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détention au camp des commandos parachutistes de Djikoroni Para à Bamako, est un homme
d'État malien. Il est président du gouvernement (chef de l'État) du Mali de 1960 à 1968.
Modibo Keïta est un panafricaniste et un tiers-mondiste convaincu. Il partage cette conviction
avec les grands nationalistes de son temps, comme Mouammar Kadhafi, de Libye, Gamal Abdel
Nasser d’Égypte, Kwame Nkrumah du Ghana, Ahmed Ben Bella d’Algérie, Nehru d’Inde.
Le 20 juillet 1960, Modibo Keïta est nommé chef du gouvernement de la Fédération du Mali (qui
regroupe le Soudan français et le Sénégal). Après l’éclatement de cette fédération,
le 22 septembre 1960, il proclame l’indépendance du Soudan français qui devient la république
du Mali. Il en prend la présidence et aligne sa politique sur le "modèle" soviétique.
Socialiste, il oriente son pays vers une socialisation progressive de l’économie, d’abord de
l’agriculture et du commerce avec la création en octobre 1960 de la Société malienne
d’importation et d’exportation (SOMIEX) ayant le monopole de l’exportation des produits maliens
et de l’importation des produits manufacturés et des biens alimentaires (sucre, thé, lait en
poudre…) et de leur distribution à l’intérieur du pays. La création du franc malien en 1962 et les
difficultés d’approvisionnement entraînent une inflation importante et un mécontentement dans la
population, notamment auprès des paysans et des commerçants.
Sur le plan politique, Modibo Keïta fait rapidement incarcérer ses opposants comme Fily Dabo
Sissoko et Hammadoun Dicko, anciens députés représentant le Soudan à l’Assemblée nationale
française. À partir de 1967, il déclenche la « révolution active » et suspend la constitution en
créant le Comité national de défense de la révolution (CNDR). Les exactions des « milices
populaires » et la dévaluation du franc malien en 1967 amènent un mécontentement général.
Les autorités tentent aussi d'introduire des politiques de lutte contre l'esclavage, persistant dans
certaines régions du pays malgré l'interdiction officielle.
Le 19 novembre 1968, le lieutenant Moussa Traoré organise un coup d’État et renverse Modibo
Keïta qu’il envoie en prison à Kidal. Durant neuf ans, de 1968 à 1977, le pays est alors dirigé par
le Comité militaire de libération nationale (en) (CMLN).
Modibo Keïta meurt en détention à Bamako le 16 mai 1977 à l’âge de 61 ans dans des
circonstances suspectes. Radio-Mali diffuse un communiqué annonçant : « Modibo Keïta, ancien
instituteur à la retraite, est décédé des suites d’un œdème aigu des poumons. » Ses obsèques
au cimetière d’Hamdallaye donnent lieu à d’importantes manifestations, réprimées violemment
par les services de sécurité dirigés alors par Tiécoro Bagayoko. Le président Moussa Traoré est
obligé d’intervenir à Radio-Mali pour donner une version « officielle » du décès de Modibo Keïta,
qui ne convainc personne. Modibo Keïta est réhabilité en 1992 à la chute du régime de Moussa
Traoré par le président Alpha Oumar Konaré. Le mémorial Modibo Keïta est inauguré à Bamako
le 6 juin 1999. Son épouse Mariam Keita est décédée en 2014 à 94 ans.
En janvier 2016, l'aéroport international de Bamako-Sénou est rebaptisé : aéroport international
Modibo-Keïta.