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Félix Houphouët-Boigny (1898 ou

1905-1993)
Félix Houphouët-Boigny naît en 1898 ou en 1905 à Yamoussoukro, au centre du pays. Son
oncle est le chef des Baoulé-Akoué, les Baoulé représentant plus de 20 % de la population de la
Côte d’Ivoire, un pays fondé ex-nihilo par la France en 1893. Son oncle est assassiné en 1910 pour
s’être allié aux Français.
Comme héritier, il reçoit une solide éducation traditionnelle, qu’il consolide à l’école du
village, puis à l’école William-Ponty de Gorée, puis à l’école de médecine de Dakar. Il est très bien
vu par l’administration. Il travaille dans l’assistance médicale indigène. Bien qu’il refuse la
chefferie au profit de son frère, ce dernier meurt en 1939 et force Félix Houphouët-Boigny à
prendre les rênes du pays baoulé. Il oeuvre pour la santé et l’éducation.
En 1944, il fonde le Syndicat agricole africain pour lutter contre les demandes abusives des
Français dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale. La conférence de Brazzaville (février 1944)
accorde le droit de représentation aux colonies. Il est élu député en 1945, et dès 1946, il fait inscrire
la loi Houphouët-Boigny interdisant le travail obligatoire. Il fonde alors le Parti démocratique de la
Côte d’Ivoire ainsi que le Rassemblement démocratique africain, qu’il dirige jusque 1959.
Il se délie des communistes après 1949, en raison des tensions liées aux répressions des
manifestations d’Abidjan. Il se rapproche de Robert Schuman et François Mitterrand et co-écrit la
loi-cadre de 1956 avec Gaston Defferre comme ministre délégué auprès du Ministre de la France
d’Outre-Mer, assurant l’autonomie des colonies. Conflit avec Léopold Sédar Senghor sur une
balkanisation de l’Afrique aux détriments de l’AOF / AEF, une ligne qu’il maintiendra toute sa vie.
En 1958, proche du général de Gaulle, il participe à la conception de la nouvelle
constitution, dans laquelle tous les deux s’entendent bien sur une Communauté franco-africaine. Il
est alors Premier ministre de la Côte d’Ivoire mais, en raison du délitement de la CFA après les
indépendances du Sénégal, du Mali et de Madagascar, il proclame l’indépendance de la Côte
d’Ivoire dès 1960 et en devient le premier président de la République.
La constitution ivoirienne fait la part belle au présidentialisme. Influencé par sa culture
baoulé autant que par le général de Gaulle, il n’apprécie guère le parlementarisme et, bien que la
constitution soit pluraliste sur le papier, c’est le système de parti unique qui prédomine. Dès son
discours d’allocution, il annonce une ligne politique et économique libérale dans le cadre de la
guerre froide. Il doit faire face à la dépendance économique à la France avec qui il signe des
accords de coopération dès 1961 (80 % des exportations), à des inégalités territoriales fortes entre le
Nord pauvre et le Sud producteur de cacao et de café.
Entre 1959 et 1971, il installe un système autocratique répressif, contre les Agni au Sud-Est
(1959-1960), contre ses opposants politiques et anciens compagnons de route (1962-1964, meurtres,
prisonniers politiques, torture, délation), contre les Guébié au Centre-Ouest -1970-1971), le tout
avec le soutien des Occidentaux.
Sa politique africaine est celle d’une intangibilité des frontières aussi bien que d’une grande
ouverture aux autres pays, attirant bras et cerveaux, payant des fonctionnaires d’autres pays avec
son propre argent, ce qu’il peut se permettre grâce à ses liens avec les milieux d’affaires français et
suisses ainsi qu’avec la haute finance internationale. Pratique du pouvoir précoloniale. Il œuvre, dès
1960, en faveur des libéraux nigérians contre le gouvernement communiste, puis les libéraux
angolais à partir de 1975.
En Côte d’Ivoire, il mène de grandes politiques d’aménagement du territoire, de santé et de
scolarisation, ainsi que de modernisation de l’agriculture qui passe par de nouvelles plantations, la
canne à sucre, le coton et le soja au Nord en parallèle du développement de l’agro-industrie.
Excellent intermédiaire entre l’Occident et les pays africains, Félix Houphouët-Boigny est
perçu aujourd’hui comme le « premier patrimoine national » pour avoir réussi à forger les bases de
l’État ivoirien. En tant qu’homme de terrain, pragmatique, son profil n’a rien à voir avec ceux des
théoriciens Léopold Sédar Senghor et Kwame Nkrumah. Pure produit du système colonial français.

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