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Thème 4 en Histoire :

Les échelles de gouvernement dans le monde, de la fin de la 2nde Guerre à nos jours

Chapitre 13 : Gouverner la France depuis 1946


(livre p.296-331)

Nous allons voir les transformations du rôle de l’État dans le gouvernement et l’administration du pays
depuis 1946. Nous verrons que le fonctionnement des institutions et l’analyse de la nature du régime
permettent de comprendre l’évolution du parlementarisme dont témoigne le passage de la IVème à la
Vème République, républiques qui se sont adaptées au contexte national et international et qui, malgré
l’échec de la IVème ont su faire preuve de souplesse dans leurs institutions. Ainsi les missions assurées
par l’État après la Libération, sont progressivement remises en cause et redéfinies comme le montre en
particulier l’adoption des lois de décentralisation à partir des années 1980.

Comment les modes de gouvernement et d’administration se sont-ils transformés en


France depuis l’après-guerre et adaptés au contexte de mondialisation économique et
de construction européenne ?

Voir repères p.298-299 + personnages clés p. 331 (biographies indispensables)


Voir également les repères donnés sur les principales dates/personnages du passage du GPRF à la
IVème République

I - Refonder l’Etat républicain (1946-1958)

► En quoi la IVème République a-t-elle reconstruit et modernisé le pays ?

1) Un Etat-providence vecteur de progrès :

L’Etat républicain tel qu’il renaît avec la Constitution de la IVème République est hérité à la fois du
CNR (Conseil National de la Résistance présidé par Jean Moulin) et du GPRF (Gouvernement
Provisoire de la République Française dirigé par de Gaulle de 1944-46). Les transformations
sociales, politiques et économiques ont commencées avec le CNR et le GPRF et vont se poursuivre.

De Gaulle, chef du GPRF, en désaccord avec le régime parlementaire que le projet de la Constitution
veut instaurer démissionne en janvier 1946 (période dite de « traversée du désert » jusqu’en 1958), la
nouvelle Constitution après un premier rejet en mai 1946 est adoptée lors du second référendum en
octobre 1946 par 53% de oui.

L’Etat républicain lance les bases d’une reconstruction :


→ économique : docs 1 et 2 p.310 : L’Etat un acteur économique
– Nationalisations dès 1945 : Etat acteur dans secteurs, énergie (EDF), transport aérien
(Air France) et aéroports de Paris (ADP), automobile (Renault, confiscation par l’Etat car
son patron est accusé d’avoir collaboré avec l’Allemagne nazie, voir doc1 p.316),
création de la RATP en 1949 (Régie des transports parisiens), Banque de France, Crédit
Lyonnais et Société Générale

1
– Planification : rendre cohérente l’action de l’Etat sur 5 ans : par la création d’un
Commissariat Général du Plan de modernisation et d’Equipement par de Gaulle et Jean
Monnet en 1946
– 1er plan : le « plan Monnet » de 1947 à 1952 permet à l'industrie de dépasser de 25% les
meilleurs niveaux de production d'avant-guerre dès 1953, avec des taux de croissance
annuels de 5 à 7% (record européen), suivi d’un 2nd plan de 1954-1957 (Etienne Hirsch) :
actions d’aménagement et de décentralisation industrielle.
– Voir doc 1 p. 310 : précisez quels sont les objectifs et moyens du 1er plan ? :
– Voir doc 2 p.310 : montrez comment l’Etat participe à la modernisation économique et sociale ? :

– Le pays multiplie les prouesses : modernisation de l'agriculture (aide plan Marshall,


intensification de la production, INRA), pont de Tancarville sur la Seine en Normandie
(1956), paquebot France (1957), avions Caravelle (1er vol en 1955) et Mystère IV (1955),
barrage de Donzère-Mondragon sur le Rhône (1948-1952), création d'un Commissariat à
l'énergie atomique à Saclay (1945), réacteur de Marcoule (1er réacteur nucléaire, 1956),
exploitation du gaz de Lacq (1951), premier calculateur de Bull (ordinateurs) (1956)...
– Pour en savoir plus sur les transformations de l’agriculture : Le cheval d’orgueil de Pierre
Jakez-Hélias (1975) et L’Histoire de la France rurale de l’historien Georges Duby
(1975) témoignent des transformations agricoles et rurales de la France.

→ sociale :
– Encourager la concertation et le dialogue social : création des CE (Comité d’Entreprise)
et recherche du consensus entre Etat, patrons et syndicats dans cadre du Plan
dirigé par Jean Monnet de 1946 à 1952

– Protéger et assurer la cohésion sociale de la nation par l’Etat Providence : Sécurité


Sociale (1945) et Allocations Familiales (1946), HLM (1947) et SMIG (1950), Salaire
Minimum Interprofessionnel Garanti = hausse du niveau de vie, entrée dans la
société de consommation et la civilisation de l’automobile (4CV Renault)

– 3ème semaine de congés payés en 1956 (Guy Mollet)

– Ordonnance judiciaire de 1945 sur la jeunesse délinquante qui reste encore celle en
vigueur qui créée une justice spécifique pour les mineurs (Tribunal pour enfants) et
privilégie l’éducatif sur le répressif.

A l’aide des documents cités : Montrez les différentes formes d’action de l’Etat ? Montrez qu’il
participe à la modernisation économique et sociale

→ politique :
• Ancrage dans le bloc de l’Ouest :
– Acceptation du plan Marshall (plan juin 1947, aide financière des E-Unis) le 16 avril
1948 avec l’entrée dans l’OECE de 16 pays (Organisation Européenne de Coopération
Economique) qui devient l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement
Economique) en 1960 à l’arrêt du plan, 37 pays en 2020 (dont l’Australie, le Mexique ou
le Chili)
2
– Entrée dans l’OTAN dès 1949 (organisation du traité de l’Atlantique nord, alliance
défensive, parapluie nucléaire américain, 12 membres fondateurs, 30 membres
actuellement)

• Investissement dans la construction européenne : voir carte 1 p. 325 + pages 334-335 + cours
Europe
– Traité de Bruxelles signé le 17 mars 1948, entre la France, le Royaume-Uni, la
Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg = naissance de l’Union occidentale préfigurant
l'UEO (1954-2011) : Union de l’Europe Occidentale, alliance défensive, ses 5 membres
entrent tous dans l’OTAN en 1949
– Déclaration Schuman (9 mai 1950), voir le doc 1 p.338 qui donne naissance à la CECA
(1951) : Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, initiée au départ pour
réconcilier la France et l’Allemagne (RFA) puis rejointe par l’Italie, le Luxembourg, les
Pays-Bas et la Belgique, puis mise en œuvre de la CEE (Traité de Rome en 1957)
Communauté Economique Européenne qui compte 6 pays au départ : France, Italie,
Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, RFA

2) Un Etat centralisateur qui restaure l’autorité :

• Paris recouvre son rôle de capitale d’un Etat-nation, héritage de siècles de centralisation
(cf carte 2 p.299) Idée d’un Etat jacobin (centralisé)
• Une administration renforcée à l’aide d’un statut de la fonction publique (garantissant l’emploi
et le droit syndical et de grève, 1946) et relayée par « les Commissaires de la République »
fonction instituée en de 1944 à 1946 par le GPRF pour rétablir la légalité républicaine en France,
puis les préfets, (voir le dossier p.306-307 et questions plus loin dans le cours)
• De nouveaux corps de fonctionnaires sont créés avec de nouvelles missions comme l’Inspection
des impôts ou l’INSEE
• La recherche est réorganisée avec le CNRS et en créant le CEA (1945)
• Enfin les hauts fonctionnaires sont recrutés sur des critères spécifiques par l’élargissement et le
contrôle du recrutement à travers la création des IEP (Institut d’Etudes Politiques où
Sciences Po) et de l’ENA (Ecole Nationale d’Administration, projet repris de Jean Zay de 1936),
= rôle essentiel dans la haute fonction publique

Voir Etude : L’Ecole Nationale d’Administration pages 308-309


Document 3 : que montre la relation entre ENA et IEP ?
Document 5 : montrez que l’ENA s’adapte aux transformations sociales et politiques

3) Un régime très démocratique mais instable

Le scrutin proportionnel aux législatives est instauré par la IVème République (sièges répartis en
proportion des voix obtenues), ce qui entraîne le morcellement de l’Assemblée entre les différents partis
politiques et une majorité difficile à obtenir pour gouverner et contrarie l’émergence d’une majorité
parlementaire stable. De plus, le régime doit composer avec de solides minorités parlementaires qui lui
sont hostiles : le PCF à gauche, le RPF à droite ! qui ne sont pas représentés au gouvernement ! (1947,
communistes quittent le gouvernement et de Gaulle refuse que le RPF y joue un rôle)

Place de droit enfin faite aux femmes :


- Droit de vote depuis ordonnance GPRF 1944 (1er vote pour Municipales en avril 1945)
3
- Égalité droits H/F inscrits dans Constitution de 1946
→ 1ère femme ministre en 1947 : Germaine POINSO-CHAPUIS (1901-1981) députée des Bouches du
Rhône (1945-1955) et ministre de la Santé, première femme ministre de plein exercice dans l'histoire de
la République, de 1947 à 1948.

Voir organigramme de la IVème République (voir doc 1 p.300) : (qui représente ce que refusait de
Gaulle, discours de Bayeux, 16 juin 1946) car elle donne au Parlement (Assemblée Nationale surtout,
élue au suffrage universel direct pour 5 ans) un rôle majeur, ce qui entraîne :

• Instabilité gouvernementale chronique (24 gouvernements en 12 ans !) due à l’Assemblée qui :


– Investit le chef de l’Etat
– Investit le président du Conseil et son gouvernement
– Peut renverser le gouvernement par une motion de censure : texte qui met en cause la
responsabilité du gouvernement, s’il est adopté à la majorité absolue le gouvernement
doit démissionner ! par un refus de confiance

• Instabilités des alliances entre partis : (obligatoire avec le scrutin proportionnel) entraîne le
– Tripartisme (1945-47) entre PCF (Parti Communiste français), SFIO (Section Française
de l’Internationale Ouvrière, devient le PS parti socialiste en 1969) et MRP (Mouvement
Républicain Populaire, démocrate-chrétien, centriste) éclate avec Guerre froide et
débouche sur la…
– …Troisième Force (coalition contre PCF et RPF (Rassemblement du peuple français,
fondé par de Gaulle en avril 1947-1955) jusqu’en 1951... + forte opposition poujadiste
(mouvement politique antiparlementaire populiste extrémiste fondé par Pierre Poujade en
1953, ce mouvement disparaît en 1958)

• Instabilité due au contexte colonial :


– Union Française créée en 1946 avec la Constitution de la IVème pour accorder des
droits aux populations de l’Empire et faire reculer en vain les revendications
indépendantistes...
– Guerres d’Indochine (1946-1954) puis d’Algérie (1954-1962) déchirent l’opinion et
ont raison de la IVème République, émeutes du 13 mai 1958 à Alger provoquent le retour
de de Gaulle investit le 1er juin 1958 comme dernier président du conseil de la IVème
pour résoudre la crise algérienne. Revient contre la garantie de changer la Constitution !

• Mais une continuité de l’action de l’Etat :


– Action volontariste et réformatrice de certains présidents du Conseil (Pierre Mendès
France, voir doc 5 p. 301, Guy Mollet)
– Certains ministres reconduits des années dans leur fonction tels G Bidault ou R Schuman
(1944-54) et d’autres maintes fois ministres (F Mitterrand 11 fois de 47 à 58 !)
– Personnel administratif stable tel Jean Monnet (1946-52), président de la Haute Autorité
de la CECA, puis commissaire général au Plan
Malgré une instabilité gouvernementale, les hommes d’Etat sont restés les mêmes et ont
permis la continuité des réformes républicaines et la gestion de l’Etat.

Voir l’étude p.300-301 : le Parlement sous la IVème République, la toute-puissance ?


Document 1 : quels sont les pouvoirs du Parlement ? Montrez que l’Assemblée est l’institution
prédominante de la IVème République ?
4
Document 2 : comment ces pouvoirs sont-ils justifiés par les partisans de la Constitution ? Article de
Léon Blum (vous pouvez rappeler également son parcours politique)
Document 3 : montrez quel est le rôle du président de la République
Document 4 et 6 : quelles sont les conséquences du pouvoir de l’Assemblée nationale sur les
gouvernements et la politique ?
Document 5 : que demande Pierre Mendès-France pour pouvoir agir efficacement ? En quoi est-ce
nouveau à l’époque ? Quel est son bilan en tant que président du Conseil ? Courte biographie de
PMF à faire

En conclusion, la IVème République en dépit d’institutions instables et de ses échecs liés au contexte
de la guerre froide et la décolonisation (guerre d’Algérie) est parvenue à une reconstruction rapide du
pays dans le cadre des « Trente Glorieuses » tout en l’engageant dans la construction européenne.

II - L’avènement de la Vème République et l’Etat gaullien (1958-1981)

► En quoi le rôle de l’Etat étend son influence et se renforce durant les deux 1ères
décennies de la Vème République ?

Un résumé très bref des Bons Profs pour vous aider à comprendre la suite :
https://www.youtube.com/watch?v=ZrBOip76ooQ

1958-1969 : de Gaulle, président de la République 1965-1969 : élu au suffrage universel,


démissionne en 69 suite au référendum sur les régions
1ers ministres : Michel Debré (59-62), (redressement financier/économique, démissionne après
indépendance de l’Algérie), Georges Pompidou (62-68) (modernisation/mai 68/2 gouvernements)
Maurice Couve de Murville (68-74), (mise en œuvre réforme de l’Université, du Sénat, des Régions)

1969-1974 : Georges Pompidou, élu président meurt brutalement pendant son mandat, 1ers
ministres : Jacques Chaban-Delmas (69-72) (« Nouvelle société », mensualisation des salaires,
autorité parentale partagée, SMIC, accès à la formation pour tous) Pierre Messmer (1972-1974)
(Ministère de l’Information, création de la fonction de médiateur de la République)

1974-1981 : Valéry Giscard d’Estaing, 1er ministre : Jacques Chirac (1974-1976), (démocratie
libérale, crise 1973, majorité à 18 ans, loi Veil…) en raison de désaccords politiques et d’une relation
très tendue avec VGE Chirac démissionne de lui-même (seul cas sous la Vème), Raymond Barre
(1976-1981), (politique de rigueur pour réduire l’inflation : blocage prix, défense Franc)

1) Un Etat qui se dote d’un exécutif fort : (voir discours de Bayeux de juin 1946 en annexe)

• Constitution de la Vème (préparée par Michel Debré, voir p. 316 qui reprend les idées du
discours de Bayeux) approuvée par référendum le 28 septembre 1958 (à 80% !)

• Organigramme de la Vème : voir doc 1 p. 302 (essayez de reprendre les grandes lignes, !
fonctionnement à bien comprendre. La France est une démocratie parlementaire ou le Président a
de larges pouvoirs.

• Un exécutif fort bicéphale (président/1er ministre) : = régime semi-présidentiel

5
• dirigé par un Président élu au suffrage universel à partir de 1962 (suite à l’attentat de l’OAS à
Petit-Clamart contre de Gaulle en août 1962, celui-ci veut que le président soit reconnu par le
peuple) ce qu’il propose par référendum (art.11). Cette réforme qui provoque un tollé général
de la classe politique (crainte d’une dictature). Une motion de censure est votée contre le
gouvernement de G. Pompidou (la seule fois à ce jour !), de Gaulle dissout l’Assemblée et
reforme un gouvernement avec G. Pompidou ! Le 28 octobre, la réforme du vote au SU est
adoptée par 62% de oui.

• La légitimité du gouvernement procède du seul chef de l’Etat qui « nomme le 1er ministre et
le gouvernement et met fin à leurs fonctions », il n’est plus soumis à l’investiture parlementaire
comme sous la IVème République. Enfin, l’article 16 donne au président les pleins pouvoirs
en cas de crise grave, cet article est appliqué à plusieurs reprises lors de la guerre d’Algérie. Le
président garde les prérogatives sur la Défense et les affaires étrangères avec l’art.52
« négociant et ratifiant les traités ».

• Cette réforme va être le déclencheur de la bipolarisation progressive de la vie politique et


permettre 24 ans plus tard la 1ère cohabitation (non prévue par de Gaulle !)
Voir la vidéo de l’annonce de de Gaulle sur l’élection au SU : https://enseignants.lumni.fr/fiche-
media/00000000091/allocution-du-general-de-gaulle-du-12-septembre-1962.html

Motion de censure : La motion de censure est le moyen pour les députés de contrôler le
gouvernement, de le censurer, de le renverser. Cette arme parlementaire peut être utilisée de deux
manières différentes prévues par la Constitution de 1958. La motion de censure spontanée et la
motion de censure provoquée. La motion de censure spontanée est offensive (article 49.2). Elle
résulte de l'initiative d'un groupe de députés qui veulent renverser le gouvernement auquel ils
s'opposent. Pour déposer la motion, les députés doivent rassembler les signatures d'un dixième des
membres de l'Assemblée nationale, c'est à dire actuellement 58 signatures (actuellement)

Pour en savoir plus : https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/expliquez-nous/expliquez-nous-la-motion-


de-censure_1786629.html

- “le Premier Ministre conduit la politique de la nation” art.20 et peut utiliser ordonnances et
l’article 49-3 (peut faire passer un texte sans le vote du Parlement, mais c’est très impopulaire et
mal vécu par l’opinion publique), depuis 1958, cet article a été utilisé 88 fois ! En 2006,
Dominique de Villepin l’utilise pour faire passer le CEP (Contrat de Première Embauche) ce qui
donne lieu à des manifestations étudiantes massives qui conduisent au retrait du CEP !
Le premier ministre est responsable de la « Défense nationale » et « dirige l’action du
gouvernement » art.21, toutefois le président reste prépondérant car la légitimité du 1er ministre
procède du seul chef de l’Etat !

L’article 49.3 : La motion provoquée : Elle est provoquée par l'engagement par le Premier ministre de
la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée sur un texte, un projet de loi. Il fait cela pour que
le texte soit adopté sans vote, sans amendement, rapidement.

• Un pouvoir législatif bicaméral (AN + Sénat qui forme le Parlement) qui n’a plus la
prééminence sur l’exécutif et où l’Assemblée Nationale est élue au scrutin majoritaire à 2 tours
favorisant les grands partis (succès de l’UNR : Union pour la Nouvelle République, parti
gaulliste fondé le 1er octobre 1958) ne fixe plus l’ordre du jour (au bénéfice du gouvernement)
et doit partager l’initiative des lois avec le gouvernement (et leur vote avec le Sénat !) et contrôle
l’action du gouvernement (motion de censure)
6
• Le Sénat est une chambre permanente qui ne peut pas être dissoute par le chef de l’Etat, il assure
la permanence de l’Etat. D’ailleurs c’est le président du Sénat qui remplace le président de la
République en cas de vacance du pouvoir (un seul cas en 1974 au moment du décès de
Pompidou remplacé par Alain Poher, président du Sénat), vote les lois et défend les intérêts des
collectivités territoriales (communes, départements, régions)

• Le pouvoir judiciaire : création du Conseil Constitutionnel (1945) voulu par de Gaulle, ce


conseil se prononce sur la constitutionnalité des lois et veille à la régularité des élections et
référendums. En 1958, la Constitution ne prévoyait une saisine du Conseil constitutionnel que
par les quatre plus hauts responsables de l'Etat : le président de la République, le premier
ministre, le président de l'Assemblée nationale et le président du Sénat. Eux seuls pouvaient
demander à l'institution de vérifier la constitutionnalité d'une loi adoptée par le Parlement avant
sa promulgation. La réforme constitutionnelle de 1974 a étendu le pouvoir de saisine à 60
députés et 60 sénateurs.

• Autres institutions : le Conseil d’Etat : rôle de Conseil dans l’élaboration des lois, tranche les
litiges entre les citoyens et l’administration (par exemple dans l’affaire Vincent Lambert, dans le
coma depuis un accident de la route depuis 2008, c’est le conseil d’Etat qui s’est prononcé pour
l’arrêt définitif des traitements)

Voir l’Etude : Les Institutions de la Vème République depuis 1962 p.302-303


Document 1 : en quoi le rôle du président de la République est-il renforcé à partir de 1962 ? Quel est
le rôle dévolu à l’Assemblée désormais ? en quoi cela est-il conforme au discours de Bayeux de
1946 ? (en annexe à la fin du cours), voir également la vidéo : https://www.youtube.com/watch?
v=uqYqT6Xs04c
Document 4 : En quoi le quinquennat peut-il renforcer la présidentialisation ?
Document 5 : Quel rôle peut jouer la télévision (et les médias) en politique ?

2) Un Etat omniprésent et entrepreneur :

• S’appuie sur haute fonction publique recrutée dans les IEP, à l’ENA ou EP (Ecoles
Polytechniques > “technocrates” toujours + présents dans cabinets ministériels... et préfets
relaient + que jamais l’Etat.
Voir Etude p.306-307 : le préfet, représentant d’un Etat centralisé
Documents 1 et 3 : montrez l’importance reconnue à leur fonction
Documents 1 et 5 : montrez qu’ils exécutent les décisions prises par les gouvernements

• Impulsion étatique forte et étendue :


– Économie (programmes industriels + concentration entreprises) PAC (1962) Politique
agricole commune : modernisation de l’agriculture qui devient industrielle assurée grâce
aux lois d’orientation agricole Pisani 60-62
– Transports (Concorde 1971, Aéroport de Roissy 1974, TGV 1976, autoroutes...)
– Aménagement du territoire (DATAR,1963 (Délégation à l’Aménagement du Territoire
et à l’Action Régionale = création de villes nouvelles comme Cergy, Marne la Vallée)
– Culture (ministère des affaires culturelles/Malraux (ministre des Affaires Culturelles de
1959 à 1969) : création des maisons de la Culture et protection du patrimoine : loi
Malraux 1962/Centre Beaubourg ou Pompidou à Paris ouvert en 1977)
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– Santé (CHU à partir de 1958)
– Education : loi Haby 1975 : collège unique, Enseignement supérieur : autonomie des
Universités (loi Faure novembre 1968 après mai 68) et recherche (INRA (Institut
National de la Recherche Agronomique), budget CNRS (Centre National de la Recherche
Scientifique) x 2 entre 1959 et 1962 !)
– Pour en savoir plus sur mai 68 : https://www.ina.fr/video/CAA7800621601
- Energie (développement du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique), choix du
nucléaire avec 1ère centrale à Chinon 1963)
– Militaire (bombe nucléaire depuis 1960)

3) Un Etat remis en cause par la crise

• Repenser l’Etat jacobin et colbertiste ? (Centralisation administrative et politique, puissance


d’un pays proportionnelle à ses réserves en or, d’où une politique protectionniste et dirigiste) →
“nouvelle société” de Chaban Delmas, (s’inspirait de Kennedy à la fois sur le plan politique « La
nouvelle frontière » et sur le plan personnel, jeune, sportif) : politique d’inspiration colbertiste et
centriste préconisée lors de son discours d’investiture comme 1er ministre en 1969
(gouvernement Pompidou). Elle repose sur le dialogue social, la liberté d’expression et
l’ouverture politique (ce qui à l’époque était sans doute un peu trop en avance sur son temps,
Pompidou juge qu’il lui fait de l’ombre et le pousse à la démission en 1972)

Etat jacobin : défend la souveraineté populaire et l’indivisibilité de la République


française, défend l’idée d’un Etat centralisé (tient son nom du club des Jacobins pendant
la Révolution)
Etat colbertiste : défend une politique protectionniste et dirigiste

• La fin de l’Etat-providence ?
→ néolibéralisme conteste l’interventionnisme étatique + 1er et 2nd choc pétrolier (1973 et 1979,
guerre du Kippour, révolution en Iran) qui contraint à l’austérité en 1976 et en 1983 (réduction
dépenses publiques et hausse de la fiscalité) et à un désengagement étatique...

• Vers un rééquilibrage des pouvoirs ? → poids croissant du Conseil Constitutionnel


• La réforme constitutionnelle de juillet 2008 a bouleversé le rôle du Conseil constitutionnel en
rendant possible de vérifier la constitutionnalité d'une loi déjà en vigueur par une question
prioritaire de constitutionnalité (QPC). La QPC a ainsi rapproché le rôle du Conseil
constitutionnel de celui de la Cour suprême américaine. Tout justiciable peut soumettre une QPC
; le juge du tribunal décidera de transmettre – ou non – à la Cour de cassation ou au Conseil
d'Etat, qui décideront de transmettre – ou non – au Conseil constitutionnel.

• La nécessité de répondre aux attentes d’une société en pleine évolution depuis 1968
→ accords de Grenelle 26 mai 68 (après les événements de mai 68) : augmentation de 35%
du SMIC (600 Francs/mois, les autres salaires augmentent de 7%, semaine de 40h, libre
exercice du droit syndical dans les entreprises, (et 4ème semaine congés payés (1969)
négociés par Georges Pompidou, 1er ministre, qui est remercié par de Gaulle et remplacé par
Maurice Couve de Murville
→ réformes sociales sous Giscard d’Estaing (président de 1974 à 1981), 1974 : majorité à 18
ans, 1975 : Loi Veil sur l’avortement, divorce par consentement mutuel, ministère des droits de
la femme (Françoise Giroud).

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III - Une Vème République qui s’adapte et évolue depuis 1981 :

► En quoi les évolutions politiques et économiques rendent plus ambigus le rôle et


la place de l’Etat depuis les années 1980 ?

Victoire de la gauche, François Mitterrand (PS) élu en mai 1981 et réélu en 1988 jusqu’en 1995
1ers ministres : Pierre Mauroy (1981-1984), Laurent Fabius (1984-86), Jacques Chirac (1986-
1988), Michel Rocard (1988-1991), Edith Cresson (1991-92), Pierre Bérégovoy (1992-1993),
Edouard Balladur (1993-1995)
Voir le journal de France 2 : https://enseignants.lumni.fr/parcours/0010/la-television-et-les-
elections-presidentielles-sous-la-ve-republique.html?fiche-media=00000000143

1995-2002 : Jacques Chirac (RPR), 1ers ministres : Alain Juppé (1995-97), Lionel Jospin (1997-
2002)
2002-2007 : Jacques Chirac (mandat ramené à 5 ans en 2000, voir doc 4 p.301) 1ers ministres :
Jean-Pierre Raffarin (2002-2005), Dominique de Villepin (2005-2007)
2007-2012 : Nicolas Sarkozy (UMP) 1er ministre : François Fillon (2007-2012)
2012-2017 : François Hollande (PS) 1er ministre : Jean-Marc Ayrault (2012-2014), Manuel Valls
(2014-2016), Bernard Cazeneuve (2016-2017)
2017-2022 : Emmanuel Macron (REM) 1er ministre : Edouard Philippe (2017)

1) Un Etat qui réaffirme son rôle directeur :

- en économie : dans la logique keynésienne défendue par la gauche désormais au pouvoir, vague
massive de nationalisations (loi du 13 février 1982) dans les secteur industriel (les 5 1ers groupes
industriels français dont Péchiney, Thomson, Rhône Poulenc, Usinor, Suez...) et surtout bancaire (Crédit
du Nord, Crédit industriel de l’Ouest, Crédit Lyonnais, Société Générale...) = une petite cinquantaine
d’entreprises !
> l’Etat contrôle ainsi 20% du secteur industriel (6% en 1981) et 96% du secteur financier !
Rôle directeur encore affirmé aujourd’hui avec par exemple les encouragements pilotés par le
gouvernement aux accords de compétitivité entre partenaires sociaux en 2013... (Le 11 janvier 2013, les
partenaires sociaux sont parvenus à un accord national interprofessionnel (ANI) sur la compétitivité et la sécurisation
de l’emploi. Les organisations patronales (MEDEF, UPA, CGPME) et trois syndicats (CFE-CGC, CFDT, CFTC) se
sont entendus pour accorder de nouveaux outils de flexibilité aux entreprises et de nouveaux droits aux salariés. FO et
la CGT ont refusé de signer l’accord).

- dans la culture : second souffle avec Mitterrand et Jack Lang (Ministre de la Culture) avec
augmentation du budget, nouveaux événements (fête de la musique 1982) et grands chantiers
présidentiels multipliés surtout sous Mitterrand (Grand Louvre, Opéra Bastille, BNF : bibliothèque
nationale de France) mais aussi Chirac (musée des Arts Premiers du quai Branly) bien que ce type
d’intervention de l’Etat dans la culture soit périodiquement critiqué.

- dans le domaine fiscal et social : mesures de la gauche années 1981-82 (gouvernement Mauroy)
avec les 39h, la retraite à 60 ans (au lieu de 65 ans depuis l’ordonnance de 1945), la 5ème semaine de
congés payés, ISF impôt sur la fortune, puis le RMI, revenu minimum d’insertion (Rocard, 1988)
remplacé par le RSA, revenu de solidarité active en 2009, CSG, contribution sociale généralisée en
1991 pour financer la Sécurité sociale, les 35h (Jospin, 1997) > part des prélèvements obligatoires
croissants !! + mesures visant à renforcer égalité juridique entre les citoyens pour unir davantage la
nation (loi Roudy 1983 sur égalité professionnelle H/F, loi sur la parité en politique en 2000, PACS
9
(Pacte Civil de Solidarité) en 1999 et loi Taubira, Ministre de la Justice, sur le mariage pour tous en
2013) pour en savoir plus : vidéo https://www.youtube.com/watch?v=N56EKzis1DM

+ secteur éducation (+ gros budget de l’Etat) avec volonté de démocratiser l’enseignement (amener
80% d’une classe d’âge au niveau bac, Chevènement 1985) et environnement (Grenelle environnement
depuis 2007 : 3.5 Md d’€ ! mais au lieu de 4.5 Mds € prévus., COP 21 à Paris en 2015 : objectif de
limiter le réchauffement climatique à – 2° doit entrer en vigueur en 2020...)

Ainsi dépenses Etat = 53% du PIB en 2008 # 43% en 1975 ! (voir graphique ci-dessous)

2) Des institutions qui se révèlent souples et adaptables en période de crises :

a) la cohabitation entame largement la prééminence du président de la République


3 cohabitations entre 1986 et 2002 (bien revoir les attributions du chef de l’Etat et du 1er ministre
dans l’organigramme des Institutions de la Vème République)

Cohabitation : La Constitution de la Ve République a fait la preuve de sa flexibilité en permettant, à plusieurs


reprises, l'alternance politique aux plus hautes responsabilités de l'État, ainsi que la « cohabitation » d'un
président de la République et d'un Premier ministre de bords politiques différents.

10
-
1986-1988 : F. Mitterrand, président (PS) et Jacques Chirac, 1er ministre (RPR)
Voir un morceau d’anthologie : débat du 2nd tour de l’élection de 1988 entre Mitterrand et Chirac
https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000000155

- 1993-1995 : F. Mitterrand, président (PS) et Edouard Balladur, 1er ministre (RPR)

- 1997-2002 : J. Chirac, président (RPR) et Lionel Jospin, 1er ministre (PS) soit 9 années où le 1er
ministre, chef du gouvernement, est du bord politique opposé au président de la République > met en
exergue la bicéphalie de l’exécutif dans la Vème République, particulièrement visible à l’étranger !
(voir avis sur la cohabitation de F. Mitterrand, voir doc3 p.303
Que pouvez-vous en retirer ? Quel est son avis ?

> nouvelle répartition des pouvoirs au sein de l’exécutif : politique étrangère et défense deviennent
des domaines partagés, et le 1er ministre met en œuvre le programme politique de sa majorité
parlementaire et sur ce plan le chef de l’Etat n’a que très peu d’influence, reste la clef de voûte des
institutions. > capacité de la Vème à s’adapter aux revirements politiques de l’électorat,
particulièrement lorsqu’il veut sanctionner clairement un président et sa majorité...

b) la bipolarisation de la vie politique n’empêche pas la montée de l’extrémisme

Bipolarisation droite / gauche due au scrutin majoritaire pour les législatives favorisent quelques grands
partis : jusqu’au milieu années 80 : RPR/UDF à droite et PS/PCF (en rapide perte d’influence) à
gauche. Puis, on assiste à l’émergence des écologistes et de partis + extrémistes particulièrement à
droite où le
FN, créé en 1972 mais sans réelle influence jusqu’en 1986, atteint le 2nd tour de l’élection présidentielle
de 2002 avec Jean-Marie Le Pen à 17%, dépassant Lionel Jospin candidat d’un des 2 plus grands partis
de France... Malgré cela la Vème République ne sombre pas parvient à se maintenir après un sursaut
national républicain.

c) des révisions de la Constitution pour moderniser les institutions et impliquer les citoyens

L’outil du référendum de nouveau utilisé nationalement et étendu à l’échelon local et aux citoyens :

- n’a pas été utilisé entre 1972 au moment de l’élargissement CEE au RU, Irlande, Danemark, entrent
dans la CEE en 1973, la Norvège refuse
- ni en 1988 lors du processus d’autodétermination en Nouvelle Calédonie initié par Michel Rocard (1 er
ministre),
- par contre il a été utilisé en 1992 pour le Traité de Maastricht qui fonde l’Union Européenne =
51% de oui),
- en 2000 pour instituer le quinquennat pour le mandat présidentiel et l’aligner ainsi sur celui des
députés (73% de oui),
- et en 2005 pour le projet de Constitution pour l’UE, 55% de non, le vote de la France enterre le
projet.

A part le « référendum pour les fusions communales » (1971), cet outil référendaire n’a été élargi qu’à
l’échelon local avec le référendum communal consultatif introduit par loi du 6 février 1992 (sur
certaines compétences de la commune) puis étendu à toute collectivité territoriale en 2003 avec cette
fois valeur de décision (si moitié des inscrits au – ont voté et si majorité) et appelés référendum
décisionnel local, exemple : référendum du 7 avril 2013 en Alsace pour s’exprimer sur fusion des 2
conseils généraux alsaciens.
11
-
Enfin, la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 crée la possibilité d’un référendum d’initiative
populaire à l’initiative d’1/5è du parlement, soutenu par 1/10è d’électeurs inscrits.

La révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 sur les institutions fait également évoluer les
prérogatives du chef de l’Etat en partie au bénéfice du Parlement :

- pas + de deux mandats consécutifs pour le président de la République


- le président ne dispose plus du droit de grâce collectif (fin des contraventions et libération des -
prisonniers qui purgeaient de petites peines) qu’il exerçait généralement à l’occasion du début de son
mandat ou le 14 juillet
- il ne préside plus le Conseil supérieur de la magistrature (garantissant l’indépendance du pouvoir
judicaire par rapport à l’exécutif en nommant les magistrats du Siège) qui peut aussi être saisi par un
simple justiciable s’estimant lésé par le comportement d’un magistrat
- le président peut se présenter devant le Congrès du Parlement afin d’exposer les objectifs de sa
politique, son discours pourra être suivi, en son absence, d’un débat sans vote
- il doit s’imposer un usage plus limité de l’article 49-3 (au budget de l’État, aux lois de
financement de la sécurité sociale et à un texte de son choix par session parlementaire
- les députés ou sénateurs devenant ministres, disposeront désormais de la faculté de retrouver
leurs fonctions électives lors de leur départ du Gouvernement
- les assemblées partagent la fixation de leur ordre du jour avec le Gouvernement, qui jusque-là
disposait de la maîtrise de l’organisation du travail parlementaire et l’ordre du jour d’une séance /mois
est de la responsabilité de l’opposition dont la représentation au sein des commissions et son temps de
parole seront renforcés.

3) Un Etat contraint à se désengager ?

a) l’insertion croissante dans la mondialisation et la crise remettent en cause l’action de l’Etat

L’échec de la relance keynésienne entreprise par la gauche en 1981-82 et l’amplification de la crise dans
un contexte de mondialisation économique (libéralisation des échanges + forte) toujours plus
contraignante, expliquent le développement des idées néo libéralistes qui dénoncent la lourdeur et
l’archaïsme d’un Etat trop interventionniste > l’Etat providence serait un frein à l’initiative individuelle
avec des prélèvements obligatoires asphyxiant les forces vives de la nation et donc responsable de la
crise débutée dans les années 1970...
> question du nombre de fonctionnaires devient un enjeu du débat politique au cœur des années 1980
> politique de rigueur dès 1983-84 (3ème gouvernement Mauroy puis Fabius) = faiblesse Etat-nation
face à la crise ?
> vague massive de privatisations en 1986 par le gouvernement de cohabitation Chirac (St Gobain,
TF1, Société Générale...) pour près de 100 milliards de FC = déréglementation sur modèle Reagan /
Thatcher... continuées sous Rocard (Renault en 1990) puis Balladur (Elf-Aquitaine 1994, Total) puis
Jospin (France Télécom 1997, Crédit Lyonnais ou Air France 1999)
> réforme de l’Etat sur modèle du new management public (principe de gestion visant à gagner en
productivité, en rentabilité en baissant les dépenses) comme en Grande Bretagne précédemment... =
gestion d’entreprise avec déconcentration de l’administration centrale (loi ATR* dit loi Joxe 6 février
1992) au profit d’administration ou agences locales (ex : + de compétences aux préfets de région depuis
2010) = objet de la RGPP (révision générale des politiques publiques) inaugurée en 1995 et réellement
mise en place par gouvernement Fillon à partir juillet 2007 soulevant débat et polémiques sur recul des
services publics...

12
-
b) un cadre européen plus contraignant car « supranational »

La place croissante de la construction européenne sur des prérogatives de l’Etat jusque-là considérées
comme « régaliennes » se fait sentir dès 1979 avec le SME imposant une coordination des monnaies
nationales au sein de la CEE...
Mais c’est le traité de Maastricht (1992) qui ouvre la voie à la supranationalité européenne synonyme
de perte de souveraineté pour l’Etat national : - voie vers un marché unique (1993)
- monnaie unique (1999-2002) se substituant aux monnaies nationales puis harmonisation
monétaire et budgétaire qui en découle au sein de la « zone euro »
- citoyenneté européenne, libre circulation des capitaux, hommes, marchandises et cours de
justice européenne
- principe de subsidiarité institué en principe de fonctionnement (répartition des compétences
entre instances aux échelons hiérarchisés, s’exerce à l’échelon supérieur ce qui ne peut être
efficacement traité aux échelons inférieurs..) qui ôte à l’Etat une certaine partie de ses fonctions.
> politique éco et financière des Etats ne peut plus s’exercer de manière indépendante.

c) une administration réformée et réellement décentralisée à partir de 1982

Lois Defferre du 2 mars 1982 et 7 janvier 1983 = transferts de compétences étatiques vers des
collectivités territoriales devenant autonomes, dirigées par une assemblée élue (il faut attendre 1986
pour les conseillers régionaux) et libérées de la tutelle de l’Etat (remplacée par contrôle administratif a
posteriori exercé par préfets) : voir compétences p.333 - décentralisation relancée par réforme
constitutionnelle du 28 mars 2003 prévoyant de nouveaux transferts de compétences,
l’intercommunalité rurale ou urbaine est facilitée et encouragée : article 1 de la Constitution modifié
comme suit : « l’organisation de la République est décentralisée ».
- statut spécifique reconnu à la Corse depuis lois 1991 puis 2002 avec institutions propres
(assemblée de Corse et conseil exécutif)
- modification des liens avec l’outre-mer : Antilles, Guyane, Réunion sont désormais à la foi
départements et régions = DROM + Mayotte devenu département en mars 2011 (sans région), avec
autonomie interne accrue pour soutenir le développement.

Remarque : La loi Defferre du 2 mars 1982 qui a mis en place la décentralisation a également étendu la
déconcentration, étant donné que l'extension du pouvoir des élus locaux a nécessité l'extension de celui
des préfets.

*La loi ATR (administration territoriale de la République loi Joxe) du 6 février 1992 a fait de la
déconcentration le principe de l'organisation administrative française.

Conclusion : paradoxe apparent de la situation de l’Etat français aujourd’hui qui, face à la perte de
souveraineté accentuée par mondialisation et UE, dépense pourtant davantage pour organiser et soutenir
son action... en fait cela se comprend par un effort nécessaire pour préserver et si possible renforcer la
cohérence et l’unité de l’Etat-nation dans un contexte toujours plus dérégulé et externalisé !

Annexe :

13
-
Discours de Bayeux (extraits) du 16 juin 1946

« Dès que cela fut possible, le peuple français fut donc invité à élire ses constituants, tout en fixant à
leur mandat des limites déterminées et en se réservant à lui-même la décision définitive. Puis, le train
mis sur ses rails, nous-mêmes nous sommes retirés de la scène, non seulement pour ne point engager
dans la lutte des partis ce qu’en vertu des événements nous pouvons symboliser et qui appartient à la
nation tout entière, mais aussi pour qu’aucune considération relative à un homme, tandis qu’il dirigeait
l’État, ne pût fausser dans aucun sens l’œuvre des législateurs.
Cependant, la nation et l’Union française attendent encore une Constitution qui soit faite pour elles et
qu’elles aient pu joyeusement approuver. À vrai dire, si l’on peut regretter que l’édifice reste à
construire, chacun convient certainement qu’une réussite quelque peu différée vaut mieux qu’un
achèvement rapide mais fâcheux.
Au cours d’une période de temps qui ne dépasse pas deux fois la vie d’un homme, la France fut envahie
sept fois et a pratiqué treize régimes, car tout se tient dans les malheurs d’un peuple. Tant de secousses
ont accumulé dans notre vie publique des poisons dont s’intoxique notre vieille propension gauloise aux
divisions et aux querelles. Les épreuves inouïes que nous venons de traverser n’ont fait, naturellement,
qu’aggraver cet état de choses. La situation actuelle du monde où, derrière des idéologies opposées, se
confrontent des Puissances entre lesquelles nous sommes placés, ne laisse pas d’introduire dans nos
luttes politiques un facteur de trouble passionné. Bref, la rivalité des partis revêt chez nous un caractère
fondamental, qui met toujours tout en question et sous lequel s’estompent trop souvent les intérêts
supérieurs du pays. Il y a là un fait patent, qui tient au tempérament national, aux péripéties de l’Histoire
et aux ébranlements du présent, mais dont il est indispensable à l’avenir du pays et de la démocratie que
nos institutions tiennent compte et se gardent, afin de préserver le crédit des lois, la cohésion des
gouvernements, l’efficience des administrations, le prestige et l’autorité de l’État.
C’est qu’en effet, le trouble dans l’État a pour conséquence inéluctable la désaffection des citoyens à
l’égard des institutions. Il suffit alors d’une occasion pour faire apparaître la menace de la dictature. (…)
Il suffit d’évoquer cela pour comprendre à quel point il est nécessaire que nos institutions
démocratiques nouvelles compensent, par elles-mêmes, les effets de notre perpétuelle effervescence
politique. Il y a là, au surplus, pour nous une question de vie ou de mort, dans le monde et au siècle où
nous sommes, où la position, l’indépendance et jusqu’à l’existence de notre pays et de notre Union
Française se trouvent bel et bien en jeu. Certes, il est de l’essence même de la démocratie que les
opinions s’expriment et qu’elles s’efforcent, par le suffrage, d’orienter suivant leurs conceptions l’action
publique et la législation. Mais aussi tous les principes et toutes les expériences exigent que les pouvoirs
publics : législatif, exécutif, judiciaire, soient nettement séparés et fortement équilibrés et, qu’au-dessus
des contingences politiques, soit établi un arbitrage national qui fasse valoir la continuité au milieu des
combinaisons.
Il est clair et il est entendu que le vote définitif des lois et des budgets revient à une Assemblée élue au
suffrage universel et direct. Mais le premier mouvement d’une telle Assemblée ne comporte pas
nécessairement une clairvoyance et une sérénité entières. Il faut donc attribuer à une deuxième
Assemblée, élue et composée d’une autre manière, la fonction d’examiner publiquement ce que la
première a pris en considération, de formuler des amendements, de proposer des projets. Or, si les
grands courants de politique générale sont naturellement reproduits dans le sein de la Chambre des
Députés, la vie locale, elle aussi, a ses tendances et ses droits. Elle les a dans la Métropole. Elle les a, au
premier chef, dans les territoires d’outre-mer, qui se rattachent à l’Union Française par des liens très
divers. Elle les a dans cette Sarre à qui la nature des choses, découverte par notre victoire, désigne une
fois de plus sa place auprès de nous, les fils des Francs. L’avenir des 110 millions d’hommes et de
femmes qui vivent sous notre drapeau est dans une organisation de forme fédérative, que le temps
précisera peu à peu, mais dont notre Constitution nouvelle doit marquer le début et ménager le
développement.
Tout nous conduit donc à instituer une deuxième Chambre dont, pour l’essentiel, nos Conseils généraux
et municipaux éliront les membres. Cette Chambre complétera la première en l’amenant, s’il y a lieu,

14
-
soit à réviser ses propres projets, soit à en examiner d’autres, et en faisant valoir dans la confection des
lois ce facteur d’ordre administratif qu’un collège purement politique a forcément tendance à négliger.
Il sera normal d’y introduire, d’autre part, des représentants, des organisations économiques, familiales,
intellectuelles, pour que se fasse entendre, au-dedans même de l’État, la voix des grandes activités du
pays. Réunis aux élus des assemblée locales des territoires d’outre-mer, les membres de cette
Assemblée formeront le grand Conseil de l’Union française, qualifié pour délibérer des lois et des
problèmes intéressant l’Union, budgets, relations extérieures, rapports intérieurs, défense nationale,
économie, communications.
Du Parlement, composé de deux Chambres et exerçant le pouvoir législatif, il va de soi que le pouvoir
exécutif ne saurait procéder, sous peine d’aboutir à cette confusion des pouvoirs dans laquelle le
Gouvernement ne serait bientôt plus rien qu’un assemblage de délégations. Sans doute aura-t-il fallu,
pendant la période transitoire où nous sommes, faire élire par l’Assemblée nationale constituante le
président du Gouvernement provisoire, puisque, sur la table rase, il n’y avait aucun autre procédé
acceptable de désignation. Mais il ne peut y avoir là qu’une disposition du moment. En vérité, l’unité, la
cohésion, la discipline intérieure du Gouvernement de la France doivent être des choses sacrées, sous
peine de voir rapidement la direction même du pays impuissante et disqualifiée. Or, comment cette
unité, cette cohésion, cette discipline, seraient-elles maintenues à la longue si le pouvoir exécutif
émanait de l’autre pouvoir auquel il doit faire équilibre, et si chacun des membres du Gouvernement,
lequel est collectivement responsable devant la représentation nationale tout entière, n’était, à son poste,
que le mandataire d’un parti ?
C’est donc du chef de l’État, placé au-dessus des partis, élu par un collège qui englobe le Parlement
mais beaucoup plus large et composé de manière à faire de lui le président de l’Union française en
même temps que celui de la République, que doit procéder le pouvoir exécutif. Au chef de l’État la
charge d’accorder l’intérêt général quant au choix des hommes avec l’orientation qui se dégage du
Parlement.
À lui la mission de nommer les ministres et, d’abord, bien entendu, le Premier, qui devra diriger la
politique et le travail du Gouvernement. Au chef de l’État la fonction de promulguer les lois et de
prendre les décrets, car c’est envers l’État tout entier que ceux-ci et celles-là engagent les citoyens. À lui
la tâche de présider les Conseils du Gouvernement et d’y exercer cette influence de la continuité dont
une nation ne se passe pas. À lui l’attribution de servir d’arbitre au-dessus des contingences politiques,
soit normalement par le conseil, soit, dans les moments de grave confusion, en invitant le pays à faire
connaître par des élections sa décision souveraine. À lui, s’il devait arriver que la patrie fût en péril, le
devoir d’être le garant de l’indépendance nationale et des traités conclus par la France. (…) »

Source : Charles de Gaulle, Discours et messages, tome 1 1940-1946, Paris


© Editions Plon, 1970

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