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Moussa Traoré, né le 25 septembre 1936 à Sébétou dans la région de Kayes et mort

le 15 septembre 2020 à Bamako, est un militaire et un homme d'État malien, président de la


République de 1968 à 1991.

Biographie[modifier | modifier le code]


Formation scolaire[modifier | modifier le code]
Issu d'une famille malinké, Moussa Traoré est né le 25 Septembre 1936 à Sébétou dans
la région de kayes. Il s'y engage en 1954. Il fait ses études à l’École des enfants de troupe
de Kati (qui deviendra le Prytanée militaire de Kati) puis rejoint l'école d'officiers de Fréjus en
France en 19601. Il en sort major de sa promotion2.

Parcours militaire[modifier | modifier le code]


Moussa Traoré est nommé sous-lieutenant en 1961, puis lieutenant en 1963. Il part
au Tanganyika (l’actuelle Tanzanie) en qualité d’instructeur auprès des combattants de
mouvements de libération. Il est ensuite nommé instructeur à l’École militaire interarmes de Kati.

Présidence de 1968 à 1991[modifier | modifier le code]


Le 19 novembre 1968, Moussa Traoré participe au coup d’État qui renverse le président
socialiste Modibo Keïta. Il devient président du Comité militaire de libération nationale, puis
président de la République le 19 septembre 19693,4.
Toutes les activités politiques sont alors interdites3. Un régime policier est mis en place sous la
direction du colonel Tiécoro Bagayoko. Des agents de renseignements vont dans les écoles pour
écouter les cours des professeurs (le milieu scolaire et universitaire est en majorité hostile au
régime militaire). Le socialisme économique de l’ancien président Modibo Keïta est abandonné.
En 1971, il accuse son Premier ministre Yoro Diakité de tentative de coup d'état et le fait
incarcérer à la prison de Taoudeni où il meurt deux ans plus tard de mauvais traitement4.
En 1972-1973, une sécheresse importante s’abat sur le Mali. L’aide internationale arrive mais
l’argent est détourné.[réf. nécessaire]
Le 2 juin 1974, il fait adopter par référendum (99 % des voix) une constitution qui fonde la
Seconde République, imposant un parti unique, une assemblée nationale et un président élu tous
les 5 ans au suffrage universel4. En 1976, il fonde l’Union démocratique du peuple
malien (UDPM), parti unique3,4, ainsi que l’Union nationale des femmes du Mali et l’Union
nationale des jeunes du Mali, organisations auxquelles respectivement toutes les femmes et tous
les jeunes doivent alors adhérer.
Le 16 mai 1977, l’ancien président Modibo Keïta meurt de façon suspecte en détention à l’âge
de 62 ans, entraînant une forte mobilisation populaire : des milliers de personnes se rendent à
ses obsèques, auxquelles participent également des délégations officielles de pays voisins
(notamment Guinée et Côte d’Ivoire). Le régime militaire réagit violemment en procédant à de
nombreuses arrestations, mais Moussa Traoré est obligé d’expliquer à Radio-Mali les raisons de
la mort de Modibo Keita, due selon lui à « un œdème aigu des poumons »4, mais ces explications
ne convainquent personne[réf. nécessaire].
Le 28 février 1978, Moussa Traoré fait arrêter Tiécoro Bagayoko et Kissima Doukara,
respectivement directeur de la Sûreté nationale et ministre de la Défense, qu’il accuse de
préparer un complot.
Lors des premières élections de la seconde république en 1979, Moussa Traoré est l'unique
candidat à la présidentielle4.
Il propose d’aller vers une ouverture politique ce qui lui permet d’acquérir le soutien de certains
intellectuels comme Alpha Oumar Konaré qui acceptera le poste de ministre des Arts et de la
Culture pendant quelques années.
En 1980, des manifestations étudiantes sont réprimées. Leur chef Abdoul Karim Camara, dit
« Cabral », décède sous la torture, le 17 mars 19804.
En 1982, il est promu général d’armée.
Avec d'autres régimes africains proches de la France, il organise en 1985 une tentative de
déstabilisation du Burkina Faso afin de favoriser le renversement de Thomas Sankara. Soutenu
par la Côte d'Ivoire et le Togo, il fait circuler des rumeurs attribuant à des militaires burkinabés
une violation de la frontière et entre en guerre pour quelques semaines avec le Burkina Faso.
La Central Intelligence Agency (CIA) note dans un câble que « La guerre est née de l'espoir de
Bamako que le conflit déclencherait un coup d’État au Burkina Faso5. »
En 1990 sont fondés le Congrès national d’initiative démocratique (CNID) par l’avocat Mountaga
Tall et l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) par Abdramane Baba. Ces deux
associations vont avec l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) et l’Association
malienne des droits de l'homme (AMDH) combattre le régime de Moussa Traoré et exiger
le multipartisme.

Le coup d’État de 1991[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Coup d'État de 1991 au Mali.
Le 22 mars 1991, une manifestation à Bamako composée de milliers d'étudiants est réprimée par
les armes, faisant plus de 200 morts. Le soulèvement se poursuit jusqu'au 24 mars6. Le 26 mars
1991, un coup d’État militaire mené par le lieutenant colonel Amadou Toumani Touré renverse
Moussa Traoré3. Le Comité de transition pour le salut du peuple est mis en place avec le colonel
Touré à sa tête.

Après la présidence[modifier | modifier le code]


Moussa Traoré est emprisonné à la prison de Markala. En février 1993, lors d'un procès qualifié
de Nuremberg malien, il est condamné à la peine de mort pour crimes de sang commis entre
janvier et mars 1991 par un tribunal de Bamako7. Il est incarcéré ainsi que tous les membres de
sa famille, dont son petit-fils de 6 ans qui a purgé une peine de 14 mois8. Il est le premier chef
d'État africain à devoir répondre de ses actes devant la justice de son pays9. Ayant été condamné
à mort, ainsi que son épouse Mariam, Moussa Traoré est déchu de ses droits civiques, et ne peut
donc plus voter. Il considère cependant avoir été condamné pour des crimes qu'il n'a pas
commis, et avoir été la victime d'un complot politique. Pour lui, le massacre du 26 mars 1991 a
été orchestré par l'opposition politique et les socialistes français qui auraient fait venir des
mercenaires au Mali afin de le déstabiliser10. Il est ainsi gracié en 199711.
Le président Alpha Oumar Konaré commue sa peine pour « crimes économiques » en prison à
vie le 21 septembre 1999 puis, en mai 2002, le gracie3,2. Il est accusé d'avoir détourné pendant
son règne plus de 2 milliards de dollars d'argent public9.
Le Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) est un parti politique malien qui se réclame
de Moussa Traoré10.
Cheick Modibo Diarra, ancien Premier ministre du Mali, est marié à sa fille12. Moussa Traoré vit
depuis sa libération dans une grande villa du quartier Djikoroni-Para à Bamako offerte par le
gouvernement malien8,9.
Il est jusqu'à sa mort considéré comme un « sage ». Il reçoit ainsi quelques jours avant sa mort
les colonels ayant mené le coup d'État de 2020 au Mali6. Mort le 15 septembre, il est inhumé le
18 septembre à l'issue de funérailles nationales présidées par le chef de la junte Assimi Goïta13.

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