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Le guide
de l´intelligence
artificielle
au travail
Vos droits face aux algorithmes
Un guide juridique pour mieux maîtriser
l´intelligence artificiellE
dans votre environnement Professionnel
L’intelligence artificielle (IA), avec sa batterie d’algorithmes, fait de plus en plus
irruption dans la sphère professionnelle et dans nos vies, regroupant nombre de
technologies que les travailleurs côtoient au quotidien sans forcément en avoir
conscience : la reconnaissance faciale, la reconnaissance de la parole et du langage,
parlé ou écrit, ou encore la robotisation et l’automatisation des processus. Elle aide
à la décision, recommande des choix et des solutions, et permet de prédire les
risques et les succès.
Malgré les avantages indéniables de l’intelligence artificielle dans tous les secteurs
(justice, ressources humaines, santé, services publics, etc.), certains usages peuvent
menacer nos vies privées, nos droits et nos libertés.
Ainsi, si vous êtes confronté à :
• la reconnaissance faciale lors d’un recrutement ;
• l’exploitation de vos données personnelles à votre insu ;
• une surveillance intrusive lors du télétravail ;
• la seule décision d’un algorithme dans votre parcours de formation ou lors d’une
promotion ;
• ou toute autre atteinte à vos droits…
Le guide
de l’intelligence artificielle
au travail
Préface.......................................................................................................................... 1
Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ?................................................................. 2
Pourquoi former les salariés à l’intelligence artificielle ?.......................................... 2
Quel est le rôle des partenaires sociaux ?............................................................... 2
Quels sont les opportunités et les risques de l’intelligence artificielle ?................ 3
En quoi une éthique de l’intelligence artificielle est-elle nécessaire ?.................... 3
Introduction................................................................................................................ 5
À quand un débat sur l’utilisation de l’intelligence artificielle ?............................. 5
Pourquoi un guide sur l’intelligence artificielle ?..................................................... 6
Partie I
Le contexte international et les enjeux
de l’intelligence artificielle
Partie II
Régulation de l’intelligence artificielle :
l’Europe moteur entre la Chine et les États-Unis
Partie III
Le contexte, le débat et les enjeux en France
Partie IV
Les exigences de la CFDT Cadres
Partie V
Les apports des branches professionnelles
sur la transformation des métiers
34..La Poste............................................................................................................... 94
Partie VI
Les textes qui permettent de négocier l’intelligence artificielle
Interviews
Il est temps que nous nous formions à l’intelligence artificielle !............ 150
Pascal Leblay
Postface.................................................................................................................... 203
Remerciements....................................................................................................... 205
« Nous sommes en présence des transformations profondes du
travail et de ses formes qui rendent nécessaire une réflexion
radicale sur ses protections, sur ses règles et ses droits, sous
peine de subir une régression générale, non pas de l’em-
ploi mais de règles […], d’une organisation démocratique,
construite sur la reconnaissance des droits individuels fonda-
mentaux, non négociables. »
Bruno Trentin, La Cité du travail, 1997
Préface
Nombreux sont les secteurs d’activité qui innovent avec de l’IA (la méde-
cine, l’industrie, les services, les RH, etc.). Les opportunités sont liées aux
nouveaux usages porteurs de progrès, mais les dérives et les dangers sont
également nombreux : l’impossible explicabilité de certains algorithmes,
l’IA au service du contrôle, de la délation, des fausses informations, des
attaques, de la manipulation, etc. Aussi, un cadre de confiance au niveau
de l’entreprise, des États et du monde libre s’avère indispensable afin de
réguler les dérives et d’optimiser les progrès.
Avoir des valeurs pour prendre des décisions constitue le socle pour
instaurer des axes éthiques. En complément des initiatives internatio-
nales et au niveau des États, on peut citer l’Unesco1 qui a créé le premier
instrument normatif majeur sur l’éthique de l’IA autour de quatre axes : la
proportionnalité, la surveillance et la détermination humaines, la gestion
1. Unesco, « L’Unesco franchit une étape majeure vers le premier instrument normatif
mondial sur l’éthique de l’intelligence artificielle », 17 septembre 2020.
4 Le guide de l’intelligence artificielle au travail
Cécile Dejoux
Professeure des universités au Cnam, affiliée à l’ESCP Europe,
conférencière, directrice du Learning Lab Human Change, Cnam
Introduction
nécessaire et qu’un dialogue doit s’engager sur ces sujets aux conséquences
lourdes sur nos existences. En particulier, elle réclame un dialogue interne
et externe aux lieux de travail sur l’introduction de l’intelligence artifi-
cielle, afin que cette technologie soit pour tout citoyen et travailleur un
moyen d’émancipation et non un outil d’asservissement.
Le fonctionnement de l’IA
peut avoir un impact sur les droits de l’Homme
Le fonctionnement de l’intelligence artificielle peut avoir un impact sur
les droits de l’Homme, sur la démocratie et l’État de droit. Il comporte des
zones d’ombre soulignées par la Cour européenne des droits de l’homme.
Cette dernière a affirmé qu’il pouvait menacer le respect de la dignité
humaine, de la liberté de l’individu, de l’égalité, de la non-discrimination
ainsi que de la solidarité, des droits sociaux et économiques.
D’ailleurs, dans beaucoup de pays s’est développée une réflexion sur la
protection des valeurs démocratiques face à l’intelligence artificielle.
Alors que le débat sur les GAFAM montait crescendo en Europe, l’OCDE,
qui rassemble 50 pays, a pris l’initiative d’héberger le secrétariat d’un
nouveau Partenariat mondial sur l’intelligence artificielle (PMIA), pour
encourager une utilisation responsable de l’intelligence artificielle, dans
13. Filiale cloud d’Iliad, fondée par Xavier Niel, actionnaire à titre individuel du
Monde.
Les enjeux des données 23
Une IA transparente
La traçabilité et l’explicabilité des systèmes d’IA doivent être assurées
tout au long du cycle de vie des systèmes, depuis leur conception jusqu’à
leur développement, en passant par toute la durée de leur utilisation. La
transparence est mesurable. Ses différents niveaux d’échelle de mesure
peuvent permettre, par exemple, une certification, une labellisation des
systèmes. Ils peuvent conduire au déploiement de systèmes d’intelligence
artificielle dans des contextes « à haut risque ».
doit être réévaluée de toute urgence. Les systèmes qui utilisent l’apparence
physique comme un substitut de la personnalité ou des états intérieurs
sont profondément suspects, y compris les outils d’IA qui prétendent
prédire la « criminalité » sur la base des caractéristiques faciales ou évaluer
les compétences des travailleurs par le biais de « micro-expressions ».
Systèmes discriminants1
L’IA est-elle un miroir de notre société ? Une étude intitulée « Genre,
appartenance ethnique et pouvoir dans l’IA » de l’Institut AI Now de l’uni-
versité de New York datant de 2019 établit un problème persistant de
discrimination fondée sur le genre et l’appartenance ethnique (parmi
d’autres attributs et formes d’identité) des systèmes d’intelligence arti-
ficielle. Selon cette étude, les technologies de reconnaissance d’images
catégorisent mal les visages des noirs et les algorithmes utilisés par la
justice dans le système pénal sont discriminatoires à l’égard des accusés
noirs.
Les chatbots adoptent facilement un langage raciste et misogyne lors-
qu’ils sont formés au discours en ligne et le système de reconnaissance
faciale d’Uber ne fonctionne pas pour les conducteurs trans. Dans la
plupart des cas, ces préjugés reflètent et reproduisent les structures
d’inégalité existantes dans la société.
Alors que les évolutions dans le domaine de l’IA sont très rapides, les
nouvelles normes européennes de l’intelligence artificielle n’entreront
pas en vigueur rapidement. Elles feront l’objet d’un examen approfondi
des députés européens à partir de 2022 – il est probable que le texte
d’application ne sera pas publié avant 2025. Le degré d’autorégulation du
dispositif européen sera déterminant à cet égard. Les autorités nationales
procéderont à des vérifications et à des inspections, tandis que certains
fournisseurs d’intelligence artificielle qui espèrent déployer leurs produits
dans le cadre du recrutement des employés ou du contrôle des migra-
tions seront autorisés à respecter les normes européennes par le biais
d’autoévaluations. L’exigence d’autoévaluation plaira à l’industrie techno
logique, alors qu’elle a d’ores et déjà suscité l’inquiétude des députés
européens, des militants et des universitaires, qui estiment qu’elle n’est
pas suffisante pour protéger les citoyens, car elle remet l’appréciation de
la conformité des systèmes d’intelligence artificielle entre les mains des
fournisseurs. Le bras de fer entre les deux parties déterminera la facilité
ou la difficulté de se conformer aux règles.
10
1. Cédric Villani, Donner un sens à l’intelligence artificielle : Pour une stratégie nationale
et européenne, mars 2018.
56 Le contexte, le débat et les enjeux en France
« Comment garder la main ? » est la synthèse d’un débat public animé par
la Commission nationale de l’informatique et de libertés dans le cadre de
la réflexion éthique, confiée par la loi « pour une République numérique »
en 2017. Un thème révélateur des préoccupations de la Commission.
Dans un mémoire transmis au Conseil d’État, le 8 octobre 2020, la Cnil a
demandé l’arrêt du stockage des données de santé chez Microsoft ou chez
toute autre société soumise « au droit étasunien ». Depuis septembre 2020,
deux recours ont été transmis au Conseil d’État contre le Health Data Hub
de Microsoft par un collectif de 18 personnalités et organisations, dont le
Conseil national du logiciel libre, le Syndicat national des journalistes et
l’Association française des hémophiles.
Le rôle du délégué
à la protection des données
Le règlement général sur la protection des données a établi la mise en
place chez les autorités et organismes publics, ainsi que les organismes
dont les activités de base consistent en un suivi systématique à grande
échelle de personnes ou en un traitement à grande échelle de catégo-
ries particulières de données à caractère personnel, d’un délégué à la
protection des données (DPD). Le DPD doit communiquer ses coordon-
nées à l’autorité de contrôle compétente pour publication. Ces exigences
visent à garantir que les personnes concernées (tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur de l’organisme) et les autorités de contrôle puissent aisément
et directement prendre contact avec le DPD sans devoir s’adresser à un
autre service de l’organisme. La confidentialité est également un aspect
important : les employés pourraient, par exemple, hésiter à se plaindre
auprès du DPD si la confidentialité de leurs communications n’était pas
garantie. Le DPD est soumis au secret professionnel ou à une obligation
de confidentialité en ce qui concerne l’exercice de ses missions, confor-
mément au droit de l’Union ou au droit des États membres (article 38
du RGPD, paragraphe 5).
58 Le contexte, le débat et les enjeux en France
Le Conservatoire national
des arts et métiers (Cnam) :
vérifier ce que peut faire
l’intelligence artificielle
Le Cnam a créé une chaire sur le « Learning Lab Human Change », dont
la titulaire est Cécile Dejoux. Pour Cécile Dejoux, aussi professeure de
gestion au Cnam, « il devient indispensable de comprendre ce que peut
faire l’intelligence artificielle, mais aussi ce qu’elle ne peut pas faire. Cela
permet de déployer des solutions au bon niveau, de déléguer des tâches
sans pour autant laisser à l’intelligence artificielle un rôle décisionnel, mais
surtout de développer de nouvelles compétences, centrées sur les spécifi-
cités de l’intelligence humaine ». Au cœur de ses recommandations, celle
de ne pas confier l’intelligence artificielle à des seuls experts et former les
DRH à son utilisation est une exigence comme celle du dialogue social,
élément indispensable pour une acceptation de l’intelligence artificielle
au travail.
20
L’outil informatique doit être placé au service d’un projet humain efficace
et non l’inverse. Il est toujours navrant pour le client de se voir expliquer
par son interlocuteur qu’il voudrait bien vous rendre service, mais qu’il en
est empêché par l’ordinateur… ou que l’ordinateur a un contrôle illimité
sur le salarié, cela dissimulant les exigences de ceux qui ont contribué
à sa mise en place. La CFDT Cadres met en garde contre l’utilisation
de l’IA à l’origine de changements trop réguliers dans l’organisation du
travail, de surcharges cognitives, d’une perte d’autonomie au travail, d’une
perte de sens au travail ou d’un cyberharcèlement. Par conséquent, elle
réclame que les partenaires sociaux soient consultés régulièrement dans
ce domaine lors de l’introduction de l’intelligence artificielle et que la
santé des travailleurs soit protégée. Elle souligne que les choix des techno
logies et leur utilisation sont entourés d’intérêts contradictoires et que les
travailleurs ont leur mot à dire.
22
1. World economic forum, « The futur of jobs report, Centre for the new economy
and society », 2018, www3.weforum.org/docs/WEF_Future_of_Jobs_2018.pdf
Évaluer et négocier les évolutions des emplois et leurs conséquences 75
Favoriser la mixité
dans les filières numériques
des corps, elle a aussi été informée d’un logiciel utilisé pour faire respecter
la distanciation sociale dans les entrepôts d’Amazon. Ce logiciel a été
appréhendé comme une pratique déshumanisante, puis retiré. Parmi
les choix de management qui se dissimulent derrière l’IA, il peut être
tentant d’utiliser parfois les systèmes d’IA de surveillance et de traçage
des travailleurs, qui permettent de répartir les tâches sans intervention
humaine, d’évaluer et de prévoir le potentiel et les performances des
personnes dans les situations d’embauche et de licenciement. Des logiciels
de contrôle comme Doctor, Sneek, Vericlock, Desktime, ActivTrack,
Hubstaff, Clevercontrol, Teramind… fleurissent et permettent plus de
« tracking » sur le travail et sa mesure.
La fonctionnalité de ces programmes s’est élargie : géolocalisation, enregis-
treur de frappe du clavier, temps passé en ligne sur des sites « productifs »
ou « non productifs », durée de connexion sur les serveurs de l’entreprise,
nombre de courriels envoyés, identité des destinataires sont au menu.
D’autres logiciels opèrent des captures d’écran des ordinateurs toutes les
cinq ou dix minutes, ou révèlent un « comportement digital », pour déceler
d’éventuelles anomalies. Ce comportement, ramené à grande échelle par
l’intelligence artificielle, peut permettre d’opérer un contrôle beaucoup
plus large. Ainsi, le contrôle des heures de connexion et de déconnexion
ainsi que les scores de productivité se sont intensifiés depuis les confine-
ments de 2020 et 2021.
L’utilisation de ces outils doit être discutée avec les managers, dont la
responsabilité, la marge de manœuvre et le pouvoir de décision peuvent
se trouver fortement limités par cette utilisation. Et bien évidemment,
comme la Cnil le souligne, la communauté de travailleurs et leurs repré-
sentants doivent être informés et consultés sur cette utilisation.
80 Les exigences de la CFDT Cadres
Obtenir la transparence
des paramètres décisionnels
de l’intelligence artificielle
C’est pour cette raison que la CFDT Cadres demande que les représen-
tants des salariés soient associés à la gouvernance des données et aient un
droit de regard sur la qualité des données utilisées par l’IA. Des négo-
ciations sur la collecte des données des salariés sont essentielles lorsque
l’intelligence artificielle est mise en œuvre sur un lieu de travail.
Les données personnelles des travailleurs ne doivent pas être utilisées par
les employeurs sans coordination ni coopération des services de santé
au travail. À cet égard, rappelons l’article 88 du RGPD sur « le traite-
ment des données dans le cadre des relations de travail » qui encourage la
négociation de conventions ou d’accords collectifs sur la protection de
la dignité humaine, des intérêts légitimes et des droits fondamentaux des
personnes concernées. Cet article accorde une attention particulière à la
transparence du traitement et au transfert de données à caractère personnel
au sein d’un groupe d’entreprises, ainsi qu’aux systèmes de contrôle sur
le lieu de travail.
Il est important de rester acteur de ces évolutions et d’interpeller les
directions sur les lieux de travail.
Il faut avoir à l’esprit que l’introduction de l’intelligence artificielle peut
souvent se cacher derrière un outil numérique déjà utilisé, auquel elle
84 Les exigences de la CFDT Cadres
Les apports
des branches professionnelles
sur la transformation des métiers
La métallurgie :
réfléchissons aux prochaines négociations
sur l’industrie 4.0
Le commerce :
identifions ce qui est déjà à l’œuvre
L’assurance :
recensons les métiers impactés
par l’intelligence artificielle
La banque :
gérons les emplois et les compétences
La Poste
Au conseil d’administration
Les organisations liées par une convention de branche ou, à défaut, par des
accords professionnels se réunissent, au moins une fois tous les quatre ans,
pour les thèmes mentionnés aux 1° à 5° et au moins une fois tous les
cinq ans pour les thèmes mentionnés aux 6° et 7°, pour négocier :
1° Sur les salaires ;
2° Sur les mesures tendant à assurer l’égalité professionnelle entre les
femmes et les hommes et sur les mesures de rattrapage tendant à
remédier aux inégalités constatées ainsi que sur la mise à disposition
d’outils aux entreprises pour prévenir et agir contre le harcèlement
sexuel et les agissements sexistes ;
2 bis° Sur les mesures destinées à faciliter la conciliation entre la vie
professionnelle et la vie personnelle des salariés proches aidants ;
3° Sur les conditions de travail, la gestion prévisionnelle des emplois et
des compétences, et sur la prise en compte des effets de l’exposition
aux facteurs de risques professionnels énumérés à l’article L. 4161-1 ;
4° Sur les mesures tendant à l’insertion professionnelle et au maintien
dans l’emploi des travailleurs handicapés ;
5° Sur les priorités, les objectifs et les moyens de la formation profession-
nelle des salariés ;
6° Sur l’examen de la nécessité de réviser les classifications, en prenant
en compte l’objectif d’égalité professionnelle entre les femmes et les
hommes, et de mixité des emplois ;
7° Sur l’institution d’un ou plusieurs plans d’épargne interentreprises
ou plans d’épargne pour la retraite collectifs interentreprises lorsqu’il
n’existe aucun accord conclu à ce niveau en la matière.
Dans la branche professionnelle 101
Dans l’entreprise
Il est possible de faire entrer l’IA dans les thèmes de négociation ordinaires
prévus par le Code du travail et le Code civil.
ces commissions avec voix consultative des experts et des techniciens appartenant
à l’entreprise et choisis en dehors du comité. Les dispositions de l’article L. 2315‑3
relatives au secret professionnel et à l’obligation de discrétion leur sont applicables.
Les rapports des commissions sont soumis à la délibération du comité.
2. osha.europa.eu/fr/emerging-risks
Dans l’entreprise 107
3. www.cadrescfdt.fr/sites/default/files/2021-04/Guide%20CFDT%20Cadres%20
-%20Guide%20N%C3%A9gocier%20le%20t%C3%A9l%C3%A9travail.pdf
110 Les textes qui permettent de négocier l’intelligence artificielle
4. www.cnil.fr/sites/default/files/atoms/files/referentiel_grh_novembre_2019_0.pdf
112 Les textes qui permettent de négocier l’intelligence artificielle
de cette négociation est laissé au libre choix des représentants, parmi sept
thèmes dont celui des conditions d’exercice de l’activité ou des modalités
de détermination du revenu des travailleurs.
5. www.union-independants.fr
114 Les textes qui permettent de négocier l’intelligence artificielle
À l’extérieur de l’entreprise
7. www.defenseurdesdroits.fr/
124 Les textes qui permettent de négocier l’intelligence artificielle
à ce titre une action de groupe devant le juge (art. 37, loi no 78‑17 du
6 janvier 1978). À condition toutefois que ce manquement soit dû au
responsable du traitement (par exemple, l’employeur ou la plateforme
numérique) ou à un sous-traitant (par exemple, l’entreprise ou la personne
chargée de la gestion des données personnelles des salariés) et qu’au moins
deux travailleurs aient subi un préjudice moral ou matériel en résul-
tant (art. 4, 7 RGPD (UE) 2016/679). Le juge pourra, le cas échéant,
prononcer l’arrêt du système d’évaluation ou de contrôle ayant abouti
à une violation des données personnelles et indemniser les travailleurs
rattachés à l’action de groupe.
En guise de conclusion…
Vincent Gimeno
Vincent Gimeno est DSC-adjoint chez Orange et référent CFDT
pour les salariés cadres. Il est représentant titulaire
aux comités de groupe Europe et Monde d’Orange.
Qu’allez-vous demander ?
En fait, l’IA est un programme informatique conçu par des déve-
loppeurs humains et basé sur un gisement de données. La qualité
du gisement de données et les choix des développeurs dans l’al-
gorithme induisent la façon dont l’IA va réagir. Il peut y avoir des
biais.
Nous souhaitons une totale transparence et un échange sincère
au sein d’un comité paritaire sur les données et les algorithmes.
Si on n’est pas transparent sur les biais, le gisement des données,
cela peut poser des problèmes lors de la mise en œuvre.
D’autre part, il vaut mieux accompagner les salariés vers les
nouveaux métiers et compétences, y compris les managers, qui
ont un rôle important à jouer dans la connaissance des métiers
et l’aide à la compréhension des transformations.
Il faut une vraie GPEC, alors qu’Orange ne dispose pas d’accord
GPEC valablement signé aujourd’hui.
Abel Gouttenoire
Abel Gouttenoire est diplômé de droit privé.
Il fait partie de l’équipe « Mutations du travail et des organisations
en temps de crise » du Centre de recherches critiques
sur le droit (équipe de recherche). Il rédige actuellement
une thèse intitulée « Normativité algorithmique
et droit du travail », à l’université Lumière Lyon 2.
Il est chargé d’études en droit social à la CFDT.
Emmanuelle Soustre
Emmanuelle Soustre est praticien conseil à l’Assurance maladie
(direction régionale du service médical à l’Assurance maladie
en Occitanie). Elle est chargée des relations avec
les professionnels de santé pour le secteur dentaire.
Son activité de militante s’articule autour de deux mandats :
celui de déléguée syndicale centrale pour la Cnam entreprise
(le siège et les directions régionales du service médical) et celui
de présidente du Syndicat national des personnels de direction
des organismes sociaux (régime général avec les branches
famille, vieillesse, maladie, accidents du travail, recouvrement,
Pôle emploi, mutuelles complémentaires…). Enfin, elle est élue
au Bureau national de la CFDT Cadres. Elle partage sa vision
de la problématique des données sur les assurés à la Cnam.
Philippe Saint-Aubin
Philippe Saint-Aubin représente la CFDT au sein du Conseil
économique, social et environnemental. Il fait partie
d’un groupe de travail de la CFDT sur l’intelligence artificielle
et surveille particulièrement la question des normes.
Et au niveau mondial ?
Au niveau mondial, il existe aussi des normes dans le domaine
de l’IA mais elles sont là encore purement techniques (formats
de messages, description de systèmes).
Emmanuel Gaubert
Emmanuel Gaubert est chef de projets, délégué syndical CFDT
SPEA-IDF à Orano Projets Saint-Quentin-en-Yvelines, filiale
experte dans l’ingénierie du cycle du combustible nucléaire,
qui met à disposition de ses clients internes et externes
une large gamme de solutions : conseil, études d’ingénierie,
construction et essais, projets clés en main ou encore
de démantèlement. Orano Projets est engagé dans un plan
de continuité numérique (au sens du partage de données entre
les logiciels et de perspectives de massification de l’utilisation
de ceux-ci), et la section locale d’établissement CFDT
y participe en se renseignant, en questionnant l’entreprise,
ou en donnant du sens à l’introduction de ce sujet.
Pascal Leblay
Depuis février 2019, Pascal Leblay est l’auteur de deux publications :
la première vulgarise l’intelligence artificielle, la seconde
tire un bilan de l’impact de l’IA sur les métiers de la banque
et de l’assurance. Ces deux publications sont destinées
aux réseaux de salariés de la BPE, et aux élus de la Banque
Postale et de la CFDT en général. Pascal Leblay est secrétaire
du CSE de la BPE (banque privée de la Banque Postale)
et du syndicat banques-assurances CFDT de Haute-Normandie,
ainsi que secrétaire du comité de groupe de la Banque Postale.
Par ailleurs, il est directeur d’agence bancaire depuis 1989.
propriétaire entre autres d’un logiciel qui sait lire les enveloppes,
notamment lorsqu’il manque une lettre ou qui sait remettre une
adresse dans le bon ordre. Désormais, Il faut une traçabilité pour
90 % des colis et courriers qui arrivent en France pour la lutte
Tracfin. Le logiciel va savoir décrypter quand un courrier arrive
régulièrement en provenance de tel pays, de tel lieu avec tel poids.
Il pourra recenser quand un même courrier arrive plusieurs fois
d’un lieu identique. C’est une directive européenne sur la lutte
anti-blanchiment qui impose cette surveillance qui est très utile
à Tracfin. Le courrier qui arrivera à l’aéroport sera lu immé-
diatement par l’IA. Celle-ci remettra l’adresse « à l’endroit » et
lira le code postal. Le courrier sera orienté vers un centre de
distribution, vers un facteur, et vers une tournée. Avec l’euro
numérique, seules les cryptomonnaies pourront échapper au
contrôle européen, car elles peuvent être achetées à partir de
comptes anonymes.
Dominique Desbois
Dominique Desbois est ingénieur statisticien à l’Unité mixte
de recherches « Économie publique » d’AgroParisTech, et milite au
syndicat CFDT de l’Institut national de recherche pour l’agriculture
et l’environnement (Inrae). En tant qu’élu du personnel, il siège au
conseil scientifique d’AgroParisTech et au conseil d’administration
de l’Inrae. Par ailleurs, il est membre du comité de rédaction de
Terminal2, revue de réflexion critique qui analyse les impacts de
l’informatisation sur la société. À ce titre, il est le délégué français
au comité technique Information, Communication & Society (TC9)3
de la Fédération internationale pour le traitement de l’information
(IFIP)4, organisme des Nations unies à vocation professionnelle.
Et si l’IA se trompe ?
Cela arrive effectivement et les antécédents sont le plus souvent
assimilables à des erreurs dans l’utilisation ou la conception des
logiciels. Leurs conséquences sont loin d’être anodines : des biais
peuvent être générés par la base des données sur laquelle on
entraîne un algorithme (base d’apprentissage), ou induits par
des corrélations insoupçonnées avec des règles de décision, des
critères de sélection voire des comportements algorithmiques.
En 2018, Amazon a été contraint de revoir son système de sélec-
tion automatique de curriculum vitæ après avoir constaté qu’il
pénalisait systématiquement les curriculum vitæ féminins : en
cause, la base d’apprentissage reproduisant un déséquilibre dans
14. www.observatoiredesdiscriminations.fr/
Interviews 163
Soraya Duboc
Soraya Duboc est ingénieure dans un groupe international,
ancienne présidente de l’Observatoire des cadres (OdC),
ancien membre du comité d’éthique pour la recherche
agronomique. Au Conseil économique social et environnemental
(CESE) où elle siège au titre de la CFDT, elle a co-rapporté l’avis
« Économie et gouvernance de la donnée » (février 2021).
Warda Ichir
Warda Ichir est secrétaire fédérale à la Fédération
générale des mines et métallurgie (FGMM-CFDT).
Elle a en charge les questions de digitalisation
et de RSE au sein du pôle économique de la fédération.
Alain Larose
Alain Larose, secrétaire général adjoint FGMM-CFDT,
est responsable des questions de dialogue social après
avoir supervisé pendant des années le pôle économique
de la FGMM. Il a particulièrement travaillé sur les liens
entre dialogue social et transitions numériques et écologiques.
23. www.pole-tes.com/adherent/lamips/
24. IDC Worldwide semi-annual artificial intelligence systems spending guide,
mars 2020.
174 Le guide de l’intelligence artificielle au travail
35. Sébastien Grob, « Bientôt des usines sans ouvriers ? Comment la 5G pour-
rait décupler la robotisation de l’industrie », Marianne, 19 novembre 2020.
36. Dell Technologies, « Emerging technologies’ impact on society & work
in 2030 », 2017, www.delltechnologies.com/content/dam/delltechnologies/
assets/perspectives/2030/pdf/SR1940_IFTFforDellTechnologies_Human-
Machine_070517_readerhigh-res.pdf
37. Dares, « CDD, CDI : comment évoluent les embauches et les ruptures
depuis 25 ans », juin 2018.
182 Le guide de l’intelligence artificielle au travail
39. AIF est une association qui réunit des organisations professionnelles, des
partenaires académiques, technologiques et de financement des entreprises.
Interviews 187
40. Pascal Laurin (Bosch France), « L’industrie 4.0 n’est-elle qu’une question
de technologie ? », La Tribune, 28 octobre 2020.
190 Le guide de l’intelligence artificielle au travail
41. Pascal Demurger, L’Entreprise du xxie siècle sera politique ou ne sera pas,
Éditions de l’Aube, 2019.
42. Isabelle Ferreras, « La contradiction entre capitalisme et démocratie atteint
un point de non-retour », Le Monde, 11 octobre 2019.
Interviews 191
44. Jeremy Rifkin, La Nouvelle Société du coût marginal zéro, Les Liens qui
Libèrent, 2014.
45. Voir la vidéo diffusée par The Economist, « Under the streets of south
London », en février 2021.
46. Voir la « démocratie liquide », qui combine des éléments de démocratie
directe et indirecte, en fonction des appétences, du temps, etc.
Interviews 193
47. Guillaume Pitron, La Guerre des métaux rares. La Face cachée de la transition
énergétique et numérique, Les Liens qui Libèrent, 2018.
48. Anne-Thida Norodom, « La galaxie Internet », Questions internationales,
mai-août 2018.
194 Le guide de l’intelligence artificielle au travail
49. Aida Ponce del Castillo, « Le Travail à l’ère de l’IA : pourquoi la régle-
mentation est nécessaire pour protéger les travailleurs », ETUI, février 2020.
Interviews 195
David Giblas
David Giblas est ingénieur et statisticien.
Il est directeur général délégué aux opérations
d’assurances, à la relation client, à l’innovation
et aux partenariats santé chez Malakoff Humanis.
Stéphane Barde
Stéphane Barde est ingénieur et mathématicien.
Il est directeur Data & Digital dans le groupe.
Laurent Berger
Secrétaire général de la CFDT
Remerciements
Eyrolles Business
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L’équipe Eyrolles.