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4.- Les gouvernements de Felipe González.

Pour la première fois un parti appartenant à l’opposition au franquisme arrivait au


gouvernement, ce qui semblait mettre fin à la transition démocratique.
Le gouvernement de Felipe González, qui se maintient au pouvoir entre 1982 et 1996, mène à
terme une série de réformes, dont :
 La réforme de l’Administration de l’État et de l’Armée.
 La modification du code civil.
 La réforme de l’enseignement.
 La modernisation des réseaux de transport.
 La généralisation de l’assistance sanitaire et des retraites.
En politique extérieure, le gouvernement de Felipe González maintien l’Espagne dans l’OTAN,
dont l’entrée avait été décidée par le gouvernement de Leopoldo Calvo Sotelo contre l’avis du
PSOE et aussi réussit à mener à terme l’intégration de l’Espagne dans la Communauté
Économique Européenne (CEE) à partir du 1er janvier 1986.
Le terrorisme, principalement celui de l’ETA, fut l’un des problèmes majeurs du gouvernement
de Felipe González. Ayant échoué les négociations d’Alger avec les dirigeants d’ETA, on
déclenche la « guerre sale » contre l’ETA à travers un groupe terroriste (les GAL).

5.- La crise du PSOE et la victoire du Parti Populaire.


Le scandale de cette guerre sale et la corruption touche au gouvernement. Le PSOE n’obtient
pas la majorité absolue aux élections de 1993 et Felipe González est obligé d’avancer les
élections à 1996 étant donné qu’il n’a pas la majorité suffisante pour approuver le budget. Ces
élections sont emportées par le Parti Populaire.

6.- Les gouvernements de José María Aznar.


La Parti Populaire n’ayant pas obtenu la majorité absolue, son leader, José María Aznar, a
besoin d’accorder avec les nationalistes basques et catalans pour être élu comme président du
gouvernement. Cet accord suppose quelques concessions économiques et politiques.
Pour atteindre la paix sociale, le gouvernement signe l’Accord sur la Consolidation et la
Rationalisation du Système de Sécurité Sociale avec les syndicats.
Il continue et renforce la politique de privatisations amorcée pendant les gouvernements de
Felipe González.
Par rapport au service militaire, le gouvernement décrète la disparition de la conscription
établissant un système de recrutement professionnelle.
Au début de la législature d’Aznar a lieu une considérable augmentation de l’activité terroriste
de l’ETA, dont l’enlèvement d’Ortega Lara et l’assassinat de Miguel Ángel Blanco sont les
événements les plus saillants et qui plus fortement touchent l’opinion. Après ce dernier
attentat, ETA déclare une trêve, ce qui permet au gouvernement d’entamer des négociations
avec l’ETA, mais sans aboutir à aucun résultat. L’ETA reprend alors les attentats.
Aux élections de 2000 le Parti populaire obtient une importante victoire atteignant la majorité
absolue. Les aspects les plus significatifs de cette seconde législature d’Aznar sont :
 Le renforcement de la politique de libéralisation économique avec de nouvelles
privatisations, réforme de la loi du travail et réduction d’impôts pour les plus aisés, ce
qui amène à l’affrontement avec les syndicats.
 La crise environnementale provoquée par le naufrage du pétrolier Prestige au large
des côtes galiciennes.
 L’appui aux États-Unis dans la guerre d’Irak.
Dans les derniers jours de cette législature se produit l’attentat d’Atocha par des terroristes
islamistes provoquant près de 200 morts et 1 000 blessés. Le gouvernement essaie d’attribuer
la tuerie à l’ETA, contre toute évidence, ce qui provoque des protestations. Aux élections du 14
mars 2004, c’est le PSOE, avec José Luis Rodríguez Zapatero, qui l’emporte sur le Parti
populaire. La première mesure du nouveau gouvernement fur celle de retirer les troupes
espagnoles d’Irak.

7.- Les élections de 2004 et les gouvernements de Rodríguez Zapatero.


Les élections du 14 mars 2004 supposent un tournant politique car c’est la PSOE, dirigé alors
par José Luis Rodríguez Zapatero, qui emporte ces élections, après le bouleversement
provoqué par les attentats du 11 mars et les mensonges du gouvernement d’Aznar à propos de
ces attentats.
N’ayant pas obtenu la majorité absolue, le PSOE doit faire des accords ponctuels avec surtout
Izquierda Unida et Esquerra Republicana de Catalunya.
La première mesure prise par le nouveau gouvernement fut celle de retirer les troupes
espagnoles d’Irak.
La question autonomique fut l’un des enjeux majeurs de la première législature de Zapatero.
Par rapport au Pays Basque, le « Plan Ibarretxe » est rejeté par le parlement alors qu’on
approuve le nouveau Statut catalan. Cependant, la Parti populaire va déposer recours contre le
Statut catalan devant la Cour constitutionnelle qui annula quelques années plus tard certains
articles du Statut catalan. Le mécontentement que cette décision provoque en Catalogne va
conduire à l’ouverture d’un processus indépendantiste dont le résultat est encore aujourd’hui
incertain.
Par rapport aux droits civils, le gouvernement de Zapatero prend les mesures suivantes :
 Loi simplifiant les démarches du divorce.
 Loi de Mémoire historique, permettant de rendre hommage aux victimes du camp
républicain pendant la guerre civile et le franquisme.
 Loi ouvrant le mariage aux couples du même sexe.
 Loi de santé sexuelle et reproductive et d’interruption volontaire de la grossesse (cette
dernière loi dans la seconde législature de Zapatero).
Toutes ces mesures provoquent de fortes mobilisations contre de la droite politique et sociale,
menées surtout par l’Église catholique.
Dans le domaine social, il faut remarquer surtout :
 La loi visant à protéger les femmes contre la violence de genre.
 La loi établissant des soins aux personnes en situation de dépendance.
 La Loi Organique d’Éducation, qui annule la plupart des mesures introduites dans la Loi
Organique de Qualité de l’Éducation approuvée à la fin de la période de gouvernement
d’Aznar.
Dans le domaine économique, l’économie espagnole va bénéficier d’une conjoncture
haussière basée principalement sur le secteur de la construction, tout en maintenant des taux
de chômage très hauts et des problèmes structuraux.
La crise économique amorcée aux États-Unis en 2007 n’était pas encore arrivée en Espagne au
moment des élections de mars 2008, emportées par le PSOE. C’est pourquoi l’hebdomadaire
« Le Nouvel Observateur » titrait en avril 2008, à l’occasion de la formation du nouveau
gouvernement de Rodríguez Zapatero, « L’Espagne garde la pêche », faisant référence à la
croissance économique et aux mesures prises par le gouvernement de Zapatero par rapport
aux droits civils et à la situation des femmes.
Cependant, la crise économique arrive enfin provoquant l’éclatement de la bulle immobilière.
Les conditions de financement de l’économie espagnole vont s’endurcir en plus à cause de
l’abaissement de la notation de l’Espagne par les agences de notation.
Le gouvernement essaie de faire face à l’augmentation du chômage moyennant un plan de
travaux publics gérés par les mairies, mais dont la portée est limitée, alors que la faillite des
caisses d’épargne mène au gouvernement à mettre en place un plan de sauvetage des
banques.
L’aggravation de la situation en 2010 mène aussi au gouvernement à annoncer des coupes
avec une baisse des salaires des fonctionnaires et l’arrêt de la valorisation des retraites en plus
d’une réforme du droit du travail, ce qui provoque la convocation d’une grève générale par les
syndicats en septembre 2010.
Dans cette situation, le président du gouvernement décide d’avancer les élections prévues
pour mars 2012 à novembre 2011, élections qui sont emportées par le Parti populaire,
obtenant la majorité absolue.
Le nouveau gouvernement, présidé par Mariano Rajoy, annonce immédiatement de nouveaux
coupes budgétaires et une nouvelle réforme du droit du travail.

8.- Les années de gouvernement de Rajoy (2011-2018)


A.- Coupes budgétaires et réponse sociale.
À peine se produit sa prise de possession en décembre 2011, Mariano Rajoy annonce de
nouveaux coupes budgétaires par valeur de 27 milliards d’euros, étant quelques dépenses
sociales les plus fortement touchées.
En plus, le gouvernement annonce presque en même temps une amnistie fiscale avec le but de
faire ressortir l’argent noir, mais dont la mise en place constitue un échec. Tout cela fait
augmenter les clivages sociaux.
Dans ce contexte éclatent les protestations et les manifestations contre cette politique.
Protestation des étudiants, lycéens et professeurs contre les coupes en matière d’éducation,
protestations des syndicats contre une nouvelle réforme du droit de travail et contre le projet
de budget, manifestations des mineurs et marche sur Madrid contre la fin des aides au
secteur, protestations du personnel sanitaire contre les coupes budgétaires en matière de
santé et les privatisations.
Le gouvernement ne répond que par la répression à ces protestations et le parlement
approuve une Loi Organique de Protection de la Sécurité Citoyenne (dite « lois mordaza »)
avec le but d’organiser la répression. Cette loi suppose une menace aux droits de réunion et
d’expression.
Par ailleurs, le gouvernement continue sur la voie des coupes budgétaires et dans les dépenses
sociales. Malgré ces coupes, l’économie espagnole est intervenue à travers un plan de
sauvetage des banques, ce qui suppose une surveillance des institutions européennes sur
l’économie espagnole.

B.- La corruption.
Avant même l’arrivé au pouvoir du Parti populaire en décembre 2011 avaient commencé les
enquêtes judiciaires sur une trame de corruption liée aux administrations dirigées par le Parti
populaire.
En juin 2013, l’ancien trésorier du Parti populaire, Luis Bárcenas, est emprisonné alors que
l’enquête judiciaire révélait que, depuis sa fondation, le Parti populaire avait créé une trame
de corruption attribuant 12 milliards d’argent public aux entreprises impliquées en échange de
commissions en argent noir soit au Parti populaire, soit à quelques-uns de ses dirigeants.
La première décision judiciaire sur l’une des principales affaires, celle dite Gürtel, condamnant
au Parti populaire, arrive en mais 2018, atteignant une grande portée politique et conduisant
au PSOE à présenter une motion de censure contre le gouvernement Rajoy, motion qui réussit
et fait tomber le gouvernement.

C.- Le changement dans la monarchie.


Au début juin 2014 le roi Jean-Charles I abdique en faveur de son fils, proclamé le 19 juin
comme Philippe VI.
Cette nouvelle inattendue était en fait le résultat d’une part de la perte de prestige de la
monarchie et de la famille royale qui depuis des années était mêlée à des scandales divers.
D’autre part, à une nouvelle situation politique marquée par la fin du bipartisme comme les
élections au parlement européen de mai 2014 avaient montré. Quoi qu’il en soit, l’abdication
du roi ne faisait qu’approfondir la crise du régime.

D.- Le procés catalan.


Depuis le début de la transition démocratique, la question autonomique, et notamment celle
de la Catalogne et du Pays Basque avait supposé un enjeu pour la mise en place dus système
démocratique. Le gouvernement de Rodríguez Zapatero avait essayé de faire face à la question
à travers une réforme du Statut d’autonomie catalan, mesure considérée insuffisante par
plusieurs secteurs de la société catalane, mais en tout cas acceptée.
Cependant, le Parti populaire avait déposé plainte contre cette réforme du Statut catalan
devant la Cour constitutionnelle qui, quelques années plus tard, annule quelques articles du
Statut. C’est le début d’un malaise qui s’étend de plus en plus en Catalogne, fait augmenter le
nombre de partisans de l’indépendance et conduit à une radicalisation des positions. Les
élections catalanes de 2015 voient un nouveau rassemblement des groupes politiques catalans
où la perspective de l’indépendance est déjà à l’ordre du jour et le 9 novembre 2015 la
majorité indépendantiste de la Chambre catalane approuve une résolution déclarant le début
du processus vers l’indépendance. Le 1 er octobre 2017 est convoqué un référendum
d’autodétermination, référendum rejeté par le gouvernement espagnol et par la Cour
constitutionnelle et auquel le gouvernement espagnol répond moyennant une forte
répression.
Dès lors, les événements se précipitent : déclaration d’indépendance par le président de la
Generalitat, annulée par lui-même quelques secondes après la déclaration, application de
l’article 155 de la Constitution par le Sénat espagnol, l’intervention étatique des services
publics et la convocation de nouvelles élections, fuite du président de la Generalitat en
Belgique et emprisonnement de quelques autres dirigeants politiques.
Le conflit entrait ainsi dans une impasse. Les élections de décembre 2017 donnent à nouveau
la majorité aux groupes indépendantistes, mais la chute du gouvernement Rajoy en mai 2018
change la donne sur le conflit catalan.

E.- La fin du bipartisme.


Si la crise économique déclenché en 2008 et l’apparition de nouveaux mouvements sociaux à
partir de 2011 ne provoquent pas immédiatement de changements significatifs dans le
panorama politique espagnol, à terme la situation politique, caractérisée par le bipartisme, va
être fortement bouleversée.
Aux élections européennes de 2014 le bipartisme reste fortement touché avec l’apparition de
nouveaux partis, Ciudadanos et surtout Podemos, alors que les partis jusqu’alors majoritaires,
Parti populaire et PSOE souffrent une importante perte de suffrages.
Les élections municipales et autonomiques de mai 2015 confirment la fin du bipartisme.
Podemos et ses confluences entrent ou sont décisifs dans la formation de quelques
gouvernements autonomiques et arrivent au pouvoir dans quelques-unes des principales
villes.
Les élections législatives de décembre 2015 supposent aussi la rupture du bipartisme. Le Parti
populaire arrive en tête, mais très loin de la majorité et sans possibilité de former
gouvernement, alors que le PSOE, qui reste en second lieu, perd aussi plus de 20% des
suffrages. Podemos et ses coalitions deviennent la troisième force et Ciudadanos la quatrième.
L’échec dans la construction d’une majorité stable amènent à des nouvelles élections en juin
2016 sans que les résultats soient très différents. Cependant, la division au sein de PSOE
permet à la fin octobre 2016 à Mariano Rajoy de former gouvernement, avec l’appui de
Ciudadanos et l’abstention de la plupart des députés du PSOE, mais la faible majorité
parlementaire entrave la tâche du gouvernement, alors que les conflits politiques
s’accroissent, surtout par rapport au procés catalan.
La décision judiciaire à propos de la trame de corruption liée au Parti populaire amène au PSOE
à présenter une motion de censure contre le gouvernement Rajoy. Le leader du PSOE, Pedro
Sánchez, obtient le soutien de la plupart des groupes parlementaires et est investi chef du
gouvernement, mettant fin à sept ans de gouvernement de Rajoy.

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