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Association pour W

ARDA

le développement A
DRAO
de la riziculture en
Afrique de l’Ouest

Rapport annuel
1996
L’Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l’Ouest (ADRAO)

L’Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l’Ouest (ADRAO) est une organisation intergouvernementale
autonome ayant pour mandat de renforcer les capacités ouest-africaines dans les domaines de la science, de la technologie et des
aspects socioéconomiques de la production rizicole par le biais d’activités de recherche, de formation et de communication.
En collaboration avec les systèmes nationaux de recherche agricole des Etats membres et avec des institutions universitaires,
des bailleurs de fonds internationaux et d’autres organismes, l’ADRAO met en oeuvre des projets qui doivent bénéficier aux
riziculteurs ouest-africains—essentiellement des petits producteurs—ainsi qu’aux millions de ménages africains consommateurs
de riz.
Créée en 1971 par onze pays membres, sous le parrainage du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD),
de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de la Commission économique pour l’Afrique
(CEA), l’ADRAO regroupe aujourd’hui 17 Etats membres : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana,
Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Tchad et Togo. Elle fait partie du
Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI), réseau de seize centres internationaux de recherche financé
par des bailleurs de fonds publics et privés (voir troisième de couverture).
L’ADRAO a son siège et son centre principal de recherche à Mbé, près de Bouaké en Côte d’Ivoire. Les stations régionales
de Saint-Louis, au Sénégal, et d’Ibadan, au Nigeria, mènent des recherches axées respectivement sur le riz irrigué dans le Sahel
et sur l’amélioration variétale du riz de bas-fond.
Les bailleurs de fonds de l’ADRAO étaient en 1996 : l’Allemagne, la Banque africaine de développement (BAD), la Banque
mondiale, le Canada, le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), la Corée, le Danemark, l’Espagne, les
Etats-Unis d’Amérique, la Fondation Gatsby, la Fondation Rockefeller, le Fonds international de développement agricole (FIDA),
la France, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Royaume-
Uni, la Suède, l’Union européenne et plusieurs Etats membres de l’ADRAO.

Siège et centre principal Programme riz irrigué dans Lowland Breeding Unit
de recherche le Sahel

ADRAO ADRAO WARDA


01 B.P. 2551 B.P. 96 c/o International Institute of
Bouaké 01 Saint-Louis Tropical Agriculture (IITA)
Côte d’Ivoire Sénégal P.M.B. 5320
Oyo Road
Ibadan
Nigeria

Téléphone : (225) 63.45.14 Téléphone : (221) 62.64.93 Téléphone : (2342) 241.2626


Télécopie : (225) 63.47.14 Télécopie : (221) 62.64.91 (2342) 241.2169
Télex : 69138 ADRAO CI Télex : 75127 ADRAO SG Télécopie : 874.1772276
Courrier électronique : Courrier électronique : Télex : 31417 TROPIB NG
warda@cgnet.com warda-sahel@cgnet.com Courrier électronique :
iita@cgnet.com

ISBN 9291131121
ADRAO
Rapport annuel

1996

ARDA
W

A
DRAO

Association pour le développement de la riziculture


Afrique
en de l’Ouest

West Africa Rice Development


Association
Citation correcte : ADRAO 1997. Rapport annuel ADRAO 1996. Mbé, Côte d’Ivoir e.

This publication is available in English as : WARDA Annual Report 1996.

Photo de couvertur e : des enfants ivoiriens partagent un plat de riz préparé avec une variété sélectionnée par l’ADRAO et ses
partenaires.
Table des matières

Avant-propos 1

Bilan et perspectives 5

Recherche 5

Formation et communication 9

Points saillants des activités 13

L’innovation à l’or dre du jour 13

Sélection variétale : les producteurs au poste de commande 21

La riziculture : pour le meilleur ou pour le pire ? 27

Forger une tradition 32

Un outil pour la mise en valeur des bas-fonds 40

Une expertise venue d’Asie 45

Annexes 49

Etats financiers 49

Conseil d’administration 52

Cadres de l’ADRAO et cher cheurs d’institutions coopérantes 53

Publications 55

Sigles et abréviations 58
Rapport annuel ADRAO 1996
Avant-propos

Message du directeur général et du


président du conseil d’administration

S I L’ADRAO s’est acquis le statut de centre d’excellence au sein de la communauté scientifique internationale, elle le
doit en grande partie à l’appui de ses bailleurs de fonds, à son appartenance au Groupe consultatif pour la recherche
agricole internationale (GCRAI) et à la solidité de ses partenariats. Mais ces facteurs n’auraient pu opérer pleinement leurs
effets sans la contribution de deux individus d’exception, qui sont à présent parvenus au terme de leur engagement avec
l’Association.
Nommé directeur général en 1987, Eugene Terry avait été investi de la mission d’instaurer un changement. Il s’y est
employé avec une foi, une sincérité et un dynamisme inégalés dans l’histoire de l’Association. Au début des années 90,
l’ADRAO avait établi une stratégie et un plan à moyen terme qui alignaient son mandat et son programme sur ceux des
autres centres du GCRAI. Elle s’était dotée d’un conseil d’administration, d’une structure de direction privilégiant la
responsabilité et la transparence, et d’un nouveau siège en Côte d’Ivoire. Mais surtout, elle s’était assuré un appui renouvelé
et accru de la part de la communauté des bailleurs de fonds.
Sur ces fondements, il devenait possible d’élaborer un programme scientifique solide. Telle a été la tâche confiée à
Peter Matlon, qui a assumé les fonctions de directeur de la recherche peu de temps après la nomination d’Eugene. La vision
de Peter, son expertise scientifique, son parti pris de qualité, son aptitude à stimuler les chercheurs et à leur insuffler l’esprit
d’équipe—tout cela a largement contribué à la réputation scientifique dont l’ADRAO jouit aujourd’hui.
Grâce à leurs efforts conjugués, l’ADRAO a pu construire son nouveau siège à Mbé, maintenir contre vents et marées
une position financière saine, mettre sur pied une équipe de chercheurs motivés
et établir un programme de recherche articulé autour d’axes pertinents en faisant
appel à la collaboration de divers partenaires au sein et en dehors de la région. En
1996, Eugene et Peter ont parachevé leur ouvrage en menant à bien un nouvel
exercice de planification à moyen terme et de restructuration des activités de
l’ADRAO, à l’issue duquel celle-ci se trouve en bonne position pour faire face
aux défis des années à venir. L’ADRAO leur souhaite plein succès dans les
nouvelles fonctions qu’ils occupent respectivement à la Banque mondiale et au
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Au premier semestre de l’année 1996, le conseil d’administration s’est consacré
à la recherche d’un nouveau directeur général. En juin, il a recommandé la nomi-
nation de Kanayo F. Nwanze (voir encadré au verso) au conseil des ministres de
l’ADRAO réuni en session extraordinaire à Accra. Le président du GCRAI, Ismael
Serageldin, a loué la rigueur et la transparence du processus de sélection—nouveau
témoignage des progrès accomplis par l’Association au cours des dix dernières
années.
Conformément à une recommandation formulée en novembre 1996 par un
consultant en gestion, le conseil d’administration a engagé le processus de
Eugene R. Terry, directeur général de
recrutement d’un directeur de l’administration et des finances, rétablissant ainsi l’ADRAO de 1987 à novembr e 1996

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Rapport annuel ADRAO 1996
Avant-propos

Le nouveau directeur général de l’ADRAO


En tant que scientifique, puis directeur de recherche, Kanayo F. Nwanze a suivi un parcours
remarquable au sein du système du GCRAI. Sa carrière l’a conduit dans plusieurs pays
francophones et anglophones d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, ainsi qu’en
Inde.
Après avoir obtenu un doctorat en entomologie à l’université d’Etat du Kansas (Etats-
Unis), il est entré à l’Institut international d’agricultur e tropicale (IITA) à Ibadan (Nigeria)
en tant que stagiaire post-doctorat. En 1977, il a assumé les fonctions d’entomologiste
principal (racines et tubercules) au sein du programme IITA de recherche sur le manioc
basé au Zaïre. En 1979, il est devenu entomologiste principal du programme céréalier de
l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT)
au Burkina Faso. Les 16 années suivantes ont été consacrées à l’ICRISAT, où il a occupé
successivement les fonctions de directeur par intérim et chef de pr ogramme du Centr e
sahélien du Niger, chef d’unité et cher cheur principal à Hyderabad (Inde), et chef du
projet de recherche sur le sorgho en zone de pluviométrie moyenne, également à
Hyderabad. En 1986, une année de congé sabbatique lui a per mis de travailler comme
professeur adjoint au département d’entomologie et de nématologie de l’université de
Floride à Gainesville (Etats-Unis).
De nationalité nigériane, M. Nwanze est marié et pèr e de quatr e enfants. A lui et à sa Kanayo F. Nwanze
famille, bienvenue au sein de l’ADRAO et en Côte d’Ivoir e.

l’Association du personnel de l’ADRAO

un poste vacant depuis plusieurs années. Dans le cadre de la nouvelle structure de l’ADRAO, le poste de directeur de la
recherche a été transformé en directeur des programmes. Peter Matlon ayant accepté de rester avec nous pendant la phase
de transition, ce poste doit être également pourvu en 1997.
Ces changements au sommet de la structure de l’ADRAO n’ont nullement entravé la poursuite des activités. A sa
réunion de novembre 1996, le conseil d’administration a approuvé le plan à moyen terme pour la période 1998-2000, qui
devait être soumis au Comité consultatif technique (CCT) du GCRAI en mars 1997. L’approche largement participative
adoptée pour la formulation de ce plan a permis d’y intégrer les résultats des exercices annuels de définition des priorités
des groupes d’action, des recherches-diagnostics sur les contraintes en milieu paysan et des bilans de recherche établis par
les chercheurs de l’ADRAO. Dans le cadre de l’exercice de planification proprement dit, on s’est servi d’une méthode de
prédiction itérative pour évaluer dans quelle mesure l’atténuation des différentes contraintes pourrait contribuer au
développement de la production rizicole dans la région. Avec ce plan, une dimension nouvelle est conférée aux recherches
de l’ADRAO : celles-ci devront désormais pouvoir bénéficier à des régions du continent autres que l’Afrique de l’Ouest
qui est couverte par son mandat.
Parallèlement à la planification à moyen terme, une restructuration a été opérée. Il s’agissait de développer la
pluridisciplinarité et les flux d’information et de technologies entre les écosystèmes, d’intégrer la formation et la
communication avec les activités de recherche, de s’appuyer sur l’analyse des politiques pour faciliter la diffusion des
technologies, et de mettre davantage l’accent sur le transfert de technologie et sur l’évaluation de l’impact. La finalité et les
résultats de ce processus de restructuration sont décrits de manière plus détaillée dans l’article présentant le bilan et les
perspectives de la recherche (voir page 5).
Aux yeux de la nouvelle équipe de direction et du conseil d’administration de l’ADRAO, la nouvelle structure est un
gage d’efficacité pour l’avenir. Le renforcement du transfert de technologie sera particulièrement crucial pour accroître

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Rapport annuel ADRAO 1996
Avant-propos

l’impact de la recherche. Cette réorientation ne devrait présenter aucune difficulté pour l’ADRAO, étant donné sa nature
unique d’association dont le mandat est non seulement de mener des recherches sur le riz, mais aussi de contribuer au
développement de la riziculture. Notre quête de l’excellence scientifique ne s’en trouvera pas reléguée au second plan, tant
il est vrai qu’un fondement scientifique solide est la condition d’un développement réussi.
L’année écoulée a été marquée par plusieurs autres événements institutionnels. Nous ne citerons que les principaux, qui
signalent des progrès décisifs ou qui ont des implications pour l’avenir de l’Association.
L’un de ces événements a été la signature d’un nouveau protocole d’accord entre l’IRRI et l’ADRAO. Les deux centres
se partageant la responsabilité de la recherche rizicole en Afrique, il était impératif de définir clairement la répartition des
tâches afin d’utiliser les ressources du GCRAI avec un maximum d’efficacité. Le protocole d’accord, qui remplace l’ancien
accord tripartite entre l’IITA, l’IRRI et l’ADRAO, délimite précisément les rôles et établit des lignes directrices pour la
collaboration entre les deux institutions au cours des cinq prochaines années. D’ores et déjà, il est prévu que le matériel
génétique, le personnel et les équipements des opérations africaines du Réseau international pour l’évaluation génétique du
riz (INGER), qui étaient jusqu’à présent basés à l’IITA, seront transférés au siège de l’ADRAO à Mbé. Ce transfert
permettra aux chercheurs et aux collaborateurs de l’ADRAO d’avoir accès à une plus large gamme de matériel génétique,
et il conférera davantage de flexibilité aux échanges de matériel génétique dans la région.
Les activités de gestion intégrée des ennemis du riz ont fait l’objet d’une évaluation externe, avec une contribution
interne de l’ADRAO pour assurer la gestion du processus. Cette évaluation a donné lieu à une appréciation favorable de
notre performance, qui devra néanmoins être améliorée dans des domaines tels que la collaboration entre les différentes
disciplines, le recrutement d’un entomologiste, la coopération avec l’IITA et les stratégies d’hybridation pour l’obtention
de variétés résistantes.
Les groupes d’action de l’ADRAO ont été également évalués dans le cadre d’une revue des réseaux ouest-africains
financés par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID). Il a été jugé que les groupes d’action
favorisent l’approche participative de la planification de la recherche et sont un mécanisme particulièrement efficace pour
associer les chercheurs nationaux à des activités conjointes. Ici également, plusieurs éléments à améliorer ont été identifiés.
L’ADRAO étudie actuellement les nombreuses recommandations issues de cette évaluation, et notamment la suggestion
de réduire le nombre des groupes d’action par la fusion de certains d’entre eux.
Un dernier mot, enfin, sur ce rapport qui se présente sous un jour inaccoutumé. Les rapports annuels des années précédentes
rendaient compte de manière formelle et détaillée des résultats de la recherche et se voulaient une contribution à la produc-
tion et à la réputation scientifiques de l’Association. Cette année, nous avons décidé d’alléger le travail de nos lecteurs en
optant pour une formule plus informelle, centrée sur un petit nombre de nos projets (nous publierons séparément des
rapports techniques exhaustifs). Le transfert de technologie étant à l’ordre du jour, nous avons choisi de dépeindre nos
relations de partenariat et les implications de nos recherches en termes de développement. Et nous avons donné la parole à
quelques-uns des nombreux acteurs qui, à l’ADRAO, chez ses partenaires et au sein de la communauté paysanne, apportent
leur concours à cette entreprise. Nous espérons donner ainsi une image concrète de nos résultats et serons heureux de
recevoir vos commentaires.

Just Faaland Kanayo F. Nwanze


président du conseil d’administration directeur général

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Rapport annuel ADRAO 1996
Bilan et perspectives

Recherche
Peter Matlon

L ’ANNÉE 1996 a marqué un tournant dans l’organisation des activités de recherche, de formation et de communication
de l’ADRAO. S’appuyant sur l’expérience des deux premiers plans à moyen terme et sur les résultats d’un exercice
rigoureux de définition des priorités, la direction et les chercheurs de l’Association ont procédé à une restructuration visant
à rationaliser les programmes en les articulant autour d’un nouvel ensemble de projets interdisciplinaires. La nouvelle
structure comprend deux programmes de développement de technologie (Programme riz pluvial et Programme riz irrigué),
un Programme d’appui à l’analyse des politiques et un Programme d’information et de transfert de technologie. Le souci
de maximiser notre efficacité et notre impact nous a amenés à fusionner les anciennes Division de la recherche et Division
de la formation et des communications, pour former une nouvelle Division des programmes qui intègre les trois éléments
(figure 1).

Développement de technologie
Les nouveaux programmes de recherche de l’ADRAO se démarquent de la structuration agroclimatique antérieure. En
1990, deux équipes de recherche avaient été mises en place : le Programme continuum, basé en Côte d’Ivoire, qui couvrait
les systèmes de riziculture pluviale et irriguée dans les zones humides et subhumides ; et le Programme Sahel, basé au
Sénégal, qui était axé exclusivement sur la riziculture irriguée en zone sahélienne. Cependant, l’expérience nous a montré
que les contraintes les plus limitantes pour la riziculture irriguée traversent dans bien des cas les frontières de ces grandes
zones climatiques. De ce fait, la structure que nous avions adoptée dressait involontairement des barrières entre les
programmes, entravant la collaboration nécessaire pour apporter des solutions à des contraintes se posant au niveau de
l’ensemble de la région. La création d’un nouveau Programme riz irrigué contribuera à résoudre ce problème en facilitant
la constitution d’équipes qui rassembleront des chercheurs de différents sites au sein d’un même projet.
Les composantes de la recherche sur la riziculture irriguée ayant été réunies en un même programme, nous nous devions
logiquement de regrouper aussi nos recherches sur la riziculture pluviale et sur la riziculture de bas-fond sans maîtrise de
l’eau. Ainsi a vu le jour le Programme riz pluvial, qui se réapproprie le concept de continuum : les plateaux et les bas-fonds
étant intimement liés par de nombreux facteurs biophysiques et socioéconomiques, il convient de coordonner les recherches
en adoptant une approche qui prend explicitement en compte toutes les parties de la toposéquence.
Dans le cadre de ces deux programmes de développement de technologie, l’objectif stratégique de l’ADRAO demeure
tel qu’il était énoncé dans notre précédent plan à moyen à terme : combiner les gains de productivité avec la conservation
des ressources naturelles par un choix judicieux des interventions de recherche et des écosystèmes ciblés.

Appui à l’analyse des politiques


L’ADRAO entend apporter un appui aux spécialistes de l’analyse des politiques dans les pays de la région. Comme le
montre l’expérience, il ne suffit pas de mettre au point des technologies appropriées et rentables pour faire véritablement
progresser la production et les rendements rizicoles. Bien souvent, ce sont les politiques gouvernementales qui déterminent
le succès ou l’échec des interventions techniques. Les réformes instaurées par la majorité des gouvernements au cours des
15 dernières années dans le cadre des programmes d’ajustement structurel ont permis de libéraliser et de privatiser de
larges segments de la filière riz, ce qui a ouvert de nouvelles perspectives, mais aussi créé de nouveaux problèmes face

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Rapport annuel ADRAO 1996
Bilan et perspectives

Figure 1. Nouvelle structure organisationnelle de l’ADRAO.

Audit interne

Directeur général Relations publiques

Assistant

Appui
statistique Directeur des Directeur de
programmes l'administration
et des finances

Programme 1
Riz pluvial Finances

Programme 2 Ressources
Riz irrigué humaines
Programme 3 Programme 4 Gestion Administration
Appui à Information et de la ferme et services
l'analyse des transfert de expérimentale d'appui
politiques technologie et services *la gestion de la ferme
d'ingénierie* dépend du directeur
des programmes

auxquels la plupart des décideurs manquent d’outils d’analyse appropriés. Notre Programme d’appui à l’analyse des politiques
vise à répondre à ces nouveaux besoins en élaborant et en transférant des méthodologies, et en menant des recherches
complémentaires sur les politiques. Il sera mis en oeuvre en collaboration avec les organes de décision nationaux et avec
les économistes des programmes nationaux de recherche rizicole.

Information et transfert de technologie


Il nous a fallu aussi constater que, si un nombre croissant de technologies appropriées sont aujourd’hui disponibles, leur
diffusion auprès des producteurs est entravée par les problèmes de nature systémique qui existent chez les organismes
publics de développement. Dans beaucoup de pays, le manque de formation des agents de vulgarisation et leur absence de
familiarisation avec les méthodes participatives modernes et avec les techniques récentes constituent un obstacle majeur au
transfert de technologie. Jusqu’à présent, les activités de formation et de communication de l’ADRAO ont été centrées sur
les chercheurs et les techniciens, et elles ont contribué à renforcer les capacités de recherche nationales. Le nouveau
Programme d’information et de transfert de technologie doit, tout en s’appuyant sur ces acquis, s’adresser à un cercle plus
vaste d’interlocuteurs afin d’exercer rapidement un impact en milieu paysan. Plus précisément, il s’agit d’élargir le champ
de nos activités pour mettre l’accent sur le transfert des résultats scientifiques récents aux institutions publiques de recherche-
développement, aux organisations non gouvernementales (ONG) et aux groupements de producteurs. A cet effet, les activités
de formation et de communication viendront se greffer sur chacun des programmes scientifiques de l’ADRAO en tant
qu’extensions en aval des projets de recherche. Des stages de formation individuels et collectifs seront organisés pour

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Rapport annuel ADRAO 1996
Bilan et perspectives

assurer la diffusion rapide des méthodes et des résultats issus des recherches de l’ADRAO et de ses partenaires, et pour
renforcer les activités des groupes d’action régionaux.

Projets
Les quatre nouveaux programmes sont organisés autour de 18 projets de recherche finalisée qui reposent sur une approche
interdisciplinaire (voir encadré). Ces nouveaux projets se démarquent des projets antérieurs, dont l’orientation était devenue
trop strictement disciplinaire. Les recherches de diagnostic et de caractérisation menées depuis 1990 par les chercheurs de
l’ADRAO ont apporté des connaissances précieuses sur les contraintes biotiques et abiotiques qui nécessitent des interventions
immédiates. Elles ont également permis d’identifier les problèmes de recherche stratégique qu’il importe de résoudre pour
pouvoir passer au stade des recherches appliquées. Des projets ont été mis en place autour de plusieurs de ces thèmes de
recherche stratégique.
Les nouveaux projets sont le fruit d’une réflexion collective. Ils ont été planifiés à la suite d’un exercice rigoureux de
définition des priorités, qui a combiné des consultations avec les chercheurs nationaux, des études documentaires et un
réexamen des résultats des recherches de caractérisation de l’ADRAO. Nous avons explicitement pris en compte les avantages
comparatifs de l’ADRAO et les possibilités d’exploiter les résultats d’instituts de recherche avancée qui disposent d’expertises
dans des domaines clés. Les projets ont été conçus de manière à focaliser le travail des chercheurs et des collaborateurs de

Les nouveaux projets de l’ADRAO


Programme riz pluvial
• intensification durable des systèmes de riziculture de bas-fond
• stabilisation des systèmes de riziculture pluviale à jachère raccourcie
• méthodes de gestion des bassins versants pour optimiser l’utilisation des ressources dans les bas-fonds
• création de nouveaux types de plants compatibles avec un faible niveau d’intrants
• élaboration de stratégies d’amélioration variétale spécifiques à chaque envir onnement pour l’obtention d’une
résistance à la sécheresse
• caractérisation de la diversité génétique de l’agent de la pyriculariose et création de donneurs de résistance durable
• gestion intégrée de la toxicité ferreuse dans les bas-fonds

Programme riz irrigué


• optimisation de la gestion des ressources dans les systèmes de riziculture irriguée
• mise au point de systèmes rentables de gestion des sols et de l’eau permettant de prévenir la dégradation des sols
dans les systèmes de riziculture irriguée du Sahel
• gestion intégrée de la marbrure du riz dans les écosystèmes de bas-fond

Programme d’appui à l’analyse des politiques


• formulation de politiques rizicoles dans la période post-ajustement structurel
• évaluation ex ante de l’impact de la r echerche rizicole
• évaluation ex post de l’impact de la recherche rizicole
• caractérisation des environnements hydromorphes inondés saisonnièrement sur une faible profondeur
• réduction des risques de maladie dans les écosystèmes de riziculture de bas-fond

Programme d’infor mation et de transfert de technologie


• recherche sur les contraintes limitant le transfert de technologies rizicoles
• formation pour le transfert de technologies agricoles
• diffusion de l’information pour le transfert de technologies agricoles.

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Rapport annuel ADRAO 1996
Bilan et perspectives

l’ADRAO, tout en permettant une gestion et un suivi plus efficaces de ce travail. Nous entendons ainsi accroître la
responsabilité et la transparence sur le plan financier comme sur le plan scientifique. Enfin, nous avons voulu que les
projets de l’ADRAO s’inscrivent dans une totale complémentarité avec les recherches des programmes nationaux et qu’ils
renforcent les partenariats qui nous lient à ces derniers. Les groupes d’action et les consortiums continueront de nous servir
de mécanismes de collaboration.

Un dernier mot
Dans toute la région, des chercheurs et directeurs de recherche ont apporté leur concours à notre processus de planification.
L’ADRAO leur est immensément reconnaissante pour leur contribution. Cet exercice a absorbé beaucoup de notre temps.
Mais il nous fallait nous investir dans cette tâche pour répondre à l’évolution des besoins et faire en sorte que nos activités
de recherche et de transfert de technologie soient toujours mieux focalisées et plus efficaces.
L’année qui vient de s’écouler a vu également des changements au sein de la direction de l’ADRAO. Je ne doute pas
qu’avec la nouvelle équipe, l’Association sera en mesure d’atteindre un niveau accru d’excellence scientifique et d’exercer
un impact plus décisif en milieu paysan. A tous les chercheurs et membres du personnel de l’ADRAO, et à tous ses
partenaires, je souhaite plein succès dans la poursuite de leurs efforts pour accomplir une mission difficile, mais passionnante.

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Rapport annuel ADRAO 1996
Bilan et perspectives

Formation et communication
Anthony Youdeowei et Alassane Diallo

E N 1996, les activités de formation et de communication ont été articulées autour des axes suivants : définition d’un
cadre conceptuel pour l’organisation de cours et d’ateliers prolongeant les projets de recherche ; renforcement de la
collaboration avec d’autres programmes intervenant en Afrique de l’Ouest ; et formation de vulgarisateurs et de producteurs
aux méthodes de gestion intégrée des ennemis du riz, avec le concours de partenaires nationaux et internationaux. Dans le
cadre de nouvelles initiatives visant à diffuser les technologies de communication modernes, des liaisons par courrier
électronique ont été établies entre des institutions nationales de recherche agricole et de développement. En outre, nous
avons contribué activement au programme de formation inter-centres du Groupe consultatif pour la recherche agricole
internationale (GCRAI), qui s’attache à renforcer les capacités des systèmes nationaux dans le domaine de la gestion de la
recherche.

Intégration de la formation et de la recherche


La restructuration des programmes de l’ADRAO a mis en évidence la nécessité d’une intégration entre la formation et la
recherche, de façon à faciliter le transfert des méthodes et résultats issus du travail de l’ADRAO et de ses partenaires. Dans
cette perspective, nous avons commencé à consulter les chercheurs de l’ADRAO et des groupes d’action dès 1995 afin de
recenser les technologies qu’il serait d’ores et déjà possible de transférer.
Pendant l’année 1996, nous avons intensifié cette activité. Les cours de formation organisés à l’ADRAO se sont totalement
inscrits dans le prolongement de la recherche, l’accent étant mis initialement sur les activités des groupes d’action. Les
réunions annuelles de ces groupes ont été mises à profit pour mener des consultations qui ont abouti à la décision de lancer
trois cours sur le diagnostic et la gestion de la marbrure du riz (RYMV), l’amélioration et la production du riz de bas-fond,
et l’application du modèle de développement du riz RIDEV dans le Sahel. Ces cours ont été organisés par les groupes
d’action sur le système de protection intégrée du riz, sur l’amélioration variétale du riz de bas-fond et sur le riz irrigué dans
le Sahel. En collaboration avec les chercheurs concernés, nous avons élaboré le contenu de chaque cours, défini les
modalités de formation et arrêté une date et un site appropriés. Il ne nous restait plus ensuite qu’à trouver des financements
extérieurs.
Le cours sur la marbrure du riz a été organisé avec l’aide du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA),
qui a financé la participation de plusieurs stagiaires et personnes-ressources. Les coûts restants ont été pris en charge par le
Groupe d’action sur le système de protection intégrée du riz. Ce cours, qui s’adressait à des phytopathologistes et à des
sélectionneurs d’Afrique de l’Ouest, a été mis à profit pour renforcer la coordination des recherches sur la marbrure du riz
et pour passer en revue les systèmes existants de notation de l’infection de RYMV. La décision a été prise d’uniformiser ces
systèmes afin de faciliter la comparaison du degré de sévérité et des dégâts de cette maladie d’un pays à un autre.
Les financements des deux autres cours ont été obtenus trop tard pour qu’il soit encore possible de les organiser en
1996. Après consultation des chercheurs, il a donc été décidé de les reporter à 1997.

Des paysans promus experts de la gestion intégrée des ennemis du riz


Poursuivant l’action engagée en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO) et avec des programmes nationaux, nous avons organisé des cours sur la gestion intégrée des ennemis du riz en Côte

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Rapport annuel ADRAO 1996
Bilan et perspectives

d’Ivoire et au Burkina Faso, en reprenant l’approche participative employée l’année précédente au Ghana. Des détails sur
ce programme de formation sont donnés en pages 46 et suivantes.
Le premier de ces cours a eu lieu dans le périmètre irrigué de Sakassou, à 42 kilomètres au sud-ouest de Bouaké dans le
centre de la Côte d’Ivoire. Il a bénéficié de l’assistance technique et financière de la FAO et de la collaboration du ministère
de l’Agriculture et des Ressources animales. La formation s’est déroulée dans les rizières et dans des écoles paysannes
installées en plein air à proximité de celles-ci. Le cours, qui s’est étendu sur toute la saison culturale, a permis de former
23 agents de vulgarisation (17 de Côte d’Ivoire, 2 du Mali et 4 du Burkina Faso) et 70 petits producteurs. Ces derniers ont
appris à observer les populations de ravageurs dans leurs propres champs et à décider des mesures à appliquer. Ils n’ont pas
hésité à adopter les méthodes de gestion intégrée lorsqu’il s’est avéré que celles-ci leur permettaient d’obtenir des revenus
supérieurs de 35% à ceux des paysans qui continuaient à employer des pesticides. Ces résultats ont suscité un intérêt
considérable chez les chercheurs, les bailleurs de fonds, les décideurs et la communauté paysanne locale.
Le cours du Burkina Faso a été organisé dans un périmètre irrigué de la vallée du Kou, près de Bobo-Dioulasso, à
l’intention de 21 agents de vulgarisation et de 75 petits producteurs. Ces derniers ont adopté avec enthousiasme les méthodes
recommandées de gestion intégrée, qui ont ici aussi augmenté les revenus de 34%.
Ces cours ont permis de familiariser les programmes nationaux des deux pays avec les aspects théoriques et pratiques
de la gestion intégrée des ennemis du riz, dont les avantages sur les plans du respect de l’environnement et de la rentabilité
économique ont été reconnus.

Renforcement des capacités nationales de gestion de la recherche


En association avec le programme de formation inter-centres du GCRAI, le Service international pour la recherche agricole
nationale (ISNAR) a organisé une série d’ateliers pour évaluer les besoins de formation des chercheurs nationaux. La
gestion de la recherche a été identifiée comme une priorité, car elle conditionne la performance des programmes nationaux
de recherche agricole. Dans ce contexte, nous avons organisé le troisième d’une série de cours sur ce thème, en collabora-
tion avec l’Institut des savanes (IDESSA) de Côte d’Ivoire et avec le concours de personnes-ressources de l’ISNAR, de
l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA) et de l’Institut international de recherche sur les cultures des zones
tropicales semi-arides (ICRISAT). Quatorze chefs ou directeurs de programme de cinq pays francophones d’Afrique de
l’Ouest et centrale ont participé à cet atelier, qui leur a permis d’approfondir leurs connaissances dans trois domaines :
formulation de programmes ; planification, suivi et évaluation de projets de recherche ; et gestion financière.

Gestion de l’information agricole


Les chercheurs riz de la région ont besoin d’avoir accès à des données actualisées pour leur travail. Celles-ci ne peuvent
leur être fournies que si tous les maillons de la chaîne de traitement et de diffusion de l’information sont gérés par un
personnel parfaitement qualifié. C’est pourquoi le centre de documentation de l’ADRAO s’attache à renforcer les capacités
des programmes nationaux en formant leurs agents au siège de l’ADRAO et dans les Etats membres, et en faisant suivre
cette formation de missions de consultation et de services-conseils.
En 1996, nous avons effectué une mission de consultation approfondie pour le Projet national riz (SOPRORIZ) du
ministère ivoirien de l’Agriculture et des Ressources animales. L’objectif consistait à élaborer une stratégie d’information
et à préparer la mise en place d’une bibliothèque spécialisée. L’un des résultats de cet exercice a été la production d’un
document sur les procédures et mécanismes à mettre en oeuvre pour établir un système d’information intégré qui sera
désigné sous l’appellation d’ « Observatoire du riz ». En outre, un agent de la SOPRORIZ a été formé pendant deux mois
au siège de l’ADRAO.
Du 10 au 13 juin, nous avons participé à une réunion préparatoire d’un cours de formation de formateurs, pour planifier
la présentation des exposés et la supervision des travaux pratiques. Le cours proprement dit, qui avait pour thème la

10
Rapport annuel ADRAO 1996
Bilan et perspectives

rédaction scientifique, a été organisé par l’Institut du Sahel à Bamako (Mali) du 2 au 6 septembre. Il s’adressait à des
chercheurs des institutions de recherche agricole des pays membres du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la
sécheresse dans le Sahel (CILSS) et visait à constituer un noyau de spécialistes qui répercuteraient ensuite les connaissances
acquises en organisant des sessions de formation dans leurs propres pays. L’ADRAO a apporté une contribution sur
l’utilisation des services et outils d’information, et notamment sur les nouvelles technologies informatiques facilitant
l’obtention et la gestion des données et de la documentation.
Au siège du Conseil phytosanitaire interafricain de la Commission de recherches scientifiques et techniques de
l’Organisation de l’unité africaine (OUA) à Yaoundé (Cameroun), nous avons aidé à établir une base de données informatisée
sur les spécialistes africains de la protection des végétaux. Nous avons également accueilli un agent de cette institution
pendant un mois pour lui assurer une formation à la gestion des bases de données.
Enfin, nous avons contribué à la préparation et au déroulement d’un atelier international sur les politiques de gestion
de l’information des institutions de recherche agricole en Afrique. Cet atelier financé par le CTA a eu lieu du 16 au
20 septembre à Bamako (Mali). Il a donné lieu à la production d’un document de travail concernant l’établissement d’un
système d’information sur les activités de recherche agricole en cours en Afrique de l’Ouest et centrale. Ce système est
conçu comme un projet de la Conférence des responsables de recherche agronomique africains (CORAF), qui en assurera
la mise en oeuvre en collaboration avec l’ADRAO lorsqu’un financement aura été obtenu.

Le projet Africa Link


La région d’Afrique de l’Ouest et centrale compte une multitude de réseaux de recherche agricole, groupes de travail,
groupes d’action et autres initiatives interinstitutionnelles, dont les activités reposent pour une large part sur les échanges
d’informations. Ceux-ci peuvent être grandement facilités par l’accès au courrier électronique et à Internet.
Dans le cadre du projet Africa Link, l’ADRAO a obtenu un financement de 300 000 dollars de l’Agence des Etats-Unis
pour le développement international (USAID) en vue d’améliorer les capacités de connexion au sein de la région et avec
les autres régions d’Afrique et du monde. Depuis octobre 1996, nous avons contacté tous les organismes de recherche
agricole, réseaux et autres acteurs intéressés. Plusieurs réunions régionales ont été également mises à profit pour diffuser
des informations sur le projet.
Nous avons reçu des réponses de 33 organismes qui ont sollicité une aide pour connecter quelque 129 sites (stations et
instituts de recherche) et assurer un accès au courrier électronique à un nombre de chercheurs évalué entre 500 et 1000.
Nous avons apporté une aide aux institutions qui avaient des problèmes techniques ou des difficultés à rassembler les
informations requises pour soumettre leur demande, ou qui opèrent dans une zone dépourvue de fournisseur d’accès. Cette
assistance sera poursuivie en 1997, où un expert fera le tour de la région pour étudier les options, mettre en place des
mécanismes appropriés et assurer une formation complémentaire aux usagers.
Les fonds du projet couvrent les frais de connexion et de communication pendant les premiers mois (achat et installa-
tion d’un modem, abonnement et somme forfaitaire pour le paiement de la facture du premier trimestre ou de la première
année), ainsi qu’une formation sur le tas à l’utilisation du courrier électronique et d’Internet. Ils peuvent aussi servir à
compléter le matériel informatique en cas de besoin.
L’attribution des subventions doit commencer en janvier 1997. Il est prévu que toutes les institutions seront connectées
d’ici la fin de l’année. Des ateliers seront alors organisés pour assurer que les participants exploitent pleinement les
potentialités offertes par le courrier électronique et par Internet. Une aide pourra être apportée aux organismes et réseaux
participants pour créer une page d’accueil et des forums de discussion.

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Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

L’innovation à l’ordre du jour

L ES CHERCHEURS de l’ADRAO ont créé un nouveau type de riz capable de faire échec aux adventices :
une bonne perspective pour les petits paysans ouest-africains, mais aussi pour l’environnement.

Les adventices, contrainte numéro un


Au cours d’un récent exercice de planification, les chercheurs
de l’ADRAO ont recensé les thèmes de recherche et les ont
classés par ordre de priorité selon leur impact potentiel sur
la production rizicole de la région. En tête de liste, loin devant
tout autre thème, venait la lutte contre les adventices, qui
pourrait se traduire par des gains de production estimés à un
chiffre impressionnant de 1,5 million de tonnes de riz par
an.
L’impact des adventices s’exprime moins par la
dévastation des rizières, comme c’est le cas avec les insectes
ou les maladies, que par une pression constante qui fait
baisser les rendements, année après année, sur de vastes Le désherbage incombe principalement aux
femmes, qui y consacrent de longues heures de
superficies. Il s’agit d’un problème omniprésent en Afrique travail harassant
de l’Ouest, mais qui revêt des dimensions particulièrement
sévères sur les plateaux et dans les parties hydromorphes
des zones de savane et de forêt.
Outre leurs effets dépressifs sur les rendements, les En Afrique, la culture itinérante sur brûlis est particulièrement
adventices posent de sérieux problèmes d’équité et préjudiciable à l’environnement. La pr olifération des
d’environnement. Sur le plan de l’équité, elles sont le prin- adventices pousse les paysans à défricher de nouvelles terres

cipal obstacle à l’essor des petites exploitations. Dans une


enquête effectuée par l’ADRAO, 80% des paysans interrogés
ont déclaré qu’ils seraient prêts à augmenter la superficie de
leurs rizières s’ils étaient sûrs de pouvoir les désherber. Le
travail de désherbage est effectué en règle générale par la
main-d’oeuvre familiale, car les herbicides coûtent trop cher
ou sont introuvables. Sur les plateaux et dans les zones
hydromorphes, les producteurs consacrent à chaque saison
une moyenne de 40 à 60 journées par hectare à cette tâche.
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le désherbage
soit souvent fait tardivement, quand il n’est pas carrément
négligé.
Sur le plan environnemental, le problème des adventices
a engendré un système de production des plus destructeurs :

13
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

la culture itinérante sur brûlis. Des millions d’hectares de


forêt partent en fumée chaque année en Afrique de l’Ouest
lorsque les paysans défrichent de nouvelles terres. Les
adventices sont l’une des raisons qui les poussent à aller
s’installer plus loin. « On pense en général que la culture
itinérante est seulement une réponse à la baisse de fertilité
des sols. Mais elle est également motivée par la prolifération
des adventices », explique David Johnson, malherbologiste
à l’ADRAO. « Les adventices étouffent chaque année un
peu plus les cultures. Au bout de trois ans, les rendements
deviennent si bas que les paysans préfèrent abandonner la
partie et repartir à zéro ailleurs. »
Le problème s’accentue à mesure que les terres vacantes
se raréfient et que la production s’intensifie. Dans des essais
de l’ADRAO, on a constaté que le poids des adventices
retirées de parcelles laissées en jachère pendant moins de
cinq ans était le double de celui de parcelles demeurées au
repos pendant six à 15 ans. Les rendements rizicoles étaient
inférieurs de 24% sur les premières parcelles, la différence
L’un des grands coupables : Euphorbia
heterophylla
étant attribuable pour 54% aux adventices (tableau 1). « Cela
veut dire que la lutte contre les adventices est le grand défi
pour l’avenir », conclut Johnson.

Tableau 1. Impact du raccourcissement de la jachère sur le rendement en grains du riz, l’infestation par les adventices et la fertilité
du sol dans des systèmes de riziculture pluviale (Côte d’Ivoire, 1994-96).

Savane Fôret , régime Fôret , régime Ensemble des sit es :


guinéenne Savane dérivée bimodal monomodal changement s
induit s par
P aramèt res JL JC JL JC JL JC JL JC l'int ensif icat ion (%)
– 1
Rendement en riz (t ha ) 1,48 ns 1,15 1,12 ns 1,02 1,55 * 1,02 0,84 * 0,71 - 24
P oids d'advent ices (g m – 2) 36,8 ns 39,4 27,4 * 43,9 15,6 * 30,2 17,8 ns 20,6 + 72

C aract érist iques du sol :


pH (H20) 5,4 ns 5,7 5,7 ns 5,6 5,3 ns 5,5 5,1 * 4,9 + 2 ns
pH (KC I) 4,6 ns 4,9 4,4 ns 4,5 4,3 ns 4,4 4,1 * 3,4 + 1 ns
carbone organique (%) 1,68 * 1,21 2,49 ns 2,28 1,65 * 1,54 1,79 * 1,53 - 19 *
capacit é N (mg kg – 1) 14,0 ns 11,8 24,9 * 16,6 14,9 * 11,3 27,3 ns 21,6 - 26 *
– 1
D if f érence de rendement (t ha ): 0,33 0,10 0,53 0,13 24 *
due aux advent ices (%) 44 34 68 78 54 *
due au N (%) 24 39 28 19 31 ns
non expliquée (%) 32 27 4 3 18 ns

Note :
JL : jachère longue = 6-15 ans ; JC : jachère courte = 3-5 ans ; * = différence significative au seuil 5% ; ns = différence non significative.

14
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

Faute de ressources financières et humaines, les petits syndrome du sélectionneur : des variétés “ améliorées ” qui
producteurs n’ont guère les moyens de lutter contre les donnaient d’excellents résultats en station mais faisaient
adventices. Au début des années 90, les chercheurs de triste mine dans les champs des paysans. Avec leur paille
l’ADRAO ont entrepris d’explorer les possibilités offertes courte, les types sativa étaient rapidement étouffés par les
par l’amélioration génétique. adventices. Nous nous sommes rendu compte que notre
travail ne servait qu’aux 20% de producteurs qui utilisent
Une mine d’or des herbicides. Il nous fallait donc penser au plus grand
Le sélectionneur sierra-léonais Monty Jones a fait nombre, à ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter des
connaissance avec Oryza glaberrima dans les années 70, produits chimiques. »
alors qu’il travaillait à la station de recherche rizicole de Jones et ses collègues se sont tout d’abord procuré des
Rokupr, dans son pays. Il a été frappé de constater que, dans riz africains auprès de centres nationaux et internationaux
les environnements les plus difficiles, les paysans préféraient de ressources génétiques. Ils ont constitué une collection de
continuer de cultiver cette espèce plutôt que d’adopter les 1500 lignées O. glaberrima qu’ils ont entrepris de cribler.
nouvelles variétés O. sativa qui fournissaient pourtant des « Ce que nous avons découvert était une véritable mine
rendements supérieurs. De toute évidence, O. glaberrima d’or », dit Jones. « Les lignées glaberrima présentaient une
était mieux adaptée aux stress locaux. fantastique diversité en termes de résistance à des stress tels
O. glaberrima est une espèce de riz indigène, sélectionnée que la sécheresse, la pyriculariose ou la toxicité ferreuse.
et cultivée en Afrique de l’Ouest depuis au moins 3500 ans. Elles étaient aussi très différentes par leur cycle, leur réponse
Son rendement n’est pas particulièrement élevé, mais elle aux engrais, la qualité de leur grain et leur rendement. »
représente un riche réservoir de gènes de résistance à des Les criblages ont permis de déterminer les caractères qui
stress tels que les adventices. Quant au riz asiatique O. sativa, confèrent à O. glaberrima toute son efficacité dans la con-
il a été introduit en Afrique il y a 500 ans par les commerçants currence avec les adventices. La plupart des lignées font
portugais. Bien que plus vulnérable aux adventices, il a un preuve d’une grande vigueur en début de croissance et ont
potentiel de rendement relativement élevé qui l’a rendu des feuilles inférieures tombantes, ce qui leur permet
populaire auprès des agriculteurs. De ce fait, il a d’occuper rapidement l’espace disponible. Ainsi, elles
progressivement remplacé O. glaberrima, qui n’est plus
cultivé aujourd’hui que sur moins de 20% des superficies
rizicoles de l’Afrique de l’Ouest. Oryza glaberrima
Lorsque Jones est arrivé à Mbé au début des années 90 l’emporte sur tous ses
pour travailler comme sélectionneur riz pluvial à l’ADRAO, concurrents
il a vu l’occasion de réaliser un rêve qu’il caressait de longue
date : effectuer des croisements entre les deux espèces. En
se lançant dans ce projet, il a engagé le programme
d’amélioration variétale de l’ADRAO dans une direction
nouvelle, qui s’écartait radicalement de l’approche de la
Révolution verte.
« Face au problème des adventices, la réponse de la
Révolution verte aurait été de continuer à sélectionner de
nouvelles variétés à rendement supérieur, tout en
encourageant les paysans à appliquer des herbicides »,
explique Jones. « A mon arrivée en 1991, l’ADRAO utilisait
encore des niveaux d’intrants élevés pour évaluer les lignées
prometteuses. Il en résultait ce qu’on pourrait appeler le

15
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

Figure 2. Croissance des adventices dans des parcelles dépassent leurs concurrentes en taille dès les premiers stades
contenant une variété O. glaberrima (IG 10) et deux variétés
O. sativa (Moroberekan et IDSA 6).
de leur développement, et l’ombrage fourni par leur
végétation ralentit ensuite la croissance des adventices
Poids sec (figure 2).
d'adventices (g m–2) Les chercheurs ont également mis au jour les caractères
240 à l’origine du rendement en grains médiocre des lignées
IG 10 O. glaberrima. Celles-ci ne produisent en général que 74 à
220 Moroberekan
IDSA 6
150 grains par panicule, contre 250 ou plus pour O. sativa.
200 Leurs panicules portent peu de ramifications secondaires par
180
rapport à celles d’O. sativa, et elles contiennent par conséquent
un plus faible nombre d’épillets. Les lignées O. glaberrima
160 manifestent également des tendances à la verse, à l’égrenage
140
et à une longue période de dormance des semences. De tels
inconvénients expliquent pourquoi les producteurs ont
120 remplacé O. glaberrima par des variétés O. sativa.
100
Un nouveau type de plant
80 Grâce à ces criblages, les chercheurs ont pu identifier huit
60 lignées O. glaberrima qui allaient servir de géniteurs pour
un programme de croisements interspécifiques avec
40 O. sativa. Tout en présentant l’architecture de plant
20 caractéristique d’O. glaberrima, ces lignées étaient
relativement productives et avaient une bonne qualité de
0 grain. Les chercheurs ont choisi comme géniteurs O. sativa
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
cinq variétés améliorées à haut rendement de l’ADRAO, et
Jours après émergence ils ont réalisé 48 croisements entre les deux espèces.
Les résultats des croisements interspécifiques sont
aléatoires : il y a une forte probabilité pour que les
Monty Jones, descendances soient stériles. « Nous étions sur des charbons
sélectionneur à l’ADRAO : ardents », se souvient Jones. « Néanmoins, il arrive que des
la réalisation d’un rêve
échanges de gènes se fassent spontanément entre les deux
caressé de longue date
espèces dans les champs des paysans, et nous pensions donc
avoir une chance de réussir. »
Finalement, sept des 48 croisements ont produit quelques
graines fertiles. Les plants issus de ces graines se classaient
dans trois catégories : la plupart ressemblaient à O. glaberrima
ou à O. sativa, et quelques-uns—les véritables descendances
interspécifiques—présentaient des caractères des deux
géniteurs. Parmi ces derniers, un petit nombre combinait
les épillets abondants d’O. sativa avec les feuilles tombantes
et la croissance vigoureuse d’O. glaberrima.
Deux rétrocroisements ont été effectués entre ces
descendances et les géniteurs O. sativa afin de restaurer la

16
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

fertilité et d’accroître le potentiel de rendement. On a ensuite Tableau 2. Rendement en grains de 22 descendances inter -
spécifiques et de leurs géniteurs avec des niveaux d’intrants
procédé à des sélections avec la méthode pedigree sur six différents.
générations, jusqu’à ce que les caractères désirés soient
stabilisés. C’est ainsi que le nouveau type de plant a vu le Rendement en grains (kg ha – 1)
jour. Niveau élevé Faible niveau
Testées en station avec un faible apport d’intrants, deux Variét és d'int rant s 1 d'int rant s 1
des descendances interspécifiques ont donné des rendements W AB450-I-B-P -106-HB 3692 a 1613 bcde
supérieurs à ceux des témoins O. sativa et O. glaberrima, W AB450-24-2-3-P 33-HB 3665 ab 1496 de
faisant ainsi preuve d’un degré élevé d’adaptation à un W AB450-I-B-P -38-HB 3610 ab 1833 abcde
environnement difficile. Cultivées avec un niveau élevé W AB450-24-2-1-P -5-HB 3600 ab 1511 de
d’intrants, elles ont systématiquement produit 3,4 à W AB450-I-B-P -20-HB 3583 ab 2003 abc
3,8 tonnes par hectare, dépassant significativement le W AB450-I-B-P -160-HB 3578 ab 2164 a
géniteur O. glaberrima et se classant à égalité avec le témoin W AB450-24-3-2-P 18-HB 3565 ab 1463 de
O. sativa (tableau 2). Ces descendances présentaient à la W AB450-11-1-1-P 3-HB 3533 ab 1395 de
fois une croissance de départ vigoureuse, un cycle court, un W AB450-I-B-P -133-HB 3525 ab 1685 bcde
rendement élevé et une bonne qualité de grain.
W AB450-I-B-P -91-HB 3448 abc 1533 cde
Le nouveau type de plant ne permettra pas à lui seul de
W AB450-I-B-P -31-HB 3370 abc 1703 abcde
résoudre le problème des adventices. Il sera la pièce maîtresse
O. sativa)
ID SA 6 (génit eur O. sat iva ) 3368 abc 1390 e
d’un ensemble de mesures—et notamment de pratiques
W AB450-I-B-P -32-HB 3305 abc 1521 de
agronomiques améliorées telles qu’une densité de semis plus
W AB450-I-B-P -23-HB 3278 abcd 1498 de
élevée—qui tireront leur efficacité de leur combinaison.
Jusqu’à présent, cette pièce maîtresse faisait défaut. Comme W ABC 165 3270 abcde 1885 abcd

le dit Johnson, « avec un bon type de plant, la victoire devient W AB450-I-B-P -62-HB 3259 abcde 1714 abcde
possible sur les autres fronts ». W AB56-104 3255 abcde 1460 de
W AB450-I-B-P -142-HB 3220 abcde 1456 de
De nouveaux outils W AB450-24-3-1-P 135-HB 3120 bcdef 1793 abcde
L’équipe de l’ADRAO met au point de nouveaux outils pour W AB450-I-B-P -147-HB 2933 cdef 1705 abcde
accroître l’efficacité de son programme d’amélioration W AB450-I-B-P -105-HB 2715 def g 1667 bcde
génétique. W AB450-15-3-1-P 8-HB 2699 ef g 1640 bcde
Au laboratoire de Mbé, les chercheurs ont recours à la W AB450-11-1-8-KB 2608 gf 1542 cde
culture d’anthères pour accélérer l’obtention du produit final. W AB450-I-B-P -137-HB 2493 g 1409 de
Il s’agit d’une forme de culture de tissus qui permet de W AB450-I-B-P -28-HB 2373 g 1668 bcde
régénérer des plants entiers à partir de l’anthère ou partie C G 14 (génit eur
mâle de la fleur à l’aide de divers milieux de culture. Cette O. glaberrima)
O. glaberrima ) 1693 g 2073 ab
technique repose sur le fait que les anthères (et le pollen 1
Les moyennes suivies des mêmes lettres ne présentent pas de
qu’elles renferment) sont haploïdes—c’est-à-dire qu’elles différence significative.
ne contiennent qu’un exemplaire de chaque chromosome.
La duplication des chromosomes donne des plants diploïdes
fertiles, possédant deux jeux identiques de chromosomes. d’anthères permet de conserver du matériel génétique qui
On peut se servir de la culture d’anthères pour produire des serait sinon éliminé.
lignées génétiquement stables, de fertilité élevée, en l’espace En décidant d’employer cette technique complexe pour
d’environ 24 mois, contre cinq à six ans avec les méthodes la régénération d’un nouveau type de plant de riz, les
d’amélioration conventionnelles. En outre, la culture chercheurs de l’ADRAO s’aventuraient en terrain inconnu.

17
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

La culture
d’anthèr es
accélère le travail
d’amélioration
génétique

Un nouveau milieu
de culture facilite
l’enracinement

Au début, leurs tentatives ont échoué : le milieu N6 entre la surface foliaire et la surface au sol). D’après
normalement utilisé pour induire la formation de cals chez Dingkuhn, ce modèle est un outil de prédiction
O. sativa était inopérant avec les descendances particulièrement utile, car il permet d’économiser le temps
interspécifiques. Jones s’est alors rendu à Hangzhou, en et les ressources qui seraient nécessaires pour planter chaque
Chine, chez le National Institute of Agricultural Research croisement et en étudier empiriquement la performance.
qui est spécialisé dans la culture d’anthères. Ses assistants, Un concept fondamental, dans le cadre de ce travail de
Hortense Séhi et Semon Mande, sont allés respectivement à modélisation, est celui de surface foliaire spécifique (SFS).
Taiwan et en Colombie pour recevoir une formation Il s’agit de la surface foliaire par gramme de poids d’une
spécialisée. A leur retour, ils ont essayé diverses modifica- feuille, qui permet de mesurer l’épaisseur des feuilles. Si la
tions du milieu. L’ajout de lait de noix de coco et d’une SFS est élevée, le plant produit des feuilles grandes mais
hormone (l’acide acétique de naphtalène) a donné des minces ; en d’autres termes, il a un port étalé et relativement
résultats positifs. Jones a également mis au point un nouveau peu de pertes de grains. La SFS varie fortement selon le
milieu, le triazole multi-effets (produit d’acclimatation génotype, mais apparaît relativement stable d’un
induisant un développement racinaire abondant), afin environnement à un autre, ce qui pourrait en faire un critère
d’améliorer le taux de survie qui était initialement faible de sélection utile. Chez un plant idéal, la SFS sera élevée en
lors du repiquage des plants dans le sol. début de croissance et diminuera ensuite rapidement à
Les chercheurs de l’ADRAO ont également fait appel à mesure que les ressources seront investies de moins en moins
la modélisation. Il était clair que les descendances dans la croissance végétative et de plus en plus dans la pro-
interspécifiques ne pouvaient supplanter les adventices duction de grains (figure 3).
qu’aux dépens d’autres qualités essentielles telles que le Enfin, l’équipe a mis au point une méthode de criblage
potentiel de rendement. « On n’obtient rien gratuitement », empirique qui semble prometteuse. La croissance des
observe Johnson, « mais nous ne voulons pas payer au prix adventices étant extrêmement variable, les criblages
fort en ce qui concerne le rendement. Pour séduire les supposent un grand nombre de répétitions et ils doivent se
agriculteurs, les lignées interspécifiques doivent donner une faire en parcelles plutôt que dans des pots placés en serre.
production satisfaisante sur le plan quantitatif comme sur le C’est pourquoi les chercheurs n’ont pu jusqu’à présent cribler
plan qualitatif. » qu’un petit nombre de descendances à chaque saison, ce qui
Michael Dingkuhn, l’analyste systèmes de l’équipe, a a considérablement freiné le travail d’amélioration variétale.
élaboré un modèle qui permet d’établir des relations entre La nouvelle méthode, actuellement au stade
le potentiel de rendement et des caractéristiques telles que expérimental, consiste à se servir d’autres espèces cultivées
la capacité de tallage et l’indice de surface foliaire (rapport pour simuler le rôle des adventices. Etant plus faciles à semer,

18
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

ces espèces produisent une biomasse plus prévisible et créent ouest-africaines. En réduisant les besoins en main-d’oeuvre
une concurrence plus uniforme, ce qui permet de réduire le et en fournissant des rendements supérieurs, les nouvelles
nombre des répétitions. Les plantes testées à ce jour sont le lignées de riz abaisseront les coûts de production. Elles
maïs, le niébé et même la lignée de riz O. glaberrima IG 10. apporteront ainsi la contribution à la croissance économique
Les résultats sont encourageants, surtout avec IG 10 qui et à l’équité qui peut être attendue d’une nouvelle technologie
permet de prédire particulièrement bien les niveaux moyens agricole. En outre, elles auront des effets bénéfiques sur
de concurrence des adventices (tableau 3). l’environnement dans la mesure où elles aideront à stabi-
« Avec cette méthode, il devrait être possible de multiplier liser le système de culture itinérante et donc à limiter les
par six le nombre de lignées criblées », dit Johnson. « Ainsi, déboisements, tout en permettant de réduire les importations
nous serons en mesure de donner beaucoup plus rapidement d’herbicides dans les pays de la région.
un feedback aux sélectionneurs. » Les lignées interspécifiques les plus prometteuses ont
déjà fait leur chemin jusqu’aux champs des paysans, auprès
Une arme efficace desquels elles trouvent un accueil des plus favorables (voir
Avec le nouveau type de plant, les petits producteurs page 21). Des essais sont menés dans divers sites, en
disposeront d’une arme efficace face aux adventices. Les collaboration avec le programme national de Côte d’Ivoire.
femmes en particulier y gagneront, car ce sont elles qui Des semences ont été également envoyées à des pays tels
fournissent le gros de la main-d’oeuvre dans les rizières que le Togo, le Ghana et le Bénin.
Jones ne doute pas que les nouvelles variétés connaîtront
des taux d’adoption élevés en Afrique de l’Ouest. « D’ici cinq
Figure 3. Evolution dans le temps de la surface foliaire à six ans », dit-il, « elles seront cultivées un peu partout
spécifique (SFS) d’une descendance interspécifique (WAB 450-
24-3-2-P18-HB) et de ses géniteursO. sativa (WAB 56-1045) et dans la région ». On peut s’attendre à ce que les petits
O. glaberrima (CG 14). La ligne brisée indique la SFS idéale producteurs, fidèles à leurs stratégies habituelles, les utilisent
pour un plant à haut r endement capable de supplanter les en complément des variétés existantes sans remplacer
adventices.

Surface foliaire Grâce à une


spécifique (m2 kg–1)
O. glaberrima méthode de criblage
35 O. sativa améliorée, la
Descendance capacité de
interspécifique concurrence vis-à-vis
30 des adventices
pourra être vérifiée
plus rapidement

25
PPDS
(0,05)
20

15

10
20 40 60 80 100
Jours après semis

19
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

Tableau 3. Biomasse de variétés de riz en situtation de concurrence avec différentes espèces (ratio par rapport à la monocultur e).

C ompét it ivit é vis-à-vis de :

Variét és advent ices niébé O. glaberrima


O. glaberrima (IG 10) maï s
maïs
O. sativa
O. sat iva ::
Moroberekan 0,88 1,35 0,94 0,74
OS 6 1,04 1,25 1,05 0,82
W AB 56-104 0,39 0,99 0,69 0,34
W AB 56-50 0,83 1,35 0,89 0,56
ID SA 6 0,67 1,31 0,75 0,67
ID SA 10 0,78 1,36 0,66 0,51
Bouaké 189 0,76 1,60 0,71 1,07
O. glaberrima
O. glaberrima ::
IG 10 1,16 2,19 1,16 1,13
C G 14 0,95 1,21 0,96 0,94
V4 0,68 1,72 0,94 0,75
D escendances int erspécif iques :
W AB 450-11-1-P 40-1-HB 0,70 1,64 0,96 0,53
W AB 450-I-B-P -106-HB 0,79 1,52 1,20 0,64
W AB 450-I-B-P -133-HB 0,60 1,31 0,95 0,42
Moyenne 0,77 1,43 0,91 0,69
Erreur t ype (±) 0,043
C oef f icient de variat ion 36

totalement celles-ci, ce qui apportera également des


avantages sur le plan de la biodiversité.
Au-delà de l’Afrique, ces nouvelles variétés pourraient
Un produit de la créativité des scientifiques africains profiter à d’autres régions en développement. Les petits
paysans asiatiques par exemple, que la croissance
démographique amène à mettre en valeur des terres de plus
en plus marginales, ont des difficultés croissantes avec les
adventices. La diffusion du nouveau type de riz dans ces
régions démontrerait la maturité de la recherche africaine et
marquerait une inversion du sens traditionnel du flux de
technologie.
« Ex Africa semper aliquid novi »—il vient toujours
quelque chose de nouveau de l’Afrique—, écrivait le poète
romain Pline l’Ancien au premier siècle de notre ère. Avec
le nouveau type de riz de l’ADRAO, né de la créativité des
scientifiques africains, l’innovation demeure à l’ordre du
jour.

20
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

Sélection variétale : les producteurs au


poste de commande

A PRÈS AVOIR, dans un premier temps, mené des enquêtes pour déterminer les préférences variétales
des producteurs et des consommateurs de riz, les chercheurs de l’ADRAO s’engagent aujourd’hui
dans des recherches participatives en milieu paysan. Il s’agit de comprendre pourquoi les producteurs
choisissent certaines variétés plutôt que d’autres. En associant les paysans au processus de développement
de technologie, il sera possible de sélectionner des variétés qui rencontreront un large taux d’adoption.

De la disette à l’abondance recevront des semences de ces variétés pour les essayer dans
« On se serait cru à Noël », commente Tim Dalton, leurs champs et les comparer avec leurs variétés
agroéconomiste à l’ADRAO, pour décrire l’animation et la traditionnelles ; la troisième année, il leur sera demandé de
curiosité qui régnaient en cette journée d’évaluation à l’école payer les semences. Ce moment constituera le test décisif :
villageoise de Ponondougou, en Côte d’Ivoire, alors que les on verra alors si leur intérêt pour les nouvelles variétés est
paysans examinaient les différents types de riz exposés. suffisant pour qu’ils décident de s’impliquer financièrement.
« Dans une zone où l’on n’avait vu aucune variété nouvelle En zone de savane, ces recherches sont effectuées dans
depuis au moins dix ans, les paysans se pressaient pour les villages de Ponondougou et de Pondou, localisés à
regarder ce qui leur était offert. C’était comme s’ils passaient
du jour au lendemain de la disette à l’abondance. »
Les paysans se sont
Les chercheurs ont présenté aux producteurs 60 lignées montrés vivement
de riz représentatives de la diversité génétique de la région. intéressés par la
Il y avait là des variétés Oryza sativa déjà homologuées ou diversité des types
de riz qui leur
susceptibles de l’être, quelques variétés traditionnelles étaient présentés
O. glaberrima et 10 des lignées interspécifiques récemment
créées et sélectionnées par l’ADRAO et ses partenaires
nationaux (voir page 13). Après avoir laissé les paysans
examiner ces variétés collectivement, les chercheurs leur
ont demandé de venir un à un faire une sélection. Ils les ont
ensuite interrogés sur les raisons de leur choix, toujours
séparément afin d’éviter dans toute la mesure du possible
qu’ils ne s’influencent les uns les autres.
Cette journée d’évaluation s’inscrivait dans le cadre de
recherches menées sur une période de trois ans dans
différents environnements et à différents stades du cycle de
développement du riz. La première année, les paysans
doivent simplement sélectionner les variétés qui leur
semblent les plus intéressantes ; la deuxième année, ils

21
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

« La participation et la biodiversité vont main dans la


main », explique-t-il. « En plaçant les producteurs au poste
de commande, nous multiplions les chances de les voir
adopter les variétés que nous sélectionnons. Notre objectif
est de faire connaître aux paysans la totalité du matériel
génétique disponible, afin qu’ils puissent enrichir le
patrimoine local en choisissant eux-mêmes de nouvelles
variétés. » Ce mode d’évaluation se démarque des méthodes
traditionnelles de développement et de transfert de
technologie, qui consistent à effectuer des essais multilocaux
pour vulgariser ensuite un petit nombre de variétés à l’échelle
nationale.
On a interrogé les Dans ces évaluations, l’appréciation des productrices est
paysans séparément dûment prise en considération. Il ne faut pas oublier que la
afin d’éviter qu’ils ne
s’influencent les uns les riziculture est essentiellement l’affaire des femmes en
autres Afrique de l’Ouest. Leur opinion sur les nouvelles variétés
a été trop souvent négligée dans les recherches
conventionnelles en station, bien qu’elle puisse être
proximité de la ville de Boundiali et distants l’un de l’autre différente de celle des hommes—ce qui a des implications
de 15 km. L’opération y est actuellement dans sa deuxième importantes pour le programme d’amélioration. Pendant les
année. En 1997, elle sera étendue à la zone forestière, dans journées d’évaluation, on veille donc à enregistrer les choix
les régions de Gagnoa et de Danané. Dans chaque site, les et les critères des femmes séparément de ceux des hommes.
techniciens de l’ADRAO commencent par semer l’ensemble Les entretiens avec les productrices sont assurés par une
des entrées dans les champs d’un producteur choisi pour sa équipe féminine afin d’éviter les biais que pourraient
propension à innover. Quelque 80 paysans du voisinage sont introduire des enquêteurs de sexe masculin.
ensuite invités à venir inspecter les plants à trois stades de Cette approche participative rencontre beaucoup de
leur développement : en phase végétative (40 à 45 jours après succès auprès des paysans. Dans la région de Boundiali,
le semis), pour juger de la vigueur des plants et de leur l’opération a commencé avec 61 producteurs. Le groupe a
capacité à supprimer les adventices ; au stade de la floraison, rapidement grossi, jusqu’à atteindre le nombre de 81—ce
où des caractéristiques telles que la hauteur, le cycle et la qui était le maximum que les chercheurs pouvaient accepter.
résistance aux ravageurs et aux maladies deviennent La nouvelle s’est répandue et des paysans de villages un
évidentes ; et juste après la récolte, moment auquel les paysans peu plus éloignés sont venus demander que l’opération soit
peuvent évaluer les grains sur les plans qualitatif et quanti- répétée chez eux. Dans le cadre d’un programme
tatif. Ils sont alors en mesure d’exprimer leur préférence. d’évaluation similaire à Saioua, dans le sud du pays, les
paysans présents le premier matin ont été si enthousiasmés
Définir les tendances de l’amélioration par l’expérience qu’ils sont allés en parler au chef du village
variétale et aux anciens. L’après-midi, ceux-ci sont venus à leur tour
Le maître des cérémonies de la plupart de ces journées pour faire leur sélection.
d’évaluation est le sélectionneur riz pluvial de l’ADRAO
Monty Jones, qui a en personne créé ou sélectionné une large Les choix des paysans
part du matériel présenté. Selon lui, cet exercice permet de L’opération en étant encore à ses premiers stades, il convient
définir les tendances futures de l’amélioration variétale du de considérer avec prudence les résultats obtenus à ce jour.
riz dans la région. Néanmoins, les données initiales de la région de Boundiali

22
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

laissent à penser que les chercheurs ont su apprécier l’Institut des savanes (IDESSA), partenaire national de
correctement les besoins des producteurs (figure 4). l’ADRAO en Côte d’Ivoire, et la seconde vient de l’ADRAO.
Dans les deux villages, la préférence des paysans s’est Il est intéressant de noter que les premiers choix des
portée en premier lieu sur WAB 189-B-B-B-8-HB et en producteurs ont été essentiellement les mêmes dans les deux
second lieu sur WAB 95-B-B-14-HB, toutes deux des lignées sites. On croit généralement que les préférences variétales
nouvelles issues d’hybrides interspécifiques. Les paysans des paysans ouest-africains varient considérablement d’un
ont été impressionnés par leur aptitude à supplanter les village à un autre, mais cette opinion ne semble pas corroborée
adventices aux premiers stades de leur croissance, leur par les résultats obtenus à Boundiali. Il faudra cependant
rendement élevé, la grosseur et le bon aspect de leur grain, vérifier si des écarts plus marqués ne se manifestent pas
ainsi que leur qualité culinaire. En troisième et quatrième ailleurs (localement ou d’une région à une autre).
positions venaient IDSA 10 et WAB 56-104, qui sont des En dehors des quatre ou cinq lignées les plus populaires,
variétés O. sativa améliorées. La première a été obtenue par on note, dans l’un et l’autre sites, quelques choix minoritaires

Figure 4. Lignées de riz choisies par les hommes et par les femmes dans deux sites de la zone de savane en Côte d’Ivoire (1996).

Lignée
60
Femmes Village de Pondou Village de Ponondougou
Hommes

50

IDSA 10

40

30
WAB 95 B-B-14-HB

20

WAB 33-25
10
WAB 189-B-B-B-8-HB
WAB 56-104

15 10 5 0 5 10 15
Nombre de producteurs ayant sélectionné la lignée

23
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

mais néanmoins importants. Ces sélections, pour lesquelles Figure 5. Principaux critères de sélection des hommes et des
femmes dans deux villages de la zone de savane en Côte
la variabilité est plus grande d’un site à l’autre, répondent d’Ivoire (1996).
probablement à des exigences locales spécifiques en matière
de saveur et de qualité culinaire. L’existence de ce second
groupe de sélections est de bon augure pour la biodiversité Hommes Rang Femmes
future au niveau local.
Bon rendement 1 Rendement
Les femmes et les hommes ont privilégié les mêmes avec ou sans engrais
caractéristiques, mais ne les ont pas classées dans le même
Gros grains 2 Grains longs
ordre, ce qui s’explique par le fait qu’ils jouent des rôles
différents au sein du ménage et de l’exploitation agricole Rendement 3 Gonflement
à la cuisson
(figure 5). Les femmes ont préféré les lignées à bon
rendement—considération importante pour qui doit nourrir Saveur 4 « Jolis » grains
une famille nombreuse. Les hommes ont également prêté Grains longs 5 Facilité
de décorticage
attention au rendement, mais à condition que celui-ci soit
compatible avec de faibles apports d’engrais, car ce sont
eux qui ont la charge d’acheter les intrants. De manière Pourcentage
74 de producteurs 86
logique, les femmes se sont souciées de la facilité de qui ont appliqué
ces critères
décorticage, tandis que les hommes se sont plutôt intéressés
à la saveur du riz cuisiné. Certaines femmes ont aussi
exprimé une préférence pour des plants à paille haute, qui
évitent d’avoir à trop se courber pour récolter—ici encore Dans l’un et l’autre sites, deux variétés—WAB 450-I-B-
un aspect important quand on porte un bébé sur le dos. P-28-HB et WAB 33-25—ont été sélectionnées exclusive-
ment par les femmes. La première est une lignée
interspécifique qui fait preuve d’une grande vigueur dès les
Les femmes ont premiers stades de la croissance végétative, ce qui lui donne
privilégié les
mêmes
une avance en taille sur les adventices. Les femmes,
caractéristiques auxquelles incombe le désherbage, ont spontanément justifié
que les hommes, leur choix par cette caractéristique. Elles ont également jugé
mais elles les ont
classées
que cette lignée était capable de s’adapter à des sols ingrats—
différemment autre aspect de l’agriculture locale qui leur est familier. Quant
à WAB 33-25, il s’agit d’une nouvelle lignée issue de
géniteurs O. sativa, qui a plu par ses gros grains et sa facilité
de pilonnage.
Les femmes ont souvent qualifié de « jolis » les grains
qui les séduisaient. L’aspect joli apparaît comme une qualité
composite qui associe la couleur du grain, sa forme, sa
longueur et sa largeur. Dans beaucoup de cas s’y ajoute la
présence d’un apex—petite pointe de couleur violacée ou
rouge à l’extrémité du grain, qui est caractéristique des
variétés glaberrima et considérée comme signe de bon
arôme, et donc de saveur. Si cette corrélation était vérifiée,
l’apex pourrait servir de marqueur morphologique pour la
sélection.

24
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

Enfin, une paysanne a sélectionné une lignée portant une


aristation—arête barbue qui prolonge les épillets de certaines
variétés. Elle a justifié son choix par le fait que l’aristation
tient en respect les oiseaux qui tenteraient de venir picorer
les panicules. Avec cette variété, ses enfants seraient moins
accaparés par l’effarouchage des oiseaux et pourraient
consacrer davantage de temps à leurs devoirs et leçons et
aux travaux domestiques. Ce choix a frappé les sélectionneurs,
qui écartent généralement les variétés aristées.

Aspects méthodologiques
L’approche participative de la sélection variétale est un
nouveau domaine de recherche dans lequel les méthodes
évoluent rapidement. L’équipe de l’ADRAO se soucie en
particulier d’améliorer la collecte des données et l’inter-
prétation des résultats.
Lors du recueil d’informations sur les critères de sélection
des paysans, l’équipe veille à ne pas biaiser les réponses en
posant des questions trop directives ou en imprimant une
orientation trop précise aux entretiens—tendance fréquente
dans les enquêtes par questionnaire typiques de la recher-
che sur les systèmes agraires. Les chercheurs s’efforcent au Les femmes se sont surtout intéressées aux
contraire d’adopter une approche « ouverte » en permettant caractéristiques d’usinage (facilité de décorticage et de
aux paysans de s’exprimer avec leurs propres mots, sans les pilonnage)
enfermer dans des questions auxquelles ils n’auraient d’autre
choix que de répondre par « oui » ou par « non ». Cette
Une paysanne a
approche a produit une masse d’informations, mais elle a choisi une variété
aussi entraîné des ambiguïtés et des chevauchements entre aristée
différents critères—comme dans le cas des « jolis grains »
dont il a été question plus haut.
L’un des moyens d’améliorer la pertinence des résultats
consiste à établir des correspondances entre les préférences
variétales exprimées par les paysans et des caractéristiques
socioéconomiques telles que la dimension et les revenus des
ménages. Cela permettra notamment de déterminer si les
paysans appliquent des critères différents selon que le riz
est destiné à la consommation familiale ou à la
commercialisation. Tim Dalton entend se servir de l’analyse
en grappes pour étudier ces facteurs, afin d’améliorer
le ciblage des variétés nouvelles qui sont vulgarisées. Il
prévoit également d’avoir recours à l’analyse conjointe,
technique empruntée au marketing, pour déterminer quelles
sont les caractéristiques variétales qui influent le plus sur

25
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

les choix des paysans et comment ceux-ci font des arbitrages variétaux rapportent déjà de généreux dividendes. Tout en
entre les différentes caractéristiques—information qui accélérant la sélection de nouvelles variétés de riz, elles
pourrait être utile aux sélectionneurs. aident à juger de l’acceptabilité du matériel déjà disponible
Il reste à apporter des réponses à beaucoup de questions. et à stimuler la demande de variétés nouvelles au sein de la
Par exemple, dans quelle mesure les producteurs choisissent- communauté paysanne. Mais surtout, elles confirment que
ils des variétés similaires à celles qu’ils cultivent déjà ? Les les recherches-diagnostics effectuées précédemment ont
choix les plus aventureux correspondent-ils à une situation réussi à cerner les besoins des paysans, ce qui permet
financière relativement favorable et à un accès assuré aux aujourd’hui aux sélectionneurs d’apporter les bonnes
intrants et aux marchés ? Et les choix des producteurs réponses.
évoluent-ils avec le temps, en fonction de facteurs tels que Jones et ses collègues ont décidé de ne pas attendre pour
la saison ou les préférences des consommateurs ? faire profiter d’autres pays d’Afrique de l’Ouest de cette
approche. Des évaluations similaires sont planifiées dès 1997
Faire profiter d’autres pays au Ghana et au Togo ; et en 1998, un financement japonais
En dépit de ces questions pour l’instant sans réponse, permettra d’engager le même processus au Bénin, en
les recherches participatives de l’ADRAO sur les choix Gambie, en Guinée-Bissau et au Nigeria.

26
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

La riziculture : pour le meilleur ou


pour le pire ?

L E PALUDISME, principale cause de décès en Afrique, coûte chaque année la vie à un demi-million
d’enfants. Au cours de son existence, un Africain connaît en moyenne 60 épisodes de cette maladie,
dont chacun peut lui être fatal. Selon une opinion largement répandue, la riziculture de bas-fond créerait des
conditions idéales pour la reproduction du moustique vecteur du paludisme. Qu’en est-il dans les faits ? Et
si tel est le cas, l’accroissement des populations du vecteur augmente-t-elle l’incidence de la maladie ?

Une veillée pour la science Le paludisme tue


chaque année un
Il est deux heures du matin, par une nuit d’encre. Un homme demi-million
est assis seul dans une pièce obscure. Il est immobile. Sa d’enfants africains
poitrine, ses jambes et ses bras nus sont éclairés uniquement
par la torche qu’il tient à la main : étrange silhouette en
clair-obscur à la Rembrandt.
Soudain, l’homme penche la tête en avant et fait entendre
un léger bruit de succion tandis qu’il aspire avec la bouche
dans un tube en plastique. Intercepté sur son bras où il
venait de se poser, un nouveau moustique va rejoindre ses
congénères dans le bocal auquel le tube est relié.
La scène se passe dans une maison d’un petit village
voisin de l’un des périmètres irrigués de l’Office du Niger,
au Mali. L’homme fait partie des assistants de recherche
qui se relaient toute la nuit par équipes de six heures.
Au matin, les moustiques capturés seront envoyés au
laboratoire où l’analyse déterminera combien d’entre eux
sont porteurs du paludisme. L’objectif est d’évaluer le
nombre moyen de piqûres infectieuses auxquelles la
population locale se trouve exposée pendant les différentes
saisons de l’année.
Il s’agit de l’une des expérimentations menées sous Anopheles gambiae est
l’un des vecteurs de la
les auspices du Consortium santé. Créé en 1994 et
maladie
basé au siège de l’ADRAO à Mbé, celui-ci regroupe
des instituts de recherche nationaux et internationaux et
des bailleurs de fonds (voir encadré au verso) dans
l’objectif d’étudier les relations entre la riziculture et le
paludisme.

27
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

La problématique
Les partenaires du Consortium santé L’épidémiologie du paludisme est extrêmement complexe
et de nombreux pièges guettent les chercheurs qui tentent
En Côte d’Ivoir e :
• Centre universitaire de for mation en entomologie d’élucider la question.
médicale et vétérinaire Les rizières aménagées dans les bas-fonds sont depuis
• Institut Pierre Richet (Organisation de coordination et longtemps soupçonnées de servir de terrain de reproduction
de coopération pour la lutte contr e les grandes
endémies)
aux moustiques vecteurs du paludisme. Leurs étendues d’eau
claire et peu profonde, bien aérées et ensoleillées, semblent
Au Mali :
fournir des conditions idéales, du moins jusqu’à
• Ecole nationale de médecine et de phar macie
• Institut d’économie rurale (IER) l’établissement des cultures. Les moustiques dormant de jour,
• Institut national de recherche en santé publique les agriculteurs ne courent pas le risque d’être piqués
Organismes internationaux : davantage quand ils travaillent dans les rizières. C’est
• Association pour le développement de la riziculture pendant la nuit que le danger pourrait se trouver accru, pour
en Afrique de l’Ouest (ADRAO) la population locale dans son ensemble, si le nombre de
• Tableau d’experts sur l’aménagement de
l’environnement pour la lutte antivectorielle (TEAE)
moustiques venait à augmenter par suite de l’introduction
OMS/FAO/PNUE/CNUEH de la riziculture irriguée ou de la riziculture de bas-fond. Et
la pratique de la double culture pourrait empirer les choses
Bailleurs de fonds :
• Centre de recherches pour le développement en prolongeant la période pendant laquelle les conditions
international (CRDI) sont propices à la reproduction des moustiques.
• Gouvernement norvégien Telle est, du moins, la théorie. Car il s’avère difficile de
• Agence danoise de développement inter national
(DANIDA)
l’étayer par des faits. D’après des recherches socio-
économiques effectuées par l’ADRAO dans le début des
années 90, une partie des paysans de Côte d’Ivoire considère
la riziculture de bas-fond comme une entreprise risquée pour
des raisons de santé, et notamment à cause du paludisme.
Cependant, il s’agit là d’une opinion subjective, et les études
scientifiques qui existent sur le sujet ne donnent pas de
Avec leurs eaux peu profondes et ensoleillées, les rizières
aménagées dans les bas-fonds semblent constituer un habitat réponse concluante : certaines font état d’une fréquence
idéal accrue du paludisme à la suite de l’introduction de la
riziculture, d’autres signalent une fréquence réduite, d’autres
encore ne notent aucun changement.
Les rizières offrent-elles réellement un habitat plus
propice que d’autres milieux humides tels que les marais
incultes et les franges hydromorphes qui entourent les bas-
fonds ? Certains estiment que, lorsque le riz est établi et que
sa végétation fournit de l’ombrage, les rizières représentent
en fait un danger moindre que ces autres milieux, ou qu’elles
ne sont dangereuses que pendant une courte période de
temps. A cet égard, les effets de variables agronomiques telles
que la méthode et la densité de plantation pourraient être
décisifs.
Logiquement, la contribution relative des rizières à la
reproduction des moustiques varie d’une zone agroécologique

28
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

à une autre. Dans les régions humides, les rizières sont loin au long de la saison des pluies et de la saison sèche. A
de fournir le seul habitat potentiel. Un espace aussi réduit intervalles de six semaines, ils mesurent le nombre moyen
que l’empreinte laissée par un pied dans la boue joue le même de piqûres de moustique infectieuses par personne et
rôle pour peu que de l’eau y stagne. En revanche, les enregistrent le nombre de nouveaux cas de paludisme.
périmètres irrigués du Sahel représentent pratiquement le
seul habitat permanent pour les moustiques dans une zone Un phénomène sans rapport avec la
où, la saison des pluies étant courte, la population de croissance du riz
moustiques demeure faible pendant la majeure partie de Dans un écosystème typique de la zone de transition entre
l’année. La savane se situe en position intermédiaire entre la forêt et la savane, les chercheurs se sont rendu compte
ces deux extrêmes. que la densité de moustiques dans les rizières chutait
Au-delà de ces considérations, des questions plus brutalement six semaines environ après le semis ou le
complexes se posent. La dynamique de population et le cycle repiquage. Des chutes similaires enregistrées dans des études
biologique du moustique vecteur du paludisme sont tels que précédentes avaient été imputées aux effets de l’ombrage
des populations plus nombreuses n’impliquent pas fourni par le riz. Mais dans les essais du consortium, on a
nécessairement une augmentation du risque de transmission constaté que le même phénomène se produisait avec
de la maladie. Et même si le risque est accru, cela ne signifie différentes densités de plantation, et cela que le riz ait été
pas nécessairement que les cas de paludisme seront plus repiqué (et en soit donc à un stade de développement plus
fréquents. L’incidence de la maladie dépend de la sensibilité avancé) ou qu’il ait été semé directement.
des habitants et des mesures préventives qu’ils prennent, Surpris, les chercheurs ont répété l’essai en ajoutant cette
lesquels facteurs varient fortement selon le degré fois une parcelle vide. Celle-ci a été préparée pour le semis—
d’exposition antérieur et selon le niveau d’instruction, les nettoyée à l’aide d’herbicides et fertilisée—, mais elle n’a
revenus et la perception des risques. pas été ensemencée.
A leur grand étonnement, ils ont constaté que la
Une étude intersectorielle population de moustiques de la parcelle vide se comportait
En 1995, le consortium a lancé un projet visant à étudier exactement de la même manière et chutait fortement après
ces aspects. Il s’agit d’une étude intersectorielle, qui a six semaines. « Il y a là un phénomène qui n’est pas en
pour caractéristique distinctive d’intégrer les disciplines rapport avec la croissance du riz, mais avec la préparation
de l’agriculture avec la santé humaine et les sciences du sol et l’application d’intrants », commente Thomas
sociales. Teuscher, le médecin suisse chargé de la coordination du
Des recherches sont effectuées dans des zones travail du consortium.
représentatives des trois grands écosystèmes rizicoles de Teuscher et ses collègues procèdent actuellement à une
l’Afrique de l’Ouest. En Côte d’Ivoire, 24 villages ont été nouvelle série d’essais. Ils comparent des parcelles avec et
sélectionnés dans la zone forestière humide et le même sans application d’intrants, en distinguant les effets des
nombre dans la zone de savane : huit font une seule culture engrais et des herbicides. Dans la première année, les
de riz par an, huit pratiquent la double culture, et dans les parcelles situées en zone hydromorphe et les parcelles
autres, les bas-fonds sont incultes ou ne sont pas cultivés en localisées dans des bas-fonds (contenant de l’eau stagnante)
riz. Les essais de la zone sahélienne ont lieu au Mali, où des ont produit des quantités similaires de larves de moustique.
comparaisons sont établies entre des villages des périmètres Mais dans les bas-fonds, là où des intrants avaient été
irrigués de l’Office du Niger et des villages des zones appliqués, la période de reproduction a été deux fois plus
pastorales arides. longue que dans les parcelles qui n’avaient pas reçu d’intrants
Dans chaque village, les chercheurs du consortium (12 semaines, contre six semaines), de sorte que la population
analysent les effets des systèmes de production et des de moustiques a atteint un niveau cinq fois supérieur. « On
pratiques culturales sur les populations de moustiques tout ne sait comment, les intrants semblent modifier le milieu

29
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

aquatique et le rendre favorable aux larves pendant une plus


longue période de temps », conclut Teuscher.

La clé de l’énigme
Ces résultats, quoiqu’inattendus, semblent corroborer les
craintes suscitées par la riziculture et l’intensification des
systèmes rizicoles. Logiquement, un accroissement des
populations de moustiques doit entraîner une augmentation
du nombre de piqûres infectieuses par individu et donc du
nombre de cas de paludisme, surtout dans les villages où la
double culture va de pair avec l’utilisation de quantités
importantes d’intrants.
Pourtant, les nombres de piqûres infectieuses par individu
qui ont été enregistrés ne démontrent pas l’existence de cette
La riziculture ne semble pas accroître les risques de paludisme relation. Il est vrai que, pendant la saison sèche, les villages
dans les villages de la savane et de la zone forestière, où cette
pratiquant la double culture en zone de savane ont eu des
maladie est endémique...
niveaux d’exposition représentant le double de ceux des
villages faisant une seule culture de riz par an (10 piqûres
par individu et par mois dans les premiers, contre cinq dans
les seconds). Mais paradoxalement, dans les villages qui ne
cultivent pas de riz, le niveau a été aussi élevé que dans les
villages pratiquant la double culture—à savoir, 10 piqûres
Figure 6. Relations possibles entre l’exposition au paludisme et par individu et par mois.
la mortalité due à cette maladie.
Et l’hypothèse qui semblait relever du bon sens ne tient
plus du tout quand on considère le nombre de nouveaux cas
Mortalité
de paludisme. On a enregistré un total de 2,6 nouveaux
12
épisodes de fièvre pour 1000 habitants dans les villages
pratiquant la double culture, contre 2,0 dans les villages
10 faisant une seule culture de riz par an et 2,4 dans les villages
qui ne cultivent pas de riz : en d’autres termes, des niveaux
8 très similaires à une époque de l’année où l’on pourrait
s’attendre à un chiffre nettement plus important dans les
6 villages pratiquant la double culture. Ces résultats doivent
être interprétés avec prudence, car ils ne couvrent qu’une
4
saison. En outre, toute fièvre n’est pas nécessairement causée
par le paludisme. Mais ces chiffres semblent bien indiquer
que la riziculture n’accroît pas le risque de paludisme, au
2
moins en ce qui concerne la zone de savane.
D’après Teuscher, la clé de l’énigme se trouve dans la
0 relation entre les piqûres infectieuses et l’incidence de la
1 10 100 1000 maladie. Cette relation est connue grâce à des études
Nombre de piqûres infectieuses effectuées par d’autres chercheurs (figure 6). De 0 à
par individu et par an
10 piqûres par an, l’incidence et la mortalité augmentent

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Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

fortement. Mais au-delà de 10, la courbe s’aplanit rapidement


et l’incidence demeure remarquablement stable jusqu’à des
niveaux d’exposition atteignant 1000 piqûres par an. Cela
s’explique par le fait que, lorsque le niveau d’exposition
augmente, la population acquiert une immunité. Aux niveaux
les plus élevés (plus de 1000 piqûres infectieuses par an),
on peut même enregistrer une diminution du nombre de cas
de paludisme, bien que la forme exacte de la courbe ne soit
pas connue.
Si l’on extrapole les chiffres enregistrés en saison sèche
dans les villages de la savane, on obtient des niveaux allant
de 50 à 100 piqûres infectieuses par individu et par an. Tous
...mais dans les périmètres irrigués du Sahel, les nouveaux
les types de villages se situent donc nettement au-delà du arrivants, de même que les experts en visite, constituent un
point à partir duquel la courbe s’aplanit. En d’autres termes, groupe à haut risque...
lorsque le niveau d’infestation est aussi élevé, le fait que la
riziculture soit ou non pratiquée n’influe pas sur l’incidence
du paludisme à moyen ou à long terme. paludisme dans les zones pastorales. Lorsque la popula-
Les données enregistrées dans le Sahel laissent à penser tion de moustiques dépasse un certain seuil, la durée de
que la présence des rizières pourrait même apporter une vie de chaque individu se trouve réduite du fait de
certaine protection. Ici, le caractère saisonnier de l’exposition l’accentuation de la concurrence pour les ressources. Un
semble influer fortement sur la sensibilité. Dans les villages moustique doit avoir au moins 12 jours pour devenir
des zones pastorales arides, 220 individus sur 1000, soit plus infectieux. Dans les périmètres irrigués où leur population
du cinquième de la population humaine, ont des accès de est nombreuse, seuls 1 à 3% des moustiques vivent aussi
paludisme pendant la courte saison des pluies, tandis que longtemps, tandis que dans les zones pastorales où leur
dans les périmètres irrigués de l’Office du Niger où densité est relativement faible, cette proportion peut
l’exposition s’étend sur toute l’année, on ne compte que atteindre 79% en saison sèche. Paradoxalement, la dimi-
57 cas pour 1000 habitants, ce qui représente une incidence nution de la population de moustiques peut accroître les
quatre fois plus faible. risques de maladie en prolongeant la vie de ceux qui
En revanche, les experts en visite dans les périmètres survivent.
irrigués auraient bien tort de ne pas emporter leur chloro-
quine, prévient Teuscher. Les nouveaux arrivants— Pas de menace
travailleurs migrants, commerçants et autres—sont Les recherches du consortium ne sont pas encore achevées,
particulièrement vulnérables. Le niveau de revenus des et il convient donc de traiter avec prudence les résultats
exploitants, qui leur permet d’acheter des moyens de obtenus à ce jour. Mais le tableau qui se dessine laisse à
protection tels que des moustiquaires et des médicaments penser quel’introduction ou l’intensification de la riziculture
prophylactiques, contribue sans doute aussi à expliquer de bas-fond n’accroîtra les risques de paludisme ni dans la
l’incidence plus faible de la maladie. En tout état de cause, zone forestière ni dans la savane, où la maladie est déjà
étant donné que la densité de la population humaine est endémique. Dans le Sahel, la création de nouveaux
beaucoup plus forte dans les périmètres que dans les zones périmètres irrigués ou l’expansion des périmètres existants
pastorales environnantes, le nombre absolu de personnes pourrait augmenter les risques à brève échéance, quand de
atteintes par le paludisme y est plus élevé. nouveaux colons et travailleurs agricoles s’installeront. Mais
Le taux de survie des moustiques pourrait être un autre cette situation ne persistera pas une fois que les nouveaux
facteur explicatif de l’incidence relativement élevée du venus auront acquis une immunité.

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Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

Forger une tradition

M ALGRÉ LES remarquables avancées des trente dernières années, le Sénégal est encore loin d’exploiter
pleinement le potentiel de ses aménagements hydroagricoles. Pour beaucoup de paysans de la vallée du
fleuve Sénégal, le riz irrigué est une spéculation nouvelle. Faute d’expérience, ils n’obtiennent pas toujours des
rendements suffisants pour couvrir leurs coûts de production. L’ADRAO est l’un des partenaires d’un système
national de recherche-développement qui travaille avec dynamisme à surmonter les obstacles au progrès.

L’eau et Faciliter l’apprentissage


l’ensoleillement
ne manquent Quand il s’agit de fertilisation, Saer Kane Diop connaît bien
pas dans les son affaire : « En faisant une application de 50 kg de phos-
périmètres phate diammonique 18-40-6 exactement 23 jours après le
irrigués du
Sénégal, mais semis, et deux autres applications à 50 et 70 jours, je suis
les rendements sûr d’obtenir un rendement de 7 tonnes par hectare. » Il est
demeurent tout aussi à l’aise avec les dates des autres opérations d’un
bien en deçà
du niveau calendrier cultural chargé : semis, désherbage, récolte et
potentiel battage.
Agé d’une soixantaine d’années, Diop a ses terres près
du village de Thiagar, sur la rive gauche du fleuve Sénégal.
Il ne cultive plus aujourd’hui que le riz, mais il se rappelle
encore l’époque où celui-ci était absent de la région.
« Jusqu’au milieu des années 60, il n’y avait que des cultures
de décrue et tout le monde produisait des haricots, du niébé
et des concombres », se souvient-il. « Thiagar a été parmi
les premiers villages à accepter l’irrigation et j’ai fait partie
des premiers paysans qui ont cultivé du riz irrigué. Il nous a
fallu tout apprendre. »
L’histoire de Diop est typique de sa génération. Des
milliers de paysans ont dû, comme lui, se familiariser avec
une culture entièrement nouvelle lorsque des périmètres
étatiques ont été aménagés et qu’ils ont vu leurs terres
transformées par les canaux et les ouvrages d’irrigation. Avec
le passage à la riziculture irriguée, il leur a fallu apprendre à
préparer les sols, à gérer l’eau et à utiliser des engrais et des
Saer Kane Diop (au centre) s’entretient avec des chercheurs herbicides. Disposant d’eau tout au long de l’année, ils ont
de l’ADRAO et avec Moustapha Diaw, président du
groupement de pr oducteurs local (à gauche). Au milieu des
découvert la possibilité de faire une culture supplémentaire
années 60, Diop et Diaw ont été par mi les premiers agriculteurs pendant la contre-saison, en plus de leur culture d’hivernage
du village de Thiagar à cultiver le riz irrigué usuelle. Le climat sahélien leur a imposé de rudes leçons :

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Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

s’ils semaient trop tôt, le riz était anéanti en début de contre-saison peut impliquer une absence totale de récolte,
croissance par un vent froid chargé de poussière ; s’ils car les plants risquent de succomber sous la chaleur extrême
semaient trop tard, les plants flétrissaient sous le soleil ardent qui règne dans le Sahel en avril et en mai ; un retard dans le
de la saison chaude. Même la culture d’hivernage pouvait désherbage entraînera une forte diminution de rendement,
être détruite par le froid si elle était semée trop tardivement. car les adventices feront de plus en plus concurrence au riz
Diop a beaucoup appris avec l’expérience, mais son pour l’eau et les éléments nutritifs ; et en cas de retard dans
apprentissage a été facilité par un encadrement institutionnel la récolte et le battage, la réduction du taux d’humidité des
solide. A Thiagar, il a récemment participé à une « journée grains et les dégâts des ravageurs se solderont encore par
de restitution ». De nombreuses réunions de ce type—qui des pertes.
servent à faire le point sur tous les aspects techniques de la Toujours d’après ces enquêtes, la fertilisation donne des
riziculture, comme la fertilisation—sont organisées en résultats extrêmement variables. Soit les producteurs ne
différents points de la vallée par la Société d’aménagement parviennent pas à s’approvisionner en engrais au moment
et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal et des où ils en ont besoin, soit ils ne savent pas comment et quand
vallées du fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED). Cet s’en servir. Les engrais une fois appliqués, il n’est pas rare
organisme, qui apporte un appui aux producteurs, est l’un qu’ils soient lessivés par une irrigation excessive ; et quand
des principaux partenaires de recherche de l’ADRAO (voir ils restent dans la parcelle, ils profitent parfois davantage
encadré). aux adventices qu’au riz.
De l’avis de Diop, la réunion a été véritablement profi-
table. « Je m’attendais à entendre des recommandations
irréalistes pour nous autres, petits exploitants », dit-il. « Mais
au contraire, on nous a donné des conseils qui complètent Un organisme d’encadrement solide
ce que nous faisons déjà. Plutôt que d’essayer de nous faire
dépenser davantage, on nous a expliqué comment utiliser Créée en 1965, la SAED a pour mission de développer la
nos ressources plus efficacement pour obtenir de meilleurs riziculture irriguée dans la vallée du fleuve Sénégal. Elle
encadre les producteurs et mène des recherches.
résultats. » La SAED se distingue de beaucoup d’autr es organismes
africains par la solidité de ses services de vulgarisation.
Restitution des résultats de la recherche Cette solidité vient en grande partie du dynamisme de
Les organisateurs de la réunion ont traité de deux aspects : sa direction et de la qualification et de la motivation de
ses cadres. Sa couverture géographique bien délimitée
l’observation du calendrier cultural et le respect des doses lui permet d’optimiser l’utilisation de ses ressources. Son
et des dates de fertilisation. Le choix de ces thèmes et les double mandat—r echerche et vulgarisation—fait d’elle
recommandations formulées reposaient sur les résultats de un interlocuteur privilégié pour les instituts de recherche
et lui donne un sens de responsabilité pour les résultats
recherches récentes. des recherches conjointes.
Des enquêtes effectuées chaque année depuis 1995 Grâce à l’aide de bailleurs de fonds, la SAED a établi
montrent que la non-observation du calendrier cultural une base de données sur les périmètres irrigués de
l’ensemble de la vallée du fleuve Sénégal, qu’elle a
demeure la principale cause des bas rendements des récemment complétée par l’intr oduction d’un système
producteurs de la vallée du fleuve Sénégal. Pour diverses d’infor mation géographique (SIG). Celui-ci constitue un
raisons—qui ne tiennent pas seulement au défaut d’expé- outil efficace d’analyse agr oécologique et de
rience, mais aussi au manque de crédit et d’intrants —, les planification, qui permet un encadr ement bien ciblé.
Pour garantir la pertinence des recherches conjointes,
paysans démarrent régulièrement la saison avec du retard la SAED organise chaque année une réunion entr e les
et, au fur et à mesure que les semaines passent, ce retard ne chercheurs et les représentants des producteurs. Outre
fait que s’accentuer. D’après les enquêtes, le respect des dates ses propres cadres, les chercheurs de l’ADRAO et de l’ISRA
y participent.
des opérations agricoles est crucial d’un bout à l’autre de la
saison culturale : ainsi, un semis tardif de la culture de

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Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

Afin d’affiner les recommandations destinées aux que celle de Thiagar a été extrêmement efficace et que les
producteurs, l’analyste systèmes de l’ADRAO, Michael paysans adopteront les recommandations qui leur ont été
Dingkuhn, a élaboré un modèle de simulation du faites. Il a écrit à Kouamé Miézan, chef du programme de
développement du riz (RIDEV). Celui-ci permet de prédire l’ADRAO au Sénégal, pour le remercier de la contribution
les pertes de rendement dues à un stress de température au apportée par l’Association et pour demander que
moment de la floraison en fonction de la variété utilisée, de l’expérience soit renouvelée chaque année. De l’avis de
la méthode de plantation (semis direct ou repiquage), de la Cynthia Donovan, économiste à l’ADRAO, ces journées de
date de plantation et des caractéristiques du site. Il donne restitution viennent à point nommé pour rappeler aux
des dates limites pour chaque opération—semis, fertilisa- chercheurs la finalité de leurs activités. « Il est bon d’entendre
tion, drainage du champ et récolte. Le modèle RIDEV a été les producteurs poser des questions auxquelles la recherche
adapté à plusieurs pays sahéliens. Des stages de formation peut vraiment répondre », dit-elle. « Il en va toujours ainsi
ont été organisés dans ces pays pour apprendre aux quand les producteurs se familiarisent avec une nouvelle
vulgarisateurs à s’en servir. culture. »
Par ailleurs, les dates et les doses de fertilisation font
l’objet d’essais conjoints de la SAED et de l’ADRAO. Ces De nouvelles semences
essais, effectués en milieu paysan près de Thiagar et dans La création et la diffusion de nouvelles variétés de riz jouent
d’autres sites, consistent à comparer les pratiques des paysans un rôle central dans les efforts déployés pour accroître les
avec celles des chercheurs. « Il s’agit de permettre aux rendements. En partenariat avec l’ADRAO, l’Institut
producteurs de voir par eux-mêmes ce qui marche et ce qui sénégalais de recherches agricoles (ISRA) a criblé plus de
ne marche pas », explique Salif Diack, assistant de recher- 1000 lignées Oryza sativa introduites d’Asie grâce au Réseau
che à l’ADRAO. Les résultats sont restitués dans les réunions international pour l’évaluation génétique du riz (INGER).
avec les producteurs, organisées en général par les A l’issue d’essais en milieu paysan effectués en collabora-
vulgarisateurs qui ont participé aux recherches. tion avec l’ISRA et la SAED, trois variétés nouvelles ont
Ces journées de restitution sont aussi populaires auprès été homologuées en 1994 : Sahel 108, variété de cycle court
des vulgarisateurs et des chercheurs qu’auprès des adaptée à la double culture, et Sahel 201 et 202, toutes deux
producteurs. Arona Touré, encadreur de la SAED, estime de cycle moyen.
De ces trois variétés, Sahel 108 est sans doute celle qui
contribuera le plus à augmenter la production, pensent les
chercheurs. Il existe un immense potentiel d’expansion de
la double culture dans la vallée du fleuve Sénégal, où elle
n’est encore pratiquée que sur 10% des superficies irriguées.
Jusqu’à présent, les producteurs ne disposaient pas d’une
variété réellement adaptée. Grâce à son cycle plus court,
Sahel 108 leur permettra de planter en contre-saison avec
moins de risques de voir les plants anéantis par une chaleur
ou un froid extrême. En outre, Sahel 108, avec son grain
long et mince, a une qualité culinaire et une saveur appréciées
par un nombre croissant de consommateurs.
Les chercheurs qui ont créé ces nouvelles variétés ne
Les services semenciers sont associés de
près à la recherche : Fodé Sarr,
sont pas les seuls à y croire : les agents de vulgarisation de
inspecteur semencier régional (à droite), la SAED sont eux aussi gagnés à leur cause, car ils se rendent
avec Marco Wopereis, agronome de compte de leur supériorité par rapport aux variétés existantes.
l’ADRAO (à gauche) Leur enthousiasme doit beaucoup à leur participation aux

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Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

recherches adaptatives. Ainsi, Touré a découvert Sahel 108


au cours des essais de fertilisation auxquels il a collaboré à
Thiagar. Cette expérience l’a convaincu que la variété
rencontrerait un grand succès auprès des producteurs.
Les services semenciers sont eux aussi associés de près
à la recherche. Fodé Sarr, inspecteur semencier pour la région
de Saint-Louis, se rend régulièrement dans les stations
expérimentales de l’ADRAO où il fait des essais pour évaluer
les caractéristiques de nouvelles variétés susceptibles d’être
homologuées. Ses recherches font de lui une partie prenante
au produit final, qu’il aide les chercheurs à « défendre »
devant la commission consultative centrale qui, au ministère
de l’Agriculture à Dakar, décide des homologations. Une
fois l’approbation de cette commission obtenue, la nouvelle
variété est officiellement inscrite au catalogue national des
semences. On peut alors la multiplier et la diffuser (voir
encadré).
Afin de promouvoir les nouvelles variétés, la SAED,
l’ISRA et l’ADRAO ont organisé une journée de visite à
la station ADRAO de Ndiaye pour des représentants de Mme Cissé (au premier plan) avec des membres de l’équipe
25 organisations de producteurs de toute la vallée du fleuve de l’ADRAO
Sénégal. En repartant, les participants ont emporté des
semences pour faire des parcelles de démonstration dans
leurs villages. La demande de semences de ces variétés est
déjà très supérieure à l’offre.

Production semencière : la poursuite de l’excellence


Dès qu’on parle de pr oduction semencière au Sénégal, le nom de « Mme Cissé » est sur toutes les lèvres. Cette ancienne
fonctionnaire reconvertie à l’agriculture est entrée dans la légende. Au cours des trois dernières années, elle a produit 70%
des semences de base de la région de Saint-Louis.
Mme Cissé a débuté sa carrière dans le service de comptabilité de l’ISRA. Très vite, elle s’est passionnée pour la recherche,
au point d’aider bénévolement les cher cheurs sur leurs parcelles après ses heures de travail. Dans les années 80, tout en
demeurant employée à l’ISRA, elle s’est lancée dans la riziculture. Appliquant les connaissances acquises auprès des
chercheurs, elle a obtenu des rendements remarquables et une qualité de grain qui ont fait la r enommée de ses parcelles.
La rumeur est parvenue aux oreilles des dirigeants de l’ISRA et de la SAED, qui ont envoyé une délégation de chercheurs
voir ses parcelles. A l’issue de cette visite, on lui a proposé de devenir productrice de semences.
Mme Cissé a produit plus des deux tiers des semences de base de Sahel 108 et Sahel 202, avec un rendement moyen de
7 tonnes par hectar e. Des commandes lui viennent de tous côtés, y compris de la Mauritanie qui lui a demandé 20 tonnes de
Sahel 108.
Quand on l’interr oge sur son expérience, Mme Cissé n’a qu’une doléance. Lorsqu’elle s’est lancée dans la riziculture, elle
a dû compter sur ses propres moyens pour acheter des intrants, car les femmes sénégalaises n’ont pas accès au crédit. Elles
ne peuvent non plus obtenir un terrain gratuitement, comme c’est le cas pour les hommes. En sus de ses nombreuses
occupations, Mme Cissé dirige aujourd’hui une association qui s’ef force de faire bouger les choses. Quel dynamisme !

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Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

Des machines de prix abordable La récolte et le battage du riz sont encore effectués
« Je risque peut-être de me brûler les doigts, mais pourtant, manuellement par la plupart des paysans sénégalais. Ce sont
je suis certain que cela va marcher... » Celui qui parle ainsi des opérations qui demandent énormément de temps. Et
est Ibre Seck, directeur technique de la Société industrielle comme elles ont lieu au même moment sur toutes les
sahélienne de machinisme agricole, de mécanique et de exploitations, la main-d’oeuvre fait défaut et coûte cher
représentation (SISMAR), entreprise dakaroise qui opère pendant cette période. Il en résulte des retards qui se
dans toute l’Afrique de l’Ouest. Celle-ci est en train de se traduisent par des pertes quantitatives et qualitatives. Et les
lancer dans un nouveau projet : la fabrication et la commer- prix à la consommation atteignent jusqu’à 25% de plus que
cialisation d’une batteuse pour le riz. le niveau qu’ils pourraient avoir autrement.
La réponse logique est la mécanisation. Mais les
tentatives qui ont été faites jusqu’à présent se sont soldées
par un échec. Les grosses moissonneuses-batteuses
importées de pays industrialisés à un prix unitaire de
40 millions de francs CFA se sont révélées inadaptées aux
sols boueux du Sénégal. Elles sont tombées en panne et,
faute de pièces détachées, n’ont pu être réparées. On peut
voir aujourd’hui leurs carcasses rouillées d’un bout à l’autre
de la vallée du fleuve Sénégal.
En 1994, lors d’une visite à l’Institut international de
recherches rizicoles (IRRI) aux Philippines, Miézan a vu
deux machines—une moissonneuse-égreneuse et une
batteuse-vanneuse—qui lui ont semblé mieux adaptées aux
conditions du Sénégal. Il s’agissait de petites machines peu
L’importation de gr osses moissonneuses-batteuses a été une coûteuses qui pouvaient être fabriquées avec des matériaux
erreur coûteuse locaux, ce qui éviterait d’importer et résoudrait le problème
des pièces détachées. A la demande de Miézan, l’IRRI a
envoyé un prototype de chaque machine à la station ADRAO
De petites machines peuvent êtr e fabriquées de Ndiaye.
localement à un prix abordable
L’ISRA, qui possède une expertise dans le domaine
des opérations post-récolte, est apparu comme le
partenaire idéal pour effectuer des essais en milieu paysan.
Après une évaluation initiale, il a été demandé à un petit
entrepreneur d’un village proche de la station
expérimentale de fabriquer les premiers modèles sénégalais.
Lorsque ces machines ont été prêtes, l’ISRA, la SAED et
l’ADRAO ont procédé à de nouveaux essais. Un séminaire
intensif de quatre jours a ensuite été organisé pour discuter
des résultats.
Ce séminaire a marqué une étape décisive. Des
intervenants de tous les stades du processus de recherche-
développement y ont participé : l’inventeur des machines,
Boru Douthwaite de l’IRRI, les chercheurs et les villageois
qui avaient fait les essais locaux, et Ibre Seck de la SISMAR,

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Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

potentiellement intéressé par la fabrication et la En outre, la chaîne cassait facilement lorsque la machine
commercialisation des machines. Il a été jugé que celles-ci était utilisée en terrain boueux. Et il était indispensable de
étaient prometteuses, mais qu’il faudrait les modifier pour réduire les pertes de grains au niveau du compartiment de
pouvoir les utiliser au Sénégal. Les participants ont passé stockage.
en revue les principaux problèmes et les solutions à leur En dépit de ces problèmes, Seck était convaincu que les
apporter. machines avaient un avenir non seulement au Sénégal, mais
S’agissant de la batteuse, il s’avérait avant tout nécessaire dans toute l’Afrique de l’Ouest. Grâce à ses connexions
d’en accroître la capacité pour l’adapter à la superficie internationales, sa société serait bien placée pour les
relativement importante des parcelles des périmètres irrigués commercialiser. Le dernier jour du séminaire, après avoir
du Sénégal, sans pour autant porter atteinte à la qualité pris une profonde inspiration, il s’est déclaré volontaire pour
des grains. Il fallait également modifier les dimensions de construire de nouveaux prototypes et financer de nouveaux
la machine pour en faciliter le maniement, car les essais en milieu paysan.
paysans sénégalais sont généralement plus grands que les Aujourd’hui, la SISMAR a achevé le travail sur la
paysans des Philippines. Enfin, la nature des sols locaux batteuse, et Seck se dit enchanté du résultat. Pour un tiers
exigeait un matériel plus robuste, fabriqué avec un acier plus du coût des batteuses commercialisées jusqu’à présent, le
épais. nouveau modèle sénégalais produit jusqu’à 80 sacs par jour
Quant à la moissonneuse-égreneuse, il fallait en remanier de grain bien propre, ce qui représente une amélioration
la conception de manière plus fondamentale. Le principal radicale de la productivité par rapport au battage manuel.
problème était la trop grande légèreté du modèle philippin. La machine sera bientôt lancée officiellement et le ministère
de l’Agriculture a accepté de la placer sur la liste des
équipements pour lesquels les producteurs peuvent obtenir
un crédit.
Apparemment, Seck ne se brûlera pas les doigts dans
cette affaire. Pour présenter la batteuse aux agriculteurs, la
SAED a organisé trois journées de restitution dans des
villages. Les paysans ont été impressionnés par ce qu’ils
ont vu, et la nouvelle s’est répandue comme un feu de
brousse. La SISMAR a déjà reçu plus de 100 commandes
de producteurs ou de groupements de producteurs, qui
viennent s’ajouter à une grosse commande passée par le
gouvernement.
D’après Miézan, l’introduction de ces machines au
Sénégal fournit un exemple édifiant des bienfaits de la
collaboration entre institutions. « Du côté du secteur public,
des organismes nationaux et internationaux ont conjugué
leurs efforts pour évaluer cette technologie, l’adapter aux
conditions locales et en faire la démonstration aux
producteurs », dit-il. « Cela a ouvert la voie à l’intervention
d’une société privée, qui a décidé de produire ces machines
et de les commercialiser. En investissant dans la construc-
tion de la seconde génération de prototypes et dans les essais
Ibre Seck : il ne risque pas de se brûler en milieu paysan, la SISMAR a misé gros dans l’entreprise,
les doigts dans cette affaire d’où son intérêt à la faire réussir. »

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Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

La nouvelle classe une sauce épicée à base de poisson. Il est préparé avec du
moyenne urbaine
consomme de plus en
riz brisé, car celui-ci absorbe mieux l’huile et donne une
plus de riz à grain long saveur particulièrement appréciée. Mais les goûts se
diversifient, surtout chez la classe moyenne urbaine qui
achète de plus en plus de riz à grain entier destiné à être cuit
nature. On voit ainsi apparaître une demande de riz de qualité
supérieure, à grain long et mince, qui se vend à prix plus
fort.
Aussi Ndiaye cherche-t-il à s’assurer un appro-
visionnement en riz de la nouvelle variété Sahel 108. « Avec
cette variété, j’obtiens un rendement à l’usinage supérieur
et un produit de bien meilleure qualité », dit-il. Ndiaye a
découvert Sahel 108 quand l’ADRAO lui a demandé de faire
des essais d’usinage. A présent, il encourage les producteurs
de la région de Saint-Louis à l’adopter en leur offrant un
prix plus élevé pour cette variété que pour leurs anciennes
variétés à grain épais. Ndiaye dispose aussi d’une parcelle
de trois hectares dans chacune des deux stations
Du côté de l’usinier expérimentales de l’ADRAO. Il y effectue des essais sur la
Sur le sachet, une ménagère de la classe moyenne, vêtue qualité des grains d’autres variétés susceptibles d’être
d’un ensemble jaune vif, présente avec un large sourire un homologuées. L’ADRAO et ses partenaires bénéficient ainsi
grand bol plein de riz cuisiné. A l’arrière-plan se dessine le de la contribution d’un des principaux utilisateurs de leurs
profil familier du pont qui franchit le fleuve Sénégal à Saint- produits, tandis que Ndiaye récupère le gros de la récolte
Louis. Cette illustration engageante allie des éléments de pour l’usiner et le commercialiser.
l’aisance urbaine moderne avec la référence aux traditions « L’intégration des usiniers dans le processus de
de l’hospitalité africaine et au rôle de la femme comme recherche-développement est un moyen très efficace pour
pourvoyeuse de nourriture. vérifier la validité d’une technologie et pour en faciliter le
Le « Riz du Fleuve », nouvelle marque de riz long transfert », commente Miézan. « Les usiniers font partie de
sénégalais de qualité supérieure, est actuellement vendu à ce que nous appelons le SNRDA—système national de
titre d’essai dans quelques épiceries et supermarchés urbains. recherche-développement agricole. »
« Nous ferons bientôt une campagne de commercialisation
plus agressive », déclare Amadou Ndiaye, usinier et entre- Partenaires pour le progrès
preneur local dont la société, Delta 2000, a lancé le produit Les partenariats sont essentiels à la fois pour le
au début de cette année. développement et pour la diffusion de technologies adaptées
Ndiaye, qui a lui-même conçu le sachet, est certain que aux conditions spécifiques de la riziculture irriguée dans le
la nouvelle marque se vendra bien sur le marché sénégalais, Sahel.
car celui-ci s’élargit et les goûts des consommateurs La plupart des protagonistes du système de recherche-
évoluent. La demande de riz augmente à un rythme de 6% développement petit mais informel du Sénégal se connaissent
par an—soit à peu près le double du taux de croissance bien et la coopération s’en trouve facilitée. Grâce à la
démographique. Comme dans les autres pays africains, la régularité de leurs contacts et à l’intensité de leur
population délaisse de plus en plus le mil et le sorgho en collaboration, ils ont une perception commune des problèmes
faveur du riz, jugé plus savoureux et plus facile à cuire. Le et des solutions à y apporter. L’intégration des activités de
plat national est le tiébou dieune, composé de riz cuit dans recherche et de développement est particulièrement

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Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

remarquable et offre un contraste saisissant avec la dicho- nous faut trouver nos propres solutions à nos problèmes.
tomie observée dans d’autres pays. Aux côtés de ses partenaires nationaux, l’ADRAO aide à
« On a ici un nouveau dynamisme de la recherche », dit forger une tradition africaine moderne de la riziculture
Miézan, « un sens nouveau de l’importance de la recherche. irriguée. C’est à la fois un grand privilège et une immense
Au cours des dix dernières années, nous avons appris que responsabilité. Nous sommes heureux de contribuer à cette
nos environnements diffèrent de ceux de l’Asie et qu’il entreprise. »

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Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

Un outil pour la mise en valeur


des bas-fonds

L A CONCEPTION défectueuse des aménagements hydroagricoles condamne trop souvent à l’échec les
tentatives de mise en valeur des bas-fonds ouest-africains. En collaboration avec des partenaires nationaux
du Mali et du Ghana, les chercheurs du Centre de coopération internationale en recherche agronomique
pour le développement (CIRAD) ont créé un nouvel outil de diagnostic qui devrait permettre d’améliorer
les performances. Leurs recherches s’inscrivent dans le cadre du travail du Consortium bas-fonds, auquel
participe l’ADRAO.

Des espoirs à vau-l’eau Des crues subites ont détruit les diguettes et emporté les
Cette année, les paysans de Boundiali, en Côte d’Ivoire, plants.
comptaient sur une récolte de riz exceptionnelle. Participant Cet incident est venu rappeler—s’il en était besoin—les
à un essai en milieu réel sur l’amélioration de la maîtrise de risques d’échec qui guettent les tentatives de mise en valeur
l’eau, ils avaient travaillé d’arrache-pied aux côtés des des bas-fonds en Afrique de l’Ouest. Même les aménagements
chercheurs pour concevoir et construire des diguettes en hydroagricoles les plus simples doivent être conçus
courbes de niveau. Puis ils avaient planté, désherbé et fertilisé judicieusement pour pouvoir résister aux extrêmes
leurs rizières. climatiques. Des erreurs de jugement similaires ont été fatales
Mais les intempéries devaient réduire leurs espoirs à à beaucoup de petits périmètres irrigués dans la région.
néant. Une nuit, un violent orage s’est abattu sur la région.
Une ressource stratégique
Les bas-fonds, bien qu’ils ne représentent qu’une petite
Les bas-fonds fraction (5%) des terres arables de l’Afrique de l’Ouest, sont
pourraient être le
moteur du
une ressource importante et encore sous-exploitée.
développement Dotés de sols fertiles et d’une alimentation en eau
dans la région relativement abondante, ils offrent un grand potentiel pour
l’agriculture. Quand la maîtrise de l’eau est adéquate, la pro-
duction y est moins risquée que sur les plateaux, et les
paysans sont donc en mesure d’utiliser de plus grandes
quantités d’intrants. Dans les vallées situées à proximité de
marchés urbains, des cultures maraîchères et fruitières
intensives peuvent se combiner avec la riziculture et
l’élevage. Et si l’eau est présente tout au long de l’année,
l’intégration de la pisciculture dans les systèmes de
production devient possible.
Avec un tel potentiel, les bas-fonds pourraient être le
moteur du développement agricole dans la région. Pourtant,

40
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

la vaste majorité de ces terres—quelque 30 millions l’aménagement, contribue à son financement et prend en
d’hectares—est actuellement inexploitée. D’après les esti- charge une grande partie des travaux de construction.
mations des chercheurs, si l’on pouvait mettre en valeur ne
serait-ce que 3% de ces superficies et porter les rendements Un outil de diagnostic
à un modeste niveau de 3 tonnes par hectare, la production Dans ces conditions, il s’avère plus que jamais nécessaire
rizicole de l’Afrique de l’Ouest augmenterait de 2,25 mil- de concevoir les aménagements avec rigueur, tout en limitant
lions de tonnes par an et la région deviendrait exportatrice les coûts du processus de conception. Pour ne pas retomber
nette de cette denrée. dans les erreurs du passé, les aménagistes sont tentés
L’amélioration de la maîtrise de l’eau est la clé de la d’adopter une démarche exhaustive : ils s’efforcent de
matérialisation de ce scénario prospère. Or, les aménage- mesurer l’ensemble des paramètres afin d’éliminer toute
ments qui ont été réalisés jusqu’à présent dans les vallées se cause d’échec. Mais dans le contexte actuel de contraction
caractérisent par un taux d’insuccès consternant. Les erreurs des financements, cette approche n’est plus applicable. Il
de calcul dans leur conception physique sont en grande partie faut un outil qui donne aux aménagistes les moyens de cerner
responsables de cette situation. L’erreur la plus commune rapidement les paramètres permettant de déterminer si un
consiste à sous-estimer les débits de crue maximaux que les aménagement pourra ou non donner les résultats escomptés.
structures devront supporter pendant les orages, comme à Le CIRAD et ses partenaires ont mis au point cet outil,
Boundiali. Mais on recense bien d’autres lacunes, comme le diagnostic rapide de pré-aménagement (DIARPA). Celui-
l’absence de prise en compte de la nature et de la perméabilité ci est le résultat de plus de dix années de travail mené en
des sols, ou la mise sous irrigation de superficies trop limitées collaboration avec l’Institut d’économie rurale (IER) du Mali
pour justifier le coût des nouvelles structures. et le Savanna Research Institute (SARI) du Ghana. Cette
Cependant, les erreurs de calcul de ce type ne constituent recherche a bénéficié de l’appui du Consortium bas-fonds,
qu’un aspect du problème. Plus graves sont l’absence association informelle d’institutions nationales et
d’appréciation des besoins des usagers et le défaut internationales opérant sous les auspices de l’ADRAO (voir
d’adaptation des aménagements aux conditions encadré).
socioéconomiques et à la localisation géographique. Ainsi, Les chercheurs ont tout d’abord analysé les différents types
des zones éloignées des marchés ne conviennent pas à des d’aménagements existant dans les sites clés des deux pays.
cultures de contre-saison. Ou encore, il se peut que la Ils ont déterminé les caractéristiques physiques et la finalité
population n’ait pas tellement besoin d’un surcroît de riz,
mais plutôt d’eau pour le bétail ou pour les usages
domestiques. On aboutit alors à une situation où les
périmètres sont mal entretenus, sous-utilisés ou utilisés à
des fins différentes de celles pour lesquelles ils ont été
aménagés. Dans le pire des cas, ils sont purement et
simplement laissés à l’abandon.
En dépit du taux élevé d’échec enregistré dans le passé,
des perspectives plus favorables se dessinent à l’heure
actuelle. Les périmètres étatiques ne sont plus à l’ordre du
jour et l’on assiste à une prolifération de périmètres privés
aménagés par les usagers eux-mêmes, qui ont tout intérêt à
ce que leur entreprise réussisse. L’approche dirigiste qui
présidait autrefois à la planification des projets s’efface au
Après nous le déluge : les aménagements se
profit d’un processus participatif, dans le cadre duquel la caractérisent jusqu’à présent par un taux d’échec
communauté rurale est associée à la conception de élevé

41
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

Le Consortium bas-fonds
Il a été décidé de créer le consortium au cours d’un
séminaire sur la mise en valeur des bas-fonds organisé en
juin 1993 au siège de l’ADRAO. Cette structur e regroupe
actuellement les membres suivants :
• dix pays africains : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte
d’Ivoire, Ghana, Guinée, Mali, Nigeria, Sierra Leone et
Togo ;
• trois centres internationaux de recherche : l’ADRAO,
l’Institut international d’agricultur e tropicale (IITA) et
l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI) ;
• le Winand Staring Centre de la Dients Landbouwkundig
Onderzoek (DLO) et l’université agronomique de
Wageningen aux Pays-Bas ;
• Le Centr e de coopération inter nationale en recherche
agronomique pour le développement (CIRAD) en La perméabilité du sol est le principal facteur déterminant
France ; le choix du type d’aménagement
• L’Or ganisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO).
Les membres du consortium interviennent dans trois
domaines principaux : la caractérisation des bas-fonds, • perméabilité du sol : il s’agit du principal indicateur
la conception d’aménagements de faible coût, les essais déterminant le choix d’un aménagement. Si la perméabilité
et le transfert de technologie. Le deuxième domaine inclut
des recherches sur les outils d’aide à la décision (tels que
est grande, une digue déversante devra être munie d’une
le diagnostic rapide de pré-aménagement). tranchée d’étanchéité pour être efficace. Si la perméabilité
La structure du consortium permet des gains d’ef ficacité est faible, on pourra aménager un barrage de dérivation pour
par l’exploitation des avantages comparatifs, la mise au
pratiquer l’irrigation par gravité. L’absence de prise en
point et la dif fusion de méthodologies communes, les
essais multilocaux, le transfert de technologies appropriées considération de la perméabilité du sol représente la cause
et les échanges d’infor mations et de matériels. d’échec la plus fréquente ;
• présence (et profondeur) d’une couche imperméable :
de ce facteur dépend la faisabilité d’un tranchée d’étanchéité.
On ne peut aménager celle-ci manuellement que si la couche
de chacun d’entre eux. Puis ils ont étudié les conditions imperméable n’est pas à plus de deux mètres de profondeur ;
favorisant leur succès, les problèmes de gestion susceptibles • pente longitudinale moyenne et superficie irrigable : ce
d’être rencontrés et les facteurs limitant leur potentiel d’impact. facteur, qui influe sur la production agricole, est déterminant
Cette analyse a permis d’identifier six types principaux pour la viabilité économique ;
d’aménagements : • présence et profil d’une entaille : aide à estimer le débit
• diguettes en courbes de niveau maximum pendant les périodes de pointe de crue. Celui-ci
• diguettes en courbes de niveau munies d’un évacuateur détermine les dimensions des structures requises et permet
• digue déversante donc d’en évaluer le coût ;
• digue déversante munie d’une tranchée d’étanchéité • débit de crue maximum par mètre de largeur de la
• barrage de dérivation pour l’irrigation par gravité vallée : il s’agit d’un indicateur complexe calculé à partir de
• barrage de dérivation pour la recharge de la nappe la pluviométrie moyenne sur 10 ans, de la dimension et de
phréatique. l’état du bassin versant, de la pente du bassin versant et de
Les chercheurs ont ensuite défini sept indicateurs qui la largeur du fond de la vallée. Ce facteur est également à
permettent d’évaluer l’adéquation de ces aménagements dans prendre en considération pour calculer les dimensions des
des situations différentes : structures ;

42
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

• présence et profondeur de la nappe phréatique à une Pour chaque indicateur, les chercheurs ont établi des
date donnée : ce facteur, qui indique si le site est approprié seuils destinés à orienter le choix d’un aménagement et de
pour des cultures de contre-saison, influe sur la rentabilité ses caractéristiques physiques (tableau 4). Avec ces données,
potentielle de l’aménagement. Dans la zone soudanienne on peut ensuite estimer le coût des structures.
où cette recherche a été effectuée, la date utilisée était Le diagnostic rapide de pré-aménagement doit être utilisé
fin janvier, mais cette date sera différente dans d’autres en combinaison avec une série d’indicateurs socio-
zones ; économiques qui servent à évaluer l’impact potentiel de
• sécurisation de l’irrigation par le débit de base : le débit l’aménagement en termes d’intensification et de
de base est le débit d’eau persistant dans le bassin versant diversification des cultures, et donc sa rentabilité pour les
en dehors des périodes de pluviométrie de pointe. Il s’agit usagers. Sur la base de cette évaluation, il est possible de
ici aussi d’un indicateur complexe, qui varie fortement d’une déterminer le seuil de rentabilité de l’aménagement.
année à une autre. Si le débit de base est inexistant, la seule La zone agroécologique influe au premier chef sur la nature
eau disponible à la fin de la saison des pluies sera l’eau du problème d’alimentation en eau qu’un aménagement doit
stockée par la nouvelle structure, qui risque de ne pas suffire résoudre et sur les chances de viabilité économique de cet
pour faire une culture de contre-saison. investissement. Dans le Sahel, les conditions climatiques

Tableau 4. Seuils établis pour les indicateurs déterminant le choix entre différents types d’aménagements en zone soudanienne
dans le sud du Mali.

Indicat eurs
P rof ondeur P ent e D ébit de crue P résence et Sécurisat ion de
P erméabilit é de la couche longit udinale P résence et maximum par prof ondeur (m) l'irrigat ion par
du sol imperméable moyenne prof il mèt re de largeur de la nappe le débit de
St ruct ures (m s – 1) (m) (%) d'une ent aille (l s – 1) phréat ique base
pas
D iguet t es en
< 10 – 4 neut re <1 d' ent aille 1 neut re neut re
courbes de niveau
dist inct e
D iguet t es en
avec ou sans
courbes de niveau
< 10 – 4 neut re <1 ent aille 20 neut re neut re
munies d'un
dist inct e
évacuat eur
ent aille peu
D igue déversant e < 10 – 4 neut re < 0,5 130 neut re neut re
prof onde
D igue déversant e
munie d'une ent aille peu
> 10 – 4 <2 < 0,5 130 neut re neut re
t ranchée prof onde
d'ét anchéit é

Barrage de
– 4 ent aille
dérivat ion pour < 10 neut re <1 200 neut re 1 mois
prof onde
irrigat ion par gravit é

Barrage de
dérivat ion pour ent aille
> 10 – 4
>2 <2 200 <2 1 mois
recharge de la prof onde
nappe phréat ique

43
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

qui surviennent au début et au milieu de la saison culturale


peuvent entraîner une pénurie soudaine d’eau de surface.
Le stockage de l’eau est donc indispensable et les
aménagements ont davantage de chances d’être rentables.
Dans la zone forestière humide, en revanche, le problème
consiste surtout à éliminer l’excès d’eau.
Le diagnostic rapide de pré-aménagement permet à la
fois de prévenir des aménagements risqués ou malavisés et
de promouvoir ceux qui sont viables. Cet outil, appliqué à
quatre sites de la zone soudanienne dans le sud du Mali, n’a
donné de résultat positif que pour l’un d’entre eux. Un
plafond de 700 000 francs CFA par hectare avait été fixé
pour le coût des aménagements. Dans trois des sites, les
conditions topographiques et les débits prévisibles lors des
Quelle sera la viabilité économique de cet aménagement ?
Le climat joue un rôle déterminant orages impliquaient un investissement supérieur à ce
montant. Dans le quatrième site, la construction d’une digue
déversante a été recommandée.
extrêmes—périodes prolongées de sécheresse avec un taux
élevé d’évaporation, suivies d’orages subits et violents— Transfert de technologie
impliquent que les structures doivent être conçues pour des Le diagnostic rapide de pré-aménagement apparaît comme
objectifs larges, c’est-à-dire qu’elles doivent à la fois pouvoir un outil prometteur pour abaisser le coût de la conception
stocker suffisamment d’eau pour des cultures de contre- des aménagements et éviter des échecs aux lourdes
saison et supporter des débits élevés lorsque les pluies conséquences économiques. Les chercheurs sont en train
finissent par arriver. Etant donné le niveau généralement de l’adapter pour l’utiliser dans un environnement plus
faible des rendements des petits périmètres dans cette zone, humide, dans le centre du Bénin. Si les résultats sont positifs,
les aménagements risquent fort de ne pas être viables. On il est prévu de procéder à de nouvelles adaptations pour
trouve des conditions similaires, mais de moindre intensité, diffuser cet outil dans le cadre des activités du Consortium
dans la zone soudanienne. Ici, les épisodes de sécheresse bas-fonds.

44
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

Une expertise venue d’Asie

E N ASIE, la gestion intégrée est devenue une alternative viable à la lutte chimique contre les insectes
s’attaquant au riz et à d’autres cultures. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation
et l’agriculture (FAO) collabore avec les gouvernements et programmes nationaux pour introduire ces
méthodes en Afrique de l’Ouest. L’ADRAO et les chercheurs nationaux fournissent l’expertise technique
requise.

Les champs de la connaissance périmètre irrigué réputé pour son usage abusif des pesticides,
Non loin de la piste, six poteaux surmontés d’une bâche est une approche plus subtile de la lutte contre les ravageurs,
forment un abri rudimentaire au beau milieu des rizières. qui se sert des connaissances acquises pour mettre en oeuvre
Sous cet abri, des tables et des chaises en bois sont disposées une panoplie de mesures incluant la préservation des ennemis
autour d’un tableau de papier. On a dessiné sur celui-ci, de naturels, l’utilisation de pratiques culturales appropriées et
façon sommaire mais réaliste, des chenilles, des cicadelles, la culture de variétés résistantes. Les produits chimiques ne
une punaise d’eau, une guêpe et même une araignée au centre sont plus appliqués qu’en dernier ressort. Les champs de
de sa toile. Penchés vers le sol ou accroupis sur leurs talons bataille sont devenus des champs de la connaissance. Ils sont
en différents points du champ voisin, 25 paysans sont armés aujourd’hui un creuset dans lequel se forge l’avenir de la
chacun d’un bloc et d’un stylo. lutte contre les ennemis des cultures en Afrique.
Il est huit heures trente, ce vendredi du mois de juillet
1995, dans le périmètre irrigué de Dawhenya au Ghana.
L’abri et le champ constituent le cadre dépourvu de toute Les dessins des
paysans
sophistication où est testée—pour la première fois en Afrique témoignent à
de l’Ouest—une nouvelle méthode de transfert de la fois d’un
technologie de gestion intégrée : l’école paysanne. Chaque sens aigu de
l’observation
vendredi depuis le début de la saison culturale, les et d’une
producteurs locaux se rendent dans cette école. Actuellement, relation intime
ils sont occupés à observer les insectes sur les plants de riz avec la nature
en pleine croissance. Ils regagneront bientôt l’abri pour
consigner leurs observations sur le tableau de papier et en
faire part au reste du groupe. Les exposés donneront lieu à
une discussion, à la suite de quoi il sera décidé de prendre
ou non des mesures de lutte contre les ravageurs.
L’école paysanne est avant tout un lieu d’apprentissage
pratique, par l’observation directe et l’exploration de la
rizière. Mais c’est aussi un lieu de réflexion—un forum où
les paysans peuvent échanger des idées et où des agents
extérieurs tels que les vulgarisateurs et les chercheurs
viennent apporter leur contribution. Le résultat, dans ce

45
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

Après son succès en Asie... ravageurs qui s’attaquent au riz sont différents. Mais surtout,
Si l’école paysanne est une nouveauté en Afrique, il est utilisé le problème en Asie consistait à réduire les applications de
depuis plus de 10 ans en Asie du Sud-Est pour diffuser le pesticides, alors que, dans la plupart des systèmes de
message de la gestion intégrée. production africains, il s’agit plutôt de prévenir leur
L’idée remonte aux années 80, où la FAO a lancé une série utilisation excessive. Etant donné le coût élevé de ces
de cours de formation dans cette région afin de combattre produits chimiques et les difficultés d’approvisionnement,
l’usage excessif des pesticides, dont les effets préjudiciables peu de producteurs africains ont les moyens de s’en servir
à la santé humaine et à l’environnement étaient devenus actuellement. Dans ces conditions, l’Afrique a beaucoup à
manifestes. Les conséquences environnementales les plus apprendre des erreurs commises en Asie.
néfastes étaient l’élimination des ennemis naturels qui Les trois cours pilotes ont été planifiés et organisés de
contrôlent en temps normal les populations de beaucoup façon à constituer le plus rapidement possible un noyau de
d’insectes nuisibles, et l’apparition de « super-ravageurs » spécialistes africains. Trois experts de la FAO basés en Asie
qui avaient acquis une résistance à la plupart des produits ont servi d’instructeurs au Ghana. Les producteurs et
chimiques. vulgarisateurs formés dans ce premier cours ont à leur tour
Dans ces cours, on a appris aux paysans et aux fait fonction d’instructeurs dans les cours qui ont eu lieu en
vulgarisateurs à observer les populations d’insectes nuisibles 1996 en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. Ainsi, des agents
et de leurs ennemis naturels dans les champs et à prendre des locaux prennent progressivement la relève des experts venus
mesures sur la base de leurs observations. Si cette démarche d’Asie. Dans chaque pays, les vulgarisateurs qui ont participé
semble aller de soi aujourd’hui, elle était à l’époque en rupture au cours ont créé pendant la saison culturale suivante une
totale avec la pratique ordinaire, qui consistait à déverser un dizaine d’écoles paysannes implantées dans des zones
cocktail de produits chimiques dans les champs à intervalles rizicoles différentes. Le cours du Ghana a été suivi d’un
réguliers tout au long de la saison culturale, sans se préoccuper séminaire national à l’occasion duquel ont été arrêtées une
du niveau effectif des populations de ravageurs. Ces cours, politique et une stratégie nationales en matière de gestion
renforcés ultérieurement par des interventions des services intégrée des ravageurs.
publics, ont donné d’excellents résultats dans des pays tels L’ADRAO a aidé à adapter le contenu du cours au contexte
que le Viêt-nam, les Philippines, l’Indonésie et le Cambodge ouest-africain. « Nous avons fourni énormément de travail,
où un grand nombre de producteurs ont considérablement car nous attachons beaucoup d’importance à la gestion intégrée
réduit leurs applications de pesticides. des ennemis du riz », note Tony Youdeowei, directeur de la
Au début des années 90, la FAO a jugé qu’il était temps formation et des communications. « Notre expérience des
d’étendre cette méthode de formation à l’Afrique de l’Ouest. ravageurs et des autres stress spécifiques à la région s’est
Afin de susciter un intérêt, elle a offert aux directeurs ouest- révélée extrêmement utile. » L’Association a envoyé sept de
africains de la protection des végétaux un voyage d’étude ses chercheurs et techniciens au cours du Ghana, et six à celui
dans les pays asiatiques qui avaient participé au programme. du Burkina Faso. Pour le cours de Côte d’Ivoire, qui avait
A l’issue de ce voyage, trois pays (le Ghana, la Côte d’Ivoire lieu dans un périmètre irrigué situé à proximité de Bouaké,
et le Burkina Faso) ont sollicité l’assistance de la FAO pour ce sont 15 de ses agents qui ont apporté leur concours.
organiser un cours initial. Les programmes nationaux ont Les efforts investis dans l’organisation de ces cours ont
été chargés de préparer et de mettre en oeuvre ces cours grandement contribué à leur succès. Dans chaque pays, un
avec l’appui technique de l’ADRAO. comité de pilotage a été chargé de veiller à la planification
et à la mise en oeuvre du projet et d’orienter le travail des
...la gestion intégrée prend la couleur locale formateurs venus de l’extérieur. Ensuite, il a fallu trouver
Dans le domaine de la gestion intégrée, les besoins des un périmètre irrigué dans lequel la production reposait déjà
paysans de l’Afrique de l’Ouest se distinguent de ceux de fortement sur l’usage des pesticides—ce qui est plutôt rare
l’Asie. Les agroécosystèmes n’étant pas les mêmes, les en Afrique. Une fois le site identifié, on y a mis en place les

46
Rapport annuel ADRAO 1996
Points saillants des activités

équipements indispensables. Un atelier intensif de trois jours


a alors été organisé à l’intention de collaborateurs potentiels
des services de vulgarisation, afin de choisir ceux qui seraient
les plus réceptifs aux messages du cours et qui feraient preuve
des meilleures aptitudes pour les diffuser. Il s’agissait ainsi
de « former les formateurs ». Enfin, 75 exploitants du
périmètre irrigué ont été invités à participer au cours. Ils ont
été répartis entre trois écoles accueillant chacune 25 paysans.
Le cours ayant commencé, un emploi du temps fixe a été
observé. Du lundi au jeudi, les agents de vulgarisation ont
reçu une formation intensive qui leur a appris à analyser
l’agroécosystème local, à diagnostiquer les problèmes et à
décider des solutions à appliquer. En général, ils passaient
les trois premières heures de la journée dans les champs à L’école paysanne du périmètr e irrigué de Sakassou, en Côte
observer et à prendre des notes ; la matinée s’achevait par d’Ivoire
deux heures de discussion et l’après-midi était consacré à faire
une synthèse et à mener une réflexion sur des thèmes
spécifiques. Le vendredi, c’était au tour des paysans de se Lors d’une enquête menée 12 mois plus tard, on a constaté
livrer à des exercices similaires, tandis que les agents de vul- que les paysans formés dans le cadre du cours avaient
garisation, jouant le rôle de formateurs et de facilitateurs, leur totalement cessé d’utiliser des pesticides. « L’incitation
transmettaient les connaissances acquises les jours précédents. pécuniaire suffit à persuader les producteurs d’adopter les
Outre l’apprentissage dans les champs et les discussions méthodes de gestion intégrée, sans parler des avantages
de groupe, les cours comportaient un volet important de pour la santé humaine et pour l’environnement qui ne se
recherche. Au début de la saison culturale, les stagiaires ont sont pas encore pleinement manifestés », commente
fait une étude de référence pour déterminer les méthodes de Youdeowei. Des résultats similaires sont prévisibles dans
gestion des rizières, et notamment les quantités de pesticides les périmètres irrigués qui ont accueilli les cours du Burkina
appliquées et la fréquence des applications. Pendant toute Faso et de Côte d’Ivoire. Les trois pays ont aujourd’hui des
la durée du cours, chaque groupe de paysans a eu accès à programmes de diffusion des méthodes de gestion intégrée
deux parcelles expérimentales : l’une sur laquelle il a des ennemis du riz qui sont financés par la FAO et le
appliqué des pesticides régulièrement selon le calendrier gouvernement.
usuel, et l’autre où il a testé les méthodes de gestion intégrée. La clé du succès de ces cours est qu’ils donnent aux
Après la récolte, on a calculé les rendements et la rentabilité producteurs les moyens de constater par eux-mêmes les
de chaque parcelle. De plus, des essais spéciaux ont eu lieu avantages des méthodes de gestion intégrée. Selon
sur des aspects tels que la capacité des plants à compenser Youdeowei, l’école paysanne restaure la primauté
la perte de feuilles et de talles. traditionnelle du savoir des paysans et des paysannes dans
les décisions de gestion des cultures. Au Ghana, la formation
Des gains sur tous les tableaux a été si efficace qu’à l’issue du cours, même un paysan sourd-
D’après l’analyse économique effectuée à la fin du cours du muet était capable de faire une démonstration des techniques
Ghana, les revenus nets des parcelles où l’on a appliqué les de gestion intégrée en se servant du tableau de papier et du
méthodes de gestion intégrée ont été supérieurs de 32% à langage par signes. Comme l’a déclaré le producteur qui a
ceux des parcelles qui ont reçu des pesticides. Les prononcé le discours de clôture du cours : « Nous voici
producteurs ont pu économiser jusqu’à 100 dollars par reconnus comme des experts de la gestion intégrée des
hectare tout en obtenant des rendements comparables. ennemis du riz ».

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Rapport annuel ADRAO 1996
Annexes

Etats financiers
1. Bilan au 31 décembre 1996 (en dollars des Etats-Unis)

ACTIF 1996 1995

Actif circulant
Disponibilités 1 201 134 930 792
Débiteurs :
Donateurs 1 713 412 1 592 487
Employés 237 600 255 741
Autres 1 948 584 1 282 079
Stocks 716 279 602 772
Charges comptabilisées d’avance 138 026 198 166
Autres actifs circulants 228 217 324 359

Total actif circulant 6 183 252 5 186 396

Immobilisations
Immobilisations corporelles 17 100 112 15 753 441
Moins : amortissements cumulés (3 599 738) (2 905 083)

Total immobilisations nettes 13 500 374 12 848 358

TOTAL ACTIF 19 683 626 18 034 754

PASSIF ET SOLDE DU FONDS


Exigibilités à court terme
Découvert bancaire 763 419
Montants à payer :
Donateurs 2 703 203 1 873 144
Employés 195 874 115 109
Autres 1 838 276 2 159 574
Provisions et charges à payer 787 475 556 634

Total exigibilités à court terme 6 288 247 4 704 461

Dettes à long terme - -

Total passif 6 288 247 4 704 461

Actif net
Fonds affectés aux immobilisations
Centre de l’Association 13 500 374 12 848 358
Fonds de remplacement des immobilisations (182 850) (68 187)
Fonds d’exploitation 77 855 550 122
Total actif net 13 395 379 13 330 293
TOTAL PASSIF ET ACTIF NET 19 683 626 18 034 754

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Rapport annuel ADRAO 1996
Annexes

2. Etat des revenus et des dépenses par origine des fonds pour l’exercice clos au 31 décembre 1996 (en dollars des Etats-Unis)

Fonds à usage Total


non restreint restreint 1996 1995
REVENUS

Dons et subventions 4 956 990 4 189 100 9 146 090 8 462 172
Contributions des Etats membres 379 675 379 675
Autres revenus 82 851 82 851 93 677

TOTAL REVENUS 5 419 516 4 189 100 9 608 616 8 555 849

DEPENSES DE FONCTIONNEMENT

Programmes de recherche 2 784 559 3 445 868 6 230 427 5 887 543
Formation et communications 674 736 252 147 926 883 825 359
Dépenses administratives et générales 2 052 671 2 052 671 1 874 818
Amortissement 694 655 694 655 621 859

Dépenses brutes de fonctionnement 6 206621 3 698 015 9 904 637 9 209 579

Récupération de charges indirectes (342 819) (342 819) (181 530)

DEPENSES NETTES DE FONCTIONNEMENT 5 863 803 3 698 015 9 561 818 9 028 049

EXCEDENT (DEFICIT) DES REVENUS SUR LES


DEPENSES (444 287) 491 085 46 798 (472 200)

Réparti comme suit :

Fonds d’exploitation 444 287 444 287 762 626


Fonds de remplacement des immobilisations (491 085) (491 085) (290 425)

POUR MEMOIRE

Dépenses de fonctionnement par nature

Frais de personnel 3 239 513 1 440 155 4 679 668 4 585 841
Fournitures et services 1 920 619 2 061 457 3 982 076 3 274 361
Transport 351 834 196 404 548 238 727 518
Amortissement 694 655 694 655 621 859

Total charges d’exploitation 6 206 621 3 698 016 9 904 637 9 209 579

50
Rapport annuel ADRAO 1996
Annexes

3. Subventions pour l’exercice clos au 31 décembre 1996 (en dollars des Etats-Unis)

Subventions à usage non restreint 1996 1995


Canada 612 423 485 317
Côte d’Ivoire 304 616
France 105 508 72 883
Allemagne 397 921 417 797
Japon 1 497 116 1 179 033
Corée 49 980 50 000
Pays-Bas 295 299 312 110
Norvège 170 121 201 518
Espagne 30 000 25 000
Suède 551 116 505 393
Royaume-Uni 187 890 175 368
Etats-Unis d’Amérique 150 000 200 000
Banque mondiale 605 000 810 000
Total subventions à usage non restreint 4 956 990 4 434 419

Subventions à usage restreint


Banque africaine de développement (appui institutionnel) 447 345 757 606
Canada (CRDI) (projet maladies transmises par les vecteurs) 249 665 151 090
Danemark (projet phytosanitaire/semences) 16 348
Danemark/IITA/CCT (projet Consortium bas-fonds) 151 759
Danemark (projet maladies transmises par les vecteurs) 68 074 37 183
Union européenne (projet gestion des cultures et des ressources) 725 328 614 639
France (projet agrophysiologie) 85 351 94 106
France (projet Consortium bas-fonds) 156 693 13 342
Allemagne (BMZ/GTZ) (projet stress de température) 170 215 545 162
Allemagne (BMZ/GTZ) (projet salinité) 27 876 69 886
Allemagne (GTZ) (projet pesticides) 37 109 16 469
Allemagne (GTZ) (projet azote du sol) 36 642 41 748
FIDA (projet RADORT) 129 421
Japon (études sur la qualité des grains) 70 000 63 080
Pays-Bas (projet Consortium bas-fonds) 393 010 537 145
Norvège (projet maladies transmises par les vecteurs) 84 925 21 599
Fondation Rockefeller (projet culture d’anthères) 103 055 62 210
PNUD (formation et communications) 252 147 236 308
Royaume-Uni (ODA/NRI) (projet adventices) 12 321 50 946
Royaume-Uni (ODA) (projet INGER) 245 011 166 805
Royaume-Uni (ODA/NRI) (projet nématologie) 28 886 34 743
Royaume-Uni (ODA/NRI) (interactions adventices/insectes) 12 401 11 105
Royaume-Uni (ODA/CABI) (projet cécidomyie) 11 803 25 359
Etats-Unis (USAID) (projet réseau riz) 473 186 459 016
Etats-Unis (USAID) (projet diffusion de technologie) 163 012
Etats-Unis (USAID) (projet Africa Link) 4 139
Divers 33 378 18 206
Total subventions à usage restreint 4 189 100 4 027 753

Total des subventions 9 146 090 8 462 172

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Rapport annuel ADRAO 1996
Annexes

Conseil d’administration

Président Just Faaland (Norvège)

Membres Mildred Amakiri (Nigeria)


Alois Basler (Allemagne)
Diomandé Mamadou (Côte d’Ivoire)*
Jacques Faye (Sénégal)*
Ryuichi Ishii (Japon)
Harold Kauffman (Etats-Unis d’Amérique)
Diana McLean (Canada)
Keita Rokiatou N’Diaye (Mali)
Michel Sédogo (Burkina Faso)**

Membre ex-officio : directeur général de ADRAO Kanayo F. Nwanze (Nigeria)*


Eugene R. Terry (Sierra Leone)**

* mandat commencé en 1996


** mandat achevé en 1996

52
Rapport annuel ADRAO 1996
Annexes

Cadres de l’ADRAO et chercheurs


d’institutions coopérantes
(postes basés au siège de l’ADRAO à Mbé, près de Bouaké en Côte d’Ivoire, sauf mention contraire)

Directeur général Kanayo F. Nwanze*


Eugene R. Terry**

Chef des services financiers et du personnel Andrew Urquhart* (par intérim)


Chef de l’administration et des services généraux Robert Lemp
Chef de la ferme expérimentale et des services d’ingénierie Chitti Babu Buyyala
Vérificateur interne Clément Babalola
Spécialiste des relations publiques Melissa Anderson*

Directeur de la recherche Peter Matlon

Programme continuum
Chef du programme Michael Dingkuhn
Agronome Mathias Becker
Entomologiste Elvis Heinrichs**
Spécialiste de la qualité des grains Hideo Watanabe*
Hydrologue Nick van de Giessen
Coordinateur INGER-Afrique Robert Guei
Sélectionneur riz de bas-fond (Ibadan, Nigeria) Baijnath Singh
Phytopathologiste Abdoul Aziz Sy**
Economiste (analyse des politiques) Thomas Randolph
Economiste (production) Timothy Dalton*
Chef du projet RADORT Niels Hanssens*
Chimiste des sols Kanwar Sahrawat
Pédologue Sitapha Diatta
Statisticien/biométricien Abdoulaye Adam
Sélectionneur riz pluvial Monty Jones

Programme riz irrigué dans le Sahel


Chef du programme (Saint-Louis, Sénégal) Kouamé Miézan
Agronome (Saint-Louis, Sénégal) Marco Wopereis
Economiste (Saint-Louis, Sénégal) Cynthia Donovan*

53
Rapport annuel ADRAO 1996
Annexes

Chercheurs d’institutions coopérantes


Entomologiste (Ibadan, Nigeria) Charles Williams (CABI)
Coordinateur Projet santé Thomas Teuscher
Coordinateur Consortium bas-fonds (CBF) Jean-Yves Jamin (CIRAD)
Coordinateur de la recherche, CBF Pieter Windmeijer (Winand Staring Centre)
Nématologiste Danny Coyne (NRI)
Physiologiste Alain Audebert (CIRAD)
Malherbologiste David Johnson (NRI)

Directeur de la formation et des communications Anthony Youdeowei

Documentaliste Alassane Diallo

* arrivé en 1996
** parti en 1996

54
Rapport annuel ADRAO 1996
Annexes

Publications

Adesina A.A. 1996. Factors affecting the adoption of fertilizers by rice farmers in Côte d’Ivoire. Nutrient Cycling in
Agroecosystems 46:29-39.

Adesina A.A., Djato K.K. 1996. Farm size, relative efficiency and agrarian policy in Côte d’Ivoire : Profit function analysis
of rice farms. Agricultural Economics 14:93-102.

Becker M., Ladha J.K. 1996. Adaptation of green manure legumes to adverse conditions in rice lowlands. Biology and
Fertility of Soils 23:243-248.

Becker M., Ladha J.K. 1996. Synchronizing residue N mineralization with rice N demand in flooded conditions. In :
Giller K., Cadisch G. (eds), Driven by Nature : Plant Litter Quality and Decomposition. CAB International, Londres,
pp. 231-238.

Coyne D.L., Namaganda J.M. 1996. Plant parasitic nematode pests of root and tuber crops in Masindi District of Uganda.
African Journal of Root and Tuber Crops 1:4-7.

Coyne D.L., Plowright R.A., Fofana I. 1996. Preliminary investigations of nematodes associated with rice in Guinea,
Benin and Togo. Afro-Asian Journal of Nematology 6:70-73.

Diatta S. 1996. Les sols gris de bas versant sur granito-gneiss en région centrale de Côte d’Ivoire : Organisation
toposéquentielle et spatiale, fonctionnement hydrologique ; conséquences pour la riziculture. Thèse de doctorat, Université
Henri Poincaré (UHP), Nancy, France.

Dingkuhn M. 1996. Modelling concepts for the phenotypics plasticity to dry matter and nitrogen partitioning in rice.
Agricultural Systems 52:383-397.

Dingkuhn M. 1996. Prospects for a sustainable intensification of rice production in West Africa. In : Attanandana T.,
Keoruenromme P., Pongsakul P., Vearasilp T. (eds), Maximizing Sustainable Rice Yields through Improved Soil and
Environment Management. Proceedings of the International Symposium, 11-17 November 1996, Khon Kaen, Thaïlande,
pp. 409-416.

Dingkuhn M., Kropff M. 1996. Rice. In : Zamski E., Schaffer A.A. (eds), Photoassimilate Distribution in Plants and
Crops : Source-sink Relationships. Marcel Dekker, New York, Etats-Unis, pp. 519-547.

Dingkuhn M., Le Gal Y. 1996. Effect of drainage date on yield and dry matter partitioning in irrigated rice. Field Crops
Research 46:117-126.

55
Rapport annuel ADRAO1996
Annexes

Guei R., Wassom C.E. 1996. Genetic analysis of tassel size and leaf senescence and their relationships with yield in two
tropical lowland maize populations. African Crop Science Journal 4:275-281.

Johnson D.E. 1996. Weed management in smallholder rice production in the tropics. http:/www.ent.agri.umn.edu/classes/
ipm/chapters/johnson.htm. Université du Minnesota.

Jones M.P., Johnson D.E., Fofana B., Koupeur T. 1996. Selection for weed competitiveness in upland rice. International
Rice Newsletter 21:31-32.

Matlon P.J. 1996. What changes are required in systems-oriented research methodology? In : Sébilotte M. (édit.), Recherches-
système en agriculture et développement rural. Symposium international, 21-25 novembre 1994, Montpellier, France.
Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), Montpellier, France,
pp. 211-214.

Riches C.R., Johnson D.E., Jones M.P. 1996. The selection of resistance to Striga species in upland rice. In : Moreno M.T.,
Cubero J.I., Berner D., Joel D., Musselman L.J., Parker C. (eds), Advances in Parasitic Plant Research. Sixth International
Parasitic Weed Symposium, 16-18 April 1996, Cordoba. Junta de Andalucia, Consejeria de Agricultura y Pesca, Séville,
Espagne, pp. 674-680.

Sahrawat K.L. 1996. Nitrification inhibitors, with emphasis on natural products, and the persistence of fertilizer nitrogen in
the soil. In : Ahmad N. (ed.), Nitrogen Economy in Tropical Soils. Developments in Plant and Soil Sciences 69:379-388.
Kluwer Academic Publishers, Pays-Bas.

Sahrawat K.L., Mulbah C.K., Diatta S., Delaune R.D., Patrick W.H. Jr., Singh B.N., Jones M.P. 1996. The role of tolerant
genotypes and plant nutrients in the management of iron toxicity in lowland rice. Journal of Agricultural Science
(Cambridge) 126:143-149.

Sahrawat K.L., Pardhasaradhi G., Rego T.J., Rahman M.H. 1996. Relationship between extracted phosphorus and sorghum
yield in a Vertisol and an Alfisol under rainfed cropping. Fertilizer Research 44:23-26.

Sahrawat K.L., Rego T.J., Natarajan M., Burford J.R. 1996. Effects of fallow and pigeonpea on yield and nitrogen response
of the succeeding sorghum on a Vertisol. Tropical Agriculture (Trinité) 73:1-4.

Singh B.N., Alluri K., Miézan K., Akinsola E.A. 1996. Breeding strategies for varietal improvement in lowland rice for
sub-Saharan Africa (abstract). Paper presented at the Second International Crop Science Congress, 17-24 November
1996, New Delhi, Inde.

Singh B.N., Masajo T.M., Oladimeji O. 1996. Use of genetic male-sterile facilitated recurrent selection for blast resistance
in rice. International Rice Research Notes 21:28-29.

Souleymane Nacro, Heinrichs E.A., Dakouo D. 1996. Estimation of rice yield losses due to the African rice gall midge,
Orseolia oryzivora (Harris and Gagne). International Journal of Pest Management 42:331-334.

56
Rapport annuel ADRAO 1996
Annexes

Windmeijer P., Becker M., van de Giessen N. 1996. Rice in West Africa : The toposequence concept. In : Stoop W.A.,
Brinkman W.J., Veldkamp W.J. (eds), The Toposequence Concept. Working paper, Royal Tropical Institute (KIT),
Amsterdam, Pays-Bas, pp. 141-159.

Youdeowei A., Diallo A., Spiff E.D. 1996. Preparatory study 3 : Synthesis of regional studies of agricultural information
needs of African countries. In : The Role of Information for Rural Development in ACP countries : Review and
Perspectives. Proceedings of an International Seminar, 12-16 June 1995, Centre de coopération internationale en
recherche agronomique pour le développement (CIRAD), Montpellier, France. Centre technique de coopération
agricole et rurale (CTA), Wageningen, Pays-Bas, pp. 113-138.

57
Rapport annuel ADRAO1996
Annexes

Sigles et abréviations

ACP Afrique-Caraïbes-Pacifique
BAD Banque africaine de développement
BMZ Bundesministerium für wirtschaftliche Zusammenarbeit und Entwicklung (Allemagne)
CABI Commonwealth Agricultural Bureaux International (Royaume-Uni)
CBF Consortium bas-fonds
CCT Comité consultatif technique (GCRAI)
CEA Commission économique pour l’Afrique (Nations Unies)
CFA Communauté financière africaine
CILSS Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel
CIRAD Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
(France)
CNUEH Centre des Nations Unies pour les établissements humains
CORAF Conférence des responsables de recherche agronomique africains
CRDI Centre de recherches pour le développement international (Canada)
CTA Centre technique de coopération agricole et rurale (Pays-Bas)
DANIDA Danish International Development Agency (Danemark)
DIARPA Diagnostic rapide de pré-aménagement
DLO Dients Landbouwkundig Onderzoek (Pays-Bas)
FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
FIDA Fonds international de développement agricole
GCRAI Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale
GTZ Deutsche Gesellschaft für technische Zusammenarbeit (Allemagne)
ICRISAT Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides
IDESSA Institut des savanes (Côte d’Ivoire)
IER Institut d’économie rurale (Mali)
IITA International Institute of Tropical Agriculture
ILRI International Livestock Research Institute
INGER International Network for Genetic Evaluation of Rice
IRRI International Rice Research Institute
ISNAR International Service for National Agricultural Research
ISRA Institut sénégalais de recherches agricoles
KIT Royal Tropical Institute (Pays-Bas)
NRI Natural Resources Institute (Royaume-Uni)
ODA Overseas Development Administration (Royaume-Uni)
OMS Organisation mondiale de la santé
ONG Organisation non gouvernementale
OUA Organisation de l’unité africaine
PNUD Programme des Nations Unies pour le développement

58
Rapport annuel ADRAO 1996
Annexes

PNUE Programme des Nations Unies pour l’environnement


RADORT Research on Accelerated Diffusion of Rice Technology (projet)
RIDEV Modèle de développement du riz
RYMV Rice yellow mottle virus
SAED Société nationale d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal et des
vallées du fleuve Sénégal et de la Falémé (Sénégal)
SARI Savanna Research Institute (Ghana)
SFS Surface foliaire spécifique
SIG Système d’information géographique
SISMAR Société industrielle sahélienne de machinisme agricole, de mécanique et de représentation
(Sénégal)
SNRDA Système national de recherche-développement agricole
SOPRORIZ Projet national riz (Côte d’Ivoire)
TEAE Tableau d’experts sur l’aménagement de l’environnement pour la lutte antivectorielle (OMS/
FAO/PNUE/CNUEH)
USAID United States Agency for International Development (Etats-Unis)

59
Rédaction et conception :
Simon Chater & Christel Blank
Hawson Farm
Buckfastleigh
Devon TQ11 0HX
Royaume-Uni

Téléphone : (44) 1364-631274


Télécopie : (44) 1364-631526
Courrier électronique : s.chater@cgnet.com

Traduction de l’anglais :
Christiane Soufflet
19 rue Bizet
34830 Clapiers
France

Téléphone : (33) 4.67.59.40.33


Télécopie : (33) 4.67.55.95.11

Crédits photographiques :
Couverture : ADRAO.
Texte : p. 20, p. 31, p. 32 (haut et bas), p. 34, p. 35, p. 36 (haut et bas), p. 37, p. 38 : Simon Chater; p. 41, p. 42, p. 44 : Jeremy Hartley/Panos
Pictures ; p. 27 (bas) : Organisation mondiale de la santé ; autres : ADRAO.

Figures :
p. 30 : d’après Snow et Marsh (Parasitology Today 11(5):188–190) ; autres : ADRAO.

Tableaux :
p. 43 : Legoupil et al./CIRAD ; autres : ADRAO.

Impression :
Ebenezer Baylis & Son Ltd.
The Trinity Press
London Road
Worcester WR5 2JH
Royaume-Uni

Téléphone : (44) 1905-357979


Télécopie : (44) 1905-354919
Le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI)

Le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI) est un consortium rassemblant quelque cinquante-trois
bailleurs de fonds publics et privés qui apportent un appui financier à seize centres internationaux de recherche agricole, dont
l’ADRAO. Fondé en 1971, le GCRAI est parrainé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Programme des Nations Unies pour l’environnement
(PNUE) et la Banque mondiale.
Le GCRAI a pour mission de contribuer à l’accroissement durable de la production agricole et à la sécurité alimentaire dans
les pays en développement. A cet effet, ses activités de recherche sont articulées autour de cinq axes : accroissement de la
productivité, protection de l’environnement, préservation de la biodiversité, amélioration des politiques et renforcement de la
recherche nationale. Il collabore avec de nombreux partenaires, et notamment avec les systèmes nationaux de recherche agricole,
des institutions de recherche avancée du Nord et du Sud, des universités, des entreprises privées, des organisations non
gouvernementales et des associations de producteurs.

Centres du GCRAI
ADRAO Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l’Ouest
CIAT Centro Internacional de Agricultura Tropical
CIFOR Center for International Forestry Research
CIMMYT Centro Internacional de Mejoramiento de Maíz y Trigo
CIP Centro Internacional de la Papa
ICARDA International Center for Agricultural Research in the Dry Areas
ICLARM International Center for Living Aquatic Resources Management
ICRAF International Centre for Research in Agroforestry
ICRISAT International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics
IFPRI International Food Policy Research Institute
IIMI International Irrigation Management Institute
IITA International Institute of Tropical Agriculture
ILRI International Livestock Research Institute
IPGRI International Plant Genetic Resources Institute
IRRI International Rice Research Institute
ISNAR International Service for National Agricultural Research
ARDA
W

A
DRAO

Association pour le développement de la riziculture


en Afrique de l’Ouest

01 BP 2551, Bouaké 01, Côte d’Ivoire

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