Vous êtes sur la page 1sur 11

CNFPT

[Finances-Les essentiels] Le
contrôle des actes budgétaires
locaux
Auteur : Wiki Territorial

www.wikiterritorial.cnfpt.fr
WikiTerritorial
Un espace d'échanges et de partage d'informations autour des collectivités territoriales.

[Finances-Les essentiels] Le contrôle


des actes budgétaires locaux

Table des matières

Centre National de la Fonction Publique Territoriale — Page 2


WikiTerritorial
Un espace d'échanges et de partage d'informations autour des collectivités territoriales.

[Finances-Les essentiels] Le contrôle


des actes budgétaires locaux

Famille :

Les concours de la FPT


Dernière mise à jour : janvier 2021

Si, selon les articles 72 et 72-2 de la constitution du 4 octobre 1958, les collectivités locales s’administrent librement
« par des conseils élus bénéficiant de ressources dont ils peuvent disposer librement », le pouvoir constituant de
ème
la 5 République a également pris le soin de rappeler que cette liberté s’exerçait « dans les conditions fixées
par la loi ».

A cet effet, le dernier alinéa de l’article 72 précise ainsi que « Dans les collectivités territoriales de la République,
le représentant de l’Etat (le Préfet), représentant de chacun des membres du Gouvernement, a la charge (…) du
contrôle administratif et du respect des lois. »

L’architecture décentralisée de l’Etat français s’organise donc autour de collectivités locales disposant d’une
grande autonomie budgétaire et financière, encadrée toutefois par le contrôle exercé par le Préfet.

C’est ici à une double surveillance à laquelle les ordonnateurs et leur assemblée délibérante devront se soumettre
au travers du contrôle de légalité et du contrôle budgétaire, lesquels pourront nécessiter l’intervention du juge
administratif (contrôle de légalité) ou du juge financier (contrôle budgétaire).

Schéma des contrôles exercés sur les actes budgétaires des collectivités locales

Centre National de la Fonction Publique Territoriale — Page 3


WikiTerritorial
Un espace d'échanges et de partage d'informations autour des collectivités territoriales.

[Finances-Les essentiels] Le contrôle


des actes budgétaires locaux

1. Le contrôle préfectoral du budget


Dans le cadre du contrôle de légalité, les services de la préfecture (ou de la sous-préfecture) vont effectuer deux
types de contrôle différents. Il s’agit du contrôle interne qui portera sur la forme des actes budgétaires et financiers
qui leur sont transmis et du contrôle externe qui portera, cette fois-ci, non pas sur la forme mais sur le fond de ces
mêmes actes.

1.1. La légalité interne des actes budgétaires


Le contrôle de la légalité interne s’exercera dans les mêmes conditions que les contrôles opérés sur les autres
délibérations à caractère non budgétaire de la collectivité. Ainsi, appliqué à des actes à caractère budgétaire et
financier, ce contrôle va principalement porter sur quatre points différents :

• le délai de convocation de l’assemblée délibérante en vue notamment d’adopter le budget et les autres actes à
caractère financier comme le compte de gestion, le compte administratif ou les décisions budgétaires modificatives.
Ce délai de convocation, que doit respecter l’ordonnateur, doit être d’au moins cinq jours francs pour les collectivités
de plus de 3 500 habitants et de trois jours francs pour les collectivités de moins de 3 500 habitants ;

• le respect du quorum, tel que fixé par le code général des collectivités territoriales (CGCT), prévoit pour les
communes que le conseil municipal ne délibère valablement que lorsque la majorité de ses membres en exercice
est présente. La majorité est ainsi atteinte si le nombre de conseillers municipaux en exercice présents à la séance
est supérieur à la majorité du nombre des membres de l’assemblée délibérante. Ce nombre doit excéder le nombre
des conseillers en exercice divisé par 2, le nombre étant, le cas échéant, arrondi à l’entier supérieur (ainsi, par
exemple, si le conseil municipal est constitué de 11 conseillers en exercice, le quorum sera atteint dès que 6 membres
auront répondu présents à la convocation du conseil municipal). Toutefois, il est prévu que si, après une première
convocation, le conseil municipal ne s’est pas réuni en nombre suffisant, la réunion du conseil municipal après la
seconde convocation à trois jours d’intervalle sera valable, et ce, quel que soit le nombre de conseillers municipaux
présents.

• la règle de majorité est également précisée par le CGCT. Ainsi, pour l’ensemble des collectivités, les délibérations
comme celles, par exemple, adoptant le budget primitif ou le budget supplémentaire sont prises à la majorité des
suffrages exprimés. La notion de « suffrage exprimé » exclut de comptabiliser les personnes qui se sont abstenues ou
qui n'ont pas pris part au vote. Les conseillers qui refusent de prendre une position nette sur un projet de délibération
qui leur est soumis par le Maire, quel qu'en soit le motif, peuvent effectivement s'abstenir de voter, mais cette
abstention est sans conséquence sur la règle de majorité.

• la présentation régulière des actes budgétaires conformément aux maquettes budgétaires imposées la loi et
le règlement. Les instructions budgétaires et comptables (comme la M14 ou la M49 par exemple) fixent un mode
de présentation normalisé des documents budgétaires qui doit être respecté. De plus, les différentes annexes
des budgets et comptes administratifs doivent également être conformes et remplies en totalité. L’absence de ces
annexes (dans lesquelles on va, par exemple, trouver l’ensemble des emprunts souscrits par la collectivité ou encore
le nombre d’agents salariés par celle-ci) rendra la présentation du budget incomplète et entraînera la censure du juge
administratif pour vice de forme (dans la mesure où il y aura eu un défaut d’information de l’assemblée délibérante).

1.2. La légalité externe des actes budgétaires


Le contrôle de la légalité externe des actes budgétaires amènera les services de la préfecture à porter une attention
particulière sur un aspect prioritaire : l’absence de dépenses interdites.

Les dépenses interdites sont des dépenses que la collectivité n’a pas le droit d’inscrire à son budget. En effet,
selon le CGCT, à côté des dépenses obligatoires (comme la paye des agents de la collectivité, par exemple) et des
dépenses facultatives (l’indemnité de conseils au comptable public), on trouve également une troisième catégorie
de dépenses dites interdites.

Centre National de la Fonction Publique Territoriale — Page 4


WikiTerritorial
Un espace d'échanges et de partage d'informations autour des collectivités territoriales.

[Finances-Les essentiels] Le contrôle


des actes budgétaires locaux

Dans ce cadre, les dépenses des collectivités locales doivent, en toutes circonstances, répondre à la satisfaction
de l’intérêt public local. A contrario, les dépenses effectuées dans un but purement privé seront donc interdites
(comme la prise en charge des dépenses d’une entreprise locale ou d’un particulier dans le cadre d’une opération
immobilière).

De la même façon, les dépenses d’une collectivité doivent respecter le principe de neutralité de l’action publique. A
ce titre, il sera interdit pour une collectivité de verser une subvention à un parti politique ou encore de subventionner
des salariés en grève. De même, le principe de laïcité s’opposera à ce qu’une subvention soit versée à un culte.

Qu’il s’agisse d’un contrôle portant sur la légalité interne ou sur la légalité externe des actes budgétaires,
l’éventuelle censure de ces actes nécessitera l’intervention du juge administratif. En effet, depuis les lois de
décentralisation de 1982, le Préfet ne dispose plus de la possibilité d’annuler de sa propre initiative une délibération
qui lui paraitrait illégale.

Le préfet ne dispose donc plus que de la possibilité d’introduire, dans les 2 mois suivant la transmission des
actes budgétaires à ses services, un déféré préfectoral devant le tribunal administratif au cas où il aurait détecté
une illégalité. Mais, à la fin, seul le juge administratif pourra se prononcer sur cette éventuelle illégalité et si elle est
établie prononcer l’annulation de l’acte budgétaire irrégulier.

2. Le contrôle du budget par la Chambre régionale des


comptes
En dehors du contrôle de légalité, les actes budgétaires des collectivités locales peuvent également être soumis au
contrôle budgétaire. Ce contrôle, même s’il est exercé par le juge financier, est encore une fois initié par les services
de la préfecture qui dans ce cas ne saisiront pas le juge administratif mais la Chambre régionale des comptes (CRC).

Dans le cas du contrôle budgétaire, les juges financiers ne peuvent donc pas s’autosaisir d’éventuelles irrégularités
financières commises par les collectivités.

Les motifs de saisine de la CRC par le Préfet sont au nombre de cinq : absence de vote du budget, déséquilibre du
budget, rejet du compte administratif, déficit excessif de celui-ci ou encore non-inscription d’une dépense obligatoire.

2.1. L’absence de vote du budget


Si le budget primitif de la collectivité n’est pas voté le 15 avril, le Préfet saisira automatiquement la CRC. On
remarquera que l’échéance du 15 avril est reportée au 30 avril les années de renouvellement des organes délibérants
et même au-delà du 30 avril lorsque les données que l’Etat doit transmettre aux collectivités territoriales ne l’ont pas
été de manière effective (absence de notification de la DGF par exemple).

Cette saisine entraîne dessaisissement de l’assemblée délibérante qui perd ainsi tout pouvoir quant à son budget.
La CRC dispose alors d’un mois pour formuler au Préfet des propositions en vue du règlement administratif du
budget de la collectivité.

Centre National de la Fonction Publique Territoriale — Page 5


WikiTerritorial
Un espace d'échanges et de partage d'informations autour des collectivités territoriales.

[Finances-Les essentiels] Le contrôle


des actes budgétaires locaux

2.2. Le déséquilibre du budget


Il peut s’agir en fait de trois situations distinctes. Soit l’une des sections ou les deux sections (fonctionnement et
investissement) sont en déséquilibre, c’est-à-dire qu’il y a plus de dépenses inscrites que de recettes. Soit les recettes
et les dépenses sont évaluées de façon insincère (omission d’inscrire une dépense obligatoire comme par exemple
le remboursement de l’emprunt) sachant que l’appréciation de la sincérité des évaluations doit néanmoins tenir
compte d’une nécessaire marge d’approximation. Soit enfin, l’annuité de la dette en capital est couverte par un autre
emprunt, c’est ce que l’on appelle le non-respect du « petit équilibre ».

Centre National de la Fonction Publique Territoriale — Page 6


WikiTerritorial
Un espace d'échanges et de partage d'informations autour des collectivités territoriales.

[Finances-Les essentiels] Le contrôle


des actes budgétaires locaux

Enfin, l’équilibre doit être constaté budget par budget. La CRC va donc contrôler le budget primitif puis elle
contrôlera tous les budgets annexes de la collectivité. On ne peut donc pas agréger l’ensemble des budgets afin
d’obtenir une éventuelle compensation entre déficit et excédent de ceux-ci.

2.3. Le rejet du compte administratif


Le CGCT dispose que le vote de l’assemblée délibérante arrêtant le compte administratif (CA) doit intervenir avant
le 30 juin de l’année suivant celle du budget primitif ; sa transmission au Préfet devant ensuite intervenir au plus tard
15 jours après la date limite d’adoption (soit le 15 juillet). Si les dates de vote et de transmission du CA ne sont pas
respectées ou en cas de rejet du CA, le Préfet saisira la CRC sans délai.

Lorsque le CA fait l’objet d’un rejet par l’assemblée délibérante, le projet de CA joint à la délibération de rejet - s’il
est conforme au compte de gestion établi par le comptable public - sera repris et imposé par la CRC qui dispose
d’un mois pour rendre son avis suite à la saisine du Préfet.

Centre National de la Fonction Publique Territoriale — Page 7


WikiTerritorial
Un espace d'échanges et de partage d'informations autour des collectivités territoriales.

[Finances-Les essentiels] Le contrôle


des actes budgétaires locaux

2.4. Le déficit excessif du compte administratif


Lorsque le CA fait apparaître un déficit égal ou supérieur à 10 % des recettes réelles de la section de fonctionnement
pour les collectivités de - de 20.000 habitants et de 5 % pour les collectivités de + de 20 000 habitants, le Préfet
saisit la CRC.

Celle-ci propose, dans un délai d’un mois à la collectivité, les mesures nécessaires à la résorption du déficit qui doit
intervenir dans le budget primitif suivant. Le budget primitif de l’exercice suivant est donc obligatoirement transmis
à la CRC. Si le déficit est trop important et qu’il ne peut pas être résorbé en un an, la CRC pourra proposer un plan
de redressement pluriannuel.

Centre National de la Fonction Publique Territoriale — Page 8


WikiTerritorial
Un espace d'échanges et de partage d'informations autour des collectivités territoriales.

[Finances-Les essentiels] Le contrôle


des actes budgétaires locaux

2.5. La non-inscription d’une dépense obligatoire


Sont obligatoires pour les collectivités locales, les dépenses nécessaires à l’acquittement de dettes exigibles et les
dépenses pour lesquelles la loi l’a expressément décidé.

Dans ce cadre, si le Préfet constate que les crédits nécessaires au paiement d’une dépense obligatoire inscrite
au budget sont disponibles, il peut engager directement la procédure de mandatement d’office. Il constate alors lui-
même le caractère obligatoire de la dépense (par arrêté préfectoral), et va mandater d’office la dépense en saisissant
directement le comptable public.

Par contre, si les crédits nécessaires ne figurent pas au budget de la collectivité locale concernée, le Préfet va
saisir la CRC au titre de la procédure d’inscription d’office des dépenses obligatoires dans un délai de 15 jours à
partir de la date où il a connaissance de cette insuffisance de crédits.

Centre National de la Fonction Publique Territoriale — Page 9


WikiTerritorial
Un espace d'échanges et de partage d'informations autour des collectivités territoriales.

[Finances-Les essentiels] Le contrôle


des actes budgétaires locaux

Tous les ans, les CRC interviennent, dans le cadre du contrôle budgétaire, auprès de 600 à 800 collectivités. La
saisine interviendra pour budget non voté dans 22 % des cas, pour déséquilibre du budget dans 18 % des cas, pour
compte administratif non adopté dans 11 % des cas, pour déficit excessif du compte administratif dans 19 % des
cas et pour non inscription de dépenses obligatoires dans 30 % des cas.

Répartition des contrôles budgétaires par catégories de saisine (en moyenne)

Centre National de la Fonction Publique Territoriale — Page 10


WikiTerritorial
Un espace d'échanges et de partage d'informations autour des collectivités territoriales.

[Finances-Les essentiels] Le contrôle


des actes budgétaires locaux

Auteur :

GOSSIN Antoine
Thématique(s) :

Finances

Lire la suite

Centre National de la Fonction Publique Territoriale — Page 11

Vous aimerez peut-être aussi