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Latin 4e, civilisation

La royauté à Rome et ses légendes

Problématique : comment les Romains imaginaient-ils les débuts de l’histoire de Rome ?


Que peut-on savoir de la réalité historique derrière ces légendes ?

Les Romains pensaient que Rome avait été d’abord dirigée par des rois, le premier étant Romulus.
On connaît ces légendes par des écrivains romains comme Tite-Live (en latin Titus Livius) qui a
vécu au temps d’Auguste (Ier siècle avant J.-C.).

Dans la légende, Romulus crée des lois avantageuses pour attirer des gens dans la ville nouvelle. Il
aime faire la guerre : il est belliqueux (du latin bellum, « guerre »). Par la suite, les légendes font
alterner des rois belliqueux et des rois pacifiques (qui vivent en paix : pax, pacis en latin).

Sous le règne de Romulus : mythe de l’enlèvement des Sabines. Voir le texte « De Romae
regibus : Romulus » dans la partie « Langue ». À la fin, les Sabines s’interposent dans la bataille.
Elles réclament l’arrêt des combats… mais aussi de pouvoir rester avec les Romains.
Comment expliquer ce mythe ? Les historiens et historiennes d’aujourd’hui comparent ce mythe
aux traditions antiques sur le mariage. Or les mariages antiques prenaient souvent la forme de
simulacres d’enlèvements (de faux enlèvements) où le futur mari « enlevait » sa future femme. Cela
explique qu’une histoire d’enlèvement débouche sur des mariages et que les Sabines ne demandent
pas à rentrer chez elles.

Analyse d’image : L’Intervention des Sabines, tableau de Jacques-Louis David (1799)

Ce tableau, conservé au Musée du Louvre, montre les Sabines en train de s’interposer entre l’armée
des Sabins (à gauche) et celle des Romains (à droite, reconnaissables à la louve romaine sur le
bouclier d’un guerrier).
Nudité héroïque : c’est le fait, dans les arts antiques, de montrer nus les héros et les divinités pour
les mettre en valeur. La beauté était considérée comme un don des dieux.
La supplication : geste religieux antique qui consiste à enlacer les jambes d’une personne dont on
implore la pitié. Une Sabine à gauche le fait.

Les Sabines amènent leurs bébés parmi les guerriers pour les forcer à cesser le combat et les
apitoyer.

Les mythes autour de la mort de Romulus imaginent que ce héros est admis par Jupiter parmi les
dieux. Après lui, six rois légendaires règnent : trois rois sabins, puis trois rois étrusques.

Les rois sabins

1) Numa Pompilius. Roi sage et pacifique, qui rédige des lois.


2) Tullus Hostilius. Roi belliqueux. Légende des Horaces et des Curiaces.
3) Ancus Martius. Construit Ostie, le port de Rome.

Numa Pompilius passait pour être conseillé par une nymphe, une déesse de la nature, nommée
Égérie.
Être l’égérie de quelqu’un : conseiller et représenter dans les médias une personne, une marque ou
une organisation.
Légende des Horaces et des Curiaces : Tullus Hostilius déclare la guerre à la ville d’Albe.
Pendant les combats, trois frères romains de la famille des Horaces s’entretuent avec trois frères
albins de la famille des Curiaces. Tous meurent, sauf le dernier Horace qui tue le dernier Curiace.
La mère des Curiaces maudit les Romains. Le roi négocie pour lever la malédiction.

Analyse d’image : Le Serment des Horaces, de Jacques-Louis David (XVIIIe siècle)

Le tableau montre les trois Horaces prêtant serment à leur père de se battre avec courage. Les
quatre hommes se tiennent debout, très droits, bras et jambes tendus : cette posture
symbolise la confiance et la vaillance. Sur la droite, la posture des femmes (sœurs, mère)
exprime l’inquiétude et le chagrin : elles sont affalées.
Les couleurs du tableau attirent l’attention sur les hommes, qui portent du rouge et du blanc
sur fond noir = couleurs contrastées.
Le tableau montre une répartition des rôles entre hommes et femmes typique des débuts de
l’histoire de Rome, et qui paraîtrait sexiste de nos jours : les hommes font la guerre, les femmes
restent à la maison et ont pour rôle social d’exprimer le chagrin.
Remarque : le salut romain a été détourné au XXe siècle par les idéologies totalitaires (fascisme
et nazisme).

Les rois étrusques

1) Tarquin l’Ancien
2) Servius Tullius
3) Tarquin, surnommé « le Superbe » (superbus  : orgueilleux).

La légende du viol de Lucrèce servait aux Romains à expliquer la fin de la royauté à Rome.
Sextus Tarquinius, fils de Tarquin le Superbe, devient envieux du bonheur d’un de ses officiers,
Collatinus, dont la femme, Lucrèce, est réputée pour sa vertu (ses qualités morales). Sextus,
qui est lubrique, fait des avances à Lucrèce, qui refuse. Il la viole, et Collatinus est mis au
courant le lendemain par une vieille servante. Il soulève la population contre Tarquin et sa
famille, qui sont chassés.
Tarquin tente de reprendre le pouvoir avec l’aide du roi des Étrusques, Porsenna.
Rome est assiégée par les Étrusques. Les Romains demandent une trêve et, en échange, livrent
des otages : plusieurs jeunes femmes. Parmi elles, Clélia parvient à s’évader par ruse et rentre à
Rome sur les chevaux des gardes. De nouveau livrée aux Étrusques, elle est libérée par
Porsenna que son courage a impressionné.
Mucius Scaevola, un jeune Romain, s’infiltre une nuit dans le camp étrusque pour assassiner
Porsenna, mais il se trompe et tue son aide de camp à la place. Arrêté, il se brûle
volontairement la main sur un brasero (support rempli de braises pour éclairer et chauffer),
pour montrer qu’il ne craint pas la douleur, et il jure que, chaque nuit, quelqu’un d’autre
tentera la même chose. Porsenna, impressionné par le courage des Romains, renonce à la
guerre.

De la légende à la réalité historique

Les historiens actuels pensent que ces légendes déforment la réalité : les Romains ne peuvent
pas avoir été toujours victorieux. Mais cette époque reste mal connue, car nous n’avons que les
textes des Romains sur ces guerres, et l’archéologie ne permet pas toujours de reconstituer les
événements.

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