cadre des anciens territoires coloniaux, les Etats
Africains n’ont pas cessé de mettre sur pied diverses formes de regroupement pour tenter de surmonter les inconvénients inhérents à ce qui fût naguère appelé la Balkanisation du Continent. Ce phénomène a été particulièrement marquée dans la Région de l’Afrique Occidentale où on a assisté à une prolifération d’organismes internationaux présentant des caractéristiques variables quant à leur objet, leur composition, leur fonction et leur mode de fonctionnement. Depuis quelques années, les dirigeants Africains en général et Ouest Africain en particulier ont ressenti le besoin d’une remise en ordre et d’une certaine rationalisation des différentes structures interétatiques et en même temps, ils ont perçu la nécessité de dépasser le stade de la coopération inter gouvernementale. Les solidarités propres aux populations de la région jointe à une relative homogénéité territoriale ont fait naître le dessin de la construction d’un grand ensemble sur la base d’une intégration économique des Etats de la région. Mais, ce grand but s’est heurté à des obstacles qui ont obstrué la voie de l’intégration. Cependant, de nouvelles tendances sont apparues à la suite de récentes métamorphoses du cadre même de l’intégration Ouest Africaine. Nous allons privilégié l’approche institutionnelle sur les autres types d’approche. C’est l’histoire qui fournit plus d’informations aux problèmes du regroupement des Etats en Afrique de l’Ouest. Contrairement à d’autres parties du Continent, l’Afrique de l’Ouest a très tôt expérimenté des formules fédératrices. Dès le 10ème siècle dans le futur espace Africain, émerge un premier empire noir qui s’étend du haut Niger au Sénégal en passant par Tombouctou. Lorsque cet empire décline, c’est l’empire du Mali qui prend la relève et vers 1240, son bâtisseur Soundjata Keita est à la tête d’une vaste d’une vaste confédération des peuples. À partir du 16ème siècle et jusqu’au 18ème des dessins fédérateurs se font rares. D’autres tentatives d’intégration notamment celles de El Hadj Omar Tall et de Samory Touré,….. mais elles souffraient d’une menace de plus en plus sérieuse….qui les confine de plus en plus dans une position défensive donc l’acquis de l’histoire n’est pas négligeable. Il semble même que l’Afrique Occidentale avait réalisé un objectif que les organisations d’intégration actuelles se sont fixées : c’est l’instauration d’une monnaie unique. Le décret de 1895 qui instaure l’Afrique Occidentale AOF avoue prendre acte d’un certain nombre de solidarités propres à chaque partie du Continent. D’autre part, il y’a aussi les implications pratiques de la loi du 30 juin 1975 appelée loi Lamine Gueye relative à la fonction publique en Afrique. Cette loi instaure la mobilité des fonctionnaires en Afrique de L’ouest, circonstance qui va jouer un rôle décisif au moment de l’accession à la souveraineté internationale des anciennes colonies. Cette « intelligencia » nomade prêchera sa bonne parole à travers tous les pays de la sous région. Le fait que les grandes questions de l’heure aient été débattues entre les hommes politiques issus des différents pays de la sous région, a incontestablement forgé plutôt qu’ailleurs, une conscience sous régionale qui est la base même des entreprises d’intégration ultérieure. Les juristes n’ont pas été les plus nombreux à travailler sur la matière de l’intégration. C’est la raison pour laquelle les approches sur l’intégration ont rarement été institutionnelles.
CHAPITRE I : L’HYPOTHÈQUE COLONIALE À LA
RÉALISATION DE L’INTÉGRATION AFRICAINE Dans l’histoire, le phénomène de l’intégration a toujours rencontré la force de résistance qui se sont dressé devant elle. Ces forces de résistance tiennent à l’histoire des Etats. Les préoccupations administratives des autorités coloniales ainsi que l’impératif de l’efficacité ou même de l’efficience dans la gestion des territoires conquis sont à l’origine d’un certain nombre de mesures d’inspiration unificatrice. Ainsi, la création de ce grand ensemble que fut l’AOF et l’AEF, répond au souci d’une bonne administration. De façon indirecte, cette volonté centralisatrice a pu aider à l’intégration des Etats issue de la colonisation. Tant qu’on envisage le regroupement des Etats abstraction faite de leur passé, la colonisation apparaît plus comme un facteur de division que d’union. Ainsi dans la marche vers l’unité, l’Afrique a toujours traîné la charge de son passé coloniale. Il s’agit d’apprécier le poids d’une telle charge à travers ces principales manifestations. SECTION I : L’OMBRE TUTAILAIRE DES ANCIENNES PUISSANCES
PARAGRAPHE I : LE RÔLE PIONNIER DU
COLONISATEUR DANS LES REGROUPEMENTS SOUS RÉGIONAUX Une fois les indépendances acquises, les ex puissances coloniales ont voulu conservé des liens particuliers avec leurs ex colonies et ont suscité elles mêmes des regroupements fondés sur la communauté du passé. Dans l’Afrique de l’Ouest, on dénombre trois zones de colonisation différentes : la zone francophone, la zone anglophone et la zone …. La France a cherché à regrouper ses ex colonies avant même la consécration formelle de leur indépendance. Ainsi, la convention d’union douanière du 9 juin 1959 regroupait déjà des pays qui n’étaient pas encore souverains et qui demeuraient membre de la communauté française ( La Cote d’Ivoire, le Dahomey, la Haute Volta, la Fédération du Mali, la Mauritanie et le Niger) ; c’est seulement la Guinée qui ne faisait pas partie. De la même manière, des organisations telles que UAM (Union Africaine et Malgache) mis sur pied par la Charte de Tananarive du 7 septembre 1961, ainsi que l’OCAM (Organisation Commune Africaine et Malgache) créée en 1967, la CEAO (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest) créée en 1972 portent le stigmate de l’ex puissance coloniale Française. La disparition de la CEAO depuis 1994 n’a pas levé l’obstacle dans le regroupement des Etats en Afrique de l’Ouest. Ainsi, la création de l’UEMOA Union Économique Monétaire de l’Ouest Africaine) en 1974 au lendemain de la dévaluation du Franc CFA appelée à se substituer à l’UMOA ( Union Monétaire Ouest Africaine) établi en 1973 se situe dans la continuité de la CEAO. Bien que sont de moindre envergure les efforts des deux autres ex puissances coloniales en Afrique de L’Ouest ne doivent pas être négligées. La Grande Bretagne a très tôt voulu patronner le processus de ces ex colonies et les a regroupé dans le cadre du Commonwealth et a fortement inspiré leur système politique constitutionnel et administratif. Le Portugal a autant cherché à se constituer un préparé en suscitant en 1979 un comité chargé de la coordination de sa coopération avec ses anciennes colonies.
PARAGRAPHE II- LA SUPPLÉANCE DE FAIT DES
ORGANISATIONS SOUS RÉGIONALES DANS LE TRAITEMENT DES CRISES Le péril et l’urgence qui caractérise les situations de crise ne permettent de rejeter aucune bonne volonté conciliatrice ou médiatrice. Or, du point de vue juridique, les Organisations Ouest Africaine ne sauraient prétendre au monopole du traitement de tels différends. Rien dans leurs droits originaires ou dérivés ne les y autorisent. Du point de vue strictement politique, toute réquisation d’une bonne volonté extérieure serait maladroite et quelque fois mesquine. Donc, ces Organisations Sous Régionales se trouvent dans l’obligation de fait de subir la concurrence. Les limites et les carences de l’Organisation Sous Régionale ont été mises à nue par les interventions extérieures des ex puissances coloniales dans le règlement des crises. Par exemple, en Guinée Bissau, une rébellion a éclaté au mois de juin 1998 dans les rangs de l’armée. La crise qui va en naître va donner lieu a diverses tentatives de médiation concurremment initiée par la CEDEAO et par la Communauté des Pays de Langue Portugaise. De même, les développements de la situation Sierra Léonaise, ont mis en avance ce risque de rivalité dans le traitement des crises sous régionales. Cette fois-ci, la concurrence est venue de l’ancienne puissance coloniale qui est la Grande Bretagne. Dans ces deux cas qui viennent d’être cités et qui sont loin d’être les seuls, la réintroduction de l’ancienne puissance coloniale a plus ou moins discrédité les Organisations Sous Régionales. Le poids de la colonisation ne s’est pas seulement manifesté de cette seule façon. L’obstacle du passé a également pesé sur les initiatives des Etats Ouest Africains eux-mêmes SECTION II- LES HANDICAPS DES ÉTATS ÉMANCIPÉS Ils se sont traduits par la difficulté de s’évader des conditionnements du passé mais aussi par l’échec des premières tentatives de regroupement .L PARAGRAPHE I- DIFFICULTÉ DE PENSER L’ÉMANCIPATION HORS DES SCHÉMAS COLONIAUX Pendant longtemps, la décolonisation a été pensée non pas de manière globale ou solidaire mais en fonction d’une communauté forgée par la puissance coloniale. Les ex colonies anglophones, francophones et plus tard lusophones se sont longtemps enfermées dans leur particularité linguistique et leur tête-à-tête avec les puissances coloniales en choisissant de discuter de l’indépendance entre soi et en excluant les autres. Ainsi, dans les colonies anglaises, un mouvement d’émancipation s’esquisse assez tôt dans les années 20. La première réunion des élites Africaines a eu lieu en 1920 et réclamait le bénéfice de recommandation d’un rapport parlementaire de 1867 qui parlait d’encourager chez les indigènes, l’exercice de ces qualités qui peuvent permettre de leur transférer de plus en plus l’administration et le gouvernement. En 1943 est publié un mémorandum intitulé « la charte de l’Atlantique et de l’Afrique Occidentale Britannique ». Cette initiative montre encore que les colonies anglaises entrevoyaient l’indépendance à l’exclusion des autres colonies. Dans les possessions françaises également, la perspective du regroupement postérieurs aux indépendances fut longtemps pensée sans les autres peuples. Ainsi, la plupart des leaders Africains à l’époque pensaient déjà que l’Afrique d’expression française est une réalité politique, économique et culturelle dont ils ont le devoir impérieux de sauvegarder l’unité. PARAGRAPHE II- L’ÉCHEC DES PREMIÈRES TENTATIVES DE DÉPASSEMENT L’hypothèque de la colonisation fut si pesante qu’elle annula toutes les tentatives qui s’inscrivent en faux. Certes des initiatives comme la mise en place de la West African National Secretary à Londres en 1946 dont l’ambition était de rassembler les peuples de la sous région sous domination française et britannique, traduisent bien la prise en conscience de la nécessité de rompre avec les conditionnements du passé. Bien que sont peu nombreuses la plupart de ces entreprises ses sont en réalité soldé en échec. C’est ainsi que l’idée de la communauté des Etats Africains indépendants évoquée en juin 1959 n’eut pas suite. CHAPITRE II- LES OBSTACLES POLITIQUES À LA RÉALISATION DE L’INTÉGRATION AFRICAINE L’Afrique de l’Ouest n’a pas échappé à cette donnée fondamentale des relations internationales que fut la rivalité Est-Ouest. A dire vrai, c’est tout le continent Africain qui fût traversé par cette fracture. Une organisation comme l’OUA faillit en éclater dans les années 75-80 à l’occasion de la discussion des questions comme celles du soutien aux mouvements de libération de l’Angola et du Mozambique, de l’adhésion de la République Arabe Sahraoui démocratique ou encore la question de non alignement. La ligne de partage était toujours la même : les « pays modérés » contre les « pays progressistes » . Il n’est pas exagéré de dire que la fin de la rivalité Est-Ouest atteste la redynamisation du processus d’intégration dans les années 90. SECTION I- L’IMPACT DES ANTAGONISTES IDÉOLOGIQUES Le groupe de Casablanca resulte d’une initiative lanceepar le Président Mohamed 5 au Maroc et fixe le but de cette organisation internationale qui est la SUMA : faire triompher les liberté dans toute l’Afrique, réaliser son unité et cela dans le cadre du non alignement : la liquidalisation du colonialisme ou du néocolonialisme sous toutes ses formes. Autour de ces grands blocs, des divergences ne vont pas tarder à se faire jour. Ainsi en 1960, l’unité de l’Afrique dans son ensemble est mise à mal par la crise Congolaise. Le Brazzaville, sous la houlette de HOUPHOUËT BOIGNY soutient KAZAVUBU alors que l’Afrique progressiste était favorable à LOUMOUMBA. PARAGRAPHE II- L’INCIDENCE DES TROUBLES POLITIQUES SUR LE FONCTIONNEMENT DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES Elle tient à la politisation outrancière qui affecte les organisations Africaines. Les Etats n’existent que par l’idéologie à laquelle ils s’affilient. Tout changement de leur régime politique entraîne une remise en cause de leur appartenance aux organisations internationales. Or dans les années 60, le coup d’Etat est le mode ordinaire d’accès au pouvoir. Cela perturbe le fonctionnement des organisations auxquelles l’Etat est membre. Du jour au lendemain, un État peut s’affranchir de ses obligations de membre. La politisation des organisations internationales Africaines est de ce point de vue, un facteur d’insécurité juridique mais aussi elle porte une dynamique de remise en question des principes du droit international. En même temps, elle constitue un élément retardateur de l’unité Africaine. Exemple : L’histoire de l’idée de Fédération du Mali l’a bien illustrée parce qu’un Etat comme la Haute-Volta qui a participé à la réunion de Dakar de janvier 1959 consacrée à la mise sur pied de cette fédération, s’est brusquement retirée du processus à la suite du changement du gouvernement alors même qu’une Constitution fédéraliste avait été adoptée à l’unanimité par l’assemblée législative. C’est par la suite que le Niger et le Dahomey se retire. Le changement de régime politique au Togo au début de l’année 1963 va également perturber de manière spectaculaire le fonctionnement de deux organisations de l’Afrique de l’Ouest. Enfin, la question Congolaise avait suscité des tiraillements au sein de l’Organisation Commune Africaine et Malgache (OCAM). La République Démocratique du Congo fut admise en 1965 à la Conférence Extraordinaire d’Abuja par 7 Etats sur 12. Quand elle ne donne pas lieu à des tensions ouvertes allant jusqu’à remettre en cause la survie même des Organisations internationales, les différentes orientations politiques des Etats peuvent susciter des dysharmonies préjudiciables à la bonne réalisation des objectifs définis par l’organisation. Tel a été le cas à la CEDEAO s’agissant de la négociation des règles d’origine et du protocole portant sur les entreprises communautaires. Alors que les Etats modérés étaient adeptes d’une approche libérale laissant place à une participation extracommunautaire, les autres inspirés par le socialisme, étaient pour une participation Étatique exclusive. Toutes ces divergences politiques et idéologiques qui minent le fonctionnement des organisations en cause trahissent parfois des ambitions plus subjectives c’est-à-dire des querelles de leadership. SECTION II- LES QUERELLE DE LEADERSHIP Le fondement de telles prétentions diffère selon les étapes. Il peut d’abord consister en une sorte de prestige conféré par l’histoire, la nostalgie d’un certain passé. Le leadership peut également vouloir s’appuyer sur une puissance économique ou militaire dont on semble requérir la ratification juridique ou politique. Dans l’ensemble Ouest Africain, quatre États ont cherché à imprimer leurs marques aux divers essais d’intégration. Il s’agit du Sénégal, du Ghana, de la Côte d'Ivoire et du Nigeria. Le leadership Ivoirien se distingue toutefois des autres dans la mesure où son inspiration est plutôt négative. La Côte d’Ivoire cherche à fédérer des Etats autour d’elle parce qu’elle est opposée à la philosophie de l’intégration défendue par le Ghana et le Sénégal notamment. De ce point de vue, l’attitude de la Côte d’Ivoire doit être dissociée des autres. PARAGRAPHE I- LES PRÉTENTIONS INSINUÉES Le Sénégal a montré dans les années précédents les indépendances, le rôle qu’il entendait jouer dans la Nouvelle Afrique de l’Ouest. Ce rôle pionnier, il l’avait jouer au sein de l’Afrique Occidentale Française. A- LE LEADERSHIP SÉNÉGALAIS La création même de cette AOF dont Dakar étai la capitale, avait suscité la crainte d’une hégémonie Sénégalaise en Afrique de l’Ouest. Dans une pétition du mois de mars 1895, les commerçants de la sous région s’inquiétaient pour la bonne marche de leurs affaires de l’annexion de la Guinée au Sénégal. Dans l’organe de presse « La liberté des colonies » du 16 juin 1895, on lisait qu’on aurait dû laisser la Guinée et la Côte d’Ivoire en dehors de la combinaison car elles sont éloignées du Sénégal et ne gagneront rien à devenir des satellites gravitant autour de Saint- Louis ou de Dakar. La place du Sénégal dans l’AOF ne résulte pas de l’arbitraire. Outre l’avantage de sa situation géographique, le pays avait un poids économique relativement important. Avec la Côte d’Ivoire, ils constituaient le principal pourvoyeur de ressource de la sous Région. Capitale de l’AOF, ………………… B-…………… C- LE LEADERSHIP NIGERIAN Le Nigeria a également prétendu au leadership de l’Afrique de l’Ouest. Cet Etat s’appuie tout simplement sue sa puissance économique et son poids démographique, sur son qualificatif de géant de la sous région. Pendant longtemps, le regroupement des Etats en Afrique de l’Ouest encore tributaire des schémas coloniaux, s’est essentiellement opéré contre le Nigeria (UMOA, CEAO) sont des Organisations Francophones donc anti anglophones ayant vocation à sauvegarder le précaré hexagonal. C’est par le biais de la CEDEAO créée en 1975 que le Nigeria entrait dans une organisation vraiment Ouest Africaine. En 1990, le Nigeria et la Côte d’Ivoire assuraient 72% des exportations de la CEDEAO. En l’an 2000, le Nigeria représente à lui tout seul 51% du Produit Intérieur Brut de la CEDEAO. Cette puissance économique implique de facto des devoirs. Le Nigeria a été considéré comme le gendarme de la sous région. Compte tenu de sa forte implication dans le maintien de la paix Ouest Africaine, il a fournit les 3/4 de l’effectif de l’ECOMOG. Il va de soi que parmi les différentes prétentions au leadership sous régional, celle du Nigeria compte beaucoup aujourd’hui. Le Sénégal et le Ghana se base sur leur passé ou sur le prestige de leurs dirigeants d’hier pour réclamer leur leadership. Leurs ambitions correspondent ainsi à un moment seulement de l’histoire de l’intégration, celui de ces balbutiements. S’il est dit que toute organisation internationale pour atteindre ces buts a besoin du secours d’un ou de quelques Etats membres faisant fonction de locomotive. C’est assurément le Nigeria qui, dans l’ensemble Ouest Africaine, a vocation à remplir un tel office. PARAGRAPHE II- UN LEADERSHIP RÉACTIF : LE CAS DE LA CÔTE D’IVOIRE L’attitude de la Côte d’Ivoire a longuement été caractérisée par un certain scepticisme à l’égard de certaines formes de groupements qui implique le plus de transfert de souveraineté. A dire vrai, il s’agit moins d’un scepticisme de principes à l’égard du droit international que d’une certaine réticence à se joindre à des communautés inégalitaires nécessairement redistributrices. L’exception Ivoirienne se nourrit d’un certain égoïsme. Cela n’est pas surprenant outre mesure car il est compréhensible que des pays relativement bien fournit par la nature rechignent à s’engager dans des processus qui impliquent des sacrifices pour les peuples. Au sein même de l’ex AOF, la Côte d’Ivoire avait toujours contesté le fait qu’avec le Sénégal elle supportait le déficit du budget des autres territoires. En 1950, la Côte d’Ivoire a réitéré une requête déjà faite en 1947, celle de sortir de la fédération de l’AOF pour ne plus dépendre directement que du ministère de la France d’Outre-Mer. Dans la perspective du référendum de 1958, la Côte d’Ivoire était hostile à toute entreprise visant à fédérer les anciennes colonies. Une fois les indépendances acquises, la Côte d’Ivoire va rester fidèle à sa vision. Que reste t-il aujourd’hui de tous ces obstacles qui ont pesé sur l’intégration des Etats de l’Afrique de l’Ouest ? Dans quelle mesure ces hypothèques affectent-elles éventuellement les tendances d’aujourd’hui ? L’obstacle du passé colonial n’a pas entièrement disparu ; il continue encore d’expliquer certaines données. La médiation de la communauté de langue Portugaise en Guinée Bissau, l’intervention pilotée par la Grande Bretagne en Sierra Léone, l’intervention de la France en Côte d’Ivoire, ont mis en évidence les carences de la CEDEAO. CHAPITRE III- LES TENDANCES D’AUJOURD’HUI : LE RÉAJUSTEMENT INSTITUTIONNEL PARAGRAPHE I – LA PROMOTION DES ORGANES INTÉRIEURS Cette nouveauté se manifeste par la place acquise par le secrétariat des organisations d’intégration sous régionales : secrétariat exécutif CEDEAO devenu Commission de la CEDEAO et la commission de l’UEMOA qui sont des institutions qui être à proprement parler le secrétariat n’en demeure pas moins une sorte d’équivalence de celui-ci. La prépondérance des organes inter gouvernementaux sur les organes intégrés a longtemps constitué une caractéristique des organisations internationales Africaines. La CEDEAO et l’UEMOA ont entendu rompre avec cette tradition à travers respectivement le renforcement statutaire du secrétariat exécutif d’une part et l’institution d’une commission et d’un parlement d’autre part. A- LE SECRÉTARIAT EXÉCUTIF DE LA CEDEAO La promotion du secrétariat exécutif ressort d’une confrontation avec la condition de cet organe dans le traité de 1975. Un seul article lui était consacré dans le traité de 1975 alors qu’aujourd’hui, quatre articles lui sont consacrés. Les innovations sur le fond sont nombreuses et importantes. 1-L’indépendance du secrétariat exécutif D’abord, le principe d’indépendance qui gouverne le statut du secrétariat exécutif est mieux affirmé. L’ancien article 8 paragraphe 8 se bornait à énoncer que le secrétariat exécutif n’était responsable que devant la communauté. De manière implicite, cela signifiait certes qu’il n’était pas responsable devant les Etats membres proprement dit. Une telle formulation situe plus une responsabilité, affirme plus une relation de dépendance qu’elle définit une qualité intrinsèque et positive de l’organe en question. L’ancien article 8 était une sorte de gage accordée au secrétariat exécutif qui pouvait éventuellement en user comme un moyen de défense ou ligne de replis. Le nouvel article 20 exprime de manière directe et positive cette indépendance. Chaque Etat membre s’engage à respecter le caractère international du statut du secrétariat exécutif, des secrétaires exécutif adjoints et des autres fonctionnaires de la communauté et s’engage à ne pas chercher à les influencer dans l’accomplissement de leurs fonctions. 2-La professionnalisation du secrétariat exécutif La fonction du secrétaire exécutif fait l’objet d’une certaine professionnalisation. Le critère de la compétence apparaît, la désignation de celui-ci n’obéit plus uniquement à des considérations politiques. Il est indiqué au-delà du respect de la règle de la représentation équitable des Etats au sein du secrétariat exécutif, l’aptitude personnelle est requise. C’est pourquoi, un comité de sélection et d’évaluation du rendement des fonctionnaires statutaires est prévu pour la sélection des membres du secrétariat. L’article 18 paragraphe 2 précise que, du secrétaire exécutif lui-même, il est exigé qu’il soit une personne intègre, de compétences avérées, ayant une vision globale des problèmes politiques, économiques et d’intégration régionale. Des ruptures effectives peuvent d’ores et déjà être notées. S’agissant du secrétariat exécutif, une innovation majeure se trouve dans les pouvoirs de cet organe qui a vocation à incarner la communauté. Dans le nouveau traité, ces pouvoirs sont définis de manière plus circonstanciée. Alors que ces fonctions passées relevaient de la simple assistance technique et se résumaient à l’exécution d’un compte rendu, le secrétaire exécutif se voit reconnaître dorénavant dans une clause préliminaire, une compétence plus générale. Ainsi, le secrétaire général est chargé d’assurer l’exécution des décisions de la conférence des chefs d’Etats et de gouvernements, des règlements du conseil des ministres, de la préparation de la réunion de ces instances en leur présentant le rapport annuel d’activité, assure désormais des fonctions de conception à travers des programmes d’activité et de budget de la communauté et de la supervision de leur exécution après leur approbation par le conseil. Le secrétaire exécutif influe également sur le fonctionnement même de la CEDEAO. Il a aussi de nouveaux pouvoirs en matière de maintien de la paix et de la sécurité sous régionale. Le projet de substitution du secrétariat exécutif par une commission à l’instar de l’Union Africaine ou de l’UEMOA ne fait que confirmer la nouvelle volonté de renforcer les organes intégrés de l’organisation. B-LA COMMISSION DE L’UEMOA Il s’agit d’un calque pur et simple de l’institution européenne. La commission de l’UEMOA n’existe en effet qu’au service de l’intérêt général communautaire. Sa professionnalisation ressort d’abord de l’article 11 du traité qui pose qu’en règle générale, les fonctionnaires de l’union sont recrutés par voie de concours et qu’ils sont tenus au secret professionnel même après la cessation de leurs fonctions. Les commissaires eux-mêmes doivent être nommés sur une base non politique mais en vertu des critères de compétence et d’intégrité morale et leur mandat n’est révocable que pour faute lourde et incapacité (article 27 modifié). Le prédominant de l’institution demeure cependant son autonomie par rapport aux Etats membres. Ces membres exercent leurs fonctions en toute indépendance. Ils ne sollicitent ni n’acceptent d’instruction de la part d’aucun gouvernement ni d’aucun organisme. 1-L’indépendance des commissaires 2- ….les recommandations et les avis qu’elle juge utile à la préservation et au développement de l’union. Sur ce point, le traité n’est pas d’une totale clarté dans la mesure où il dispose qu’une proposition de la commission ne peut être amendée qu’à l’unanimité par le conseil des ministres une fois qu’elle est arrêté. Le doute vient de ce que le texte est muet sur le destin d’une proposition n’ayant pu être amendée à l’unanimité. Gardienne de l’intérêt de l’union, la commission se voit également reconnaître un pouvoir normatif direct consistant en règlement, décision et avis. Du point de vue terminologique, on regrettera que le traité désigne sous le même nom de règlement, des actes directifs du conseil des ministres détenteur du pouvoir de décision dans l’union et des actes subordonnés de la commission plus précisément en application des …mais en dehors de ce pouvoir normatif conditionné, la commission a un pouvoir inconditionné autonome s’exprimant notamment par des décisions. Les décisions de la commission sont obligatoires dans tous leurs éléments pour les destinataires qu’elles désignent. On aura compris qu’elle constitue donc l’instrument normatif approprié dans la conduite quotidienne de politique communautaire dont les opérateurs économiques sont des acteurs primaires. C’est aussi en vertu de cette qualité de juge de l’intérêt général que la commission exerce une mission de surveillance générale. La création de la commission constitue aussi une illustration éclatante de la logique supranationale qui a prévalu à la mise sur pied de l’UEMOA. Rien de semblable n’existait pas dans le traité de l’UMOA ; le simple principe d’un secrétariat n’y était même pas retenu car l’organisation s’apparentait à un simple cadre de coopération. Au plan institutionnel, le progrès réalisé est indéniable. Ces organes intégrés n’existant qu’au service de l’intérêt communautaire constitue des moyens privilégiés de la nouvelle politique d’intégration. A travers leurs créations ou leurs renforcement, c’est la nécessité de transfert de souveraineté plus substantiel qu’il est affirmé. PARAGRAPHE II- LA VALORISATION DES ENGAGEMENTS COMMUNAUTAIRES L’expression de la volonté des deux organisations sous régionales (CEDEAO et UEMOA) tend à se distinguer de celle des Etats membres à travers la modification des conditions d’adoption des décisions. Dans le même temps, la sanction attachée à cette décision a gagné en vigueur. Ces deux éléments constituent incontestablement une rupture et atteste une volonté de réaliser un saut qualitatifs dans l’intégration Ouest Africaine. La portée de tels changements doit être appréciée du point de vue du droit international général et par rapport aux entreprises intérieures. A- Au niveau de l’adoption Sous l’empire du traité de 1975, les conditions d’adoption des décisions et des directives de la conférence des chefs d’Etat et des……ne faisaient l’objet d’aucune précision dans….le mode ordinaire de prise de décision était sinon l’humanité ou du moins le consensus . Il s’agit là de l’application du principe suivant lequel en droit international, les sacrifices de souveraineté. Le dernier paragraphe de incitait d’ailleurs à une interprétation….objection à une décision soumise aux décisions du conseil des ministres….. Dans l’actuel traité de la CEDEAO, cette approche est renié jusque sur les articles 9 et 12 relatifs à la Conférence de chefs d’Etat et du conseil de ministre et du gouvernement dispose que, les décisions sont adoptées « selon les matières à l’unanimité, par consensus ou la majorité des deux tiers des Etats membres ». D’autre part, l’entrée en vigueur de ces nouvelles dispositions est subordonné à l’adoption d’un procédé … L’UEMOA a eu les mêmes audaces. Là aussi, les progrès doivent être appréciés à l’aune de l’UMOA donc des Une perspective absolutiste conduit à regretter la pratique …dans le traité de 1994. Un point de vue relatif et réaliste ne peut passer sous silence l’effort accompli pour sortir du carcan de l’unanimité institué dans le traité de 1973. Ce recul du principe de l’unanimité dans les decid…s’accompagne d’une sanction plus rigoureuse de leur méconnaissance. B- LA SANCTION 1-Le caractère plus contraignant des obligations communautaires L’obligation à laquelle s’astreignent les Etats en adhérant à la CEDEAO ou à l’UEMOA est plis contraignante qu’avant. L’article 3 du traité de 1975 ne formulait qu’un engagement minimal, plus proche de l'obligation de ne pas faire que de l’obligation positive. Cet article disposait : « les Etats membres ne ménagent aucun effort pour planifier et orienter leur politique en vue de réunir les conditions favorables à la réalisation des objectifs de la communauté en particulier, chaque Etat membre prend toutes les mesures requises afin d’assurer l’adoption des textes législatifs nécessaires à l’application du présent traité ». Le nouvel engagement général est plus vigoureux. Alors qu’il était question naguère d’une simple obligation de rendre les politiques nationales compatibles avec la politique communautaire, d’éviter seulement les contrariétés flagrantes, il s’agit désormais de créer les conditions favorables à l’intégration. L’inertie ou l’égoïsme des Etats est également combattu à travers l’obligation qui leur est faite de s’abstenir, d’entreprendre toute action susceptible de compromettre la réalisation des objectifs de la communauté Une confrontation des dispositions analogues du traité de l’UMOA et de celui de l’UEMOA produit une impression similaire. En 1973, les obligations contractées dans le cadre de l’union paraissaient secondaires ; c’était à l’organisation internationale de s’adapter à la situation des Etats membres. L’article 11 disposait que les décisions du conseil des ministres « doivent respecter les engagements internationaux contractés par les Etats membres de l’union ». Donc, cette dernière se trouvait reléguer à un second plan. L’UEMOA s’inscrit de façon évidente dans une perspective contraire. La suprématie du droit de l’union sur celui des Etats est affirmé par l’article 6qui dispose « les actes arrêtés par les organes de l’union pour la réalisation des objectifs du présent traité et conformément aux règles de procédures instituées par celui-ci, sont appliqués dans chaque Etat membre nonobstant toute législation nationale contraire, antérieure ou postérieure ». Si cette règle est acquise depuis longtemps en droit international, à travers le principe Pacta sunt servanda confirmée notamment par les articles 26 et 27 de la convention de vienne de 1769 sur les traités, si elle est reprise par les Constitutions Nationales, son affirmation revêt ici un sens particulier. Les termes de l’article 7 confirme cette rupture qui fait obligation aux Etats membres comme dans la CEDEAO de s’abstenir de toute mesure susceptible de faire obstacle à l’application du présent traité et des actes pris pour son application. Les deux dispositions analysées ne semblent régler que le conflit entre le pouvoir de l’union et celui de l’État membre. Les réponses révolutionnaires dans le contexte sous régional sont depuis longtemps acquises en droit international. Ce qui est plus surprenant, c’est la consécration de la supériorité de principe du droit de l’UEMOA sur celui des autres organisations économiques internationales et spécialistes. Au total, toutes ces stipulations du traité de 1994 tendent au même but c’est-à-dire assurer le plein effet du droit de l’union à travers l’éviction de toute autre norme contraire ou contrariante. 2-L’autorité et les modalités d’entrée en vigueur des actes pris par les organisations internationales En dehors de la plus forte affirmation de l’engagement de principe des Etats membres, les nouveaux traités se distinguent des anciens dans la définition de l’autorité et des modalités d’entrée en vigueur des actes pris par ces Organisations. Au sein de la CEDEAO, les décisions de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement ont en principe « force obligatoire à l’égard des Etats membres et des institutions de la communauté » (article 9, paragraphe 4). Il s’agit là d’un progrès notable car aux termes de l’ancien article 5, de tels actes n’avaient pour effet que d’engager toutes les institutions de la communauté. En d’autres termes, le pouvoir normatif de l’organisation internationale ne s'exerçait qu’en vase clos, sans prise sur le monde extérieur. Désormais, le droit communautaire rayonne mieux et ses destinataires ne sont plus seulement les institutions mais également les Etats membres. Les actes du conseil des ministres ne sont pas exactement traités de la même manière. Ces actes s’imposent d’office aux institutions relevant de l’autorité du conseil mais ils ne sont applicables aux Etats qu’après approbation de la conférence. L’immédiateté normative reste donc l’apanage de l’institution suprême de la CEDEAO. La révision du traité aurait pu être l’occasion de conférer un véritable pouvoir normatif au conseil des ministres. Elle aurait pu être à l’origine d’une redéfinition des compétences entre les deux principaux organes de la CEDEAO. En lieu et place de la distinction entre un pouvoir normatif immédiat ( confié à la conférence des chefs d’Etats ) et un pouvoir immédiat ( celui du conseil des ministres) les rédacteurs du traité auraient pu procéder à une rédaction des compétences sur une base simplement matérielle. Ainsi, certains domaines éminemment politiques ou touchant les relations extérieures de la communauté auraient relevés de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement et d’autres domaines plus techniques ou relatives à la gestion quotidienne pour relever de la compétence des ministres en ces diverses formations. À l’instar des décisions prises par la conférence des chefs d’Etats et de gouvernements, les règlements adoptés par le conseil des ministres de la CEDEAO sont exécutoires de plein droit 60 jours après la date de leur publication dans le journal officiel de la communauté (article 9 paragraphe 6). Cette nouvelle disposition appelle quelques remarques. D’abord elle traduit une volonté d’intégration. Les conditions d’entrée en vigueur des normes communautaires échappent désormais aux États car celles-ci s’apprécient en fonction d’un support communautaire qui est le journal officiel de la CEDEAO. La publication des engagements internationaux qui est une condition de leur invocabilité n’est plus envisagée comme un acte interne. Au contraire du traité de l’UEMOA, celui de l’UMOA ne détermine jamais les effets attachés aux actes des différents organes ni les conditions de leur entrée en vigueur. Seulement, ce traité précise que les décisions sont toujours prises à l’unanimité. Au sein de l’UEMOA, la portée des actes adoptés par les organes est minutieusement décrite. Comme dans la CEDEAO, leur entrée en vigueur dépend de leur publication au bulletin officiel de l’union. La centralisation du processus normatif, la définition autoritaire des conditions d’entrée en vigueur des actes pris, dépouillent les Etats d’une compétence qui peut à l’occasion être un moyen de rusée avec les engagements internationaux. 3- Le mécanisme des sanctions Dans le renforcement du droit de l’intégration, l’innovation la plus originale est à rechercher dans les mécanismes de sanctions établis qu’il s’agisse de la CEDEAO ou de l’UEMOA. L’article 77 du nouveau traité de la CEDEAO n’a pas d’équivalent dans l’ancien. Il est relatif aux sanctions applicables en cas de non respect des obligations, lesquelles sont mises en œuvre par la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement. L’article 74 du traité de l’UEMOA est également une nouveauté. Antérieurement, le pouvoir de sanction de l’UMOA n’était même pas évoqué. Le traité de 1973 stipulait de manière quelque peu floue, que la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement constatera qu’un Etat s’est retiré de l’union en ne respectant pas ses engagements de membre. Devant une telle formulation, on ne pouvait pas parler d’un pouvoir de sanctions proprement dit. Dans la nouvelle organisation, l’union se voit explicitement reconnaître un tel pouvoir de sanctions mais les modalités d’exercice de celui-ci font l’objet de développement assez circonstancié. De telles dispositions méritent d’être relevées s’agissant d’organisations internationales qui se sont jusque là illustrées par leurs traits intergouvernementaux et pas assez supranationaux. À l’aune des organisations internationales en générale, ces innovations doivent être relativisées. Le pouvoir de sanctions des organisations Africaines revêt les mêmes caractères qu’ailleurs. La première innovation de ces sanctions est le caractère graduel et maîtrisé de ces sanctions. Il est indiqué dans l’une et l’autre organisation que l’organe compétent (la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement) peut toujours modifier dans un sens ou un autre les mesures prises. Ce pouvoir de modulation s’accompagne d’une définition effectivement graduelle des sanctions. Dans le premier cas, la dame de sanctions va de la suspension des prêts ou de toute nouvelle assistance, à la suspension de la participation aux activités de la communauté en passant par la suspension de décaissement pour les projets ou le rejet de toute candidature à certains postes. Dans l’autre cas, la gradation de la riposte de l’organisation internationale va de la publication d’un communiqué sur les écarts de l’Etat membre, à la suspension des concours dont il bénéficiait en passant par le retrait des mesures positives qui lui étaient consenties. L’échelonnement des sanctions procède du souci de ne jamais produire des effets irréversibles. Le second trait des sanction est leur subsidiarité assez marqué dans la mesure où elles n’interviennent qu’en dernière chance quand d’autres mesures ont échouées.
CHAPITRE IV- LA RATIONALISATION DES MOYENS
La réforme du cadre d’intégration en Afrique de l’Ouest n’a pas touché seulement le modèle même d’organisation internationale mais elle a également donné lieu à une réflexion d’ensemble sur les institutions de l’intégration dans la sous région. Les carences de cette intégration ne sont pas seulement imputables à la faiblesse des concessions des Etats mais elles sont aussi liées à une certaine prolifération d’organismes dont les objets sont souvent proches ou dont les compétences se chevauchent. En Afrique de l’Ouest, il existe plusieurs organisations d’intégration. Donc, une restructuration du cadre d’intégration s’impose à l’évidence. En vérité, la question a commencé à faire l’objet d’une réflexion dès le début des années 80. Ainsi en 1982, le Conseil des ministres de la commission économique pour l’Afrique a demandé au secrétariat exécutif de celle-ci de mener une étude sur la rationalisation, la restructuration et l’harmonisation des activités de toutes les organisations intergouvernementales Ouest Africaine, en vue de renforcer et d’accélérer la coopération et l’intégration économique en Afrique de l’Ouest. C’est seulement en 1991, au sommet d’Abuja que les Etats membres de la CEDEAO prennent l’engagement de renoncer progressivement à poursuivre la réalisation des objectifs de la communauté économique au sein de toutes les autres organisations intergouvernementales de l’Afrique de l’Ouest. Il convient donc de prendre la mesure du phénomène et de poser la problématique de la rationalisation avant de voir les solutions qui ont été préconisées ainsi que les difficultés juridiques qu’elles sont susceptibles de poser. SECTION I- LA PROBLÉMATIQUE L’impression de déperdition d’énergie et les risques d’une prolifération des cadres d’intégration ressort de deux constats. D’une part, la dispersion des Etats, leur appartenance simultanée à de nombreuses organisations qui se déploient dans le même espace et d’autre part la similarité des buts poursuivis par ces organisations. PARAGRAPHE I- LA DISPERSION DES ETATS Les mêmes Etats se retrouve presque toujours dans les mêmes organisations.Ce qui amène à s’interroger sur la pertinence de cette multitude de structures. Cette réalité est observable aussi bien des organisations à vocation économique que dans les structures sectoriel à objet plus spécifique A- Les communautés économiques Elles ont un objet plus général que les autres dans la mesure où cet objet englobe l’économie dans sa totalité on peut à ce titre citer quatre cadres d’intégration : Le conseil de l’entente ,la CEDEAO,l’Union du fleuve mano et l’UEMOA. Le conseil de l’ententeest une organisation internationale créé comme institution de coopération pô et économique son objectif est de contribuer au développement économique des Etats membres étant entendue que initialement cette organisation était en réalité un instrument du leadership ivoirien. Il s’est agi détendre progressivement au domaine économique et financier une solidarité pô postuler par la communauté de vision du modèle d’intégration. Le conseil de l’entente regroupe 5 États : Bénin, Burkina Faso,la Côte d’Ivoire,le Niger ,et le Togo ces 5 États se trouve à la fois membres de l’UEMOA et de la CEDEAO. - Le même constat peut être fait au sujet de l’Union du fleuve Mano( ufm) .l’ufm a vue le jour en 1973 et elle regroupe la Guinée, Liberia et sierra leone ayant vocation à réunir les pays par lesquels passent le fleuve mano. Cette union à pour objectif principal la coopération et l’intégration éco et monétaire à travers des efforts commun et programmation conjointe.Or les 3 États membres de l’ufm se retrouvent tous à la CEDEAO . - On observe le même phénomène entre la CEDEAO et l’UEMOA car les 8 États membres de l’UEMOA sont tous membres de la CEDEAO. Il ressort de ce tableau un éclatement des tables d’intégration,un pilullement … et une dispersion corrélative des États B- Les organisations sectorielles Dans la sous région il existe de nombreuses organisations sectorielles dans les domaines agricoles de l’hydraulique ,mais aussi dans le monétaire. Dans le domaine agricole il n’y a pas moins de trois organisations ou organismes en Afrique de l’ouest : Le conseil africain de l’arachide(CAA ) créé par la convention de Dakar en 1964 ; la communauté économique du bétail et de la viande ( CEBB) dont la charte constitutive a été signé le 18 mai 1970 à Abidjan et qui regroupe les Etats membres du conseil de l’entente et l’association de développement de la riziculture en Afrique ( ADRAO) créé en 1970 Dans le domaine de l’hydraulique on relève qu’un État (Niger) est membre des 3 organismes qui sont la commission du bassin du lac Tchad, l’autorité du bassin du Niger , et l’autorité pour le développement intégré. Dans le domaine de l’environnement on démembré principalement le comité interétatique de lutte contre la sécheresse (CILLS 1973). L’institut du Sahel dont la vocation est de regrouper précisément les Etats membres du CIllS et enfin dans le domaine monétaire et financier on peut citer le fond du conseil de l’entente, l’agence monétaire de l’Afrique de l’ouest (AMAO)et enfin le fond de coopération,de compensation et de développement de la CEDEAO Paragraphe 2 : La similarité des buts.