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N° Janvier 2024
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ADIEU 2023, BONJOUR 2024 !


Diagne Fodé Roland
L’affrontement entre capital et travail à travers la lutte entre la bourgeoisie et les classes laborieuses devient de
plus en plus perceptible alors que la lutte de libération des peuples, pays, nations et Etats dominés contre
l’impérialisme hégémonique OTAN/US/UE/Israël va de plus en plus à la gagne.
Des grèves des travailleurs à l’instar de celle gagnante de l’automobile aux USA à celles des Gilets Jaunes et des
syndicats en France ou des paysans en Inde, le mouvement ouvrier et les classes laborieuses redressent peu à peu
la tête malgré les directions bureaucratiques réformistes des organisations syndicales et politiques éco-social-
démocrates.
L’impérialisme stade suprême du capitalisme à la quête permanente du profit maximum, miné par sa crise de
surproduction et de sur-accumulation amplifiée par ses crises sanitaires (covid) et écologiques, n’a plus rien à
offrir que la misère, le racisme, le fascisme, l’écocide et les guerres.
Le capitalisme, disait Marx, détruit l’humain et la nature. Petit à petit l’oiseau de la libération sociale fait le nid du
retour vers le futur communiste que la défaite de l’URSS et du camp socialiste d’Europe semblait avoir mis
momentanément en stand bail.
La bourgeoisie russe après avoir subi la domination prédatrice de l’impérialisme sous Gorbatchev le liquidateur et
Eltsine le libéral défend maintenant sous Poutine sa souveraineté nationale en alliance avec les ex-colonies comme
l’Inde et la Chine populaire communiste, rescapé du camp socialiste, dont l’alliance qu’est les BRICS s’élargissent
à d’autres pays d’Asie, d’Amérique du sud et d’Afrique.
Les rescapés du camp socialiste que sont la Chine, première puissance économique, scientifique, technique et
écologique, la Corée du nord, puissance nucléaire défensive, Cuba, puissance médicale, sanitaire et écologique et
le Vietnam, puissance éco-stratégique en devenir poursuivent avec succès leurs expériences de développement par
l’édification du socialisme en combinant secteur socialiste, coopératif, privé capitaliste et familial qui rappelle la
NEP expérimentée en URSS entre 1921 et 1928.
De l’Asie à l’Amérique du sud et en Afrique, les peuples, nations et Etats opprimés retrouvent progressivement le
chemin de la libération nationale anti-impérialisme. L’anti-impérialisme bolivarien du Venezuela, du Nicaragua, le
retour au pouvoir du parti de Evo Morales, de Lula, les nouvelles expériences gouvernementales de gauche au
Pérou, au Salvador, au Chili, en Colombie illustrent la marche expérimentale plurielle de l’Amérique du sud de
l’Alba, du Mercosur vers la fin du statut séculaire d’arrière cour de l’impérialisme US.
L’Afrique se réveille aussi avec les expériences souverainistes du Mali, du Burkina Faso, du Niger et de la
nouvelle Alliance des Etats du Sahel (AES) dont les résistances contre la françafrique, l’eurafrique et l’usafrique
mettent à l’ordre du jour l’exigence de la libération nationale et panafricaine.
La lutte au Sénégal contre l’État hors la loi, l’abus de pouvoir de la détention de milliers de citoyens et
l’empêchement arbitraire de la participation du chef de l’opposition à la présidentielle du 25 février 2024 est partie
prenante de cette quête en cours des peuples africains de la libération anti-néocoloniale. Ce processus
souverainiste se répand comme une traînée de poudre dans chaque pays africain par le biais d’une rébellion
patriotique de la jeunesse soutenue de plus en plus par la majorité des populations contre la servilité néocoloniale
des bourgeoisies bureaucratiques. Ce néocolonialisme n’a d’autres programmes que la pensée unique libérale
importée par les institutions internationales de la nouvelle « mondialisation » capitaliste que sont le FMI, la
Banque Mondiale, l’OMC au service des actionnaires des Grands Monopoles du capital financier.
2023 s’en va, bienvenue à 2024 pour que s’amplifient et s’accélèrent la marche :
- des travailleurs vers la reprise en main de leur idéologie, le socialisme scientifique, et de leurs organisations
politiques, syndicales et associatives;
- des peuples et nations vers la libération nationale anti-impérialiste;
- la participation et la victoire dans notre pays du candidat du camp patriotique à la présidentielle 2024.
Tous nos vœux 2024 de santé et de bonheur à tous.
Décembre 2023
VERS L’INDEPENDANCE DE LA SEN-JUSTICE
LE JUGE DE DAKAR CONFIRME LE JUGE DE ZIGUINCHOR !
Diagne Fodé Roland

Coup de théâtre, la cour d’appel de Dakar remet O. Sonko dans le fichier électoral tout comme l’avait fait le
tribunal de Ziguinchor. Tout appel contre ce nouveau verdict de la part de l’autocratie Macky/APR/BBY ramène
vers la Cour Suprême sans suspendre la remise même tardive de la fiche de parrainage à O. Sonko que le Ministère
de l’intérieur lui avait illégalement refusée à travers sa Direction Générale des Élections (DGE). Il y aura-t-il
récidive arbitraire, c’est ce que va révéler la nouvelle demande du mandataire de Sonko.
Dans des articles précédents, on avait cité l’adage disant « quand le chat n’est pas là, les
souris dansent » pour en tirer l’hypothèse qu’un des effets de la renonciation sous la pression
populaire à la troisième candidature anticonstitutionnelle de Macky est de réduire peu à peu
son autoritarisme autocratique sur les différentes institutions renforcée par la perte de sa
majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Les manifestations de cette perte progressive de diktat de l’autocratie ont été la multiplication
des candidatures au sein même de l’APR, les deux plaidoiries des procureurs de la Cour
suprême rejoignant celles de la défense de Sonko, le verdict du tribunal de Ziguinchor, l’injonction de la CENA à
la DGE de remettre les fiches de parrainage à Sonko, le verdict du tribunal de Dakar confirmant celui de
Ziguinchor, etc. On peut constater aussi qu’aucune des condamnations non définitives de Sonko dans les multiples
procès-complots dont il est victime n’a touché à son éligibilité comme des formes faibles de résistance à la
mainmise présidentialiste sur la justice.
Jusqu’où la justice va-t-elle exercée son indépendance formelle que lui confère la Constitution pour dire le droit
face à un Etat hors la loi qui n’hésite pas à faire un blocus policier de la demeure du chef de l’opposition,
l’empêche à se rendre à un procès où les principales accusations de « viol et de menace de mort » sont écartées
pour néanmoins le condamner par contumace, ne reconnaît pas l'annulation de la contumance après son
arrestation, met en prison des milliers de détenus politiques d’opinions, interdit administrativement son parti
Pastef/Les Patriotes, incite une campagne de dénigrement inquisitoire « de terrorisme islamiste salafiste » sans
fournir aucune preuve et autres balivernes qui ne trompent personne, même pas les enfants qui en rigolent ?
La réponse à cette interrogation se trouve dans les nouvelles étapes à franchir de la Cour Suprême et du Conseil
Constitutionnel, seule institution qui a la prérogative de valider au plus tard le 20 janvier 24 la candidature de celui
dont tout le monde sait que dans les urnes il est, à ce jour plus que jamais, imbattable le 25 février 2024.
Si pendant 40 ans, de 1960 à 2000, la démocratie néocoloniale s’est caractérisée d’abord comme la dictature du
parti unique PS après la dissolution arbitraire du PAI, puis a connu le coup d’état françafricain contre le président
du conseil installant le présidentialisme avant de concéder face aux luttes populaires animées par la gauche
communiste historique « le multipartisme quadripartite » et ensuite « le multipartisme intégral », la première
alternance libérale néocoloniale présidentialiste a rendu endémique l’utilisation préexistante de l’État comme
principal moyen de devenir milliardaire que la seconde alternance libérale néocoloniale présidentialiste a combiné
avec la mise en place d’une autocratie présidentialiste enivrée par l’odeur du pétrole et du gaz, laquelle ne respecte
même plus les lois du pays. C’est ce que nous avons nommé Etat néocolonial hors la loi !
Voilà pourquoi lors des Assises Nationales de la diaspora sénégalaise sous la première alternance néocoloniale,
nous avons introduit la question du régime parlementaire combiné avec les Penc locaux historiques contre le
présidentialisme qui est, au demeurant, plus facilitateur de la domination impérialiste et de ses valets locaux de la
bourgeoisie bureaucratique d’État.
La françafrique, l’eurafrique, l’usafrique ont largement démontré qu’elles font la promotion de la chimère attrape-
nigaud de la démocratie bourgeoise formelle dans les néo-colonies que parce que les intérêts prédateurs de son
hégémonie spoliatrice sont assurés par les régimes autocratiques civils ou militaires contre les peuples opprimés.
C’est ce double standard que l’on retrouve dans l’adoubement du coup d’état au Tchad, des régimes présidentiels
civils au Sénégal et en Côte d’Ivoire et la condamnation non crédible des coups d’états souverainistes au Mali, au
Burkina, au Niger et du régime civil en Centrafrique.
Même dans leurs prétendues « vieilles démocraties » règnent en réalité ce que le communiste Engels décrit comme
suit : « L'Etat n'est donc pas un pouvoir imposé du dehors à la société ; il n'est pas davantage « la réalité de l'idée
morale », « l'image et la réalité de la raison », comme le prétend Hegel. Il est bien plutôt un produit de la société à
un stade déterminé de son développement ; il est l'aveu que cette société s'empêtre dans une insoluble
contradiction avec elle-même, s'étant scindée en oppositions inconciliables qu'elle est impuissante à conjurer. Mais
pour que les antagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas, elles et la société, en
une lutte stérile, le besoin s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le
conflit, le maintenir dans les limites de « l'ordre » ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus
d'elle et lui devient de plus en plus étranger, c'est l’État » (cité par Lénine dans l’État et la Révolution).
Macky/APR/BBY, bénéficiaires en 2011/12 des luttes du peuples pour préserver les conquêtes démocratiques
gagnées de haute luttes par le peuple sous la direction de la gauche communiste historique avant que ses leaders ne
trahissent en s’intégrant dans le système néocolonial pour la « lutte des places », sont les fossoyeurs actuels du
relatif « état de droit » qui avait permis deux alternances libérales.
Ayant proclamé « réduire l’opposition à sa plus simple expression », leur fin de règne est confrontée à la résistance
active et passive du peuple, notamment de sa fraction la plus déterminée, la jeunesse patriotique à la quête d’un
avenir meilleur au pays. Cette résistance met à l’épreuve à la fois la séparation des pouvoirs Exécutif, législatif,
judiciaire ainsi que l’administration, le pouvoir médiatique et même les forces de l’ordre (police, gendarmerie,
armée).
Elle interpelle aussi l’ensemble des classes sociales dominantes (bourgeoisie d'État et privée, féodalités
maraboutiques, intelligentsia, secteurs de l’économie informelle, familiale, artisanat, etc) sans oublier les partis
politiques, les mouvements syndicaux, associatifs, etc.
Tous les pans de la société sont confrontés par le choix cornélien : soumission à l’impérialisme ou souverainisme,
néocolonialisme et patriotisme. Tel est l’enjeu majeur de la lutte actuelle pour le droit du peuple à choisir dans les
urnes QUI va gouverner le Sénégal à partir de février et avril 2024 ?
Voilà l’équation posée et à résoudre qui met, en plus de l’effort constant du peuple et en particulier de la jeunesse
patriotique pour la candidature de celui qui incarne son espérance pour une alternative patriotique, au devant de la
scène l’exigence que la JUSTICE enchâsse les pieds de l'INDÉPENDANCE que lui confère la Constitution et les
lois du pays.
Le camp patriotique auréolé de la double victoire des batailles judiciaires de Ziguinchor et de Dakar doit maintenir
le cap sur sa stratégie consistant à ne pas mettre tous les œufs dans le même panier en poursuivant la tactique des
candidatures multiples jusqu’au dépôt sur la table du Conseil Constitutionnel. Une fois la seule institution ayant
l’exclusivité de dire QUI est candidat aura parlé, alors et seulement alors s’ouvrira à partir du 20 janvier 2024, la
nécessité de choisir le seul qui concourra en son nom en espérant que se soit O. Sonko.
15/12/23
POUR QUI ILS SE PRENNENT, ET POUR QUI ILS NOUS PRENNENT,
CES GENS-LÀ QUI GOUVERNENT LE SENEGAL ?
Madieye Mbodj, Professeur de Lettres à la retraite
Ousmane Sonko aurait reçu 12 milliards de FCFA du Qatar, dans la perspective d’une dénonciation-renégociation
au profit de cet émirat, des accords d‘exploitation pétrolière déjà signés par l’Etat du Sénégal ! Le Qatar, proche
allié de la France et ami du Sénégal ! Ces affabulations sans queue ni tête ont tout de même le mérite d’attester de
la crédibilité, au- delà de nos frontières, d’une victoire du candidat Ousmane Sonko à la présidentielle de février
2024 ! Les voilà encore une fois ces gens-là, pris la main dans le sac de leur « entreprise de désinformation, de
manipulation et de diabolisation », menée en ‘’flagrant délit continu’’ à l’encontre d’un seul et même adversaire
politique, le président Ousmane Sonko. Se dévoilant cette fois-ci derrière le paravent d’un article anonyme du
faussement et péremptoirement proclamé « journal le mieux informé de France » (sic !), Le Canard Enchainé.
Simple répétition sordide d’une machination ourdie, il y a bientôt cinq ans, sur le dos d’un site web ghanéen, à la
veille de la présidentielle de 2019, avec les mêmes masques, les mêmes personnages et les mêmes méthodes !
Cette fois-ci, un article publié depuis six mois, remis au goût du jour par nos maquisards, avec des déformations et
des insinuations bassement politiciennes qui font honte à tout journaliste un tant soit peu sérieux. Un papier
d’ailleurs destiné davantage à une consommation occidentale, mettant en cause de façon insidieuse et insultante les
chefs religieux de la communauté mouride, ces adeptes d’un ‘’islam local’’ ‘’inondés de milliards’’ déversés par
‘’le Qatar et les Frères musulmans’’ dans le but, suprême infamie, de les convaincre d’appeler à voter Sonko- ils
ne perdent rien certainement pour attendre les réponses appropriées de qui de droit ! Mais pouvait-on attendre un
autre comportement d’un député tout juste fier-à-bras ignare, réputé grand détourneur de semences et de matériels
agricoles, jamais porteur d’idées, ni de propositions ni d’initiatives parlementaires ? Ou de journalistes véreux,
revêtus d’une épaisse couche noire de mensonges retentissants, mercenaires de la plume, de l’audiovisuel et des
web- médias ? Ou encore d’intellectuels veules, ayant choisi depuis pas mal de temps de se boucher les oreilles, de
fermer les yeux et la bouche devant les injustices, l’hypocrisie, l’ignominie et l’indignité, ou même pire, de les
cautionner et de les justifier pour mieux s’en réjouir ?!
Mais qui sont-ils ces gens-là, pour prendre les Sénégalais-e-s pour des demeuré-e-s malléables à souhait, au seul
nom des calculs et intérêts du Prince ? Peuvent-ils nous faire oublier que Pastef est une des rares organisations
politiques de notre pays à avoir déposé régulièrement, chaque année, auprès des services compétents du Ministère
de l’Intérieur, un rapport financier en bonne et due forme, conformément à une obligation légale applicable à tous
les partis politiques constitués ? Feignent-ils d’oublier que d’une part, le financement public des partis politiques,
codifié et attribué sur des bases légales officielles, contrairement aux pratiques en cours de distribution de fonds
selon la simple volonté du Prince et la tête du client, ainsi que d’autre part, le plafonnement et le contrôle strict des
dépenses de campagne électorale, constituent deux revendications de longue date des différentes oppositions sous
Diouf, Wade et Sall, mais auxquelles ces pouvoirs successifs, une fois installés, ont
royalement et systématiquement tourné le dos, en parfaite connaissance de cause?
Pour qui au demeurant se prennent ces gens-là pour se permettre des séjours, dans
des hôtels princiers, aux frais du pauvre contribuable de goor-goorlu sénégalais, à
coups de suite présidentielle à 9 000 euros (près de 6 000 000 FCFA !) la nuitée, ou
autres suites junior et chambres de luxe, pour l’éclat non pas tant d’un séminaire
intergouvernemental mais plutôt d’un cérémonial d’allégeance renouvelée à l’endroit
du petit Jupiter Macron, avec en prime une bamboula politicienne servie à notre PM
candidat de la continuité françafricaine, à sa cohorte de ministres, de militant-e-s
alimentaires du parti au pouvoir et de griots maitres renards louangeurs, sans oublier
ces dignitaires religieux préposés aux prêches sur les supposées vertus, ici-bas et
dans l’au-delà, d’un vote en faveur du candidat de leur cher bienfaiteur de président
sortant ! Et tout ce branle-bas si cher payé pour pouvoir s’adresser aux migrants sénégalais à l’occasion d’un
« grand meeting » dans la banlieue parisienne !
Pour qui véritablement ils se prennent ? Repus mais plus voraces que jamais, paniqués et angoissés à l’idée d’une
fin de règne prochaine, il ne leur reste plus qu’à se réfugier derrière une logorrhée désarticulée, telles ces
personnes atteintes de jaafur, ce délire de démon coupable sous nos tropiques d’avoir mangé de la chair interdite!
Chaque jour que Dieu fait, ils découvrent à leur grand désarroi qu’Ousmane Sonko est décidément un OS dur à
avaler ! Sitôt radié, sitôt irradié pour rayonner plus vivement encore, selon la belle formule du chroniqueur Momar
Diongue ! Autrement dit, puisqu’il est vain de chercher à arrêter la mer avec ses bras, il vaut mieux s’en remettre à
la sagesse du proverbe wolof : taal bu Yàlla taal, sànni cak matt a gën fey ko (Si Dieu le Tout Puissant allume un
feu, il vaut mieux y jeter un morceau de bois mort que tenter de l’éteindre). Vivement un leadership de type
nouveau fondé sur la pertinence d’une vision et d’un projet porteurs de ruptures salvatrices ; sur la crédibilité,
c’est-à-dire la confiance et l’espoir ; sur la proximité avec les masses populaires, l’éthique de respect du citoyen,
de la parole donnée, du bien public et de l’intérêt général.
En ces moments de célébration du 75ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des
Nations-Unies sous le thème « Dignité, Liberté et Justice pour Tous », il est loisible à toute personne honnête de
constater le recul flagrant de la démocratie et de l’Etat de droit au Sénégal. C’est le lieu de se convaincre
définitivement que la démocratie, l’état de droit, la transparence, la gouvernance sobre et vertueuse ne sauraient se
réduire à une inflation de textes de lois et d’organismes ronflants, mais sans substance ni moyens d’actions réels,
se traduisant pour le Sénégal par des dégringolades avérées dans les classements mondiaux en matière de libertés,
de transparence et de lutte contre la corruption.
Vivement alors la refondation incontournable de la société, de l’Etat et des Institutions, sur la voie tracée par les
Conclusions des Assises Nationales et les Recommandations de la CNRI, pour le triomphe d’un Projet de
Souveraineté Intégrale, articulant Développement Endogène, Fédéralisme Africain, République démocratique et
sociale, au service d’abord des enfants d’Afrique. Le spectre du Projet Pastef, dont le porte étendard est le
président Ousmane Sonko, continue à coup sûr de troubler le sommeil des brigands du Maquis. Car un tel Projet
est invincible et plus que jamais, sa réalisation est à notre portée.
Dakar le 11 décembre 2023
NON AU SABOTAGE PROGRAMMÉ DE LA PROCHAINE PRÉSIDENTIELLE
PAR LE RÉGIME DU BENNO-APR !
Comité pour la Plate-forme de Réflexions "Dooleel PIT-Sénégal ngir defaraat reewmi

Il y a trois ans jour pour jour, quelques semaines avant les des émeutes de février-mars 2021, un groupe de
militants avait mis sur pied un comité pour la plateforme de réflexions du PIT-SENEGAL baptisé « Dooleel PIT-
SENEGAL ngir defaraat reewmi » (C.P.R. Dooleel P.I.T) et publié un mémorandum, en vue de ré-enraciner le
Parti dans le camp du travail et du progrès social.
Cette structure se fixait, entre autres objectifs, celui de susciter, de nourrir et d’amplifier un large débat interne et
critique sur la place du P.I.T-Sénégal dans la société et l’espace politique. Elle ambitionnait également de
sensibiliser les militants et la direction politique sur les dangers que représente la prédominance de valeurs qui sont
étrangères dans nos modes d’élaboration, de décision, de vie et de pensée. Hélas, nous n’avons pas été entendus
par le septième congrès du PIT-SENEGAL, qui a choisi, d’apporter une caution morale aux forfaitures les plus
hideuses du régime dictatorial et de démission nationale du Benno-APR, tout en accablant
des partis d’opposition victimes d’ostracisme et de répression féroce.
La direction du Parti a, de plus, réussi l’exploit de détacher le Parti des forces vives de la
Nation et fait montre d’un mutisme complice, face aux velléités de son nouveau patron
politique, de conserver le pouvoir à tout prix. Parmi les innombrables questions litigieuses
nous opposant à la direction officielle du Parti figurait l’appréciation de la cabale politico-
judiciaire contre le leader du PASTEF, dont des indices concordants indiquaient, dès le
début, qu’il s’agissait d’une manipulation politique orchestrée par des personnes proches du
pouvoir. C’est pourquoi, dès le 22 février 2021, Dooleel PIT-Sénégal appelait le pouvoir à
arrêter de persécuter le PASTEF et son dirigeant.
Estimant que le Sénégal traversait une période difficile de son histoire et que les événements
ayant eu lieu du 3 au 8 mars 2021 constituaient un baromètre pour en mesurer la profondeur,
nous appelions à rassembler toutes les forces vives du pays, pour lui épargner des
convulsions inutiles et ouvrir de meilleures perspectives pour le peuple. L’accumulation des
périls à l’horizon, liés, entre autres, à notre nouveau statut de producteur de pétrole et de gaz, de même qu’à
l’environnement sécuritaire ainsi qu’à l'aspiration à plus de justice et de démocratie exigeaient de l’ensemble des
forces vives, qu’elles parviennent à un modus vivendi, à travers une Concertation Nationale Délibérative.
Cette dernière devrait s’accorder sur le diagnostic et sur les pistes de solutions pour la sortie de la crise, qui
excluaient tout esprit de revanche et allaient au-delà de la question de l’emploi des jeunes. Cette approche prônant
le dialogue allait à contre-courant de celle de la direction du Parti, qui avait fini de pervertir le concept de stratégie
de large rassemblement, si cher aux pères fondateurs du Parti et avait permis à notre Nation, d’engranger des
progrès démocratiques substantiels. Cette stratégie a finalement été réduite à un moyen de participation aux délices
du pouvoir par une soumission servile aux desiderata de la bourgeoisie politico-bureaucratique alliée du capital
transnational, illustrée par les prétendus dialogues politiques organisés par le régime de Macky Sall.
Nous interpellions aussi nos camarades sur la nécessité de s’allier avec les véritables forces de progrès du pays,
que nous identifiions comme celles qui continuent de militer pour la mise en œuvre des pertinentes conclusions
des Assises nationales, en tenant compte des changements intervenus, entre-temps.
C’est ce qui expliquait notre appel, toujours actuel, à reconstruire le peuple des Assises, au lendemain des
élections locales, qui avaient confirmé le rejet massif dont la coalition Benno Bokk Yakaar fait l’objet de la part de
la jeunesse de notre pays, depuis les mémorables journées de Mars 2021, en même temps qu’elles avaient acté sa
défaite politique cinglante. Ces tendances lourdes d’un désaveu populaire du régime du « Yakaar trahi » allaient se
traduire, lors des législatives du 31 juillet 2022, par une bérézina électorale de la liste de Benno Bokk Yakaar, qui
perdait aussi bien sa majorité au niveau du Parlement que le vote populaire, n’ayant finalement obtenu que 46,56%
des suffrages.
Pour Dooleel PIT-Sénégal, une nouvelle étape était franchie et une aube nouvelle était en train de poindre dans le
ciel sénégalais et on pouvait déjà prédire, que les jours que le Président Macky Sall allait passer à la tête du pays
ne pouvaient excéder l'horizon du 25 février 2024.
Malgré deux revers électoraux successifs, la coalition présidentielle préféra, au lieu d’en tirer les leçons idoines,
faire dans le déni et user de procédés antidémocratiques, illégitimes, illégaux et déloyaux dignes des autocraties
des années 1970.
De fait, ces derniers mois, on a observé une judiciarisation extrême de l’activité politique et citoyenne, faisant de
l’exercice des libertés d’expression, de réunion ou de manifestation des délits, voire des crimes. Il en a résulté un
renforcement de l’appareil répressif et un dévoiement des missions assignées aux FDS infiltrées par des nervis et
des hommes-liges, sans aucune expertise sécuritaire. Pour arriver à ses fins, le régime n’a pas hésité à modifier
l’arsenal juridique pour le rendre plus répressif et digne de dictatures les plus cruelles, ce qui s’est traduit par des
arrestations aussi abusives qu’arbitraires ayant finalement aggravé le surpeuplement carcéral. Ainsi, tout acte de
contestation légitime voire de résistance constitutionnelle du citoyen face aux violations de ses droits est
dorénavant assimilé à un « acte terroriste » et/ou à un « appel à l’insurrection ».
Malgré cette répression tous azimuts, le président de Benno Bokk Yakaar a dû renoncer à
son rêve de troisième mandat, qui n’avait pas l’onction de l’ancienne métropole, terrifiée
à l’idée de perdre sa « néo-colonie » sénégalaise, après les putschs au Mali, au Burkina-
Faso et au Niger. Néanmoins, les autorités françaises ont donné leur bénédiction à la
poursuite de la persécution impitoyable contre le PASTEF, dont plus d’un millier de
militants et la quasi-totalité du staff dirigeant se trouvent toujours, derrière les barreaux.
Maintenant, la mère des batailles pour le régime du Benno-APR et ses affidés est
d’empêcher la survenue d’une véritable alternative sociopolitique dans notre pays, dont
PASTEF semble être actuellement un des défenseurs, parmi les plus déterminés, les plus
légitimes et les plus conséquents, en plus de disposer de l’atout décisif de la
représentativité. Or, l’expérience des luttes victorieuses recommande, pour renverser un pouvoir impopulaire
comme celui en place, de s’allier avec l’opposant le plus représentatif, si des bases programmatiques minimales
existent. Ne pas le faire, c’est non seulement faire objectivement le jeu du pouvoir en place, mais aussi fragiliser
l’équipe entrante, car seule une large coalition de forces patriotiques est capable de relever les défis gigantesques,
qui ne manqueront pas de se poser aux nouvelles autorités après une victoire électorale.
A observer la classe politique sénégalaise, on ne peut s’empêcher de se demander si elle a pris la pleine mesure des
graves enjeux de l’heure, à savoir l’impérieux devoir patriotique de sauver notre démocratie et de recouvrer notre
souveraineté pleine et entière. Il faut d’abord déplorer cette multiplicité de candidatures, qui sans être fantaisistes
ni prétentieuses ressemblent beaucoup à des candidatures de témoignage. Ce simulacre de pluralisme se déroule,
paradoxalement, dans un contexte d’absence totale de maîtrise du processus électoral par les innombrables
candidats et l’Opposition politique. Il est également attesté par les mesures arbitraires de l’administration
électorale et l’immixtion intempestive de l’Exécutif (candidats interdits de circuler, CENA dissoute, DGE et CDC
aux ordres…). On constate, en effet, la dispersion et la faiblesse de la réaction des forces citoyennes et politiques
face au rouleau compresseur du pouvoir totalitaire du Benno-APR, bien décidé à rééditer le hold-up électoral de
février 2019, en éliminant ses rivaux les plus sérieux.
Le régime du Benno-APR s’est évertué, depuis son avènement, à briser les ressorts démocratiques d’une Nation
réputée pour ses traditions d’ouverture et de tolérance et a opté pour la voie de la continuité néo-coloniale au
détriment de ruptures audacieuses sur la voie de la libération nationale et sociale.
Le peuple dans sa majorité, à l’image de sa jeunesse patriotique et panafricaine, pense que l’heure de la véritable
alternative est arrivée. La tâche politique de l’heure est de gérer cet antagonisme fondamental, en évitant la
répression mortifère que prépare le régime tyrannique du Benno-APR. À la lumière de ce qui précède, le CPR
Dooleel PIT-Sénégal :· Réclame la libération de tous les détenus politiques en général, particulièrement celle des
candidats arbitrairement pris en otage ;· Exige le rétablissement de la légalité dans la gestion du processus
électoral et la nomination d’une personnalité indépendante, comme chargé des élections ;· Demande la levée de
tous les obstacles artificiels aux candidatures de tous les citoyens désirant participer à l’élection présidentielle du
25 février 2024, particulièrement celle d’Ousmane Sonko ;· Soutient, sans réserve, toutes les initiatives visant à
placer les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la C.N.R.I. au centre de la prochaine
présidentielle ; Exige de la direction du PIT-Sénégal de mettre fin à sa participation au régime finissant, liberticide,
antidémocratique, antirépublicain et criminel de BBY ;·Appelle les partis d’opposition soucieux d’une véritable
alternative sociopolitique à faire preuve d’intelligence politique, à privilégier les approches unitaires reposant sur
un socle programmatique minimal ; ·Appelle le peuple sénégalais féru de changement à se mobiliser massivement
pour créer les conditions d’un scrutin transparent, inclusif permettant une alternative patriotique, démocratique et
citoyenne le 25 février 2024.
Fait à Dakar le 2 décembre 2023.
Le Silence Assourdissant de l'Opposition
face au Refus de l'Administration d'appliquer la Décision de Justice
dans l'Affaire Ousmane Sonko contre la DGE
Aliou Fabregas Ndiaye, Responsable EX-PASTEF DE GRAND YOFF
L'affaire Ousmane Sonko contre la Direction Générale des Elections (DGE) a mis en lumière non seulement les
tensions politiques au sein du pays, mais également le mutisme éhonté de l'opposition
face au refus de l'administration d'appliquer une décision de justice.
Alors que la plupart des membres de l'opposition plaidaient en faveur du respect de l'État
de droit lorsque Sonko exposait des vérités contre le gouvernement en place, leur silence
actuel suscite des interrogations fondamentales sur la cohérence de leurs principes.
L’opposition, qui se présentait comme défenseur de l'État de droit, semble maintenant
adopter un double discours. Leur mutisme face au refus flagrant de l'administration de
respecter une décision judiciaire soulève des questions sur leur engagement envers les
principes fondamentaux qu’elle prétend défendre. Au lieu d'assumer le rôle de
contrepoids au pouvoir, en dénonçant toute tentative de forfaiture, elle se trouve
maintenant complice involontaire de l'inaction face à l'injustice. Une attitude qui démontre une fois de plus leur
mauvaise foi dans cette affaire. Alors qu'ils condamnaient vigoureusement toute violation présumée de l'État de
droit par le gouvernement, leur silence sur ce cas précis suggère une hypocrisie troublante. La crédibilité de
l'opposition en tant que défenseur des droits et libertés fondamentales est sérieusement compromise. Cette
incohérence qui ne fait qu'accentuer la défiance du public envers la classe politique. La population, déjà sceptique
quant à la sincérité des politiciens, voit dans ce mutisme une confirmation de la nature opportuniste de
l'opposition.
SEN ÉLECTIONS SYNDICALES GÉNÉRALES 2023
LES SYNDICATS DÉÇOIVENT LES TRAVAILLEURS ?!
Diagne Fodé Roland

Les résultats provisoires du scrutin des élections départageant les centrales


syndicales ne bougent en rien par rapport aux élections passées. La
participation est en baisse, ce qui indique un désintérêt croissants des
travailleurs qui doit interpeller les directions vieillissantes des centrales
syndicales en compétition.
Plusieurs syndicalistes signalent des irrégularités comme le fait que deux
syndicats y ont participé avec le même récépissé, situation sur laquelle
l’actuel ministre du travail issu de l’ex-parti communiste PIT aurait dit « ne
pouvoir rien faire ». « L’inorganisation générale » du scrutin est aussi
désapprouvée.
En attendant que la commission nationale publie les résultats définitifs de
l’élection de représentativité, les résultats provisoires indiquent aussi la
poursuite de la division et de l’inaction des centrales syndicales face à la
cherté de la vie contre laquelle les ouvriers du secteur de l’automobile aux
USA se sont dressés victorieusement sous le slogan « tout augmente sauf nos
salaires » en gagnant 25 % d’augmentation de leur paye.
Le système néocolonial sous l’égide de la seconde alternance libérale tout comme la première alternance libérale
semble avoir dompté pour le moment les directions syndicales plus préoccupées par les sinécures du Conseil
Économique Sociale et Environnemental (CESE), de l’IPRES, des CA des multiples agences parapubliques
mangeoires et les perdiems dans le cadre de leur intégration dans cette succursale syndicale mondiale qu’est la
CISL que combat la FSM.
On se souvient que dans les années 70/80, malgré leurs divergences idéologiques d’alors, les différentes
obédiences des gauches communistes avaient fait consensus sur la nécessité d’opposer à la soumission syndicale
de « la participation responsable » de la CNTS « l’autonomisme syndical » combatif qui était devenu majoritaire
dans les secteurs publics de l’école, la santé, les postes et télécoms, l’électricité. Des batailles syndicales épiques
avaient fait reculer le pouvoir social libéral PS surtout après sa soumission servile au diktat de la dévaluation
prédatrice du franc colonial CFA.
Tout s’est passé ensuite comme si le multipartisme politique diviseur a eu son prolongement dans les divisions
d’abord du « syndicalisme autonome » et ensuite de la CNTS elle-même au moment de la première alternance
libérale néocoloniale. Depuis, la « participation responsable » est de fait devenue la politique syndicale la mieux
partagée des directions syndicales confortée en cela par « les luttes de places » des leaders historiques de l’ex-
gauche communiste dans les gouvernements libéraux successifs et même avant la première alternance dans le
gouvernement social-libéral PS. Le carriérisme vénal a pris le dessus tant dans les partis de l’ex-gauche devenue
libérale de fait que dans les directions syndicales soumises au "dialogue" dit social attrape-nigaud souvent avec
des ministres issus de leurs rangs (sic!).
Ce carriérisme sous couvert corporatiste se manifeste par « l’apolitisme » affiché qui fait l’autruche devant le lien
évident entre l’aggravation de l’appauvrissement des classes laborieuses et l’arbitraire autocratique de l’État hors
la loi.
Tout se passe comme si les directions syndicales « mettent le coude » tout comme le dit le président de
l'APR/BBY sur les rapports des corps de contrôle de l’État (IGE, IGF, OFNAC, Cour des comptes, etc) qui
épinglent le népotisme, la gabegie de la mal-gouvernance qui prend des dimensions jamais vues auparavant.
Cette faillite du syndicalisme est la principale cause de l'actuelle remise en cause flagrante des conquis sociaux et
démocratiques gagnés de haute lutte et de l'actuelle énorme souffrance sans limite de la classe ouvrière et des
masses populaires pendant que les milliardaires pavanent après avoir accaparé les deniers publics.
Voilà pourquoi les bases syndicales, les travailleurs révoltés abandonnés par les directions syndicales se tournent
vers des associations combatives de la société civile et certains députés pour médiatiser leurs
mobilisations, obtenir leur appui en vue de la satisfaction de leurs revendications.
Le mouvement ouvrier et les classes laborieuses dans leur ensemble qui subissent la prédation néocoloniale de la
bourgeoisie bureaucratique servile au joug spoliateur de l’impérialisme françafricain, eurafricain et usafricain ne
pourront commencer à faire face efficacement dans leurs luttes multiples qu’en faisant respecter la démocratie de
la base dans leurs organisations syndicales dans une perspective d’unification syndicale à l’échelle nationale. La
force du nombre est dans l’organisation démocratique et l’orientation politique syndicale combative de lutte des
classes. Les bouches doivent s’ouvrir pour dire NON à la collaboration de classe.
Nous aurons l’occasion de donner la parole aux travailleurs combatifs de la base qui animent les nombreuses luttes
économiques pour de meilleurs salaires, de conditions de travail et contre les contrats précaires de journaliers,
d'intérim ou de CDD.
15/12/23
Dissolution du parlement Bissau Guinéen par le Président Embalo Sissoko
Le Président du WAPO dénonce un coup d’Etat constitutionnel
HALTE AU COUP D’ÉTAT CONTRE LE PEUPLE DE GUINEE BISSAU !
Cotonou, le 04 décembre 2023, Pour le Conseil de Coordination WAPO : Le Président Philippe Toyo Noudjènoumè.
De graves événements se déroulent en Guinée Bissau, ce pays frère patrie du Héros Amilcar Cabral. Depuis le 30
novembre, un processus de coup d'état constitutionnel a été enclenché par Umaro Sissoco Embalo. Ce processus
s'est traduit par la mise aux arrêts arbitraire du Ministre des finances et des affrontements intervenus au sein des
Forces armées. Dès le retour de Sissoco Embalo le 2 décembre, il ne trouva rien de mieux que d'accuser le
Président de l'Assemblée Nationale, le Camarade Domingos Simoes Pereira, d'avoir tenté un coup d'État en son
absence. Et aujourd'hui, il pose l'acte final en dissolvant le Parlement 2
Tout le monde sait qu'en juin 2023 dernier aux élections législatives, le Parti PAIGC, membre fondateur de
l'Organisation des Peuples de l'Afrique de l'Ouest (OPAO) - WAPO- et parti historique d'Amilcar Cabral a gagné
haut les mains plus de la majorité absolue des sièges au Parlement contre le Parti Madem G-15 de Embalo Sissoco
qui n'a obtenu que 24% des suffrages. Ainsi depuis juillet 2023, et le Parlement et le Gouvernement sont contrôlés
par le PAIGC. D'ailleurs le président de l’Assemblée nationale populaire est le Camarade Domingos Simoes
Pereira. Avec les perspectives d'élection présidentielle pour 2024, toutes les chances que le PAIGC gagne aussi la
Présidence de la république au vu des résultats des élections législatives où le Parti d'Umaro n'a obtenu je vous
rappelle que 24 % des sièges.
C'est dire que la dissolution par Umaro Sissoco de l'Assemblée nationale est dirigée contre le PAIGC, contre la
volonté du Peuple bissau guinéen et donc contre l'ensemble des Peuples africains. Nous condamnons ce coup d'état
qui arrête un processus normal conforme à la volonté du peuple.
Je rappelle que c'est la deuxième fois qu'un acte du genre est posé par Umaro Sissoco Embalo. Déjà il avait
dissous l'Assemblée en mai 2022.
Dans le contexte du déroulement de la révolution patriotique anti-coloniale française en Afrique sahélienne, ce
coup d'état va dans les intérêts colonialistes notamment pro-français et est dicté par les Macky Sall et leurs maîtres
impérialistes.
Voilà pourquoi nous condamnons de toutes nos forces, cet acte portant dissolution de l'Assemblée
démocratiquement élue seulement en juin dernier comme un coup dirigé contre le Peuple souverain de Guinée
Bissau et de toute l'Afrique. Alors que la Constitution dispose en son article 94 "qu'il ne peut être procédé à la
dissolution de l'Assemblée Nationale populaire dans les 12 mois qui suivent son élection ni pendant le dernier
semestre du mandat du président de la République".
Nous apportons notre soutien ferme au peuple combattant bissau guinéen ainsi qu'aux camarades du PAIGC. Nous
soutenons fermement le Camarade Président Domingo Simoes Pereira dans sa position de ne pas accepter le décret
anticonstitutionnel de Umaro Sissoco. Non à l'Arbitraire ! Non à la vassalisation ! Non à l'Impérialisme ! Victoire
aux Peuples !
*FRONT PATRIOTIQUE (FP)*
*PRESENCE DE BASES MILITAIRES FRANCAISES AU BENIN*
*LES CONFIRMATIONS DU CHEF D’ETAT-MAJOR DES ARMEES FRANCAISES,
THIERRY BURKHARD*
En visite au Bénin, les 8 et 9 décembre 2023 et interrogé sur la présence de bases militaires françaises au Bénin, le
général Thierry Burkhard, chef d’Etat-Major Général des armées françaises lors de la conférence de presse
commune avec son homologue béninois a répondu ceci, rapporté par le journal l’Investigateur du 10 décembre
2023 : « Non, il n’y a pas de base militaire permanente française au Bénin. Il n’y a pas de mission militaire
française permanente au Bénin…. Ce qu’on fait dans le cadre du partenariat militaire opérationnel, il y a des
détachements opérationnels en coordination avec les forces armées béninoises qui répondent à des besoins
exprimés….Et il n’y a aucune velléité de l’armée française d’installer une base ici permanente. » (Souligné par
nous) De son côté, le chef d’Etat-major de l’armée béninoise Fructueux GBAGUIDI déclare : « Une base
militaire, ça se décide à deux. Le Bénin n’a pas reçu de demande. Le Bénin n’a pas fait de demande. » Ces
déclarations, pourtant bien précises, ont suffi pour que la presse aux ordres ainsi que les organes de la
FrançAfrique s’égosillent sur l’absence de bases militaires françaises au Bénin.
Mais que penser de toutes ces déclarations ?
1) Le général Thierry BUCKHARD qui parle sa langue maternelle et sait ce que les mots veulent dire, les pèse très
bien avant de les prononcer. On remarquera qu’il prend toujours soin de dire : « base militaire permanente ». En
effet, dans le dispositif militaire français, il y a deux sortes de bases militaires : les bases militaires permanentes
(Ce sont les bases militaires du Sénégal, du Gabon, de la Côte-d’Ivoire et de Djibouti) et les bases militaires ad
’hoc pour des opérations spéciales. 2) Ainsi, les détachements militaires français des missions Serval et Barkhane
au Mali, n’étaient pas, dans le langage militaire français, des bases permanentes. Elles sont venues pour des buts
précis : Lutter soi-disant contre les groupes terroristes, et pour une durée donnée. Ce sont des bases ad ’hoc qui
peuvent durer des années voire des décennies. Il en était ainsi de l’opération Sabre au Burkina Faso. Quant à
l’opération Epervier qui dure depuis 1986 au Tchad, elle avait pour mission de stopper l’avancée des troupes
libyennes au Tchad. Depuis là, elle sert à autre chose et n’est pourtant pas considérée dans le dispositif militaire
français comme une base permanente en Afrique. 3) Ce que le discours du Chef d’Etat-major des armées a clarifié
de façon définitive, c’est qu’il existe bel et bien de bases militaires françaises au Bénin, mais non considérées par
l’armée française comme des bases militaires permanentes. Cela répond bien à ce que Emmanuel Macron a déclaré
le lundi 28 août 2023 devant tous les diplomates français réunis, à propos de la situation des troupes françaises en
Afrique: « Notre présence militaire doit en fait se structurer sur la base de partenariats demandés par les pays
africains…..Il est indispensable de poursuivre avec de nouveaux partenaires, le Bénin pour ne citer qu'un seul dans
la région du golfe de Guinée, le Kenya avec lequel nous bâtissons de nouvelles relations internationales ». 4)
Jusque-là, le gouvernement de Patrice Talon nous a toujours dit qu’il n’y avait que des instructeurs militaires
français au Bénin. Le Général Thiéry Buckhard vient apporter la précision importante que : « il y a des
détachements opérationnels en coordination avec les forces armées béninoises qui répondent à des besoins
exprimés ou des militaires français viennent soit à partir du Sénégal, soit quelque fois de France, et qui viennent ici
conduire ce qu’on appelle les DIO, les Détachements d’Instructions Opérationnelles, pour une durée donnée ». Et
actuellement, ces détachements sont bien installés dans des bases, à Tourou, à Kandi, à Liboussou, etc. Si cela est
faux, ouvrez grandement les portes de ces camps cités pour le peuple. On se retrouve donc comme du temps de la
conquête coloniale où la France faisait venir du Sénégal les troupes qui devaient combattre, détruire le royaume du
Dahomey pour coloniser tout le pays. 5) Que sont ces instructions opérationnelles si ce n’est la lutte contre les
groupes terroristes et la préparation de l’agression contre le Niger ? Or on sait que la France commence à envoyer
de petits groupes militaires, puis la situation se dégradant avec l’augmentation du terrorisme qu’elle entretient, elle
suggère une augmentation de ses troupes. C’est exactement comme cela qu’elle a agi au Mali, au Niger et au
Burkina, au Tchad, etc. 6) Voilà pourquoi notre peuple ne veut pas de base militaire étrangère, sous quelle que
forme que ce soit dans notre pays. Surtout que les dispositifs d’agression contre le Niger et les autres pays de
l’AES, Mali et Burkina sont toujours d’actualité comme l’ont prouvé les menaces de Thierry Burkhard contre le
Mali ainsi que les décisions de la dernière réunion de la CEDEAO le 10 décembre 2023 à Abuja. 7) Alors, peuple
béninois, continuons de nous mobiliser pour chasser de notre pays toutes les bases militaires installées par la
France et contre la guerre contre les peuples frères de la sous-région-africaine.
*NON AU RETOUR DES TROUPES DU GENERAL DODDS SUR LA TERRE DE BEHANZIN, DE SAKA YERIMA,
BIO GUERRA ET KABA !* *NON A LA GUERRE D’AGRESSION CONTRE LES PEUPLES DU NIGER, BURKINA
ET DU MALI* *TROUPES FRANCAISES, HORS DU BENIN!*
*Cotonou, le 11 décembre 2023* *Le Coordonnateur Général* *Laurent METONGNON*

BURKINA FASO : La DGSE française prise en flagrant délit, Macron limoge le directeur
Moussa OUEDRAOGO, reçu par facebook
Les autorités Burkinabè viennent de déjouer un vaste complot de déstabilisation et d’assassinat visant les
Présidents de la transition du Burkina Faso et du Niger, Traoré et Tchiani. Cette enquête exclusive nous a conduits
au Nigeria et en Côte d’Ivoire. Tout commence par l’arrestation de quatre Français qui ont été pris en filature par
les services de renseignements Burkinabè dès leur arrivée au Burkina Faso. Plusieurs éléments ont incité les
services de renseignements Burkinabè à surveiller les quatre Français. À leur arrivée au Burkina Faso, les quatre
Français ont prétendu être des diplomates, bien que curieusement, ils aient nécessité un visa d’entrée. Un autre
élément suspect est que les quatre Français ont ensuite déclaré, être des informaticiens. Les activités des quatre
Français sur le sol burkinabè étaient liées à des renseignements sur la manière dont l’armée burkinabè a pu déjouer
l’attaque de Djibo. De manière étrange, ces prétendus informaticiens étaient en contact et en collaboration directe
avec des activistes Burkinabè, opposés à la transition du Président Ibrahim Traoré. Les investigations sur le
matériel saisi par les autorités Burkinabè ont révélé que la France avait mis en place deux plans d’élimination des
dirigeants de la transition du Burkina Faso et du Niger. Des images des présidences du Burkina Faso et du Niger
ont été retrouvées. Des données ont montré qu’une mission d’assassinat du Président de la transition du Niger, le
général Tchiani, à partir de Sokoto au Nigeria, est en pleine préparation par les services secrets français et
nigérians. Dans les saisies, certaines données montrent l’existence d’une rencontre entre les services de
renseignements français, ivoiriens et nigérians qui s’est déroulée au Nigeria la semaine dernière, avec pour objectif
de planifier l’assassinat des dirigeants de la transition du Burkina Faso et du Niger.
LA RÉACTION DE LA FRANCE
Face à la gravité de cette arrestation, qui aura un grand impact sur les complots en cours contre le Burkina Faso et
le Niger, les autorités françaises diffusent des informations erronées dans le quotidien français « Jeune Afrique » et
contre certaines organes de soutien aux Transitions dans ces pays pour brouiller les pistes.
Après « Jeune Afrique », certains médias français ont fait des apparitions le 18 et 19 décembre, discréditant tous
les médias panafricains soutenant la transition du Burkina Faso et du Niger en les qualifiant de faux médias
propageant de fausses informations. Plus tard dans la journée du 18 décembre, Facebook a quasiment suspendu
tous les comptes soutenant la transition. Le Président Emmanuel Macron a ensuite limogé le directeur de la DGSE.
Cette réaction française vient confirmer notre enquête, car les autorités françaises se sont précipitées via des
médias français pour manipuler l’opinion internationale. Après la publication de « Jeune Afrique », plusieurs
médias panafricanistes se sont emparés de l’affaire, promettant de nombreuses révélations. Dossier à suivre…
7éme CONGRES DU PARTI COMMUNISTE DU BÉNIN
Extrait du discours d’ouverture tiré de La Flamme, organe central
« Mesdames et Messieurs, quelle est la situation objective au plan africain ?
Comme on le sait et on le dit « L’Afrique, c’est l’épicentre de tous les maux de l’humanité à l’heure actuelle :
famine, misère, analphabétisme, obscurantismes, maladies diverses tels VIH/SIDA, fièvre Ebola, guerres, règne
des autoritarismes moyenâgeux et pro-impérialistes, destructions massives des cultures par l’invasion des sectes et
religions étrangères dites révélées. C’est aujourd’hui le seul continent où les peuples ne sont pas maîtres chez eux,
mais sont les dominés des puissances impérialistes traditionnelles, ce qui constitue objectivement le champ
privilégié d’affrontements entre les anciennes puissances dominantes comme la France et les puissances
émergentes à économie plus dynamique et donc plus forte comme la Chine, l’Inde, le Brésil, la Turquie, l’Iran.
Un simple regard sur la planète montre que le continent africain est au centre de tous les conflits du monde. Car,
l’Afrique c’est le continent qui regorge des réserves les plus vastes du monde en minéraux stratégiques, en terres
rares, uranium, diamant, bauxite, pétrole, etc. Et cette situation explique tous les malheurs du continent exposés
plus haut… ». C’est ce qui explique la Conférence de Berlin 1885. Selon toutes estimations, l’Afrique
subsaharienne, à démographie jeune et dynamique, représente un territoire de 25 millions de km2, soit trois fois la
taille des Etats-Unis, va devenir à compter de 2040 environ, la zone du monde à économie la plus dynamique, avec
une croissance réelle à 5% par an. Aujourd’hui les anciennes puissances coloniales regroupées au sein de l’OTAN
développent des activités de guerre en Afrique pour contrer l’influence des puissances émergentes : la Russie et la
Chine en particulier.
Mais, l’Afrique, c’est aussi et tout le monde en convient, c’est l’avenir du monde. Et à ce sujet, nous voulons
reprendre ici les développements faits par Pascal Fantodji en 2003 : « Les peuples d’Afrique forgent déjà la théorie
de leur émancipation et participent ainsi avec les peuples des pays capitalistes développés à forger la théorie
émancipatrice de l’humanité entière… L’Afrique peut et doit recouvrer la science dans ses langues et découvrir
par-là les façons propres de raisonner en ces langues. Ce retour tardif à la science est un grand atout pour nos
peuples qui sauront se préserver des erreurs et des longs détours connus ailleurs avec d’autres cultures non pas
parce que ces errements seraient propres à ces cultures, mais parce que les expériences humaines antérieures
servent de leçons aux expériences postérieures et ceux qui veulent bien comprendre cela en tirent les plus grands
profits. Les prolétaires et prolétariens africains, à cause de leurs nombreux et épineux problèmes, se voient obligés
d’étudier le plus d’expériences possibles connues de l’humanité. Comment la Chine a-t-elle pu résoudre le
problème de la faim ? Comment a-t-elle pu arriver à bout de la réaction asiatique ? Comment le socialisme
s’édifie-t-il chaque jour dans les pays capitalistes développés et comment cela se prouve-t-il scientifiquement.
Mais aux grands maux, les grands remèdes : autant le continent africain est confronté aux grands maux de
l’humanité, autant il n’est pas exclu que c’est d’Afrique que l’on aura les plus grandes capacités d’inventivité de
l’histoire pour y faire face.
La Révolution démocratique, patriotique et anti-impérialiste a éclaté en Afrique de l’Ouest sous domination
française. Depuis un certain temps, de puissants mouvements populaires ponctués par des coups d’Etat et des
déclarations et prises de position anti-impérialistes des nouveaux gouvernants, avec l’exigence d’un autre ordre
social, se déroulent dans notre sous-région. Il s’agit d’une Révolution anti-coloniale française ayant pour cible la
suppression du Pacte colonial. A quand peut-on situer l’éclatement de cette révolution ? Nous pouvons le situer à
l’arrivée au pouvoir des Colonels du Mali dirigés par Assimi Goïta en 2021 et marqué par le discours du Premier
Ministre du Mali aux Nations-Unies et l’accueil triomphal que le peuple malien lui a réservé à son retour ; cette
révolution s’est poursuivie depuis lors dans d’autres pays du Sahel.
Les éléments de cette Révolution apparaissent nettement : - dénonciations des accords de type colonial par les
nouvelles autorités, la dénonciation des accords de défense, l’exigence du départ des bases militaires françaises des
pays, la fin du CFA, dénonciation de la suprématie de la langue française dans nos administrations et justice, la
levée des pillages des entreprises et monopoles colonialistes de type Bolloré, Colas, Bouygues, etc. Des mots
d’ordre tels « France Dégage ! Troupes françaises hors de nos territoires !, droit de choix de nos partenaires
stratégiques, droit de souveraineté sur nos ressources, droit de leur transformation sur place, etc., sont autant de
débuts de remises en cause des éléments constitutifs du Pacte colonial. La libération le 14 Novembre 2023 de
Kidal représente du point de vue de la portée, l’amorce de la deuxième indépendance des colonies françaises
d’Afrique.
Pourquoi cette révolution s’exprime-t-elle sous forme de coup d’Etat ? Parce que : 1°- il y a la faiblesse des
organisations progressistes révolutionnaires devant diriger et canaliser ce courant ; 2- La révolte de jeunes officiers
patriotes se retrouvant face à un double constat : l’action de la France comme manipulatrice et commanditaire des
Terroristes semeurs de mort d’une part, et d’autre part, la connivence des Gouvernants africains avec le
gouvernement français.
Cette révolution conduite par des officiers patriotes, et non par des forces révolutionnaires organisées, ne doit par
conséquent, ni être surestimée, ni sous-estimée. Cela en situe les enjeux, la portée et les limites. La question
essentielle se situant dans la détermination de la contradiction principale qui est actuellement celle opposant
l’impérialisme français exerçant une domination de type colonial, sur différents peuples de ces pays.
Jusqu’où iront ces révolutions ? L’on ne peut le dire en ce moment. Mais, cela nécessite soutien de toutes les
forces véritablement patriotiques. Ce qui est certain, c’est que la domination de type colonial français prend
inexorablement fin. Ceci aussi dans le contexte du bouleversement mondial en cours, avec le déclin du groupe de
l’OTAN avec suprématie US et la montée des forces de gauche dans le Groupe dit des BRICS. Depuis le 16
Septembre 2023, trois Etats le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont signé l’accord créant l’Alliance des Etats du
Sahel (AES). Il s’agit d’une grande initiative d’unité panafricaniste de portée patriotique. Le Parti Communiste du
Bénin salue cet événement historique et y apporte le soutien total ».
FRANCE
DU RACISME D’ÉTAT VERS L’ETAT RACISTE
Diagne Fodé Roland
La énième loi (plus de 31 depuis 1988) sur l’immigration vient d’être
adoptée en France. Il n’y a point eu cette fois besoin du 49.3 pour la faire
voter. Le parti fasciste plus la droite et les députés macronistes l’ont fait
adopter. C’est la suite logique progressive d’un consensus anti-immigré
négrophobe, arabophobe et islamophobe qui vient d’être étendu des sans
papiers, aux immigrés réguliers et aux français dont les origines
proviennent d’Afrique, notamment des ex-colonies de l’empire colonial.
Pour garder le pouvoir durant 14 ans, les socialistes sous Mitterrand, qui
a toujours fleuri la tombe du fasciste collabo de l’occupant nazi Pétain,
ont ouvert la vanne de l’eau fétide dans laquelle s’est engouffré le Front
National (FN) du fasciste Jean Marie Le Pen pour mettre
progressivement au centre des campagnes électorales les thèmes faisant
de l’immigration, non du capitalisme, la cause de tous les désastres
sociaux et économiques. Michel Roccard un des idéologues de la social-
démocratie française a émis la formule « la France ne peut accueillir
toute la misère du monde, mais elle doit prendre sa part » pour, à la fois,
fermer sélectivement les frontières aux migrants forcés et satisfaire les
besoins patronaux en main d’œuvre taillable et corvéable. C’est ainsi que
le fasciste a pu décrire ce qui arrive : « C’est ça la politique, peser sur
son temps, sur les décisions du pouvoir, sur la pensée politique. Je pèse
en m’exprimant, j’oblige toute la politique française à se droitiser et à se
déterminer par rapport à moi. C’est démocratique parce que ce que je pense, c’est ce que pense le pays » (Le
Monde du 21/11/84).
Frappé par le « plafond de verre » de la bipolarisation « droite-gauche », le chef du fascisme français tortionnaire
en Algérie a été écarté de la tête du parti, qui a changé FN pour RN (Rassemblement National), qu’il avait fondé
au profit de sa fille biologique afin de le policer en lui enlevant les oripeaux nauséabonds de son passé hideux.
Cette entreprise de blanchiment du nazisme va de plus en plus contaminer la droite et la gauche française. Des
pans entiers de la droite vont carrément adouber les thèmes racialistes et racistes de prédilection du FN/RN
pendant que la gauche (PS et direction du PCF) vont s’encroûter dans le refus, conscient et inconscient, de la prise
en compte de l’évolution objective historique du peuplement de la nation française devenue après 1945 de fait
multicolore, multinationale et multi-religieuse.
Des Mamadou, Mohamed, Fatou et Fatima dont les parents sont issus des ex-colonies françaises sont devenus une
composante importante de la nation française pendant que les partis sont restés figés dans la croyance d’une
« France républicaine universaliste » dans laquelle « les immigrés font naufrage » (F. Braudel). Mais il n’y a rien
de nouveau dans ce passage en cours du racisme d’État à l’État raciste sous le capitalisme français par
l’introduction de la notion de « préférence nationale » dans la nouvelle loi. C’est ainsi qu’a été préparé le putsch
pétainiste en 1939/40 écrivions nous dans un texte analytique de la Coordination Nationale des sans papiers en
lutte : Les fascistes s’inspirent de leur aînés des années 20 et 30 qui ont échoué lors de leur tentative de coup d’état
en 34 grâce à l’intervention du mouvement ouvrier, populaire et démocratique. En 1921, le « Salut Public » de
Lyon pleurnichait tout comme ses émules d’aujourd’hui: « une autre conséquence grave de notre stérilité: c’est
l’invasion croissante des étrangers. Tout naturellement, en effet, les vides qui se créent tendent à se combler sous
la poussée des populations plus denses vivant à la périphérie de notre pays: il y a là une sorte d’application
démographique du principe des vases communicants. Le résultat en est une altération progressive du sang
français par des éléments hétérogènes qui ne cessent d’affluer de tous les points de l’horizon. (...) Le nombre des
étrangers depuis 1850 marque un progrès exactement proportionnel à la marche de notre natalité, à mesure que
celle-ci s’abaisse leur chiffre grandit. (...) Depuis un demi-siècle, une évolution très nette ressort des chiffres: la
France est de plus en plus envahie par les peuples méridionaux. (...) Toutes les protestations n’y feront rien; dans
vingt ans les pays de la Garonne dévastée par la dépopulation seront en voie très avancée d’hispanisation, et les
courses de taureaux y fleuriront comme à Séville ou Saint Sébastien, sans autre recours, pour les âmes sensibles,
que le regret de la douce France »(cité par Le Monde Diplomatique, août 1986). On voit là qu’il n’y a rien de
nouveau dans cette éternelle quête d’une main d’œuvre précaire pour le patronat au nom d’une prétendue menace
de « grand remplacement » que ne cesse d’agiter les fascistes en France.
Le capitalisme charrie pour se perpétuer comme système prédateur qui exploite l’humain et la nature la division
des travailleurs et des peuples que « Karl Marx observait fort justement concernant l’Angleterre et les États Unis:
« L’Angleterre a maintenant une classe ouvrière scindée en deux camps ennemis: prolétaires anglais et
prolétaires irlandais. L’ouvrier anglais ordinaire déteste l’ouvrier irlandais comme un concurrent qui abaisse son
niveau de vie. Il se sent à son égard membre d’une nation dominatrice, devient, de ce fait, un instrument de ses
aristocrates et capitalistes contre l’Irlande et consolide ainsi leur pouvoir sur lui même. Des préjugés religieux,
sociaux et nationaux le dressent contre l’ouvrier irlandais. Il se conduit envers lui à peu près comme les « blancs
pauvres » envers les noirs dans les anciens États esclavagistes de l’Union Américaine. L’Irlandais lui rend la
pareille largement. Il voit en lui à la fois le complice et l’instrument aveugle de la domination anglaise en Irlande.
Cet antagonisme est entretenu artificiellement et attisé par la presse, les sermons, les revues humoristiques, bref
par tous les moyens dont disposent les classes au pouvoir. Cet antagonisme constitue le secret de l’impuissance de
la classe ouvrière anglaise, en dépit de sa bonne organisation. C’est aussi le secret de la puissance persistante de
la classe capitaliste, qui s’en rend parfaitement compte » (Marx à S. Meyer et A. Vogt-in Marx-Engels,
Correspondances). Cette analyse pertinente est parfaitement applicable à la France dans ses rapports avec les
minorités nationales immigrées issues de l’empire semi-colonial français d’Afrique. Il suffit de changer
« anglais » et « blancs pauvres » par « français » et « irlandais » et « noirs » par « immigrés maghrébins et
noirs » pour mettre le doigt sur le dilemme et le mal terribles qui frappent de plus en plus les rapports entre les
travailleurs de France de toutes nationalités, de toutes races et de toutes religions. La montée du fascisme
Lepéniste, la capitulation de plus en plus visible de pans entiers des partis politiques parlementaires et la division à
partir des critères raciaux et nationaux sont « les secrets de l’impuissance de la classe ouvrière », des mouvements
démocratiques anti-racistes et sont « les secrets de la puissance persistante de la classe des capitalistes » et des
forces fascistes.
C’est cette obsession française dont la principale racine est la pensée unique de « l’exceptionnalisme universaliste
» que serait la révolution bourgeoisie républicaine de 1789/93 qui explique pourquoi le PCF, section française de
l’Internationale Communiste, pourtant signataire des 21 conditions internationalistes d’adhésion, s’est laissé
prendre au sordide jeu électoraliste d’une nation française ethniquement et religieusement « pure » et figée dans le
temps. C’est ce dilemme que les révolutionnaires communistes français doivent résoudre pour abattre la menace
d’un retour des fascistes au pouvoir comme en 39/40 suite à l’implosion du bipartisme lequel avait été orchestré
par la Vème république autocratique présidentialiste pour marginaliser puis réduire l’influence historique du PCF
au profit de la gauche du capital qu’est le PS.
25/12/23
GRÈVE HISTORIQUE VICTORIEUSE DES OUVRIERS DE L’AUTOMOBILE
AUX USA ET SECONDE PHASE DE LA LIBERATION DES PEUPLES
Diagne Fodé Roland
« Tout augmente, sauf notre fiche de paie », c’est sous ce mot d’ordre que la grève des ouvriers du secteur de
l’automobile aux USA ont contraint en novembre 2023 les trois grands constructeurs – Ford, General Motors et
Stellantis – à une accord d’une hausse de 25 % des salaires des travailleurs sur quatre ans.
A l’exception des pays rescapés de l’ex-camp socialiste (Chine, Vietnam, Corée du nord, Cuba, Kerala en Inde) et
des pays anti-libéraux et anti-impérialistes comme le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua où la redistribution
sociale est proportionnée à la richesse produite, ce mot d’ordre peut et doit devenir mondial parce que la crise de
surproduction et de sur-accumulation du stade suprême du capitalisme qu’est l’impérialisme engendre la course
effrénée au profit maximum de la part des actionnaires bourgeois repus et insatiables.
Le salaire ouvrier maximal va monter à 42 dollars (39,50 euros) de l’heure, ce qui fait gagner en moyenne
80 000 dollars par an, hors heures supplémentaires. Selon une enquête du Washington Post, avec cet accord, le
salaire horaire, aujourd’hui de 32 dollars, va retrouver le niveau qui prévalait, ajusté de l’inflation, en 1990, soit
environ 42 dollars. A l’époque, les ouvriers automobiles touchaient 80 % de plus que les autres salariés du privé.
L’occasion faisant le larron, les actionnaires des firmes transnationales capitalistes ont profité de la défaite de
l’URSS et du camp socialiste d’Europe pour lancer leur offensive libérale contre le monde du travail tant dans les
pays impérialistes que dans les pays dépendants et leurs néo-colonies. L’aggravation de la crise systémique a été
utilisée pour reprendre de la main droite les concessions faites aux travailleurs et aux peuples opprimés lors de
l’existence et de l’URSS et du ‘’socialisme réel’’ européen. Le rapport de force entre capitalisme et socialisme
étant ainsi inversé, les conquêtes sociales dans les pays impérialistes et celles nationales des peuples opprimés
d’alors ont été progressivement laminées en imposant le totalitarisme de la pensée libérale. La « concurrence
libre », la « compétitivité des bas salaires », la « marchandisation de l’école, de la santé, du droit à polluer », la
stratégie de « la dette usurière », le mensonge de « la privation et de l’entreprise privée seule créatrice d’emplois »,
tout cela sous couvert de la prétendue « réussite individualiste » sont devenus les slogans de la dictature du capital
sur les travailleurs et les peuples. La propriété collective des moyens de productions et d’échanges et
l’appropriation par l’État des leviers stratégiques des économies nationales pour un développement et une
redistribution socio-économique des richesses produites par les seuls travailleurs ont été relégués dans les musées
de l’histoire humaine pour enterrer, croyaient-ils, définitivement l’expérience matrice de la Révolution d’Octobre
1917 de toutes les Révolutions qui ont suivi au cours du XXéme et de ce XXIéme siècles.
C’est cette politique libérale anti-ouvrière qui se voulait triomphale et éternelle qui a entraîné la faillite des
constructeurs de Detroit, en 2009, et l’implantation des groupes étrangers dans le Sud non syndiqué, ce qui a
engendré la réduction de l’écart atteignant 14 % aujourd’hui. C’est contre cette régression sociale que se sont
dressés les cols bleus dirigé par une avant-garde ouvrière combative incarnée par le syndicaliste progressiste
Shawn Fain, un ancien électricien de Chrysler (désormais intégré à Stellantis), élu au printemps à la tête du
syndicat United Auto Workers (UAW), et qui a mené une grève déterminée contre les trois constructeurs. Le
mouvement ouvrier commence à redresser manifestement la tête hors de l’eau malgré les trahisons des renégats
bureaucrates à la tête de leurs organisations syndicales et politiques aux USA et dans d’autres pays impérialistes.
Les scores aux USA de la gauche du parti démocrate à travers Bernie Sanders, au-delà de son intégration relative
dans le système bipartiste de la dictature de classe bourgeoise, est aussi l’expression de cette marche
progressivement vers la rupture nécessaire d’avec l’exploitation de l’humain par l’humain. Il en est de même des
expériences anti-libérales et anti-impérialistes en cours en Amérique du sud ainsi que celles souverainistes anti-
françafricaines dans l’Alliance des Etats du Sahel (Mali, Burkina, Niger), sans oublier la lutte en cours pour la
conquête par les urnes du pouvoir politique au Sénégal et dans d’autres pays africains. Les travailleurs et les
peuples ont été à l’école de la défaite temporaire de l’URSS et du socialisme réel européen. Les capitalistes ont
trop vite crié à l’éternité de leur victoire à la Pyrrhus. Mais l’histoire est en train, peu à peu, de reprendre le chemin
vers l’avenir communiste de l’humanité. Les étapes à franchir pour doter le prolétariat et les peuples du facteur
subjectif dont ils ont besoin pour débarrasser l’humanité de ce cancer mortel qu’est le capitalisme impérialiste et le
néo-colonialisme sont nombreuses et sinueuses. Mais elles seront franchies par la capacité dans chaque pays du
monde et dans chaque pays d’Afrique à rassembler les révolutionnaires communistes qui n’ont pas renié leur
engagement et les éléments de la jeunesse révolutionnaire ouvrière, paysanne, intellectuelle contre l’impérialisme
stade suprême du capitalisme et son inique néocolonialisme. 14/12/23
2024 : L'année du réveil géopolitique
Par Sergey Yevgenyevich NARYSHKIN
Cet article traite de la lutte de pouvoir qui oppose actuellement l'Occident et les pays émergents. Il prévoit que
cette lutte s'intensifiera au cours de l'année à venir et que de plus en plus de pays chercheront à obtenir leur
souveraineté. L'article critique également l'imposition croissante d'agendas mondialistes par les puissances
occidentales et prédit une escalade des tensions géopolitiques. Il souligne les alliances croissantes entre les États
non occidentaux qui s'opposent à ces influences extérieures et met en évidence les dynamiques géopolitiques dans
des régions telles que l'Ukraine, le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Amérique latine.
Les turbulences mondiales provoquées par la lutte acharnée entre l'Occident, qui tente de maintenir sa
domination, et les nouveaux centres de pouvoir qui revendiquent le droit à un développement souverain,
continueront manifestement à prendre de l'ampleur au cours de l'année à venir. En outre, il y a lieu de croire que le
processus de restructuration du monde qui se déroule sous nos yeux s'accompagnera d'un réveil
géopolitique d'un nombre croissant de pays, de peuples et de continents entiers qui cherchent à se libérer de
la "stupeur" libérale-totalitaire.
Le conflit fondamental, ou peut-être déjà existentiel, entre l'"ancien" et le "nouveau" monde, sous-jacent depuis 30
ans, depuis la fin de la guerre froide, et entré dans une phase ouverte avec le début de l'opération militaire spéciale
en Ukraine, s'est ensuite étendu géographiquement au cours de l'année écoulée. L'agenda mondialiste et
ouvertement anti-humaniste imposé avec persistance par Washington et ses alliés provoque le rejet d'un
nombre croissant d'États non-occidentaux qui partagent les idées de la multipolarité et adhèrent à une vision
traditionnelle du monde. Tout cela multiplie les risques d'instabilité et conduit à une augmentation des processus
chaotiques dans l'arène de la politique internationale, ce qui exige beaucoup de retenue et de prévoyance de la part
des dirigeants mondiaux.
Le paysage mondial qui s'est dessiné jusqu'à présent ressemble de plus en plus à une situation révolutionnaire
classique : le "sommet", représenté par les États-Unis affaiblis, ne peut plus assurer son propre leadership ;
et la "base" - dans laquelle l'élite anglo-saxonne inclut tous les autres pays - ne veut plus se soumettre
au diktat de l'Occident. Afin d'éviter un effondrement radical de l'ensemble de la "superstructure" mondiale
actuelle, qui ne profite qu'aux Anglo-Saxons, les hauts responsables euro-atlantiques s'attacheront à créer un
chaos contrôlé, à déstabiliser la situation dans des régions clés de la planète en montant certains États
"récalcitrants" contre d'autres, puis à former autour d'eux des coalitions opérationnelles et tactiques sous le
contrôle de l'Occident.
Cependant, la spécificité de la situation actuelle est que Washington et ses satellites sont de moins en moins en
mesure de réaliser pleinement leurs desseins destructeurs. Les acteurs mondiaux responsables - dont la Russie,
mais aussi la Chine, l'Inde et de nombreux autres États - se sont unis et ont démontré leur volonté de s'opposer
résolument aux aventures extérieures et de mettre en œuvre de manière indépendante la résolution des crises,
comme c'est le cas, par exemple, en Syrie. En outre, même les alliés les plus proches des États-Unis cherchent
désormais à diversifier leurs liens face à l'incapacité de plus en plus évidente de l'ancien hégémon à garantir leur
sécurité. A cet égard, l'escalade dans la zone de conflit israélo-palestinienne, sans précédent au 21ème siècle,
a fait réfléchir de nombreux dirigeants politiques occidentaux, habitués à miser sur des relations privilégiées
avec Washington.
Il est évident que l'année à venir sur la scène mondiale sera marquée par une nouvelle intensification de la
confrontation entre les deux principes géopolitiques : le principe anglo-saxon, ou insulaire, du "diviser pour
régner" et le principe continental, directement antagoniste, du "s'unir pour diriger". Les manifestations de
cette confrontation féroce au cours de l'année à venir seront observées dans toutes les régions du monde, même les
plus éloignées : de l'espace post-soviétique, le plus important pour nous, à l'Amérique du Sud et à l'océan
Pacifique.
En ce qui concerne la situation en Ukraine, on peut s'attendre à ce que les politiciens occidentaux, en raison de
l'impossibilité objective de remporter une victoire militaire sur notre pays, s'efforcent de prolonger les combats
autant que possible et tentent de transformer le conflit ukrainien en un "deuxième Afghanistan", en comptant
sur notre épuisement progressif dans la lutte des potentiels. Ils pensent pouvoir y parvenir, comme auparavant,
grâce à un ensemble de mesures économiques et militaro-diplomatiques, y compris des sanctions qui violent les
normes du droit international et la poursuite de la fourniture d'armes et d'équipements militaires à Kiev.
Néanmoins, il est très probable qu'un soutien accru à la junte de Kiev - en particulier compte tenu de la "toxicité"
croissante de la question ukrainienne pour l'unité transatlantique et la société occidentale dans son ensemble -
accélérera le déclin de l'autorité internationale de l'Occident. L'Ukraine elle-même se transformera en "trou
noir", absorbant les ressources matérielles et humaines. En fin de compte, les États-Unis risquent de se créer un
"deuxième Vietnam", avec lequel chaque nouvelle administration américaine devra composer jusqu'à ce qu'une
personne saine d'esprit, ayant le courage et la détermination de "boucher le trou", arrive au pouvoir à Washington.
En 2024, le monde arabe restera l'espace principal de la lutte pour l'établissement d'un nouvel ordre
mondial. C'est là que l'on voit le plus clairement s'effondrer les prétentions des élites mondialistes au rôle
d'hégémon qu'elles s'imaginaient incarner après la disparition de l'URSS. L'invasion de l'Irak, le tristement célèbre
"printemps arabe" qui a détruit la Libye et le Yémen pacifiques, la guerre prolongée en Syrie, l'émergence du
monstrueux groupe terroriste ISIS et, enfin, la tentative de collision entre les "pôles sunnite et chiite" au Moyen-
Orient en sont des manifestations - il ne s'agit en aucun cas d'une liste exhaustive des manifestations criminelles de
la pensée stratégique en vigueur à Washington et dans certaines autres capitales occidentales. Les administrations
républicaines et démocrates qui se sont succédé à la Maison Blanche ont toujours suivi cette voie dans le seul but
d'exercer une domination sans partage, comme en témoigne la présence militaire américaine massive de la
Méditerranée à la mer d'Arabie.
La principale raison de l'effondrement de cette politique occidentale unilatérale et à courte vue est incroyablement
simple : il s'agit d'un nouveau - et cette fois-ci réel - réveil des peuples du Moyen-Orient, contrairement au
tristement célèbre "printemps arabe" orchestré par Washington il y a dix ans. Ce réveil se manifeste, d'une
part, par l'arrivée au pouvoir, dans un certain nombre de pays arabes, de dirigeants forts et souverains et,
d'autre part, par la croissance rapide des sentiments anti-américains et, plus largement, anti-occidentaux dans
la région. Le monde multipolaire est déjà une réalité que les mondialistes ne pourront pas "défaire". Ce qui
semblait presque impossible hier : la normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et l'Iran, leur
adhésion aux BRICS avec l'Égypte et les Émirats arabes unis, le retour de la Syrie au sein de la "famille
arabe", sont aujourd'hui des faits incontestables.
La Russie s'en félicite de toutes les manières possibles et continuera, dans la mesure du possible, à contribuer à la
réussite de ces processus. Mais l'essentiel est que tout cela témoigne de l'état d'esprit qui règne dans le monde
arabe en faveur d'une résolution mutuellement acceptable des conflits, d'une recherche commune des moyens de
résoudre les problèmes de sécurité et de l'établissement de relations constructives et prévisibles, soutenues par des
intérêts économiques et humanitaires communs.
Dans ce contexte, on ne peut manquer de mentionner le rythme élevé de développement des relations
mutuellement bénéfiques entre les pays arabes, la Russie et la Chine, malgré les tentatives désespérées des
États-Unis et de l'Union européenne pour l'empêcher. Au cours de l'année à venir, l'Afrique continuera
également à suivre avec confiance la voie qui lui permettra de devenir l'un des centres de pouvoir
indépendants sur la scène mondiale. Les pays africains font preuve d'une indépendance croissante en matière de
politique étrangère et intérieure, et leurs voix se font de plus en plus entendre aux Nations unies. À l'avenir, le rôle
de l'Union africaine en tant qu'institution mondiale capable de résoudre les crises en Afrique sans aide extérieure
augmentera également. En fait, nous assistons aujourd'hui à une véritable décolonisation du continent noir,
qui commence à se comprendre comme un sujet à part entière des relations internationales, et pas seulement
comme un marché de ressources bon marché, comme le voient encore les Anglo-Saxons.
La République centrafricaine et le Mali sont des exemples frappants du processus croissant de refonte de
l'identité géopolitique de l'Afrique. Les nouvelles autorités de Bangui et de Bamako ont eu le courage de
s'engager sur la voie d'un rejet décisif du patronage de la France et de l'"Occident collectif" au profit de
l'établissement de liens étroits avec notre pays dans les domaines économique, militaire et politique, et ont été
concrètement convaincues de la justesse de leur choix. Je suis certain que leur exemple inspirera d'autres États
du continent noir désireux de mettre en œuvre une politique souveraine fondée avant tout sur les intérêts
nationaux et non sur les caprices des élites occidentales.
Dans le même temps, il est évident que les anciennes métropoles ne renonceront pas à leurs tentatives de
saper les aspirations africaines à un développement souverain, en utilisant le "kit du gentleman" éprouvé des
méthodes coloniales classiques : promesses sans fin d'aide financière et militaro-politique, incitation délibérée à
des conflits interétatiques, propagation de l'idéologie islamiste radicale et interventions militaires directes.
Toutefois, cela ne fera qu'encourager les dirigeants régionaux à rechercher des "fournisseurs" de sécurité plus
fiables, à savoir la Russie, la Chine et l'Inde, ainsi que les monarchies arabes, qui n'ont pas un sombre passé
colonial et, surtout, qui sont prêts à offrir aux pays et aux peuples d'Afrique une coopération sur une base égale
et non idéologique.
Il convient de noter que des processus similaires se développent activement partout, y compris en Amérique latine,
que les Américains ont toujours considérée comme leur "arrière-cour". Là aussi, il existe une demande pour des
structures d'intégration indépendantes, non soumises aux diktats des Anglo-Saxons. L'une d'entre elles est la
Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), à laquelle les États-Unis et le Canada ne sont
pas censés participer.
Quelques mots maintenant sur la situation au sein du bloc euro-atlantique lui-même. L'année prochaine, nous
assisterons certainement à une désunion publique et politique croissante aux États-Unis et en Europe sur toute
une série de questions, allant du soutien à l'Ukraine à la promotion de l'agenda LGBT. L'un des signes avant-
coureurs de cette tempête inévitable a été la Slovaquie, où le parti nationaliste SMER-SSD dirigé par Robert Fico a
remporté les récentes élections législatives en dépit de l'énorme pression exercée par les élites occidentales
gaucho-libérales.
Je pense qu'en 2024, la plupart des campagnes électorales en Occident - élections européennes et élections
présidentielles américaines - se dérouleront dans une atmosphère de rude confrontation entre les
mondialistes, d'une part, et les partisans du réalisme en politique étrangère et des valeurs traditionnelles
dans la sphère sociale, d'autre part. Bien qu'il ne soit guère pertinent de prédire le ton des campagnes à venir, on
peut prédire avec une précision absolue que les politiciens occidentaux tenteront habituellement d'accuser la
Russie - ainsi que la Chine et d'autres États qui ont le courage d'offrir au monde leur propre vision du présent et de
l'avenir, une alternative au "camp de concentration" totalitaire-libéral - d'être responsable de l'augmentation
inévitable des tensions internes dans leurs pays.
Pendant ce temps, une réalité fondamentalement nouvelle émerge dans l'espace eurasien, dont les contours ont
commencé à se dessiner avec le retour de la Crimée à la Russie et la réintégration des républiques populaires de
Lougansk et de Donietsk, ainsi que des régions de Kherson et de Zaporozhye. Je suis convaincu qu'en 2024, le
rôle unificateur de Moscou en tant que centre des principaux projets d'intégration du continent ne fera que
se renforcer.
L'émergence d'une vaste alliance entre la Russie et ses alliés et partenaires de la CEI [2], de l'OTSC [3] et de
l'OCS [4], ainsi que l'émergence du "Grand Partenariat Eurasien", en sont également le signe. La qualité la plus
importante de ces structures, qui les distingue fondamentalement des blocs occidentaux, est leur non-orientation
contre les pays tiers et leur focalisation sur la création d'un ordre mondial juste fondé sur le respect
inconditionnel de la souveraineté et le respect du droit international.
Une association aussi représentative que les BRICS, dont six nouveaux États deviendront membres à part entière
au cours de l'année à venir, dispose d'un puissant potentiel pour construire une architecture équitable et
véritablement démocratique des relations internationales.
Dans le cadre de la campagne visant à discréditer ce forum, les médias occidentaux le présentent souvent comme
une alternative au G7 promu par Moscou et Pékin. Or, le G7, ce sont les États-Unis et les six satellites qui les
servent, et l'ordre qui règne au sein de ce bloc n'est pas très différent d'une prison, où seul le directeur
principal a le droit de vote, tandis que les autres sont obligés d'exécuter docilement sa volonté.
Pour leur part, les BRICS, en particulier dans leur composition élargie, sont une alliance de puissances égales
- ou plutôt d'États civilisationnels, pour reprendre les termes du président Vladimir Poutine - qui cherchent
à trouver ensemble un moyen de parvenir à une solution commune aux problèmes. Je suis convaincu que la
prochaine présidence russe du Conseil de l'Union européenne sera un succès. Je suis également convaincu que la
prochaine présidence russe des BRICS en 2024 donnera un élan supplémentaire au développement de ce format
véritablement prometteur.
Il ne fait aucun doute que les États-Unis et leurs alliés continueront à prendre des mesures pour exercer une
pression directe et indirecte sur notre pays, ainsi que sur tous ceux qui n'acceptent pas de "déposer leur âme"
et de "prêter allégeance" aux valeurs néolibérales. Au cours de l'année à venir, nous nous attendons à ce que les
attaques anglo-saxonnes s'intensifient, y compris dans les forums internationaux, principalement à l'ONU, ainsi
que dans divers "sommets de la démocratie", formats multilatéraux révisionnistes et ad hoc. Le véritable objectif
de ces entreprises est visible à l'œil nu : sous prétexte d'une réponse collective à la "menace" russe, chinoise ou
autre, poursuivre le démantèlement des institutions de gouvernance issues de la Seconde Guerre mondiale,
levant ainsi les derniers obstacles à l'odieux "ordre fondé sur des règles" imposé par les Américains.
Je me permets ici de citer à nouveau le président russe, qui a qualifié cet "ordre" d'"absurdité" et de tentative de
remplacement du droit international. J'ajouterai pour ma part que dans le monde multipolaire qui se dessine, ce
"produit pourri" se vend déjà mal, même parmi les hommes politiques occidentaux qui ne veulent pas
défendre les intérêts étroits des élites anglo-saxonnes et de certains groupes d'influence. Qu'en est-il du reste ? Les
dirigeants et les peuples de la grande majorité des États de la planète ont reconnu depuis longtemps le
caractère hypocrite de l'Occident et ne croient plus à ses belles et fausses promesses : le réveil global est
irréversible.
Je suis convaincu que nous devons aussi nous réveiller complètement des "drogues" libérales des années 1990
et revenir à nos racines. Nous avons notre propre voie. La Russie est un pays-civilisation unique, avec une
histoire millénaire qui ne peut être oubliée, et encore moins trahie.
C'est pour cette raison que nous avons décidé, afin de rétablir la justice historique, d'ériger sur le territoire du
siège du SVR à Yasenevo un monument à Felix Edmundovich Dzerzhinsky, un homme d'État exceptionnel
et le fondateur des services de renseignement extérieurs russes - un symbole de détermination,
d'abnégation, d'acharnement, un héros qui est resté attaché à l'idée de construire un monde nouveau et
juste jusqu'à la fin.
[1] Article publié dans le numéro 4(5) décembre 2023 du magazine Razvedchik, publié par la Fondation caritative pour la protection
sociale des agents et vétérans des services de renseignement extérieur de la Fédération de Russie (KGB, SVR). (Traduction de CF2R) -
[2] Communauté des États indépendants : organisation intergouvernementale composée de 9 des 15 anciennes républiques soviétiques,
créée en 1991 à la suite de la chute de l'URSS. - [3) Organisation du traité de sécurité collective : organisation intergouvernementale à
vocation politico-militaire créée en 2002 et regroupant l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, la Russie et le Tadjikistan. - [4]
Organisation de coopération de Shanghai : créée en 2001 par la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et
l'Ouzbékistan. Elle s'est élargie à l'Inde et au Pakistan en 2017, et à l'Iran (2023). La Mongolie, la Biélorussie et l'Afghanistan sont des
membres observateurs. - Sergey Yevgenyevich NARYSHKIN, directeur du service de renseignement extérieur de la Fédération de Russie
(Sluzhba vnechneï razvedki Rossiskoï Federatsi /SVR).
Le testament politique d’Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djicoroni
13 juillet 1929 - 4 septembre 2016 adressé à la jeunesse malienne et africaine
Le 4 septembre 2016 disparaissait un des derniers géants parmi les acteurs de
l’histoire contemporaine du Mali. Ses nombreuses publications, surtout celles des
dernières années sur l’histoire de l’USRDA et sur l’expérience de la gestion du
pouvoir de la première république ont fourni des repères importants à la jeunesse
malienne. Il a laissé une immense documentation variée et riche d’enseignements.
Il est important de réfléchir de façon urgente à la sauvegarde de l’héritage
documentaire qu’il a laissé. Je me rappelle encore de ses larmes, lors de la déroute
de l’armée malienne face à l’offensive rebelle dans le nord du pays.
Des années durant, il avait vu venir l’effondrement du Mali depuis l’avènement de
la ‘démocratie’. Il s’est battu et a tenté en vain de redresser la barre en s’investissant dans la renaissance du parti
USRDA avant de désenchanter face à la trahison des idéaux de Modibo Keita, devenu au fil du temps, un ‘faux
drapeau’ pour des opportunistes dont la pratique jurait avec son idéal. Il décida alors de jeter sa dernière énergie
dans la publication de textes clés susceptibles de faire comprendre aux jeunes générations, les idées et le combat
du père de l’indépendance du Mali. Ses derniers moments furent consacrés essentiellement à l’émergence d’une
conscience politique au sein de la jeunesse malienne. Il aimait leur compagnie. Il dénichait toujours un document
pieusement conservé pour étancher leur soif de savoir. De nouvelles interrogations naissaient dans leur tête. Tel un
laboureur infatigable, il ensemençait leur esprit avec méthode et patience. Au-delà, il leur apprenait aussi les règles
et méthodes d’une bonne et saine organisation lors de causeries empreintes d’un fort esprit de camaraderie, malgré
la différence d’âge. Il était un expert en la matière. Amadou Seydou Traoré attirait l’attention des jeunes sur les
questions de comportement par rapport aux activités. De ses nombreuses causeries, ressortaient des axes précis :
286 De l’esprit de tolérance « La première, c'est l'esprit de tolérance. Vous venez d'horizons différents, vous avez
évolué dans des milieux différents, vous avez un niveau de culture différent, vous avez des expériences sociales
différentes. Donc pour avoir une idée commune, une démarche commune mentalement, il faut beaucoup de
tolérance de la part des uns vis-à-vis des autres. Il faut accepter que les autres soient différents, qu'ils pensent
différemment, qu'ils se comportent différemment, et que par le débat amical, fraternel, par les échanges entre
camarades, on puisse se mettre d'accord sur la meilleure façon de faire, la meilleure façon de dire, la meilleure
façon de se comporter. Mais il faut être tolérant au départ. Il faut se battre contre l'intolérance parce que ça vous
empêche de vous rapprocher, de vous unir, et de réaliser une symbiose entre vous. » De la capacité d’écoute « Le
deuxième point c'est la capacité d'écoute. Il faut écouter les uns et les autres. Il faut accepter que les gens parlent et
qu’ils ne disent pas ce que vous, vous voulez dire à leur place. Il ne faut pas interrompre quelqu'un qui intervient,
lui donner le sentiment que ce qu'il dit ne vaut rien. Il faut avoir une grande capacité d'écoute ; c'est très important.
Il faut qu'on s'écoute entre nous ici, qu’on écoute aussi les gens qui nous parlent ou qui parlent de nous. C'est la
capacité d'écoute qui permet de s'enrichir. En même temps, en écoutant les gens, il faut savoir qu'en politique,
derrière toutes les paroles et quelles que soient les paroles, il y a un intérêt qui se cache. Quand vous écoutez
quelqu'un, il faut savoir que derrière sa parole il y a un intérêt qui se cache. Il faut découvrir cet intérêt sinon vous
serez la dupe de la situation ou la personne sera dupée parce qu'elle aura le sentiment de n'avoir pas été comprise.
Donc derrière chaque parole, derrière chaque attitude, derrière chaque position en politique il y a un intérêt qui se
cache. Il faut le découvrir tout en écoutant attentivement. C'est ce qui permet de lire, de décrypter les messages et
de les utiliser à bon escient. » Du courage devant la vérité « La troisième chose, c'est le courage devant la vérité,
pas seulement la vérité que nous disons à quelqu'un. Un tel, tu vois je vais te dire la vérité. Non. Il faut avoir le
courage devant la vérité qui vous concerne aussi. Quand vient le moment où on vous dit la vérité, il faut l'accepter.
C'est très difficile. C'est plus facile de dire la vérité aux autres que d'écouter la vérité qui vous concerne. Il faut
avoir le courage devant la vérité. » 287 De l’honnêteté et de la loyauté « Quatrièmement, il faut être honnête et
loyal. C'est-à-dire de ne jamais poser un acte, ne jamais entreprendre une démarche contre quelqu'un dans cet
ensemble. Il ne faut rien faire contre quelqu'un. Il faut la loyauté entière entre vous. Que chacun soit très sincère et
très clair avec tous. » De la modestie « Cinquièmement, c'est la modestie. Soyons modestes dans nos
comportements réciproques. Sachons que chacun peut nous apporter quelque chose. Je suis en train d'apprendre
avec vous. Pourtant j'ai quatre-vingtcinq ans, j'ai plus de cinquante ans de vie politique, mais j'apprends avec vous.
Et j'apprendrai encore. Donc c'est sûr que chacun d'entre vous peut apprendre avec les autres et que les autres
apprendront avec chacun. Il faut rester modeste. » Éviter la médisance « Sixièmement, éviter de parler les uns des
autres. Que ce soit en intimité, que ce soit en aparté, que ce soit à votre domicile, il faut éviter de parler des autres.
Parler de vos camarades finit très peu souvent avant que ne s'engage la médisance. Et si la personne apprend ce
que vous avez dit d’elle en son absence, il se creuse un fossé qui risque de s'agrandir et de s'approfondir entre
vous. Donc, refusez de parler les uns des autres. Et si quelqu'un vous parle de l'un d'entre vous, dites-lui :
vraiment, si tu as autre chose à me dire, dis- le, mais, lui, ne m'en parle pas parce je travaille avec lui. C'est un bon
barrage pour maintenir l'unité. Au Mali, on aime beaucoup parler et surtout parler en dehors des lieux de
rencontres et de réunions, en dehors des lieux publics. Je vous demande vraiment de réfléchir à la question. »
Penser ensemble « Il est habituel de donner à des équipes comme la vôtre, le conseil suivant : il faut vous
considérer comme les cinq doigts de la main. D'abord il ne faut jamais penser et conclure tout seul, surtout ne
jamais commencer à appliquer ce qu'on a pensé tout seul. Exprimez vos idées en réunion et partagez avec vos
camarades les réflexions que vous avez. Ne pensez pas seul parce que lorsqu’on est seul on est en mauvaise
compagnie. Donc prenez l'habitude de penser ensemble. » 288 Décider et agir ensemble « Décidez ensemble. Une
fois que la décision est prise, elle est valable pour tout le monde, même pour ceux qui n'étaient pas d'accord
auparavant. Cela est très important. Je discute avec les camarades, je ne suis pas d'accord sur une position. Les
camarades en majorité décident que c'est comme ça ; j'accepte la décision et mieux, les camarades peuvent me
charger de l'exécuter, et si je suis sincère et sincèrement démocrate, je dois appliquer la décision sur laquelle je
suis battu et que la collectivité me demande d'appliquer. Très souvent, c'est arrivé chez nous à l'USRDA. Donc
décidez ensemble, exécutez ensemble. Parce qu'au moment de l'exécution, les camarades qui en sont chargés ont
besoin de tous les autres. Pendant qu'il est en train de faire le travail, un militant peut vous saisir et vous faire la
remarque suivante : qu'est-ce qu'il fait celui-là ? Si vous répondez que c'est comme ça que cela a été décidé, le
camarade sera aidé par votre soutien moral. » Contrôler ensemble « Ensuite, il faut contrôler ensemble. Le
contrôle des tâches doit être fait ensemble. On a décidé de telles tâches, comment cela a été fait, est-ce que cela a
été fait à temps ; après le constat ensemble, s'il y a des fautes, des erreurs ou des insuffisances, on corrige
ensemble. C'est cela les cinq doigts de la main : penser ensemble, décider ensemble, exécuter ensemble, contrôler
ensemble, corriger ensemble. Ainsi vous vous tiendrez comme les cinq doigts de la main ; cela tient fort et vous
naviguerez correctement. » La politique est une science « D'autre part, il est important que ceux qui le savent s'en
convainquent et que ceux qui ne le savent pas, réalisent que la politique est une science, et une science qui évolue
très vite. Ce n'est pas de l'artisanat. Donc chacun d'entre vous a le devoir non seulement d'apprendre cette science
mais d'en suivre l'évolution pour ne pas être en retard sur les événements. Dans votre groupe, il va falloir accepter
d'organiser des réunions pour débattre des sujets, des dossiers, des analyses et d'autres documents concernant la
science politique. Il ne s'agit pas d'aller à l'université, de suivre des cours magistraux, il s'agit d'une formation
réciproque qui puise sa force dans l'échange. La formation s'acquiert par la discussion des problèmes, dans
l'analyse des situations et des dossiers, dans l'approfondissement des questions. Vous vous rendrez compte que
cela est bénéfique pour tout le monde. » 289 En politique, pas de brouillon « Le dernier point sur lequel j'attire
votre attention, c'est qu'en politique il n'y a pas de brouillon. Tout se fait au propre. Tu ne peux pas dire, hier j'ai
prononcé telle phrase, oubliez-la, je ne l'ai pas dite. On te répondra : tu l'as dit, bien dit et dans cinquante ans on te
le répétera. Il reste entendu qu'en politique, on peut commettre des erreurs. Mais quand cela arrive, il faut les
reconnaître honnêtement et corriger rapidement. Sans quoi, si l'on s'entête, plus le temps passe, plus le taux
d'escompte de la sanction augmente. Et on paie les fautes, plus cher encore. La matière politique se travaille
comme le béton. Il faut du sable, du ciment, de l'eau pour faire le béton. S'il n'y a pas de sable, le ciment et l'eau ne
font pas le béton ; s'il n'y a pas de ciment, le sable et l'eau ne font pas le béton ; et s'il n'y a pas d'eau, le sable et le
ciment ne font pas le béton. Les trois éléments du béton politique sont : 1- la formation et l'organisation. 2- la
mobilisation et la communication. 3- les moyens financiers, matériels et les ressources humaines. Il faut que ces
trois éléments fonctionnent ensemble pour que le béton politique prenne bien. Donc en faisant votre
programmation, il faut agencer de façon harmonieuse ces trois éléments dans le temps imparti. » Derniers conseils
« C'étaient donc les quelques conseils que j'ai voulu vous donner, en vous renouvelant mes vœux de santé et de
succès parce que de votre succès peut sortir une grande chose qui va sauver notre pays. Et si le Mali est sauvé,
soyez sûrs que l'Afrique sera sauvée. L'histoire vous donne la chance de jouer un rôle essentiel dans ce pays. Il faut
que dans l'amitié, dans l'entente, dans le dévouement sincère à la cause qui vous réunit, vous enregistriez les plus
grands succès. Je suis entièrement disponible, mais j'ai un devoir de réserve par rapport à votre équipe pour la
laisser faire preuve de la solidité de ses muscles et de la richesse de son imagination. C'est sur cette note que je
termine en souhaitant à tous, le meilleur possible. » Tel est le testament politique du grand patriote que fut
Amadou Seydou Traoré. Juin 2018. 290 Que reste-t-il de l’esprit du 22 septembre 1960 ? Le 22 septembre 1960,
l’ex Soudan français, à la suite de l’éclatement de la Fédération du Mali, à l’instigation de la France, proclama
l’indépendance de la République du Mali, suite à un congrès extraordinaire convoqué par le parti dirigeant de
l’époque, l’Union Soudanaise RDA sous la conduite de Modibo Keita. A ce congrès extraordinaire, deux faits
majeurs sont à retenir : la présence massive des organisations de jeunes et des syndicats de travailleurs. Ce sont ces
deux forces sociales à la pointe de la lutte anticolonialiste, qui engagèrent, à l’époque, le destin du pays.
L’indépendance immédiate fût l’expression de leur volonté farouche et de leur désir de souveraineté nationale.
Pour y parvenir, jeunesse et syndicats engagèrent le pays dans le choix d’une voie de développement socialiste que
l’USRDA ne pouvait que prendre en charge. Les orientations prises et les mesures décidées portèrent leur marque
que Modibo Keita sut traduire dans les faits : – Nationalisation des secteurs clés de l’économie nationale et
création des sociétés et entreprises d’Etat. – Fermeture et évacuation des bases militaires françaises du territoire
national en janvier 1961. – Création du franc malien en juillet 1962. – Réforme de l’éducation en 1962… Toutes
ces mesures marquèrent le visage du Mali nouveau et contribuèrent à asseoir son prestige et sa renommée au plan
africain et international et à en faire un exemple de décolonisation à travers le monde. Le nouveau Mali
indépendant contribua largement à la libération des peuples colonisés et opprimés à travers des soutiens
multiformes au plan politique, diplomatique, militaire et financier. Le Mali de Modibo Keita fut la base arrière du
Front de Libération Nationale de l’Algérie dont il parraina l’admission à l’ONU, une fois l’indépendance acquise.
Des instructeurs maliens contribuèrent à la formation militaire des combattants des mouvements de libération
nationale dans les colonies portugaises, en ex Rhodésie, au Sud-Ouest Africain et en Afrique du Sud. Des
passeports diplomatiques maliens furent mis à la disposition des responsables des mouvements de libération avec
des moyens financiers conséquents. La voix du 291 Mali résonnait sur la scène internationale en soutien à tous les
opprimés de la terre. Le Mali fut un acteur essentiel de la Conférence de Belgrade et du Mouvement des non-
alignés. Le Mali de Modibo Keita apporta une pierre décisive à la création l’Organisation de l’Unité Africaine.
Cette épopée largement travestie durant la longue dictature militaire de 1968 à 1991, commence, aujourd’hui, à
s’imposer à la conscience collective des populations maliennes. En témoignent les nombreuses initiatives de
réhabilitation de Modibo Keita et des réalisations de la Première République. Mais de nos jours, que reste-t-il de
tout cet héritage ? N’est-il pas parti en fumée ? Où est aujourd’hui cette jeunesse consciente et patriote ? Que sont
devenus les syndicats de travailleurs ? Le désastre est évident. Les discours actuels des hommes politiques sur la
grandeur et la fierté du Mali sonnent creux dans l’esprit des citoyens, faute d’exemplarité. Le sentiment national et
l’esprit patriotique semblent désormais se conjuguer au passé. Plus de projet national commun. Le gain individuel
et le profit immédiat semblent être devenus le caractère distinctif du Malien. Les valeurs de citoyenneté et de
civilisation qui furent longtemps la marque du pays semblent s’être évaporées. Partout où on risque le regard, un
sentiment de désolation. Aujourd’hui, le pays a perdu toute souveraineté. Hier craint et respecté, il est devenu un
pays occupé par des armées étrangères au prétexte de la lutte contre le terrorisme. Les bases françaises fermées
sous Modibo Keita se sont réinstallées et étendues. Des militaires européens et américains circulent comme en
territoire conquis. Des troupes africaines, surtout de pays voisins aident à maintenir la présence étrangère et à
dicter la volonté des puissances occidentales. Mais, tout cela est arrivé du fait de la trahison et de la cupidité des
Maliens eux-mêmes. Certains, devenus mercenaires au fil du temps sur des champs de bataille lointains, sont
venus semer la désolation au nom d’une théorie indépendantiste fumeuse, fabriquée dans des laboratoires de
propagande des services secrets étrangers. Des idéologies religieuses importées à coups de pétrodollars des
monarchies du golfe s’y sont ajoutées, semant la confusion dans les esprits au nom d’un islam contrefait. L’appât
du gain facile face aux incertitudes du lendemain, les trafics en tous genres, notamment de drogue, d’otages et de
migrants, le bradage des ressources nationales avec la complicité des élites locales, le pillage et détournements 292
des deniers publics, achevèrent la ruine matérielle et morale d’un pays désormais sans perspective. La corruption
généralisée est devenue la philosophie de la débrouillardise au quotidien de la société malienne. Dans un tel
contexte, à quoi peut servir de continuer à célébrer le 22 septembre 1960 ? Malgré le désarroi, il faut y persévérer
pour que les générations actuelles, et surtout celles à venir, puissent garder dans leur conscience collective qu’il y
eût un autre Mali, différent du leur et que ce qui nous est arrivé et ce qui nous arrive aujourd’hui n’est point une
fatalité. Les défis à relever sont, certes, immenses mais ils sont à notre portée, à condition de nous réarmer
moralement et politiquement. Construire un nouveau Mali, sera le fait d’un nouveau citoyen malien, résolument
patriote et tourné vers l’intérêt collectif. C’est dans la discipline collective et dans la solidarité effective que nous
serons à même de nous en sortir. Ce ne sera pas chose facile. Mais cela est de l’ordre du possible. Mais, comme le
disait Modibo Keita, « quand le propriétaire devient un spectateur, c’est le festival des brigands ! ». Septembre
2018.

L'offensive du Têt de la résistance palestinienne


Rete dei Comunisti d’Italie
Le matin du 30 janvier 1968, la résistance vietnamienne a lancé
l'offensive du Têt, du nom de la nouvelle année du calendrier lunaire
vietnamien. Il s'agit d'une offensive de grande ampleur et de grande
profondeur, la plus importante menée par l'une ou l'autre des parties au
conflit depuis le début de celui-ci en 1965, qui a mobilisé quelque 85 000
combattants nord-vietnamiens et vietcongs. À Saigon, les combattants ont
pénétré dans le palais présidentiel et dans l'enceinte de l'ambassade
américaine. Il s'agissait d'un bond en avant par rapport à la guérilla menée
jusqu'alors. Si elle s'est soldée par une défaite tactique sur le plan
strictement militaire, c'est une victoire stratégique sur le plan politique,
acquise au prix du sacrifice des combattants vietnamiens - quelque 30 000
ont perdu la vie - et elle a eu un impact psychologique irréversible sur
l'ennemi et sur les choix qu'il a été amené à faire à partir de ce moment-là.
L'offensive a montré que le Viêt-cong, même après des années de guerre
épuisante, était capable non seulement de résister, mais aussi de contre-
attaquer et de changer le rapport de force. La radio de Hanoi avait déclaré que l'objectif de l'offensive était de
renverser le gouvernement sud-vietnamien dirigé par Nguyen Van Thuie, qui avait déclaré la loi martiale sur le
territoire qu'il administrait le lendemain de l'offensive. L'opération ne débouche pas sur l'"insurrection" espérée,
mais se termine un peu moins d'un mois plus tard, le 25 février, par l'expulsion de la dernière unité communiste de
l'ancienne citadelle impériale de Hué.
Cet événement a eu un fort impact sur l'administration Ford et a choqué le public nord-américain qui avait été
convaincu (par les dirigeants politiques et les médias) que le Viêt-cong était sur le point d'être vaincu et que la
Résistance était incapable de mener des opérations d'une telle ampleur. Aux États-Unis, le soutien à l'aventure
militaire de Washington diminue en raison des pertes (plus d'un millier de morts et 6 000 blessés parmi les
Américains) et de l'appel à un recrutement accru qui s'ensuit (la conscription est obligatoire), ce qui incite Johnson
à ne pas se représenter aux élections. Ce fut un tournant absolument inattendu dans la dynamique du conflit, ainsi
que pour le mouvement anti-guerre aux États-Unis et dans le monde entier. Il faudra des années pour parvenir aux
accords de Paris (janvier 1973), puis à la fin effective de la guerre en avril 1975. Mais le sillon tracé par l'offensive
du Têt a permis de faire comprendre au monde entier le message que le président Ho Chi Min avait lancé le 25
décembre 1967 : "il est clair que les Américains ont perdu la guerre". Saigon est alors "libérée" et les images de
l'hélicoptère s'envolant du toit de l'ambassade américaine font le tour du monde.
Mutatis mutandis (le Hamas n'est certainement pas comparable au Parti communiste vietnamien), avec l'offensive
palestinienne du samedi 7 octobre, il est clair qu'Israël a perdu sa guerre et que le séisme politique régional va
changer l'équilibre des forces au Moyen-Orient. Le vainqueur sera le peuple palestinien et toutes les organisations
qui composent sa Résistance - ainsi que ses amis et alliés - qui, à l'occasion de l'anniversaire de la guerre du
Kippour de 1973, ont décidé une nouvelle fois de briser des barrières qui semblaient infranchissables. Puis ce fut
le franchissement par les troupes égyptiennes de la "ligne Bar-Lev", construite par Israël après la conquête du
Sinaï en 1967, aujourd'hui ces structures fortifiées qui faisaient depuis des années de Gaza une immense prison à
ciel ouvert et un champ de tir pour les tireurs d'élite et les bombardiers de Tsahal, enfermés dans un blocus que
l'hypocrisie de la "communauté internationale" occidentale avait supprimé. Israël a été durement frappé par une
offensive qui a fait plus de 700 morts, 2000 blessés, au moins 100 prisonniers, la "reconquête" momentanée de
portions de territoire autour de Gaza et des dégâts matériels importants aux structures israéliennes. C'est sans
précédent dans l'histoire de la Résistance de ce peuple. Cela a produit une blessure qui restera indélébile en Israël
et que la soif de vengeance des dirigeants sionistes - l'état de guerre a été déclaré et une attaque contre Gaza est
également préparée depuis le sol - ne pourra pas guérir, quelle que soit la réponse impitoyable soutenue par ses
alliés occidentaux (principalement les États-Unis, l'Union européenne et l'Ukraine). Sur la chaîne qatarie Al
Jazeera, alors que le présentateur répétait que l'état de guerre avait été déclaré en Israël, un analyste palestinien a
répondu : "La Palestine est en état de guerre depuis des décennies". Et de la résistance, par tous les moyens, sont
nés la guerre de libération et le soulèvement populaire. Samedi, le glas a sonné pour les services de renseignement
israéliens et la capacité de réaction de l'armée sioniste. C'est ainsi qu'a été décrétée la fin de la formule politique
qui avait amené Netanyahu au pouvoir, marquant effectivement la fin de sa carrière alors qu'il semblait
inébranlable face à l'opposition interne. L'offensive a "galvanisé" la résistance palestinienne en Cisjordanie et dans
la diaspora, et a de nouveau polarisé l'opinion publique dans les États arabes, réaffirmant le positionnement de
cette direction qui s'est érigée en nouveau "front du refus" de la normalisation avec l'entité sioniste : l'Iran, la Syrie
et l'Algérie. Mais nous sommes à peu près certains que l'offensive palestinienne mettra aussi le feu, au moins en
partie, au "jardin" européen pour la partie des classes subalternes d'origine arabe et/ou de confession musulmane
qui y voient une opportunité de rédemption contre cet "Occident collectif" qui a été incapable de trouver une
solution politico-diplomatique au conflit israélo-palestinien, en acceptant et en soutenant les politiques
néocoloniales qui ont "légalisé" l'apartheid israélien, en annulant complètement les accords d'Oslo. Ce pourrait être
l'occasion pour les principaux acteurs du "monde multipolaire" d'agir en tant que médiateurs et de faire avancer
une solution diplomatique qui ne soit pas simplement le rétablissement du statu quo, mais qui comprenne la mise
en œuvre des résolutions de l'ONU ignorées par Israël et la soi-disant "communauté internationale". L'offensive
palestinienne est en fait une bouffée d'air frais, même pour la gauche de classe et internationaliste, et une leçon de
courage indélébile. Le mur physique et métaphorique autour de la Palestine a été abattu.
PALESTINE VIVRA, PALESTINE VAINCRA

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