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SUMMURY
Conceived as act of modernization of management of the public thing, the gouvernance, has not
translated into a désengagement consisting the State, despite the concession of some public
services. Its original tares constitute handicaps major in its operational declination. :
As notion polysémique having oscillated between many tend conceptual and having been
instrumentalisée by many international authorities for purposes always concordant, it a, to each
time transport objectives also séduisants that difficult for reach. What has put in obviousness its
limit and its weak operational profitability. The Moroccan experience is rich in enseignements on
the weakness of its results in the face of an increasingly complex urban reality.
To the level of the urban planning, the gouvernance has a lot played in the transformation of
documents of town planning in tool of correction. What has translated into the incoherence of
estimates with the real city evolution. The gouvernance is equally for a lot in the emphasis of the
process of déplanification urban, accordingly to the principle of désengagement of the State and to
the return in force of the liberalism.
Thus, the placement œuvre of the gouvernance has arrived to impose economic logic in areas where
they were found marginalized by the strong presence of the State. The releasing of the process of
déplanification has been accompanied by a relaxation of the administrative organization where to
leave it to make earn everywhere the terrain, to the name of the liberalism.
Keywords : Morroco, urban governance, urban planninng, procuction of the urban space
Mustapha CHOUIKI, 2018 38
Introduction
La gouvernance est présentée d’une manière 1.Les tares originelles
ou d’une autre comme un acte de 1.1 Les péripéties d’un mode de gestion calé
modernisation de la gestion de la chose sur l’étranger
publique, s’inscrivant dans le cadre d’une Il importe d’abord de souligner que nous
refonte de la politique publique, à travers la sommes en présence d’une notion
redéfinition des missions des services publics. polysémique, étant donné qu’il s’agit d’un
Elle est voulue comme une réplique à la crise terme suscitant des ambiguïtés et des
de l’Etat providence devenu incapable de confusions au niveau de son contenu et son
prendre en charge la question sociale dans sa utilisation. Il est, à la fois, question de
globalité et sa complexité. Elle ne signifie pas gouvernance locale, de gouvernance urbaine,
désengagement de l’Etat, mais une autre de gouvernance d’entreprise, de gouvernance
forme de son implication visant sa de l’emploi, de gouvernance mondiale, de
modernisation, et une façon de limiter le gouvernance des régions, de gouvernance
centralisme excessif, et de promouvoir et multi-niveaux . . . En plus, la question des liens
responsabiliser les collectivités locales. Le entre l’économique et le politique, est au
rôle de l’Etat est recentré sur les missions cœur des controverses sur cette notion.
régaliennes de législation, de régulation et de L’évolution de l’utilisation de cette notion
contrôle. Ce qui pose en de nouveaux termes, n’est pas démunie, de controverses de
d’une part, les liens entre l’État et ses différentes natures : Quelques repères
organes décentralisés, et d’autre part ses historico-opérationnels de cette évolution ne
liens avec le Marché. Cette autre façon de peuvent être qu’édifiants :
gérer les affaires publiques se veut également Dans les années 1930, les anglophones
un exercice de promotion de la démocratie et redécouvrent le terme de governance pour
partant de la citoyenneté, consistant à désigner les pratiques de management des
impliquer l’ensemble des partenaires autour entreprises. Autrement dit cette notion a
d’un même projet visant l’efficacité par le refait surface dans le milieu économique.
consensus. Comme elle promeut la proximité Mais ce n’est qu’à partir des années 80, que
comme principal vecteur de réponse aux la notion de gouvernance devient une
attentes des populations. politique qui investit les champs des relations
Définie comme telle, la gouvernance s’adosse internationales, du développement et de
à trois piliers : la sphère publique, la sphère l’urbain et acquiert même la posture d’une
privée, et la sphère associative. Ce qui lui mode, malgré son caractère polysémique
donne la posture d’une démarche ascendant.
repositionnant les logiques d’intervention au Dans les années 1990, cette notion
sein du champ politique, économique et réapparaît dans le domaine de l'économie
social, en posant la problématique des politique et dans le langage des
rapports entre l’Etat, le Marché et la Société institutions internationales (ONU, Banque
civile dans le cadre de la recherche de mondiale, FMI), en retrouvant sa signification
nouveaux équilibres et dans un cadre première d'art ou de manière de gouverner,
contractuel, tout en cherchant à dépasser en lui associant une connotation nouvelle
l’opposition entre l’Etat et le Marché, et de qui promeut un nouveau mode de gestion
promouvoir de nouvelles connexions entre le des affaires publiques fondé sur la
Global et le Local. Ainsi, la gouvernance se participation de la société civile.
veut une démarche de prise en compte du Dès le début des années 90, l’échec du
fait qu’il ne peut y avoir d’efficacité de l’action programme de réajustement structurel a
publique sans l’implication de tous les acteurs donné lieu à des divergences dans la
en présence. conception de la gouvernance. Suite à quoi,
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imposé par les bailleurs de fonds concessions des services publics relevant de la
internationaux ; compétence des structures de l’Etat ;
• Les services publics dont la gestion est • L’inertie des institutions, les cadres
aggravée par le désengagement de l’Etat, se juridiques en vigueur, et la bureaucratie, avec
sont présentés comme de nouvelles lesquels la gouvernance est obligée de
opportunités d’investissement et composer, arrivent toujours à détourner des
d’allégement des pressions sur les budgets projets conçus dans le cadre de la vision
publics ; véhiculée par la gouvernance;
• La gouvernance s’est présentée • Les difficultés de communication
comme une forme de consécration d’un cadre inhérentes au recours à des discours
idéologique de synchronisation de la politique techniques difficiles à assimiler par les
urbaine avec le système économique libéral ; populations, de la part de techniciens non
- Une opportunité d’implication des habitués à communiquer s’ajoutent aux
populations dans la résorption des problèmes difficultés de mobiliser les populations pour
de leurs territoires ; ne pas permettre à la gouvernance d’apporter
- Une occasion pour consacrer les principes plus de crédit à une administration rongée par
et les pratiques de la gestion urbaine de la bureaucratie et la corruption ;
proximité ; • La participation citoyenne n’est pas
- Un cadre permettant de réduire la crise généralisée à tous les stades des projets
sociale dans le cadre de stratégies adaptées territoriaux ;
au cas par cas ; • La gouvernance urbaine s’est avérée
- Apporter un appui aux collectivités locales une façon de privilégier l’approche
et renforcer leurs capacités d’action ; économique des problèmes urbains, même
- Une démarche de développement urbain dans leurs dimensions sociales ;
intégré faisant de chaque quartier un lieu de • Les retombées concrètes pour les
centralité par rapport aux territoires populations se ramènent à un
environnants ; (1) assujettissement croissant du secteur public
- Un vecteur de régulation et d’atténuation aux lois du marché ;
des conflits sociaux ; • La multiplication des dérapages a
- Un mode opératoire de la gestion urbaine exigé la mise en place de système de
recherché pour plus d’efficacité ; régulation dicté par les instances étrangères.
Il s’agit ainsi d’une stratégie changeant de Née contre la régulation étatique la
contenu, de forme et d’acteurs en vue d’être gouvernance a ainsi introduit des régulations
adaptable à toutes les situations, dont le seul étrangères : BM et différents bailleurs de
dénominateur commun réside dans le retour fonds étrangers
du néolibéralisme nécessitant la volonté de • La gouvernance urbaine a constitué
limiter l’intervention publique. une couverture pour l’ouverture de la gestion
urbaine des pays du Sud aux entreprises du
1.3 Des limites certaines Nord ;
A côté de ses aspects attrayants, la notion de • La gouvernance a ouvert la voie à une
gouvernance colporte des faiblesses rarement modernisation couteuse qui a accru
mises en évidence. C’est le cas notamment l’endettement des municipalités, et leur
de : aliénation aux bailleurs de fonds
• La recherche du consensus dans les internationaux ;
processus de décisions donne lieu assez • Le partenariat public-privé fonctionne
souvent à des compromis, cadrant beaucoup assez souvent au seul profit des entreprises
plus avec les positions des parties prenantes privées ;
qu’avec la réalité ; • La gouvernance est handicapée par la
• La gouvernance est assez souvent difficulté d’établir un certain équilibre entre
réduite à la marchandisation du service les intérêts de ses trois pôles : Etat, Marché et
public, à travers les privatisations, et les Société Civile ;
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- La multiplication des dérapages au nom de Elle reste un idéal et un vœu qui fait courir
la démocratie : C’est le cas d’un imam de tout le pays.
mosquée qui s’est opposé aux autorités • La gouvernance urbaine a renforcé le
rôle de l’Etat en tant que premier acteur de la
locales pour avoir construit un logement de
gestion territoriale. Implication qui vise à
manière non réglementaire, et qui a reçu le renforcer le poids de l’Etat à côté de celui du
soutien de la population qui est allée jusqu’à marché ; Une petite revanche du
agresser un agent d’autorité. C’est aussi le keynésianisme après le retour en force du
cas de Malfrats qui ont cambriolé un fourgon néolibéralisme du début des années 80.
de transport de fonds d’une agence bancaire, La gouvernance urbaine qui s’adosse à une
et qui ont reçu le soutien de la population de approche fonctionnaliste de la ville n’a pas
apporté des solutions tangibles :
tout un quartier…
- Elle privilégie la vision à court terme sur
- La gouvernance fait apparaitre, l’Etat la vision à long terme. Ce qui a battu en
comme n’étant plus au centre de la vie brèche des espoirs en matière d’attentes au
politique, puisqu’il est arrivé à noyer son quotidien. Ainsi de nombreux programmes de
hégémonie dans un contexte de partenariats logement ont été montés sans identification
multipartites, et de rouages inextricables. des sources de finance ; (6)
- Elle se veut globale, mais elle n’a fait que
2.3 Un désenchantement généralisé privilégier les aspects matériels de la ville;
La gouvernance urbaine devient ainsi une - Elle se positionne au service de l’intérêt
véritable guerre d’usure pour l’Etat, la général qui devient très dilué ;
population et pour l’ensemble du système - Elle se ramène globalement à une
urbain qui ne cesse de perdre sur tous les certaine régulation du retour en force du
plans, face à des lobbies locaux qui sortent libéralisme par des réadaptations
gagnants de toutes les batailles. (5) Le sectorielles répétées;
désenchantement est perceptible sur presque - Elle se veut démocratique, mais elle n’a
tous les niveaux de la vie urbaine : pas amélioré les prérogatives et les
• La gouvernance urbaine qui a été compétences de la démocratie
voulue comme un modèle de gestion représentative et participative ;
exemplaire a déchanté. Si elle a constitué un - Elle a fait éclater le canevas global de la
progrès sur la voie de l’initiation à la gestion urbaine, à travers les réadaptations au
démocratie participative, elle n’a pas échappé cas par cas des problèmes urbains ;
aux détournements et aux récupérations de la - Le fait de parler déjà de la bonne
part de différents acteurs et partenaires ; gouvernance ne veut – il pas dire qu’il y a
• Les difficultés rencontrées par la une mauvaise ?
gouvernance dans les pays du Sud se sont
traduites par la focalisation des bailleurs de 3.Gouvernance et entraves à la planification
fonds sur les métropoles et leur ouverture aux urbaine
grands projets très grands consommateurs de La gouvernabilité des villes est de plus en plus
budgets ; mise à mal par une multiplication accrue des
• La gouvernance s’est avérée un processus de fragmentation des espaces
puissant vecteur de relance et de urbains, des structures de leur gestion et des
diversification de la coopération Nord-Sud, reports répétés des attentes des populations.
par l’ouverture de nouveaux marchés et de Ce qui se traduit par une aggravation des
nouveaux domaines d’investissement ; déséquilibres territoriaux et sociaux.
• La gouvernance s’est traduite par Devenue lieu de concentration des
l’internationalisation de la gestion urbaine et populations et des richesses, la ville se pose
la réadaptation des villes à la mondialisation ; comme territoire de contrastes et de
• La gouvernance idéale et complète contradictions. Ce qui remet en question
s’est avérée un mirage qui fait toujours courir. l’ensemble de son système de gouvernement.
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