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L’État unitaire est le modèle du Sénégal. C’est la forme la plus ancienne et la plus répandue
dans le monde. Bernard Chantebout le définit comme « celui dans lequel une volonté politique
unique s’impose à l’ensemble des citoyens, lesquels sont par conséquent soumis aux mêmes
lois en tous domaines »1. Il importe de rappeler le modèle idéal de l’État unitaire (Paragraphe
1) avant d’aborder son aménagement (Paragraphe 2).
L’État unitaire, dans son modèle idéal, est celui dans lequel l’organisation du pouvoir
politique est régie par le principe d’unité et de l’indivisibilité de la République. On est donc en
présence d’un seul État, le seul détenteur de la souveraineté, avec un seul centre de décisions
politiques. C’est dire qu’il y a une volonté politique unique qui s’impose uniformément à
l’ensemble de la population et sur l’ensemble du territoire de l’État. En conséquence, tous les
citoyens sont soumis aux mêmes lois dans tous les domaines. Il en ressort la centralisation, en
1
Bernard Chantebout, Droit constitutionnel, Ed. 30, Dalloz, 2013, p.57.
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principe, du pouvoir. On parle, ainsi, de l’État unitaire centralisé dans la mesure où toutes les
décisions aussi bien dans le domaine politique que administratif relèvent du pouvoir central.
Le principe d’unité s’apprécie, également, dans la structure de l’État marqué par sa simplicité.
Pour des raisons d’efficacité, des aménagements ont été apportés au principe d’unité et de
centralisation du pouvoir qui caractérise l’État unitaire. Deux techniques d’aménagement sont
utilisées. Il s’agit de la déconcentration (A) et la décentralisation (B).
A. La déconcentration
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rapproche certaines de ses autorités des administrés. C’est tout le sens des propos de Napoléon
Bonaparte selon lequel « on peut gouverner de loin, mais on n'administre bien que de près ».
Au Sénégal, la déconcentration a permis la division du territoire en 14 régions dirigées chacune
par un gouverneur qui représente l’État dans la limite de sa circonscription. Chaque région est
subdivisée en trois ou quatre départements (soit un total de 45) administré chacun par un préfet.
Chaque département est subdivisé en arrondissements (on en compte 123 au total) administrés
chacun par un sous-préfet.
B. La décentralisation
Le niveau de décentralisation ainsi que les collectivités peuvent varier d’un État à un
autre.
Au Sénégal, par exemple, en vertu de la loi de 1996, les Collectivités locales sont la région, la
commune et communauté rurale. Toutefois, avec la loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant
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Code général des Collectivités locales dénommée l’Acte III de la décentralisation, on assiste à
la suppression de la région et des communautés rurales comme Collectivités territoriales, au
profit d’une départementalisation et d’une communalisation sur l’ensemble du territoire
sénégalais.
De régions, communes et communautés rurales, on aboutit à la mise en place de communes et
départements comme Collectivités territoriales.
Au Mali, les Collectivités territoriales sont constitués par les régions, les cercles, les
communes2. Au Togo, on retrouve les communes, les préfectures et les régions3. En France, ce
sont les régions, les départements et les communes qui représentent les Collectivités
territoriales.
En Belgique, les Collectivités territoriales sont les communautés et les régions, tandis qu’en
Suisse, les Collectivités territoriales sont les cantons et les communes.
2
Voir la loi n°2017-051 du 02 octobre 2017 portant code des collectivités territoriales.
3
Voir la loi N°2007-011 du 13 mars 2007 relative à la décentralisation et aux libertés locales.
4
Cf. livre II, Titre II du Code général des Collectivités Locales.
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nationale et de l’intégrité du territoire. Il s’agit d’un contrôle de légalité portant sur les actes des
collectivités locales exercé par les représentants de l’État5.
L’État fédéral, est une forme composée d’État. La notion d’État composé désigne l’idée
d’une association d’États. Il résulte du principe du fédéralisme qui renvoie à l’idée du
regroupement d'entités étatiques ayant en commun un certain nombre de caractéristiques et
aspirant à atteindre des buts communs.
Historiquement, on rencontre deux principales formes d’association d’États à savoir les unions
personnelles et les unions réelles qui constituent des formes primitives d’États composés. Les
unions personnelles sont des unions entre deux ou plusieurs États autour d’une même personne,
le Chef de l’État. On le retrouve dans le cadre des anciennes monarchies. Elles permettent à un
même souverain d’occuper deux trônes. Les unions réelles, quant à elles, se réalisent non pas
autour d’une personne mais autour d’affaires que les États traitent en commun (diplomatie,
défense nationale, finances. Ces formes d’États n’existent plus. Les formes modernes de l’État
composé sont constituées par la confédération et la fédération d’État. Aujourd’hui, la
confédération n’existe plus. C’est l’État fédéral qui constitue la forme actuelle de concrétisation
de l’idée de fédéralisme. Sa signification et son processus de formation seront étudiés
(Paragraphe 1) et ses principes d’organisation examinés (Paragraphe 2).
Qu’est-ce que l’État fédéral (A) et comment se forme-il ? (B). Nous tenterons de répondre,
tour à tour, à ces questions.
555
Article 14 du code général des Collectivités locales.
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L’État fédéral est une association d’États ayant renoncé à leur souveraineté internationale
au profit d’un seul État qui les englobe. Cette association d’États est fondée sur la base d’une
constitution. Ce qui le distingue de la confédération qui est également une forme d’association
d’États créé par un traité. C’est dire que la Confédération n'est pas un État, ni même une
véritable union d'États, pour reprendre le Professeur El Hadji Mbodj. Les États acceptent de
coopérer dans un certain nombre de domaines (diplomatiques ou militaires, en générale.) tout
en conservant leur souveraineté et donc leur existence internationale.
On rencontre dans l’histoire plusieurs confédérations d’État : la confédération des États-Unis
de l'Amérique du Nord (1778-1787) ; la Confédération Helvétique (1315-1848) ; la
Confédération Sénégambienne (1981 à 1989) ; l’Union des États africains (1961-1963) qui
regroupaient le Ghana, la Guinée et le Mali…
Or, dans le cadre de la l’État fédéral, seul l’État central dispose de la compétence
internationale. Les autres États dits fédérés (provinces au Canada et en Afrique du Sud, cantons
en Suisse, Landers en Allemagne et en Autriche, États au Nigeria et aux États-Unis) en sont
dépourvus et ne peuvent entretenir des relations internationales. L’État fédéral est la forme
d’État composé qui reste d’actualité, les confédérations n’existent presque plus.
On constate, aujourd’hui, une préférence pour la forme fédérale. Les grands États ou les plus
puissants sont, pour l’essentiel, des États fédéraux.
Il en existe plusieurs, repartis sur presque tous les contient. En Amérique, on peut citer, par
exemple, les États-Unis, le Canada, le Brésil, le Mexique, l’Argentine... En Europe, on retrouve
des États comme l’Allemagne, la Belgique, la Suisse, l’Autriche… En Asie, la Russie 6, les
Émirats arabes unis, l’Inde, l’Irak, Malaisie peuvent servir d’exemple. En Afrique, on peut citer
l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, le Nigeria, le Comores, la Somalie, le Soudan. En Océanie, on
peut citer de l’Australie, États fédérés de Micronésie, le Palaos.
Mais comment l’État se forme-t-il ?
6
La Russie est à cheval sur l’Asie du Nord (74,7 % de sa superficie) et sut l’Europe (25,3).
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L’État fédéral peut se réaliser soit par un processus d’association soit par un processus
de dissociation.
Le fédéralisme par association, intégration ou agrégation existe lorsqu’un ensemble d’États,
jusqu’alors indépendants, décident de se regrouper au sein d’un État, en renonçant à leur
souveraineté internationale. C’est l’exemple des treize premières colonies britanniques
d’Amérique du Nord qui se sont rassemblées à la fin du 18ème siècle pour former les États-
Unis ou encore les 10 cantons suisses qui vont unir leur volonté à partir du XIVème siècle pour
donner naissance à la fédération helvétique. Il en est de même pour les Émirats Arabes Unis ou
encore l’Allemagne.
Le plus souvent, l’association des États au sein d’un État fédéral est précédée par la création
d’une Confédération qui les regroupe. C’est le cas de la confédération des États-Unis de
l'Amérique du Nord créée en 1776 qui sera transformée en fédération en 1787. C’est aussi le
cas de la Confédération Helvétique fondée en 1315 qui sera transformée en 1848, en un État
fédéral. De même, l’Empire allemand créé en 1871 est précédé par la formation de la
Confédération de l’Allemagne du Nord en 1866.
7
Bernard Chantebout, Droit constitutionnel, op. cit, p.63.
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S’agissant de la Belgique, elle était un État unitaire depuis 1830. En raison de l’antagonisme
entre les Flamands et les Wallons, elle va connaître une forte décentralisation entre 1970 et
1980 avant de devenir un État fédéral avec l’adoption de la Constitution du 14 juillet 1993.
En Afrique, on peut se référer aux cas de l’Afrique du Sud, de l’Ethiopie ou encore du Nigeria.
En effet, l’instauration d’un système fédéral en Afrique du Sud en 1994 est faite à la suite de
l’Apartheid. Pour l’Éthiopie, la création de l’État fédéral est intervenue après la chute de la
dictature militaire en mai 1991. De 1991 jusqu'en 1995, le pays est dirigé par un gouvernement
de transition chargé de mener l'Éthiopie vers un régime démocratique.
La nouvelle Constitution, entrée en vigueur en août 1995, institue l’État fédéral composé de 9
États fédérés sur la base d’une répartition ethnique.
En ce qui concerne le Nigéria, il a opté, dès son accession à l’indépendance en 1960, pour un
système fédéral composé de 3 États fédérés. Ces derniers feront l’objet de redécoupages
successifs amenant aujourd’hui le nombre d’États à 36. C’est dire que l’accroissement du
nombre des États résulte de la fragmentation d’entités préexistantes. Ce processus de formation
du fédéralisme nigérien lui a valu la qualification du fédéralisme scissipare.
In fine, on peut considérer que l’État fédéral est la concrétisation d’une idée d’agrégation
ou désagrégation. Son organisation obéit à plusieurs principes garant de la cohérence de sa
structure.
L’organisation de l’État fédéral est régie par trois principes fondamentaux : le principe de
superposition (A), le principe d’autonomie (B) et le principe de participation (C).
A. Le principe de superposition
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Au niveau étatique, il signifie que les deux ordres étatiques se superposent. Au niveau
supérieur se trouve l’État central, et au niveau inférieur se situent les États fédérés. C’est
pourquoi, le Professeur El hadji Mbodj « parle de construction à deux étages ».
Dans cette situation, seul État central ou « Super-État » selon les termes de Jean Gicquel est
détenteur de la souveraineté internationale et représente la fédération sur la scène internationale.
Les entités fédérées ne peuvent en principe participer aux relations internationales. On observe,
toutefois, quelques exceptions dans la pratique. Il s’agit, par exemple, du Québec qui a une
délégation générale à côté de l’Ambassade du canada, ou encore de l’Ukraine et Biélorussie
qui, à l’époque de l’URSS, siégeaient à l’ONU.
En outre, l’exercice des compétences entre l’État fédéré s’inscrit dans le respect du principe
d’autonomie.
B. Le principe d’autonomie
Contrairement aux États qui demeurent souverains, les entités fédérées ne sont protégés
que par un principe d’autonomie. Il signifie que les États fédérés disposent d’une sphère de
compétences propres dans laquelle les autres entités ne peuvent pas intervenir. En ce sens,
chaque entité dispose de sa propre Constitution qui régit son organisation et son
fonctionnement.
Chaque entité continue de disposer d’un pouvoir législatif, d’un pouvoir exécutif et d’un
pouvoir judiciaire. Ce qui les rend indépendantes les unes des autres dans l’exercice de leurs
compétences.
Ainsi, l’autonomie pose la question de partage de compétence entre l’État fédéral et des
États fédérés. Ce partage est souvent organisé par la Constitution. On distingue trois formes de
répartition des compétences entre l’État fédéral et les entités fédérées. La première forme de
répartition qui répond le mieux à l’esprit du fédéralisme réponse sur un critère autonomiste.
Elle consiste à identifier un certain nombre de domaines limités dans lesquels intervient l’État
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fédéral en laissant aux entités fédéré une compétence générale. C’est le cas aux États Unis et
en Suisse. La deuxième forme est centraliste. La compétence générale est conférer à l’État
fédéral alors que l’entité fédérée dispose d’une compétence d’attribution. En d’autres termes,
tout ce qui n'est pas expressément attribué à l’État fédéral relève de la compétence des entités
fédérées. C’est la forme adoptée par la Belgique, le Canada et l’Afrique du Sud.
La troisième forme est mixte. Elle repose sur le principe d’une double compétence consistant à
la détermination d’un domaine de compétence propre à chaque État en plus d’un domaine de
compétence commun ou partagé. C’est la forme adoptée par la République Fédéral
d’Allemagne (RFA) et par l’Australie.
L’autotomie garantie aux entités fédérées n’exclut pas leur participation commune au
pouvoir fédéral, d’où le principe de participation.
C. Le principe de participation
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Voir article V de la Constitution.
9
Voir article 74 de la Constitution
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fédéral. C’est ainsi qu’aux États-Unis, on distingue la Chambre des représentants du Senat qui
représente les États et participe aux œuvres législatives et budgétaires, à la ratification des
traités internationaux, etc. En Allemagne, on a le Bundestag (Chambre du peuple) et le
Bundesrat, Chambre des États. C’est également le cas en Afrique du Sud où on a, d’une part
l’Assemblée Nationale représentant le peuple et, d’autre part, le Conseil National des Provinces
représentant les États fédérés.
Finalement, on peut retenir que l’État fédéral est une superposition d’États distincts
(États fédérés) qui se regroupent, pour l’exercice de certaines compétences, en un Super-État
(État fédéral) dans le respect de l’autonomie de chacun des États et la garantie de leur
participation à l’exercice commun de compétences de l’État fédéral. Chaque État conserve
l’intégralité des attributs de l’État à l’exception de la souveraineté externe. Ce qui justifie, sans
doute, le succès de cette forme de l’État par rapport à l’État unitaire ; dans la mesure où il se
distingue par sa souplesse et par son caractère protéiforme.
Qu’il soit constitué en forme simple ou complexe, c’est-à-dire unitaire ou fédérale, l’État
moderne est fondé par la Constitution qui détermine son statut.
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