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La décentralisation est un fait assez ancien au Sénégal. En effet, dès les premiers pas de
la colonisation, il y a eu des progrès allant dans le sens d’un partage des pouvoirs entre
l’autorité centrale et le niveau local.
Par un décret du 10 août 1872 signé par le Président Thiers, Saint-Louis et Gorée
deviennent des communes de plein exercice, rejoints en 1880 par Rufisque et en 1887
par Dakar. Ces villes, érigées selon le modèle des communes françaises de métropole
(Johnson, 1991) et dénommées « les quatre communes », bénéficient d’un statut
spécifique : leurs habitants sont citoyens français.
contrairement aux populations des autres régions sous domination française qui sont des
sujets ou des indigènes. Mais, à mesure que les autres villes deviennent importantes, elles
sont instituées « communes mixtes » sans toutefois bénéficier des avantages des quatre
communes.
A la veille de l’Indépendance en 1960, toutes les villes importantes sont soit instituées
communes de plein exercice, soit communes mixtes ou « communes de moyen exercice »
(loi française de 1955 : conseil municipal élu, maire nommé par l’Etat). Dans le contexte
de décolonisation, l’Autorité transfère progressivement ses prérogatives aux
représentants locaux.
Ainsi, la loi Gaston Defferre accorde l’autonomie en 1956, cédant le pouvoir de décision
aux autorités territoriales nationales, et prolonge la tradition de transfert de
compétences tout en marquant une étape notable dans l’évolution politique des
territoires sous tutelle française.
Chemin faisant, les autorités sénégalaises donnent le statut de plein exercice aux 34
communes existantes dès l’Indépendance (Gorée sera en 1961 rattachée à Dakar,
ramenant leur nombre à 33).
En 1972, une réforme territoriale crée les communes à régime spécial (concerne les
chefs-lieux de région : maire nommé par l’Etat), ainsi que les communautés rurales et
octroie plus de pouvoirs, économiques notamment, aux communes urbaines. Toutefois,
cette réforme accroît également le pouvoir administratif des organes déconcentrés de
l’Etat, en introduisant le contrôle de légalité a priori de l’exécutif local.
L’année 1983 marque une autre étape décisive. En prélude à la création de nouvelles
régions1, la région du Cap Vert (Dakar) est subdivisée en trois entités autonomes :
Dakar, Pikine et Rufisque. Dans cet esprit, un organisme de coordination à vocation
régionale voit le jour : la Communauté urbaine de Dakar (CUD) inaugure
l’intercommunalité, avec un rôle essentiellement technique, se chargeant notamment de
la collecte des déchets et de l’éclairage public.