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Le projet de loi de finances (PLF) devient la loi de finances (LF) du fait de son
adoption par le Parlement. L’art. 34 de la Constitution dispose que la loi fixe les règles
« concernant l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de
toutes natures ». Il est prolongé par l’art. 14 de la Déclaration des droits de l’homme et
du citoyen (DDHC) qui proclame, que tous les citoyens « ont le droit de constater par
eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution publique, de la
consentir librement et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la
durée ». L’adoption parlementaire de la LF consacre le principe de la légalité fiscale qui
n’est autre que la reconnaissance moderne du principe médiéval du consentement à
l’impôt lequel puise ses racines dans le Grande Charte de 1215. On ajoutera que le
principe de la légalité fiscale est aujourd’hui universellement reconnu et,
qu’historiquement, il est allé de pair avec le développement de l’instance parlementaire
et l’affermissement de la démocratie.
Deux remarques doivent être apportées.
La LF est, d’abord, une loi. Cette affirmation est importante puisque, par voie de
conséquence, le cadre général de l’adoption de la LF est celui de la procédure législative
ordinaire. Pour notre part, l’adoption de la LF doit être examinée dans ce que nous
appellerons la procédure budgétaire parlementaire. Mais la LF est une loi particulière
car nombre de règles applicables aux lois ordinaires sont écartées au profit de
dispositions spécifiques à la LF.
La procédure d’adoption (procédure législative) de la LF illustre, ensuite, parfaitement le
phénomène de rationalisation du parlementarisme (ou parlementarisme rationnalisé) qui
caractérise tant la Vème République.
Ces deux précisions étant données, on peut affirmer que la procédure d’adoption
de la LF est une procédure hyper-rationalisée. Elle l’est d’abord en raison de la
rationalisation temporelle qui encadre l’intervention du Parlement ; elle l’est, ensuite en
raison de la rationalisation matérielle qui encadre sévèrement le pouvoir de vote des
parlementaires.
Pour quelle raison, l’adoption de la LF est-elle enfermée dans des délais ? Cette question
en appelle une autre à titre liminaire : qu’entend-on par adopter dans les délais ?
Adopter dans les délais signifie concrètement que le Parlement doit voter la LF avant le
début de l’exercice budgétaire. Autrement dit, la LF de l’exercice N doit être votée au
plus tard le 31 décembre de l’exercice N-1. Un exercice budgétaire ne peut pas s’ouvrir
en France sans vote d’une LF. La meilleure façon d’y parvenir consiste à obliger le
Parlement à se prononcer sur le PLF dans des délais impartis.
Cette précision étant posée, l’explication de l’existence des délais est à rechercher dans
l’un des grands principes de notre public français : le principe de la continuité de la vie
nationale. Cela a été jugé par le Conseil constitutionnel, pour la première fois, dans la
décision n° 83-161 DC du 19 juillet 1983 puis réaffirmé par la suite (n° 2001-448 DC du
L’art. 47 de la Constitution fixe le cadre général qui est précisé par les art. 40 et 45
LOLF. Une lecture combinée de ces dispositions laisse apparaître plusieurs points
significatifs.
D’abord, Le Parlement doit se prononcer sur le PLF dans un délai global de soixante-dix
jours. L’expression « se prononcer » doit être entendue comme signifiant adopter ou
rejeter par les deux assemblées. Par voie de conséquence, une adoption (ou d’un rejet)
par une seule chambre, ne permet pas de satisfaire à la condition selon laquelle le
Parlement s’est « prononcé ».
Ensuite, le délai de soixante-dix-jours court à compter du premier mardi d’octobre, date
à laquelle le PLFI et certains documents annexés doivent être déposés devant les
chambres (Conseil constitutionnel, n° 2001-448 DC du 25 juillet 2001). Le délai de
soixante-dix jours est opposable aux PLFI et aux PLFR (bien que ces derniers n’aient pas
à respecter la date du dépôt avant le premier mardi d’octobre) ainsi qu’en a jugé le
Conseil constitutionnel en 1983 (décision n° 83-161 DC, précitée). En effet, les LR, tout
Les mécanismes de sauvegarde sont les dispositifs permettant l’intervention d’un acte
budgétaire, avant le début d’un exercice, lorsque la LFI n’a pas été adoptée par le
Parlement malgré les délais qui lui sont imposés ou ne peut pas être promulguée.
Cette procédure de la loi de finances spéciale, prévue par l’art 45 LOLF reprend aussi un
dispositif de l’ordonnance du 2 janvier 1959 qui fut mis en œuvre pour la loi de finances
de 1980. En effet, la loi de finances initiale de 1980 avait été déposée au plus tard le
premier mardi d’octobre et votée dans le délai de soixante-dix jours. Cependant, le
Conseil constitutionnel avait censuré l’intégralité de la loi de finances au motif que l’AN
avait voté la deuxième partie de la loi de finances sans avoir adopté, au préalable, la
première partie, et notamment l’article d’équilibre, (décision n° 79-110 DC du 24
décembre 1979). La loi de finances régulièrement adoptée ne pouvait donc être
promulguée par le Président de la République. On précisera cependant que la règle du
vote distinct et successif des deux parties de la loi de finances a été reprise par l’art. 42
Les leçons de la crise de 1979, ont été tirées par la LOLF dans son art. 45 LOLF :
« Si la loi de finances de l’année ne peut être promulguée ni mise en application en vertu
du premier alinéa de l’art. 62 de la Constitution, le Gouvernement dépose
immédiatement devant l’AN un projet de loi spéciale l’autorisant à continuer à percevoir
les impôts existants jusqu’au vote de la loi de finances de l’année ; Ce projet est discuté
selon la procédure d’urgence ». Plus simplement, l’art. 45 LOLF autorise le
Gouvernement à utiliser la procédure de la loi de finances spéciale lorsque le Conseil
constitutionnel censure la loi de finances initiale adoptée par le Parlement.
La navette se définit comme le va-et-vient d’un texte entre l’AN et le Sénat. Elle
résulte de l’art. 45 de la Constitution qui précise que tout projet ou proposition de loi doit
être successivement examine par les deux assemblées en vue d’une adoption en termes
identiques. On rappelle que la loi est ensuite promulguée par décret du Président de la
République dans un délai de 15 jours (art. 10 de la Constitution), sauf nouvelle
lecture demandée par ce dernier ou saisine du Conseil constitutionnel (art. 61 de
la Constitution).
L’adoption du projet de loi de finances, en termes identiques, se vérifie rarement
après une seule lecture devant chaque chambre ne serait-ce que parce que la chambre
haute et la chambre basse représentent des intérêts (politiques ou pas) différents. Les
solutions retenues pour surmonter les obstructions, de l’une des deux chambres refusant
de voter le texte, sont soucieuses du respect du principe de la continuité de la vie
nationale. Elles sont également structurées pour satisfaire aux exigences découlant de la
L’AN et le Sénat ne
votent pas le
compromis en
termes identiques
Le Gouvernement A l’expiration du
n’intervient pas délai de 70 j mise
en application des
dispositions du PLF
par voie
d’ordonnance
L’AN et le Sénat ne
votent pas le texte
litigieux en termes
identiques
Le Gouvernement A l’expiration du
n’intervient pas délai de 70 j mise
en application des
dispositions du PLF
par voie
d’ordonnance
Nous savons que le PLF assorti de certains documents (bleus) doivent être
déposés et distribués, au plus tard, le premier mardi d’octobre aux assemblées
parlementaires (art. 39 LOLF). Pour assurer le respect de l’art. 39 de la Constitution, l’AN
se saisit la première du texte conformément au droit de priorité qui lui est reconnu. Le
Sénat entamera la procédure d’examen plus tard.
Hormis cette particularité, la procédure se déroule de la même façon devant les deux
chambres. Le président de l’assemblée saisie transmet le texte aux commission
permanentes (8 à l’AN et 7 au Sénat), parmi lesquelles le rôle de la commission des
finances doit être souligné.
La commission des finances (de l’AN ou du Sénat) examine, à titre principal (au
fond), le PLF et les documents l’accompagnant. Concrètement, elle procède en deux
temps. Son travail est restitué dans différents rapports.
1 – Premier temps
► Enfin, l’art. 49 LOLF a introduit la procédure du dialogue budgétaire qui voient les
commissions (y compris des finances) adresser des questionnaires, avant le 10 juillet,
aux différents ministères avec obligations pour ces derniers d’y répondre avant le 10
octobre.
2 - Second temps
La commission des finances (AN ou Sénat) rend compte de son activité par
l’intermédiaire de rapports qui sont mis à la disposition des autres membres de
l’assemblée saisie. De ce point de vue, deux situations doivent être distinguées.
Le rapport le plus important est le rapport général qui examine le PLF et
comprend trois tomes (tome 1 : contexte économique et grandes lignes du PLF ; tome
2 : 1ère partie du PLF ; tome 3 : 2ème partie du PLF et amendements proposés). Mais
surtout, ce rapport est rédigé par le rapporteur général de la commission des finances
(également appelé rapporteur général du budget) qui bénéficie d’une autorité politique
considérable puisque fin connaisseur des procédures budgétaires, il personnifie le pouvoir
financier de l’assemblée dont il est membre.
Des rapports spéciaux (en ce qu’ils concernent un aspect particulier du PLF, en
général les différentes missions) accompagnent le rapport général. Ils sont rédigés par
des rapporteurs spéciaux. On en compte près d’une cinquantaine.
Les autres commissions sont saisies pour avis. Elles examinent les affaires
relevant de leur compétence technique et rédigent un rapport pour avis.
Leur rôle est bien moins important que celui de la commission des finances.
Néanmoins elles peuvent s’appuyer sur les pouvoirs conférés par les art. 49
(questionnaire) et 58 (assistance de la Cour des comptes) LOLF. En revanche, les
commissions pour avis ne peuvent réclamer l’application de l’art. 57 LOLF. Elles peuvent
également proposer des amendements.
§ 2 – LE RENFORCEMENT DE LA CONNAISSANCE DU
CONTEXTE BUDGÉTAIRE
► L’art. 41 LOLF se réfère « au chaînage vertueux » : le PLF de N ne peut être voté sans
qu’au préalable le PLR de N-2 n’ait été adopté par le Parlement.
Le chaînage vertueux donne donc, au Parlement, l’occasion de se prononcer sur les choix
du futur en ayant connaissance des résultats du passé. Il est rendu possible car l’art. 46
LOLF oblige le Gouvernement à déposer le PLR avant le 1 er juin de l’année qui celle de
l’exécution.
► On rappellera que l’art. 48 LOLF identifie les documents qui doivent permettre la tenue
du DOFIP, lors du dernier trimestre de la session ordinaire (été). Ces documents, de
nature économique et financière, dotent le Parlement d’une excellente connaissance des
grandes lignes du futur PLF qui lui sera soumis à l’automne, en vue de son adoption.
Son observation montre combien l’adoption du PLF reste bien une procédure
rationalisée. D’une part la discussion en séance publique est étroitement encadrée et
d’autre part le pouvoir de vote des parlementaires est limité.
Une fois l’examen du texte en commission achevé et les rapports des différentes
commissions distribués aux parlementaires de la chambre concernée, s’ouvre la
discussion en séance publique.
Discussion Générale
La discussion générale prend la forme d’un débat assez bref dont l’objet est
d’introduire et de présenter (sur un plan général) le PLF. Souvent présenté comme la
phase politicienne du débat budgétaire, la discussion générale est soumise à un minimum
d’organisation qui laisse transparaître trois temps fort.
D’abord, le PLF est présenté aux parlementaires selon un ordre particulier : le rapporteur
général de la commission des finances puis le ministre des finances puis le président de
la commission des finances puis le Premier ministre.
Ensuite, les orateurs, représentant les différents groupes politiques, prennent la parole.
Enfin, le ministre des finances clôt la discussion générale en répondant aux différentes
interventions.
► Normalement les articles doivent être discutés puis votés en fonction de leur
numérotation, du premier au dernier : article 1 puis article 2 et ainsi de suite jusqu’au
dernier.
► C’est lors de la discussion et du vote article par article que les parlementaires pourront
faire usage du droit d’amendement (voir infra).
► L’art. 42 LOLF impose le respect du vote distinct et successif des deux parties du PLF
puisque la seconde partie du PLF et des PLFR « ne peut être mise en discussion devant
une assemblée avant l’adoption de la première partie ». On sait du reste que la
méconnaissance de cette règle, sous l’empire de l’ordonnance du 2 janvier 1959 avait
entraîné une censure du Conseil constitutionnel de la loi de finances de l’exercice 1980
(décision n° 79-110 DC du 24 décembre 1979). La doctrine considère que le respect de
cette règle concerne essentiellement l’article d’équilibre qui figure dans la première partie
du PLF.
Sont des articles non budgétaires les articles de caractère fiscal fixant le taux d’une
imposition ou déterminant une règle d’assiette, de liquidation, de recouvrement ou de
contentieux d’une imposition. En effet de tels articles ne contiennent pas eux-mêmes une
prévision et une autorisation chiffrée de recette, même si leur application aura une
incidence sur les recettes de l’Etat. Ils doivent être considérés comme des articles non
budgétaires.
Sont des articles budgétaires les articles qui par exemple détaillent le montant d’une
recette ou fixent le montant d’une dépense.
● Les ressources budgétaires donnent lieu à un seul vote. Ce vote unique inclut les
ressources du budget général, des budgets annexes et des comptes spéciaux. On
constate donc que l’assemblée saisie vote en une seule fois quasiment toutes les recettes
prévues et autorisées par le PLF.
NB : les notions de ressources budgétaires, de budget général et de comptes spéciaux
seront détaillées ultérieurement.
● Les dépenses budgétaires sont soumises à des modalités de vote spécifiques selon trois
modalités.
▪ En ce qui concerne les budgets annexes (voir infra), l’assemblée vote les dépenses (AE
et CP) par budget annexe (les dépenses de chaque budget annexe).
▪ Pour les comptes spéciaux (voir infra), l’assemblée vote (AE, CP) également par compte
spécial (les dépenses de chaque compte spécial).
C’est la troisième et dernière étape de la discussion générale. Une fois que tous
les articles ont été discutés et votés (ou rejetés) de façon individuelle, l’assemblée saisie
vote en une seul fois le texte. Cette opération ne soulève aucune difficulté ; elle
correspond au vote solennel du texte.
L’art. 101 du règlement de l’AN par exemple prescrit que l’AN peut décider « sur la
demande du Gouvernement ou d’un député qu’il sera procédé à une seconde délibération
sur tout ou partie du texte en discussion. Il ajoute que la seconde délibération est de
droit lorsqu’elle émane du Gouvernement (ou de la commission saisie au fond ou si celle-
ci l’accepte).
Ces dispositions constituent les dispositions les plus coercitives pour le Parlement.
On relèvera d’ailleurs qu’elles ne sont pas applicables aux amendements
gouvernementaux. L’art. 40 de la Constitution s’applique à toute loi quelle qu’en soit
l’origine (projet ou proposition) ou la nature (LF ou loi ordinaire). Tout amendement
parlementaire qui contrevient à ces dernières dispositions encourt l’irrecevabilité (rejet
sans examen au fond). La décision de déclaration de l’irrecevabilité appartient aux
instances parlementaires ou au Gouvernement. Mais en dernier recours, le Conseil
constitutionnel tranche (jurisprudence constante) la question de la recevabilité d’un
amendement au regard de l’art. 40 de la Constitution, à condition qu’un débat ait eu lieu
devant l’assemblée saisie du texte (décision n° 2012-654 DC du 9 août 2012).
Il existe cependant un moyen pour les parlementaires de s’affranchir des limites
de l’art. 40 de la Constitution : un parlementaire peut toujours proposer la suppression
d’un article d’un texte, sur la base de l’art. 44 de la Constitution, sans que l’art. 40 soit
opposable (principe de l’unité de vote à ne pas confondre avec le principe de l’unité
budgétaire).
Cependant comme le diable se cache dans les détails, on constate que le texte de
l’art. 40 de la Constitution utilise le pluriel « la diminution des ressources publiques ».
Partant, l’interdiction de l’art. 40 de la Constitution doit s’analyser comme prohibant les
amendements parlementaires dont l’adoption se traduirait par une diminution du
montant total « des ressources publiques ». Cette interprétation de l’art. 40 permet alors
d’affirmer que les amendements parlementaires sont interdits lorsqu’ils emportent une
baisse du montant total des ressources publiques. Concrètement, les parlementaires
peuvent donc baisser le volume d’une ressource publique à condition d’en créer une
nouvelle ou d’augmenter celui d’une ressource existante pour un montant, au moins,
équivalent. Cette théorie s’appelle la compensation ou l’amendement compensé. La
théorie de l’amendement compensé contribue à accroître le pouvoir des parlementaires
dans le cadre fixé par l’art. 40 de la Constitution. Le Conseil constitutionnel, dans une
décision classique (76-64 DC du 2 juin 1976) dont les principes valent sous l’empire de la
LOLF, a précisé que la compensation n’était possible que si était réelle (une baisse d’une
recette s’accompagnait bien de l’augmentation d’un autre pour un montant au moins
équivalent), immédiate (pas de décalage dans le temps entre la baisse d’une ressource
et l’augmentation d’une autre ressource) et bénéficier à la même personne (il n’est pas
possible de réduire les ressources de l’Etat et d’augmenter celles des collectivités
territoriales).
Mais en cas de navette ou lorsque le texte prévoit lui-même une baisse des
ressources publiques la base de référence est le texte en discussion.
Ex : Une charge existe d’un montant de 100, le PLF veut la porter à 80. Les
amendements parlementaires peuvent-ils proposer 70, 110 et 90 ?
Les Parlementaires peuvent naturellement baisser les crédits de cette charge à
70 (baisse d’une charge publique) ;
Ils ne peuvent en revanche proposer 110 (augmentation d’une charge).
Ils pourront toutefois proposer 90 car la base de référence étant le droit existant
(100), l’amendement se traduit par une baisse de la dépense.
Ex : Une charge existe d’un montant de 100, le PLF veut la porter à 120. Les
amendements parlementaires peuvent-ils proposer 90, 110 et 130 ?
Les amendements parlementaires peuvent proposer 90 (baisse du montant de la
charge publique).
Ils ne pourront en revanche proposer 130 (augmentation du montant de la
charge publique).
Comme la base de référence est le texte en discussion (120) et non le droit
existant (100), les parlementaires pourront aussi proposer 110.
Les cavaliers budgétaires sont donc des « intrus », interdits par les textes car ils
dénaturent les LF. Signalons que l’interdiction des cavaliers budgétaires a été reprises
pour les lois ordinaires avec la prohibition des cavaliers législatifs et les LFSS avec celle
des cavaliers sociaux.
La prohibition des cavaliers budgétaires est posée par deux séries de textes.
Les art. 34 à 37 LOLF précisent les dispositions qui peuvent être contenues en LF
(LFI, LFR et LR) : autorisation de perception des impôts, article d’équilibre, montant
définitif des recettes et des dépenses de l’Etat… Les cavaliers budgétaires sont alors
jugés par rapport à l’énumération des art. 34 à 37 LOLF puisque toute disposition
étrangère à ces articles est qualifiée de cavalier budgétaire.
L’art. 47 LOLF dispose que « les amendements non conformes aux dispositions de
la présente loi organique sont irrecevables ». L’interdiction des cavaliers budgétaires
prend, dans ce cadre-là, la forme d’une prohibition générale puisqu’il n’est pas permis
d’introduire par voie d’amendement des dispositions qui contreviennent aux dispositions
prévues par la LOLF.
Il n’en demeure pas moins que l’interdiction des cavaliers budgétaires possède un
périmètre d’application large les amendements parlementaires (naturellement) mais
aussi les amendements gouvernementaux. De façon plus générale, l’interdiction des
cavaliers budgétaires vaut également à l’égard du gouvernement lorsque celui-ci prépare
le PLF car une mesure contrevenant aux art. 34 à 37 et 47 LOLF est un cavalier
budgétaire interdit.
Il revient au Conseil constitutionnel de qualifier une disposition de cavalier
budgétaire dans le cadre du contrôle à priori des LF. Les sages mentionnent alors qu’une
disposition « est étrangère » au domaine des LF pour signifier qu’il s’agit d’un cavalier
budgétaire. La jurisprudence, désormais bien établie, présente des difficultés
d’interprétation. En effet, le critère retenu par le juge est celui de l’effet direct de la
L’art. 95 du règlement de l’AN prévoit que « la réserve ou la priorité d’un article ou d’un
amendement, dont l’objet est de modifier l’ordre de la discussion, peut toujours être
demandée. Elles sont de droit à la demande du Gouvernement ou de la commission
saisie au fond ».
Le commentaire de l’art. 44-3 est essentiel bien qu’il s’applique aussi aux lois
ordinaires.
Tout d’abord, on constate que le vote bloqué peut être mis en œuvre par le
Gouvernement (rationalisation du parlementarisme) devant l’AN et le Sénat.
Ensuite, l’art. 44-3 autorise le Gouvernement à s’opposer aux amendements
parlementaires auxquels il n’a pas consenti (« en ne retenant que les amendements
proposés ou acceptés par le Gouvernement »).
Enfin, avec cet article, le Gouvernement demande à l’assemblée saisie de se
prononcer par un seul vote sur tout (l’intégralité du texte) ou partie d’un texte (quelques
articles, un article, un amendement à un article) sans qu’il soit possible de l’amender
pour les parlementaires. Aussi qualifie-t-on le vote bloqué de la technique du tout ou
rien, le Parlement se trouvant placée devant l’alternative suivante :
- Soit adopter le texte ;
- Soit le rejeter ;
- Sans pouvoir l’amender.
Dans la pratique, le fait majoritaire aidant, le Gouvernement emporte l’adhésion des
parlementaires et leur vote dans le sens souhaité.
L’art. 44-3 de la Constitution est d’autant plus utilisé qu’il peut se doubler de la technique
de la réserve. Cette technique permet de déroger à la règle du vote des articles du PLF
en fonction de leur numérotation (voir supra). En effet, lorsqu’un article du PLF pose des
difficultés (absence des parlementaires soutenant le PLF, opposition politique ou de la
chambre) et risque de ne pas être approuvé par une chambre, le Gouvernement a le
choix entre deux solutions.
D’abord, il peut laisser se dérouler le vote en fonction de la numérotation des articles. En
cas de rejet d’un article, le Gouvernement essuie un camouflet politique même si
juridiquement, il pourra demander, ultérieurement, un nouveau vote et rattraper ainsi
---------------------------------------------------------- AN
--- Examen en commission 40 jours
------------------------------------------------------------------- Navette
------------------------------------------------------------------------------ Conseil
constitutionnel
(éventuellement, DC)
------------------------------------------------------------------------------
Promulgation
Décret du PR
------------------------------------------------------------------------------ Conseil
constitutionnel
(éventuellement, QPC)
Limitations amendements
Parlementaires