoins
de la population en matière de santé. Des campagnes de vaccination ont également été
menées afin d‘empêcher la propagation de maladies.

201
Ibid. p.83

78
 Environ 4 008 enfants étaient inscrits dans un établissement
d‘enseignement primaire et 541 dans un établissement d‘enseignement secondaire, et 912
adultes participaient à des cours d‘alphabétisation.
 Au total, 34 211 réfugiés avaient bénéficié de subventions en espèces dans
les camps de Mole et de Boyabu et 17 627 avaient reçu des bons d‘achat ; 6 007 autres
avaient reçu une aide alimentaire directe202.

Chapitre II : La situation des réfugiés Ukrainiens

L‘Ukraine est un pays situé au centre du continent européen. Il est bordé d‘un côté par des
pays de l‘Union européenne comme la Pologne et la Roumanie. De l‘autre côté se trouve la
Russie, à laquelle l‘Ukraine a été très liée par le passé.

Le 24 février 2022, Date à laquelle la Russie a déclaré la guerre contre l‘Ukraine.


L‘invasion russe a provoqué des ukrainiens de quitter et de fuir leur pays.

Section 1 : La guerre entre La Russie et l’Ukraine

L‘intervention du 24 février 2022 est le fruit d‘une évolution qui pourrait trouver ses
sources dans l‘indépendance de l‘Ukraine (1991). Pendant presque 70 ans, l‘Ukraine et la Russie
ont fait partie d‘un même pays, appelé l‘URSS (l‘Union des républiques socialistes soviétiques).
Le président Vladimir Poutine affirme que Russes et Ukrainiens sont en réalité un même
peuple203. De sa volonté de rapprochement avec les États Européens D'autant plus le conflit
ukrainien trouve son origine durant 2013-2014 Maïdan. en septembre 2013, quand le président
Viktor Ianoukovitch décide de se retirer unilatéralement d‘un accord d‘association avec l‘Union
européenne. En réaction, des manifestations s‘organisent spontanément sur la place de
l‘indépendance de Kiev (dite Maïdan) par des partisans d‘un rapprochement avec l‘UE. La

202
Ibid. p.75
203
V. Poutine, « On the Historical Unity of Russians and Ukrainians », 12 juillet 2021

79
répression policière est féroce, et les manifestants fédèrent de plus en plus de soutiens. L‘escalade
de la violence, début 2014, conduit à la mort de plusieurs manifestants, mais aussi de policiers204.

En 2007, l‘Ukraine envisage un rapprochement avec les États européens, et négocie


pendant plusieurs années un contrat d‘association avec l‘Union européenne (UE) – comme le font
d‘autres États issus de la dislocation de l‘URSS. Alors que le contrat d‘association a été établi,
le gouvernement ukrainien fait le choix d‘y renoncer, courant novembre 2013. En réponse à cette
volte-face, s‘organisent à partir du 21 novembre 2013 des manifestations pro-européennes,
manifestations qui sont symbolisées très rapidement par l‘occupation de la place de
l‘indépendance, au cœur de Kiev. Ce mouvement, parfois appelé euro-maïdan (du nom ukrainien
de la place de l‘indépendance), prend très rapidement de l‘ampleur pour se muer en une
protestation active, objet d‘une répression par les forces de l‘ordre. La confrontation aboutit, en
février 2014, à la décision du Parlement de destituer le Président en exercice, Viktor
Ianoukovytch, qui se réfugie aussitôt en Russie – laquelle proteste en arguant du caractère
illégitime, à ses yeux, de cette destitution205.

Lors des élections présidentielles de 2019, l‘Ukraine choisit de porter à la magistrature


suprême Volodymyr Zelensky, issu du parti Serviteur du peuple. Son programme prévoit, entre
autres, un rapprochement de l‘Ukraine avec l‘UE et l‘OTAN (Organisation du traité de
l‘Atlantique Nord, club très fermé de coopération militaire et de défense réciproque)206.

La situation évolue au début de 2022, alors que depuis plusieurs mois la tension
s‘intensifie dans le Donbass. Le 19 février 2022, la Russie évoque un tir d‘obus qui, parti
d‘Ukraine, aurait frappé les environs de Rostov-sur-le-Don, tir immédiatement contesté par l‘État
ukrainien ; le même jour, les entités sécessionnistes du Donbass proclament la
mobilisation générale. Face au blocage, la Douma russe (c‘est-à-dire le Parlement de la
Fédération de Russie) demande au Président de reconnaître comme États souverains les deux
républiques autoproclamées de Donetsk et de Luhansk. Le pas est franchi le 21 février, le
Président russe reconnaissant effectivement, au nom de son État, la souveraineté de ces deux
204
Toute l'Europe, Guerre en Ukraine : quel rôle joue l'Union européenne ?
Mis à jour le 01.04.2022, https://www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/guerre-en-ukraine-ou-en-est-l-union-
europeenne/ Consulté le 19 mai 2023
205
Catherine-Amélie Chassin, "La guerre en Ukraine : une analyse de droit international. Publié le 03/03/2022.
https://2idhp.eu/point-de-vue/la-guerre-en-ukraine-une-analyse-de-droit-international/
Consulté le 19 mai 2023
206
Ibid

80
entités, à la suite d‘un discours accusant l‘Ukraine d‘être un État nazi commettant un génocide
sur les populations russophones de l‘Est. Trois jours plus tard, le 24 février au matin, les troupes
russes entrent sur le territoire ukrainien par plusieurs points d‘accès, déclenchant l‘invasion de
l‘Ukraine207.

L‘invasion de l‘Ukraine par la Russie est une violation manifeste de la Charte des Nations
unies et un acte d‘agression constituant un crime de droit international, : l‘article 2 § 4 de la
Charte des Nations Unies interdit aux États de « recourir à la menace ou à l‘emploi de la force,
soit contre l‘intégrité territoriale ou l‘indépendance politique de tout État ».208.

L‘invasion de l‘Ukraine par la Russie est grave, extrême et définie par une seule
caractéristique : l‘agression. La Russie est en train d‘envahir le cœur de l‘Ukraine, cherchant à
évincer son gouvernement légalement élu, et l‘impact sur la vie, la sécurité et le bien-être des
civiles est réel et potentiellement énorme. Ces agissements sont absolument injustifiables sur la
base des raisons avancées par la Russie. Et pourtant, c‘est un membre permanent du Conseil de
sécurité des Nations unies qui se rend coupable de ces actes »209.

L'UE et ses citoyens sont pleinement solidaires de l'Ukraine et de sa population. L'UE a


pris des mesures concrètes pour aider l'Ukraine et ses pays voisins qui offrent une protection aux
personnes fuyant la guerre. Il s'agit notamment des mesures suivantes:

 l'accueil des réfugiés grâce au mécanisme de protection temporaire


 une aide humanitaire d'un montant de 523 millions d'euros en faveur de
l'Ukraine et de la Moldavie
 un soutien en matière de protection civile
 un soutien aux États membres qui accueillent les réfugiés
 un montant allant jusqu'à 9 milliards d'euros d'assistance macro
financière pour favoriser la stabilité
 un montant de 3,1 milliards d'euros pour soutenir les forces
armées ukrainiennes

207
Ibid
208
l‘article 2 § 4 de la Charte des Nations Unies
209
Agnès Callamard, secrétaire générale d‘Amnesty International. 1 mars 2022

81
 un soutien aux enquêtes et aux poursuites relatives aux crimes de guerre210.

Section 2 : La situation des réfugiés ukrainiens après la guerre.

L'Union Européenne et ses citoyens sont pleinement solidaires de l'Ukraine et de sa


population. L'UE a pris des mesures concrètes pour aider les réfugiés Ukrainiens fuyant leurs
pays de résidence habituelle en raison de l'invasion russe. De même, la république de Moldavie a
pris des mesures en vue de soutenir les réfugiés Ukrainiens qui ont fui leur foyer en Ukraine.

L'agression militaire de la Russie contre l'Ukraine a entraîné un afflux de millions de


personnes cherchant refuge dans l'UE et en République de Moldavie.

A- L’accueil des réfugiés Ukrainiens dans l'union européenne

L'UE se tient fermement aux côtés de l'Ukraine et de sa population et continuera de


soutenir vigoureusement l'économie, la société et les forces armées ukrainiennes, ainsi que la
reconstruction future. Depuis le début de la guerre d'agression menée par la Russie, l'UE et ses
États membres ont mis à disposition de l'Ukraine et de sa population une aide d'environ
72 milliards d'EUR:

37,8 milliards d'EUR d'assistance économique

17 milliards d'EUR en aides pour les réfugiés dans l'UE

15,3 milliards d'EUR de soutien militaire

1,99 milliard d'EUR d'aide humanitaire

L'agression militaire de la Russie contre l'Ukraine a entraîné un afflux de millions de


personnes cherchant refuge dans l'UE et en République de Moldavie.

210
Conseil de l'union européenne, RÉACTION DE L'UE À L'INVASION DE L'UKRAINE PAR LA RUSSIE
"Solidarité de l'UE avec l'Ukraine" Dernière mise à jour le 11 mai 2023
https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/eu-response-ukraine-invasion/eu-solidarity-ukraine/ consulté le 19 mai
2023

82
Le 4 mars 2022, l'UE a activé la directive relative à la protection temporaire. L'objectif est
d'alléger la pression exercée sur les régimes d'asile nationaux et de permettre aux personnes
déplacées de jouir dans toute l'UE de droits harmonisés. Ces droits sont notamment:
Le séjour, l‘accès au marché du travail et au logement, l‘assistance médicale, l'assistance sociale,
l'accès des enfants à l‘éducation 211.

- L’accueil des réfugiés Ukrainiens en Belgique

Depuis le début du conflit entre l‘Ukraine et la Russie, les autorités belges de différents
niveaux de pouvoir ont travaillé ensemble pour accueillir au mieux les personnes ukrainiennes
ayant fui leur pays.

Le Nombre de personnes sous protection temporaire inscrites au registre national (au


05.02.2023)

211
Ibid.

83
Belgique 53.450

Région flamande 31.748 = 59,40%

Région wallonne 10.876 = 20,35%

Région de Bruxelles-Capitale

10.824 = 20,25%212

212
Centre de crise national, Accueil en Belgique des
personnes en provenance d'Ukraine : Bilan après un
an de conflit, 23 février 2023, disponible sur :
https://centredecrise.be/fr/newsroom/accueil-en-
belgique-des-personnes-en-provenance-dukraine-
bilan-apres-un-de-conflit [ consulté le 25 mai 2023 ]

1
Emploi et scolarité

Une bonne intégration est essentielle pour le bien-être des nouvelles personnes qui
arrivent en Belgique. A ce titre, l‘emploi et la scolarité sont deux facteurs essentiels pour faciliter
et favoriser l‘accueil des personnes ukrainiennes en Belgique213.

Région de Bruxelles-Capitale

À la fin du mois de décembre 2022, Actiris comptait 2.420 chercheurs d‘emploi de


nationalité ukrainienne qui se sont inscrits depuis le début de la crise, dont 317 ont trouvé un
emploi et 475 suivent une formation. Les formations les plus suivies sont les cours de langues
(97,1% de l'ensemble des formations). 85,7% de ces formations sont des cours de français, 6,4%
des cours d'anglais et 5% des cours de néerlandais. 84,4% des chercheurs d‘emploi ukrainiens qui
ont trouvé un emploi sont des femmes, 15,6% des hommes. Les secteurs dans lesquels les
chercheurs d‘emploi de nationalité ukrainienne sont le plus souvent employés sont le nettoyage,
l'intérim et l'horeca.214.

Concernant la scolarité, 2138 enfants ukrainiens sont inscrits dans l‘enseignement


obligatoire en région bruxelloise (chiffres du 7.02.2023) :

Pour le fondamental (maternel + primaire) : 1389 (FR) + 91 (NL)

Pour le secondaire : 580 (FR) + 71 (NL)

Enseignement spécialisé : 7 (FR).

Pour l‘enseignement à domicile : 18 ont été déclarés à l‘enseignement à domicile


(17 FWB + 1 VG)215.

Logement

Région flamande

Dès le début du défi concernant l'accueil des personnes fuyant l'Ukraine, la Flandre s'est
engagée à héberger de manière permanente 60% des personnes déplacées temporairement qui
213
Office des étrangers, en Belgique des personnes en provenance d'Ukraine : Bilan après un an de conflit, 24 février
2023, disponible sur : https://dofi.ibz.be/fr/news/accueil-en-belgique-des-personnes-en-provenance-dukraine-bilan-
apres-un-de-conflit [ consulté le 25 mai 2023 ]
214
Ibid.
215
Ibid.

87
sont arrivées en Belgique. Sur les 53.450 personnes déplacées temporairement en
Belgique, 31.748 (59,4%) sont actuellement enregistrées en Flandre. 12 441 ou 39,28% d'entre
elles sont enregistrées dans la province d'Anvers, dont un peu plus de la moitié dans la ville
d'Anvers. La Flandre occidentale, la Flandre orientale et le Brabant flamand accueillent chacun
15-17% des personnes temporairement déplacées, tandis que le Limbourg en accueille 10,5%.216.

De nombreuses personnes ayant fui l'Ukraine ont également pu séjourner dans des
familles d'accueil en Flandre. Dans un même temps, les autorités locales ont été invitées à fournir
davantage de places d'accueil permanentes (disponibles pour au moins trois mois). A ce titre,
elles ont reçu des subventions de la part du gouvernement flamand. Des équipes de soutien ont
également été mises en place par le gouvernement flamand pour aider les autorités locales dans
cette tâche. Les gouverneurs ont également joué un rôle important dans la recherche de
places d'accueil durables217.

Des villages d'urgence temporaires ont été créés à Anvers et à Malines, représentant
ensemble 1.730 places d'accueil en 2022, entièrement financées par le gouvernement flamand.
Entre-temps, la construction d'un troisième village d'urgence à Gand, d'une capacité de 600
places, a également débuté. Les 200 premiers résidents devraient pouvoir y emménager d'ici la
fin avril 2023. Les places d'accueil mises à disposition par les administrations locales sont
enregistrées dans l'outil de logement flamand depuis fin mars 2022. Depuis fin avril, l'attribution
et la distribution centralisées des personnes déplacées temporairement se font également via cet
outil de logement. De la mi-mars 2022 au 8 février 2023, un peu plus de 37.000 places de
couchage ont été enregistrées dans l'outil de logement flamand, qu'il s'agisse d'abris privés ou
publics, dont environ 29.000 places ont effectivement été utilisées pour accueillir des personnes
temporairement déplacées au cours de l'année 2022. Environ 11.500 de ces places ont depuis été
résiliées. Au début du mois de février 2023, 6.250 personnes déplacées temporairement d'Ukraine
sont encore hébergées dans des abris organisés par les autorités locales et 1.450 dans des villages
d'urgence218.

Région wallonne:

216
Ibid.
217
Ibid
218
Ibid.

88
Dès le début du conflit, de nombreux citoyens wallons sont venus en aide aux personnes
ukrainiennes en leur proposant une solution d‘hébergement, la plupart du temps au sein de leur
foyer. Afin de faciliter la mise en relation entre ces hébergeurs et les ressortissants ukrainiens,
la Wallonie a mis en place la Plate-forme Solidarité Ukraine. Au fil des mois, l‘offre de
logements chez les particuliers a diminué. C‘est pourquoi des solutions de logements collectifs se
sont mises en place dès la fin de l‘été 2022. Avec le concours des Gouverneurs, des conventions
ont été signées avec des propriétaires publics et privés pour créer des places d‘hébergement. Au 5
février 2023, 27 hébergements étaient conventionnés, pour une capacité théorique d‘accueil de
1.225 places. Parmi ces hébergements, 23 sont ouverts pour un total de 945 places. Ces places
permettent d‘héberger des ressortissants ukrainiens qui se présentent directement dans une
commune sans être passés par l‘Office des étrangers, et ce, dans l‘attente de la régularisation de
leur situation et de l‘identification du lieu d‘hébergement le plus adéquat. Elles permettent
également de soulager les familles accueillantes qui se sont portées candidates pour héberger des
réfugiés chez eux219.

- L’accueil des réfugiés Ukrainiens En Pologne

La Pologne a accordé le statut de protection temporaire à près de 55 000 Ukrainiens en


octobre. Depuis le début de l‘invasion russe en février, elle est aussi le pays parmi les Vingt-Sept
ayant le plus donné ce statut, avec un nombre de bénéficiaires supérieur à un million220.

En octobre, la Pologne a été le pays de l‘Union européenne qui a le plus attribué


la protection temporaire aux Ukrainiens fuyant leur pays en raison de la guerre initiée par la
Russie en février. Ce statut leur donne droit au séjour dans tout pays de l‘UE ainsi qu‘un accès au
marché du travail, à des soins et à la scolarisation. 54 520 personnes ont ainsi bénéficié en
octobre de cette protection en Pologne, dont un quart d‘enfants, selon l‘office européen de
statistiques Eurostat. Le pays est suivi de l‘Allemagne (37 595 statuts de protection temporaire
accordés en octobre), puis de l‘Italie (8 620), de la Roumanie (8 425) et de la Bulgarie (7 250). A

219
Ibid.
220
Toute l‘Europe. eu, La Pologne demeure le premier pays d‘accueil des réfugiés ukrainiens dans l'Union
Européenne, publié le 09-12-2022, disponible sur : https://www.google.com/amp/s/www.touteleurope.eu/l-ue-dans-
le-monde/la-pologne-demeure-le-premier-pays-d-accueil-des-refugies-ukrainiens-dans-l-union-europeenne/amp/ [
consulté le 26-05-2023 ]

89
l‘échelle des 26 pays de l‘UE pour lesquels des statistiques sont disponibles, Eurostat note un
recul du nombre d‘Ukrainiens enregistrés sous ce statut dans 22 d‘entre eux par rapport au mois
de septembre. Au 31 octobre, la Pologne est aussi l‘État membre qui a attribué le plus de statuts
de protection temporaire depuis le début de la guerre, à 1,01 million de personnes. Viennent
ensuite l‘Allemagne (847 105 bénéficiaires), l‘Espagne (148 630) et la Bulgarie (141 480)221.

B- L’accueil des réfugiés ukrainiens dans la république de Moldavie

De nombreuses personnes poursuivent leur route, Olga et ses enfants font partie des
100 000 Ukrainiens qui ont choisi de rester en Moldavie, où les habitants ainsi que les autorités
offrent leur soutien avec l'aide du HCR. Lors d'une récente visite en Moldavie, Kelly Clements -
Haut Commissaire adjointe du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés - a visité
le dortoir pour rencontrer les familles qui y vivent et a exprimé sa gratitude pour l'accueil réservé
aux réfugiés dans le pays222.

« J'ai été vraiment, vraiment bouleversée par la générosité, la solidarité, le soutien que le
peuple moldave a apporté au peuple ukrainien », a déclaré Kelly Clements. Olga et d'autres
résidents ont évoqué les circonstances de leur fuite, ainsi que leurs espoirs pour l'avenir. « Elles
voulaient toutes rentrer dès qu'elles le pourraient, ... dès que ce serait sûr. Elles ont laissé des
maris, des frères, des oncles et des fils, et elles ne veulent rien d'autre que de pouvoir rentrer
chez elles dans une Ukraine en paix », a indiqué Kelly Clements. Le HCR a renforcé son équipe
en Moldavie de près de 100 personnes depuis le début de la crise pour aider les réfugiés et
appuyer le travail des autorités. Avec ses partenaires, l'agence est présente à la frontière et dans
d'autres endroits du pays, fournissant une assistance matérielle, des informations et des services,
notamment un soutien juridique et psychologique, le transport vers les pays de l'UE, des services
de protection de l'enfance et des mesures contre la violence sexiste et les risques de traite. Un
élément clé de la réponse de l'agence est son programme d'assistance en espèces, grâce auquel les
réfugiés reçoivent environ 2200 lei moldaves (120 dollars) par mois après s'être inscrits dans l'un
des huit centres d'enregistrement ou auprès des équipes mobiles qui se rendent dans les zones
reculées. Plus de 50 000 réfugiés en Moldavie ont déjà reçu de l'argent sur leurs cartes bancaires,

221
Ibid.
222
Haut-Commissariat des nations Unies pour les réfugiés, Charlie Dunmore et Irina Odobescu, Des réfugiés
ukrainiens reçoivent un accueil chaleureux en Moldavie, Chisinau, Moldavie, 18 Mai 2022, disponible sur :
https://www.unhcr.org/fr/actualites/stories/des-refugies-ukrainiens-recoivent-un-accueil-chaleureux-en-moldavie-
voisine [ Consulté le 26 Mai 2023 ]

90
et des milliers d'autres sont actuellement inscrits pour recevoir une aide financière. « C'est plus
pratique d'avoir cette aide en espèces, car je peux dépenser l'argent pour ce dont j'ai vraiment
besoin », explique Olga. « Quand nous sommes arrivés ici, nous portions encore des vêtements
d'hiver... parce qu'il y a un mois, il faisait encore froid. Maintenant, nous voudrions mettre des
vêtements d'été parce qu'il fait déjà très chaud pendant la journée. » Olga espère trouver un
travail à temps partiel - peut-être comme professeure particulière - pour aider à subvenir aux
besoins de sa famille et économiser un peu d'argent pour le moment où ils pourront retourner en
Ukraine - une chose à laquelle elle aspire, sans savoir quand ce sera possible. « Le printemps est
déjà bien entamé depuis que nous sommes ici. Je veux rentrer le plus vite possible, car il y a
beaucoup de choses à faire là-bas. Nous avons besoin de travailler et d'étudier », dit-
elle. « [Mais] pour l'instant, je me sens plus à l'aise ici avec mes enfants223.

Chapitre III : La situation des réfugiés syriens

La population syrienne se caractérise par sa diversité religieuse et ethnique. Les


musulmans sunnites forment la majorité religieuse en Syrie. Les minorités religieuses les plus
importantes sont les alaouites, les druzes, les ismaéliens et les Grecs orthodoxes, ces derniers
formant la principale communauté chrétienne de Syrie. Les Kurdes, Turkmènes, Arméniens et
Circassiens sont les principales minorités ethniques (mais les Kurdes, Turkmènes et
Circassiens sont des musulmans sunnites et appartiennent à une majorité religieuse, alors que les
Arméniens sont chrétiens et donc à la fois minorité ethnique et religieuse224.

En 2011, La Syrie a connu une guerre qui a provoqué des syriens de fuir obligatoirement
la Syrie vers des pays où ils vont être en sécurité et sans danger.

Section 1 : Le conflit syrien

223
Ibid.
224
N.Van Dam, The struggle for power in Syria : Politics and society underAsad and the Ba‘th party, London,
I.B.Taurins, 4the Edition 2011, p. 1.

91
Depuis le coup d‘État de Hafez al-Assad en 1971, le pouvoir en Syrie est sous la poigne
de la famille al-Assad qui appartient à la minorité alaouite et au parti Baas225. En 2000,
Bashar al-Assad succède à son père, Hafez al-Assad. La famille al-Assad a mis en place un
régime dictatorial et créé un climat de terreur généralisé par le développement de services de
renseignements qui ont infiltré tous les organismes de la société civile tout en se contrôlant les
uns les autres. L‘appareil d‘État syrien viole ainsi la vie privée des citoyens et leur interdit toute
participation à la vie publique.

En février - mars 2011, Damas a été pour la première fois depuis très longtemps le théâtre
de deux manifestations où plusieurs activistes ont été arrêtés par les autorités et d‘autres
violemment agressés226 . Le 18 mars 2011, des milliers de manifestants se sont rassemblés à
Daraa pour dénoncer la mise en détention et la torture d‘un groupe d‘enfants accusés d‘avoir écrit
des slogans anti-régime sur les murs227. La protestation se répandit comme une traînée de poudre
sur le territoire syrien. Les manifestants en appelaient à la liberté et à la chute du régime. Les
requêtes étaient donc avant tout d‘ordre politique, malgré les difficultés socio-économiques
auxquelles étaient confrontés la plupart des manifestants228. Les services de renseignements, les
milices, le Shabbiha et l‘armée syrienne ont commis des actes particulièrement violents à
l‘encontre des citoyens syriens229. Les soldats ont reçu ordre de tirer sur les manifestants230 . Les
activistes et les manifestants ont été victimes d‘arrestations et tortures arbitraires. Les
blessés ont été privés de soins médicaux, les ambulances étaient utilisées pour les arrêter et ils
risquaient la maltraitance en centres hospitaliers surveillés par les services de renseignements et
l‘armée. Il y a eu des campagnes d‘arrestation massive dans les régions rebelles. Femmes et
enfants ont été arrêtés.231 Les soldats qui refusaient de coopérer, ont été sommairement exécutés
ou mis en détention et torturés. La révolte et la répression se sont concentrées à Daraa,

225
Ibid., p.7
226
Z. Majed, Syrie la révolution orpheline, Beyrouth, Sindbad/Actes Sud, 2013 ; p. 56
227
Ibid., p.57
228
Ibid., p. 59
229
Human Rights Watch, By all means necessary ! Individual and Command Responsibility for Crimes against
Humanity in Syria, 2011, p. 13. [ consulté le 26 Mai 2023 ]
230
Ibid., p. 4
231
Ibid., p.5-7

92
Rif Dimashq, Homs, Deir Ez-Zor, Baniyas et Lattaquié, et plus particulièrement dans les
quartiers pauvres232.

Dès le début des manifestations pacifiques, les droits des citoyens syriens ont été violés à
grande échelle et de manière systématique. Les attaques faisaient parties d‘une politique
coordonnée du régime syrien à l‘encontre de sa population civile.

En mai 2011, l‘armée syrienne a lancé des opérations d‘occupation, d‘arrestations et


d‘attentats à la bombe à Homs et Idlib, région où les services de sécurité avaient perdu le contrôle
de la situation. Dès le début, cette région a souffert d‘une répression accrue, en raison de son
histoire - les Frères musulmans y étaient actifs dans les années 80 - et de sa position
géographique et stratégique - entre la zone côtière, axe communautaire du régime (alaouites) et
les autres régions sur la route de Damas.233

Les civils sont victimes de massacres, arrestations arbitraires et détentions illégales,


disparitions forcées, tortures et traitements inhumains. Le régime syrien s‘est rendu coupable du
massacre de tout civil qu‘il considère être partisan de la tendance ennemie. Le moindre semblant
d‘opposition au régime est source de réactions violentes. Un des nombreux exemples est
le massacre de mai 2013, perpétré par le régime dans le village d‘Al-Bayda et dans la ville côtière
Baniyas. Alors que des combattants locaux s‘étaient retirés à Al-Bayda et Baniyas, le régime y fit
son entrée. Les forces armées entrèrent dans les maisons, séparèrent hommes et femmes,
rassemblèrent les hommes de chaque quartier à un endroit déterminé et les exécutèrent. Il s‘est
avéré par après que les hommes étaient des civils non-combattants qui ne représentaient aucun
danger pour le régime. Leurs maisons ont été pillées et incendiées.234

Depuis le début de la révolution, le régime mène une vaste campagne coordonnée pour
réprimer la révolution au moyen d‘arrestations arbitraires, détentions illégales et disparitions
forcées, tant des civils et des activistes qui participent aux protestations que de leurs familles et
amis. Son objectif est de réduire au silence l‘opposition en répandant la peur et la terreur. Depuis
l‘éclatement du conflit armé, la disparition forcée fait toujours partie de la tactique de la guerre.
Les citoyens qui ont des liens ou dont le régime suppose qu‘ils ont des liens avec l‘opposition,

232
Ibid., p.8
233
Z. Majed, op cit. ; p. 62.
234
Human Rights Watch, No One‘s Left‖, Summary Executions by Syrian Forces in Al-Bayda and Baniyas,
septembre 2013 ; pp. 1-2, http://www.hrw.org/reports/2013/09/13/no-one-s-left-0 [ Consulté le 26 Mai 2023 ]

93
forment une cible. En sont surtout les victimes, les hommes en âge de combattre et les jeunes
garçons à partir de dix ans.235 Il ressort des cas examinés par les organisations de droits de
l‘homme que les victimes sont originaires des territoires contrôlés par l‘opposition, ou avaient
des liens étroits avec ceux-ci. Ils disparaissent, entre autres, aux check points de ces régions
contrôlées par le régime ou au cours de trajets les reliant à ces régions. Selon leurs familles,
beaucoup d‘entre eux n‘ont aucune activité politique et ne sont pas impliqués dans l‘opposition.
Ils deviennent tout simplement des cibles, parce qu‘ils vivent dans certaines régions sous contrôle
de l‘opposition, ce qui constitue pour le régime une preuve suffisante de leur soutien à
l‘opposition.236 C‘est aussi la raison pour laquelle des citoyens blessés disparaissent des
centres hospitaliers de l‘État237 ou aux postes de contrôle (check points) ; leurs blessures étant
regardées comme la preuve d‘une participation au combat aux côtés de
l‘opposition.238

Les citoyens qui tombent ainsi entre les mains du régime sont généralement victimes de
tortures et de traitements inhumains.239La libre circulation des citoyens syriens est sérieusement
limitée par l‘omniprésence des postes de contrôle, aussi bien du régime que de l‘opposition. Ils
suscitent la peur chez les personnes qui doivent les franchir, à la recherche de nourriture ou
d‘assistance médicale, pour retrouver la famille ou fuir vers des régions plus sûres. Les postes de
contrôles sont souvent la scène de violences à l‘égard des citoyens : exécutions extrajudiciaires,
abus sexuels, maltraitance, disparition forcée et arrestations arbitraires y sont monnaie
courante.240 En outre, le régime syrien effectue des frappes aériennes visant les régions sous
contrôle de l‘opposition. Les principales cibles de ces frappes sont les citoyens qui vivent dans
ces régions. Il ressort de l‘examen de ces raids aériens effectués par le régime syrien, qu‘ils ont
lieu de façon arbitraire en utilisant consciemment des armes et munitions qui ne permettent pas le
ciblage et ne peuvent donc non seulement, pas faire la distinction entre les cibles militaires et

235
UNHRC, Oral Update of the independent international commission of inquiry on the Syrian Arab Republic, 18
mars 2014 ; p.6 , http://www.ohchr.org/documents/hrbodies/hrcouncil/coisyria/oralupdate18march2014.pdf
236
Amnesty International, Syria : Government Bombs Rain on Civilians, 14 mars 2013 ; pp. 2, 14,16,
http://www.amnesty.org/en/library/info/MDE24/009/2013/en
237
UNHRC, Report of the independent international commission of inquiry on the Syrian Arab Republic, 25th
session, A/HRC/25/65, 12 février 2014, p.39
http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/RegularSessions/Session25/Documents/A-HRC-25-65_en.doc [ consulté
le 26 Mai 2023 ]
238
UNHRC, Oral Update, op cit. ; p. 7.
239
Ibid., p. 16
240
UNHRC, Oral Update, op cit. ; p. 5.

94
civiles, mais de plus, visent directement les civils241. Le but de ces attaques est de punir et
terroriser la population civile, afin qu‘elle tourne le dos à l‘opposition242.

Section 2 : La situation des réfugiés syriens Après la guerre

Depuis 2011, environ 200 000 Syriens sont arrivés à Khartoum en Soudan, ce qui fait du
Soudan le cinquième pays d‘accueil après la Turquie, le Liban, la Jordanie, l‘Irak et l‘Égypte.
Un traitement particulièrement bienveillant leur est réservé de la part des autorités soudanaises
qui n‘appliquent pas de visa d‘entrée à leur égard. Au Soudan, les Syriens ne sont pas considérés
comme des réfugiés : ils peuvent y résider aussi longtemps qu‘ils le souhaitent, obtenir un permis
de travail et acquérir la nationalité soudanaise sans perdre la leur. Le gouvernement apporte
également son soutien aux plus démunis et aux ONG syriennes d‘aide aux familles. Du point de
vue économique, les Syriens qui arrivent au Soudan sont considérés comme des atouts : beaucoup
sont autonomes sur le plan financier ; ils ouvrent de nombreux commerces et restaurants ou
occupent des postes qualifiés243.

L‘installation de réfugiés syriens au Liban s‘est intensifiée à partir du début de


l‘année 2013. Les principales régions d‘installation au Liban sont la Bekaa centrale et l‘Anti-
Liban, le Akkar et enfin le Mont-Liban. Toutefois, les réfugiés s‘installent progressivement sur
tout le territoire libanais244.

Depuis 2013, le Canada a accueilli plus de 45 130 réfugiés de différentes nationalités.


Concernant les refugiés syriens, il en a accueilli environ 9 000 entre 2013 et 2015. En outre,
le Canada a récemment honoré son engagement de réinstaller 25 000 réfugiés syriens (arrivés au
Canada entre le 4 novembre 2015 et le 29 février 2016). En septembre 2015, la Nouvelle-Zélande
a annoncé 750 places de réinstallation pour les réfugiés syriens, dont 600 places supplémentaires
par rapport à son quota annuel de 750. L‘Australie a également élargi son programme
humanitaire (avec 16 250 places en 2017-18 et 18 750 en 2018-19). En 2015, l‘Australie s‘est

241
Amnesty International, Government Bombs Rain on Civilians, op cit. ; p. 2
242
Human Rights Watch, Death from the Skies, op cit. ; p. 23 ; UNHRC, Oral Update of the independent
international commission of inquiry on the Syrian Arab Republic, A/HRC/26/CRP.2, 16 juin 2014 ; p. 4,
www.ohchr.org/Documents/HRBodies/HRCouncil/CoISyria/A-HRC-26-CRP-2_en.pdf [ consulté le 27 mai 2023 ]
243
Nicoloso, Odile. ―Les réfugiés‖. Cabon, Olivier. Histoire et civilisation du Soudan : De la préhistoire à nos
jours. Paris, Khartoum : Africae, 2017. (pp. 826-829) Web. <http://books.openedition.org/africae/2967>.
244
BALANCHE, Fabrice ; VERDEIL, Éric. L‘implantation des réfugiés syriens au Liban In : Atlas du Liban : Les
nouveaux défis [en ligne]. Beyrouth, Liban : Presses de l‘Ifpo, 2016 . Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/ifpo/10741>

95
engagée à offrir 12 000 places supplémentaires pour les personnes fuyant les conflits en Syrie et
en Iraq. En 2015, l‘Allemagne a lancé un programme de réinstallation afin d‘accueillir
500 réfugiés chaque année. En outre, trois programmes d‘accueil fédéraux ont été mis en place
pour accueillir un total de 20 000 réfugiés syriens nécessitant une protection spéciale : le premier
en mai 2013 pour 5 000 réfugiés, le deuxième en décembre 2013 pour 5 000 réfugiés
supplémentaires, et le dernier en juillet 2014 pour 10 000 réfugiés. Le Royaume-Uni, par
exemple, a annoncé l‘élargissement de son programme de réinstallation des personnes
vulnérables, qui prévoit d‘accueillir jusqu‘à 20 000 réfugiés syriens d‘ici à 2020245.

A- La situation des réfugiés syriens au Maroc

La plupart des réfugiés syriens qui ont rejoint le Maroc, ils l'ont rejoint Du fait de sa
stabilité politique et sécuritaire , du fait de la situation géographique du Maroc, ils ont pensé
qu'ils peuvent transiter vers l'Europe. Le Maroc a pris des mesures dans divers domaines pour
aider Les réfugiés syriens fuyant leurs pays :

Emploi :

Pour ce qui est de l‘insertion professionnelle, il apparaît que les réfugiés syriens trouvent
des difficultés dans leur recherche permanente d‘un travail satisfaisant. La condition
socioéconomique vulnérable, ainsi que l‘absence d‘une opportunité d‘emploi adéquat, rendent
bien plus difficile la tâche pour les parents syriens, qui doivent subvenir aux besoins du foyer. En
effet, Ils sont exclus du marché du travail formel, du fait de leur statut d‘étranger et de contraintes
législatives liées au code du travail, réservé aux nationaux, ainsi que du fait de leurs faibles
ressources économiques et scolaires. Ces réfugiés interrogés ont exprimé leur frustration face aux
obstacles à l‘entrée sur le marché du travail. La plupart ont élargi leurs réseaux en dehors de
la structure familiale/communautaire afin d‘accéder à un emploi précaire et mal rémunéré, en
travaillant côte à côte avec les Marocains dans le secteur informel. Le travail informel et non

245
OCDE , Perspectives des migrations internationales 2016, Éditions OCDE, Paris,
2016, https://doi.org/10.1787/migr_outlook-2016-fr.

96
qualifié concerne les secteurs suivants : bâtiment, boulangerie, commerce, restauration, services.
Ces métiers précaires sont parmi les stratégies de survie adoptées par les réfugiés syriens246.

Assistance :

Quant à l‘assistance comme stratégie de survie, selon la définition de George Simmel, le


pauvre est un être assisté, c‘est celui qui reçoit l‘assistance (Bisiaux, 2012, p. 66). En partant de
cette idée, on peut considérer les réfugiés syriens assistés comme étant pauvres. Conformément
aux lois internationales prescrites, leur statut implique en principe de bénéficier d‘un ensemble de
droits civils, sociaux et économiques. Dans les faits, pour ce qui est du cas marocain, cette
relation d‘assistance est définie par des subventions octroyées aux familles syriennes afin de
soutenir la scolarisation de leurs enfants. D‘après les informations recueillies, ces aides
financières sont octroyées par le HCR via la Fondaion Orient Occident(FOO organisation à but
non lucratif). Or, leur rapport à l‘assistance ne traduit aucune forme de dépendance totale vis-à-
vis des institutions. D‘autres facilités en matière d‘accès aux soins de santé ont été également
évoquées par les réfugiés syriens. Les résultats de l‘enquête du HCP menée auprès d‘un
échantillon de 105 migrants forcés installés à Rabat, venant d‘Afrique subsaharienne et du
Proche-Orient, révèle que le Maroc offre aux migrants forcés, aux femmes plus qu‘aux hommes,
de bonnes conditions de vie, en ce qui concerne les aspects liés à la santé et l‘instruction pour soi
et pour les enfants (HCP-Maroc, 2015, p. 129). S‘agissant de l‘aide relative à la scolarisation des
enfants réfugiés syriens, les subventions varient selon le niveau d‘étude et le nombre d‘enfants
scolarisés pour chaque famille. Cette situation crée un sentiment d‘injustice dans certaines
familles par rapport aux autres. Comme en témoigne un père d‘un enfant inscrit en maternelle :

« Les enfants syriens inscrits dans l‘école publique marocaine reçoivent des allocations de
scolarisation. Pour ceux qui sont en maternelle, ils reçoivent mensuellement une petite bourse de
200 Dirhams, une somme insuffisante pour assurer le minimum des besoins de scolarité,
notamment lorsque l‘on sait que d‘autres familles ayant 4 enfants en primaire peuvent bénéficier
d‘une allocation de 1 500, voire 2 000 Dirhams »247.

B- La situation des réfugiés syriens en Turquie

246
Abdallah Azrrar, « Les réfugiés syriens dans la ville de Rabat : motifs, réseaux et stratégies
d‘insertion », Sciences et actions sociales [En ligne], 18 | 2022, mis en ligne le 30 septembre 2022, consulté le 31
mai 2023. URL : http://journals.openedition.org/sas/2769
247
Ibid.

97
Dès le début de la crise, les autorités turques ont appliqué aux Syriens fuyant leur pays
une politique de « frontière ouverte », alors même que depuis 2009, dans le contexte d‘un
rapprochement avec le régime de Damas, et plus généralement de la célèbre stratégie
diplomatique « du zéro problème avec nos voisins » d‘Ahmet Davutoğlu, elles avaient supprimé
l‘exigence des visas pour les ressortissants de cet État voisin. Depuis le début de la crise, les
réfugiés sont donc sous la « protection temporaire » du gouvernement turc, mais n‘ont pas le
statut de « réfugiés ». La Turquie en effet a bien signé et ratifié la Convention de Genève, mais
elle n‘accorde véritablement le bénéfice de ce texte qu‘aux réfugiés européens, les autres
demandeurs d‘asile étant soumis à des formalités souvent très difficiles à surmonter. Initialement,
l‘idée était aussi que les réfugiés allaient rapidement rentrer chez eux. Au début de
l‘année 2016, au moment où ils négociaient un pacte migratoire avec l‘Europe et afin de ralentir
les flux migratoires, les Turcs ont pourtant sensiblement modifié leur politique d‘accueil, en
rétablissant l‘obligation de visa pour les Syriens qui arrivent par voie maritime (dans les ports)
ou par voie aérienne (dans les aéroports)248.

Les Syriens fuyant leur pays ont d‘abord été accueillis dans des camps construits à
proximité de la frontière. Toutefois, dès le second semestre 2012, avec la croissance rapide des
flux migratoires consécutifs à l‘aggravation du conflit, ceux-ci ont commencé à se révéler trop
étroits. Le gouvernement a alors pensé intensifier la construction de ces centres d‘accueil et les
implanter au cœur du pays ; un projet assez mal accueilli, qui n‘a pas eu le temps d‘être mis en
œuvre. Car l‘afflux et la présence de réfugiés syriens en Turquie a pris une tout autre dimension.
Les premiers réfugiés avaient accepté de s‘établir dans des camps aux abords de la frontière,
parce qu‘ils étaient persuadés de pouvoir rentrer assez vite sur leurs lieux de vie initiaux249.

Les réfugiés récemment venus de Syrie et d‘Irak ont également accru la population
chrétienne de Turquie. À Istanbul, une église nouvelle a dû être établie  ; un événement qui ne
s‘était pas produit depuis les débuts de la République, en 1923. En outre, environ 50 000 réfugiés
syriens et irakiens chrétiens (syriaques, arméniens, araméens) sont arrivés dans des villes
d‘Anatolie, en particulier à Aksaray, Amasya, Çorum, Erzurum, Kirşehir et Yozgat. Certains

248
Jean Marcou, La Turquie, terre de l‘exode syrien, Dans Outre-Terre 2017/3 (N° 52), pages 169 à 177. Disponible
sur : https://www.cairn.info/revue-outre-terre2-2017-3-page-169.htm [ Consulté le 31 Mai 2023 ]
249
Ibid.

98
seraient même parfois revenus dans les régions habitées par leurs ancêtres, sans chercher pour
autant de revanche sur l‘histoire250.

Ce processus, qui défie les équilibres démographiques, sociaux ou économiques du pays,


a parfois posé des problèmes de cohabitation ou d‘intégration. Dans certaines zones, les réfugiés
chrétiens ont dit craindre de pratiquer ouvertement leur religion. Dans d‘autres, des sunnites n‘ont
pu accéder, quant à eux, à certains lieux de cultes, sous prétexte qu‘ils dérangeaient leurs
fidèles251.

En mars 2016, l‘Union européenne a convenu avec la Turquie d‘un plan de réinstallation
de 72 000 Syriens. Si cela permet d‘ouvrir une nouvelle filière d‘immigration légale et sûre vers
l‘Europe, ce nombre demeure faible par rapport au nombre annuel de demandes d‘asile déposées
par des Syriens dans l‘Espace économique européen (378 000 en 2015 et 140 000 au cours du
premier trimestre 2016). En mai 2016 par exemple, moins d‘un quart des besoins de financement
estimés par le HCR pour la Syrie en 2016 ont été satisfaits. Plus généralement, des mesures sont
encore nécessaires pour accroître l‘autonomie des réfugiés en offrant aux Syriens déplacés
davantage de possibilités de travailler légalement, et un meilleur accès à l‘éducation dans leur
pays de résidence actuel. L‘UNICEF estime que plus de 2.1 millions d‘enfants en Syrie, et
700 000 dans les pays voisins, sont déscolarisés (dont 400 000 en Turquie). En réponse à ce
problème, l‘UNICEF a lancé l‘initiative « No Lost Generation » en 2013. Plus récemment, en
mai 2016, les Nations Unies ont lancé une nouvelle initiative intitulée « L‘Éducation n‘attend
pas », qui vise à lever 3.85 milliards USD auprès de bailleurs de fonds privés et publics au cours
des cinq prochaines années pour offrir une éducation aux enfants.252

Conclusion :

250
Ibid.
251
Ibid.
252
OCDE , Perspectives des migrations internationales 2016, Éditions OCDE, Paris,
2016, https://doi.org/10.1787/migr_outlook-2016-fr.

99
Depuis sa création en 1950 par l'organisation des Nations Unies, Le HCR veille à la mise
en œuvre et à la réalisation des valeurs fondamentales du système onusien, à savoir l'intégrité,
le professionnalisme et le respect de la diversité, ainsi que particulièrement le maintien de la paix
et de la sécurité internationales, La protection des droits de l'homme, apporter une aide
humanitaire.

Le HCR a été créé pour sauver des vies et construire un avenir meilleur pour les millions
de personnes contraintes de fuir leur pays d'origine. Elle garantit que chacun a le droit de
demander l'asile et de trouver refuge après avoir fui la violence, la persécution ou la guerre dans
son pays d'origine. Le HCR est une organisation internationale créée pour prendre soin de la vie
des réfugiés.

Un réfugié est généralement défini comme une personne qui a été forcée de fuir son lieu
de résidence habituel et de chercher asile ailleurs. Les réfugiés quittent leur pays d'origine par
crainte de persécution, de conflit, de violence ou d'autres troubles publics graves. Un réfugié est
une personne qui pense qu'elle risque de subir un préjudice grave dans son pays d'origine ou qui a
été forcée de quitter son pays pour chercher la sécurité dans un autre pays.

Les violations massives des droits de l‘homme, l‘affaiblissement de l‘autorité de l‘État,


la destruction des biens et équipements, le dérèglement des services sociaux de base,
le ralentissement de la vie économique, l‘insécurité, la violence et les violations généralisées des
droits de l‘homme. Sont donc les factures qui posent toute personne de fuir son lieu de résidence
habituel et de chercher refuge ailleurs.

Le Haut commissariat des nations Unies pour les réfugiés est l'organisation qui a pour
mandat d'assurer La protection internationale aux réfugiés. Comme indiqué Ci-dessus, Le HCR
est l'organisation qui assure la protection internationale des réfugiés. La protection internationale
des réfugiés débute par les mesures prises pour garantir leur admission dans un pays d‘asile,

100
l‘octroi de l‘asile qui permet à toute personne reconnue comme un réfugié de chercher asile et de
bénéficier de l'asile en d'autres pays. Et le respect de leurs droits fondamentaux, notamment le
droit de ne pas être renvoyés de force dans un pays où leur sécurité ou leur survie sont menacées
(le principe de non-refoulement). On entend par la protection internationale ,toutes les actions
visant à garantir aux femmes, aux hommes, aux filles et aux garçons relevant de la compétence
du HCR, l‘égalité d‘accès aux droits et la jouissance de ces droits, Les réfugiés doivent bénéficier
des divers droits pour faciliter leur intégration sur place et pour préserver leur dignité humaine et
leur fierté.

Le HCR veille à ce que les dispositions des instruments internationaux et régionaux


relative aux réfugiés soient appliquées et il veille à ce que les droits énoncés dans les instruments
de protection des droits des réfugiés soient garantis.

La coopération internationale est un aspect essentiel des mesures prises pour créer
un environnement propice à la protection. La coopération internationale est une composante
essentielle de la réponse à l'ensemble des crises humanitaires. La coopération avec Le HCR est
un mécanisme qui permet de renforcer et d'améliorer la situation des réfugiés. La protection
subsidiaire et temporaire demeure la principale réponse en cas d'afflux massif de demandeur
d'asile.

Les gouvernements collaborent de diverses manières avec le HCR, notamment en


accordant l‘asile en vertu de leurs obligations internationales et en finançant les opérations du
HCR à travers le monde.

La coopération entre les États joue un rôle vital à l‘heure de régler les problèmes des
réfugiés, en particulier en cas de déplacement soudain et massif à travers des frontières. le but
ultime de la protection internationale est de mettre en œuvre des solutions durables pour
les réfugiés, afin de protéger et de venir en aide aux réfugiés à leur situation non désirée.

101
La communauté internationale doit reconnaître l'importance de trouver des solutions
durables dès le départ d'une crise d'où la nécessité d'obtenir l'engagement et la coopération du
pays d'origine. C'est un effort Déployés par la communauté internationale pour aider à résoudre
les conflits et promouvoir . Le retour volontaire est également important. Cette assistance peut
également consister à faciliter la Coexistence, réconciliation, rétablissement et reconstruction
dans le pays d'origine.

102
Bibliographie

Ouvrages

 Baudon B., Politique de l‘hospitalité, Paris, CNRS Éditions, 2017.

 BENTZ, Anne-Sophie. Les réfugiés tibétains en Inde : Nationalisme et exil. Nouvelle édition [en
ligne]. Genève : Graduate Institute Publications, 2010

 CABON, Olivier (dir.). Histoire et civilisation du Soudan : De la préhistoire à nos


jours. Nouvelle édition [en ligne]. Paris, Khartoum : Africae, 2017

 Dominique TERRÉ, les questions morales du droit Ethique et philosophie morale , 1 edition,
Presses Universitaires de France,2007

 MIGNON, Éric (dir.) ; JADOUL, Pierre (dir.). Le droit des étrangers : Statuts, évolution
européenne, droits économiques et sociaux. Nouvelle édition . Bruxelles : Presses de l‘Université
Saint-Louis, 1993

 N.Van Dam, The struggle for power in Syria : Politics and society underAsad and the Ba‘th
party, London, I.B.Taurins, 4the edition 2011,

 OCDE , Perspectives des migrations internationales 2016, Éditions OCDE, Paris, 2016,
 https://doi.org/10.1787/migr_outlook-2016-fr.

 REDON, Marie (dir.) ; et al. Ressources mondialisées : Essais de géographie politique. Nouvelle
édition [en ligne]. Paris : Éditions de la Sorbonne, 2015

 VERDEIL, Eric (dir.) ; FAOUR, Ghaleb (dir.) ; et HAMZE, Mouin (dir.). Atlas du Liban : Les
nouveaux défis. Nouvelle édition [en ligne]. Beyrouth, Liban : Presses de l‘Ifpo, 2016

 Z. Majed, Syrie la révolution orpheline, Beyrouth, Sindbad/Actes Sud, 2013 ;

Traités internationaux :

 Charte des Nations Unies signée à San Francisco le 26 juin 1945, à la fin de la Conférence des
Nations Unies pour l'Organisation internationale, entrée en vigueur le 24 octobre 1945

 Convention de l‘OUA régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique,
adoptée le 10 septembre 1969, Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 1001, n° 45.

 Convention relative au statut des réfugiés, adoptée le 28 juillet 1951 à Genève.

 Déclaration de Carthagène, Adoptée par le Colloque sur la protection internationale des réfugiés
en Amérique centrale, Mexico et Panama, Carthagène, 19-22 novembre 1984.

 Déclaration des droits de Virginie adoptée le 12 juin 1776

 Déclaration universelle des droits de l‘homme, adoptée par l'Assemblée générale des Nations
unies le 10 décembre 1948 à Paris, au palais de Chaillot, par la résolution 217 (III)

103
 Protocole facultatif relatif au statut des réfugiés, 1967, New York.

Documents des Nations Unies

 Accueil des demandeurs d'asile, y compris les normes de traitement dans le contexte des
différents systèmes d'asile (EC/GC/01/17), Consultations mondiales, septembre 2001

 AG résolution . 3271 (1974) ; AG rés.33/36 (1978) ; AG rés.40/118 (198

 Colloquium on the Legal Aspects of Refugee Problems, Note by the High Commissioner, A/
 AC.96/INF.40, 5 mai 1965, paragraphe 2 (traduction libre)

 Comité des droits de l‘homme des Nations Unies, « République centrafricaine: Examen de la
situation en l‘absence de rapport », 22 juillet 2004; FIDH, « Oubliées, stigmatisées ».

 Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire, Comité permanent, Aperçu des


développements régionaux (octobre à décembre 1995), UN doc. EC/46/SC/CRP.11, 4 janvier
1996,

 Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire, Conclusion No. 69 (XLIII), 1992, UN


doc. A/ AC.96/804,

 Comité exécutif, Conclusion No. 25 (XXXIII), 1982,


 Conclusion N°87(f) du comité exécutif du HCR,1999

 conclusion no 15 (XXX) du Comité exécutif.

 conclusions du Comité exécutif no 44 (XXXVII) de 1986 et no 85 (XLIX) de 1998, par. cc),


 dd) et ee).

 Executive Committee of the High Commissioner‘s Programme, Conclusion sur l'intégration sur
place Nº 104 (LVI) - 2005, 7 October 2005, Nº 104 (LVI) - 2005, disponible sur:
https://www.refworld.org/docid/4649c5ec2.html

 Haut Commissariat pour les droits de l'homme, Principes directeurs relatifs au déplacement
de personnes à l'intérieur de leur propre pays, Doc. off. CES NU, 54' sess., Doc. NU
E/CN.4/1998/53/Add.2 \(1998\) au para. 2 [Principes directeurs]; Mutoy Mubiala, La mise en
œœuvre du droit des réfugiés et des personnes déplacées en Afrique: problématique et
perspeètives, Paris, Academia-Bruylant, 2006

 Haut commissariat des Nation Unies pour les réfugiés , Note sur la protection internationale, 13
Septembre 2001, A/AC.96/951, disponible sur:
https://www.refworld.org/docid/3bb45031a.html

 Haut commissariat des Nation Unies pour les réfugiés, Agenda pour la protection, juin 2004,
disponible sur: https://www.refworld.org/docid/4714a2872.html

 Haut commissariat des Nation Unies pour les réfugiés, Module d'autoformation 1: Introduction à
la protection internationale. Protéger les personnes relevant de la compétence du HCR, 1 Août
2005, disponible sur : https://www.refworld.org/docid/42fb0c124.html

104
 Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés , Note sur la protection internationale, 7
juillet 2000, A/AC.96/951, disponible sur :https://www.refworld.org/docid/3bb45031a.html

 Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ,Rapport du Haut Commissaire Des
nations unies pour les Réfugiés,1Août1986,A/41/12, disponible
sur :https://www.refworld.org/docid/3ae68c5d4.html.

 Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, « rapport global Du HCR DE 2012 –
Recherche de solutions durables. « disponible sur le site officiel du Haut commissariat des
nations unies pour les réfugiés.

 Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, « Rapport Global Du HCR – Recherche
de solutions durables 2013», disponible sur le site officiel du haut commissariat des nations
Unies pour les réfugiés.

 Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, « rapport global Du HCR DE 2014 –
Recherche de solutions durables. « disponible sur le site officiel du Haut commissariat des
nations unies pour les réfugiés

 Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, Les chiffres du déplacement forcé dans
le monde atteignent un nouveau record et confirment une tendance à la hausse depuis une
décennie, selon le HCR. 16 juin 2022 En ligne:
https://www.unhcr.org/fr/news/press/2022/6/62a9e94fa/chiffres-deplacement-force-monde-
atteignent-nouveau-record-confirment
tendance.html#:~:text=Le%20nombre%20total%20de%20r%C3%A9fugi%C3%A9s,que%20de
%20peu%20de%20moyens.

 Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Personnes couvertes par la Convention
de l'OUA régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique et par la
Déclaration de Carthagène sur les réfugiés (présenté par le groupe africain et le groupe latino-
américain), 6 April 1992, EC/1992/SCP/CRP.6, disponible
sur :https://www.refworld.org/docid/3ae68cca10.html

 Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Protéger les réfugiés : le rôle de
l'UNHCR, Mars 2009, UNHCR/MRPI/ FRA 1, p 20 disponible
sur :https://www.refworld.org/docid/49f5c0e72.html

 Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), République centrafricaine Plan
d‘intervention régional en faveur des réfugiés, Janvier – décembre 2016 Disponible sur :
https://data.unhcr.org/en/documents/download/51862

 Haut-Commissariat des nations Unies pour les réfugiés, Charlie Dunmore et Irina Odobescu, Des
réfugiés ukrainiens reçoivent un accueil chaleureux en Moldavie, Chisinau, Moldavie, 18 Mai
2022, disponible sur :
 https://www.unhcr.org/fr/actualites/stories/des-refugies-ukrainiens-recoivent-un-accueil-
chaleureux-en-moldavie-voisine

 HCR, Note sur la protection internationale, UN doc. A/AC.96/930, 7 juillet 2000,

 HCR, « Réfugiés » et « migrants » - Questions fréquentes , publié le 16 mars 2016, en ligne:


 https://www.unhcr.org/fr/news/stories/2016/3/56f29941c/refugies-migrants-questions-
frequentes.html

105
 les conclusions du Comité exécutif nos 85(XLIX), par. gg) de 1998, 87(L), par. r) de 1999
 et 89(LI) de 2000

 les recommandations sur l‘intégration sur place émanant de la « Perspective des réfugiés », une
réunion avec les réfugiés qui a eu lieu à Rouen du 14 au 16 septembre 2001, disponible sur le site
du HCR (Consultations mondiales

 M. Zieck, UNHCR and Voluntary Repatriation of Refugees : A Legal Analysis (Martinus


Nijhoff, LaHaye, 1997), p. 450

 Nation Unies, La protection juridique internationale des droits de l'homme dans les conflits
armés, New York et Genève, 2011,
 En ligne: https://www.ohchr.org/fr/publications/special-issue-publications/international-legal-
protection-human-rights-armed-conflict

 Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 189, n° 150 ; Nations Unies, Recueil des Traités, vol.
606, n° 267

 Organisation des Nations Unies, Communiqué, «La protection des réfugiés n'est pas un
choix mais un devoir humanitaire « pour les États» \(6 octobre ZOOS\), en ligne:
 ONU <http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=11171&Cr=HCR&Crl=>.

 Résolution 428(V) de l‘Assemblée générale des Nations Unies, 14 décembre 1950

 Statement by Mrs. Sadako Ogata, United Nations High Commissioner for Refugees, to the Third
Committee of the United Nations General Assembly, New York, 20 November 1995

 UN High Commissionner for refugees ―UNHCR seeing new displacement caused by Lord‘s
Resistance Army‖, notes d‘information, 15 octobre 2010, www.unhcr.org.

 UNHCR, Note on the Cessation Clauses, UN doc. EC/47/SC/CRP.30, 30 mai 1997,

 UN High Commissioner for Refugees (UNHCR), Note on international protection, 13 September


2001, A/AC.96/951, Disponible sur :https://www.refworld.org/docid/3bb1c6cc4.html

 UN Human Rights Council, Rapport de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de
l'homme sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine, 19 February
2014, A/HRC/25/43, disponible sur :https://www.refworld.org/docid/53341c514.html

 UN Human Rights Council, Compte Rendu oral de l'Experte Indépendante sur la situation des
droits de l'homme en République Centrafricaine, 26 March 2014, A/HRC/25/CRP 2, disponible
sur : https://www.refworld.org/docid/533bd52e4.html

Autres documents et articles

 Amnesty International, République centrafricaine. Après des décennies de violence, il


est temps d'agir , 20 octobre 2011, AFR 19/001/2011,p. 4 disponible sur :
https://www.refworld.org/docid/4ea1116f2.html

106
 Abdallah Azrrar, « Les réfugiés syriens dans la ville de Rabat : motifs, réseaux et
stratégies d‘insertion », Sciences et actions sociales [En ligne], 18 | 2022, mis en ligne
le 30 septembre 2022, .URL : http://journals.openedition.org/sas/2769
 Aga Khan S., Legal Problems Related to Refugees and Displaced Persons, Academy of
International Law, La Haye, 1976
 Agence France Presse, ―Two killed in aid vehicle attack blamed on LRA: Red Cross‖, 7
mai 2010
 Agence France Presse, « Centrafrique : la LRA tue au moins 6 personnes, en enlève au
moins 30 », 15 mars 2011.
 Agnès Callamard, secrétaire générale d‘Amnesty International. 1 mars 2022
 Amnesty International, Syria : Government Bombs Rain on Civilians, 14 mars 2013 ;
pp. 2, 14,16, http://www.amnesty.org/en/library/info/MDE24/009/2013/en
 Caroline Sägesser, les droits de l‘homme ,Dans Dossiers du CRISP 2009/2 (N° 73), p 9
en ligne: https://www.cairn.info/revue-dossiers-du-crisp-2009-2-page-9.htm
 Catherine-Amélie Chassin, "La guerre en Ukraine : une analyse de droit international.
Publié le 03/03/2022.
 Centre de crise national, Accueil en Belgique des personnes en provenance d'Ukraine :
Bilan après un an de conflit, 23 février 2023, disponible sur :
https://centredecrise.be/fr/newsroom/accueil-en-belgique-des-personnes-en-provenance-
dukraine-bilan-apres-un-de-conflit
 Conciliation Ressources, République centrafricaine : gros plan sur le conflit, Août 2016,
https://www.c-r.org/fr/news-and-insight/r%C3%A9publique-centrafricaine-gros-plan-
sur-le-conflit
 Conseil de l'union européenne, RÉACTION DE L'UE À L'INVASION DE
L'UKRAINE PAR LA RUSSIE "Solidarité de l'UE avec l'Ukraine" Dernière mise à jour
le 11 mai 2023
 Dorothée Lobry, « Une étude juridique des crises humanitaires résultant de catastrophes
climatiques : l‘exemple du continent africain », Les Cahiers d‘Outre-Mer [En ligne],
260 | Octobre-Décembre 2012, mis en ligne le 01 octobre 2015, URL :
http://journals.openedition.org/com/6741 ; DOI : https://doi.org/10.4000/com.6741
 Forum Réfugiés-Cosi, Centrafrique : instabilité et territoires hors de contrôle, 15
novembre 2017, disponible sur: https://www.ritimo.org/Evenements-et-conflits-en-
Centrafrique-de-2013-a-2017

107
 Human Rights Watch, By all means necessary ! Individual and Command
Responsibility for Crimes against Humanity in Syria, 2011, p. 13.
 Human Rights Watch, No One‘s Left‖, Summary Executions by Syrian Forces in Al-
Bayda and Baniyas, septembre 2013 ; pp. 1-2,
http://www.hrw.org/reports/2013/09/13/no-one-s-left-0
 Jean Marcou, La Turquie, terre de l‘exode syrien, Dans Outre-Terre 2017/3 (N° 52),
pages 169 à 177. Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-outre-terre2-2017-3-
page-169.htm [ Consulté le 31 Mai 2023 ]
 McFarlane et Marlan, « Crisis and Response in the Central African Republic: ».
 Mis à jour le 01.04.2022, https://www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/guerre-en-
ukraine-ou-en-est-l-union-europeenne/ Consulté le 19 mai 2023
 Office des étrangers, en Belgique des personnes en provenance d'Ukraine : Bilan après
un an de conflit, 24 février 2023, disponible sur : https://dofi.ibz.be/fr/news/accueil-en-
belgique-des-personnes-en-provenance-dukraine-bilan-apres-un-de-conflit
 Radio Ndeke Luka, « Huit personnes tuées par la LRA à Nzacko », 15 mars 2011,
www.radiondekeluka.org.
 Refugee and Humanitarian Division, Department of Immigration and Multicultural Affairs,
Australie, The Cessation Clauses (Article 1C) : An Australian Perspective, octobre 2001, p. 16.
 Toute l‘Europe. eu, La Pologne demeure le premier pays d‘accueil des réfugiés
ukrainiens dans l'Union Européenne, publié le 09-12-2022, disponible sur :
https://www.google.com/amp/s/www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/la-pologne-
demeure-le-premier-pays-d-accueil-des-refugies-ukrainiens-dans-l-union-
europeenne/amp/
 Toute l'Europe, Guerre en Ukraine : quel rôle joue l'Union européenne ?
 V. Poutine, « On the Historical Unity of Russians and Ukrainians », 12 juillet 2021.

108
Table des matières

Sommaire : ....................................................................................................................................... i
Résumé............................................................................................................................................. 1
Introduction .................................................................................................................................... 3
Première partie : ........................................................................................................................... 10
Le cadre général de la protection internationale des réfugiés .................................................. 10
Chapitre I : Les instruments de protection des droits des réfugiés...................................... 12
Section 1 : Les instruments internationaux de protection des droits des réfugiés .......... 13
A. La convention relative au statut des réfugiés de 1951 .................................................. 14
B. Le protocole facultatif relatif au statut des réfugiés de 1967…………………………21

Section 2 : Les instruments régionaux de protection des droits des réfugiés ...................... 25
A. La Convention de 1969 de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) régissant les
aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique ................................................................ 25
B. La déclaration de Carthagène de 1984........................................................................... 31
Chapitre II : Les mécanismes de protection des réfugiés : Le rôle du Haut-
commissariat pour les réfugiés (HCR ) ............................................................................................... 37
Section 1 : Le rapatriement librement consenti ................................................................. 43
Section 2 : L’intégration sur place ...................................................................................... 48
Section 3 : La réinstallation ................................................................................................. 53
Deuxième partie : état des lieux sur ............................................................................................ 57
la situation des réfugiés ................................................................................................................ 57
Chapitre I : la situation des réfugiés centrafricains .................................................................. 59
Section 1 : La situation des droits humains en République Centrafricain ...................... 60
Section 2 : La guerre En République centrafricaine ......................................................... 63
Section 3 : La situation des réfugiés centrafricains au Cameroun, Tchad, République de
Congo (RDC)...................................................................................................................................... 67
Chapitre II : La situation des réfugiés Ukrainiens ................................................................ 79
Section 1 : La guerre entre La Russie et l’Ukraine ........................................................... 79
Section 2 : La situation des réfugiés ukrainiens après la guerre. ..................................... 82

109
Chapitre III : La situation des réfugiés syriens ......................................................................... 91
Section 1 : Le conflit syrien .................................................................................................. 91
Section 2 : La situation des réfugiés syriens Après la guerre ........................................... 95
Conclusion :................................................................................................................................... 99
Bibliographie ............................................................................................................................... 103

110

Vous aimerez peut-être aussi