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Sections 1 

: réduction des délais de traitements des dossiers :


La question de l’accélération dans nos sociétés est aujourd’hui très largement posée, avec
des travaux qui portent sur le temps, la gestion du temps et qui font de l’accélération l’une
des principales caractéristiques de la modernité1. L’accélération se traduit dans le champ de
l’action publique par la prolifération de dispositifs – réunis sous l’étiquette de nouveau
management public qui vise à assurer et accroître l’efficacité et la performance des services
publics2.
Dans ce contexte nous allons examiner dans un premier abord les avantages liés à
l'utilisation de la numérisation en terme de diminution des délais de traitement des affaires
et explorer les différentes technologies numériques utilisées pour accélérer les procédures
judiciaires, telles que l'utilisation de la vidéoconférence pour les audiences, la mise en place
de systèmes de gestion de cas etc… et ensuite analyser les impacts de ces technologies pour
les professionnels de la justice et les justiciables, notamment en termes de respect de la vie
de la vie privé des justiciables, de règlementation et de formation et compétence…
Paragraphe1 : les avantages de la numérisation pour accélérer les procédures judiciaires:
Dans le contexte actuel de la justice, la rapidité des procédures est un enjeu majeur pour les
justiciables et pour le système judiciaire. Les retards dans les procédures et les longues
attentes peuvent être source de frustration et peuvent avoir des conséquences négatives sur
les parties impliquées, qu'il s'agisse de citoyens ordinaires, d'entreprises ou d'organisations
gouvernementales. Les problèmes de lenteur et de complexité des procédures sont souvent
évoqués dans les médias et par les professionnels de la justice, qui cherchent des solutions
pour améliorer l'accès à la justice et accélérer le traitement des affaires. La numérisation
peut aider à résoudre ce problème en réduisant les temps d'attente pour les différents
stades de la procédure à travers l’utilisation de la numérisation traditionnelle (A) mais aussi
les avancés technologiques (B) :
A- la numérisation simple :
Les avantages de la numérisation en termes de rapidité des procédures judiciaires sont
nombreux et variés. Tout d'abord, l'un de ces aspects est l’automatisation des tâches
administratives qui permet de réduire les délais de traitement des dossiers en éliminant les
tâches manuelles et fastidieuses. A titre illustratif, la création de documents peut être
effectuée à l'aide de modèles préétablis et la saisie des données à l'aide de formulaires
électroniques en évitant de rédiger les mêmes documents à partir de zéro à chaque fois, ce
qui permet de gagner du temps et d'assurer la cohérence des documents produits. En
conséquence, cette automatisation va permettre de libérer les professionnels de la justice de
tâches administratives chronophages et répétitives et augmenter leur satisfaction au travail
et leur productivité et leur permettre de se concentrer sur des tâches plus complexes et à

1
Gilles Pronovost, Sociologie du temps, Bruxelles : De Boeck, 1996 ; Hartmut Rosa, Accélération. Une critique
sociale du temps, Paris : La Découverte, 2010.
2
Werner Ackermann et Benoit Bastard, « La modernisation de l’institution judiciaire : la surprenante diffusion
des tableaux de bord », in Catherine Grémion et Robert Fraisse (dir.), Le service public en recherche. Quelle
modernisation ?, Paris : La Documentation française, 1996, p. 187-201.
plus forte valeur ajoutée, comme la recherche juridique ou la rédaction de plaidoiries. 3 En
somme, les logiciels et les programmes informatiques peuvent traiter un grand nombre de
données en un temps record et les tâches qui prenaient des heures ou des jours à être
réalisées manuellement peuvent maintenant être effectuées en quelques minutes grâce à
l'automatisation.
La numérisation peut être particulièrement utile dans les domaines du droit des sociétés, du
droit de la propriété intellectuelle et du droit des contrats en permettant d'automatiser la
production de documents juridiques, tels que les contrats, les actes de procédure et les
décisions de justice et réduire le temps nécessaire à la rédaction, la relecture et la correction
de ces documents, tout en améliorant leur qualité et leur exactitude.4
De plus, l’automatisation des tâches répétitives et l’élimination des manipulations physiques
des documents permettent de réduire les risques d'erreurs humaines. À ce titre, Les logiciels
et les programmes informatiques sont plus précis et fiables que les êtres humains, ce qui
permet d'éviter les erreurs de frappe, les erreurs de calcul, les erreurs de transmission, etc.
qui peuvent causer beaucoup de retard pour la résolution des affaires. 5 De plus, la
numérisation permet une analyse plus fine des données, en utilisant des outils d'intelligence
artificielle pour détecter les erreurs, les incohérences et les anomalies. Ainsi, la numérisation
peut permettre une amélioration significative de la qualité des décisions judiciaires, en
garantissant une meilleure fiabilité et une plus grande objectivité dans l'analyse des
données.
En outre, le règlement des conflits met en jeu de nombreux échanges entre les parties, leurs
avocats, les greffes, le ministère public, les juges… Bien souvent, ces échanges se font par
écrit, mais un débat oral doit en principe avoir lieu. Ce mélange traditionnel d’oralité et
d’écriture est aujourd’hui bouleversé par la dématérialisation. Le numérique constitue une
aide fantastique pour stocker et échanger de l’information 6 d’une manière rapide et
efficace. Les dossiers « papier » peuvent être abandonnés. Les logiciels peuvent faciliter le
travail des magistrats en simplifiant les échanges (courriels, messageries instantanées) et en
permettant la préparation, la transmission et le suivi des documents (actes, notifications) en
temps réel. Il est alors possible d’imaginer une procédure entièrement numérisée, une
tendance qui affecte les systèmes judiciaires un peu partout 7.la numérisation facilite la
communication entre les juridictions, les parties et les professionnels de la justice, et permet
une coordination plus efficace des différentes étapes des procédures. Cette coordination
plus efficace peut accélérer le traitement des affaires et améliorer l'accès à la justice pour les
justiciables.
Pour être plus précis, il convient de citer quelques exemples illustratifs de l'automatisation des
procédures judiciaires dans la réduction du temps de traitement des dossiers, en l’occurrence :

3
A. GARAPON, J. LASSÈGUE. Justice digitale : révolution graphique et rupture anthropologique, 2018. p. 72-73.
4
François-Régis Chaumartin et Jean-François Henrotte. La Transformation numérique des entreprises : Enjeux
pour le droit, p. 103-105
5
Thierry Tauran : Numérisation et procédure civile, 2020, p. 115.
6
« Florence G’sell. Justice numérique, Éditions Dalloz, 2021, p5 »
7
« U. Berlit, E-Justiz en Allemagne. La progression de la numérisation de la justice, RFDA 2021. 397»
B- utilisation des avancées technologiques :
La modernisation de la justice ne se résume pas seulement à la numérisation et à la mise en
réseau des procédures judiciaires. Elle implique également l'utilisation des avancées
technologiques pour soutenir les juges dans leur travail de fond. Les progrès de l'intelligence
artificielle ouvrent la voie à de nouvelles perspectives pour la prestation de services
judiciaires. Le terme a été introduit pour la première fois en 1956 lors du séminaire de
Dartmouth par les mathématiciens américains John McCarthy, Marvin Minsky, Nathaniel
Rochester et Claude Shannon, et il fait référence à la création de machines capables de
simuler l'intelligence humaine. L’idée était de faire en sorte que les machines puissent
accomplir des tâches relevant de l’intelligence humaine 8 . Aussi, Le concept d'apprentissage
automatique, également connu sous le nom de "machine learning", a révolutionné le
domaine de la programmation en permettant aux machines d'apprendre à partir de données
sans être explicitement programmées grâce à l'introduction des techniques d'apprentissage
profond, également appelées "deep learning". Ces techniques reposent sur des réseaux de
neurones qui permettent de modéliser les données avec un haut niveau d'abstraction.
Aujourd’hui, les algorithmes d’apprentissage automatique peuvent examiner de
gigantesques bases de données d’informations et identifier des modèles afin de formuler
des prédictions non seulement sur des décisions juridiques, mais aussi sur tout type de
comportement humain9.
D’une part, Les systèmes d'IA sont capables d'analyser rapidement de grandes quantités
de données juridiques, telles que des dossiers, des documents et des précédents
judiciaires. Les algorithmes d'IA peuvent traiter ces données de manière beaucoup plus
rapide et efficace que les humains, ce qui permet aux professionnels du droit de prendre
des décisions plus rapidement en se basant sur des analyses de données précises et
fiables10. En exemple, Des startups spécialisées (la legaltech) ont créé des logiciels pour
accompagner les acteurs de la justice, en particulier les magistrats et avocats, dans leur
travail. Les algorithmes peuvent aider à la prise de décision, assister un juge lors de
l’instruction d’un dossier, par exemple, en l’informant de tous les jugements rendus par les
tribunaux français dans des affaires similaires. Concrètement, soit le magistrat choisit lui-
même des critères (mots-clés, textes, etc.) dans une base de données pour en extraire les
affaires similaires à celle qu’il doit traiter, soit l’extraction est effectuée automatiquement
par un logiciel et le juge retient ce qui l’intéresse. L'IA accélère la recherche d’informations
mais c’est le juge seul qui prend la décision.11.
D’autre part, L'utilisation de l'IA dans ce qu’on appelle aujourd’hui la justice prédictive,
c’est-à-dire pour prédire les résultats des procès peut offrir de nombreux avantages pour
les avocats, les juges et les parties concernées. En effet, les algorithmes d’apprentissage
automatique peuvent examiner de gigantesques bases de données d’informations et

8
Florence G’sell. Justice numérique, Éditions Dalloz, 2021, p45
9
« Florence. G’sell , Le Big Data et le Droit, Dalloz, 2020. p. 87 »
10
v. E. Barthe, « Les outils de l’intelligence artificielle pour le droit français », JCP 2019. Doctr. 381.
11
https://www.vie-publique.fr/eclairage/277098-lintelligence-artificielle-ia-dans-les-decisions-de-justice
identifier des modèles afin de formuler des prédictions non seulement sur des décisions
juridiques, mais aussi sur tout type de comportement humain 12 et peut fournir une
estimation de la probabilité de réussite d'une affaire particulière. Cela peut aider les
avocats à mieux évaluer les risques de poursuivre ou non une affaire, en leur permettant
de prendre des décisions plus éclairées sur la meilleure stratégie à suivre.
Cependant, il est important de noter que la prédiction des résultats des procès par l'IA
n'est pas infaillible. La fiabilité de ces algorithmes peut être mise en doute. Non seulement
les algorithmes peuvent être mal conçus, mais ils sont également dépendants de la qualité
des données : il arrive fréquemment que les données soient mal classées, incomplètes,
inexactes ou périmées, ce qui conduit à des résultats peu fiables 13. Aussi, Les décisions de
justice sont souvent influencées par de nombreux facteurs, tels que les preuves présentées
au tribunal, les arguments des avocats et les circonstances uniques de chaque affaire. Par
conséquent, les prédictions de l'IA ne doivent pas être utilisées comme une méthode
absolue pour prendre des décisions, mais plutôt comme un outil pour aider les avocats et
les juges à mieux comprendre les facteurs qui influencent les décisions de justice. 14
De plus, l'utilisation de l'IA pour prédire les résultats des procès soulève des
préoccupations éthiques et juridiques importantes. Il est crucial que les systèmes d'IA
utilisés pour cette tâche soient conçus de manière éthique et qu'ils soient régulièrement
évalués pour garantir leur efficacité et leur impartialité. Les juges, les avocats et les
décideurs politiques doivent être formés pour comprendre les avantages et les limites de
l'IA, ainsi que les questions juridiques et éthiques qui y sont liées 15.
Une autre avancée technologique qui trouve ses applications dans le domaine de la justice
est la blockchain. La blockchain est une technologie de stockage et de transmission
d'informations, qui permet de stocker des données de manière décentralisée et sécurisée.
Elle est basée sur un réseau de nœuds qui vérifient et valident les transactions en utilisant
des algorithmes de cryptographie avancés.16 La blockchain est connue pour être utilisée dans
le domaine des crypto monnaies, mais elle a également de nombreux autres cas d'utilisation
dans le domaine de la justice. À ce titre, Les smart contracts, ou contrats intelligents en
français de la technologie de blockchaine, sont des programmes informatiques auto-
exécutables qui permettent de programmer automatiquement l'exécution d'une transaction
ou d'une action en réponse à des événements spécifiques.17 Ils peuvent être utilisés donc
pour automatiser certains processus judiciaires, ce qui peut réduire les délais associés aux
procédures. Par exemple, un contrat intelligent peut être utilisé pour automatiser la collecte
de preuves ou pour exécuter des ordonnances judiciaires, ce qui peut accélérer le traitement
des affaires.

12
F. G’sell, « Les algorithmes pourraient-ils remplacer les juges », in F. G’sell (dir.), Le Big Data et le Droit,
Dalloz, 2020, p. 21 
13
« Florence G’sell. Justice numérique, Éditions Dalloz, 2021, p45 »
14
FRÉDÉRIC-JÉRÔME PANSIER. Ijudge, vers une justice prédictive, 2019, p79
15
Malabat V., Justice prédictive et droit pénal substantiel », p112
16
« Blockchain, un nouveau champ d’études pour les juristes », Revue Télécom, n°183, décembre 2016.
17
https://www.cairn.info/revue-realites-industrielles-2017-3-page-77.htm
De plus, les smart contracts peuvent aider à éviter les erreurs et les retards liés aux
interventions humaines. En effet, une fois qu'un contrat intelligent est exécuté, il est
immuable et ne peut plus être modifié, ce qui garantit l'intégrité des données et évite les
erreurs humaines qui pourraient retarder les procédures.18
Les avancées technologiques telles que l’intelligence artificielle, la block Chain (les contrats
intelligents) peuvent offrir des avantages en terme la rapidité et l'efficacité des procédures
judiciaires. Cependant, leur utilisation peut également avoir des impacts sur les justiciables
et les professionnels de la justice. Il est important de travailler pour garantir que ces
technologies sont utilisées de manière responsable pour offrir des procédures judiciaires
plus rapides et efficaces pour tous.
Paragraphe2 : Impacts de la numérisation pour les professionnels de la justice et les
justiciables :
La numérisation a considérablement impacté les professionnels de la justice ainsi que les
justiciables. Bien que cette évolution technologique ait apporté de nombreux avantages,
elle a également engendré de nouvelles contraintes aussi bien pour les justiciable que
pour les professionnels qui nécessitent une attention particulière.
A-pour les justiciable :
En effet, la dématérialisation est une tendance inéluctable qui offre des avantages
indéniables pour l'accès à la justice et l'efficacité des tribunaux. Toutefois, elle implique
souvent la collecte et le stockage d'une grande quantité de données personnelles des
justiciables qui peuvent inclure des informations 19telles que les noms, les adresses, les
numéros de téléphone, les adresses électroniques, les données financières, les antécédents
judiciaires et d'autres informations personnelles sensibles ce qui peut entraîner des risques
pour la vie privée des justiciables .C’est à dire, ces données stockées dans des bases de
données en ligne et accessibles aux juges, aux avocats et aux fonctionnaires judiciaires, mais
également potentiellement à des tiers non autorisés. Cela peut augmenter le risque de
violations de la vie privée, telles que l'usurpation d'identité, la surveillance illégale ou la
divulgation de données personnelles sensibles20. Aussi, Les entreprises technologiques
peuvent également collecter ces données à des fins publicitaires ou commerciales, exposant
ainsi les justiciables à des risques supplémentaires.
Par conséquent, il est crucial que les systèmes juridiques numérisés soient conçus de
manière à garantir la sécurité et la confidentialité des données personnelles des justiciables,
tout en permettant l'accès à l'information nécessaire pour que les tribunaux puissent
fonctionner efficacement. Des politiques de protection de la vie privée doivent être mises en
place pour minimiser les risques de violation de la vie privée des justiciables 21, y compris des
mesures telles que la pseudonymisation, l'anonymisation et la restriction d'accès aux
données sensibles et les justiciables doivent être informés des données collectées, de la
18
https://www.annales.org/edit/ri/2017/ri-aout-2017/RI-AOUT-2017-Article-BARBRY.pdf
19
https://www.village-justice.com/articles/jumeau-numerique-face-aux-enjeux-protection-des-donnees-
personnelles,41441.html
20
Bénédicte Boyer-Bévière; Dorothée Dibie, Droit, Société et Numérique, Edition Dalloz 2022, p181
21
https://www.assises-cncc-2022.fr/politique-de-confidentialites
façon dont elles sont stockées et utilisées, et de leurs droits en matière de protection de la
vie privée.
De surcroit, La numérisation peut rendre le système de justice moins personnel en raison
de la déshumanisation inhérente aux processus numériques. Les interactions en face à
face entre les professionnels de la justice et les justiciables peuvent être remplacées par
des interactions en ligne impersonnelles. Cela peut réduire la qualité de la communication
entre les parties, et rendre difficile l'établissement d'un lien de confiance et d'empathie,
qui est important pour les justiciables qui ont besoin de soutien émotionnel et de conseils
juridiques.22
Lorsqu'une personne est confrontée à une situation juridique difficile, il peut être
important pour elle de pouvoir s'exprimer et de recevoir des conseils juridiques en
personne. Cela peut aider à réduire son niveau de stress et d'anxiété et à renforcer son
sentiment de contrôle sur la situation. L'absence de contact humain peut également
rendre plus difficile l'obtention de réponses à des questions complexes ou la
compréhension de la procédure juridique.23
Certains groupes de personnes, tels que les personnes âgées, les personnes handicapées
ou les personnes qui n'ont pas accès à la technologie, peuvent être particulièrement
affectés par la perte de contact humain résultant de la numérisation. Pour ces personnes,
l'interaction en personne avec un professionnel de la justice peut être la seule option
viable pour recevoir le soutien émotionnel et les conseils juridiques dont elles ont besoin.
Il est donc important de trouver un équilibre entre les avantages de la numérisation dans
le système de justice et la nécessité d'un contact humain et d'une interaction en personne
pour les personnes qui ont besoin de soutien émotionnel et de conseils juridiques. Les
professionnels de la justice doivent être conscients de ces besoins et veiller à fournir un
soutien adéquat aux justiciables dans le cadre de la numérisation.
B-pour les professionnels de la justice :
La contrainte du cadre juridique de la numérisation fait référence à la nécessité de
s'assurer que les lois et les réglementations existantes sont applicables et adaptées à
l'utilisation des technologies numériques dans le système de justice. Les lois et
réglementations existantes peuvent ne pas être suffisamment claires ou adaptées à
l'utilisation de technologies numériques, ce qui peut rendre difficile leur application dans
un contexte numérique. Par exemple, l'utilisation de technologies numériques peut
soulever des questions juridiques complexes liées à la propriété intellectuelle, à la
responsabilité, à la confidentialité et à la protection des données personnelles. 24Les
tribunaux doivent donc s'assurer que les lois et les réglementations existantes sont
adaptées à l'utilisation de ces technologies et qu'elles sont appliquées de manière efficace.
22
ZANNOU, L. R., « Le couple justice et technologies : lune de miel ou lune de fiel ? », (2019), p 21-24.
23
https://www.canlii.org/fr/doctrine/doc/2021CanLIIDocs2275#!fragment//
BQCwhgziBcwMYgK4DsDWszIQewE4BUBTADwBdoByCgSgBpltTCIBFRQ3AT0otokLC4EbDtyp8BQkAGU8pAELcAS
gFEAMioBqAQQByAYRW1SYAEbRS2ONWpA
24
https://www.village-justice.com/articles/interaction-entre-droit-les-nouvelles-technologies-numeriques-
pertinence,35233.html
De plus, la numérisation peut également nécessiter des changements dans le cadre
juridique existant. Par exemple, la numérisation peut nécessiter la mise en place de
nouvelles lois et réglementations pour régir la collecte, le stockage et l'utilisation de
données numériques, ou pour réglementer l'utilisation de technologies numériques dans
les procédures judiciaires25. Cependant, l'adaptation du cadre juridique existant peut être
un processus complexe et long, en raison de la nécessité de consultation des parties
prenantes, de l'analyse des impacts juridiques et de l'adoption de nouvelles lois et
réglementations. Cette contrainte peut ralentir l'adoption de technologies numériques
dans le système de justice et limiter leur efficacité.
L'avènement de la numérisation a apporté des changements significatifs dans le système
judiciaire, obligeant les professionnels de la justice à s'adapter à une nouvelle réalité qui
implique une utilisation accrue de la technologie. Les avocats, les juges, les greffiers, les
huissiers de justice et autres professionnels de la justice doivent être en mesure de
comprendre et de maîtriser les outils numériques qui sont de plus en plus utilisés dans la
pratique juridique.26
Cela nécessite une formation continue pour acquérir de nouvelles compétences et se tenir
informé des développements technologiques. Les professionnels de la justice doivent
apprendre à utiliser des outils tels que les plateformes de visioconférence, les logiciels de
gestion de dossiers, les bases de données électroniques et les systèmes de communication
sécurisés. 27De plus, les professionnels de la justice doivent être en mesure de comprendre
les implications de la numérisation sur les aspects juridiques tels que la protection des
données personnelles, la cybersécurité, les preuves électroniques et les procédures
judiciaires en ligne.
En somme, les professionnels de la justice ont besoin d'une formation continue pour
s'adapter à l'évolution du système judiciaire et devenir compétents dans l'utilisation des
technologies numériques pour parvenir à une gestion efficace des données et dossiers.

Section 2 : gestion efficace des données et dossiers :


La numérisation des procédures judiciaires est un processus qui consiste à transformer les
documents et dossiers judiciaires physiques en formats numériques. Cette transformation a
des implications considérables pour une gestion efficace (paragraphe1) et une protection
des données et dossiers judiciaires (paragraphe2).
Paragraphe1 : Gestion efficace :
A- Facilitation de l'accès et de la recherche

25
https://www.dbfbruxelles.eu/dossiers-thematiques/numerisation-de-la-justice/
26
https://www.village-justice.com/articles/systemes-judiciaires-nouveau-train-mesures-visant-accelerer-
numerisation-des,37393.html
27
https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-du-droit-2018-1-page-279.htm
Tout d'abord, la transformation des dossiers judiciaires en format numérique permet une
gestion plus efficace de l'ensemble des informations et des documents liés aux affaires. Les
dossiers numériques peuvent être stockés dans des systèmes électroniques sécurisés et
accessibles à distance, ce qui facilite leur traitement et leur partage entre les différents
acteurs de la procédure. En effet, les informations numériques peuvent être consultées et
partagées plus facilement et rapidement que les documents papier, ce qui facilite la
collaboration entre les acteurs du système judiciaire (juges, avocats, greffiers, etc.) et
accélère le traitement des affaires28.
En outre cette transformation numérique permet d'organiser les données et les dossiers de
manière structurée. Les informations relatives aux affaires judiciaires peuvent être stockées
dans des systèmes informatiques centralisés et organisées selon des catégories logiques. Les
données peuvent être triées par dates, noms, numéros de cas, types de cas, types de
documents, etc. Cela facilite la recherche des informations et permet aux utilisateurs
autorisés d'accéder rapidement aux données pertinentes.29
B- Réduction des coûts :
En numérisant les documents, les tribunaux peuvent réaliser des économies significatives en
réduisant les coûts liés à l'impression, au stockage et à la gestion des documents papier. À ce
titre, la dématérialisation des documents permet de réduire les coûts liés à l'achat de papier,
d'encre et d'autres fournitures de bureau nécessaires à l'impression des documents papier.
En effet, l'impression de documents peut représenter une dépense importante pour les
tribunaux, notamment lorsqu'il s'agit de volumes élevés de documents dans les affaires
complexes.30
Ensuite, permettre également de réduire les coûts liés au stockage physique des documents
dans des salles d'archives.31 En effet, les tribunaux ont souvent besoin de conserver des
dossiers et des documents papier pendant de nombreuses années, ce qui peut nécessiter la
location ou l'achat de locaux supplémentaires pour le stockage. En numérisant les
documents, les tribunaux peuvent libérer de l'espace physique et éviter les coûts associés à
la location ou l'achat de salles d'archives supplémentaires.32
Paragraphe 2 : protection des données et dossiers judiciaires:
La sécurité des données est un enjeu crucial dans le domaine de la justice, car les
informations et les documents liés aux affaires judiciaires sont souvent très sensibles et
confidentiels.
A-Protection contre les risques de perte et de destruction de données :
Avec la manipulation physique des documents papier, ces derniers peuvent être facilement
perdus, endommagés ou volés, ce qui peut avoir des conséquences graves sur le
déroulement de la procédure judiciaire et la confidentialité des informations. À ce titre, la
28
Boyer-Bévière B., Dibie D. (2020) "Droit, Société et Numérique", Dalloz. Pages 66-67
29
https://www.cairn.info/revue-document-numerique-2002-1-page-61.htm
30
Corinne Bléry; Loïs Raschel. Vers une procédure civile 2.0 , 2018,p74
31
https://www.cours-appel.justice.fr/nancy/la-transformation-numerique-du-ministere-de-la-justice
32
https://www.scancenter.fr/actualites/avantages-inconvenients-numerisation-documents/
numérisation des dossiers judiciaires et leur stockage sur des serveurs distants sécurisés
offrent une protection optimale des données contre les risques de perte ou de destruction
en cas de sinistre33 (incendie, inondation, etc.)et garantissent la disponibilité des
informations à tout moment. En effet, des copies de sauvegarde peuvent être facilement
créées et peuvent être stockées à un emplacement différent du serveur principal,
garantissant ainsi que les données soient protégées contre toute éventualité.
B- Renforcement de la sécurité des données:
L’utilisation de technologies de l'information et de la communication dans la justice
contribue à améliorer la sécurité des données et des dossiers judiciaires de plusieurs façons.
Tout d'abord, les documents numériques peuvent être protégés par des mesures de sécurité
informatique telles que le cryptage, l'authentification et les pare-feux, qui empêchent les
accès non autorisés et les cyberattaques. De plus, les systèmes de gestion électronique des
documents peuvent garantir la confidentialité des informations en permettant un accès
sélectif aux documents en fonction des autorisations des utilisateurs. À titre d’exemple, la
numérisation des données et dossiers judiciaires peut permettre d'améliorer la gestion des
risques de sécurité en mettant en place des politiques et des procédures adaptées à la
gestion de l'information numérique et les normes de sécurité reconnues, telles que ISO
27001, pour garantir la sécurité de leurs systèmes d'information et de leurs données. 34
Aussi, elle permet également de renforcer la traçabilité des actions réalisées sur les
documents (accès, modification, suppression,etc.) et offrir des fonctionnalités de suivi des
accès, d'audit et de contrôle des versions, qui permettent aux administrateurs de vérifier qui
a accédé à un document, à quelle date et à quelle heure, et de détecter toute modification
ou tentative de modification non autorisée., ce qui contribue à la lutte contre la corruption
et les fraudes.35
En outre, la numérisation des données permet également une sauvegarde régulière et
automatisée des documents, évitant ainsi les pertes d'information en cas de sinistre tel
qu'un incendie, une inondation ou une autre catastrophe naturelle. Les copies de
sauvegarde peuvent être stockées dans des emplacements distants et sécurisés pour
garantir leur intégrité et leur disponibilité en cas d'urgence. 36

33
https://www.justice.gouv.fr/art_pix/egj_doc15_numerique.pdf
34
https://www.iso.org/fr/standard/27001
35
https://rm.coe.int/cepej-2021-15-fr-numerisation-dossiers-digitalisation-tribunaux/1680a4cf2e
36
https://www.archivage-numerique.fr/ged
Chapitre 2 : Amélioration de l’accessibilité et de la transparence à la justice
Section1 : Amélioration de l’accessibilité :
Paragraphe 1 : possibilité de déposer des plaintes en ligne
Paragraphe2 : accès faciles aux informations juridique :
Section 2 : amélioration de l transparence et de l’équité :
Paragraphe1 : transparence accrue dans le traitement des dossiers
Paragraphe2 : protection accrue des droits des justiciables

Le site Mahakim.ma a un impact positif sur la rapidité des procédures judiciaires au Maroc en
offrant un accès plus facile aux informations relatives à l'état d'avancement des affaires judiciaires
en temps réel. Cela permet aux parties prenantes de suivre l'évolution de leurs dossiers judiciaires
plus rapidement et plus facilement, ce qui peut contribuer à réduire les délais de traitement.En
permettant aux utilisateurs d'accéder à leurs dossiers judiciaires en ligne, Mahakim.ma réduit
également la nécessité pour les parties prenantes de se déplacer physiquement au tribunal pour
obtenir des mises à jour sur leurs dossiers, ce qui peut être particulièrement utile pour les
personnes qui habitent loin des tribunaux ou qui ont des difficultés à se déplacer.

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