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La liberté de presse
existe-t-elle au Cameroun ?
La liberté de la presse est une liberté essentielle qui est inscrite dans la Déclaration
universelle des droits de l’homme. Elle s’appuie sur la liberté d’expression, qui donne à chaque
personne le droit d’exprimer ses opinions, dans le respect des autres, même quand ça déplaît. La
liberté de la presse garantit aux journalistes la possibilité d’enquêter librement et d’informer les
citoyens sur les sujets de leur choix. Grâce à elle, les médias sont libres de diffuser des avis
différents, de commenter, de débattre et de critiquer. La liberté de la presse est l’une des
principales libertés publiques. C’est une condition nécessaire à l'exercice de la démocratie. Elle
participe du droit d'expression et de critique dont disposent tous les citoyens vivant dans les pays
démocratiques. Le Cameroun étant un État démocratique avec pour principe fondamental la
liberté, sa presse s’inscrit inéluctablement dans le libéralisme cher à la démocratie. Ce régime
libéral d’information est consolidé par la loi de 1990 portant sur la communication sociale au
Cameroun notamment en son article 3 qui déclare que : « L'imprimerie et la librairie sont
libres. » Cependant la liberté étant porteuse de dérives, dans la mesure où une liberté incontrôlée
ou incontrôlable expose au désordre et à des mauvaises pratiques professionnelles. La liberté de
presse n’y échappe pas. Dans ce sillage, cette dernière fait face à des limités qui posent le
problème d’une véritable liberté de la presse au Cameroun. Dans la même veine, plusieurs
interrogations en découlent : la liberté de la presse est-elle une utopie ou une réalité au
Cameroun ? être dans un régime libéraliste de l’information permet-il déontologiquement de tout
dire ? comment rationnaliser la liberté de la presse à l’ère du numérique ?
De prime abord, dans cette première partie, nous allons démontrer que la liberté de
presse est effective au Cameroun compte tenu du système libéral de l’information lié au régime
démocratique en vigueur. Cela se comprend mieux à travers la liberté observée dans la création
des organes de presse, leurs organisations et leurs systèmes de publications. Des pratiques qui ne
seront pas admises dans un régime autoritaire.
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En effet, Dans un système libéral d’information, la création d’un organe de presse est
libre. C’est dans cette logique que le Cameroun compte environ plus de 600 entreprises de presse
écrite, plus de 200 radios et de chaines de télévision, une vingtaine d’organes de presse
cybernétique. La liberté de presse qui fait partie des droits civiques dans les systèmes
démocratiques, est indéniable au Cameroun. Depuis la libéralisation du paysage médiatique
camerounais en 1990 et suivant le principe du droit des citoyens à l’information, le
gouvernement qui est l’autorité investie du pouvoir de l’État, octroie à échéance régulière, un
appui à la presse à capitaux privés. Et ce n’est pas tout ! La suppression de la censure
administrative, la création d’un journal sur simple déclaration d’existence, la désignation
récurrente des acteurs des médias au sein des instances délibérantes et consultatives, à l’instar de
la commission nationale des Droits de l’homme et des libertés, du Conseil national de la
communication, et de la Commission de délivrance de la carte de presse, sont des indicateurs
clairs. Quelques exemples de presse au Cameroun : la presse écrite publique (La Société de
presse et d'éditions du Cameroun édite le quotidien national bilingue Cameroon Tribune ainsi
que Cameroon Business Today, Week-end et Nyanga, Le Journal officiel de la République du
Cameroun : journal d'annonce légale de publication des lois). La presse écrite privée : (Le
Messager, Le Patriote, La République Presse, L'Anecdote, Mutations, Opinions Chrétiennes
etc.). Les chaines de radio privées : (Radio Culture FM (Eséka), ABK RADIO (89.9fm) Radio
Jeunesse : chaine de radio de l'archidiocèse de Yaoundé, Royal FM Yaoundé, RTS (radio
Tiemeni Siantou). Les chaîne de télévision publique : (Crtv, Crtv sport, Crtv web etc.). Les
chaînes de télévision privée (Canal2 international, Vision4, Ariant TV, D&T TV). Pour ce qui
est de l’organisation, tous ces entreprises ont une organisation libre. Leur organisation est
conforme au régime de la libre entreprise. Ici, l’intervention de l’État est très limitée. Le régime
de publication est également libre. Les organes de presses organisent leurs publications en tout
liberté.
Selon ce qui précède on comprend que, sur le plan de la forme il existe la liberté de
presse au Cameroun compte tenu de la loi de 1990 portant sur la communication sociale au
Cameroun et nombre important des organes de presse avec des lignes éditoriales différentes.
Dans ce qui suit, nous allons évaluer le contexte politique, le cadre légal, le contexte
économique, socioculturel et sécuritaire avant de valider l’idée selon laquelle la liberté de presse
serait une illusion au Cameroun.
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Le contexte politique
Le cadre légal
Les différentes lois, dont celle régissant la liberté de la presse datant de 1990, sont
largement contournées pour être mises au service de la répression du journalisme. La
dépénalisation des délits de presse n’est pas encore à l’ordre du jour, et l’accès à l’information,
de même que la protection des sources, ne sont pas garantis dans les faits. Il est fréquent que des
professionnels des médias soient traduits devant des tribunaux d’exception, à l’instar de l’ex-
directeur général de la CRTV, condamné à 12 ans de prison ferme et à verser une lourde amende
pour “détournement de fonds publics”, après presque sept ans de détention préventive qualifiée
d’arbitraire par l’ONU. La loi antiterroriste de 2014 et un tribunal militaire avaient été utilisés en
2015 pour maintenir en prison le correspondant de RFI pendant deux ans et demi.
Le contexte économique
Le contexte socioculturel
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Les médias fondés sur des critères ethniques ou religieux sont de plus en plus
nombreux, ce qui contribue à la polarisation du débat public et encourage des prises de position
relevant de l’exclusion ou de la stigmatisation. Les contraintes culturelles poussent souvent à la
censure ou à l’autocensure, notamment dans les zones marquées par les traditions culturelles.
Le contexte sécuritaire
Le danger est permanent pour les journalistes camerounais, notamment pour ceux
adoptant une ligne critique ou indépendante. Les journalistes sont régulièrement exposés aux
attaques verbales et physiques, aux arrestations et détentions arbitraires, aux procédures-bâillons,
aux enlèvements et aux risques d’assassinat. En janvier 2023, le journaliste Martinez Zogo a été
retrouvé mort, le corps gravement mutilé, cinq jours après son enlèvement. C’est le second
assassinat de journaliste, après Samuel Wazizi en 2019, en trois ans au Cameroun. En mars 2022,
le journaliste Paul Chouta avait été enlevé puis agressé par des individus non identifiés. Nombre
de journalistes connus font l’objet d’une surveillance. Le degré d’impunité pour les auteurs
d’actes de violence envers les journalistes reste très fort. Les journalistes des régions
anglophones sont régulièrement accusés d’être complices du mouvement sécessionniste qui
s’oppose depuis plusieurs années au pouvoir central de Yaoundé.
Ce qui précède nous fait comprendre que, dans les faits la liberté de presse est muselée,
car marginalisée et phagocyter par plusieurs facteurs sur tous les plans notamment : politique,
légale, économique, socioculturel et sécuritaire.
Par ailleurs, la liberté de presse telle que pratiquée au Cameroun entraine des infractions
au code de déontologie des professionnels de médias, une ouverture au libertinage qui débouche
au liberticide. Dans cette deuxième partie, nous allons rappeler quelques règles du code
déontologie tout en relevant les délits découlant du non-respect de celles-ci.
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de la Société des journalistes professionnels partagent un souci déontologique, adoptent les
quatre principes suivants, et encourage les journalistes de tous les médias à les adopter.
Les journalistes doivent être honnêtes, justes et courageux dans leurs efforts pour
obtenir, rapporter et interpréter l'information. Les journalistes doivent :
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Faire la distinction entre plaidoirie (ou commentaires) et nouvelles ;
Ne jamais fausser les faits, le contexte, ou les images. Clairement identifier les
montages et les illustrations ;
Ne jamais plagier. Toujours attribuer.
2- Minimiser les torts
Les journalistes ne doivent avoir d’autre intérêt que de servir le public. Ils doivent :
Éviter les conflits d’intérêt réels ou perçus. Révéler les conflits inévitables :
Refuser les cadeaux, voyages gratuits et autres traitements de faveur et éviter les
engagements politiques et les fonctions publiques qui pourraient compromettre leur
intégrité ou nuire à leur crédibilité ;
Se méfier des personnes qui offrent des informations en échange de faveurs ou
d’argent ne pas payer pour des informations ;
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Identifier l’information qui provient de sources externes, payées ou non ;
Refuser d’accorder des traitements de faveur aux annonceurs, donateurs, et
autres personnes aux intérêts particuliers, et résister à leurs pressions pour influencer les
reportages ;
Faire la distinction entre nouvelle et publicité et éviter les hybrides qui brouille
les frontières entre les deux. Clairement identifier tout contenu commandité.
4- Être responsable et transparent
La diffamation est délit puni selon le Code pénal du Cameroun en son article.305 portant
sur la diffamation. :
(1) Est puni d'un emprisonnement de six jours à six mois et d'une amende de 5.000 à 2
millions de francs ou de l'une de ces deux peines seulement celui qui, par l'un des moyens prévus
à l'article 152, porte atteinte à l'honneur ou à la considération d'une personne en lui imputant
directement ou non des faits dont il ne peut rapporter la preuve.
(2) Ces peines s'appliquent également aux auteurs de diffamation commise par voie de
presse écrite, de radio ou de télévision, sans préjudice du droit de réponse et du devoir de
rectification.
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(3) La vérité de l'imputation peut toujours être prouvée sauf :
ou
ou
(4) La poursuite ne peut être engagée que sur plainte de la victime ou de son
représentant légal ou coutumier mais jusqu'à condamnation définitive le retrait de la plainte
arrête l'exercice de l'action publique.
(6) Le présent article est applicable à la diffamation dirigée contre la mémoire d'un mort
lorsque l'auteur de la diffamation a eu l'intention de porter atteinte à l'honneur ou à la
considération des héritiers, époux ou légataires universels vivants.
(7) Les peines sont réduites de moitié si la diffamation n'est pas publique.
Selon ce qui précède, la liberté de presse est soumise à un code déontologie que tout
professionnel de la communication doit respecter. Cependant, certains professionnels de la
communication continuent commettre à travers le numérique. Dans la suite nous essaierons de
proposer des orientations pour rationaliser la communication à l’ère du numérique afin d’autres
infraction.
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manquent de professionnalisme et ignorent tout du code déontologie des médias, ils sont à
l’origine de la désinformation, des fakes news ou fausse nouvelles. Nous proposons ici, dans
cette troisième partie, quelques exemples des pays et organisations qui ont commencé le combat
afin d’inspirer le modèle camerounais.
Parmi les mesures prévues dans le plan d’action européen contre la désinformation, il
convient de souligner, en raison de son caractère éminemment pratique, la création d’un système
d’alerte rapide (SAR), qui a vu le jour en mars 2019 avec la mise en place d’un réseau de
contacts nationaux. Lorsque ceux-ci détectent une campagne de désinformation, ils peuvent
immédiatement lancer l’alerte sur une plateforme numérique spécialisée, qui facilite les échanges
d’information entre les États membres et l’Union. Ce mécanisme, qui garantit la nécessaire
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coordination entre les partenaires européens, leur permet à la fois de surveiller les réseaux pour
identifier les campagnes et autres actions de désinformation et, si nécessaire, de définir des
ripostes communes.
L’Espagne s’est résolument investie dans la lutte contre la désinformation et elle œuvre
activement au sein de l’Union européenne, surtout depuis 2018, à la mise en place de procédures
rapides et efficaces pour combattre ce fléau. Dans le cadre de sa participation active au SAR
européen, elle a développé la coordination en interne pour détecter la désinformation et y
apporter une réponse. L’ensemble de notre administration est impliqué dans la lutte contre la
désinformation, chaque ministère veillant à repérer les menaces éventuelles dans son domaine de
compétence. En complément des mesures mises en œuvre en coordination avec l’Union
européenne, l’Espagne conduit de multiples actions en matière de lutte contre la désinformation
au sein de ses institutions. Elle a également mis en place des mécanismes de coordination
permanente entre les différents organes de l’Administration, parmi lesquels il convient de
souligner la Commission permanente de lutte contre la désinformation, créée en mars 2019.
Le Cameroun peut donc s’inspirer de l’une des stratégie proposée ci-dessus et construire
effectivement sa stratégie de lutte contre la désinformation et les fausse nouvelle tout en
préservant la liberté de presse selon le régime démocratique en vigueur.
Parvenu au terme de notre devoir, il nous a été demandé de réfléchir sur la question
existe-t-elle une liberté de presse au Cameroun. En s’inspirant sur le régime démocratique du
Cameroun, nous avons d’abord démontrer dans la première partie que la liberté de presse existe
au Cameroun compte tenu du système libéral de l’information et que cette liberté est muselée
dans les faits à travers le contexte qui n’est pas toujours favorable au métier du journaliste. Dans
la deuxième partie nous avons démontrer les infractions causées par le délit de presse. Et dans la
troisième partie, nous avons proposé des modèles de lutte contre la désinformation des pays
occidentaux afin d’inspirer un modèle favorable pour le Cameroun. En outre, les professionnels
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de la communication (les journalistes) peuvent-ils être à l’abris des infractions lorsqu’ils vivent
dans un contexte où ils subissent constamment des menaces conduisant parfois à la mort ?
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Les sources consultées
https://www.exteriores.gob.es/fr/PoliticaExterior/Paginas/LaLuchaContraLaDesinformacion.aspx
https://www.1jour1actu.com/culture/cest-quoi-la-liberte-de-la-presse
https://www.cairn.info/journalismes-d-afrique--9782807331495-page-13.htm
Code de déontologie des journalistes : https://www.spj.org/pdf/ethicscode/spj-ethics-code-french.pdf
Loi de 1990 sur la communication sociale au Cameroun :
https://mireilletchiako.files.wordpress.com/2015/03/la-loi-de-199o-sur-la-communication-sociale-au-
cameroun.pdf
Article de journal : https://journal.rdpcpdm.cm/2021/05/liberte-de-la-presse-une-realite-au-cameroun/
Les presses au Cameroun : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9dias_au_Cameroun
Le problème de la liberté de presse au Cameroun : https://rsf.org/fr/pays-cameroun
https://pierretrudel.openum.ca/files/sites/6/2018/09/la-liberte-de-presse-la-liberte-de-tous-1.pdf
: https://www.bayardeducation.com/wp-content/uploads/2020/10/SEANCE-liberte-dexpressionV2.pdf
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/libert%C3%A9_de_la_presse/186001
https://www.juriafrica.com/lex/art-305-code-penal-cameroun-20765.htm
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