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Histoire

contemporaine du
Cameroun

Cet article concerne uniquement l'histoire du Cameroun indépendant, donc depuis le


1er janvier 1960.

Règne d'Ahidjo (1960-1982)

République fédérale du Cameroun

Drapeau de la Fédération

Article principal : République fédérale du Cameroun.


Ahmadou Ahidjo fut élu président du Cameroun en 1960, et John Ngu Foncha devint vice-
président.

En 1961, lors de l'unification du Cameroun français et du Cameroun méridional britannique, le


pays pris le nom de « République fédérale du Cameroun ». On rajouta deux étoiles sur le
drapeau du Cameroun français afin de symboliser la fédération. En 1962, le Franc CFA devint
la monnaie officielle du pays (dans les deux États). Le multipartisme fut interdit, et le parti
unique fut appelé Union nationale camerounaise (UNC). En 1970, Salomon Tandeng Muna
remplaça Augustine Ngom Jua comme 1er ministre du Cameroun occidental puis fut élu vice-
président de la république fédérale.

Pendant les premières années du régime, l'ambassadeur français Jean-Pierre Bénard est
parfois considéré comme le véritable « président » du Cameroun. Cette indépendance est en
effet largement théorique puisque des « conseillers » français sont chargés d'assister chaque
ministre et disposent de la réalité du pouvoir. Le gouvernement gaulliste préserve son
ascendant sur le pays à travers la signature « d'accords de coopération » touchant à tous les
secteurs de la souveraineté du Cameroun. Ainsi, dans le domaine monétaire, le Cameroun
conserve le franc CFA et confie sa politique monétaire à son ancienne puissance tutrice.
Toutes les ressources stratégiques sont exploitées par la France, des troupes françaises sont
maintenues dans le pays, et une grande partie des officiers de l'armée camerounaise sont
Français, y compris le chef d'état-major[1].

Lors de son accession à l'indépendance, en 1960, le Cameroun se dote d'une Constitution à


vocation pluraliste qui prévoyait le multipartisme. Cette constitution est, à peu de chose près,
similaire à la constitution française. La France, "gendarme" des États-Unis, se fait l'apôtre des
idées libérales face à la menace communiste. Toutefois, Dès le début des années 1960, les
autorités multiplient les dispositions légales leur permettant de s’affranchir de l’État de droit :
prolongation arbitraire des gardes à vue, interdiction des réunions et rassemblements,
soumission des publications à la censure préalable, restriction de la liberté de circulation à
travers l'établissement de laissez-passer ou du couvre-feu, interdiction pour les syndicats de
lancer des souscriptions, etc. Toute personne accusée de « compromettre la sécurité
publique » se voit privée d'avocat et ne peut faire appel du jugement prononcé. Les
condamnations aux travaux forcés à perpétuité ou à la peine capitale — les exécutions
peuvent être publiques — se font ainsi nombreuses. Un régime à parti unique est instauré en
1966[1].

Guerre civile
L'indépendance est suivie d'une période de violente répression contre le mouvement de
l'Union des populations du Cameroun (déjà persécuté sous l'administration française), et
l'ALNK, son « Armée de libération nationale du Kamerun », par le nouveau gouvernement avec
l'assistance de la France, qui dure jusqu'à la fin des années 1960. Ce sont des officiers
français qui, au cours des années 1960, dirigent clandestinement les opérations de
répression menée par l'armée camerounaise contre les derniers bastions de l'insurrection
« upéciste », essentiellement dans l'ouest du pays. Tortures, regroupement et déplacement de
force des populations, exécutions extrajudiciaires, guerre psychologique, villages rasés ou
bombardés au napalm, les méthodes employées sont peu à peu transmises par les militaires
français à leurs homologues camerounais, notamment au sein de l'École militaire interarmes
du Cameroun (EMIA), dirigée au cours de cette période par des officiers français formés à la
doctrine de la guerre révolutionnaire (DGR). Le 20 mai 1972, un référendum conduit à un État
unitaire et met fin au fédéralisme.

République unie du Cameroun

Le 20 mai 1972, le président Ahidjo organisa un référendum pour mettre fin au système
fédéral en vigueur jusqu'à cette époque. Le référendum fut largement gagné et le 20 mai
devint la fête nationale d'un Cameroun qui s'appellera désormais « République Unie du
Cameroun ».

À la même époque, le président Ahidjo adopte la nouvelle doctrine économique du


Cameroun, le libéralisme planifié, qui mènera quelques années plus tard, le pays dans la voie
du sur-endettement.

Création du poste de Premier ministre

Le président Ahidjo organisa un nouveau référendum pour réviser la constitution en 1975. Ce


référendum fut gagné par le président. Cette révision permit la création d'un poste de Premier
ministre et Paul Biya, un chrétien du Sud, y fut nommé.

Ce n'est qu'en novembre 1982 qu'il démissionna pour « raisons de santé » et fut remplacé par
son ancien Premier ministre, Paul Biya.
Ahidjo regretta son choix ultérieurement, et, à la suite
d'un coup d'État manqué de la part de ses partisans, il fut contraint à l'exil en 1983.

Règne de Paul Biya (1982- )

Reprise en main et la modernisation


Paul Biya, nouveau président du Cameroun, nomma Bello Bouba Maigari Premier ministre
avant de supprimer ce poste un an plus tard.

Cette révolution de palais mettait ainsi fin à un régime auquel on reprochait le trop de pouvoir
de l'exécutif aidé d'un parti unique qui encadrait sévèrement la population.

Le 4 février 1984, le pays prit le nom de République du Cameroun à la faveur d'une révision de
la constitution adoptée par l'Assemblée Nationale.

Libéralisation du régime

Le président Biya tente alors de remédier progressivement aux maux légués par son
prédécesseur en renouvelant totalement les cadres et les structures du parti unique,
rebaptisé en 1985 Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). Il réussira
même à y rallier quelques opposants "de l'intérieur". L'ouverture se marquera également lors
des élections municipales d'octobre 1987, pluralistes dans le cadre du parti unique. Quelques
mois plus tard, Biya est réélu président, tandis que la quasi-totalité des députés sont battus
par des nouveaux venus lors des législatives.

Seul candidat, Paul Biya est élu président en 1984 et 1988. Il adopte un plan d’ajustement
structurel qui lui est présenté par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque
mondiale : privatisation, ouverture à la concurrence, réduction des dépenses sociales, etc.
Les salaires des fonctionnaires sont réduits de 60 %, le secteur informel augmente très
significativement, mais les classes dirigeantes ne sont pas affectées par ce programme. Au
début des années 1990, à la suite d'opérations de désobéissance civile, baptisées « Villes
mortes », et d'émeutes, il accélère la mise en œuvre du multipartisme. Il supprime la
législation « contre-subversive » instaurée par son prédécesseur, restaurant ainsi la liberté
d’association, et permet à une presse indépendante de commencer à paraître. Cette
démocratisation à ses limites : le gouvernement continue d'avoir recours aux fraudes
électorales et instrumentalise les appareils judiciaire et policier contre l'opposition[2]. , un état
d'urgence de fait est instauré avec la création en mai 1991, de « commandements militaires
opérationnels » pour pacifier le pays. Le président Biya ayant annoncé les élections
législatives pour le 16 février 1992, le Premier ministre Sadou Hayatou ouvre le
30 octobre 1991, la conférence tripartite gouvernement-opposition-société civile destinée à
définir le cadre électoral et l'accès aux médias publics. L'opposition se divise entre les
partisans du préalable d'une conférence nationale et ceux qui sont favorables à une
participation immédiate à la compétition électorale.

Le régime de Paul Biya est proche du gouvernement français, qui lui livre des armes et forme
ses forces de répression. La France est le premier investisseur étranger, devant les États-
Unis. Cent cinq filiales françaises sont implantées dans tous les secteurs-clés (pétrole, bois,
bâtiment, téléphonie mobile, transport, banque, assurance, etc.). En février 2008, des
émeutes éclatent, réclamant la baisse des prix et le départ de Paul Biya. Les manifestants
sont sévèrement réprimés : une centaine de morts, des milliers d’arrestations[2].

En 1992, des élections présidentielles multipartites ont lieu. Paul Biya est réélu président
(39,9 %) devant John Fru Ndi (35,9 %), candidat du Social Democratic Front (SDF). Les
résultats sont très contestés. À la suite de manifestations et d'incidents dans la région de
Bamenda, l'état d'urgence y est décrété.
Le 21 janvier 1996 ont lieu les premières élections
municipales pluralistes, le RDPC emporte 65 % des communes mais de grandes villes dont
Douala passent au SDF. Le 10 février 1996, les Sawa de Douala protestent contre la
désignation de maires non-sawa dans les mairies d'arrondissement remportées par SDF.

Le 27 février 1996, un décret présidentiel érige une dizaine des plus grandes villes en
"communes à régime spécial", dont la plupart avaient été gagnées par l'opposition, afin de
confisquer le pouvoir aux mairies. L'opposition dénonce vivement cette mesure et lance en
mai 1996, les opérations « ville morte » relativement peu suivie.

Élections
Politique au Cameroun

Élections au Cameroun depuis 2000

Élections municipales camerounaises de 2013

Élection présidentielle camerounaise de 2018

Élections législatives camerounaises de 2019

Premier ministre du Cameroun, Liste des Premiers ministres du Cameroun

Président de la République du Cameroun, Liste des présidents du Cameroun

Élections législatives camerounaises de 2020 et Élections municipales camerounaises de


2020

Déclaration d'indépendance des régions anglophones et conflit armé

Le 1er octobre 2017, Sisiku Julius Ayuk Tabe déclare symboliquement l'indépendance des
régions anglophones du pays sous le nom république fédérale d'Ambazonie, déclenchant une
répression par les forces de l'ordre se soldant par des morts, des blessés, des émeutes,
barricades, manifestations, couvre-feu, etc[3]. En janvier 2018, le Nigeria compte entre
7 000 et 30 000 réfugiés liés au conflit et à la répression à la suite de cette déclaration
d'indépendance[4].
Le 5 janvier 2018, des membres du gouvernement intérimaire de l'Ambazonie, dont le
président Sisiku Julius Ayuk Tabe , ont été arrêtés au Nigeria et déportés au Cameroun. Ils
ont ensuite passé 10 mois dans un quartier général de gendarmerie avant d’être transférés
dans une prison à sécurité maximale de Yaoundé. Un procès a débuté en décembre 2018.

Le 4 février 2018, il a été annoncé que M. Samuel Ikome Sako deviendrait le président par
intérim de la République fédérale d'Ambazonie, succédant temporairement à Tabe. Sa
présidence a vu l'escalade du conflit et son extension dans toutes les régions anglophones.
Le 31 décembre 2018, Ikome Sako a déclaré que 2019 verrait le passage d'une guerre
défensive à une guerre offensive et que les séparatistes s'efforceraient d'obtenir une
indépendance de facto sur le terrain.

Le 20 août 2019 au matin le tribunal militaire de Yaoundé condamne Sisiku Julius Ayuk Tabe
et neuf autres de ses partisans à la réclusion criminelle à vie[5].

Les élections législatives et municipales du 9 février 2020 entraînent un regain de violence


dans les régions anglophones du Cameroun, autour de la tentative d'indépendance de
l'Ambazonie. Les groupes séparatistes promettent des représailles à ceux qui iraient voter, en
réaction le gouvernement central du Cameroun augmente ses effectifs militaires dans la
zone[6]. Dans les deux semaines précédant les élections, selon Human Rights Watch, les
rebelles séparatistes enlèvent plus d'une centaine de personnes dans les deux régions
anglophones, tandis que les forces de sécurité commettent de nombreux abus de pouvoir[6].
Le jour du scrutin, les rebelles séparatistes empêchent l'accès aux urnes[6]. Si le taux de
participation aux élections a été faible dans tout le Cameroun, y compris en zone
francophone, le taux de participation dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest a été
probablement encore plus faible, à cause des menaces, des violences et des blocages des
urnes, bien que le gouvernement central camerounais n'ait pas communiqué officiellement le
taux de participation, ni les résultats de ces régions[6].

Les violences se poursuivent après les élections. Ainsi, le 16 février 2020, 22 civils dont 14
enfants et 1 femme enceinte sont massacrés à Ntumbaw, un village du Nord-Ouest[6].
l'opposition camerounaise (notamment le Mouvement pour la renaissance du Cameroun) et
les ONG locales accusent l'Armée et le gouvernement majoritairement francophone d'avoir
perpétré le massacre, dans un contexte de répression de la tentative de sécession de
l'Ambazonie[6].

Le 21 avril 2020, le régime camerounais admet sa responsabilité, expliquant que l'Armée et


un groupe d'autodéfense allié avaient attaqué des indépendantistes, tuant 5 d'entre-eux, puis
s'étaient rendus compte que leur assaut avait également tué accidentellement les femmes et
les enfants, et avaient alors décidé de déclencher l'incendie pour tenter de masquer leurs
faits[7].

Le 20 août 2020, le procès en appel du leader séparatiste anglophone Sisiku Julius Ayuk
Tabe et de ses neuf co-accusés a été une nouvelle fois reporté. Une partie des magistrats
affectés à ce dossier ayant été récemment mutés, la cause a été renvoyée au 17 septembre
2020[8].

Hors élections
République fédérale d'Ambazonie

Émeutes de 2008 au Cameroun

Cameroun Génération 2011

Notes et références

Voir aussi

Ce document provient de
« https://fr.wikipedia.org/w/index.php?
title=Histoire_contemporaine_du_Cameroun&oldi
d=199426544 ».


Dernière modification il y a 24 jours par Samhenin

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