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5 exercices, 3 disciplines LMD
« Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez 2017
votre ouvrage, Polissez-le sans cesse et le repolissez, Ajoutez quelquefois et souvent
effacez ». L’Art poétique de Boileau trouve justement à s’appliquer dans le domaine de
l’apprentissage de la discipline juridique. Tout particulièrement dans un contexte de

R
Méthodologie

Méthodologie des exercices juridiques


restrictions budgétaires et de « tout » numérique qui occulte le fait que l’apprentissage du
droit passe par l’accompagnement que les enseignants-chercheurs doivent à l’étudiant
afin qu’il puisse maîtriser les exercices juridiques destinés à former l’esprit juridique.

des exercices
La 4e édition de cet ouvrage, dans la lignée des précédentes, maintient le défi de
proposer une approche novatrice de cinq de ces exercices – le commentaire d’arrêt, le
cas pratique, le commentaire de texte, les questions à réponse courte et la dissertation
juridique –, d’en déjouer les pièges sous le triple éclairage du droit privé, du droit

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juridiques
public et de l’histoire du droit. L’originalité de l’ouvrage réside à la fois dans l’approche
interdisciplinaire des exercices abordés, soulignant ainsi les similitudes comme les
différences ou les spécificités, et le parti pris des auteurs de proposer au soutien de la
compréhension de la méthodologie et de la réussite des exercices, nombre de tableaux,
schémas et exercices corrigés. Commentaire d’arrêt, cas pratique, commentaire de texte,
Les auteurs, Céline Laronde-Clérac, Agnès de Luget, Magalie Flores-Lonjou,
questions à réponse courte, dissertation juridique
maîtres de conférences à l’Université de La Rochelle, et Arnaud Jaulin, maître de
conférences à l’Université de Bretagne occidentale, s’appuyant sur leurs expériences 4e édition

O
de chargés de travaux dirigés, ont souhaité offrir aux étudiants de licence en droit un
manuel de méthodologie unique destiné à les accompagner tout au long de leur cursus.
L’ouvrage, s’il s’adresse en première intention aux étudiants, peut s’avérer un guide
précieux pour les jeunes chargés de travaux dirigés.

C. Laronde-Clérac
A. de Luget
M. Flores-Lonjou
Droit privé Céline Laronde-Clérac
Droit public Agnès de Luget

C
HISTOIRE DU Magalie Flores-Lonjou
DROIT Avec le concours d’Arnaud Jaulin

www.lextenso-editions.fr
ISBN 978-2-275-04965-6 25 €

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Le commentaire d’arrêt 85

Illustration en droit public


Introduction rédigée et plan de commentaire de la décision
question prioritaire de constitutionnalité du Conseil
constitutionnel, 21 février 2013, Association pour la promotion
et l’expansion de la laïcité

La France est-elle une République laïque en ses divers territoires ? C’est à cette
question que devait répondre le Conseil constitutionnel, saisi par le Conseil d’État
d’une question prioritaire de constitutionnalité.
L’association pour la promotion et l’expansion de la laïcité a en effet, le 29 février 2012,
saisi parallèlement le président de la République et le Premier ministre de demandes
d’abrogation de diverses dispositions réglementaires. Au chef de l’État, elle a demandé
l’abrogation des dispositions réglementaires de la loi du 18 Germinal an X et du décret
n° 2001-31 du 10 janvier 2001 relatif au régime des cultes catholique, protestant et
israélite dans les départements du Bas-Rhin, Haut-Rhin et de la Moselle. Au chef de
gouvernement, elle a demandé l’abrogation du décret n° 2007-1341 du 11 septembre
2007 modifiant la loi locale du 15 novembre 1909 relative aux traitements et pensions
des ministres du culte rétribués par l’État et du décret n° 2007-1445 du 8  octobre
2007 relatif à la fixation indiciaire des personnels des cultes d’Alsace et Moselle.
Les autorités exécutives ayant gardé le silence pendant plusieurs mois, l’association
pour la promotion et l’expansion de la laïcité a, le 3  octobre 2012, saisi le Conseil
d’État de deux requêtes visant non seulement à l’annulation des décisions implicites
de rejet du président de la République et du Premier ministre, mais également à la
transmission au Conseil constitutionnel de deux questions prioritaires de constitu-
tionnalité relatives au 13o de l’article 7 de la loi du 1er juin 1924 et à l’article 7 des
articles organiques des cultes protestants annexé à la loi du 18 Germinal an X.
Le Conseil d’État, par arrêt du 19 décembre 2012, ayant estimé que la loi du 1er juin 1924
n’était pas applicable au litige, n’a renvoyé qu’une seule question prioritaire de consti-
tutionnalité, en vertu de l’article 61-1 de la Constitution : celle relative à l’article 7 des
articles organiques des cultes protestants annexé à la loi du 18 Germinal an X.
La question prioritaire de constitutionnalité qu’avaient à examiner les juges de la rue Mont-
pensier, au regard de la Constitution et notamment du principe de laïcité, concernait l’ar-
ticle VII des articles organiques applicables aux cultes protestants de la loi du 18 Germinal
an X prévoyant la rémunération des pasteurs des églises consistoriales d’Alsace-Moselle.
Par décision du 21  février  2013, le Conseil constitutionnel déclare conforme à
la Constitution l’article VII des articles organiques applicables aux cultes protestants
de la loi du 18 Germinal an X. Il réaffirme ainsi la constitutionnalité du principe de
laïcité, dont il dessine pour la première fois les contours, tout en estimant que ce
principe ne fait pas obstacle au maintien en vigueur, sur une partie du territoire de
la République, de dispositions législatives dérogatoires héritées de l’histoire, mais
sur lesquelles les constituants de 1946 et 1958, après examen de leurs travaux pré-
paratoires, n’ont pas entendu revenir.

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86 MÉTHODOLOGIE DES EXERCICES JURIDIQUES

Ainsi, après avoir défini le principe constitutionnel de laïcité, le Conseil constitution-


nel en livre une interprétation, révélant un principe à géométrie variable.
I. L’étendue du principe constitutionnel de laïcité
Longtemps évoquée dans les textes, la jurisprudence administrative et constitution-
nelle et la doctrine, la laïcité est ici consacrée par le juge constitutionnel.
A. Un principe énoncé
– Deux décisions du Conseil constitutionnel s’étaient déjà référées au principe de laï-
cité : 2004-505 DC du 19 novembre 2004 et 2009-591 DC du 22 octobre 2009.
– Se fondant sur deux références textuelles :
– l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 proclamant
la liberté de conscience : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même reli-
gieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi » ;
– et l’article 1er de la Constitution de 1958 selon lequel : « La France est une République
indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous
les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les
croyances » ;
– le Conseil constitutionnel énonce : « (…) que le principe de laïcité figure au nombre
des droits et libertés que la Constitution garantit (…) » (cons. n° 5).
– Partant, il ne se fonde pas explicitement sur la loi du 9 décembre 1905 portant sépa-
ration des églises et de l’État, dont l’article  1er énonce : « La République assure la
liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restric-
tions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public », et l’article 2 dispose, notam-
ment : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».
– En effet, il n’a visiblement pas souhaité reconnaître un principe fondamental reconnu
par les lois de la République (PFRLR) à partir de cette loi de 1905, à la fois parce que le
texte constitutionnel de 1958 portait déjà mention de la laïcité et peut-être en raison de
l’application partielle de cette législation sur le territoire français, non seulement en Al-
sace-Moselle, mais également en Guyane et à Mayotte.
– Toutefois, après avoir énoncé ce principe de laïcité, il est conduit à en dessiner les
contours, dans une démarche qui n’est pas sans évoquer le contenu de la loi du 9 dé-
cembre 1905.
B. Un principe aux contours dessinés
– La fin du considérant n° 5 permet au Conseil constitutionnel d’énumérer les élé-
ments relevant du principe de laïcité : « qu’il en résulte la neutralité de l’État ; qu’il en
résulte également que la République ne reconnaît aucun culte ; que le principe de laï-
cité impose notamment le respect de toutes les croyances, l’égalité de tous les citoyens
devant la loi sans distinction de religion et que la République garantisse le libre exercice
des cultes ; qu’il implique que celle-ci ne salarie aucun culte ».
– La neutralité de l’État, déjà énoncée par le Conseil d’État (CE, 16  mars 2005,
n° 265560, min.  Outre-mer) est ici incluse dans le principe de laïcité, tout comme le
respect des croyances, l’égalité des citoyens devant la loi sans distinction de religion et
le libre exercice des cultes.

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Le commentaire d’arrêt 87

– En revanche, il ne consacre qu’un aspect de la neutralité financière, à savoir l’inter-


diction de salarier les cultes, mais reste muet sur l’interdiction de subventionner les
cultes, contenue à l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905.
– Ce relatif silence permet non seulement de justifier la non-reconnaissance
d’un PFRLR à partir de la loi de 1905, mais également d’assurer la conformité
à la Constitution de diverses dispositions législatives dérogatoires : garanties
d’emprunt prévues par la loi n° 61-825 du 19  juillet  1961, baux emphytéotiques
de l’article L. 1311-2 du Code général des collectivités territoriales, analysés par
le Conseil d’État comme une dérogation à l’article  2 de la loi de 1905 (CE, Ass.,
19 juill. 2011, n° 320796, Vayssière)…
– De cette impossibilité constitutionnelle de salarier les ministres du culte, aurait dû
résulter l’inconstitutionnalité de l’article VII des articles organiques des cultes protes-
tants de la loi du 18 Germinal an X, mais le Conseil constitutionnel a fait ici application
d’un principe de laïcité à géométrie variable.
II. Une application du principe constitutionnel de laïcité à géométrie variable
Si pour les requérants l’État méconnaissait deux dispositions de la loi du 9 décembre
1905 dans l’article  VII des articles organiques des cultes protestants de la loi du
18 Germinal an X, à savoir l’article 2 « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne
subventionne aucun culte » et l’article  44 « Sont et demeurent abrogées toutes les
dispositions relatives à l’organisation publique des cultes antérieurement reconnus
par l’État, ainsi que toutes les dispositions contraires à la présente loi, et notamment
la loi du 18 Germinal an X », le Conseil ne censure pas pour autant l’article VII incri-
miné (cons. n° 6), par la mise en exergue d’un contexte historique particulier et par
un processus de neutralisation du principe de laïcité.
A. La mise en exergue d’un contexte historique particulier
– Une nouvelle fois, l’introduction du contrôle a posteriori donne au Conseil constitu-
tionnel la possibilité de se prononcer directement sur le droit local alsacien-mosellan.
– En 2011, à l’occasion de l’examen des dispositions relatives à l’interdiction du travail
le dimanche, il a dégagé un nouveau PFRLR selon lequel « tant qu’elles n’ont pas été
remplacées par les dispositions de droit commun ou harmonisées avec elles, des
dispositions législatives et réglementaires particulières aux départements du Bas-
Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle peuvent demeurer en vigueur » (Cons.  const.,
déc. 5 août 2011, nº 2011-157 QPC, Sté SOMODIA).
– Dans cette décision du 21 février 2013, le Conseil commence par rappeler le contexte
historique particulier des départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle
soumis, pour certaines matières, à une législation différente du reste du territoire
national, regroupant des textes français maintenus en vigueur après l’annexion de
1870, des lois fédérales adoptées par l’Empire allemand et les lois locales adoptées
par l’Alsace-Lorraine (cons. n° 3).
– En effet, même si, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, des mesures ont été
prises en vue de l’intégration de ces départements au droit commun, de nombreuses dis-
positions de droit local, concernant notamment le droit des cultes, le droit du travail et le
droit des associations, demeurent encore en vigueur permettant au Conseil de considérer

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88 MÉTHODOLOGIE DES EXERCICES JURIDIQUES

que le droit des cultes alsacien-mosellan s’est constamment appliqué dans ces départe-
ments depuis 1919, en lieu et place de la loi du 9 décembre 1905 (cons. n° 4).
– Démarche qui n’est pas sans rappeler celle du juge administratif, qui après avoir
noté que ni le législateur, ni le constituant (alors même que le principe de laïcité a été
introduit dans les Constitutions de 1946 et 1958) n’avaient entendu abroger le droit lo-
cal, avait appliqué celui-ci et écarté sa prétendue incompatibilité avec la Constitution
(CE, 6 avr. 2001, n° 219379, SNES), tout en se déclarant incompétent pour examiner la
constitutionnalité des dispositions de nature législative de la loi du 18 Germinal an X
(CE, 17 mai 2002, n° 231290, Hofmann).
– La consécration du PFRLR en 2011 (Cons. const., déc. 5 août 2011, nº 2011-157 QPC,
Sté SOMODIA) ayant fait l’objet de nombreuses critiques, le Conseil n’a pas souhai-
té s’y référer – malgré l’invitation du Premier ministre et des représentants des cultes
reconnus intervenant à l’instance – afin de justifier le maintien d’une législation à la
fois controversée et bénéficiant d’un fort attachement de la population locale.
– Pour autant, le Conseil constitutionnel a dû neutraliser le principe de laïcité, afin
d’énoncer la conformité à la Constitution de ce régime législatif alsacien-mosellan.
B. La neutralisation du principe de laïcité
– Le PFRLR écarté et sans rattachement textuel de valeur constitutionnelle, contrai-
rement à quelques collectivités d’outre-mer, le Conseil a dû chercher à neutraliser le
principe de laïcité par tout moyen.
– S’appuyant sur les travaux préparatoires des Constitutions de 1946 et 1958 qui ont, pour
la première fois, fait référence au principe de laïcité, le Conseil constitutionnel constate
que les constituants, dans les deux cas, n’ont pas voulu remettre en cause le statut parti-
culier du droit des cultes en Alsace-Moselle (cons. n° 6).
– Il en déduit donc qu’il n’y a pas de contradiction entre le principe constitutionnel de
laïcité et le droit local de ces trois départements, où la règle selon laquelle la Répu-
blique ne salarie aucun culte, ne s’applique pas aux quatre cultes reconnus par la loi
du 18 Germinal an X.
– Ce recours à l’intention des constituants, critiqué par une partie de la doctrine car repo-
sant sur un argument d’autorité, tient peut-être au souci du Conseil de trouver un fonde-
ment constitutionnel non seulement au droit local des cultes d’Alsace-Moselle, mais aus-
si aux régimes des cultes particuliers applicables dans certains territoires d’Outre-mer.
– Ce faisant, il conforte la jurisprudence du Conseil d’État mais aussi celle même du
Conseil constitutionnel en matière de laïcité en lui donnant un fondement plus solide.

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effacez ». L’Art poétique de Boileau trouve justement à s’appliquer dans le domaine de
l’apprentissage de la discipline juridique. Tout particulièrement dans un contexte de

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Méthodologie des exercices juridiques


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droit passe par l’accompagnement que les enseignants-chercheurs doivent à l’étudiant
afin qu’il puisse maîtriser les exercices juridiques destinés à former l’esprit juridique.

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La 4e édition de cet ouvrage, dans la lignée des précédentes, maintient le défi de
proposer une approche novatrice de cinq de ces exercices – le commentaire d’arrêt, le
cas pratique, le commentaire de texte, les questions à réponse courte et la dissertation
juridique –, d’en déjouer les pièges sous le triple éclairage du droit privé, du droit

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public et de l’histoire du droit. L’originalité de l’ouvrage réside à la fois dans l’approche
interdisciplinaire des exercices abordés, soulignant ainsi les similitudes comme les
différences ou les spécificités, et le parti pris des auteurs de proposer au soutien de la
compréhension de la méthodologie et de la réussite des exercices, nombre de tableaux,
schémas et exercices corrigés. Commentaire d’arrêt, cas pratique, commentaire de texte,
Les auteurs, Céline Laronde-Clérac, Agnès de Luget, Magalie Flores-Lonjou,
questions à réponse courte, dissertation juridique
maîtres de conférences à l’Université de La Rochelle, et Arnaud Jaulin, maître de
conférences à l’Université de Bretagne occidentale, s’appuyant sur leurs expériences 4e édition

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manuel de méthodologie unique destiné à les accompagner tout au long de leur cursus.
L’ouvrage, s’il s’adresse en première intention aux étudiants, peut s’avérer un guide
précieux pour les jeunes chargés de travaux dirigés.

C. Laronde-Clérac
A. de Luget
M. Flores-Lonjou
Droit privé Céline Laronde-Clérac
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DROIT Avec le concours d’Arnaud Jaulin

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