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les integ r a l e s 20
Droit de la communication audiovisuelle
2021
Cet ouvrage décrit la réglementation applicable aux services de télévision, aux services de
radio, aux services audiovisuels à la demande et aux plateformes de partage de contenus
audiovisuels. L’ensemble, devenu très complexe et peu lisible, a fait l’objet d’une réforme
majeure au travers de l’ordonnance n° 2020-1642 du 21 décembre 2020, qui transpose
en droit français la directive « services de médias audiovisuels » du 14 novembre 2018.
Droit de la
Droit de la communication
Divisé en neuf chapitres, l’ouvrage aborde notamment : l’histoire de la réglementation
audiovisuelle ; les sources, nationales, internationales et européennes, du droit de
l’audiovisuel ; les acteurs (institutions, éditeurs, distributeurs, opérateurs de réseaux) ;
les services ; les principes fondamentaux de l’audiovisuel ; le Conseil supérieur de
l’audiovisuel ; les règles applicables à l’audiovisuel public ; la diffusion et la mise
communication
audiovisuelle
à disposition des services ; les obligations des éditeurs de services (déontologie des
audiovisuelle
programmes, identification, usage de la langue française, communications commerciales,
diffusion et programmation, contribution à la production…) ; les obligations des
Il est à jour de l’ordonnance n° 2020-1642 du 21 décembre 2020 et des textes qui l’ont Pascal Kamina
précédée, et prend en compte les réformes annoncées du secteur et les projets en cours Professeur des universités
de discussion, au niveau national et européen. Avocat au barreau de Paris
Ce livre est destiné aux praticiens, universitaires, étudiants, journalistes, entrepreneurs
ou créateurs exerçant dans ou intéressés par le secteur de la communication audiovisuelle
et numérique. À jour
Pascal Kamina, agrégé des facultés de droit, est professeur de droit privé à l’Université
de l’ordonnance
de Franche-Comté. Il est également avocat au barreau de Paris.
n° 2020-1642
du 21 décembre
2020
www.lgdj-editions.fr
ISBN 978-2-275-05880-1 69 €
DROIT DE LA
COMMUNICATION
AUDIOVISUELLE
TÉLÉVISION, RADIO, SERVICES
À LA DEMANDE, PLATEFORMES
DE PARTAGE DE CONTENUS
Du même auteur
Droit du cinéma, LexisNexis, 2e éd. 2014.
Film Copyright in the European Union, Cambridge University Presse, 2002,
2e éd., 2016.
Droit anglo-américain des propriétés intellectuelles, LGDJ, 2017.
Afin d’y répondre, le Gouvernement a déposé en décembre 2019 un projet de loi relative à
la communication audiovisuelle et à la souveraineté culturelle à l’ère numérique. Ce texte
ambitieux, dont il sera question plus loin4, modifiait profondément le cadre réglementaire
applicable aux services audiovisuels en général, et au secteur public de l’audiovisuel en
particulier. Son examen a été suspendu en raison de la crise sanitaire de 2020. Certaines
de ses dispositions ont été reprises par l’ordonnance nº 2020-1642 du 21 décembre 20205.
(1) Youtube a été créée en 2005. En 2010, l’ensemble des chaînes de Youtube atteignait le milliard d’abonnés
(source : communiqué Youtube, 28 oct. 2010). Netflix a lancé son service de vidéo à la demande par abonnement
en 2007. Le premier service français de télévision de rattrapage, M6 Replay, a été lancé 19 mars 2008.
(2) V. infra nº 4.
(3) Rapport d’information du 4 oct. 2018 de la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation en conclusion des
travaux de la mission d’information sur une nouvelle régulation de la communication audiovisuelle à l’ère numé-
rique, présenté par Mme Aurore Bergé, Rapporteure ; constat repris avec force par l’Autorité de la concurrence dans
son avis nº 19-A-04 du 21 févr. 2019, relatif à une demande d’avis de la commission des Affaires culturelles et de
l’Éducation de l’Assemblée nationale dans le secteur de l’audiovisuel. V. également Arcep, avis nº 2018-1204 du
2 oct. 2018 relatif à une demande d’avis de l’Autorité de la concurrence portant sur l’impact de la révolution numé-
rique sur l’audiovisuel. D. Bosco, « Pour une refonte réglementaire de l’audiovisuel à l’heure des plateformes améri-
caines », Contrats Concurrence Consommation avr. 2019, nº 4, p. 34-35 ; G. Issartel, O. Berg, « L’Autorité de régula-
tion des communications électroniques et des postes rend son avis à l’Autorité de la concurrence sur l’impact de la
révolution numérique sur l’audiovisuel et formule trois pistes d’actions », Concurrences févr. 2019, nº 1, p. 189 ;
M. Le Roy, Droit de l’audiovisuel : ce qui va changer, ce qui pourrait changer, Amazon, 2020 ; Télévision, cinéma
et vidéo à l’ère du numérique, Amazon, 2016.
(4) Infra nº 26.
(5) Ord. nº 2020-1642 du 21 déc. 2020 portant transposition de la directive 2018/1808/UE du Parlement européen et
du Conseil du 14 nov. 2018 modifiant la directive 2010/13/UE visant à la coordination de certaines dispositions
législatives, réglementaires et administratives des États membres relatives à la fourniture de services de médias
audiovisuels, compte tenu de l’évolution des réalités du marché, et modifiant la loi du 30 sept. 1986 relative à la
DROIT DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE
D’autres ont été mises en œuvre par décret6, ou sont repoussées à une date plus
éloignée7.
Par ailleurs, la réforme en cours s’inscrit dans un mouvement plus général, qui élargit la
réglementation audiovisuelle, au-delà de la télévision, de la radio et des services audiovi-
suels à la demande, aux plateformes numériques. L’ordonnance du 21 décembre 2020
a ainsi transposé les dispositions de la directive 2018/1808 du 14 novembre 2018
relatives aux plateformes de partage de vidéos. Avant elle, la loi du 22 décembre 2018
relative à la lutte contre la manipulation de l’information avait donné au Conseil supérieur
de l’audiovisuel le pouvoir d’adresser des recommandations aux éditeurs de plateformes
en ligne8. La loi du 24 juin 2020 visant à lutter contre les contenus haineux sur internet
(« loi Avia »), telle qu’adoptée par le Parlement, étendait les pouvoirs du régulateur en
matière de police des contenus à l’ensemble des plateformes numériques9. Ce dispositif,
mal conçu à l’origine, a été largement censuré par le Conseil constitutionnel10, mais pour-
rait être repris sous une forme différente11. Le Conseil se voit ainsi confier, depuis la loi
nº 2020-936 du 30 juillet 2020, une mission générale de lutte contre la pornographie
accessible à la jeunesse sur l’internet12. Enfin, le projet d’absorption de l’Hadopi au sein
d’une autorité de l’audiovisuel élargie, l’Arcom, repris dans le projet de loi relatif à la
régulation et à la protection de l’accès aux œuvres culturelles à l’ère numérique13, fera
du régulateur de l’audiovisuel une autorité de régulation des plateformes numériques et
de la propriété intellectuelle sur les réseaux.
liberté de communication, le Code du cinéma et de l’image animée, ainsi que les délais relatifs à l’exploitation des
œuvres cinématographiques, JO 23 déc. 2020.
(6) D. nº 2020-983 et 2020-984 du 5 août 2020, infra nº 26.
(7) Infra no 26.
(8) Infra nº 180 et 601.
(9) Infra nº 602.
(10) Cons. const., 18 juin 2020, nº 2020-801 DC, infra nº 604.
(11) Notamment au travers d’un nouveau règlement européen sur les services numériques (Digital Services Act). Infra
nº 596. V. également la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la prévention de la
diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne du 12 sept. 2018, infra nº 595.
(12) Infra nº 176 et 613.
(13) no 523, enregistré à la présidence du Sénat le 8 avr. 2021, infra no 26.
(14) Infra nº 100.
(15) Notamment, ils ne sont pas soumis aux obligations de mise en avant de contenus européens et d’expression origi-
nale française imposée aux services de vidéos à la demande (infra nº 500 à 502).
(16) Infra nº 94.
(17) Infra nº 589 et s.
10
Introduction générale
progressive, soulignée par le régulateur18, justifierait une inclusion plus franche dans le
cadre réglementaire de l’audiovisuel19.
Répartition des chaînes gratuites et payantes de la TNT par opérateur au 31 décembre 2019
(18) V. notamment CSA, « Radios musicales et streaming audio », collection CSA, janv. 2019, qui relève que « les carac-
téristiques d’éditorialisation (listes de lecture, playlist, services de “radio” créés par les opérateurs) des services de
streaming audio les rendent en outre plus proches des services de radio musicale que les services de streaming
vidéo ne le sont de la télévision, bien que chacun conserve ses propres caractéristiques » (p. 57).
(19) Le projet de réforme de l’audiovisuel de 2019 conférait au régulateur de nouvelles missions dans ce domaine, qui
confirmait l’inclusion de ces services dans le cadre réglementaire. Infra nº 185. Il n’a pas été repris sur ce point.
(20) Le marché de la production audiovisuelle réunissait en 2016 près de 4 000 entreprises de productions de films et
de programmes pour la télévision (contre 1 376 en 2000) (source : CSA, Étude sur le tissu économique du secteur
de la production audiovisuelle, 3e éd., sept. 2018), pour un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros en 2015. Ces
entreprises employaient près de 100 000 personnes.
(21) Source : Autorité de la concurrence, avis nº 19-A-04 du 21 févr. 2019, p. 7.
(22) Ministère de la Culture, Chiffres clés, statistiques de la culture et de la communication 2020, p. 4 : « la hausse du
poids de la branche audiovisuelle se poursuit. Avec 13 milliards d’euros générés en 2018, elle pèse environ 28 %
de l’ensemble Culture et elle est plus dynamique que la moyenne des branches du domaine, ce qui en fait le
moteur principal de la croissance des branches culturelles depuis le début des années 2000. Les secteurs princi-
paux de l’audiovisuel sont l’édition de chaînes généralistes (3,4 milliards d’euros et 26 % de la valeur ajoutée de la
branche), la production de films et de programmes pour la télévision (2,8 milliards d’euros, 21 %), la production de
films pour le cinéma (1,3 milliard d’euros, 10 %) et en très forte croissance, l’édition de jeux vidéo (1,3 milliard
d’euros, 10 % de la valeur ajoutée de la branche contre 4 % dix ans auparavant), devançant l’édition post-cinémato-
graphique de films et vidéos (1,1 milliard, 9 %). »
(23) Source : CSA, rapport annuel 2019.
11
DROIT DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE
Outre les chaînes nationales, 43 chaînes locales ou régionales, dont une publique (Via
Stella), sont diffusées sur la TNT. Par ailleurs, 258 services de télévision sur d’autres
réseaux (ADSL, câble, satellite et internet) ont été déclarés ou ont conclu une convention
avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel24.
Au-delà des services de médias audiovisuels, la diffusion de vidéos sur internet continue
de progresser, sur des services de partage comme Youtube ou Facebook, et sur les sites
des chaînes ou certains sites thématiques, dans des proportions plus difficiles à mesurer,
mais génératrices de recettes publicitaires colossales. Depuis plusieurs années
l’internet35 occupe, parmi les grands médias, la première place en termes de recettes et
de part de marché publicitaire (40 % en 2019, contre 2 % en 2005, 24 % en 2015 et
38 % en 2018), devant la télévision (27 %, contre 31% en 2005), la presse (16 %, en
(24) Ibid., p. 21. Parmi ceux-ci 188 services conventionnés (dont 117 pour une diffusion en métropole, 7 pour une
diffusion outre-mer et 64 pour une diffusion hors métropole en Europe) et 70 services déclarés (donc 11 dans les
outre-mer ou en Europe).
(25) Ibid., p. 24.
(26) Ibid. V. infra nº 4 pour l’évolution d’internet dans la part des recettes publicitaires, au regard d’autres supports.
(27) En pratique, financés par la publicité (Advertising Video on Demand, ou AVOD).
(28) Permettant, soit d’ « acheter » définitivement le contenu (Electronic Sell Through, ou EST), soit de le « louer » pour
une durée limitée (Download to Rent, ou DTR).
(29) CSA, rapport annuel 2019, p. 67. « Sur ces 248 services recensés, 39 % sont des services de télévision de rattrap.
(TVR), 35 % des services de vidéo à la demande gratuits ou payants à l’acte (VàD) et 26 % des services de vidéo à
la demande par abonnement (VàDA) ». Trente-neuf nouveaux services ont été déclarés en 2019.
(30) Source : CNC, Baromètre de la vidéo à la demande (VàD/VàDA), mai 2019.
(31) Source : Autorité de la concurrence, avis nº 19-A-04 du 21 févr. 2019, p. 22.
(32) Ibid., p. 2.
(33) Sondage OpinionWay pour TV Magazine effectué en mai 2019, TV Magazine, 21 juill. 2019.
(34) Source : Médiamétrie, ibid.
(35) Moteurs de recherche, réseaux sociaux (« display social », en forte hausse), pure players internet et autres leviers
(affiliation, emailing, comparateurs).
12
Introduction générale
Cette évolution n’a pas supplanté la réception des services sur des postes dédiés (télévi-
sion et postes de radio, au travers d’un réseau hertzien ou autre). Le téléviseur conserve
ainsi une place centrale au sein des foyers français. La quasi-totalité des foyers (93,1 %
en 2019) est équipée d’au moins un poste de télévision39, et une grande majorité
(78,3 %) d’entre eux disposent d’un téléviseur connecté à l’internet, soit directement
(au travers d’un téléviseur connecté, 35 %), soit au travers du décodeur des fournisseurs
d’accès (80 %) d’une console de jeux (36 %) ou d’un boîtier tiers (21 %)40.
La réception de la télévision au moyen des décodeurs des fournisseurs d’accès (TV-IP) est
devenue depuis 2017 le premier mode de réception de la télévision (tous modes de
réception confondus), devant la réception hertzienne terrestre (avec, en 2019, 58,2 %
des foyers équipés d’au moins un téléviseur, contre 53,1 % pour la réception hertzienne
terrestre)41. La réception terrestre demeure cependant le seul mode de réception pour
près d’un quart des foyers42. Selon le Conseil supérieur de l’audiovisuel, la TNT devrait
rester, avec le satellite, le seul réseau permettant la réception de la télévision en haute
définition pour une grande partie de la population française pendant encore quelques
années43. Elle sera ensuite supplantée par le très haut débit fixe ou mobile.
La télévision (c’est-à-dire les programmes linéaires) est encore très largement regardée
sur un poste de télévision44. La durée d’écoute quotidienne moyenne (en linéaire ou en
télévision de rattrapage) demeure élevée. Elle était de 3 heures et 40 minutes en 201945.
(36) Source : CSA, rapport annuel 2019, p. 23. V. également IREP, Baromètre unifié du marché publicitaire 2019.
(37) « Une récente étude le cabinet Boston Consulting Group envisageait que la part des recettes publicitaires numéri-
ques (dont bénéficient majoritairement ces acteurs) puisse passer de 36 % en 2017 (soit 4,1 Md€) à 49 % en
2022 (soit 6,5 Md€) dans le total des recettes publicitaires en France. En parallèle, la part des recettes de la télévi-
sion pourrait passer de 29 % en 2017 (soit 3,29 Md€) à 25 % en 2022 (soit 3,39 Md€). » Projet de loi relative à la
communication audiovisuelle et à la souveraineté culturelle à l’ère numérique, Étude d’impact, p. 40.
(38) CSA, Observatoire de l’équipement audiovisuel, « L’équipement audiovisuel des foyers aux 1er et 2e trimestres 2019
(TV) », p. 4. Ce chiffre se décompose comme suit : 1,5 téléviseur, 1,5 ordinateur, 1,9 téléphone (dont 1,5 smart-
phone), et 0,7 tablette.
(39) Source : CSA, Observatoire de l’équipement audiovisuel, « L’équipement audiovisuel des foyers aux 1er et 2e trimes-
tres 2019 (TV) ».
(40) Ibid.
(41) Ibid.
(42) 22 % en 2019. Ibid. Par ailleurs, la plupart des foyers combinent plusieurs modes de réception. En 2019, près de
50 % des foyers métropolitains équipés d’au moins un téléviseur reçoivent la télévision par la TNT (rapport annuel
CNC 2019, p. 14).
(43) CSA, « Préparer l’avenir de la plateforme TNT : Rapport final », févr. 2018, p. 16 (« L’horizon d’une couverture du
territoire par un réseau à haut et très haut débit fixe ou mobile supérieure à 95 %, susceptible de se substituer à la
plateforme TNT ou au satellite pour la réception de la télévision en haute définition et éventuellement, à terme, de
la réception en ultra-haute définition, se situe très probablement au-delà de 2025, voire à 2030 pour la fin des
déploiements publics de FttH »).
(44) En 2019, pour 88 % des téléspectateurs – dont ¾ des 18-34 ans, contre 6 % sur un ordinateur, 3 % sur un smart-
phone et 2 % sur une tablette.
(45) Source : Médiamétrie 2019. Par ailleurs, en 2019 les Français ont passé en moyenne un peu plus de 4 heures par
jour devant un poste de télévision, tous services confondus (télévision, VOD/SVOD, jeux, vidéos, services de FAI).
13
DROIT DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE
réunissaient 7,9 millions de Français chaque jour46. Les plateformes de SVOD comptaient
quant à elles 4,5 millions d’utilisateurs quotidiens47. L’écran de télévision est utilisé
comme écran de visionnage par 73 % des abonnés48.
Enfin, toujours fin 2019, 291 services de radio opérant sur d’autres réseaux (internet,
câble ou satellite) étaient soit conventionnés (5 services), soit déclarés (286 services)
auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel52.
Le marché du podcast connaît une croissance importante. Aux services édités et exploités
par les radios elles-mêmes s’ajoutent désormais des plateformes, génériques, comme
Youtube, ou spécialisées. Leur modèle économique n’est pas totalement fixé, et hésite
entre la publicité et l’abonnement payant. Cette évolution ne sera pas sans soulever les
problèmes juridiques délicats déjà posés par les plateformes de vidéo à la demande et
de streaming musical.
Les abonnements aux services de streaming constituent la source majeure des revenus
du secteur musical54. Ils sont d’ailleurs en forte progression (+28 % sur un an au
(46) Soit 13 % de plus qu’en 2017 (Médiamétrie 2019). V. également étude CSA, « La télévision de rattrapage, une
pratique installée, une économie en devenir », févr. 2015, p. 33.
(47) Ibid.
(48) Ibid.
(49) Source : CSA, Les chiffres clés de l’audiovisuel, sept. 2015.
(50) Sur ces catégories, Infra nº 338.
(51) Source : CSA, rapport annuel 2019. Étant précisé que tous les récepteurs de radio neufs, hors autoradios, commer-
cialisés depuis décembre 2019 doivent être compatibles avec la normes DAB+ (par l’effet de l’article 19V de la loi
nº 2007-309 du 5 mars 2007). L’obligation est applicable à tous les types de terminaux capables de recevoir la
radio depuis le 20 juin 2020. Infra nº 338.
(52) Ibid. Bien évidemment, le nombre de « webradios » diffusées (accessibles) sur l’internet dépasse largement ce
chiffre. Sur le champ des obligations de conventionnement et de déclaration, infra nº 347 à 356.
(53) F. Hurard, N. Phoyu-Yedid, « L’écosystème de l’audio à la demande (“podcasts”) : enjeux de souveraineté, de régula-
tion et de soutien à la création audionumérique », Ministère de la culture, Inspection générale des affaires cultu-
relles, nº 2020-11, oct. 2020.
(54) SNEP, « Musique enregistrée : Les performances du 1er semestre 2019 ». 138,1 millions d’euros au 1er semestre
2019, contre 88,2 millions d’euros pour les supports physiques, 13,6 pour le téléchargement, 18,2 pour le strea-
ming gratuit (financé par la publicité) et 19 pour le streaming vidéos (p. 1).
14
Introduction générale
1er semestre 2019)55. Ces revenus sont concentrés sur quatre acteurs : Deezer, Spotify,
Apple et Napster56.
Enfin, une étude conjointe de l’Hadopi et du Conseil supérieur de l’audiovisuel sur les
assistants vocaux et les enceintes connectés64 indique qu’en 2019 un internaute français
sur dix utilisait au moins une enceinte connectée, le plus souvent pour consommer de la
musique ou des contenus radiophoniques.
À l’origine centrée sur les acteurs historiques du secteur (télévision et radio), elle a été
progressivement étendue aux nouveaux services à la demande, puis à leurs concurrents indi-
rects sur les réseaux de communication électroniques. Cette réglementation est très diverse
et assez difficile d’accès dans son détail (l’absence de codification expliquant sans doute ce
(55) Ibid.
(56) Avec respectivement 37,5 %, 25,2 %, 13,4 % et 7,1 % du total.
(57) Chiffres Médiamétrie, 2018-2019.
(58) Source : Médiamétrie.
(59) Ibid.
(60) Source : Médiamétrie, sept. 2018-juin 2019.
(61) Source : SNEP, p. 10.
(62) Source: SNEP, ibid., p. 11.
(63) Infra nº 339.
(64) Étude Hadopi-CSA, « Assistants vocaux et enceintes connectées, l’impact de la voix sur l’offre et les usages cultu-
rels et médias », mai 2019, site Hadopi.
(65) C. Broyelle, L. Franceshini, Droit de la régulation audiovisuelle, LGDJ 2020 ; E. Derieux, Droit des médias, LGDJ,
8e éd. 2018 ; E. Dreyer, Droit de la communication, LexisNexis, 2018 ; D. Connel, J. Duvignau (dir.), Droit public du
cinéma, L’Harmattan 2012 ; et bien sûr C. Debbasch, Droit de l’audiovisuel, 4e éd., Dalloz, 1999 ; Traité du droit
de la radiodiffusion, LGDJ, 1967.
(66) Infra nº 214.
(67) V. C. Broyelle, L. Franceshini, Droit de la régulation audiovisuelle, LGDJ 2020 ; sur le concept de régulation,
v. notamment M.-A. Frison-Roche, « Le Droit de la régulation », D. 2001, chron., p. 610-616 ; « Définition du droit
de la régulation économique », D. 2004, chron., p. 126-129 ; « Ambition et efficacité de la régulation économique,
le droit face au risque financier », Revue de droit bancaire et financier, nº 6, nov.-déc. 2010, études nº 34,
p. 59-66, et les références citées.
15
DROIT DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE
(68) Constat fait notamment par le Conseil d’État dans son avis sur le projet de loi relatif à la communication audiovi-
suelle et à la souveraineté culturelle à l’ère numérique (nº 398829, séance des 27 et 28 nov. 2019).
(69) Notamment les contrats conclus avec les créateurs. Sur ces aspects, v. B Montels, Contrats de l’audiovisuel, Lexis-
Nexis, 3e éd. 2017.
(70) Infra nº 488 et s.
(71) Infra nº 521 et s.
(72) Depuis 2016, les recettes publicitaires sur internet dépassent celles de la télévision (source : ministère de la
Culture, Chiffres clés, statistiques de la culture et de la communication 2020, p. 12).
(73) P. Kamina, Droit du cinéma, LexisNexis, 2e éd. 2014.
16
Introduction générale
SECTION 1
Brève histoire de la réglementation
audiovisuelle
14 À l’origine du monopole d’État de la radiodiffusion. Le monopole d’État de la radiodiffu-
sion, qui subsistera jusqu’en 1982, trouve sa source dans le monopole télégraphique, lui-
même issu du monopole postal (de transport des correspondances), établi au XVIIe siècle78 et
confirmé par le législateur révolutionnaire79. En France, le premier système télégraphique
aérien, proposé par Claude Chappe au gouvernement, fut installé en 1793. L’État bénéfi-
ciera d’un monopole de fait sur l’invention. Les premières utilisations privées du télégraphe
(74) Notamment en matière de chronologie des médias, d’aides à l’industrie audiovisuelle ou de taxes sur les services de
télévision.
(75) Infra nº 40.
(76) JO 23 déc. 2018.
(77) Infra no 26.
(78) Arrêts du Conseil du Roi des 18 juin et 29 nov. 1681, du 3 févr. 1728 et du 30 mai 1730, établissant un monopole
du fermier général des Postes du Royaume. V. J.-D. Ricard, Droit et jurisprudence en matière de postes, télégraphes,
téléphones, Sirey 1931, t. 1, p. 14 et 15.
(79) Notamment au travers du décret des 23 et 24 juill. 1793 sur l’organisation des postes et messageries en régie
nationale.
17
DROIT DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE
en France sont apparues dans les années 183080. L’État entendait cependant se réserver
l’usage d’un moyen de communication aussi puissant et efficace, utilisé avec succès dans
le cadre d’opérations de police ou de renseignement81. Un monopole en matière télégra-
phique fut alors institué par la loi des 2 et 6 mai 183782. L’avènement du télégraphe
électrique83 entraînera son renforcement au travers d’un décret du 27 décembre 185184.
Ce décret permettait la concession d’autorisations aux exploitants privés. Les compagnies
de chemin de fer obtiendront ainsi les premières autorisations, suivies par des exploitants
de réseaux transnationaux85 ou intercités86. Un régime général des lignes télégraphiques
d’intérêt privé sera institué par le décret du 13 mai 1879 sur les lignes télégraphiques
étrangères au réseau de l’État87, qui soumettait l’usage des lignes à l’autorisation préalable
du ministre des Postes et des Télégraphes.
Dès son apparition à la fin des années 1870, le téléphone fut soumis à la législation du
télégraphe (qui connaissait lui-même des variantes à lecture sonore)88. Le monopole
d’État s’appliquera également à la radiotélégraphie et la radiotéléphonie, qui apparaîtront
quelques années plus tard89. Le premier texte consacré à la télégraphie sans fil sera
adopté en 190390. Un décret du 24 février 191791 viendra sanctionner la réception en
interdisant d’établir ou d’autoriser sans l’autorisation du ministre chargé des Postes et
des Télégraphes « des machines ou appareils télégraphiques ou autres susceptibles
d’assurer la transmission ou la réception des signaux »92.
L’article 85 de la loi de finances du 30 juin 1923 viendra confirmer la position de l’État sur
ces deux points en étendant les dispositions du décret-loi du 27 décembre 1851, et donc
le monopole, à « l’émission et à la réception des signaux radioélectriques de toute nature ».
Les différentes entités publiques intervenant dans le domaine de la radiodiffusion seront
(80) L’homme d’affaires Alexandre Ferrier proposa une liaison internationale entre Calais et Londres en 1831. Il fut suivi
par d’autres. Sur ces affaires, v. P. Charbon, « Genèse du vote de la loi de 1837, origine du monopole des télécom-
munications », L’État et les télécommunications en France et à l’étranger, 1837-1987, Actes du colloque des 3 et
4 nov. 1987, Droz, Genève, 1991.
(81) V. Ricard, op. cit., p. 67-68.
(82) Qui dispose : « Quiconque transmettra, sans autorisation, des signaux d’un lieu à un autre, soit à l’aide de machines
télégraphiques, soit par tout autre moyen, sera puni d’un emprisonnement d’un mois à un an, et d’une amende de
mille à dix mille francs. L’article 463 du Code pénal est applicable aux dispositions de la présente loi. Le tribunal
ordonnera la destruction des postes, des machines ou moyens de transmission ».
(83) Le premier télégraphe électrique a été construit par l’anglais Charles Wheatstone, et reliait Londres et Birmingham.
(84) Bull. des lois, 40e S., B. 473, nº 3478. L’article 1er du décret disposait : « Aucune ligne télégraphique ne peut être
établie ou employée à la transmission des correspondances que par le Gouvernement ou avec son autorisation.
Quiconque transmettra sans autorisation des signaux d’un lieu à un autre, soit à l’aide de machines télégraphiques,
soit par tout autre moyen, sera puni d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de mille à dix mille
francs. En cas de condamnation, le Gouvernement pourra ordonner la destruction des appareils et machines télégra-
phiques. »
(85) Décrets des 10 août 1849 et 27 déc. 1850 autorisant l’établissement d’un télégraphe électrique sous-marin entre
Calais et Douvres (compagnie Brett) ; loi du 10 juin 1853 autorisant la concession d’une ligne entre la France et
l’Algérie (même compagnie).
(86) Décrets des 24 mai et 29 nov. 1850 autorisant l’établissement de lignes télégraphiques entre Bordeaux et le Verdon
et entre Nantes, Paimbœuf, Saint-Nazaire et Le Croisic (pour les seules nouvelles relatives au commerce maritime).
(87) Bull. des lois, 12e S., B. 444, nº 8039.
(88) CE 12 janv. 1894, Crété et Sert, p. 34 ; DP 95.3.10, S. 95.3.131 et renvoi ; 15 juin 1894, Allard, p. 447,
S. 96.3.88 et renvoi ; 23 mars 1906, Dlle Chauvin, dite Sylviac, p. 252, DP 1907.3.120, S. 1908.3.17 et note
Hauriou (Ricard, op. cit., nº 25 p. 78).
(89) Les premières expérimentations de liaisons hertziennes de Guglielmo Marconi datent de 1895, et font suite aux
découvertes notamment de Heinrich Rudolf Hertz et Edouard Branly.
(90) Décret du 7 févr. 1903.
(91) JO 6 mars 1917.
(92) Art. 1.
(93) Ricard, op. cit. nº 33 p. 93.
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Introduction générale
La loi du 31 mai 1933 portant fixation du budget général de l’exercice 1933102 institua
une « redevance pour droit d’usage » sur les installations réceptrices de radiodiffusion,
dont le produit était consacré aux dépenses de la radiodiffusion103, ainsi qu’une taxe sur
la production ou l’importation des lampes de réception destinées à la vente en France104.
(94) Ch. Debbasch, Traité du droit de la radiodiffusion, LGDJ 1967, nº 72 p. 56, citant Colliard, « Une situation juridique
moderne : l’émission privée de radiodiffusion », Revue Internat, radioélectricité, 1939. V. CE 6 févr. 1948, Société
française radio-atlantique, RDP 1949, p. 244, concl. Chenot, note Jèze, qualifiant l’activité de radiodiffusion de
service public.
(95) Art. 10.
(96) Art. 10.
(97) Art. 16.
(98) Art. 16.
(99) Art. 22.
(100) Déclaration aux fins de recensement des installations dans l’intérêt de la défense nationale. L’exposé des motifs
précise : « Les plus grandes facilités seront donc données à tous les détenteurs de postes pour se mettre en règle
en souscrivant une déclaration qui ne comportera, pour eux, d’une manière générale, aucune charge pécuniaire et
qui n’est exigée que dans l’intérêt de la défense nationale. Le défaut volontaire de déclaration pourra dès lors, à
bon droit, être considéré comme suspect. »
(101) Et notamment au paiement d’une redevance (sauf exception).
(102) JO 1er juin 1933.
(103) Art. 109. La redevance était fixée aux taux suivants : 15 F pour les postes à cristal sans dispositif comportant
l’usage de lampes ; 50 F pour les postes antres que les postes à cristal, lorsqu’ils étaient détenus par les particu-
liers ; 100 F pour les postes utilisés dans les salles d’auditions gratuites ou dans les lieux ouverts au public ; et
200 F pour les postes installés dans les salles d’auditions payantes. La perception de la redevance était effectuée,
soit après déclaration (obligatoire) des détenteurs, soit d’office en cas de déclaration inexacte ou à défaut de décla-
ration. Elle est due pour une année entière et payée en une seule fois.
(104) Ibid.
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DROIT DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE
Le décret du 29 juillet 1939113 placera l’ensemble des services du réseau d’État métro-
politain de radiodiffusion, ainsi que tous les services de radiodiffusion dont la gestion
était confiée à l’administration métropolitaine, à une administration unique de la radio,
distincte de l’administration des PTT, dénommée « Administration de la radiodiffusion
nationale » (également Radiodiffusion française, RDF)114. Cette nouvelle administration
était placée sous l’autorité du président du Conseil, assisté du ministre des PTT. Sa
mise en place sera retardée par la guerre. Les actes dits loi du 1er octobre 1941 et du
7 novembre 1942 établiront un nouveau statut, abrogé par l’ordonnance du 13 avril
1944 portant organisation de la radiodiffusion115. L’abrogation sera suspendue par une
ordonnance du 23 octobre 1944116.
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