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dirigée par D. Darpy, J.-P. Denis et A. Deville
DE L’ENTREPRENEUR À
L’ENTREPRENEURING
Coordonné par
Sandrine Emin & Nathalie Schieb-Bienfait
ISBN : 978-2-37687-555-0
(versions numériques)
SOMMAIRE
Les auteurs..............................................................244
–8–
INTRODUCTION
–9–
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
Repères historiques
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
De l’entrepreneur à l’entrepreneuring
– 12 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 13 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 14 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 29 –
PARTIE 1
CERNER L’ENTREPRENEUR(IAT) :
NOUVEAUX CONTEXTES
D’INVESTIGATION
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Chapitre 1
Joëlle Bissonnette
Introduction
Dans les écrits sur l’entrepreneuriat dans les secteurs des arts et
de la culture (musique, théâtre, cinéma, arts visuels, etc.), l’entre-
preneur culturel étudié peut être artiste travailleur autonome, pro-
priétaire de microentreprise ou fondateur d’entreprise de plusieurs
employés. Tous ont en commun de générer de nouveaux biens et
services culturels et de les commercialiser (Hausmann et Heinze,
2016). Bien que ces travaux en offrent une définition plurielle, ils
mettent peu en valeur la diversité des entrepreneurs culturels en
termes de contextes sociaux dans lesquels ils œuvrent et de moti-
vations à entreprendre, notamment. Ces travaux reposent majori-
tairement sur des connaissances tirées des épicentres anglo-saxons
et euro-américains comme les grandes villes des États-Unis, de la
Grande-Bretagne, de l’Australie et accordent une grande place à
l’entrepreneur culturel blanc, de classe moyenne, masculin et ur-
bain (Alacovska et Gill, 2019). Cet entrepreneur est souvent dépeint
comme jeune, innovant, individualiste et prédisposé à poursuivre
une démarche entrepreneuriale dans un esprit d’exploration de soi
et d’autoréalisation. Cette vision est qualifiée d’« utopique » par
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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CERNER L’ENTREPRENEUR(IAT)
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Chapitre 2
De l’entrepreneur héroïque à
l’entrepreneur de nécessité
Christel Tessier-Dargent
Introduction
Aux côtés du mythe de l’entrepreneur héroïque célébré par les
médias, politiques et chercheurs, une approche plus critique se fraye
une voie, celle d’un entrepreneuriat dit de nécessité, contraint ou
même de survie. Il représente la moitié des entrepreneurs dans les
pays en développement et un cinquième dans les pays dits dévelop-
pés (Nikiforou et al., 2019). Les entrepreneurs par nécessité sont
considérés comme « des individus poussés à la création d’entre-
prise car ils ne perçoivent pas de meilleure alternative d’emploi »
(Cowling et Bygrave, 2003, p. 544). Ils sont opposés, dans une di-
chotomie communément acceptée, aux entrepreneurs par opportu-
nité, à savoir ceux qui poursuivent une opportunité d’affaires qu’ils
ont identifiée ou créée. Ainsi, en lien avec le terrain, la recherche
a ouvert un champ d’analyse critique du mythe schumpétérien de
l’entrepreneur, décrivant habituellement une logique entrepreneu-
riale individuelle et victorieuse, pour passer à la description d’un
processus social émergent et fortement contextualisé (Gartner,
1989 ; Hjorth et al., 2008 ; Jacquemin et al., 2017). Deux approches
divergentes orientent cet intérêt : d’une part, certains voient dans
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1 Discours d’Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE, G20 Young Entrepreneurs Summit
(2011) : « L’entrepreneuriat est à n’en pas douter un formidable levier de politique publique pour
promouvoir une reprise riche en emploi, solidaire, soucieuse de l’environnement et qui contribue
à réduire le chômage des jeunes » – https://www.oecd.org/fr/industrie/g20youngentrepreneurs-
summit.htm
2 La Commission européenne souligne aussi son objectif de promouvoir l’entrepreneuriat auprès de
publics spécifiques, à savoir les femmes, les seniors, les migrants et les personnes au chômage,
comme « une précieuse opportunité d’inclusion sociale ». Article du site de la Commission eu-
ropéenne (2013) : Unleashing Europe’s entrepreneurial potential to bring back growth – https://
ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/IP_13_12
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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(Reynolds et al., 2002) qui utilise ce terme pour décrire une créa-
tion d’entreprise par défaut, sans projet préalable, répondant à une
nécessité purement économique, d’obtenir un revenu, faute d’al-
ternative professionnelle perçue. L’entrepreneuriat de nécessité est
motivé par des facteurs négatifs, dits push, tels chômage, insécurité
dans l’emploi actuel, besoin de flexibilité ou insatisfaction profes-
sionnelle, divorce, maladie, besoin de reconnaissance sociale, pres-
sion familiale (Noorderhaven et al., 2004). La littérature souligne la
complexité du concept d’entrepreneur par nécessité et l’hétérogé-
néité du phénomène : la dispersion sémantique prouve combien les
réalités couvertes sont polymorphes. Une majorité des définitions,
certes, décrivent une création d’entreprise due à la perte d’un emploi
salarié (Block et Wagner, 2010). Certains articles ont uniquement
trait à l’entrepreneuriat de survie (Serviere, 2010) cependant que
d’autres évoquent plus généralement l’entrepreneuriat de nécessi-
té comme solution pour échapper aux discriminations subies, par
les femmes ou les immigrants par exemple. La définition la plus
consensuelle est celle du GEM, basée sur une unique question d’en-
quête : « menez-vous ce projet entrepreneurial pour tirer parti d’une
opportunité ou parce que vous n’avez pas de meilleure alternative
d’emploi ? ». De fait, la réponse peut être biaisée pour de nom-
breuses raisons : différences culturelles, biais déclaratif, incompré-
hension des termes, difficulté dans la classification des motivations,
évolution dans le temps de ces motivations, réponse en fonction de
la réussite de l’entreprise et non des motivations initiales. De plus,
ces résultats ne peuvent pas être comparés avec les bases statistiques
nationales ou internationales, dont les critères sont plus réducteurs
mais plus objectifs, comme le fait d’être sans emploi ou de bénéfi-
cier de minima sociaux. Nous avons recensé dans l’ensemble des
travaux identifiés, une centaine de définitions différentes de l’entre-
preneuriat de nécessité, dont Wennekers et al. (2005) ; Bergmann
et Sternberg (2007) ; Van Stel et al. (2007) ; Block et Koellinger
(2009) ; Block et Sandner (2009) ; Caliendo et Kritikos (2010) ;
Block et Wagner (2010) ; Fossen et Büttner (2013) ; Van der Zwang
et al. (2016). Pour certains auteurs, la stricte dichotomie motivation
de nécessité versus d’opportunité est beaucoup trop simpliste et ne
correspond pas à la réalité entrepreneuriale (Williams et Williams,
2014). En effet, des travaux mettent en évidence la possibilité
qu’un individu puisse être simultanément mû par des motivations
de nécessité et d’opportunité (Caliendo et Kritikos, 2010 ; Block et
Sandner, 2009). Giacomin et al. (2016) évoquent des sous-groupes
d’entrepreneurs avec des degrés de motivations variant de la stricte
nécessité à la stricte opportunité selon un large spectre. Puente et al.
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
(2019) soulignent que cette dichotomie ne rend pas justice aux en-
trepreneurs d’Amérique latine par exemple : ils définissent un troi-
sième profil dit « de transition », soulignant que les entrepreneurs de
la catégorie « par nécessité » peuvent avoir des aspirations de déve-
loppement de leur entreprise. S’appuyant sur la théorie de Maslow
(1943), Dencker et al. (2019), proposent une reconceptualisation de
l’entrepreneuriat de nécessité, basée sur la satisfaction des besoins
primaires. La théorie de Maslow (1943) étant elle-même largement
critiquée, cette piste a été peu reprise. Par ailleurs, les études quan-
titatives sur l’entrepreneuriat de nécessité, recourant le plus souvent
aux bases de données de GEM (Wennekers et al., 2005 ; Bergmann
et Sternberg, 2007 ; Van Stel et al., 2007) ou aux statistiques du
chômage (Fairlie et Fossen, 2018), parviennent à des conclusions
non significatives, voire contradictoires sur bien des thèmes : l’im-
pact de l’âge sur la création d’entreprise par nécessité (Giacomin
et al., 2007 ; Block et Sandner, 2009 ; Wagner, 2005 ; Bergmann et
Sternberg, 2007), l’impact de celle-ci sur le développement écono-
mique, entre autres. Enfin, Welter et al. (2017) soulignent que cette
dichotomie repose sur une vision condescendante et réductionniste,
basée sur un a priori négatif de l’individu et de son potentiel éco-
nomique, alors qu’une vision dynamique et contextualisée du projet
et non seulement de la personne est indispensable. Ce pour quoi les
approches processuelles (Hjorth et al., 2015), plaidant l’indétermi-
nation de tout parcours entrepreneurial et l’abordant tel qu’il se vit,
en s’approchant au plus près de l’expérience, représentent la piste
la plus fructueuse.
Le concept défini et ses contours flous mis en lumière, résumons
maintenant les principales connaissances sur l’entrepreneuriat par
nécessité.
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Tableau 1. Spécificités des individus, organisations, processus et de l’environnement concernant l’entrepreneuriat par nécessité
Caractéristiques Auteurs
Individus
Plus âgés, moins éduqués que les entrepreneurs par opportunité. Plus souvent des femmes et des individus discriminés, Amit et Muller, 1995 ;
minorités, handicapés, seniors Bhola et al., 2006 ; Fossen et
Büttner, 2013
Individus désabusés par le salariat Tessier et Fayolle, 2016
Faible capital humain, peu de ressources financières, de réseaux, de compétences entrepreneuriales, de soutien familial Nakara et Fayolle, 2013 ;
Van der Zwan et al., 2016
Peu de satisfaction, réticence à rester entrepreneur, souhait de redevenir salarié Block et Wagner, 2010
Plus grande aversion aux risques, davantage de doutes et plus besoin d’accompagnement que les entrepreneurs par Singh et Denoble, 2003 ;
opportunité Block et al., 2010
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Besoin d’autonomie, de réalisation, contrôle interne, propension à prendre des risques et auto-efficacité faibles Yanniv et Brock, 2012
Accumulation de facteurs renforçant l’exposition aux aléas (faibles ressources financières, problèmes de santé) et am- Bayart et Saleilles, 2019
pleur de l’impact en cas de réalisation du risque (éloignement du marché du travail, manque de couverture sociale)
Typologie en huit profils différenciés des entrepreneurs par nécessité, sur des critères légaux (sous-traitance imposée), Tessier-Dargent et Fayolle,
CERNER L’ENTREPRENEUR(IAT)
sociaux (harcèlement, discrimination), économiques (chômage) ou psychologiques (prise de distance envers le salariat) 2016
Organisations
Organisations qui se développent moins, créent moins d’emploi, sont de plus petite taille, moins pérennes, innovantes et Hessel et al., 2008 ; Block et
exportatrices que celles créées par opportunité Wagner, 2010 ; Van der Zwan
et al., 2016
Secteurs d’activités mal maîtrisés et aux barrières à l’entrée faibles (ex. services à la personne) : forte concurrence d’en- Caliendo et Kritikos, 2010 ;
treprises plus grandes et expérimentées Giacomin et al., 2007
Hybridité des structures, fruit de la précarisation du marché du travail : porosité entre emploi, chômage, inactivité, Levratto et Serverin, 2012
sous-traitance forcée et création d’entreprise
Caractéristiques Auteurs
Processus
La puissance de transformation du processus entrepreneurial (transformative entrepreneuring) permet à des « entrepre- Tobias et al., 2013
neurs ordinaires », en contexte de grande pauvreté et en zone de guerre, d’atteindre la prospérité
Par réplication : conduits par des besoins primaires, ces entrepreneurs copient la structure, l’activité et les processus des Dencker et al., 2019
petites entreprises proches, pour obtenir des gains financiers rapides
Difficulté à repérer les niches de marché Van der Zwan et al., 2016
Importance de la dimension humaine de l’accompagnement Nakara et Fayolle, 2013
Analyse des candidats au microcrédit : grille de motivations entrepreneuriales autour de quatre facteurs ; « les récompenses Legrand et al., 2012
extrinsèques (avantages économiques attendus de la situation d’entrepreneur), les récompenses intrinsèques (avantages liés
à la réalisation de soi), l’indépendance / l’autonomie et la sécurité familiale ». Les individus dont le choix d’entreprise est
fait par défaut présentent un risque plus élevé à court et long terme de se décourager
Environnement
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Corruption élevée, surtout dans les pays en développement Harbi et Anderson, 2010
Fort taux de chômage Acs, 2006 ; Serviere, 2010
Infrastructures défaillantes (système de transport par exemple) Wennekers et al., 2005
Absence de filet social sécuritaire (retraite et assurance chômage par exemple) Acs, 2006
Déstructuration du marché du travail : précarisation, dérégulation Levratto et Serverin, 2012
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
CERNER L’ENTREPRENEUR(IAT)
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CERNER L’ENTREPRENEUR(IAT)
– 71 –
Chapitre 3
L’entrepreneuriat social :
une dynamique socio-économique
au service de la communauté
Mariyam Lakhal
Introduction
L’intensification croissante du poids des populations fragiles et
de leurs communautés appelle le monde de la recherche à penser le
phénomène entrepreneurial et ses perspectives différemment. Dès
2006, Seelos et Mair ont observé l’émergence d’un nouveau type
d’entrepreneuriat, dit social, porté par des entrepreneurs soucieux
d’imaginer de nouvelles pratiques et propositions pour le bien d’in-
dividus en situation de dépendance (économique, mentale, phy-
sique, etc.). À la tête d’entités qualifiées d’organisations voire d’en-
treprises sociales, ces entrepreneurs privilégient un objectif sociétal,
au service des individus et de leur communauté, avec un impératif
de financement suffisant leur permettant d’assurer leur pérennité.
La diversité des projets menés et des formes entrepreneuriales
a suscité l’intérêt des chercheurs, comme en témoignent de très
nombreuses publications sur le sujet. Saebi et al. (2019) ont recensé
395 articles en entrepreneuriat social dans des revues académiques
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CERNER L’ENTREPRENEUR(IAT)
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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Source : élaboré notamment à partir de Bacq et Janssen (2011) et Boncler et al. (2013)
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CERNER L’ENTREPRENEUR(IAT)
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 92 –
PARTIE II
EXPLIQUER LES TRAJECTOIRES
ENTREPRENEURIALES :
ENTRÉE, SORTIE, RETOUR, TRANSFERT
– 93 –
Chapitre 4
Du processus entrepreneurial
à l’engagement entrepreneurial
Laëtitia Gabay-Mariani
Introduction
Depuis les années 1990, les approches dites processuelles ont
donné une inflexion nouvelle à la recherche en entrepreneuriat.
Celles-ci ont mis en évidence la place centrale de la relation dia-
logique entre l’entrepreneur et son projet de création d’activité
(Bruyat, 1993 ; Davidsson, 2006). L’avènement de cette conception
a ouvert la voie à un courant de recherche qui s’est développé à par-
tir des années 1990 autour de modèles psychosociaux d’intention
(Krueger, 1993), donnant lieu à une littérature prolixe sur les fonde-
ments motivationnels de l’agir entrepreneurial (par exemple Audet,
2004 ; Emin, 2004 ; Boissin et al., 2009 ; Fayolle et Gailly, 2009 ;
Boissin et al., 2017). Toutefois, des travaux récents ont remis en
cause la place dominante qu’ils ont pu occuper dans la compréhen-
sion du processus entrepreneurial (Fayolle et Liñán, 2014 ; Boissin
et al., 2017). Les limites explicatives de l’intention entrepreneuriale
ont en effet été pointées (Schlaegel et Koenig, 2014 ; Moreau et
Raveleau, 2006 ; Degeorge, 2016). Un nombre croissant de travaux
s’intéresse donc désormais au passage de l’intention à l’action et
à la phase dite volitionnelle du processus entrepreneurial. Au sein
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EXPLIQUER LES TRAJECTOIRES ENTREPRENEURIALES
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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EXPLIQUER LES TRAJECTOIRES ENTREPRENEURIALES
Conclusion
Nous avons proposé dans ce chapitre de retracer les dernières
évolutions de la recherche sur le processus entrepreneurial, qui ont
conduit les chercheurs à s’intéresser davantage aux dynamiques
volitionnelles qu’aux fondements motivationnels du processus en-
trepreneurial. Elles complètent les modèles d’intention entrepre-
neuriale qui se sont jusqu’à présent concentrés sur le processus par
lequel les individus se donnent pour objectif d’entreprendre. Cette
inflexion nouvelle a placé la focale sur les logiques d’autorégula-
tion par lesquelles ils agissent et s’inscrivent durablement dans des
trajectoires entrepreneuriales. Elle a remis à l’honneur des concepts
tels que l’engagement, pour mieux expliquer ce qui pouvait lier
l’entrepreneur naissant à son processus de création et d’émergence,
et le pousser à y persister.
Ce champ émergent dédié à l’engagement entrepreneurial pré-
sente l’intérêt de se situer à la croisée de la littérature entrepreneu-
riale, de la littérature organisationnelle et en gestion des ressources
humaines. Des premiers travaux exploratoires ont ainsi posé les ja-
lons d’une adaptation des modèles d’engagement organisationnel au
contexte de l’entrepreneuriat naissant. Les recherches qui s’inscri-
ront dans la continuité de ces efforts pourront en ce sens contribuer
à la fois à une meilleure compréhension du processus entrepreneu-
rial et aux discussions qui ont animé la littérature organisationnelle
autour du modèle tridimensionnel de Meyer et Allen (1991). La
question de la dimensionnalité de l’engagement dans un contexte de
– 106 –
EXPLIQUER LES TRAJECTOIRES ENTREPRENEURIALES
Bibliographie
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Dans quelles mesures les notions d’engagement et d’intention pla-
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– 107 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 112 –
Chapitre 5
Marie-Josée Drapeau
Introduction
La sortie entrepreneuriale est une activité intégrante de tout pro-
cessus entrepreneurial. Reconnue comme étant une activité qui
comporte des bénéfices économiques, elle suscite de plus en plus
d’intérêt auprès des chercheurs, mais demeure un domaine relative-
ment peu documenté comparativement à celui portant sur l’entrée
en entrepreneuriat (Hessels et al., 2018 ; Shepherd et al., 2014). Il
existe deux courants dans le champ de la recherche sur la sortie en-
trepreneuriale : l’un centré sur la sortie de l’entreprise d’un marché
(Gimeno et al., 1997 ; Golombeck et al., 2012) et l’autre sur la sortie
de l’entrepreneur de son entreprise (DeTienne, 2010 ; Wennberg et
al., 2010). Ce chapitre s’inscrit dans ce second champ, celui centré
sur l’entrepreneur. L’intérêt de la recherche centrée sur l’entrepre-
neur repose sur la décision de ce dernier de quitter son entreprise en
utilisant des stratégies de sortie telles que la récolte financière, les
stratégies d’intendance ou via la liquidation/fermeture (DeTienne
et al., 2015). La décision de sortie dans ce contexte peut survenir à
n’importe quel moment, peu importe les motivations de l’entrepre-
neur. Cette perspective considère la sortie entrepreneuriale comme
étant associée à la décision de l’entrepreneur et fournit une vision
globale des différentes stratégies qu’il peut utiliser pour sortir de
– 113 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 125 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
Bibliographie
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– 126 –
EXPLIQUER LES TRAJECTOIRES ENTREPRENEURIALES
– 130 –
Chapitre 6
L’intention de recréer
après une sortie entrepreneuriale
Roxane De Hoe
Introduction
De tout temps, le tissu économique se caractérise par un mouve-
ment constant d’entrée (création) et de sortie (déclin) d’entreprises,
ces dernières permettant la création de nouvelles. La majorité des
travaux de recherche a davantage investigué la création et la crois-
sance des entreprises. Pourtant, l’étude de leur déclin et de leur
disparition est tout aussi importante (Balcaen et al., 2012 ; Albiol,
2014 ; DeTienne, 2010 ; Wennberg et DeTienne, 2014 ; DeTienne et
Wennberg, 2016), mais elle n’est qu’à ses balbutiements.
L’intention de créer une première entreprise a également été
largement étudiée (Shapero, 1984 ; Krueger et al., 2000). Depuis
quelques années, en lien avec la littérature sur le déclin et la dispa-
rition des entreprises, les chercheurs ont commencé à investiguer
l’intention de « recréer ». Ce terme suppose qu’un individu ait pré-
alablement eu une expérience entrepreneuriale pour qu’il puisse
manifester une intention de créer à nouveau une entreprise. Dans
ce chapitre, nous recensons les travaux, selon quatre perspectives,
pouvant expliquer cette intention de recréer : la sortie d’entreprise,
l’échec d’entreprise, l’entrepreneuriat compulsif et l’écosystème
– 131 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 133 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 134 –
EXPLIQUER LES TRAJECTOIRES ENTREPRENEURIALES
Bien que les études précitées aient montré que les entrepreneurs
peuvent tirer des leçons d’un échec entrepreneurial, nous devons
atténuer ce point de vue. En effet, ce processus d’apprentissage peut
ne pas se produire chez tous les entrepreneurs ayant échoué. Certains
d’entre eux peuvent être dans le déni (Westhead et al., 2005a), ce
qui entrave le processus d’apprentissage à partir de l’échec entre-
preneurial. Ils pourraient préférer n’attribuer leur échec qu’à des
causes externes en évitant de s’interroger sur leurs propres décisions
et comportements.
Le retour à l’entrepreneuriat de ces entrepreneurs ayant connu
l’échec a également fait l’objet d’études. Leur ré-engagement entre-
preneurial pourrait s’expliquer par les enseignements tirés de l’échec
(Amankwah-Amoah et al., 2016 ; Boso et al., 2019 ; Shepherd, 2009)
ou par d’autres facteurs individuels. Par exemple, l’impact de l’âge
sur l’intention de recréer varie en fonction du genre et de l’expé-
rience en équipe entrepreneuriale (Baù et al., 2018). Contrairement
à ce que pensaient les chercheurs travaillant sur l’apprentissage à
partir de l’échec, les émotions négatives ne sont pas un obstacle
au processus de guérison. Grâce à un changement d’attributions de
l’échec (c’est-à-dire d’externes à internes) combiné à la perception
de contrôle de ces attributions, les entrepreneurs apprennent et mo-
difient leurs connaissances, les conduisant à poursuivre leur carrière
entrepreneuriale (Williams et al., 2020).
Il arrive que certains entrepreneurs dirigent plusieurs entreprises
au cours de leur carrière, simultanément ou successivement. Dès
lors, il convient d’explorer les travaux en entrepreneuriat compulsif
pour comprendre l’intention de recréer après une sortie entrepre-
neuriale.
Conclusion
L’objectif de ce chapitre vise à mieux comprendre comment les
caractéristiques individuelles, une précédente expérience entrepre-
neuriale et sa nature, ainsi que le contexte environnemental peuvent
influencer un entrepreneur ayant connu une sortie d’entreprise à
vouloir poursuivre une carrière entrepreneuriale. Cette revue de la
littérature démontre la dimension multifactorielle du phénomène.
Des facteurs à la fois individuels, organisationnels et environnemen-
taux sont en jeu. Nous soulignons également l’importance de conti-
nuer à étudier ces facteurs de manière holistique, en les combinant
dans des analyses multiniveaux et en complexifiant les modèles en
incorporant des médiateurs ou modérateurs pour expliquer l’inten-
tion de recréer après une sortie entrepreneuriale.
– 141 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
Bibliographie
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– 142 –
EXPLIQUER LES TRAJECTOIRES ENTREPRENEURIALES
– 147 –
Chapitre 7
Hedi Yezza
Introduction
Peut-on définir le profil et/ou les caractéristiques de l’entrepre-
neur ? Peut-on recenser ses compétences ? Ces questions ont suscité
un vif débat dans le champ de l’entrepreneuriat (Sexton et Bowman,
1985 ; Gartner, 1988 ; Chell, 2013 ; Schmitt et Grégoire, 2019).
La recherche a longtemps considéré l’individu entrepreneur comme
acteur principal dans la mise en place d’un process d’innovation
(Schumpeter, 1935), la détection et la saisie des opportunités (Shane
et Venkataraman, 2000), le déroulement du processus entrepreneu-
rial (Omrane et al., 2011), la création de valeur (Gartner, 1988),
et la réussite de son entreprise (Alexandre, 2016). Si initialement,
les recherches s’articulaient autour d’une perspective centrée seule-
ment sur l’entrepreneur, ses caractéristiques psychologiques et sur
les traits de sa personnalité (Greenberger et Sexton, 1988 ; Shaver
et Scott, 1991), depuis les années 1980, d’autres travaux se sont
davantage intéressés aux aptitudes et comportements (Gartner,
1988), allant même jusqu’à proposer des référentiels de compé-
tences (Loué et al., 2008). Parmi ces compétences, les compétences
– 148 –
EXPLIQUER LES TRAJECTOIRES ENTREPRENEURIALES
– 150 –
EXPLIQUER LES TRAJECTOIRES ENTREPRENEURIALES
– 151 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
1 Nous soulignons que certains passages prennent appui sur des travaux antérieurs réalisés par l’au-
teur notamment Yezza et Chabaud (2020a, 2020b, 2020c) et Yezza (à paraître).
2 Les premiers travaux sur les compétences sociales ont vu le jour en psychologie avec Thorndike
(1920), qui a montré l’impact des compétences sociales sur la performance des individus.
– 153 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
Bibliographie
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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– 163 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 164 –
PARTIE III
ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON
ÉCOSYSTÈME : BUSINESS MODEL,
ACCOMPAGNEMENT, FINANCEMENT
– 165 –
Chapitre 8
De la nature et diversité
des business models pour entreprendre
Donatienne Delorme
Introduction
« Quel est votre business model ? » est aujourd’hui l’une des
questions incontournables pour tout porteur de projet entrepreneu-
rial. Plus largement, cette question se pose aussi aux manageurs et
décideurs, à l’affût de voies de développement innovantes ou d’un
renouveau stratégique. Le business model1 (BM) permet de forma-
liser et communiquer un projet entrepreneurial, en articulant plu-
sieurs notions et concepts, empruntant au management stratégique,
au marketing et à l’entrepreneuriat des notions fondamentales liées
aux clients, à l’offre, à l’organisation, aux ressources, à la valeur et
à la rentabilité. Cette transversalité lui vaut néanmoins une forme
de défiance, notamment du monde académique, lui reprochant un
manque de concepts clairs et d’outils éprouvés. Car si l’approche
semble simple et a su s’imposer auprès des praticiens, notamment
au travers du BM canvas (Osterwalder et Pigneur, 2010), sa mise
1 La traduction de « business model » par « modèle d’affaires » n’est pas totalement satisfaisante, le
mot français « affaires » ne recouvrant pas exactement la notion de « business » en anglais. D’autre
part, le « modèle économique » n’est qu’une partie d’un business model, excluant cette traduction.
Nous conserverons donc le terme anglais de business model, qui est aussi largement répandu chez
les praticiens. Notons que l’on trouve parfois l’orthographe business modèle.
– 166 –
ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
– 168 –
ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
– 169 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 170 –
ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
Nature Fonctions
Une dualité atypique : 1. BM en tant que configuration : business model as a model
–– Concept 2. BM en tant que schéma cognitif : business model as
–– Outil heuristics
3. BM en tant que support de la stratégie : strategizing with
business model
4. BM en tant qu’approche itérative et transformative : mo-
delling business models.
– 173 –
Tableau 3. Comparaison des composantes de six approches majeures du BM dans la littérature
Catégo- Composantes Chesbrough et Osterwalder et Demil et Zott et Amit (2010) Moingeon et Verstraete
ries Rosenbloom Pigneur (2010) Lecocq (2010) Lehmann- et al. (2012)
(George (2002) Ortega
et Bock, (2011)
2011)
Ressources, Chaîne de valeur Ressources-clés ; Ressources et Contenu : sélection Porteurs de projet
compétences activités-clés compétences ; d’activités Fabrication de
chaîne de valeur valeur (capter,
Réseau (externe) Position au sein du Partenaires-clés Réseau de valeur agencer, délivrer)
réseau de valeur
et design
Ressources
Structure Organisation Structure : liens et im- Architecture de
organisationnel
portance des activités valeur
– 174 –
Proposition de Proposition de Proposition de Offre produits et Proposition de Proposition de
valeur valeur valeur services valeur valeur
Clients Segment client Relation client,
canaux, segments
Parties prenantes Gouvernance : qui Parties prenantes,
Transactions
réalise les activités écosystème
Conventions
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
Valeur
Rentabilité Rentabilité poten- Marge Équation de Performances
tielle profits
ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
Foss et Saebi (2018) font partie des auteurs qui tentent depuis de
nombreuses années de légitimer le BM dans le champ du manage-
ment : les arguments en faveur de l’intérêt du BM ne manquent pas,
et c’est donc sous forme de provocation qu’ils font référence à une
forme de malédiction (wicked) dans leurs travaux. Car un point en
particulier cristallise l’essentiel des débats depuis 20 ans, dans le
champ du management stratégique notamment, mais aussi de l’en-
trepreneuriat : il s’agit du lien (ou de la différence) entre BM et
stratégie. Ce constat reste d’autant plus d’actualité que le BM a évo-
lué, passant d’une orientation très technologique à une orientation
plus stratégique, d’une vision orientée produit à des considérations
sectorielles, son degré d’abstraction s’élevant (Wirtz et al., 2016).
Michael Porter (2001) publie très tôt un article extrêmement cri-
tique dans la Harvard Business Review, exhortant les dirigeants à
penser à leur stratégie, plutôt qu’à leur BM : « The business model
approach to management becomes an invitation for faulty thinking
and self-delusion. » (Ibid., p. 13) Presque 20 ans plus tard, Bigelow
et Barney (2020) soulignent la difficulté, malgré les nombreux tra-
vaux sur le sujet, à distinguer le concept de BM de celui de stra-
tégie dans son acception traditionnelle. En contrepoint, Lanzolla
et Markides (2020) soulignent la vacuité de ces débats, préférant
adopter une définition du BM en tant que système d’activités, se
concentrant ainsi sur les interdépendances internes et externes entre
les activités, reliant création et capture de valeur. Dans cette optique,
les activités et les interdépendances elles-mêmes sont des variables
indépendantes, permettant de développer une stratégie à deux ni-
veaux. En positionnant le BM en tant qu’approche systémique, ils
rejoignent ainsi les propositions de Foss et Saebi (2018), permettant
de dépasser la critique initiale.
Le deuxième point que nous souhaitons aborder ici fait état cette
fois non pas d’un débat, mais d’une absence de débat : la notion
de valeur est omniprésente dans l’approche par le BM, mais trop
rarement définie alors que ne préexiste aucune évidence. Dans la
perspective entrepreneuriale, l’approche par le BM positionne le
plus souvent une hypothèse implicite d’exogénéité dans la création
de valeur ; la littérature sur la stratégie avance le plus souvent la
probabilité d’une création de valeur endogène (Bigelow et Barney,
2020). Trois « états » de valeur coexistent : la création de valeur, sa
capture et son partage.
– 175 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 176 –
ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
la valeur doit être précisée dans toutes ses dimensions. Enfin, en tant
qu’approche itérative et transformative, le BM peut se combiner
avec d’autres cadres de recherche, certains bien connus comme la
Resource-Based View (Demil et Lecocq, 2010) ou au contraire émer-
gents tels que le Lean Startup (Bocken et Snihur, 2020).
Cette perspective nous amène à questionner la place du BM dans
le processus entrepreneurial : si les mécanismes de conception et de
construction du BM sont largement étudiés, au travers des quatre
fonctions présentées dans ce chapitre, il ne faudrait pas laisser de
côté sa mise en œuvre dans le projet entrepreneurial. Une vision
simplificatrice du projet, le réduisant à un schéma formel ou à une
activité de conception autour d’un modèle de revenu, mettrait en
péril son développement. Cette simplification fait partie des points
de vigilance soulignés par la communauté scientifique, notamment
envers les entrepreneurs et les praticiens de l’accompagnement en-
trepreneurial. En cela, l’approche entrepreneuriale du BM proposée
par Verstraete et Jouison-Lafitte (2018), au travers du modèle GRP,
est une voie intéressante à explorer, en repositionnant les outils au
service du projet. On pourra ainsi s’interroger sur la dimension pro-
cessuelle du BM en lui-même, et au sein du processus entrepreneu-
rial, sur les liens à établir entre ces deux dynamiques.
Terminons ce chapitre en abordant la portée normative du BM. À
première lecture, celle-ci se traduit comme une aide : l’approche par
le BM a entraîné la mise en place de schémas de conception, allant
jusqu’à la création de typologies de BM. Ces schémas et typolo-
gies doivent aider l’entrepreneur et ses partenaires potentiels dans
leurs prises de décision. Néanmoins, en deuxième lecture, cette di-
mension soulève deux points de vigilance : tout d’abord, malgré
l’existence de typologies ou de modèles préétablis, il serait illusoire
de penser créer une entreprise en choisissant un modèle « sur éta-
gère ». Mais de manière paradoxale, il est aujourd’hui difficile de
porter un projet entrepreneurial sans faire référence à son « business
model ». L’entrepreneur doit s’approprier les outils et les codes de
l’écosystème entrepreneurial s’il souhaite se faire accompagner ou
s’il recherche des partenaires. Mais où et auprès de qui trouver les
bonnes informations, les outils adaptés et les bonnes pratiques ? Le
développement du BM dans les écosystèmes entrepreneuriaux est
aujourd’hui intimement lié à la formation et à l’accompagnement
entrepreneurial, que doit nourrir la recherche.
En conclusion de ce chapitre et pour revenir à notre question limi-
naire, la réponse à « quel est votre business model ? » semble fina-
lement bien difficile à résumer en quelques mots par le porteur d’un
– 180 –
ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
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ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
– 183 –
Chapitre 9
Simona Grama-Vigouroux
Introduction
L’innovation ouverte (IO) constitue le nouveau paradigme pour
faire de l’innovation (Chesbrough et Bogers, 2014). Il met l’accent
sur l’importance de l’implication d’un large éventail d’acteurs et
de sources externes pour réaliser et soutenir l’innovation interne
(Vanhaverbeke et al., 2018). Jusqu’à présent, une grande partie de
la littérature sur l’IO favorisait les grandes entreprises (Spender et
al., 2017). Or, l’IO concerne tout type d’entreprises et présente un
réel intérêt particulièrement pour les start-up en raison du manque
de ressources auquel elles sont confrontées (Spender et al., 2017 ;
Bogers et al., 2017) et parce que le rôle de l’entrepreneur y est cru-
cial dans l’élaboration de la stratégie d’innovation (Spender et al.,
2017 ; Grama-Vigouroux et Royer, 2020), pour notamment explorer
de nouvelles opportunités d’affaires, et s’engager personnellement
dans le développement d’un réseau d’innovation (Vanhaverbeke
et al., 2018). La littérature s’intéresse peu à l’IO dans les start-up
(Bogers et al., 2017 ; Spender et al., 2017) alors même que l’adop-
tion de l’IO constitue une nécessité pour celles-ci afin de surmonter à
la fois leurs handicaps en termes de nouveauté et de taille (Eftekhari
– 184 –
ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 186 –
ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
sphère privée a un effet négatif sur l’innovation, alors que des avan-
tages substantiels pour l’innovation sont obtenus par la mise en ré-
seau dans la sphère publique.
Inspirer de la confiance dans les relations avec les partenaires est
une compétence essentielle pour les entrepreneurs dans les activi-
tés d’IO. Cette confiance leur permet d’adopter des positions où ils
peuvent aider et agir pour les autres, si leurs différents partenaires le
souhaitent, créant ainsi de nombreuses opportunités de co-création
et de partenariats (Grama-Vigouroux et al., 2020). L’intelligence so-
ciale constitue également une compétence essentielle pour réussir
dans les relations avec les autres, notamment dans le cadre des dé-
marches d’IO (Vanhaverberke et al., 2018). Certains entrepreneurs
ont une bonne intelligence sociale, qui se traduit par un sentiment
de compréhension des autres, tandis que d’autres peuvent se révé-
ler narcissiques et avoir un fort désir de pouvoir et de domination,
caractéristiques pouvant se révéler préjudiciables aux activités d’IO
(Grama-Vigouroux, 2017). La communication efficace est une autre
compétence que les entrepreneurs utilisent au sein des réseaux d’IO.
Par exemple, la communication ouverte et de soutien, la maximi-
sation de la cohérence entre les messages non verbaux et verbaux
et l’interprétation des messages non verbaux des autres, ainsi que
les petites conversations et les rituels sont des ingrédients impor-
tants pour le succès d’une activité d’IO (Bigliardi et al., 2021). Ces
compétences liées au management des relations interpersonnelles
peuvent être mobilisées dans les réseaux d’IO afin d’améliorer les
résultats de l’innovation.
Bibliographie
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 202 –
ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
2 La compétence « Explore des hypothèses en sachant quand et comment interrompre un fonction-
nement automatique » n’a pas été incluse dans le tableau à la suggestion de Du Chatenier et al.
(2010).
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 204 –
Chapitre 10
Accompagnement entrepreneurial et
business models d’incubateur
Amandine Maus
Introduction
Chaque année en France, un nouveau record du nombre de
créations d’entreprises est annoncé. À titre d’exemple, en 2020,
848 164 entreprises ont été créées avec une croissance de 4 % par
rapport à 2019. Ce contexte de fort dynamisme entrepreneurial est
encouragé par les pouvoirs publics français. Un soutien financier
public est notamment apporté pour développer l’activité des incu-
bateurs d’entreprises, organisations qui ont pour mission d’accroître
les chances de survie des jeunes entreprises. La Commission na-
tionale d’évaluation des politiques d’innovation (2016) indique que
dans le domaine de l’innovation en France, un budget de 1,4 mil-
liard d’euros est investi par an pour ces organisations.
Malgré ce contexte favorable à l’entrepreneuriat, depuis le dé-
but des années 2000, les incubateurs font face à un environnement
de plus en plus incertain et turbulent (Ahmad et Thornberry, 2018 ;
Lamine et al., 2018). Cet environnement les force à se recentrer sur
eux-mêmes et à s’adapter pour assurer leur survie. Les recherches
en entrepreneuriat tentent de mieux rendre compte de ces trans-
formations en cours en mobilisant des concepts du management
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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– 211 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 220 –
Chapitre 11
La finance entrepreneuriale
à la croisée des chemins
Jean-François Sattin
Introduction
L’entrepreneuriat est nécessaire pour la croissance économique
(Acs et al., 2018), et la dimension financière est essentielle pour le
déploiement des projets entrepreneuriaux. La probabilité de créer
une entreprise augmente avec l’accroissement du patrimoine des en-
trepreneurs, par exemple lors de la perception de donations et d’hé-
ritages, en présence d’une dérégulation facilitant l’accès au crédit
bancaire ou encore lors d’une diminution de la fiscalité. A contrario
le manque de fonds disponibles agit comme une contrainte qui peut
limiter l’entrée des entrepreneurs potentiels (Smith, 2012).
Mais qu’entend-on exactement par finance entrepreneuriale ?
Quelles sont les frontières de la discipline ? Suivant Paré et al.
(2009), la finance entrepreneuriale étudie les aspects financiers du
processus entrepreneurial. Elle renvoie donc à la fois aux diverses
sources de financement à la disposition des entrepreneurs (business
angels, capital-risque, financement bancaire, crédit commercial,
microfinance, crowdfunding, love money, marchés financiers, finan-
cements publics…), et à des problématiques particulières liées au
financement de l’activité entrepreneuriale, dont certaines seulement
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
Les dernières décennies ont été marquées par un essor sans précé-
dent de la recherche en finance entrepreneuriale. Toutefois, la ques-
tion du financement de l’entrepreneuriat reste encore aujourd’hui
un champ d’investigation rempli de promesses et de défis à relever
pour de futures recherches. La diversification des objets d’étude et
la mise en œuvre d’un dialogue avec les recherches processuelles
en entrepreneuriat semblent désormais plus que jamais nécessaires.
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
Conclusion
Après s’être rapidement développée ces dernières décennies,
la recherche en finance entrepreneuriale semble actuellement à la
croisée des chemins. Les véhicules de financement traditionnels,
pour lesquels les données étaient bien documentées, ont été lar-
gement étudiés chacun de leur côté. Poursuivre la construction de
connaissances dans ce domaine nécessite désormais de résoudre
un triple challenge lié à l’apparition de nouveaux objets d’analyse,
à une meilleure contextualisation de nos connaissances ainsi qu’à
un décloisonnement des objets de recherche entre eux. Cela passe,
pour partie au moins, par un changement d’optique qui permette de
20 Pour autant, la dynamique de développement du projet entrepreneurial conduit les entrepreneurs
sur des sentiers de dépendance qui déterminent à leur tour le résultat de l’aventure entrepreneu-
riale, ainsi que l’efficacité des financements préalablement attribués. Les exemples sont nom-
breux, mais ils n’ont reçu pour l’heure qu’une attention limitée. Par exemple, certains auteurs ont
noté des effets d’hystérésis concernant le financement bancaire et le recours au crédit commercial
qui méritent d’être étudiés plus avant. Nous savons aussi que la probabilité est plus élevée d’ob-
tenir une subvention à l’innovation si une telle aide a déjà été obtenue précédemment. Il en est de
même des effets de leviers liés à des financements particuliers, etc.
– 234 –
ÉTUDIER L’ENTREPRENEUR ET SON ÉCOSYSTÈME
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leure intégration des équipes et des programmes de recherche engagés en finance entrepreneu-
riale par exemple au sein de l’AEI et de l’AFFI pourrait s’avérer très intéressante à ce titre.
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CONCLUSION
De l’entrepreneur à l’entrepreneuring :
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
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– 243 –
LES AUTEURS
– 244 –
DE L’ENTREPRENEUR À L’ENTREPRENEURING
– 248 –
DANS LA MÊME COLLECTION
AUX EDITIONS EMS
Coordonné par
Patrick GILBERT et
Damien MOUREY
Les outils de gestion sont d’habitude
considérés comme des objets vils et
négligeables. Impensés, ils en deviennent
invisibles. Et pourtant, leur influence est
considérable. Pour étayer cette conviction, des
spécialistes particulièrement reconnus dans
les sciences de gestion et du management
se sont réunis autour de Patrick Gilbert et
Damien Mourey pour réaliser un livre unique.
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