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Master en Finances publiques et fiscalité

Semestre : S1
Module : Législation financière

Professeurs : M. SBIHI Mohammed

Travail sur :
Répartition des pouvoirs
financier entre législatifs et
exécutifs
Présenté par :

FATIMAZAHRA BELKADI
TSIMBA BAKITA ORNELLE
KENZA EL IDRISSI ISMAILI
MOSTAPHA KAMAL
DONZO MORY KOMARA

Année universitaire : 2021-2022


Introduction 
(Sans doute d’après l’opinion commune, le rôle du parlement n’est
pas de gouverner mais, au contraire, de laisser le gouvernement agir
de sa propre initiative, sauf a surveiller son activité et a mettre en
jeu, sil y a lieu la responsabilité ministérielle)1 CARRE de
MALBERG.
Il faut noter que les liens existant entre le pouvoir financier et le
pouvoir politique ne sont plus à démontrer, car nous constatons que
les phénomènes financiers publics sont avant tout des phénomènes
politiques, les premiers sont étroitement lies avec les seconds. C’est le
phénomène politique qui se transforme en phénomène financier.
Les fiances publiques fondent la substance des pouvoirs politiques et
constituent en cela un instrument privilégié d’analyse et de création
des institutions.2 Les rapports entre ces pouvoirs : exécutif
(Gouvernement) et législatif (Parlement) en finances publiques,
doivent être analysés dune manière satisfaisante, principalement
pendant la procédure budgétaire. Ces rapports font l’objet de
polémique, partant sur la théorie de Montesquieu (Le pouvoir limite le
pouvoir).
Le gouvernement étant l’organe chargé de la bonne gouvernance des
deniers publics, habilité par la loi par le biais du chef de
gouvernement, de préparer le projet de loi de finances 3, ainsi après
l’adoption de ce projet en loi de finances initiale par le parlement, il
est l’organe spécial éminent en charge d’exécution de la loi de
finances et d’assurer le contrôle administratif indispensable.
Le parlement étant le représentant des citoyens, par le biais du
principe de consentement à l’impôt, pousse ce dernier de s’affirmer
face a l’exécutif en matière budgétaire. Il s’agit dune démocratie, dans
la quelle le parlement est un rouage essentiel pour indiquer les
références de la société. Il défend les intérêts de toutes couches en
évaluant les politiques publiques et veillant à la mise en œuvre de ces
politiques. Il vote la loi de finances initiale, rectificatives, de
1
CARRE de MALBERG. (Contribution a la théorie de l’Etat), Tome II, édition Librairie du recueil SIREY, 1922,
Paris. P. 10.
2
THAMI BOUDIAB, (Pouvoir financier du parlement a la lumière de la constitution de 20111), éditions
universitaires européennes 2016, Allemagne, p. 7.
3
L’article 32 de la loi organique relative a la loi de finances (Sous l’autorité du 1 premier ministre, le ministre
charge des finances prépare le projet de loi de finances).
règlement qui retrace les comptes de fin d’année. Il doit également
s’assurer à travers son travail de contrôle que la gestion des affaires
publiques se fait en toute transparence et dans le respect des lois et des
règlements en vigueur. Ces différentes prérogatives fondent le pouvoir
du parlement en matière des finances publiques.
Les deux pouvoirs financiers, sont de nature constitutionnelle 4. Pour
bien mener ces différentes fonctions, il faut essentiellement que la
séparation des pouvoirs soit effective et ne souffre d’aucune ambiguïté
dans la quelle le pouvoir doit arrêter le pouvoir pour éviter d’en
abuser.5 En réalité aujourd’hui avec les impératifs du
(parlementarisme rationnalisé) du le parlement est devenu le
législateur d’exception alors que le gouvernement est considéré
comme le véritable (législateur de droit commun)6, il s’est avéré
comme la plus importante tache de l’institution législative, du moment
que l’exécutif monopolise la préparation des lois de finances qui sont
d’origine gouvernementale. De ce fait, il est nécessaire de renforcer le
pouvoir financier du législatif en matière du contrôle parlementaire
des finances publiques afin d’aboutir a une véritable répartition
équilibrée de pouvoir financier.
Au Maroc, la répartition de pouvoir financier entre l’exécutif et
législatif n’était pas équilibrée depuis la constitution de 1962 dont le
gouvernement monopolisait plus en plus le pouvoir financier par
rapport au parlement. Mais a partir de l’adoption de la première
constitution jusqu’à constitution de 2011, nous constatons une
émergence progressive par des différentes reformes
constitutionnelles, ainsi celle de 2011, qui a doté l’institution
parlementaire des moyens de contrôle de l’action gouvernementale en
matière financière. Avec cette nouvelle constitution de 29 juillet 2011,
on assiste à une véritable responsabilisation du parlement dans les
questions budgétaires de l’Etat. Dont la constitution charge le
parlement de veiller à la qualité des débats relatifs, ainsi a la

4
Conformément aux disposition de l’article 77 de la constitution Marocaine de 2011 (le gouvernement et le
parlement veillent a la préservation de l’équilibre des finances de l’Etat).
5
HASSANE BOUTALEB, (contrôle rôle parlementaire sur le gouvernement au Maroc : étude des trois premières
années de la première la huitième législation 2007-2010), Mémoire de fin pour l’obtention de diplôme de
master en droit public, encadre par professeur ZHIR FOUZIA, UM5-FSJES-Rabat-AGDAL, année universitaire
2010-2011. p. 2.
6
THIAMI BOUDIAB, op.cit. p. 8.
rationalisation des charges publiques et au meilleur suivi de
l’exécution des prévisions budgétaires.7
Notre étude consiste à mettre en exergue la répartition de pouvoir
financier entre l’exécutif et législatif, analyser les attributions de ces
deux pouvoirs en matière des finances publiques, afin de montrer si la
nouvelle constitution de 2011 respecte le principe de la démocratie
parlementaire et de bonne gouvernance des finances publiques dans la
transparence et responsabilité. Ainsi de répondre aux exigences du
rééquilibrage des pouvoirs.
Donc, il nous semble opportun de se poser la question suivante :
Apres l’adoption de la nouvelle constitution marocaine de 2011, la
répartition de pouvoir financier entre l’exécutif et législatif est elle
équilibrée ?
Pour répondre à cette problématique, il nous semble nécessaire
d’emprunter la méthode démonstrative et analytique. Etudier dans une
première partie : les pouvoirs financiers du législatif et de l’exécutif
et traiter dans une seconde partie : le déséquilibre existant en matière
de pouvoirs financiers ainsi que des alternatives qui peuvent s’avérer
utile pour maintenir un équilibre entre eux.
PLAN :

Chapitre (I) : Les attributions financières de l’exécutif et du


législatif
Section1 : Les attributions financières de l’exécutif
Section 2. Les attributions financières du pouvoir législatif
Chapitre (II) : La prédominance du pouvoir exécutif sur le
pouvoir législatif en matière des finances publiques
  Section 1 : Le déséquilibre entre les prérogatives parlementaires et
pouvoir réglementaire étendu en matière financière.
Section 2 : Mécanismes pour un bon équilibre 

7
Idem. p. 10.
Chapitre (I) : Les attributions financières de l’exécutif et du
législatif

Le budget est un instrument essentiel à la gestion publique à travers


lequel l’Etat peut mettre en place les politiques publiques et
atteindre ses objectifs. La gestion du budget est orientée par le droit
budgétaire, qui détermine en outre les compétences des pouvoirs
législatif et exécutif dans les étapes du cycle budgétaire : la
préparation, l’adoption, l’exécution et le contrôle. La distribution de
compétences entre le gouvernement et le parlement, les interactions
entre ces acteurs vis-à-vis du budget déterminent ce caractère plus
ou moins démocratique du système politique du royaume. La
participation du parlement à la décision financière apparaît non
seulement comme essentielle à la démocratie, mais aussi comme une
garantie de plus de transparence et d’efficacité des finances
Publiques.

Section (1) : Les attributions financières de l’exécutif

Le gouvernement est une institution qui exerce le pouvoir exécutif au


sein d’une entité politique dans un régime parlementaire tel que
celui du Maroc. Le gouvernement est responsable politiquement
devant le parlement. C’est lui qui décide et entreprend les actions
nécessaires à la conduite de l’Etat. Il fixe l’orientation générale de la
politique. Il prend toutes les décisions et fait réaliser toutes les
actions nécessaires au bon fonctionnement de l’Etat.

• pouvoir d’élaboration du projet de loi de finance

Conformément à l’article 46 de la Lof, le ministre des finances


prépare les projets de lois de finances sous l’autorité du chef du
gouvernement conformément aux orientations générales ayant fait
l’objet de délibérations au conseil des ministres conformément à
l’article 49 de la constitution. Le ministre des finances est habilité à le
faire car il est le chef des services financiers, il a entre ses mains
toutes les informations nécessaires. Évidemment il ne fait pas un
travail individuel, il travaille en collaboration avec les autres
ministres. Ces derniers vont présenter leurs propositions de dépenses
et leurs propositions de recettes pour leurs ministères respectifs.
Pour préparer le projet de loi de finance le ministre des finances doit
suivre une procédure, un calendrier que le gouvernement doit
respecter.

*puissance du gouvernement sur le parlement

On remarque que seul le gouvernement à travers le ministre des


finances est habilité à élaborer le projet de loi de finances. Le
parlement quant à lui joue le rôle de contrôleur. Pour élaborer le
projet de loi de finances, le gouvernement dispose de plus de 8mois
tandis que le parlement ne dispose que de moins de deux mois pour
voter le projet soumis devant les deux chambres du parlement.
L’analyse du projet par les parlementaires ne pourra être que
superficielle vu qu’il sera difficile pour eux d’analyser de manière
méticuleuse un projet élaborer en plus de 8mois juste en quelques
jours.

•pouvoir d’exécution du budget

Une fois le projet de loi de finance est approuvé par le


parlement, le gouvernement peut procéder à son exécution à
travers ses agent d’exécution : les ordonnateurs et les comptables
publics. A partir du moment où le parlement a voté le projet de loi de
finance, le gouvernement peut exécuter la loi de finances comme ça
le sied. En effet, l’article 62 de la LOF précise que le gouvernement
peut en cours d’année surseoir à l’exécution de certaines dépenses
d’investissement bien que votées par le parlement et ce si la
conjoncture économique l’exige.

•pouvoir de perception des recettes fiscales


Seul le gouvernement à travers le ministère de l’économie et des
finances a le pouvoir de percevoir les impôts et les taxes afin
d’exercer ses fonctions classiques, économiques et sociales.

•pouvoir de mise en œuvre du budget

Après l’exécution de la loi de finance, le gouvernement passe à sa


mise en œuvre de façon transparente et avec performance.
Transparence :le gouvernement doit mettre à la disposition des
citoyens toutes les informations en rapport avec la situation
économique du pays.
Performance :le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour
atteindre les objectifs fixés.

Section (2) : Le pouvoir législatif

Le parlement est constitué de l’ensemble des élus chargés de voter la


loi, contrôler l’action gouvernementale et représenter les citoyens.
De nombreux pays accordent une place assez privilégiée au
parlement dans le processus budgétaire afin de renforcer la bonne
gouvernance des finances publiques. Il est certain que l’existence
d’un parlement efficace permet d’améliorer la gestion des affaires
publiques et éviter toutes manœuvres visant l’utilisation des fonds
dans des missions autres que celles qui lui sont dévolues. Le projet de
loi de finances, aux termes de l’article 48 de la loi organique des
finances, est déposé au plus tard le 20 octobre de l’année qui
précède l’année d’exécution du budget. Celui-ci deviendra une loi de
finances suite à l’autorisation du parlement. L’approbation du projet
de loi de finances par le pouvoir législatif est une règle fondamentale
du régime démocratique affirmée par la constitution. Le parlement
détient des taches majeures en matière budgétaire à savoir :
-Le vote des lois : le parlement vote de la loi de finances dans les
limites prévues par la loi organique des finances. Le parlement
autorise le gouvernement de percevoir des recettes.
-le contrôle de l’action gouvernementale : L’article 14 de la
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, prévoit que : "tous
les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs
représentants, la nécessité de la contribution publique, de la
consentir librement, d’en suivre l’emploi... Le parlement a travers ce
contrôle s’assure que ce dernier s’est acquitté de ses responsabilités,
a légalement utilisé les fonds public et même de manière efficace. Le
parlement doit s’assurer ainsi que les gestionnaires publics on agit de
manière responsable .
-avancer des amendements : Malgré que l’exercice du droit
d’amendement accordé aux députés est présent, cependant de
pouvoir reste limité et strictement encadré par des dispositions
constitutionnelles, organiques et réglementaires inspirées du «
parlementarisme rationalisé ». Ceci peut être démontré à travers
l’article 77 qui édicte les mesures suivantes : les propositions et
amendements formulés par les membres du parlement ne sont pas
recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence par
rapport à la loi de finances soit la création ou l’aggravation d’une
charge publique. L’article 56 de la LOLF reprend cette limitation.

Le gouvernement peut opposer de manière motivée l’irrecevabilité à


des articles additionnels ou amendements ayant pour objet soit une
diminution de ressources publiques soit la création ou l’aggravation
d’une charge publique. Les amendements proposés devront rester
dans la limite du projet de loi de finances, doivent être justifiés et
motivés. L’article 79 prévoit que le gouvernement peut opposer
l’irrecevabilité à toute proposition ou amendement qui n’est pas du
domaine de la loi.
Vu le bicamérisme qui caractérise notre système politique marocain,
la loi de finances est votée par les deux chambres. La chambre de
représentants se prononce dans un délai de 30 jours après le dépôt
du projet de la loi de finances.
Dès le vote du projet par la première chambre, la chambre des
conseillers est saisit pour se prononcer dans un délai de 22jours.
Reste à signaler qu’en cas de désaccord, le dernier mot revient à la
chambre de représentants.

La procédure :
Le Projet de loi de finances est déposé devant les deux chambres
réunies dans une seule salle 70 jours avant la fin de l’année.
Suite a la présentation du ministre des finances, il n y a ni débat ni
questions.
Apres chaque chambre discute le projet isolement.
1- Présentation du cadre général de la préparation du projet de loi
de finances :
Le ministre chargé des finances expose devant la commission des
finances le cadre général de préparation du projet de loi de
finances de l’année suivante, cet exposé comporte :
- L’évolution de l’économie nationale
- L’état d’avancement de l’exécution de la loi de finances en
cours à la date du 30 juin
- -les données relatives à la politique économique et financière
- La programmation budgétaire triennale globale.

Le dit exposé donne lieu à un débat sans vote.


2-dépôt du projet :
La loi de finances lors de son dépôt est accompagnée des 13 rapports
du ministère des finances afin d’éclairer les parlementaires et offrir
plus de détails manquant lors de la lecture du projet.
3-présentation du projet de loi de finances en séance plénière :
Une le projet de loi de finances est déposé, une séance plénière est
prévue pour la présentation par le ministre des finances des grandes
lignes du projet de loi.
Cette présentation se fait devant les deux chambres réunies.
Le ministre commence par faire un exposé sur le contexte
économique national et international.
Il traite la situation lors de l’application du dernier budget voté et
s’attache a entrevoir les perspectives d’avenir.
Ensuite, le ministre expose les grandes lignes de son projet ainsi que
les orientations générales de l’Etat en matière économique financière
et sociale.
Pendant cette séance les députés écoutent et n’interviennent pas.
Deux à trois jours plus tard, le projet est soumis à la commission des
finances pour examen.
4-le projet devant la commission des finances :
Le rôle de la commission des finances est essentiel. Elle apporte une
aide capitale à l’ensemble des parlementaires dans l’étude des
textes.
Le rapporteur général de la commission des finances présente un
rapport général reflétant l’esprit et les moments forts du débat.
5- l’examen du budget en séance plénière :
L’examen en séance plénière commence par un discours du
rapporteur général de la commission des finances, suivi par les
interventions des différents présidents des groupes parlementaires
par ordre d’importance.
La discussion générale commence par l’examen des articles relatifs
aux recettes.
La seconde partie du projet ne peut être soumise au vote de l’une
des deux chambres avant le vote de la première partie.
6- saisine de la seconde chambre :
La chambre de représentants se prononce dans un délai de 30 jours
après le dépôt du projet de la loi de finances.
Dès le vote du projet par la première chambre, la chambre des
conseillers est saisit pour se prononcer dans un délai de 22jours.
En cas de désaccord, le dernier mot revient a la chambre de
représentants.
Si à la fin de l’année budgétaire, la nouvelle loi de finances n’est pas
encore votée ou n’est pas promulguée en raison de sa soumission au
conseil constitutionnel, le gouvernement ouvre par décret les crédits
nécessaires à la marche des services publics et à l’exercice de leurs
missions en fonction des propositions budgétaires à approbation aux
termes de l’article 75 de la constitution.

La gestion des finances publiques, principalement en matière de loi


de finances, par l'exécutif peut, en effet, s'écarter plus ou moins des
prévisions contenues dans l'autorisation parlementaire. Cette faculté
tient aux assouplissements et des dérogations.

Chapitre (II) : La prédominance du pouvoir exécutif sur le


pouvoir législatif en matière des finances publiques

Section 1 : Le déséquilibre entre les prérogatives parlementaires et


pouvoir réglementaire étendu en matière financière.

La participation du Parlement à la décision financière apparaît


non seulement comme essentielle à la démocratie, mais aussi comme
une garantie de plus de transparence qui depuis longtemps ont été
apportés en vue d'une gestion publique plus souple. Cet objectif pose
cependant un problème de fond : celui de savoir comment concilier
prérogatives parlementaires et efficacité de la gestion publique.
 
En matière législative et réglementaire, l'exécutif a toujours
détenu des pouvoirs très étendus en matière des finances publiques
et ce sous l'effet des dispositifs à caractère financier qui permettent à
l'exécutif d’avoir une certaine suprématie par rapport au législatif ou
encore à la nature des lois de finances qui revêtent une technicité
élevée quant à leur montage. 
 
L’objectif de ce travail est d’analyser comment les pouvoirs
législatif et exécutif interviennent au sein du domaine des finances
publiques et dans quelle mesure la nature des rapports entretenus
permettent au pouvoir exécutif de bénéficier d’une certaine
suprématie.
Le Parlement est un acteur essentiel dans la gestion des finances
publiques et dans la définition des politiques publiques. Avec la
promulgation de la Constitution de 2011, on assiste à un véritable
pouvoir financier du parlement. Ses compétences en matière
financière ont été considérablement renforcées, notamment dans sa
mission de contrôle de l’élaboration et du vote des lois de finances.
Le parlement est ainsi habilité à demander des comptes au
gouvernement, et à exercer pleinement son rôle dans la
rationalisation et l’optimisation des finances publiques.  
Certes les compétences du pouvoir législatif en matière budgétaire et
financière, ont été élargies, toutefois le pouvoir exécutif exerce
toujours un rôle prédominant dans le domaine des finances
publiques. La prédominance du pouvoir exécutif est, en grande
mesure, matérialisée par l’usage de certains mécanismes prévus par
le cadre législatif et réglementaire en place. 
 
Pour approcher cette répartition des compétences et dans quelle
mesure elle consacre une suprématie du pouvoir exécutif par rapport
au législatif, il y a lieu d’analyser certaines prérogatives conférées aux
deux pouvoirs dans le domaine des finances publiques. 
 
Au niveau du législatif :
 
1. L’asymétrie d’information : Il est vrai que dans le cadre de la
consécration du principe de reddition des comptes, La LOF
prévoit l’enrichissement de la documentation budgétaire,
soumise au Parlement, qui comprend en plus des projets des lois
de finances, les rapports qui les accompagnent (article 48), en
plus d’une palette d’information qui peuvent être
communiquées au Parlement. Toutefois, force est de constater
que le gouvernement, fort de l’expertise de son administration,
mène le jeu tout au long du processus budgétaire. Ainsi, Le
législatif ne dispose que des données et des informations que le
gouvernement accepte de lui communiquer voire même il
risque de se noyer dans les données chiffrées et les informations
détaillées sans avoir pour autant la visibilité et la clarté
nécessaires à l’analyse et la prise de décision. 
2. Le «fait majoritaire» : qui tend à favoriser l'émergence d'une
nette majorité. Il se produit lorsqu'une majorité nette se dégage
au parlement. Il faut bien admettre que ce fait majoritaire rend
délicat la mise en jeu de la responsabilité du gouvernement, en
fait il joue en faveur de l’exécutif et le soutient pleinement. Ce
qui démontre le rôle important de l’opposition dans les régimes
démocratiques. Face au soutien quasi systématique de la
politique gouvernementale par la majorité, il devient difficile de
remettre en cause les choix budgétaires du gouvernement.
 
Au niveau de l’exécutif :
 
1. Irrecevabilité des amendements : on entend par amendement le
droit de soumettre au vote du parlement des modifications aux
textes dont il est saisi. Il est considéré comme l’initiative
législative. C’est une forme d’expression principale du droit
d’initiative des parlementaires. Partagé avec le gouvernement, ce
droit, bien que libre, est toutefois strictement encadré par des
dispositions constitutionnelles, organiques qui portent sur la
recevabilité financière (les amendements parlementaires ne sont
pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit
une diminution des ressources publiques, soit la création ou
l’aggravation d’une charge publique (l’article 77 de la constitution
consacrée par l’article 56 de la LOF-) et législative (les
amendements doivent relever du domaine de la loi) des
amendements. D’autres restrictions d’ordre procédural, portant
en particulier sur les délais de dépôt, sur l’examen préalable par la
commission des finances saisie, sur le lien avec le texte en
discussion ou sur les restrictions qui s’appliquent après la première
lecture, viennent en complément. Il semble donc à travers ces
exigences, qu’il existe une extrême limitation du pouvoir du
parlement en matière financière.
 
1. La possibilité de passer outre l’autorisation parlementaire : il y a
lieu de signaler à cet égard que l’article 75 de la constitution et
l’article 50 de la LOF donne au gouvernement la possibilité d’ouvrir
par décret les crédits nécessaires à la marche des services publics
en fonction des propositions budgétaires soumises à approbation,
et ce en cas de non vote ou non promulgation du projet de loi de
finances dans les délais requis.
 
1. L’habilitation du gouvernement à agir par voie réglementaire sur
des mesures relevant du domaine de la loi : même si le Parlement
exerce le pouvoir législatif, l’article 70 de la constitution stipule
qu’une loi d'habilitation peut autoriser le gouvernement, pendant
un délai limité et en vue d'un objectif déterminé, à prendre par
décret des mesures qui sont normalement du domaine de la loi.
Ainsi, l’exécutif peut créer des SEGMA au cours de l’année
budgétaire à condition de les soumettre à la ratification du
parlement dans la plus prochaine loi de finances. De même pour
l’article 26 de la LOF qui stipule que le gouvernement peut créer
un CST en cas d'urgence ou de nécessité impérieuse imprévue en
cours d’année. 

Sur la même lignée, des crédits supplémentaires peuvent être


ouverts par décret en cours d'année et ce en cas de nécessité
impérieuse et imprévue d'intérêt national (article 60 de la LOF).
Les commissions parlementaires chargées des finances en sont
préalablement informées sans pour autant qu’elles disposent du
pouvoir de jugé cette nécessité impérieuse ni de s’opposer à
cette décision.
 
1. Le recours limité au LFR : il est vrai que les dispositions de l’article
77 de la Constitution qui responsabilisent le Parlement et le
Gouvernement sur la préservation de l’équilibre des finances de
l’Etat, et conformément au principe de sincérité budgétaire
consacré par la LOF qui exige la présentation de lois de finances
rectificative en cas de modifications significatives des priorités et
des hypothèses de la loi de finances de l’année, le recours à une
Loi de Finances Rectificative reste exclusivement du ressort de
l’exécutif. Si le gouvernement ne prend pas l’initiative de procéder
par une loi rectificative, le parlement ne peut en aucun cas
l’exiger.

1. Le recours au sursis : En effet l’article 62 de la LOF précise que le


gouvernement peut en cours d'année surseoir à l'exécution de
certaines dépenses d'investissement bien que votées par le
parlement et ce si la conjoncture économique l’exige. Cette
décision est communiquée aux commissions parlementaires à titre
d’information. 
1. L’autorisation d’emprunter : chaque année la loi de finances
comporte des dispositions stipulant que le gouvernement est
autorisé à procéder au financement par l’emprunt et par le
recours à tout autre instrument financier. Il y a lieu de signaler que
cette autorisation de financement par l’emprunt aussi bien
intérieur qu’extérieur est ouverte pour toute l’année sans que
l’exécutif puisse ait recours au parlement avant toute sortie pour
emprunter. Autrement dit, le parlement donne une autorisation
globale sans pour autant pouvoir en assurer le suivi et
l’opportunité durant l’année. Une fois la loi de finances votée,
l’exécutif dispose de toute la latitude de sortir librement sur le
marché de l’emprunt.
1. Les prérogatives de l’exécutif en cas de l’Etat d’urgence :
Nonobstant toute disposition législative et réglementaire en
vigueur, le gouvernement peut, en cas d'extrême nécessité,
prendre, à titre exceptionnel, toute mesure d'ordre économique,
financier, social ou environnemental revêtant un caractère urgent,
les mesures nécessaires qu'exige l’état d’urgence et ce par des
décrets, décisions réglementaires et administratives ou par des
circulaires et avis, en vue d'assurer une intervention immédiate et
urgente. (Décret-loi n° 2-20-292 du 23 mars 2020 édictant des
dispositions particulières à l'état d'urgence sanitaire et les mesures
de sa déclaration article 3 et article 5).

Section 2 : Mécanismes pour un bon équilibre

 Le projet de loi de règlement est lui aussi accompagné de


nombreux documents : le compte général de l’Etat, le rapport
annuel de performance, le rapport sur les ressources affectées
aux collectivités territoriales et le rapport d’audit de
performance. Plus important, les comptes de l’Etat devront
même être certifiés par la Cour des Comptes dès 2020. La
question est de savoir si nos parlementaires seront en mesure
d’exploiter toute cette documentation financière ???
 Le renforcement du rôle budgétaire du parlement constitue un
des piliers pour la consolidation de la démocratie dans les pays
en développement. Il devrait comprendre, entre autres, les
activités suivantes :
 Mettre à niveau le cadre juridique et institutionnel
conformément aux « bonnes normes internationales (PEFA,
OCDE, FMI) lorsque cela n’est pas encore effectué ;
 Mettre en place et consolider le système d’information
budgétaire et comptable de sorte qu’il puisse permettre de
produire et publier sans retard, ni défaillance, l’information
budgétaire infra annuelle nécessaire au contrôle parlementaire
et le projet de loi de règlement ;
 Développer les rôles et les pouvoirs des commissions
parlementaires en leur accordant des moyens techniques et des
ressources humaines adéquats, en les rendant libres de toute
influence du gouvernement, en les permettant de tenir des
séances publiques, de pouvoir convoquer ministres et
responsables de l’administration et experts ;
 Renforcer les capacités d’analyse budgétaire des parlements
par la création des véritables services d’analyse budgétaire au
sein des parlements avec un personnel compétent et
indépendant des services de l’exécutif ;
 Mettre en œuvre des programmes de formation et de
développement des compétences pour les parlementaires (et
particulièrement les membres des commissions des finances) et
leurs assistants experts en gestion des finances publiques.
L’encadré suivant fournit un programme de formation à
adapter à chaque contexte national.

Ainsi, certains articles de la constitution et de la LOF doivent être


revus pour diminuer l’hégémonie financière du gouvernement et ce,
par des moyens nécessaires au renforcement et à la consolidation
des principes et des pratiques d’un contrôle financier équilibré et
efficace au parlement. A ce titre, il faut citer :
1- limitation du pouvoir financier gouvernemental au projet
de loi de finances
On assiste à une prédominance manifestée du gouvernement
en termes des projets de lois de finances conformément à ce
qui ressort de l’article 46 de la LOF et de l’article 49 de la
Constitution. 
De même, il faut revoir l'article 77 de la Constitution qui stipule
que le Gouvernement peut procéder aux opérations nécessaires
à la couverture des besoins de trésorerie, afin de préserver
l'équilibre des finances de l’Etat.
2- limitation du pouvoir financier gouvernemental en
programmation budgétaire 
Pour atténuer cette suprématie, il faut une meilleure
implication de l’institution parlementaire dans le processus de
programmation budgétaire. De ce fait, celle-ci se trouve dotée
d’un ensemble de compétences, renforcées par la nouvelle
constitution de 2011, qui lui permettent d’intervenir en matière
financière pour contrôler le budget de l’Etat dans les différentes
étapes de celui-ci, que ce soit au cours de la discussion et du
vote de la loi de finances initiale, au niveau de l’exécution du
budget ou encore après l’exécution de celui-ci.
 
3- limitation de l’asymétrie informationnelle.
L’asymétrie informationnelle en faveur du gouvernement doit
être corrigée en vue de permettre au pouvoir financier
parlementaire l’autorisation parlementaire rationnelle. A
défaut, il apparaît un manque de visibilité stratégique des
finances publiques.
Il faut accorder plus d’importance à l’autorisation parlementaire
qui a perdu son importance face à la prévision qui est devenue
l’élément essentiel et déterminant de l’intégration des finances
publiques à l’économie en général, vu la technicité des
problèmes budgétaires et la maîtrise de l’information par le
gouvernement.
En plus, l’information du parlement par les organes
administratifs de contrôle (IGF-CED) ne se fait pas de façon
directe, mais elle est réalisée à travers le ministre des finances.
4- Limitation de l’utilisation abusive de l’article 77 de la
constitution
Cet article précise que si un amendement formulé par un
député et qui aura, soit une diminution des ressources
publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge
publique, il est écarté automatiquement. Mais, des virements
de crédits peuvent être effectués à l'intérieur d'un programme
et entre les programmes d'un même chapitre.
 5- Rationalisation de formes de débudgétisation par une
gouvernance participative 
La débudgétisation est justifiée par le pouvoir exécutif par le
nécessaire remise en ordre des finances publiques. Cependant,
il faut impliquer le parlement dans ces opérations financières,
d’autant plus qu’il s’agit de report, allègement ou transfert du
budget de l’Etat à un autre support budgétaire non législatif. 
 6- Nécessité d’une culture de règles déontologiques  
Le Parlement est théoriquement en mesure de contrôler les
finances publiques mais, ce pouvoir financier est
insuffisamment utilisé.  En effet le gouvernement dispose
normalement de l’appui de la majorité parlementaire, par
conséquent ledit gouvernement a une marge de liberté pour
adopter les projets qu’il souhaite. Néanmoins, il reste
responsable devant le parlement auquel il doit rendre compte.
          7- Repenser les conditions d’accès au parlement.
            Il faut avoir des diplômes adéquats pour siéger au Parlement,
en vue de l’exercice efficace de   mission parlementaire
 
CONCLUSION :

L’objectif de cet exposé était de montrer les pouvoirs financiers


attribués au gouvernement et au parlement. Il s’agissait de répondre
à la question de savoir si après l’adoption de la constitution
marocaine de 2011, la répartition du pouvoir financier entre
l’exécutif et le législatif est équilibré. Pour répondre à cette
problématique, nous avons présenté les différents pouvoirs que
chacun d’eux possèdent. Puis nous avons constaté un déséquilibre
entre les deux pouvoirs car on remarque que les pouvoirs financiers
du gouvernement sont beaucoup plus importants que ceux du
parlement. On a été amené à chercher des alternatives pour un bon
équilibre.

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