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Introduction

Le thème de la « gouvernance » a fait l'objet de nombreux débats et la notion a beaucoup d’ambiguïté. Elle
interpelle tout particulièrement les sciences économiques et politiques, tant en terme disciplinaire que sur le plan
des champs théoriques investis.
Ce concept est aujourd'hui omniprésent : gouvernance mondiale, gouvernance nationale, gouvernance
d'entreprise, gouvernance urbaine, gouvernance locale… chaque fois que des différents acteurs veulent exercer
un pouvoir sur un système, quel qu'il soit, ils évoquent la notion de gouvernance, alors d’où vient cette notion.
Étymologiquement, le mot gouvernance est dérivé des mots grecs « kyberman » et «kybernetes » qui signifient
respectivement « naviguer » et « piloter ».Il implique donc la conduite ou l’utilisation d’un mécanisme
quelconque afin d’assurer à la société une direction cohérente. Mais, plus tard sa signification va ensuite évoluer
en fonction, d'une part, des transformations historiques des sociétés qui vont l'employer, mais aussi, d'autre part,
de ses migrations transfrontalières, et principalement transatlantique.
La gouvernance locale issue de la gouvernance politique, elle s’intéresse à l’étude des modes de coordination
alternatifs au marché et elle fait référence à des formes de coordination incluant une pluralité d’acteurs :
coopération, réseau, alliance, partenariat… L’action publique locale n’est plus le seul fait d’une seule autorité –
locale ou nationale -, mais implique des acteurs non-étatiques dans les processus décisionnels.
Appelé également ‘gouvernance territoriale’, la gouvernance locale marque une nouvelle vision du « territoire »
dans le développement économique, social et écologique. Elle se réfère à une gestion participative des
programmes et projets locaux de développement, dont l’objectif est l’accès équitable aux services essentiels pour
tous (santé, eau, éducation,…).
Le concept de gouvernance locale apparaît alors comme une forme de régulation territoriale et
d’interdépendance dynamique entre agents notamment productifs et institutions locales. Dans cette approche, le
territoire contribue à réduire les coûts de transaction entre les firmes et constitue de ce fait un niveau pertinent
pour coordonner les actions collectives. Au- delà de la seule efficacité comptable, est alors mis en évidence le fait
que les institutions non économiques peuvent faciliter la coordination entre agents, sont donc acteurs à part
entière des coordinations et décision, des coalitions et négociations
La gouvernance locale se présente comme « la manière dont l’ensemble des partenaires publics et privés locaux
définissent et mettent en œuvre les stratégies territoriales, qui permettent de gérer conjointement la
compétitivité du territoire ». Elle renvoie ainsi à l’organisation des structures et de leurs services, suppose la mise
en place d’une vraie répartition des rôles entre acteurs, une responsabilité de ses membres ainsi que la fixation
d’objectifs avec suivi et valorisation des réalisations. Pour être efficace et durable, cette gouvernance doit être
vécue comme une véritable valeur ajoutée pour l’ensemble des partenaires, comme une communauté d’intérêts
et de destin.
C'est dans ce cadre où s'inscrit notre problématique que nous la formulant de la manière suivante : est ce qu’on
peut considérer la gouvernance locale comme nouvelle manière de gouverner le territoire ?

Partie 1 : cadre conceptuel


1- Qu’est ce qu’un territoire
Le territoire est un contenu objectif délimité par des aspects géographiques et politiques. Cependant, on ne peut
se contenter de cette approche car le territoire est aussi un construit social. Il doit, en plus de son entité politique
ou géographique, être considéré comme l'expression organique d'un collectif humain chargé d'histoire, de culture
et d'intérêts communs. Il se concrétise dans la volonté de ceux qui veulent "vivre et travailler au pays".
* C'est un espace construit par les hommes, qui reflète leur culture et leur mode d'organisation sociale, ce qui
revient à dire que c'est un produit social.
* C'est un espace d'habitat, en ce sens que l'homme organise à sa convenance le milieu où il vit.
* C'est un lieu d'usage, parce qu'il est aménagé à des fins de production, de consommation et d'échanges.
* C'est un lieu de relations sociales qui reflètent toujours les rapports hiérarchiques et inégaux qui s'établissent
entre les groupes et qui débouchent souvent sur des situations de conflits ou de rivalités.
* C'est un lieu de culture, produit d'une histoire séculaire, ce qui se traduit par la permanence d'une tradition,
quelquefois d'une langue et d'une façon de vivre.
Donc le territoire s’impose comme un construit social permanent, en constante appropriation. Il peut être
apparenté à un système dynamique complexe (F. Leloup et L. Moyart, 2003). Il se construit ainsi grâce aux
relations durables de proximité géographique développée entre une pluralité d’acteurs ; ces relations de
« voisinage » peuvent mener à des actions concrètes voire à l’élaboration commune de normes.
Les limites du territoire ne sont plus définies en référence à un périmètre politico administratif (aspect politique)
ou comme un fragment d’un système productif national (aspect économique), elles définissent le lieu
d’intersection de réseaux (physiques ou humains, formels ou informels), de stratégies et d’interdépendances
entre partenaires reliés entre eux, le lieu de production, de négociation, de partage d’un devenir commun. Le
système est bâti sur la proximité géographique de ses acteurs mais aussi sur la dynamique commune qui les
rassemble, le construit — les actions — qui résultent de ces relations, voire les règles, normes et principes
acceptés et mis en œuvre ensemble.
En ce sens, le territoire est un système aux limites auto-construites et dès lors fluctuantes en fonction du
processus d’appropriation des acteurs.
Les acteurs ou groupes d’acteurs qui participent à cette construction territoriale peuvent avoir des mobiles et des
processus très divers pour se regrouper en vue d’un avantage dont chaque membre serait bénéficiaire (groupe de
pression, syndicat, entreprise).
Le système-territoire évolue donc en fonction des interactions unissant ses acteurs, les échanges avec
l’environnement, l’évolution même de ces variables. Les processus d’appropriation, de régulation, de construction
sociale et identitaire amenant ou non la pérennité et l’auto renforcement du territoire.
De ce fait, le territoire devient un tout, cohérent et construit ; ce qui signifie qu’il développe sa propre identité, sa
propre histoire, sa propre dynamique différenciée des autres espaces ; une certaine autonomisation et auto-
organisation en résultent. En outre, il devient potentiellement un acteur du système global, son évolution dépend
notamment des échanges qu’il entretient avec les autres acteurs du système, national et international,
économique, politique et social : ce territoire ainsi défini en tant que système ne peut évoluer qu’ouvert et non
replié sur lui-même.
Pour faire évoluer le territoire vers ces objectifs souhaités amènent à créer de nouveaux lieux de concertation, de
nouvelles techniques d’action et de décision, de nouveaux processus d’où la gouvernance territoriale

2- La gouvernance locale comme nouveau mode de gouvernance

La gouvernance locale est une manière de gouverner qui prend davantage en compte la société civile. Elle est
censée être plus efficace, mieux répondre aux attentes de la population et être plus soucieuse de
l’environnement.

Celle-ci est basée sur la reconnaissance de l’importance de la société civile et des acteurs non-étatiques ; elle
réfléchit à leur intégration dans le processus de gestion et de décision collective ainsi que son contrôle, elle est
devenue la bonne manière de gérer les affaires publiques ou privées, et c’est ce sens que les grandes institutions
internationales privilégient.
Elle fonctionne grâce à la participation des acteurs locaux, l’évaluation des besoins, l’information des populations,
leur consultation, la concertation et la codécision à des niveaux locaux.
La gouvernance locale se base sur :
* Tenir en compte le contexte culturel et institutionnel local : Il s’agit de tenir compte des nombreux aspects et
acteurs institutionnels impliqués ;
* la transparence et la redevabilité : de nombreux acteurs sont impliqués dans la gouvernance locale sans
nécessairement poursuivre le même objectif. Dans l’intérêt de toutes les parties prenantes, il importe de leur
donner à tous un sens de la responsabilité. Il est en effet plus facile de suivre les activités des acteurs locaux
lorsque des mécanismes ont été mis en place pour rendre les responsables redevables de leurs actes et permettre
à la population d’obtenir des informations claires de leur part ;
* Augmenter le degré de participation : le degré de partage de l’information augmente la participation locale qui,
à son tour, élève le degré de participation aux débats et les possibilités de contestation lors des prises de
position ;
* Adapter l’appui de la gouvernance locale à la stratégie nationale : le développement local est indissociable de
son contexte régional et national. Il importe dès lors de s’associer aux autorités nationales et de tenir entièrement
compte de la stratégie nationale lorsqu’il s’agit d’élaborer des mesures d’appui à la gouvernance locale. Ce type
d’approche enraciné dans le contexte présente notamment trois avantages :
* les organisations d’Etat déconcentrées peuvent plus facilement fournir une assistance technique aux
collectivités locales,
* il encourage les synergies entre la politique de l’autorité locale en matière de développement et la politique
sectorielle édictée et mise en œuvre par le gouvernement central, et
* il encourage les autorités locales et nationales à capitaliser et à partager leurs expériences majeures.
* Améliorer les négociations et le dialogue entre les acteurs : la réussite de l’appui à la gouvernance locale
dépend largement de l’existence de négociations et de dialogues réguliers qui permettent aux acteurs de se
mettre d’accord sur les objectifs ainsi que sur la manière de les atteindre. Ils peuvent également servir à améliorer
les capacités organisationnelles et institutionnelles des acteurs et, partant, leur capacité à suivre et évaluer
l’appui à la gouvernance locale.

3- Les acteurs publics :


A- Les acteurs institutionnels :

En sa qualité d’acteur de la gouvernance locale l’Etat est représenté par la région, les préfectures et les provinces.

1- la région:

Créée en vertu du dahir du 16 Juillet 1971 pour des considérations éminemment économiques, la région est
devenue progressivement un acteur se préoccupant d’autres volets à relents politique, administratif, social,
culturel, etc. Cette évolution témoigne du rôle de plus en plus prépondérant de la région dans la consécration de
la décentralisation aussi bien économique que politique et administrative, autant que cette région brille par son
apport sans doute tangible dans la gouvernance locale.

Dans le domaine politique, la région s’arroge le statut d’un espace garantissant aux citoyens la participation dans
la prise de décision relevant de leurs affaires locales, par le biais de leurs élus à l’échelle de la région. Ce constat
est d’autant plus tangible que les conseils régionaux sont les pourvoyeurs de la chambre des conseillers en cadres
susceptibles de faire avancer la pratique législative.
Sur le registre socio-économique, il convient de souligner que le législateur a accordé par la loi 47696 des
prérogatives importantes sur les plans économique, social et culturel. L’article 6 de cette loi stipule que le conseil
de la région prend les mesures qui s’imposent pour assurer la promotion des affaires de la région revêtant un
caractère économique, social et culturel et ce, dans le respect des compétences dévolues aux autres entités
territoriales.

Au demeurant, la région demeure un acteur occupant une place de choix dans la gouvernance locale, comme en
atteste ses prérogatives sur le plan de la création de projets de développement socio-économique, de l’économie
mixte, de prise d’initiatives en termes d’investissements à travers les centres régionaux d’investissement dotés
chacun de deux guichets de création d’entreprises et d’assistance aux investisseurs.

2- Les préfectures et provinces:

Elles sont des acteurs primordiaux et indéniables en matière de politique de développement socio-économique.
Ainsi et compte tenu des profondes mutations que connait la gestion de la chose locale, les conseils des
préfectures et provinces ont été dotées d’importantes prérogatives.

A ce titre, l’article 36 de la loi organisant les préfectures et provinces, leurs conseils sont compétents dans le
cadre des affaires économiques, sociales et en rapport avec la création de l’emploi, des entreprises et des sociétés
de l’économie mixte.

Quoique il peut ressortir des prorogatives des préfectures et province une certaine similitude avec celles dédiées
à la région, il sied de faire remarquer que ce constat illustre la volonté de l’Etat de susciter une convergence des
intérêts et de l’approche adoptée par ces entités territoriales pour une bonne gouvernance locale.

3-Les conseils communaux :

La Commune assure à l'ensemble de la population, sans discrimination, les meilleures conditions de vie. Elle
intervient dans le domaine de la planification et de la programmation du développement local et de
l'harmonisation de cette programmation avec les orientations régionales et nationales.

Elle est compétente dans la gestion de l’occupation des sols, des projets d'aménagement, de lotissement,
d'équipement des périmètres affectés à l'habitation, d'affectation des terres du domaine national, des foires et
marchés, des dons et legs, de la voirie, des cimetières, etc.

3- Les Acteurs Non Etatiques «A.N.E »:

La notion d'Acteurs Non Etatiques a été introduite dans la politique de développement en 2000, dans le cadre de
l’accord de Cotonou, signé entre les 15 Etats membres de l’Union européenne et 77 pays d’Afrique, des Caraïbes
et du Pacifique. Cet accord reconnaît le rôle complémentaire et la contribution potentielle des Acteurs Non
Etatiques dans le processus de développement.

Les Acteurs Non Etatiques sont des organisations indépendantes relevant de la société civile, en-dehors des
gouvernements et de l’administration publique. On y regroupe notamment les Organisations Non
Gouvernementales (ONG), les partenaires sociaux (syndicats, associations d’entrepreneurs…), les associations du
secteur privé, les organisations confessionnelles, les universités, etc.

Partie 2 : la place du territoire et acteurs publics dans le paradigme de la gouvernance locale
1- Territoire et gouvernance locale :
Les territoires doivent être considérés comme des rouages essentiels de la gouvernance pour le XXIe siècle.
Dans cinquante ans, les territoires, en particulier les grandes villes, seront très probablement des acteurs sociaux
extrêmement importants, peut-être plus importants que les entreprises.
Gouvernance et territoires
En même temps que la mondialisation, le rôle du local s’affirme pour :
* le fonctionnement économique,
* la gestion des ressources naturelles,
* le renouveau de la démocratie,
et on assiste à un vaste mouvement de décentralisation qui tend à montrer que le territoire devient la véritable
« brique de base » de la gouvernance.
Et pourtant, on a cherché, on cherche encore aujourd’hui, à marginaliser le local :
* la formule « penser globalement et agir localement » est elle-même ambiguë. Elle laisse à penser que c’est à
partir de données globales que l’on peut penser et elle invalide de fait une pensée locale  ;
* le local est défini comme « la cour où les enfants s’amusent » pendant que les grands travaillent ;
* le local ne serait que le lieu de l’action concrète, de l’immédiat ;
* c’est l’espace des pauvres, « l’infirmerie de campagne » ;
* le local est souvent associé à l’idée d’ancien, du traditionnel, opposé à l’ouverture sur le monde.
Au contraire, dans une perspective historique, il faut s’attendre à la revanche de territoires, à côté de
l’organisation du système industriel et de l’État lui-même, dont les rôles seraient transitoires.
Jusqu’au 18e siècle, on pouvait parler de sous-systèmes territoriaux autonomes. Avec la révolution française et
plus tard la révolution industrielle, la nation, faite d’individus citoyens, se substitue aux communautés et les
territoires se transforment en « espaces ».
En même temps, les systèmes sociaux et économiques se désagrègent et un nouvel acteur social apparaît et se
développe jusqu’à devenir dominant : l’entreprise. C’est un acteur mobile, organisé avec ses filières verticales.
Mais dans une nouvelle étape récente, d’autres logiques économiques et sociales émergent à leur tour, face à un
modèle de développement où la société consomme plus de ressources qu’elle n’en reproduit. De nouveaux
acteurs issus du local apparaissent : c’est la source de la revanche des territoires au 21e siècle.
2- Les défis de la gouvernance locale :
La crise des territoires dans leur rapport avec l’Etat, est souvent due à l’absence ou l’inefficacité des réseaux de
médiation et de représentation. La gestion de l’intérêt général a tendance à être ramenée à la seule expression de
la puissance publique alors que normalement il devrait être le produit d’une élaboration concertée avec
l’ensemble des acteurs sociaux concernés.
L’efficacité des acteurs sociaux dépend en générale de la flexibilité et de la capacité d’ouverture des systèmes
politiques en place.

Généralement, on peut constater divers problèmes qui empêchent ou limitent la bonne gouvernance locale au
Maroc. Entre autres:

* La faiblesse de l’interaction entre les municipalités et la société civile.


* L’existence de pratiques clientélistes et de corruption dans le secteur public
* La pauvreté de la qualité des services publics
* L’inefficience ou l’inefficacité de la gestion publique
* L’existence de modèles mentaux traditionnels et la passivité sociale en matière d’affaires collectives.
* Le manque de reddition de comptes de la part des élus
* L’absence d’espaces et de normes pour la participation citoyenne
* La pauvreté en matière de capacité de gestion des fonctionnaires et techniciens municipaux
* La faiblesse de la culture ou de la conscience civique des citoyens
* La non-implication des municipalités dans le développement durable de leurs territoires
* L’iniquité en matière de distribution de ressources ou de prises de décision que ce soit pour des raisons de
genre, d’appartenance ethnique…

Dans tous les cas, il convient de noter que l’expérience de la décentralisation au


Maroc a permis de prendre conscience de façon croissante des difficultés existantes et du fait que l’action
publique locale se voit confrontée à une série de défis, afin de remplir un rôle effectif en matière de
développement territorial et de satisfaction des besoins sociaux de la population.

Cela concerne et remet en question l’aménagement du territoire et le développement des mécanismes de


fonctionnement des collectivités locales en particulier la modernisation des modalités d’élection et de
représentation, la clarification des compétences entre les différents niveaux territoriaux, la simplification des
échelles de la décentralisation, l’attention portée aux exigences de partenariat pour une coopération cohérente
entre la région, la province la commune et les autres structures de l’action publique locale.

Cette réflexion amène nécessairement à une recomposition des territoires sur la base d’un nouveau processus
méthodologique où le centralisme doit céder la place à de nouvelles formes d’organisation et de fonctionnement
du territoire en vue d’une autonomie accrue, d’une responsabilité soutenue de la part de l’ensemble des acteurs
publics et d’une participation plus engagée des acteurs territoriaux pour la mise en marche des programmes de
développement territorial.

3- la coordination territoriale et le nouveau rôle des pouvoirs publics institutionnel

On peut admettre que chaque territoire construit représente un cas irréductiblement particulier du fait du quasi
infini combinaison des variables qui s’y jouent, appelant par conséquent un mode particulier de gouvernance. Des
typologies existent cependant qui mettent en évidence un nombre relativement restreint de modèles selon le
type d’acteur clé qui domine le processus. J.P. Gilly et J. Perrat (2003) identifient trois principaux types
théoriques, selon le type d’acteur qui domine la coordination territoriale : la gouvernance privée, institutionnelle
ou mixte.
La gouvernance privée correspond au cas où une organisation (un centre de R&D, une association d’entreprises,
une firme motrice, etc.) est l’acteur clé du processus de coordination des acteurs. La gouvernance institutionnelle
ou publique correspond au cas où c’est un acteur institutionnel (ou plusieurs institutions) qui joue ce rôle
(collectivité territoriale administrative, État, centre de recherche publique, etc.). Dans la réalité, ces types « purs »
sont rarement rencontrés et on trouve le plus souvent une association des formes précédentes, on parlera alors
de gouvernance mixte ou partenariale. « La gouvernance n’est donc pas une configuration de coordinations
strictement économiques ou strictement sociopolitiques : elle est une combinaison de ces dimensions,
caractérisée par une densité variable des interactions entre les trois catégories d’acteurs » (Gilly et Perrat, 2003).
Dans tous les cas, l’État reste un interlocuteur important, régulateur des niveaux administratifs et garant de la
redistribution.
Outre cette multiplicité d’acteurs dans le processus décisionnel, et les questions de coordination, négociation,
compromis ou conflit qui en découlent, le territoire tel que défini ici ne correspond plus forcément à une unité
politico administrative. Ses limites émergent du construit et ne sont pas données ex ante.
Dès lors, l’espace défini correspondra souvent à un espace régi par diverses autorités publiques (regroupant
plusieurs organisations politico administratives), voire créera de nouveaux espaces (à cheval sur diverses entités
sans correspondances avec des frontières administratives).
Le gouvernement local devra alors satisfaire à un certain nombre de conditions pour respecter et développer les
atouts développés par le territoire.
Avant tout, ce système-territoire entraîne la nécessité de mettre sur pied des structures de partenariat complexe
entre acteurs, structures qu’il s’agira aussi de fédérer autour d’un projet territorial. Ceci passe par une translation
de la perception et des pratiques de la concurrence vers des situations créatrices de solidarité, d’échanges,
d’ententes, de mise au point de projets communs dans un cadre de proximité géographique mais aussi
organisationnelle où s’inscrit le partenariat à base territoriale.
Ce partenariat induit la collaboration de groupes d’intérêts divers (chambres de commerce, entreprises,
associations professionnelles, organisations patronales et syndicales, société civile, lobbies, élus…) dont les
objectifs, les stratégies, les temporalités, les espaces de référence peuvent être différents, voire contradictoires,
mais qui contribuent, chacun à sa façon, à la production de facteurs de développement. Les actions de ces acteurs
et institutions peuvent se combiner (échanges d’informations …) ou au contraire être conduites de manière
isolée, ce qui met alors à mal le processus global.
L’acteur public, entre autres, aura donc à rendre possible une mobilisation de l’ensemble de ces acteurs — privés,
associatifs et publics — et institutions sur des objectifs communs de développement dans le cadre d’un projet
intégré et cohérent, partageant ou acceptant de partager une même vision à moyen et long terme du territoire.
Diverses modalités d’action reflètent ces aspirations, citons ainsi la nécessaire coordination résiliaire (à l’intérieur
du territoire mais aussi en relation avec l’environnement externe du territoire), le développement de procédures
contractuelles et de nouveaux instruments ou techniques d’action afin de stabiliser les relations et les
engagements des acteurs (ces instruments et techniques constituent des productions communes propres au
territoire ou au minimum appropriées collectivement par celui-ci).
Ceci implique des jeux de négociation, de compromis, d’alliances et des rapports de force entre groupes et
acteurs divers obéissant à leurs propres logiques d’intérêt et/ou exerçant des responsabilités sur des domaines de
compétences tantôt partagés, tantôt disputés mais jamais absolument étanches ni autonomes (N. Bertrand et al.,
2001, p. 6). Ceci suppose l’activation de relations et de réseaux multiples où diverses formes de proximité— tant
géographiques qu’organisationnelles — pourront jouer. Comme annoncé plus haut, le processus de gouvernance
territoriale — de mise en compatibilité entre acteurs — permet non seulement d’articuler entre eux les acteurs
situés sur le même site géographique mais aussi dans le même temps, il relie les acteurs locaux, les autres
territoires et les niveaux macro-économiques globaux du national voire du supranational : il crée les relations
mais aussi définit l’espace, les frontières du territoire.
En effet, il ne s’agit pas seulement de demander leur avis aux acteurs locaux mais bien plus fondamentalement de
susciter leur adhésion, leur participation et leur implication dans une idée de construction collective des systèmes
d’action publique. Dans ce contexte, l’action sur le développement territorial n’est plus présentée comme la seule
responsabilité du pouvoir public (local, régional ou étatique) mais comme la résultante d’un processus de
coopération et de coordination entre de nombreux acteurs et opérateurs, dans lequel la collectivité locale (qui
doit maintenant composer avec divers acteurs et institutions publics et privés) a un quadruple rôle d’orientation,
d’animation, de pilotage et de régulation.
Le concept de gouvernance territoriale permet d’inclure dans les processus de prise de décision territoriale
l’existence de ces acteurs et relations multiples, l’importance des réseaux, l’émergence de conflits et de
négociations, le développement traduit en objectifs et en actions (N. Bertrand, Y. Gorgeu, P. Moquay, 2001).
La gouvernance territoriale répondant à l’émergence de nouveaux espaces de développement, construit par et
pour les acteurs qui se les approprient, l’espace politico administratif et la politique descendante ne prévalent
plus, le suffrage électoral ne peut plus assurer la représentativité nécessaire à la démocratie. C’est ainsi que les
principes de démocratie participative s’associent naturellement aux notions de gouvernance territoriale : il s’agit
d’emprunter de nouvelles voies de consultation, de participation et de légitimité afin de faire émerger non
seulement des avis mais des processus et des décisions.

Conclusion
Dans cet exposé on a discuté la gouvernance locale comme un processus de construction d’une compatibilité
entre différentes proximités institutionnelles unissant des acteurs (économiques, institutionnels, sociaux.)
géographiquement proches, en vue de la résolution d’un problème productif inédit ou, plus largement, de la
réalisation de projets locaux de développement se succédant et/ou se combinant dans la durée.
Elle est considérée comme un mode de régulation qui ne peut être efficace qu’a l’existence de deux éléments
essentiels à savoir l’approche participative dont l’implication et la participation des différents acteurs est
primordiale et la proximité au sens pluriel du terme c'est-à-dire géographique, institutionnelle et
organisationnelle.
Cette forme de gouvernance est particulière dans la mesure où elle est comprise comme un processus non
seulement de coordination des acteurs mais aussi d’appropriation des ressources et de construction de la
territorialité. La gouvernance qui en résulte repose sur la multiplicité d’acteurs, dans l’objectif de l’élaboration
d’actions de développement local ‘’ Le développement local est l’expression de la solidarité locale créatrice de
nouvelles relations sociales et manifeste la volonté des habitants d’une microrégion de valoriser les richesses
locales, ce qui est créateur de développement économique ‘’ qui est l’objectif final de la gouvernance locale sous
tend une proximité multiple qui rassemble la proximité géographique, institutionnelle, et organisationnelle des
acteurs.

Bibliographie & webographie :


Mahdi BENMIR, « l’organisation régionale au Maroc : étude analytique de la loi 47-96 afférent à la région ». Revue
de la décentralisation et des collectivités locales. Edition N° 166, année 1997, page 14.

Les articles 35-38 de la loi 79.00 traitant des préfectures et provinces.

Mohamed BOUACHIQ, « la gouvernance locale à la lumière de la nouvelle charte communale », Revue des
collectivités locales, page 9, édition 13 (Avril-Juin 2005).

Gérard PERROULAZ, « Le rôle des ONG dans la politique de développement : forces et limites, légitimité et
contrôle », p. 9-24, annuaire suisse de politique de développement.

http://www.memoireonline.com/08/09/2515/m_La-Gouvernance0.html
http://www.goodplanet.info/Outils-juridiques/Gouvernance
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www.proyectolocal.org/files/publicaciones/pdf_8bbb.pdf
www.proyectolocal.org/files/publicaciones/pdf_8bbb.pdf
http://fdsp.univ-lyon2.fr/sites/fdsp/IMG/pdf_Leloup.Pecqueur.pdf

--------------------------------------------
[ 1 ]. http://www.memoireonline.com/08/09/2515/m_La-Gouvernance0.html
[ 2 ]. http://www.goodplanet.info/Outils-juridiques/Gouvernance
[ 3 ]. Op.cit
[ 4 ]. http://www.goodplanet.info/Outils-juridiques/Gouvernance
[ 5 ]. Mahdi BENMIR, « l’organisation régionale au Maroc : étude analytique de la loi 47-96 afférent à la région ».
Revue de la décentralisation et des collectivités locales. Edition N° 166, année 1997, page 14.
[ 6 ]. Les articles 35-38 de la loi 79.00 traitant des préfectures et provinces.
[ 7 ]. Mohamed BOUACHIQ, « la gouvernance locale à la lumière de la nouvelle charte communale », Revue des
collectivités locales, page 9, édition 13 (Avril-Juin 2005).
[ 8 ]. Gérard PERROULAZ, « Le rôle des ONG dans la politique de développement : forces et limites, légitimité et
contrôle », p. 9-24, annuaire suisse de politique de développement.
[ 9 ]. www.proyectolocal.org/files/publicaciones/pdf_8bbb.pdf
[ 10 ]. www.proyectolocal.org/files/publicaciones/pdf_8bbb.pdf
[ 11 ]. http://fdsp.univ-lyon2.fr/sites/fdsp/IMG/pdf_Leloup.Pecqueur.pdf

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