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Chapitre 8 

: Un mouvement social politique et culturel, la


France de 1974 à 1988
Légende :

Dates Villes Régions


Noms Pays Chiffres

Vocabulaire Définitions
SMIC = Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance, issu du SMIG en 1970
Union de la Coalition de partis de gauche : Parti Communiste Français (Georges Marchais) +
Gauche Parti Socialiste + Mouvement des Radicaux de Gauche (Robert Fabre)
ORTF = Office de Radio et Télédiffusion de France

I. Le renouvellement de la vie politique  : 1974 – 1988

1) Les années Giscard d’Estaing, entre modernisations et crises  :


1974 – 1981

a) Le président du renouveau

 En 1974, Valéry Giscard d’Estaing est élu président après le décès de Georges Pompidou,
remportant l’élection face à François Mitterrand. C’est un président jeune, non-gaulliste,
qui représente la droite et surtout le changement. Ainsi, il met en place plusieurs
réformes pour moderniser la société, comme :
o Une réforme institutionnelle : la majorité civile passe de 21 à 18 ans
o Des réformes sociétales :
 La création du divorce par consentement mutuel
 La légalisation de l’IVG par la loi Veil en 1975, grâce à la ministre de la
Santé et de la Famille de l’époque Simone Veil
 Depuis les années 1970, les mouvements féministes concentrent leurs actions sur la
question du droit des femmes à disposer librement de leur corps, et la légalisation de
l’avortement est au cœur de cette lutte. Cette loi fut l’objet de vifs débats à l’Assemblée
nationale, composée uniquement d’hommes, et réussit à être votée grâce à l’appui de la
gauche. L’avortement est alors légalisé, mais il n’est pas remboursé par la Sécurité sociale,
alors que les moyens de contraception le sont.
b) Les débuts de la crise économique

 En 1973 a lieu le premier choc pétrolier, qui entraine une crise économique dans les pays
occidentaux, dont la France. Cela entraine une hausse des prix de l’énergie puis une
inflation généralisée, diminuant la demande et donc la production, créant du chômage.
En 1974, la France comptabilisait 400 000 chômeurs (55 millions d’habitants), mais en
1977, ce chiffre atteint déjà 1 000 000 de chômeurs.
 Après la démission de Jacques Chirac, Giscard nomme un nouveau 1er ministre (et
ministre de l’Économie) en 1974 : Raymond Barre (professeur d’économie). Celui-ci se
rend rapidement impopulaire par sa politique d’austérité : blocage des salaires et
hausse des impôts, pour équilibrer le budget de l’État dont les dépenses augmentent
(allocations chômage, subventions aux entreprises, …) et limiter la hausse des prix.
 Dans ce contexte de crise persistante, Giscard ne parvient pas à se faire réélire en 1981.

2) La gauche au pouvoir

a) L’alternance politique 

 En 1981, François Mitterrand est élu président de la République, à la tête de l’Union de


la Gauche* (coalition de gauche rassemblant partis communiste, socialiste et de centre-
gauche). C’est le 1er président socialiste de la V° République, et son gouvernement
comporte 4 ministres communistes (situation inédite depuis 1947 : rupture au moment
du plan Marshall) : au Transport, l’Agriculture, la Santé et les Réformes administratives.
 La gauche, soutenue par une majorité absolue à l’Assemblée après une dissolution par
Mitterrand en 1981, va pratiquer une politique de relance économique, notamment
par la relance du pouvoir d’achat avec une hausse du SMIC* et des allocations familiales,
ainsi que des retraites. Le gouvernement souhaite également améliorer le sort des
travailleurs : âge de départ en retraite fixée à 60 ans (au lieu de 65), ajout d’une 5ème
semaine de congés payés, réduction des heures de travail (de 40 à 39 heures), dans le but
de réduire le chômage.
 Dès 1982, certaines entreprises et banques sont nationalisées : l’État vise à devenir un
acteur de l’économie, et nationalise les entreprises (achète des actions afin de
devenir le 1er actionnaire du Conseil d’entreprise, sélecteur du PDG) afin d’investir dans
l’économie du pays.
 En 1981 a lieu l’abolition de la peine de mort, votée à l’Assemblée, portée par le Garde des
Sceaux (= ministre de la Justice) Robert Badinter : 369 votes « pour », 113 votes
« contre », et 5 abstentions.
 En 1982 – 1983 apparaissent les premières lois de décentralisation : plus de pouvoir est
donné aux collectivités locales : communes, départements, régions accomplissent
désormais des tâches nouvelles (gestion des établissements scolaires, de la voierie, …).
b) Le tournant de la rigueur : 1983

 La politique de relance est un échec : 8 millions de chômeurs en 1983, hausse de


l’inflation, balance commerciale déficitaire (importations > exportations), … Le
Gouvernement change alors de politique économique : c’est désormais une politique de
rigueur (hausse des impôts et réduction des dépenses de l’État). Cette politique est en
désaccord avec les ministres communistes, qui quittent le Gouvernement. Une grande
partie des électeurs de gauche se considère trahie par ce changement de politique,
qualifiée de « politique de droite ».

3) La première cohabitation

a) Le retour de la droite au pouvoir

 En 1986, c’est une victoire de la droite aux élections législatives (et montée de
l’extrême droite, avec des députés du FN). Encore en activité pour 2 ans, le président de
Gauche doit alors nommer un 1er ministre de Droite : Jacques Chirac : c’est la 1ère
cohabitation, de 1986 à 1988.
 L’influence néolibérale de Reagan (Président états-unien) et Thatcher (1ère ministre
britannique) influence le gouvernement de Droite et la politique de Jacques Chirac, qui
privatise des entreprises auparavant nationalisées, ce qui permet de renflouer les caisses
de l’État. L’impôt sur les grandes fortunes est supprimé, et les licenciements sont
autorisés hors du contrôle de l’inspection du travail : c’est la dérèglementation.

b) Quel rôle pour le président dans la Cohabitation ?

 Le président Mitterrand ne peut s’opposer aux réformes de la droite, il se replie sur son
domaine réservé : la politique étrangère et la défense. Il préside toujours le Conseil des
ministres et peut refuser de signer les décrets et les ordonnances pour ralentir les
réformes du Gouvernement.
 Aux élections présidentielles de 1988, François Mitterrand est face à Jacques Chirac, son
1er ministre. Les Français sont toujours fortement préoccupés par la crise économique et
le fort taux de chômage.
II. Une société en pleine mutation  : 1974 – 1988

1) L’émancipation des femmes

a) Dans la société

 Dès 1971 se développe le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) : il milite


intensément sur la question de l’avortement, notamment à travers le manifeste des 300.
 En 1974, la pilule contraceptive est remboursée par la Sécurité sociale.
 En 1975, la loi Simone Veil légalise l’IVG et une autre loi permet le divorce par
consentement mutuel.
 En 1982, l’IVG est désormais remboursée par la Sécurité sociale.

b) Au travail

 Le nombre de femmes dans


le monde du travail
augmente, mais leurs salaires
restent nettement inférieurs
à ceux des hommes.
 En 1983, la loi sur l’égalité
professionnelle entre
hommes et femmes dans les entreprises (salaire, accès aux responsabilités), cependant les
inégalités sont toujours présentes.

2) Les jeunes dans la société

a) La massification scolaire

 L’économie a besoin de plus en plus de salariés qualifiés dans un contexte de hausse des
emplois tertiaires (tertiarisation de l’économie), ce qui augmente le nombre de jeunes
diplômés.
 En 1975 on crée le collège unique (suppression des filières de sélection).
 Le nombre de bacheliers augmente : en 1970, 20% de la génération obtient le bac, en
1980, 30% l’obtiennent.
 De plus en plus d’étudiants intègrent l’enseignement supérieur.
 En 1986, c’est le retrait du projet de loi du ministre de l’Éducation Dewaquet
(Gouvernement Chirac), qui prévoyait une hausse des droits d’inscription et une plus
grande sélection. Face à l’ampleur des manifestations de lycéens et étudiants, la loi est
retirée.
b) Un nouveau groupe social

 L’allongement des études, donc l’entrée plus tardive dans la vie active et des jeunes
résidant plus longtemps chez leurs parents.
 C’est l’apparition d’une « culture jeune » internationale, qui s’exprime à travers la
musique et la mode.
 Les jeunes représentent donc désormais un marché de plus en plus important.
 La crise de mai 1968 exprime la volonté d’un changement de société, visible également
ailleurs dans le monde avec le mouvement hippie venu des États-Unis.
 Avec l’avancée de la majorité à 18 ans en 1974, les jeunes sont désormais courtisés par les
partis politiques, notamment le Parti Socialiste de François Mitterrand, parti récent
qui incarne la jeunesse.

3) Une diversité de la population plus visible

a) Les immigrés

 Les immigrés sont fortement sollicités par les entreprises pendant les 30 glorieuses, car la
main d’œuvre française ne suffit pas. En 1975, les immigrés représentent 7,5% de la
population française.
 En 1974, la loi stoppe officiellement l’immigration, puis en 1976, l’État accepte
officiellement le « regroupement familial ».
 En 1981, le gouvernement de Gauche régularise 132 000 immigrés clandestins. Le
contexte de crise économique et de chômage non résolu provoque un rejet des immigrés
et une montée du Front National de Jean-Marie Le Pen.
 En 1983, c’est la création du mouvement SOS Racisme et de son slogan « Touche pas à
mon pote ».

b) L’affirmation des droits LGBT

 Les homosexuels et les consommateurs d’héroïne connaissent une forte mortalité due à
l’épidémie du SIDA, qui apparait aux États-Unis en 1981, et à partir de 1983 en France.
Sa propagation se fait par 3 voies : sexuelle, sanguine, et par les seringues.

III. Un accès plus large et plus libre à la culture  : 1974 – 1988

1) L’évolution de la politique culturelle

a) Une intervention limitée de l’État sous Giscard

 Sous Giscard, la culture ne fait pas partie des priorités du président. Sa politique
culturelle est surtout tournée vers la sauvegarde du patrimoine.
 En 1977, Giscard lance le projet de transformation de l’ancienne gare d’Orsay en musée
du XIX° siècle, il est inauguré en 1986 par Mitterrand. Il crée la Cité des Sciences dans les
anciens abattoirs de La Villette à Paris.

b) La rupture avec les années Jack Lang

 En 1981, la présidence Mitterrand double le budget du ministère de la Culture dirigé par


Jack Lang qui mène une politique très active :
o Soutien aux artistes : statut d’intermittent (du spectacle) permettant des indemnités
du chômage
o Rayonnement à l’étranger de la culture française
o Le prix unique du livre pour soutenir les libraires et auteurs
o En 1982 : création de la Fête de la musique
o En 1984 : création des journées du Patrimoine
o Aménagement du « Grand Louvre » et construction de la pyramide
o En 1989 : ouverture de l’Opéra Bastille.

2) Les transformations du paysage audiovisuel français

a) La mainmise de l’Etat sur les médias (1974/1981)

 Depuis De Gaulle les médias d’Etats (radio et télévision) étaient sous contrôle du
ministère de l’Information dans un organisme qui s’appelait l’ORTF*.
 En 1974 : Giscard dissous l’ORTF, qui sera remplacé par :
o 3 chaines de télévisions publiques, toujours sous le contrôle de l’Etats (TF1,
Antenne2, FR3). Ces chaines sont concurrentes mais ont toutes les trois ont le même
budget.
o 4 stations de radios publiques, dont le groupe Radio France qui possède le monopole
de la radio en France et qui est également sous le contrôle de l’Etat.

b) Une libéralisation progressive sous Mitterrand (1981 – 1988)

 En 1981 : Création de la Haute autorité de la communication audiovisuelle. C’est


l’organe qui délivre les permis d’émettre pour les nouvelles chaines de télévision ainsi que
pour les nouvelles chaines de radios.
 En 1984 : Création de Canal+, 1ère chaine payante.
 En 1984 également : Privatisation de TF1, dont Bouygues (géant mondial des travaux
publique) devient le propriétaire.
 Création d’une quatrième chaine généraliste « la cinq »
 Fin du monopole d’Etat sur la radio.
 De nombreuses stations de radio sont créées, comme NRJ, Fun Radio, Skyrock.
3) Les nouvelles formes de la culture populaire

a) Une culture de masse

 A partir des années 80 : 90% des foyers ont la télévision. Le français moyen aime
particulièrement les émissions de variété, les jeux, les animateurs vedettes et les séries
américaines (comme la série Dallas, la série la plus populaire à cette époque, ainsi que La
petite maison dans la prairie).  Américanisation et uniformisation de la
culture par l’industrie du diversement.
 Cependant la télévision permet aussi un accès au savoir avec les documentaires et les
émissions littéraires (ex : l’émission Apostrophe).

b) La « culture jeune »

 C’est le début de la mode des mangas et des dessins animés japonais, comme Goldorak.
 En 1984 : Apparition du rap, issu des banlieues noires américaines.
 Apparition des clips vidéo notamment avec Mickael Jackson.
 Développement des jeux vidéo (Pac-Man, Tetris).

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