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de conscience. La sphère publique, citoyenne, où pour sa relation avec l’Autre, il serait soumis
aux règles impératives, établies par la loi de l’État, inspirées en principe de l’humanisme. Et
entre les deux, la sphère associative, où il se plierait de sa propre volonté à des règles
particulières, celles de la communauté de son choix, ou à des prescriptions religieuses
librement acceptées.
Pour faire régner la paix dans les relations humaines, l’avènement d’une spiritualité humaniste,
plaçant la valeur de la dignité humaine au-dessus de toute autre, s’impose absolument. C’est
pourquoi « Les principes de l’humanisme doivent être placés à la base de toutes les valeurs
spirituelles, de toutes les initiatives et [de toutes] les actions humaines [2] … »
Dans ces conditions, il convient de redéfinir pour l’avenir, les principes de
l’Humanisme, d’une façon acceptable, aussi bien par les spiritualistes, religieux ou non, que
par les athées : Aujourd’hui et pour l’avenir, il est possible de redéfinir l’humanisme, comme
l’attitude éthique, prenant pour déterminant de tous les actes, de toutes les réalisations, de
toutes les lois… Ce qui est bon pour l’être humain en tant qu’individu, et en même temps bon
pour l’humanité dans son ensemble et pour son avenir.
Et il faut insister sur l’indissociabilité de trois composantes de l’humanisme, que sont : La
volonté d’autonomie de l’individu, L’universalité des principes qui doivent régir la morale
publique, Et la finalité humaine qui doit être celle de tous les actes [3].
Enfin, ajouter trois conditions d’application : La fonction humaniste de la direction politique des
sociétés. Une éducation libérale de la jeunesse, fondée sur la connaissance de l’humain, et
l’apprentissage de la raison soumise à l’éthique. La tolérance pour toutes les conceptions
métaphysiques, communautaires ou individuelles, par le respect de la liberté absolue de
conscience.
C’est cette conception de l’humanisme qu’il faudra opposer aux possibles dérives
déshumanisantes, de la techno-science.
FACE AUX DÉFIS DE L’AVENIR, aux menaces que les développements techniques
de la science, semblent faire peser sur la nature humaine, quelle défense ?
Le transhumanisme est le plus inquiétant des défis de l’avenir. Les transhumanistes affirment
leur conviction que le perfectionnement de l’être humain, par les sciences et les nouvelles
technologies, va dans le sens de son amélioration. Qu’il s’agit désormais d’augmenter les
capacités physiques et intellectuelles des individus, par l’application combinée des
nanotechnologies, de la biologie, de l’informatique et des sciences cognitives. Jusque-là,
l’humaniste n’a pas objections ; sinon qu’il manque à ce projet, une attention aux dimensions
morale et spirituelle, de l’humain. Mais les transhumanistes les plus extrêmes pensent qu’il
viendra un moment où l’homme, devra s’effacer devant des entités plus intelligentes que lui,
qui prendront le pouvoir. Car un jour, pensent-ils, ces entités non biologiques seront même
pourvues de conscience.
Avec le transhumanisme on assiste, dès le principe, à la remise en cause des valeurs
humaines, car il part de la conception d’un avenir déterminé par la technoscience. L’esprit et la
conscience ne sont pour lui, que des neurones que l’on peut remplacer par des neurones
artificiels. Ce qui conduit au mépris de la dimension spirituelle de l’être humain. L’avenir serait
ainsi guidé par un déterminisme scientifique, conduisant à la rupture produite par la «
singularité », intervenant au moment où la machine dominerait l’homme. Le transhumanisme
rompt avec la philosophie humaniste de la Renaissance, si bien résumée par la formule de
Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Il remet en cause la dignité
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humaine définie, depuis Pic de la Mirandole, comme la possibilité pour chaque être humain,
grâce à sa liberté et à la prééminence de sa raison, d’être ce qu’il devient et de devenir ce qu’il
se fait. Ce qu’il se fait ! Et non, ce que l’on fait de lui !
Avec le deep-learning, l’apprentissage profond et les algorithmes à réseaux neuronaux,
l’intelligence artificielle progresse. Elle devient un outil plus performant que l’homme. Et elle
pourrait aller jusqu’à acquérir une certaine forme de conscience, pour évoluer vers une
capacité de décision et d’action, autonomes.
L’humaniste admettra qu’il est bon de repousser les limites de l’humain en utilisant le progrès
scientifique. Face au progrès technique, il ne demandera pas le retour en arrière, le retour à la
nature originelle. Mais il refusera d’accepter que l’intelligence artificielle impose à l’être humain
des décisions, dont sa conscience n’aurait pas délibéré, et dont il ne se sentirait pas
responsable. Il objectera qu’en raison du caractère potentiellement déshumanisant du progrès
technique, il est nécessaire de lui fixer des limites. Et qu’il est urgent dans cette perspective de
susciter de la part des scientifiques, des études approfondies, pour déterminer : Les critères,
du maintien de la nature humaine de l’être. Enfin, la direction politique des sociétés devra
veiller, à ce que le progrès de l’intelligence artificielle n’altère pas : L’autonomie et la liberté de
conscience de l’individu. C’est pourquoi les humanistes doivent faire admettre : La fonction
humaniste de la politique. Cela, afin de fixer les limites des transformations acceptables.
L’intelligence artificielle, associée à la robotisation, est un autre danger pour l’humain.
L’évolution est déjà en marche, avec les robots travailleurs, mais aussi avec des robots tueurs,
comme les drones de combat ! Ces robots disposeront d’une intelligence artificielle de plus en
plus élaborée, leur donnant une capacité de décision et d’action autonome. C’est une
évolution qui pourrait conduire à la déshumanisation du monde. Il devient nécessaire d’édicter
des règles, concernant la nature, la destination et l’emploi des robots. Le robot doit rester sous
le contrôle d’un humain responsable.
En outre, l’hybridation entre l’être humain et la machine intelligente, est susceptible de
produire le « cyborg », l’organisme cybernétique. Jusqu’où est-ce acceptable ?
Pour éviter que la conscience humaine perde son autonomie, il faudra sans doute penser, au
niveau mondial, au contrôle des applications de l’intelligence artificielle, et à une « charte
éthique des robots ».
Quant à la dégradation écologique de la planète et aux autres menaces qui pèsent sur
l’avenir de l’être humain … Les transhumanistes ont la certitude que la résolution de ces
grands problèmes de l’humanité, passera par les avancées de l’intelligence artificielle. Et
certains ajoutent, que ces avancées devront être soutenues par une philosophie politique,
excluant toute règlementation édictée par des autorités politiques.
Ici l’humaniste sera d’accord sur la nécessité d’utiliser toutes les ressources de la science,
pour sauver la planète et l’humanité. Mais il insistera au contraire, sur la nécessité d’un
contrôle humaniste, assuré par l’autorité politique, et cela jusqu’au niveau mondial.
Une évolution à craindre, serait la division de l’humanité, entre des transhumains maîtrisant
l’intelligence artificielle, vivant dans un environnement robotisé, et une sous-humanité
marginalisée. À cette solution, l’humaniste préfèrera un autre choix de civilisation, plus
conforme à la dignité de l’être humain : la participation de tous, à la vie d’une même société,
dans l’acceptation de la diversité.
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Une course est ainsi engagée, entre le développement des applications de
l’intelligence artificielle, et la sagesse capable de les gérer. Les généticiens et les maîtres de
l’intelligence artificielle, doivent être soumis, à la sagesse humaniste.
Pour les humanistes, il s’agit donc, d’influencer les politiques. Afin qu’ils veillent, à ce que les
applications de la science servent à l’amélioration de l’être humain et de ses conditions de vie,
dans le cadre d’une société pacifique, harmonieuse, et dans l’universalité. Pour l’humaniste, le
progrès scientifique et technique n’est un progrès, que s’il est un progrès pour l’humain. Et un
progrès de l’humain en tant qu’humain, et non en tant que machine. Dans les projets des
transhumanistes, tout ce qui aboutirait à dénaturer l’être humain, pour en faire quelque chose
comme une machine, doit être exclu. Il y a des choses que l’intelligence permet de faire… Et
qu’il ne faut pas, faire.
Mais l’un des obstacles au règne d’une éthique humaniste, est décelable dès aujourd’hui.
C’est la combinaison de l’individualisme et de l’économisme. L’individualisme, qui porte le
détenteur du pouvoir à ne se préoccuper que du maintien et de l’accroissement de sa
puissance ; excluant toute solidarité avec le reste de l’humanité. Et l’économisme, qui tend à
développer une oligarchie des puissances économiques privées, dessaisissant
progressivement les autorités politiques de tout pouvoir réel, en dehors du maintien de l’ordre.
Ces puissances économiques cherchent en même temps, à être les seules détentrices, des
connaissances commandant les facteurs de la rupture : codes de la nature, code génétique, et
code-source de l’intelligence artificielle notamment. Devant ces perspectives inquiétantes, il
est donc urgent de distinguer ce qu’il est possible de faire, et ce qu’on s’interdit de faire.
Il faut universaliser une éthique, susceptible de permettre à l’humanité de maîtriser son avenir
! Renforcer les valeurs donnant du sens à la vie ! Se souvenir qu’il n’y a de véritable progrès,
que s’il aboutit à plus de bonheur humain ! En bref, il s’agit de se recentrer sur l’Homme.
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conjugué avec l’impuissance des autorités politiques, porte à craindre que l’évolution
scientifique à venir, ne soit pas maîtrisée au plan de l’éthique.
C’est pourquoi, les humanistes rappelleront que pour avancer dans le sens d’un «
progrès vraiment humain » ce n’est pas vers l’homme augmenté qu’il faut aller, mais vers
l’homme amélioré ! Amélioré dans ses capacités intellectuelles et physiques, oui ! Mais aussi
au plan de la culture, de la psychologie et de la spiritualité.
La vocation des humanistes, est d’inciter les scientifiques à travailler à cette amélioration de
l’humain, et de l’humanité, dans le sens d’une élévation de son niveau de conscience. Ainsi
qu’à la recherche des modalités pacifiques, de la coexistence de cultures diverses,
progressant vers une commune civilisation.
Enfin, pour agir contre les effets pervers de l’évolution des sciences et techniques, et maintenir
de l’humain dans l’espèce, la seule solution serait la généralisation d’une éducation des
individus à l’humanisme. Il faut donc que les humanistes parviennent à conduire la société à
adopter des lois humanistes, des lois qui encadrent le scientifique par l’éthique humaniste.
C'est-à-dire : Une éthique prenant pour déterminant de tous les actes, de toutes les
réalisations, de toutes les lois, ce qui est bon pour l’être humain en tant qu’individu, et en
même temps bon pour l’humanité dans l’universalité de son ensemble et pour son avenir.
Une éthique, il faut le redire, qui impose d’assurer : Le respect de la volonté d’autonomie de
l’individu. L’universalité des principes qui doivent régir la morale publique. Et la finalité
humaine, qui doit être celle de tous les actes.
Une éthique dont la mise en œuvre, nécessite de veiller au maintien de trois conditions
d’application : L’exercice de sa fonction humaniste par la direction politique des sociétés.
L’éducation libérale de la jeunesse, fondée sur l’apprentissage de la raison soumise à
l’éthique, et la connaissance de l’humain. Enfin la tolérance pour toutes les conceptions
métaphysiques, qu’elles soient communautaires ou individuelles, par le respect de la liberté
absolue de conscience.
La pérennité de l’humain ne pourra être assurée, face aux défis de l’avenir, que par la prise de
conscience de la nécessité, d’universaliser une telle éthique humaniste.
Claude J. DELBOS