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LA VIE DES

DOUZE CESARS
Suétone

Portfolio de Yange Tasha


22 / 04 / 2022
MELH

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SOMMAIRE

I – A propos de Suétone

II – A propos de La Vie des Douze Césars

III – Contextualisation de l’extrait de


l’œuvre choisi

IV – Analyse de l’extrait de l’œuvre

V – Analyse de l’œuvre iconographique


associée

VI – Les sources

VII - Annexes

Portfolio de Yange Tasha


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I – A propos de l’auteur
Nous savons très peu de choses sur la vie de Suétone. Toutefois Pline le
Jeune dans six de ses Lettres ou encore Jean le Lydien dans la Vie
d’Hadrien nous ont offert quelques informations précieuses sur la vie de
l’écrivain.
Suétone naît à Rome, vers 69-70 apr. JC, dans une famille de rang équestre.
Alors âgé de 30 ans, Suétone s’engage à devenir tribun militaire, comme le
fut son père, condition indispensable pour poursuivre sa carrière
administrative de chevalier. Mais Suétone quitta promptement les rangs
pour s’adonner à des recherches sur la rhétorique, menant ainsi une vie
très retirée.
Sous l’aile de son protecteur, Caius Septicius Clarus, Suétone accède à
d’importantes fonctions : celles de secrétaire particulier, intendant des
bibliothèques et enfin responsable de la correspondance de l’empereur
Hadrien. A ce titre, l’érudit recueille de précieuses informations dans les
archives impériales : il entreprend donc de nombreuses recherches
biographiques, portant sur les empereurs, les poètes, les rhéteurs ou encore
les grammairiens célèbres. Il était d’ailleurs, selon Pline le Jeune, d’une
grande probité littéraire et d’une curiosité historique remarquable. De ces
études sortirent d’abord les livres De viris illustribus, consacrés à des
biographies littéraires, puis, peu de temps après, La Vie des Douze Césars.
La carrière de Suétone fut toutefois interrompue en 121 ap JC par
l’empeureur « pour s’être montré trop familier » avec l’impératrice. Ainsi
nous n’avons pu recueillir d’information sur ce qu’il est devenu mais il
mourut vraisemblablement vers 140 après JC.

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II – A propos de La Vie des Douze Césars


Ce biographe méticuleux nous dressa, dans son œuvre La Vie des Douze
Césars, une galerie de portrait, séries de biographies consacrées aux
douze empereurs de Rome, de César à Domitien.
S’appuyant sur des sources faisant autorité, il classe tout par point de vue
(species) : origine familiale, jeunesse, carrière militaire, vie amoureuse,
physionomie, présage et mort. Son style est rigoureux, précis mais tout de
même sobre. Il décrit ainsi, par l’accumulation de détails triviaux, le
pathétique de certains empereurs. Il collectionne les citations, les « petits
détails » et ne manque pas d’exposer l’intime des empereurs. Suétone
procède ainsi à une véritable « démystification » de ces derniers et montre
que par le passé Rome a été gouvernée par des « hommes comme les autres,
en qui se mêlent le bien et le mal » d’après Pierre Grimal.
Grâce à ce chasseur d’anecdotes rares, nous savons aujourd’hui qu’Auguste
faisait la sieste sans ôter ses chaussures, qu’il commettait de grosses fautes
d’orthographe ou encore qu’il adorait croquer des dattes.

Schéma de Yange Tasha

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III – Contextualisation de l’extrait de


l’œuvre choisi

Né en 100 av JC, César est double vainqueur d’une guerre de Gaule, Alésia,
et d’une guerre civile en Afrique qui vient de s’achever en l’an 45 av JC.
A Rome toutes ces institutions séculaires ne font que nourrir le mépris de
César, maintenant dictateur, envers cette république décadente. Et tandis
que son mépris de la République s’accroît peu à peu chaque jour, il
développe toutes sortes d’arrangements, de façon très dangereuse, à tous
ceux qui travaillent pour lui. Il est ainsi sûr de son bon droit mais est déjà
hors la loi car son système révèle en réalité du népotisme.
Dans les rangs des vrais républicains, la désinvolture avec laquelle le
dictateur traite les institutions fait scandale. Seulement, le Sénat est
maintenant à la botte de César : on est allé jusqu’à donner son nom à son
mois de naissance ou encore à envoyer deux de ses statues dans deux
temples de Rome.
Au sein de la classe patricienne, l’idée s’enracine d’un danger imminent
pour la République et c’est chez Casius que naît le souhait de tuer César,
après s’être fait écarter des rangs pour préparer la guerre contre les Partes.
Il demande ainsi à Brutus, fils de la maîtresse de César, de se joindre à lui
pour former un véritable complot.
La nuit du 14 mars an 44 av JC, une soixantaine de conjurés sont
maintenant mis dans la confidence. Le lendemain ce sont les ides de mars,
date à laquelle on soupçonnait César de vouloir justement devenir roi.
Brutus préside en ce jour aux débats du Sénat.

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IV – Analyse de l’extrait de l’œuvre


Assidentem conspirati specie officii circumsteterunt, ilicoque Cimber Tillius, qui primas
partes susceperat, quasi aliquid rogaturus propius accessit renuentique et gestu in
aliud tempus differenti ab utroque umero togam adprehendit: deinde clamantem: "Ista
quidem uis est!" alter e Cascis auersum uulnerat paulum infra iugulum.(2) Caesar
Cascae brachium arreptum graphio traiecit conatusque prosilire alio uulnere tardatus
est; utque animaduertit undique se strictis pugionibus peti, toga caput obuoluit, simul
sinistra manu sinum ad ima crura deduxit, quo honestius caderet etiam inferiore
corporis parte uelata.(3) Atque ita tribus et uiginti plagis confossus est uno modo ad
primum ictum gemitu sine uoce edito, etsi tradiderunt quidam Marco Bruto irruenti
dixisse: kai su teknon; exanimis diffugientibus cunctis aliquamdiu iacuit, donec lecticae
impositum, dependente brachio, tres seruoli domum rettulerunt.(4) Nec in tot
uulneribus, ut Antistius medicus existimabat, letale ullum repertum est, nisi quod
secundo loco in pectore acceperat. (5) Fuerat animus coniuratis corpus occisi in Tiberim
trahere, bona publicare, acta rescindere, sed metu Marci Antoni consulis et magistri
equitum Lepidi destiterunt.

Lorsqu'il s'assit, les conjurés l'entourèrent, sous prétexte de lui présenter


leurs hommages. Tout à coup Tillius Cimber, qui s'était chargé du premier
rôle, s'approcha davantage comme pour lui demander une faveur; et César
se refusant à l'entendre et lui faisant signe de remettre sa demande à un
autre temps, il le saisit, par la toge, aux deux épaules. "C'est là de la
violence," s'écrie César; et, dans le moment même, l'un des Casca, auquel
il tournait le dos, le blesse, un peu au-dessous de la gorge. (2) César,
saisissant le bras qui l'a frappé, le perce de son poinçon, puis il veut
s'élancer; mais une autre blessure l'arrête, et il voit bientôt des poignards
levés sur lui de tous côtés. Alors il s'enveloppe la tête de sa toge, et, de la
main gauche, il en abaisse en même temps un des pans sur ses jambes, afin
de tomber plus décemment, la partie inférieure de son corps étant ainsi
couverte. (3) Il fut ainsi percé de vingt-trois coups: au premier seulement,
il poussa un gémissement, sans dire une parole. Toutefois, quelques
écrivains rapportent que, voyant s'avancer contre lui Marcus Brutus, il dit
en grec: "Et toi aussi, mon fils!" Quand il fut mort, tout le monde s'enfuit,
et il resta quelque temps étendu par terre. Enfin trois esclaves le
rapportèrent chez lui sur une litière, d'où pendait un de ses bras. (4) De
tant de blessures, il n'y avait de mortelle, au jugement du médecin
Antistius (---inconnu par ailleurs), que la seconde, qui lui avait été faite à
la poitrine. (5) L'intention des conjurés était de traîner son cadavre dans le
Tibre, de confisquer ses biens, et d'annuler ses actes : mais la crainte qu'ils
eurent du consul Marc-Antoine et de Lépide, maître de la cavalerie, les fit
renoncer à ce dessein.

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ANALYSE :
Dans ce texte nous pourrons d’abord étudier la place que donne Suétone
aux conspirateurs avant de s’atteler à une analyse méticuleuse sur les
différentes réactions de César.
Tout d’abord, les conjurés paraissent dans cet extrait lâches et rusés. En
effet ceux-ci étaient connus de César : Suétone parle de « Cimber Tillius »
ou encore « Marcus Brutus » qui étaient des personnes du cercle intime de
César. Leur stratagème montre ainsi leur perversité, leur immoralité et
leur froideur face à la mort du dictateur : ils usent de la ruse pour aboutir
à leur fin. D’abord, à la ligne 2 on lit que « Tillius Cimber, qui s'était chargé
du premier rôle, s'approcha davantage comme pour lui demander une
faveur» (« Cimber Tillius, qui primas partes susceperat, quasi aliquid
rogaturus propius accessit renuentique ») . On voit ici que leur stratagème
est soigneusement articulé en différentes étapes très précises pour ne
semer aucun doute dans l’esprit de César. De surcroît, ils comptaient, après
l’avoir tué, laisser son corps se décomposer dans le Tibre et ôter tous les
honneurs qu’un dirigeant de Rome pouvait recevoir après sa mort :
« L'intention des conjurés était de traîner son cadavre dans le Tibre, de
confisquer ses biens , et d'annuler ses actes » (« Fuerat animus coniuratis
corpus occisi in Tiberim trahere, bona publicare, acta rescindere »).
On voit donc ici des sénateurs tout aussi corrompus que violents puisqu’ils
n'hésitent pas à se liguer à vingt personnes pour abattre ce triumvir de
« vingt-trois coups » de poignard.
Du côté de César, on peut voir par ses paroles au style direct ( « Ista quidem
vis est ! » - « C'est là de la violence » à la ligne 4) qu’il conserve son sens de
la réplique et de l’autorité, ce qui dénote un grand sang-froid. Sa deuxième
réaction montre sa vivacité, son courage face à l’adversité : « César,
saisissant le bras qui l'a frappé, le perce de son poinçon — Caesar cascae
brachium arreptum graphio trajecit » (ligne 8). Enfin, la dernière action
révèle sa pudeur et sons sens de la dignité : il ne souhaite être vu ni blessé
ni mourant : « il enroula sa toge autour de sa tête — toga caput obvolvit ».
Les excès de César ont causés sa perte, il est humilié et son autorité,
déchue.
Suétone nous décrit donc le déroulement de l’assassinat de César avec
détail et dépeint la mort tragique d’un dictateur qui voulait s’emparer du
pouvoir romain.

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V – Analyse de l’œuvre iconographique


associée

Dans La Mort de César peinte par Vincenzo Camuccini en 1806, l’œil du


spectateur est immédiatement attiré par César sur le point d’être frappé
par les conjurés.
Le tableau s’organise de manière géométrique. César, peint dans une
tonalité de rouge, et un groupe de conjurés en blanc forment un triangle
dont le sommet est la tête de la statue de Pompée, au pied de laquelle gît
César (cf annexe 1). On peut y voir un brin d’ironie puisque les anciens
triumvirs, devenus ennemis, finissent tous deux assassinés !
La lumière, qui provient d’une source hors champ, éclaire César et se
reflète sur les toges de ses assassins. L’alignement des poignards forme une
limite entre les plans et conduit le regard du spectateur vers la plateforme
en arrière-plan. César tend le bras vers un sénateur armé, que l’on peut
identifier comme celui de Brutus. De profil, les deux hommes se scrutent ;
César semble prononcer : « Tu quoque mi fili ? » la célèbre formule que lui
prête Suétone (cf annexe 2).
La statue de Pompée qui le surplombe rappelle l’importance du premier
homme dans la vie politique romaine. Ce marbre domine le tiers gauche de
l’œuvre, qui rassemble plusieurs sénateurs vêtus de rouge et de vert sur un
décor à l’antique, sombre, à l’instar du dessein des conjurés (cf annexe 3) .
Le tiers droit de l’œuvre ménage un espace entre le groupe agressant
directement César et, au premier plan, des sénateurs dont les toges rouges
et vertes répondent à celles des assassins, créant ainsi un équilibre des
couleurs. Ces derniers se réfugient derrière un trône pourpre posé sur un
socle sombre contrastant avec le pavage clair (cf annexe 3 également).
Au second plan, un groupe de sénateurs vêtus de blanc répond au groupe
central par la palette utilisée. Ils assistent au meurtre, stupéfaits et
horrifiés, le sénateur au bras levé tente- t-il d’arrêter le geste ?
À l’arrière-plan, des statues de divinités placées dans des niches dominent
la scène, et en sont les témoins silencieux (cf annexe 4).
Le tableau se lit ainsi de gauche à droite, de la vie à la mort, de la puissance
à la déchéance, et au glissement vers les enfers auxquels le socle sombre
fait penser. La toile, puissante, s’inscrit dans le mouvement néoclassique
auquel son auteur appartient.

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La Mort de César par Camuccini

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VI – Sources

 Les genres littéraires à Rome (CDI) -


historiographie

 Audio Europe 1 : La mort de César

 www.larousse.com

 www.universalis-edu.com

 https://cdn.reseau-canope.fr

 http://remacle.org/bloodwolf/historiens/suet
one/table.htm

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Annexes
Annexe 1

Annexe 2

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Annexe 3

Annexe 4

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