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1965 - 1978

.Le successeur de Ben BELLA, Mohamed Brahim Boukharouba , dit Houari


BOUMEDIENE est né le 23 août 1932 à Héliopolis ancienne citée romaine près de
Guelma dans l’Est algérien. BOUMEDIENE acquiert à partir de l’age de 14 ans une
formation en arabe en fréquenta la médersa Kita nia de Constantine, puis la Zitouna
de Tunis, enfin l’université Al Azhar du Caire.
Homme secret, inflexible, idéologue et volontaire quelque peu mystique, il a un côté
Jacobin et centralisateur certains prétendent qu’il a voulu faire de l’Algérie
« La Prusse du Maghreb »
Pour gouverner il délaisse le FLN et s’appuie sur l’armée et sa redoutable police
militaire.Il élimine ainsi les velléité d’opposition ,Mohamed KHIDER est assassiné à
Madrid, Krim BELKACEM principal négociateur d’Evian est étranglé à Francfort,Ait
HAMED et BOUDIAF vivent à l’étranger où ils tentent d’organiser une opposition.
Le conseil de la révolution issue de la déposition de Ben Bell se délite le 15 décembre
1967 le Président BOUMEDIENE destitue ZBIRI et assure désormais le
commandement de l’Armée.En 1972 la Présidence décharge Kaid AHMED de
responsable du FLN et Medeghri ministre de l’intérieur est « suicide »dans des
circonstances mystérieuses.Chérif BELKACEM est limogé en 1975.Seul du clan
d’Oujda Abdelaziz BOUTEFLIKA restera l'inamovible ministre des Affaires
étrangères.
Houari BOUMEDIENE

LA CHARTRE DE 1976
La châtre prétend à la fusion des sphères politiques, économiques. Chaque Algérien
doit être militant de la révolution socialiste, productrice d’une société industrielle,
consommateur du marché national et croyant dans la religion d’Etat. “L’édification du
socialisme s’identifie avec l’épanouissement des valeurs islamiques “Cette charte est
officiellement approuvée le 19 novembre 1976 par 7 080 904 Algériens soit 99,18% de
oui.

CONSTITUTION & PARLEMENT

L préambule de la Constitution de 1976 rappelle que l’Algérie doit son indépendance à


une guerre de libération « qui restera dans l’Histoire comme une des plus grandes
épopée ayant marqué la résurrection des peuples du tiers monde ».
Elle consacre aussi le présidentialisme, la prééminence de l’Etat sur tout autre
organisme représentatif de type partisan ou éléctif.aux élection Le Président
BOUMEDIENE candidat unique obtient 99,38 % des suffages.le 25 février 1977
l’Assemblée populaire nationale est élue.
Les candidats pour l’Assemblée nationale, les assemblées communales,
départementales sont sélectionnés par le parti unique. Ces élus sont, en fait, davantage
des fonctionnaires et des partisans du régime que de véritables représentant du peuple.
L’objectif final n’est pas d’assurer les bases d’un Etat de droit ni d’introduire le
pluralisme, mais d’intégrer la société au système établi par le régime.

CHOIX ECONOMIQUES

Le présidant croit qu’il est possible de passer rapidement du sous-développement au


stade industriel. Cela devient la priorité des priorités avec la conséquence que
l’industrie entraînera l’agriculture. Pour le régime le développement généré par la
rente pétrolifère est censé consolider l’Etat et accroître la capacité de parvenir au
socialisme. Le 24 février 1971 le Président annonce « la décolonisation pétrolifère» La
France boycotte le pétrole Algérien tandis que le dinar se dégage de la zone franc.
.
De 1969 à 1978 une vague de nationalisation permet à l’Etat de contrôler les
instruments économiques. Les entreprises minières, le réseau de distribution d’ESSO et
de Mobil, les industries de cimenterie peinture, huilerie, métallurgie secteur bancaire,
tout y passe. Les nationalisations se terminent fin 1974.
Les moyens mis en place, qu’en est il du plan de planification ?
Malgré les énormes investissements consentis croissance reste lente .Alors que les
investissements en1977 atteint 5O % Taux des plus élevé au monde)
Le PIB augmente en moyenne de 6,4% par an entre les années 1971 et I980 .Les
objectifs d’indépendance économique paraissent vite hors d’atteinte. Le poids du
contrôle de l’Etat la réalisation des articulations essentielles : entre secteur public et
privé entre l’agriculture et l’industrie.

LA REVOLUTION AGRAIRE 1972 à 1975

La révolution agraire est fondée sur le système des coopératives qui s’ajoute au secteur
autogéré. Cette réforme agraire ne suscite pas un grand enthousiasme, la population
paysanne ne se sent pas impliquée par cette transformation autoritaire qui reste
subordonnée aux impératifs de l’Etat. La reconnaissance de l’importance du secteur
agraire est une thèse officielle mais celle-ci est sacrifiée .à l’industrialisation. La
contribution de l’agriculture à la PIB n’est que de 13% en 1970 et ne reçoit que 7 4 %
des investissements dans la période 1974-1977 ce qui ne permet pas le renouvellement
matériel des moyens de production existants. La réforme agraire manque de
cohérence.
Pendant plus de 10 ans prix et salaires restent bloqués de manière à approvisionner les
villes au coût les plus bas possible.
Des usines sont implantées sur plus de 150 000 hectares de bonnes terres agricoles et
drainent la main d’œuvre la plus jeune et la plus qualifiée. La dévaluation radicale du
travail agricole entraîne un exode rural croissant de l’ordre de 100 000 personnes par
an. Le niveau d’autosuffisance alimentaire passe de 7O % en 1969 à 30 % en 1980 .La
moitié des céréales consommées est importée, ainsi que 8O % de l’huile, les 2/3 des
légumes secs et la quasi-totalité du sucre. En 1984 l’Algérie importe 6O % de sa
consommation alimentaire. Ce taux est en progression constante.

PROGRESSION DE L’EMIGRATION

Le 12 janvier 1973 le président Boumediene déclare « Le ressortissant algérien


résidant en France doit être fier de son authenticité arabo-islamique qui le protège de
toute volonté d’intégration dans la société d’accueil ».Il n’en demeure pas moins que la
présence algérienne en France ne cessera de croître. Cette population s’enracine en
France durablement, sans projet de retour. Elle conservera avec son pays d’origine des
liens solides au plan économique comme au plan socioculturel.

CULTURE ET QUESTIONS SOCIALES


Un effort énorme a été consenti concernant l’enseignement et la formation des jeunes.
Cependant le rendement de l’Université est faible .Un peu plus de 7 000 diplômes sont
décernés en 1980-1981.Si le nombre d’étudiants a considérablement augmenté depuis
l’indépendance leur encadrement et leur formation technique sont inadaptés aux
technologies importées .Les formation de cadres aboutissent aux fonction de gestion au
détriment de la maîtrise de la technique.

LE PROBLEME DEMOGRAPHIQUE

La population résidente estimée en juillet 198O est de 18 666 000 personnes avec un
taux de natalité de 8,1 enfants par femme en 1975 (un des taux qui frôle le record
mondial) Une baisse de la natalité se produit en 1984 avec 6,1 enfants par femme. Le
gouvernement lance une campagne pour la limitation des naissances en 1985. En 1992
le taux de natalité est de l’ordre de 3%, les courbes d’évolution prévoient plus de 50
millions d’habitants en 2025.
La politique démographique est concernée par l’ampleur migratoire vers les villes
provoquant un développement d’un habitat précaire à la lisière des grandes villes.

ALGERIANITE

Sous la présidence de Houari BOUMEDIENE les batailles de l’arabisation prennent un


aspect idéologique .Le ministre de la culture déclare « La France a tué la culture
algérienne et en la coupant de toute sève vivifiante et en la tenant en dehors du moment
de l’Histoire. Il s’agit la d’un véritable assassinat » La nouvelle conception est : Du
passé faisons table rase. Le bilinguisme étant considéré comme « circonstanciel »
l’Algérie refuse de s’associer à la froncophonie et lui oppose l’usage de la langue arabe.
Cependant l’arabe littéraire reste une langue
« étrangère » pour la majorité des Algériens, le bilinguisme reste un état de fait.
Les quotidiens Ech Chaab en langue arabe sont moins lus que ceux rédigés en français
comme El Moudjahid ou Algérie –Actualité. En outre la démocratisation de
l’enseignement a paradoxalement multiplié le nombre de francophones.

ETATISATION DE L’ISLAM

Le 12 mars 1976 sont interdits les paris, la vente de boissons alcoolisées.


Le 27 février 1979 est interdit l’élevage du porc
La charte du 27 juin 1976 dispose que l’Islam est religion d’Etat et que le président de
la république doit être de confession musulmane
Toutes les écoles privées sont nationalisées, l’école unique est confessionnelle .Le
nombre de mosquées passe de 2 200 en 1966 à 5829 en 1980.
Dans les 20 années qui suivent l’indépendance la religion est utilisée comme instrument
pour contenir une progression des courants laïques et démocratiques et comme arme de
légitimation du pouvoir.

UNE NOUVELLE HISTOIRE

Trois structures –ETAT – ARMEE – le FLN doivent former un triangle fonctionnel et


se nationalise pour faire oublier leur « illégitimité originale ».
Pour les militaires algériens qui prennent le pouvoir en 1965 il s’agit de refaire
l’histoire en faisant oublier le rôle des maquis de l’intérieur. Ainsi l’armée des
frontières dirigée par BOUMEDIENE rentre en force dans l’histoire algérienne.
Cette écriture commence en 1966quand il est décidé de mettre en œuvre une mesure
de souveraineté en nationalisant par l’arabisation l’enseignement de l’histoire. Les
bibliothèques et surtout les librairies sont contrôlées par l’Etat.
Un arrêté limite les recherches en histoire qui ne sont pas autorisées. Il est alors
courant que des chercheurs étrangers soient accusés d’exploiter l’histoire algérienne à
des fins mercantiles.
D’un autre coté est encouragé la production d’un univers manichéen ou les rôles sont
définis entre les héros et les traites les libérateurs et les oppresseurs.
La devise est : un seul héros,le peuple. Une histoire anonyme se crée puisque disparaît
des manuels scolaires les noms des principaux acteurs. Seuls les morts ont droit de cité.
On fabrique de l’oubli, et il n’est pas étonnant que la jeunesse se débatte avec des trous
de mémoire et se trouve dépolitisée.
La liberté d’expression tente sans cesse de se manifester. Les Algériens assoiffés de
culture éprouvent un besoin de renouveau d’autant qu’a la mort de BOUMEDIENE le
27 septembre 1978 prés de 60 % de la population n’ont pas connu la colonisation .Ni
les « bahis « jeunes exclus du système scolaire, ni les tchi-tchi jeunesse dorée, ni les
Hittistes porteurs de mur ne se reconnaissent dans l’idéologie diffusée par le régime. La
jeunesse Algérienne s’affirmera dans les années 80 – 90 comme une force sociale et
politique explosive.

Extraits de « l’HISTOIRE DE L’ALGERIE DEPUIS L’INDEPENDANCE »


PAR Benjamin STORA

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