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LE DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL ET LOCAL

PLAN

 Définitions du territoire et ses dérivés


 Développement local
 Développement territorial
 L’avènement du développement territorial (Maroc)
 Les acteurs et les composantes du développement territorial
 Démarches de développement local
DÉFINITIONS DU TERRITOIRE ET SES DÉRIVÉS

 Territoire:

 Etymologie: du latin territorium, territoire (d'une ville ou d'un Etat), dérivé de terra, terre, sol.

 Étendue de terre sur laquelle vit une collectivité nationale.

 La notion de territoire prend en compte l'espace géographique ainsi que les réalités politiques, économiques,
sociales et culturelles. Elle inclut l'existence de frontières, pour un territoire politique ou administratif, ou
de limites pour un territoire naturel. La notion de territoire est utilisée en géographie humaine et politique,
mais aussi dans d'autres sciences humaines comme la sociologie

 Selon la définition du géographe Claude Raffestin, le territoire est « un espace transformé par le travail humain »
 Territoire:

 D'après Pierre George et Fernand Verger, le territoire est défini comme un espace géographique qualifié par une
appartenance juridique (territoire national), une particularité naturelle (territoire montagneux) ou culturelle
(territoire linguistique).

 ‘’ Le territoire est une appropriation à la fois économique, idéologique et politique (sociale, donc) de l'espace
par des groupes qui se donnent une représentation particulière d'eux-mêmes, de leur histoire.’’
Guy Di Méo - Les territoires du quotidien, 1996, p.40

 Territoire en marketing:

 En marketing, le territoire est considéré comme un espace de valeurs et d’attentes où une marque est
légitime aux yeux de sa clientèle actuelle ou potentielle. Le territoire détermine le champ de l’extension de la
marque, c'est-à-dire la possibilité d’utiliser la même marque pour des produits différents.
 Territorialité:

 La première définition qui a été faite de la territorialité en géographie est attribuable à Lowenthal et se lit
comme suit : « the ownership, division and evaluation of space » (1961, p. 253).

 La territorialité exprime, outre un contenu juridique d'appropriation, un sentiment d'appartenance, mais aussi
d'exclusion, et un mode de comportement au sein d'une entité, qu'elle qu'en soit l'étendue, quel que soit le
groupe social qui le gère. Les territoires sont l'objet d'affects collectifs et individuels.
Pascal Baud, Serge Bourgeat, Catherine Bras, Dictionnaire de géographie. Hatier, coll. « Initial », 2003.

 Une tentative de définition englobante de la territorialité a été proposée par Romain Lajarge en 2012 : « la
territorialité est une modalité d’action par laquelle les individus composent collectivement un bien commun et
l’éprouvent, par les relations qu’ils entretiennent ensemble avec l’extériorité, dans des
modes de connaissances et de valorisation de l’espace qui leur sont propres et qu’ils partagent »
 Territorialisation:

 En géographie, la territorialisation est une approche des politiques publiques qui met l'accent sur les
spécificités de chaque territoire, par opposition à une approche verticale organisant l'action publique par
secteurs d'activités cloisonnés.

 La territorialisation suppose une appropriation d'un territoire qui peut prendre plusieurs formes (juridique,
économique (la propriété) ou symbolique (le sentiment d'appartenance, de connivence ...)
(Glossaire de GéoConfluence :Vocabulaire et notions générales › Territoires, territorialisation, territorialité)
DÉVELOPPEMENT LOCAL

 Le développement local, aussi appelé développement à la base, est un processus utilisant les initiatives locales au
niveau des petites collectivités comme moteur du développement économique. Il est prôné dans les pays en
développement en complément des mesures macroéconomiques et des grands projets.

 Le développement local comporte un contenu qui est politique, économique, social et environnemental. Il
concerne plusieurs acteurs que sont l’État, les élus locaux, les populations, les organisations de la société civile, le
secteur privé, les partenaires techniques et financiers, etc. Il se met en œuvre à travers des instruments tels que le
plan communal de développement, le plan régional de développement, les schémas et fonds d’aménagement.
(Gontcharoff,Adels, (2009)

 Le développement local se fonde sur des principes tels que la contractualisation, le partenariat, le cofinancement,
la participation, la gouvernance locale, la maîtrise d’ouvrage locale, l'ancrage territorial des entreprises.
DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL

 « Le développement territorial est un processus volontariste cherchant à accroitre la compétitivité des territoires
en impliquant les acteurs dans le cadre d'actions concertées, généralement transversales et souvent à forte
dimension spatiale »
(Baudelle (G.), Guy (C.), Mérenne-Schoumaker (B.), 2011, p. 246);

 « Plus qu’un système productif territorialisé, un territoire en développement est une stratégie collective qui
anticipe les problèmes et secrète les solutions correspondantes »
(Greffe (X.), 2002, p. 97)
 « Processus durable de construction et de gestion d'un territoire, à travers lequel la population de celui-ci
définit, au moyen d'un pacte sociopolitique et de la mise en place d'un cadre institutionnel approprié au
contexte, son rapport à la nature et son mode de vie, consolide les liens sociaux, améliore son bien-être et
construit une identité culturelle qui a sa base matérielle dans la construction de ce territoire. »
(Peemans (J.-Ph.), 2008, p. 31)

 Le développement territorial peut être défini comme tout processus de mobilisation des acteurs qui aboutit à
l’élaboration d'une stratégie d'adaptation aux contraintes extérieures, sur la base d'une identification collective
à une culture et à un territoire. La définition comporte donc trois affirmations qui appelleraient, chacune, de
longs développements. En bref, le développement territorial ne peut se décréter et reste une construction
d'acteurs, même si des politiques publiques appropriées peuvent la stimuler dans la durée.
L’AVÈNEMENT DU DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL (MAROC)

 Si l'on parlait, il y a vingt ans, de développement local, il semble préférable de parler aujourd'hui de
développement territorial puisque ce développement ne doit pas être ramené à la seule petite dimension. Le local
tel que nous l'entendions n'est pas localiste, nous lui substituerons donc le terme de territorial.

 Et si l'on a défini plus haut la dynamique particulière du type «territorial» comme un processus original de
développement, nous nous heurtons à une difficulté relative au statut du territoire qui sert de support à cette
dynamique.
 En réalité, le discours sur le territoire recouvre de façon souvent indistincte, deux définitions
différentes:

 Le territoire donné: c'est la portion d'espace (le plus souvent d'un découpage infranational) constituée qui est
l'objet de l'observation. Dans ce cas, on postule le territoire comme préexistant et on analyse ce qui s’y
déroule. C'est en quelque sorte le territoire a priori, pour lequel on ne cherche pas à analyser la genèse et les
conditions d’élaboration, mais qui constitue un support. Il s'agit généralement d'un territoire institutionnel:
région, préfecture, cercle, province, etc.

 Le territoire construit: dans cette perspective, le territoire est le résultat d'un processus de construction par
les acteurs. Le territoire n'est pas postulé, il est constaté a posteriori. Cela veut dire que le territoire construit
n'existe pas partout et que l'on peut donc se trouver en présence d'espaces dominés par les lois exogènes de
la localisation et qui ne sont pas des territoires.
 Dans le discours, les deux conceptions du territoire sont souvent confondues et l'on ne peut pas exclure l'une au
profit de l'autre. Il faut donc comprendre que le territoire est à la fois le contenant et l'issue d'un processus
d’élaboration d'un contenu.

 La question du développement territorial resurgit au Maroc avec le constat des déséquilibres grandissants entre
les différentes parties du territoire national et la nécessité de s’adapter aux transformations profondes qui
affectent le système économique mondial après l’effondrement du bloc de l’Est et le triomphe du capitalisme et
libre échange que prônait la mondialisation.

 Entre local et global, les territoires sont redevenus l’enjeu de compétition, de convoitise, de stratégies ou au
contraire, d’absence de projet, voire d’abandon.
 Dans ce nouveau paradigme, au niveau économique, le Maroc a choisi d’articuler les territoires de son territoire
entre eux et son territoire à l’espace mondial. Cette politique que je qualifie de « glocalisation », s’appuie sur
deux stratégies, l’une de solidarité intra territoire au niveau national, l’autre de compétitivité inter territoire au
niveau international.

 Au niveau politique de développement territorial, le Maroc a choisi l’option «moins d’État, plus l’État », par plus
de décentralisation locale et de déconcentration administrative, en attribuant plus de compétences aux
communes et régions dans la gestion de la chose publique.

 Ainsi, le développement territorial est présenté comme une phase plus avancée de l’aménagement du territoire.
Après la phase de réflexion et des études consacrées, notamment par l’élaboration de la Charte et du SNAT, il
s’agit de l’opérationnalisation et de la déclinaison territoriale des orientations du SNAT.
LES ACTEURS ET LES COMPOSANTES DU DÉVELOPPEMENT
TERRITORIAL
 Afin de répondre à cette problématique il faut tout d’abord prendre en considération la notion de la
territorialité en trois dimensions :

 Dimension matérielle

La dimension matérielle du territoire, correspondant à ses particularités physiques ainsi que ses «propriétés
résultant de l’aménagement de l’espace par les sociétés ». Elle interprète le territoire selon un angle spatial, tel un
espace physique délimité par des frontières.

 Dimension identitaire

La dimension identitaire liée à l’histoire, au patrimoine, à l’architecture, au paysage et aux groupes sociaux qui
l’occupent.A l’aspect culturel individuel et collectif qui forment les piliers du développement territorial
 Dimension organisationnelle

Repose dans les pratiques de gouvernance liées à la gestion des richesses qui sont tout autant déterminantes
dans la caractérisation des territoires.

 En effet, la collectivité occupe un rôle incontournable de régulation, d’occupation, de développement et


d’aménagement de l’espace territorial qu’elle occupe (Klein, 2008).

 Le territoire sera aussi forgé par d’autres facteurs externes, tels que les marchés économiques, le cadre législatif,
ou les instances internationales.
 Donc les acteurs du développement territorial au Maroc sont comme suit :

 La population locale : qui est au centre du développement local, exprime ses aspirations, motivations et
besoins liées avec son territoire

 Les administrations régionales et locales : tel que les collectivités locales qui font :

 Le programme de développement régional et de mise en valeur

 La création et la fixation du mode de gestion des services publics préfectoraux et provinciaux.

 La constitution ou la participation à des sociétés de développement


 Donc les acteurs du développement territorial au Maroc sont comme suit :

 Le conseil communal : Qui décide des mesures à prendre pour assurer le développement économique, social
et culturel de la commune (article 35 de charte communale). Il examine et vote le plan de développement
économique et social de la commune, conformément aux orientations et aux objectifs du plan national. Il initie
toute action propre à favoriser et à promouvoir le développement de l’économie locale et de l’emploi (article
36). Il prend notamment toutes mesures de nature à contribuer à la valorisation de son potentiel économique,
notamment agricole, industriel, artisanal, touristique ou de services.
 Donc les acteurs du développement territorial au Maroc sont comme suit :

 Les associations : tel que les ONG internationales, Les organisations multilatérales, La coopération
décentralisée, qui commence à être un moyen privilégié de transfert de connaissances, de moyens et de
compétences.

Qui interviennent d’abord dans l’éducation informelle, la santé, l’aide aux catégories défavorisées puis dans les
domaines de l’emploi, du soutien à la création d’entreprises, du renforcement des infrastructures de base
(électrification, adduction en eau potable, routes…). Progressivement, ces associations sont devenues des
partenaires privilégiés des pouvoirs publics en matière de développement et une force de proposition,
d’impulsion et d’action.
 Les limites du développement territorial au Maroc :

 L’évaluation de l’efficacité des actions de développement local revient à évaluer la capacité des acteurs du
territoire à œuvrer ensemble en tenant compte des objectifs fixés. Or, on constate aujourd’hui :

 L’absence d’articulation entre le local, le régional et le national ;

 L’absence d’une approche transversale des différents domaines sectoriels ;

 L’absence de vision à long terme ;

 La défaillance du système de financement des collectivités locales.

 Au niveau communal, on constate notamment :

 Une tendance à la bureaucratisation des fonctions au détriment des missions communales et des missions de
développement ;

 Une maîtrise insuffisante des leviers de développement (manque de formation) ;

 Une absence de perspectives stratégiques au profit des questions d’urgence ou de court terme.
DÉMARCHE DE DÉVELOPPEMENT LOCAL

 Quel est l’élément déclencheur d’une démarche de développement local


au sein d’un territoire ?
 Pour Paul HOUEE, maire de Saint-Gilles du Mené (Côtes d’Armor) et précurseur du développement local, c’est «
[…] une situation problématique […] » qui est à l’origine du processus. Fermeture ou délocalisation d’entreprises,
déclin démographique, disparitions de services publics, désengagement des individus des structures associatives
sont les éléments caractéristiques d’un territoire en crise. Comme nous l’avons déjà évoqué précédemment, le
sursaut de la population face à la dévitalisation de son lieu de vie a trait au sentiment d’appartenance, à « […]
l’attachement à un terroir, à une histoire, [qui] constituent un facteur de rassemblement […] ».

 La première étape de l’animation d’une démarche de développement local, que Paul HOUEE appelle « […] le
temps d’éveil et de mise en mouvement […] » , se manifeste par une volonté de changement et de reprise en main
de l’avenir du territoire par ses habitants. Il est dès lors nécessaire d’opérer un bilan de la situation afin
d’identifier quels sont les atouts (géographiques, économiques, sociaux, culturels…) du territoire, les individus
capables d’élaborer des initiatives et de les mener à bien (cela passe notamment par la multiplication des espaces
de dialogue) et l’horizon temporel de celles-ci.
 La seconde phase de la démarche de développement, qui consiste à structurer le projet, débute alors. Pour
permettre la mise en réseau des différents acteurs, il est nécessaire de se doter d’outils institutionnels aux statuts
divers (associations, organismes para-publics…) accompagnant le changement, ce qui se traduit selon Pierre
TEISSERENC « [par] la création de structures chargées de promouvoir les politiques de développement local [et par] une
transformation des services existants […] ». C’est ici qu’intervient le pouvoir politique dans un projet de
développement pour créer un environnement favorable autour de celui-ci et favoriser les contacts entre les
acteurs mobilisés afin de donner une cohérence d’ensemble aux différents objectifs poursuivis. Il est important de
noter que cette intervention des élus locaux ne peut se faire sur un mode autoritaire mais partenarial : la mise en
synergie d’une multitude d’acteurs porteurs d’initiatives oblige le pouvoir politique à être à l’écoute de ceux-ci et
à tenir compte de leurs avis afin de ne pas aller à contre-courant de leur volonté et occasionner par là même leur
retrait par lassitude.
 Une fois qu’un projet de développement global, cohérent et solide a été arrêté, il est important de passer à la
troisième étape, celle des « […] premières réalisations […] si l’on ne veut pas que la confiance et l’espérance […]
retombent dans l’incrédulité et la passivité résignée […] ». Une quatrième étape, non évoquée par Paul HOUEE,
réside dans l’évaluation, le remaniement ou la pérennisation des actions entreprises. Une démarche de
développement local étant évolutive et continue, il ne faut pas « se reposer sur ses lauriers » en cas de succès ou à
l’inverse céder au découragement si elle s’avère être un échec mais évaluer l’impact et la pertinence des voies poursuivies
afin de capitaliser de l’expérience pour poursuivre et améliorer le redressement du territoire en développement.»

 Tout au long de la démarche de développement, de nombreux écueils sont à éviter, au nombre desquels on
compte les questions des subventions et de la personnalisation du projet. Comme l’exprime Paul HOUEE, « […]
les subventions venues d’en haut sont nécessaires, mais elles ne sauraient, à elles seules, assurer le développement […] ».
 En effet, outre le risque de voir se réaliser des projets élaborés « en haut » sans concertation avec la population, il
s’agit de ne pas tomber dans le piège de l’assistanat, qui rend les territoires en développement tributaires d’une
manne financière dont la contrepartie réside bien souvent dans l’imposition par le bailleur de fonds d’un
calendrier qui peut ne pas correspondre à celui arrêté localement. La question de la personnalisation de la
démarche de développement est également importante. Celle-ci doit rester collective afin ne pas en
compromettre un jour l’évolution par une appropriation abusive de nature à bloquer l’ensemble du processus : «
Les pays qui tiennent depuis de nombreuses années sont ceux qui ont su maintenir l’élan initial, pas seulement autour
d’une personne ou d’un groupe directeur, mais en diffusant cette volonté dans un nombre toujours croissant de
responsables. »

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