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INTRODUCTION

La Haute-Volta, actuel BURKINA FASO est une ancienne colonie d’exploitation


d’Afrique Noire francophone créée en 1919, démantelée en 1932, elle fut finalement
reconstituée en 1947. Elle a évolué au sein de l’Afrique Occidentale Française. Prenant
conscience de leur situation déplorable, les voltaïques vont amorcer des luttes acharnées afin
d’accéder à l’indépendance. De ce fait comment la colonie de la Haute-Volta a-t-elle
évoluée ? Quels peuvent être les facteurs ayant conduit à l’accession à l’indépendance de la
Haute-Volta ? Quelles sont les formes de luttes pour l’indépendance ? Que pouvons-nous dire
sur le premier président de la Haute-Volta Maurice YAMEOGO et sa gestion du pouvoir ?

Dans un travail structuré, nous allons faire la lumière sur ces différentes interrogations.

I- L’évolution historique de la colonie de la Haute-Volta

I-1- La création de colonie de la Haute-Volta en 1919

La colonie de la Haute-Volta faisait partie de la colonie du Haut-Sénégal et Niger. La


conquête coloniale qui s’est accompagnée d’exactions ou de contraintes coloniales (travaux
forcés, les corvées, l’impôt etc…) a entrainé la révolte des Marka, des Bwaba, des Samos, des
bobos et des gourounsis dite « révolte de la boucle de la Volta Noire ». Cette révolte a été
cruellement réprimée et a conduit à la division du Haut-Sénégal et Niger trop vaste pour être
contrôler et la création de la colonie de la Haute-Volta (1er Mars 1919). Ouagadougou était
choisi comme chef-lieu de la nouvelle colonie qui regroupait les cercles de Bobo Dioulasso,
Gaoua, Dedougou, Dori et Fada N’gourma.

I-2- la suppression de la colonie de la Haute-Volta en 1932

La Haute-Volta aux ressources naturelles limité mais riche de ses hommes, est
sacrifiée pendant la crise économique pour la mise en valeur des colonies françaises voisines.
Elle est divisée le 05 septembre 1932 entre le Soudan français(Mali), la Côte d’Ivoire et le
Niger pour fournir la main d’œuvre aux planteurs de la Côte d’ Ivoire, à l’office du Niger et
aux travaux de construction du chemin de fer Abidjan-Niger.

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I-3- La création de la Haute-Côte d’Ivoire-Niger

Les autorités politiques traditionnelles mossé opposées à la division du peuple moaga


réclament le rétablissement de la colonie et la restauration de la dignité des voltaïques
bafouées par les mauvais traitements infligés aux manœuvres. L’administration se contente de
créer la colonie de la Haute- Côte d’Ivoire-Niger qui comprend les cercles de Ouagadougou,
Kaya, Tenkodogo, Koudougou, Gaoua et Bobo Dioulasso.

I-4- La reconstitution de la colonie

Au regard des services rendu pendant la seconde guerre mondiale, le Moogho Naba Kom
entreprend de nombreuses démarches pour obtenir la reconstitution de la colonie. Aussi, les
actions des intellectuels, des partis politiques aboutissent à la reconstitution du territoire le 04
septembre 1947 dans ses limites de 1932.

II- Les facteurs de l’accession à l’indépendance de la Haute-Volta

I-1- les facteurs internes

Avant d’accéder à l’indépendance, les voltaïques ont dû se battre pour la reconstitution


de la Haute-Volta. En rappel la colonie de la Haute-Volta fut supprimée en 1932 et partagée
entre le Soudan français, le Niger et la Côte d’Ivoire. Cette mesure prise par la métropole
divise les fils de la Haute-Volta. Alors il fallait retrouver l’unité des voltaïque et accélérer le
processus d’accession à l’indépendance.

Reconstituée en 1947, la Haute-Volta s’engage dans la lutte pour son indépendance.


Cependant la période coloniale était marquée par des travaux forcés, des corvées, des tortures
et les paiements des impôts. En sommes, les voltaïques étaient victimes d’une exploitation
politique et économique. Face à cette oppression coloniale, les élites voltaïques prennent
conscience de leur situation de subordination vis-à-vis de la métropole et accélérer la lutte
pour la libération de la colonie.

II-2- les facteurs externes

Elles sont similaires aux facteurs externes de la décolonisation en Afrique. En effet, le


contexte d’après-guerre était favorable aux idées d’émancipations dans la colonie. Les
différentes réformes adoptées par la métropole en Afrique Noire accélèrent l’émancipation
des colonies. Le statut des colonisés qui s’est amélioré (citoyen) et les colonies qui deviennent

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des Territoires Outre-Mer (TOM) sont des avancées notables vers l’indépendance. La
représentation des Africains à l’assemblée française a favorisé la prise de décision améliorant
les conditions des indigènes. Au plan international, l’Organisation des Nations Unies (ONU)
interpelle les puissances coloniales à accorder plus de liberté aux populations sous domination
coloniale. A ces facteurs s’ajoute l’hostilité affichée par les Etats-Unis et l’Union des
Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) à la colonisation. Tous ces facteurs ont favorisé
l’éveille du sentiment nationaliste en Haute-Volta.

III- Les formes de lutte pour l’accession à l’indépendance de la Haute-Volta

III-1- La lutte des syndicats en Haute-Volta

Le syndicalisme s’est installé tardivement en Haute-Volta à cause de la suppression de


la colonie. Les syndicats dont l’objectif premier est la lutte pour l’amélioration des conditions
de vie et de travail ont défendu la justice sociale et celle économique. Ils ont dénoncé la
colonisation et réclamer les droits des peuples voltaïques. On avait en Haute-Volta la
Confédération Africaine des Travailleurs Croyants (CATC) constituée en Juillet 1956. En
plus on a l’Union Générale des Travailleurs Voltaïque (UGTV) et l’Union Nationale des
Syndicats Travailleurs (UNST) qui sont également connu pour leurs idées anticoloniales. A
côté des syndicats de travailleurs existaient des syndicats d’étudiants qui ont fortement
contribué à la lutte anticoloniale, notamment dans la revendication de l’indépendance. Ce
sont : l’Association des Scolaires étudiants Voltaïques (ASV) fondée à Dakar dans les années
1959 et regroupait les étudiants voltaïques. Les étudiants voltaïques fondaient l’Association
des Etudiants Voltaïques en France (AEVF) intégrée à la Fédération des Etudiants d’Afrique
Noire en France (FEANF).

III-2- La lutte des chefs traditionnels

La chefferie traditionnelle a joué un rôle important pour la survie de la Haute-Volta.


De la reconstitution à l’indépendance, les chefs traditionnels mossés ont affiché leur volonté
de liberté vis-à-vis de la métropole. En effet, dès 1945, le Moogho Naba Saaga II avait créé le
premier parti politique en Haute-Volta l’UDIHV (Union pour la Défense des Intérêts de la
Haute-Volta) devenu Union Voltaïque (UV). Le 17 juillet 1946 le Moogho Naba décide de
rencontrer à Ouahigouya le Yatenga Naba Tigré et ce malgré la coutume qui interdisait aux
deux rois de se rencontrer sous le moindre prétexte. Neuf(09) jours plus tard, il envoie une

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lettre au ministre de la France d’outre-mer et affirme au nom des deux rois et d’autre chefs
coutumiers, << le désir de conserver son unité familiale par la reconstitution d’urgence de la
colonie de la Haute-Volta>>. Finalement, la colonie retrouve ses limites définitives grâce à
l’action de la chefferie et des leaders politique. En 1958, la chefferie traditionnelle s’illustre
encore sur la scène politique. Naba Kougri tente d’instaurer sans succès le 17 octobre 1958
une monarchie constitutionnelle en Haute-Volta. La chefferie traditionnelle fut alors un acteur
clé dans le processus d’accession à l’indépendance de la Haute-Volta.

III-3- La lutte des leaders politiques

Reconstituée en 1947 grâce à l’action des chefs traditionnels et des leaders politique,
la Haute-Volta va évoluer au sein de l’Union Française à partir de 1948. En effet, dans le
cadre des élections législatives de juin 1948 remportées par l’Union Voltaïque, Henri
GUISSOU, Mamadou OUEDRAOGO et Nazi BONI deviennent les représentants de la
Haute-Volta dans le Palais Bourbon (Assemblé française). Mais à partir de 1954, l’unité au
sein de la Haute-Volta est menacée. Les leaders politiques comme Nazi BONI, Joseph
KONOMBO se désolidarisent du groupe et créé respectivement le Mouvement Populaire
Evolution Africaine (MPEA) en 1954 et le Parti Social d’Education des Masses Africaines
(PSEMA) en 1955.

L'adoption de la loi cadre en 1956 constituait une étape importante dans l'évolution
politique de la Haute-Volta. Pendant cette période, les partis politiques naissent et se
fusionnent. Le Mouvement Démocratique Voltaïque (MDV) de Gerald Kango
OUEDRAOGO et de Michel DORANGE nait, le PSEMA et le RDA se rapprochent pour
donner naissance au Parti Démocratique Unifié (PDU) présidé par Joseph CONOMBO. La
troisième force politique est celle du Mouvement Populaire Africain (MPA) de Nazi BONI.
Dans le cadre de la mise en place de l'assemblée territoriale en Haute-Volta prônée par la loi
cadre, les élections du 31 mars 1957 sont remportées par le PDU. La Haute-Volta met en
place son premier gouvernement national (7 membres du PDU et 5 membres du MDV).
Daniel Ouezzin COULIBALY du PDU est élu vice-président du conseil de gouvernement et
Yalgado OUEDRAOGO occupe le poste de président de l'Assemblée territoriale. En
septembre 1958, le referendum constitutionnel décide de l'appartenance de la Haute-Volta à la
communauté franco-africaine. Le 20 novembre 1958, Maurice YAMEOGO est élue président
du conseil de gouvernement en remplacement de Ouezzin COULIBALY mort en septembre

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1958. Mais l'année 1959 fut marquée par un climat de méfiance entre les leaders politiques.
Maurice YAMEOGO s'engage avec la Côte d'Ivoire, le Niger et le Dahomey pour créer le
conseil de l'entente (CE) le 29 mai 1959. Il devient dès lors hostile aux opposants et à la
chefferie traditionnelle. C'est dans ces conditions de méfiance que Maurice YAMEOGO
proclame l'indépendance de la Haute-Volta le 05 Août 1960. Le 20 septembre 1960 sous le
parrainage de la Tunisie et de la France, la Haute-Volta adhère à l'Organisation des Nations
Unies confirmant ainsi son appartenance à la communauté internationale.

IV- Maurice YAMEOGO et sa gestion du pouvoir

De nationalité burkinabè, Maurice Nawalagmba YAMEOGO est né le 31 décembre


1921 à KOUDOUGOU, ville située à 98 km à l’ouest de OUAGADOUGOU. Fils de paysans
moaga, il est issu selon ses propres mots d’une <<famille païenne complètement abandonné à
toute une foule de superstitions>> dont le nom Naoua Laguemba, parfois Nawalagmba, ce qui
signifie <<il viendra les rassemblé>>. Après avoir passé quelques années à l’école de son
village, Maurice YAMEOGO est admis au petit séminaire de Pabré, un des plus prestigieuses
institutions du pays. Outre le fait qu’elle forme la plus part des prêtres du pays, le petit
séminaire fournit à l’administration publique et privé ses premiers hauts cadres. Le 05
septembre 1934 il quitte sa famille pour ses humanités. Il fait ainsi la rencontre de
nombreuses personnalités voltaïques telles que Joseph Ki ZERBO, Joseph OUEDRAOGO,
Pierre TAPSOBA avec qui il se lie d’amitié. Mais ses fréquentations l’auraient éloigné de la
rigueur ecclésiastique. Il décède donc à Ouagadougou le 15 septembre 1993 à l’âge de 71 ans.

IV-1- La carrière politique de Maurice YAMEOGO

Monsieur Maurice a incarné l’État voltaïque au moment de l’indépendance. Membre


de l'administration coloniale, Maurice YAMEOGO se fraye dès 1946, une place dans le dense
paysage politique de la Haute-Volta grâce à ses qualités oratoires.

Sa carrière professionnelle l'amène à exercer à Abidjan en Côte d'Ivoire en 1940. Mais très
vite Maurice YAMEOGO s'engage en politique. Le 15 décembre 1946, il est conseiller
général de Koudougou a la première Assemblée territoriale de Côté d'Ivoire (de 1932 à 1947).
Membre du Rassemblement Démocratique Africain, (RDA), il va ensuite rejoindre l'Union
Voltaïque(UV). En 1948, à 26 ans Maurice YAMEOGO est élu Grand Conseiller de l'Afrique

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Occidentale française. En 1957, il est élu à l'Assemblée territoriale de la Haute Volta et
intègre le premier gouvernement formé par Daniel Ouezzin Coulibaly, en application de la
loi-cadre Gaston Defferre (1956), comme ministre de l'agriculture. Maurice YAMEOGO est
nommé Ministre de l'intérieur en 1958 et dévient le numéro deux(2) du gouvernement
Ouezzin. Ainsi, au décès du chef du gouvernement Ouezzin Coulibaly en Septembre 1958,
Maurice YAMEOGO assure l'intérim avant d'être élu le vingt(20) Octobre de la même année
Président du conseil.

Le Onze(11) Décembre 1958, la République de la Haute-Volta est proclamée indépendante et


Maurice YAMEOGO en devient le Président. Le cinq(05) Août 1960, il proclame
l'indépendance du pays en ces termes << Mes chers compatriotes voltaïques, aujourd'hui 05
Août 1960 à 00h, au nom du droit naturel de l'homme à la liberté, à l'égalité et à la fraternité,
je proclame solennellement l'indépendance de la république de la Haute-Volta>>.

IV-2- La gestion du pouvoir de Maurice YAMEOGO

 Sur le plan social :

Affichant un visage chrétien, le régime dictatorial de YAMEOGO jouit au départ, du


soutien de l’Église catholique voltaïque. En 1964, l’État supprime les subventions en faveur
de l’école privée, essentiellement catholique. Le clergé, dont les finances sont attaquées, se
montre plus critique. La rupture est définitivement consommée en 1965. Cette année-là, le
président de la République fait emprisonner son épouse Félicité, divorce, et se remarie le 17
octobre en grande pompe avec la métisse « Miss Côte d’Ivoire » Nathalie Monaco, assisté
pour l’occasion des présidents ivoirien Félix Houphouët-Boigny et nigérien Hamani Diori.
Comble de la frivolité, ses noces se déroulent avec faste dans les Caraïbes et au Brésil. Sous
l’impulsion de son chef, le cardinal autochtone Paul ZOUNGRANA, l’Église voltaïque met
tout son pouvoir moral pour discréditer Maurice YAMEOGO. Le climat religieux se dégrade
encore lorsque, à son retour de voyage de noces en 1965, Maurice YAMEOGO s'en prend
maladroitement par radio, aux charlatans et marabouts, provoquant l'indignation des
musulmans. Sans doute dans un esprit républicain, Maurice YAMEOGO prend tout au long
de sa présidence des mesures à l’encontre de la chefferie dite traditionnelle. Dès janvier 1962,
un décret interdit le port de tout insigne rappelant les chefferies coutumières de l'époque
coloniale. Le 27 décembre 1963, une circulaire supprime les cantons au profit des villages :
les chefs de canton se retrouvent sur un pied d’égalité avec les chefs de village qui

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administrativement leur étaient subordonnés. Le 28 juillet 1964, un décret prévoit qu’en cas
de vacance d’un poste de chef de village, il soit procédé à son remplacement par une élection
à laquelle peuvent participer tous les habitants du village inscrits sur les listes électorales.
Le 11 janvier 1965, un nouveau décret supprime les rémunérations des chefs. Ces dispositions
sont très bien accueillies dans l’ouest du pays où les chefferies avaient été introduites par les
Français. En revanche dans l’est, un malaise naît, jouant contre le président de la République
Maurice YAMEOGO qui perd ainsi tour à tour le soutien des notables dits traditionnels, des
syndicats et du clergé. Ses dépenses somptuaires comme la construction d'une Maison du
parti, n’améliorent en rien une situation qui devient dramatique aux mois de mars et avril
1965 lorsqu'une épidémie de rougeole meurtrière s’abat sur le pays par manque de vaccins
dans les hôpitaux et les dispensaires. En octobre, le manque de classes et de maîtres rend la
rentrée scolaire particulièrement difficile. Beaucoup d’élèves sont renvoyés chez eux, alors
même que le taux de scolarisation dans le pays est d’environ 8 %. En décembre 1965, son
projet avec Félix Houphouët-Boigny d’accorder la double nationalité à tous les ressortissants
de la Haute-Volta et de la Côte d’Ivoire termine d'entamer sa popularité. Pour beaucoup de
Voltaïques, cette décision revient à les livrer pieds et poings liés à l’exploitation des Ivoiriens.

 Sur le plan économique :

Lors de l’accession à l’indépendance, Maurice YAMEOGO se retrouve à la tête d’une


des économies les plus démunies au monde. Le PIB annuel d’environ 40 milliards de francs
CFA, est quasi-entièrement réalisé par des activités de subsistance. Sur
les 3 600 000 habitants, 94 % d'entre eux se livrent à l’agriculture elle-même composée pour
85 % de cultures vivrières. L’industrie légère, embryonnaire, emploie quelques 4 000 salariés
dans une quarantaine d’installations agro-alimentaires et de transformation. Il n’existe à
l’époque, que deux centrales électriques, l’une à Ouagadougou, l’autre à Bobo-Dioulasso,
ayant une puissance maximale de 3,5 MW pour 3 000 abonnés. Par ailleurs, la Haute-Volta
comporte en tout et pour tout, 509 km de voies ferrées et 15 000 km de routes bitumées que
dans quelques rares centres urbains. Malgré les efforts entrepris depuis 1954 par les autorités
françaises, l’agriculture voltaïque demeure peu productive. Le plan de 1958 à 1962, cofinancé
par le Fonds d’aide et de coopération (FAC) français et le budget voltaïque, se révèle
décevant dans ses objectifs d’organisation d’un système d’encadrement rapproché et de
constructions de barrages hydro-agricoles. L’État tout en incitant à la constitution de

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coopératives et de mutuelles de crédits, élabore un projet de plan quinquennal pour la période
de 1963 à 1967. Très ambitieux, il prévoyait une croissance soutenue de la production
agricole de 4,7 % par an. Mais son coût de réalisation, estimé à 1,5 milliard de francs CFA, ne
permit jamais son application. YAMEOGO se tourne alors vers les accords de coopération
franco-voltaïques pour obtenir l’aide des sociétés françaises de développement rural. Sur
place, ces compagnies introduisent de nouvelles techniques dans les exploitations vivrières.
Une amélioration nutritionnelle est observée dans les zones à déficit alimentaire. Ces efforts
de vulgarisation, conjugués à des prix assurés et connus par avance par l’agriculteur, font
augmenter la production du coton de 8000 tonnes en 1963 à 20000 en 1967. Le coton occupe
une place croissante dans les exportations de la Haute-Volta. Ce dernier s'élève en 1965
à 3 680 millions de francs CFA. Elles sont composées pour deux tiers de leur valeur
de cheptel. Malgré un sol pauvre en ressources minières, le pays exporte pour 687 millions de
francs CFA d’or brut de 1961 à 1963. Il est à remarquer que la Haute-Volta est le seul pays
d'Afrique dont les exportations principales se font vers un État africain. Son principal
partenaire est la Côte d’Ivoire, bien que le Ghana lui a volé un temps la vedette en 1963 avec
40,5 % des exportations avant d'être relégué en seconde position en 1965 avec 17,6 %. La
France, troisième débouché de la Haute-Volta, fournit quant à elle 52 % des 9 169 millions de
francs CFA de produits importés en 1965. La balance commerciale accuse en 1965, un déficit
de 5 489 millions de francs CFA.

 Sur le plan politique :

Après être élu le 20 octobre 1958 comme président du conseil de la Haute-Volta,


Maurice YAMEOGO mettra rapidement en place un parti unique afin d'éliminer ses
opposants c'est ainsi qu'il fut élu comme président de la république le 11 décembre 1959.
Après la proclamation de l'indépendance de la Haute-Volta le 05 Août 1960, Maurice
YAMEOGO affirmera la dictature en promulguant le 30 novembre1960 une nouvelle
constitution qui lui confère plus de pouvoir. L'écartement de ces opposants se manifeste à
travers des emprisonnements comme le cas de Joseph OUEDRAOGO qui était le président du
conseil municipale de Ouagadougou ; l'exil comme le cas de Nazi BONI qui fut contraint à
s'exiler pour éviter la prison. Le régime de YAMEOGO était caractérisé par une instabilité
ministérielle car chaque année de nombreux remaniements ministériels improvisés étaient
effectués. En fonction de ses humeurs, il annonçait par radio sans consultation préalable, la

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nomination ou la révocation de ministre. Maurice YAMEOGO est donc le dirigeant exécutif
de la République en Haute-Volta, il se représente comme candidat unique à l'élection
présidentielle du 03 octobre 1965, organisé au suffrage universel, au cours de laquelle il est
réélu avec 99,97% des voix. Lors des législatives du 07 novembre, où le taux de participation
était de 41%, la liste unique qu'il a imposé remporte 99,89% des suffrages. Le 05 décembre, la
formation politique de YAMEOGO est également victorieuse lors des élections municipales
organisées à listes unique UDV-RDA.

V- La chute du régime de Maurice YAMEOGO

V-1- Les raisons

Maintes raisons peuvent justifier la chute du président Maurice YAMEOGO. On


distingue entre autres l'inconscience politique qui caractérisait Maurice YAMEOGO; l'abus
du pouvoir du parti unique; les mesures antipopulaires décrétées à une période difficile pour
les masses; la soumission du pays à l'impérialisme; la mobilisation des masses laborieuses du
pays décidées à se défendre; la contestation qui était née au sein du RDA à cause des
municipales d'octobre 1965 où les candidats avaient été imposés à la base sans consultation; le
mécontentement de certains dirigeants du RDA évincés lors des remaniements ministériels
qui devenaient des opposants silencieux. Force est de souligner que le remariage du président
et l'énorme déficit du Budget national constituent les véritables raisons de la chute de Maurice
YAMEOGO.

V-2- La riposte des syndicats

Les mouvements démocratiques avaient eu raison de réagir positivement face à ces


mesures impopulaires. Non content de la misère qu'il maintenait dans le pays et de
l'exploitation des masses laborieuses qu'il favorisait pour le néo-colonialisme, le
gouvernement néocolonial, ce conglomérat de petits bourgeois politico-bureaucratiques,
voulait que le peuple paie les pots cassés de sa politique néfaste en décidant ces mesures.

Le 29 décembre, sur proposition de l'USTV, les syndicats se réunirent à Ouagadougou


et formèrent un Inter-syndicat qui attaqua violemment les mesures gouvernementales. L'Etat
d'urgence fut décrété et la police dispersa les syndicalistes. Ceux-ci lancèrent alors un mot
d'ordre de grève générale pour le 3 janvier 1966.

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Lors de cette manifestation, des cris : « l'armée au pouvoir » furent lancés. Maurice
YAMEOGO fut contraint a démissionné dans la même journée. A dix heures du soir, sous
l'insistance des manifestants, le colonel Sangoulé LAMIZANA, chef d'Etat-Major, annonça
qu'il « décide d'assurer les charges dévolues au chef de l'Etat jusqu'à nouvel ordre ». La
Première République de Haute-Volta était tombée.

CONCLUSION

En définitive, il faut retenir que le processus d’accession à l’indépendance de la Haute-


Volta est similaire à celui des autre pays d’Afrique Noire Française. Figure emblématique de
cette indépendance, Maurice YAMEOGO est devenu très célèbre dans le pays à travers sa
détermination et ses travaux remarquables. Par ailleurs cette gloire sera de courte durée à
cause de sa mauvaise gouvernance, la gabegie et son hostilité envers les chefs traditionnels.
Ces facteurs entrainent une instabilité politique et socio-économique conduisant à sa
démission. Il sera alors remplacer par son chef d’Etat-major Sangoulé LAMISANA à la tête
de l’Etat.

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Bibliographiques :

Ouvrages :

 Charles Kabeya Muase, 1989. Syndicalisme et démocratie en Afrique noire:


l'expérience du Burkina Faso (1936-1988), Paris, Éd. Karthala, 252 p.

 Frédéric Guirma, 1991. Comment perdre le pouvoir?Le cas de Maurice YAMEOGO,


Paris, Éditions Chaka, coll. «Afriquecontemporaine», 159p.

 Pascal Zagré, 1994.  Les politiques économiques du Burkina Faso: une tradition
d'ajustement structurel, Paris, Éd. Karthala.

 Frédéric Lejeal, 2002. Le Burkina Faso, Paris, Éd. Karthala, 336 p.

 Pierre-Michel Durand, 2007. L’Afrique et les relations franco-américaines des années


soixante, Paris, Éd. L’Harmattan, 554 p.

Webographies :
 http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Maurice_Yam%C3 page consultée le 06 janvier 2021 à
15h
 http://www.erudit.org/fr/revues/ps/2019-v38-ps04754/1062037ar/page consultée le 06
janvier 2021 à 17h

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