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Droit de la communication audiovisuelle

2021
Cet ouvrage décrit la réglementation applicable aux services de télévision, aux services de
radio, aux services audiovisuels à la demande et aux plateformes de partage de contenus
audiovisuels. L’ensemble, devenu très complexe et peu lisible, a fait l’objet d’une réforme
majeure au travers de l’ordonnance n° 2020-1642 du 21 décembre 2020, qui transpose
en droit français la directive « services de médias audiovisuels » du 14 novembre 2018.
Droit de la

Droit de la communication
Divisé en neuf chapitres, l’ouvrage aborde notamment : l’histoire de la réglementation
audiovisuelle ; les sources, nationales, internationales et européennes, du droit de
l’audiovisuel ; les acteurs (institutions, éditeurs, distributeurs, opérateurs de réseaux) ;
les services ; les principes fondamentaux de l’audiovisuel ; le Conseil supérieur de
l’audiovisuel ; les règles applicables à l’audiovisuel public ; la diffusion et la mise
communication
audiovisuelle
à disposition des services ; les obligations des éditeurs de services (déontologie des

audiovisuelle
programmes, identification, usage de la langue française, communications commerciales,
diffusion et programmation, contribution à la production…) ; les obligations des

Télévision, Radio, Services à la demande,


distributeurs de services (constitution et contenu de l’offre, obligations de reprise…) ; les
systèmes d’accès conditionnel ; les obligations des plateformes de partage de contenus

Plateformes de partage de contenus


audiovisuels ; et la protection des services de communication audiovisuelle (dispositif
antipiraterie et droit voisin des organismes de communication audiovisuelle).

Il est à jour de l’ordonnance n° 2020-1642 du 21 décembre 2020 et des textes qui l’ont Pascal Kamina
précédée, et prend en compte les réformes annoncées du secteur et les projets en cours Professeur des universités
de discussion, au niveau national et européen. Avocat au barreau de Paris
Ce livre est destiné aux praticiens, universitaires, étudiants, journalistes, entrepreneurs
ou créateurs exerçant dans ou intéressés par le secteur de la communication audiovisuelle
et numérique. À jour
Pascal Kamina, agrégé des facultés de droit, est professeur de droit privé à l’Université
de l’ordonnance
de Franche-Comté. Il est également avocat au barreau de Paris.
n° 2020-1642
du 21 décembre
2020

www.lgdj-editions.fr
ISBN 978-2-275-05880-1 69 €

INTEGRALES Droit de la communication audiovisuelle.indd 1 16/04/2021 11:47


Pascal Kamina
Professeur des universités,
Agrégé des facultés de droit,
Avocat au barreau de Paris

DROIT DE LA
COMMUNICATION
AUDIOVISUELLE
TÉLÉVISION, RADIO, SERVICES
À LA DEMANDE, PLATEFORMES
DE PARTAGE DE CONTENUS

À jour de l’ordonnance nº 2020-1642


du 21 décembre 2020
Dans la même collection
L. ARCELIN, J.-L. FOURGOUX, Droit du marché numérique, 2020.
I. BARRIÈRE BROUSSE et M. DOUCHY-OUDOT (sous la dir.), Les contentieux familiaux,
Droit interne, international et européen, 2e éd., 2016.
A. BENSAMOUN et G. LOISEAU (sous la dir.), Droit de l’intelligence artificielle, 2019.
J.-L. BERGEL (sous la dir.), Les contentieux immobiliers, 2010.
X. BOUTIRON, P.-J. CASTANET, H. LÉCUYER et C. MARÉCHAL, L’entrepreneur
et ses patrimoines, 2012.
F. BUY, M. LAMOUREUX, J. MESTRE et J.-C. RODA (sous la dir.), Les principales clauses
des contrats d’affaires, 2e éd., 2018.
A. DEBET, J. MASSOT, N. METALLINOS, Informatique et libertés, La protection
des données personnelles en droit français et européen, 2015.
D. GALLOIS-COCHET, Les sociétés du secteur libéral de la santé, 2019.
C. GRIMALDI, Leçons pratiques de droit des contrats, 2019.
L. JÉGOUZO, Le droit du tourisme, 2e éd., 2018.
P. KAMINA, Droit de la communication audiovisuelle, 2021.
J. LASSERRE CAPDEVILLE, Le droit du crédit à la consommation, 2021.
M. LEROY, Assurance-vie et gestion du patrimoine, 2e éd., 2014.
J. MESTRE, Les pactes d’affaires, 2021.
P. MISTRETTA, Droit pénal médical, Contentieux médical, responsabilité pénale,
droits du patient, 2019.
M. PAINCHAUX, Le droit de l’immobilier de loisirs, 2011.
C. PAULIN, Les contrats logistiques, Transport, Stockage, Distribution, 2020.
F. RIZZO et J.-M. MARMAYOU, Les contrats de sponsoring sportif, 2014.
F. SAINT-PIERRE, Pratique de défense pénale, Droit, histoire, stratégie, 4e éd., 2021.
M. STORCK, S. FAGOT et T. DE RAVEL D’ESCLAPON, Les sociétés civiles immobilières,
2e éd., 2019.
E. VITAL-DURAND (sous la dir.), Opérations d’urbanisme, 2014.

Du même auteur
Droit du cinéma, LexisNexis, 2e éd. 2014.
Film Copyright in the European Union, Cambridge University Presse, 2002,
2e éd., 2016.
Droit anglo-américain des propriétés intellectuelles, LGDJ, 2017.

© 2021, LGDJ, Lextenso


1, Parvis de La Défense
92044 Paris La Défense Cedex
www.lgdj-editions.fr
ISBN 978-2-275-05880-1
ISSN 2110-9680
À mon épouse, Aurélie,
et à mes enfants, Louise, Alice et Martin
Sommaire

Introduction générale ........................................................................................ 9


Chapitre 1 Les principes fondamentaux ....................................................... 89
Chapitre 2 Le Conseil supérieur de l’audiovisuel......................................... 115
Chapitre 3 L’audiovisuel public................................................................. 159
Chapitre 4 La diffusion et la mise à disposition des services ....................... 187
Chapitre 5 Les obligations des éditeurs de services .................................... 253
Chapitre 6 Les obligations des distributeurs de services .............................. 387
Chapitre 7 Systèmes d’accès conditionnels, décodeurs et équipements........ 401
Chapitre 8 Les plateformes de partage de contenus audiovisuels ................. 405
Chapitre 9 La protection des programmes des services de communication
audiovisuelle........................................................................... 427
Introduction générale
1 Entrée en matière. Le paysage audiovisuel français a subi deux révolutions en l’espace
de trente ans. L’audiovisuel historique, issu du monopole d’État, et centré sur le service
public hertzien, a dû tout d’abord s’adapter à un environnement hautement concur-
rentiel, dominé par des sociétés commerciales, et décliné sur tous les réseaux. Les
réformes successives mises en œuvre jusqu’à la fin des années 2000 ont considérable-
ment accru et diversifié les obligations imposées aux services de télévision, sur lesquels
repose l’équilibre du secteur. Cet équilibre a ensuite été rompu par l’émergence des
plateformes de partage et des services à la demande par abonnement (SVOD)1, qui dispu-
tent désormais aux services dits « linéaires » leurs audiences et leurs recettes
publicitaires2. Cette concurrence intervient dans un contexte d’asymétrie de régulation
qui pénalise les acteurs nationaux, et notamment le secteur de la production cinémato-
graphique et audiovisuelle, très dépendant des investissements des services de télévi-
sion. Elle contribue à fragiliser un peu plus un édifice réglementaire déjà contesté. Le
constat a été partagé par l’ensemble des études et rapports présentés depuis 2018 :

« Il apparaît de façon nette que la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de


communication et les décrets qui l’accompagnent ne forment plus un cadre normatif
adapté. À la faveur des évolutions qui ont traversé l’audiovisuel depuis trois décennies,
de nombreuses règles ont perdu leur justification ; dépassées, elles entravent aujourd’hui
l’activité d’acteurs que d’aucuns qualifient d’« historiques », mais qui n’appartiennent
pourtant pas à l’Histoire. Il y a une urgence culturelle et économique à agir. »3

Afin d’y répondre, le Gouvernement a déposé en décembre 2019 un projet de loi relative à
la communication audiovisuelle et à la souveraineté culturelle à l’ère numérique. Ce texte
ambitieux, dont il sera question plus loin4, modifiait profondément le cadre réglementaire
applicable aux services audiovisuels en général, et au secteur public de l’audiovisuel en
particulier. Son examen a été suspendu en raison de la crise sanitaire de 2020. Certaines
de ses dispositions ont été reprises par l’ordonnance nº 2020-1642 du 21 décembre 20205.

(1) Youtube a été créée en 2005. En 2010, l’ensemble des chaînes de Youtube atteignait le milliard d’abonnés
(source : communiqué Youtube, 28 oct. 2010). Netflix a lancé son service de vidéo à la demande par abonnement
en 2007. Le premier service français de télévision de rattrapage, M6 Replay, a été lancé 19 mars 2008.
(2) V. infra nº 4.
(3) Rapport d’information du 4 oct. 2018 de la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation en conclusion des
travaux de la mission d’information sur une nouvelle régulation de la communication audiovisuelle à l’ère numé-
rique, présenté par Mme Aurore Bergé, Rapporteure ; constat repris avec force par l’Autorité de la concurrence dans
son avis nº 19-A-04 du 21 févr. 2019, relatif à une demande d’avis de la commission des Affaires culturelles et de
l’Éducation de l’Assemblée nationale dans le secteur de l’audiovisuel. V. également Arcep, avis nº 2018-1204 du
2 oct. 2018 relatif à une demande d’avis de l’Autorité de la concurrence portant sur l’impact de la révolution numé-
rique sur l’audiovisuel. D. Bosco, « Pour une refonte réglementaire de l’audiovisuel à l’heure des plateformes améri-
caines », Contrats Concurrence Consommation avr. 2019, nº 4, p. 34-35 ; G. Issartel, O. Berg, « L’Autorité de régula-
tion des communications électroniques et des postes rend son avis à l’Autorité de la concurrence sur l’impact de la
révolution numérique sur l’audiovisuel et formule trois pistes d’actions », Concurrences févr. 2019, nº 1, p. 189 ;
M. Le Roy, Droit de l’audiovisuel : ce qui va changer, ce qui pourrait changer, Amazon, 2020 ; Télévision, cinéma
et vidéo à l’ère du numérique, Amazon, 2016.
(4) Infra nº 26.
(5) Ord. nº 2020-1642 du 21 déc. 2020 portant transposition de la directive 2018/1808/UE du Parlement européen et
du Conseil du 14 nov. 2018 modifiant la directive 2010/13/UE visant à la coordination de certaines dispositions
législatives, réglementaires et administratives des États membres relatives à la fourniture de services de médias
audiovisuels, compte tenu de l’évolution des réalités du marché, et modifiant la loi du 30 sept. 1986 relative à la
DROIT DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE

D’autres ont été mises en œuvre par décret6, ou sont repoussées à une date plus
éloignée7.

Par ailleurs, la réforme en cours s’inscrit dans un mouvement plus général, qui élargit la
réglementation audiovisuelle, au-delà de la télévision, de la radio et des services audiovi-
suels à la demande, aux plateformes numériques. L’ordonnance du 21 décembre 2020
a ainsi transposé les dispositions de la directive 2018/1808 du 14 novembre 2018
relatives aux plateformes de partage de vidéos. Avant elle, la loi du 22 décembre 2018
relative à la lutte contre la manipulation de l’information avait donné au Conseil supérieur
de l’audiovisuel le pouvoir d’adresser des recommandations aux éditeurs de plateformes
en ligne8. La loi du 24 juin 2020 visant à lutter contre les contenus haineux sur internet
(« loi Avia »), telle qu’adoptée par le Parlement, étendait les pouvoirs du régulateur en
matière de police des contenus à l’ensemble des plateformes numériques9. Ce dispositif,
mal conçu à l’origine, a été largement censuré par le Conseil constitutionnel10, mais pour-
rait être repris sous une forme différente11. Le Conseil se voit ainsi confier, depuis la loi
nº 2020-936 du 30 juillet 2020, une mission générale de lutte contre la pornographie
accessible à la jeunesse sur l’internet12. Enfin, le projet d’absorption de l’Hadopi au sein
d’une autorité de l’audiovisuel élargie, l’Arcom, repris dans le projet de loi relatif à la
régulation et à la protection de l’accès aux œuvres culturelles à l’ère numérique13, fera
du régulateur de l’audiovisuel une autorité de régulation des plateformes numériques et
de la propriété intellectuelle sur les réseaux.

Il apparaît donc indispensable de faire le point sur une réglementation en constante


évolution, et dont la portée s’étend désormais bien au-delà de ses frontières tradition-
nelles. C’est l’objet de cet ouvrage.

2 La communication audiovisuelle en France. Le secteur de la communication audiovi-


suelle regroupe la télévision, la radio, les services de médias audiovisuels à la
demande et, depuis l’ordonnance nº 2020-1642 du 21 décembre 2020, les services
de partage de contenus audiovisuels. Les services à la demande sont divers : ils
incluent les services de télévision de rattrapage, les services de vidéo à la demande
(services de streaming, de téléchargement à l’acte et services par abonnement) et,
pour les contenus sonores, les services de podcasts et les services musicaux à la
demande. Les services purement musicaux, qui ne constituent pas des « services de
médias audiovisuels à la demande »14, sont assez largement exclus de la réglementation
audiovisuelle15. Ils sont cependant couverts par la définition des « services audiovi-
suels » inscrite à l’article 1er de la loi du 30 septembre 1986, qui vise notamment les
services mettant à disposition des œuvres sonores16. Certaines règles concernant les
plateformes de contenu en ligne leur sont également applicables17. Leur éditorialisation

liberté de communication, le Code du cinéma et de l’image animée, ainsi que les délais relatifs à l’exploitation des
œuvres cinématographiques, JO 23 déc. 2020.
(6) D. nº 2020-983 et 2020-984 du 5 août 2020, infra nº 26.
(7) Infra no 26.
(8) Infra nº 180 et 601.
(9) Infra nº 602.
(10) Cons. const., 18 juin 2020, nº 2020-801 DC, infra nº 604.
(11) Notamment au travers d’un nouveau règlement européen sur les services numériques (Digital Services Act). Infra
nº 596. V. également la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la prévention de la
diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne du 12 sept. 2018, infra nº 595.
(12) Infra nº 176 et 613.
(13) no 523, enregistré à la présidence du Sénat le 8 avr. 2021, infra no 26.
(14) Infra nº 100.
(15) Notamment, ils ne sont pas soumis aux obligations de mise en avant de contenus européens et d’expression origi-
nale française imposée aux services de vidéos à la demande (infra nº 500 à 502).
(16) Infra nº 94.
(17) Infra nº 589 et s.

10
Introduction générale

progressive, soulignée par le régulateur18, justifierait une inclusion plus franche dans le
cadre réglementaire de l’audiovisuel19.

Le marché de la communication audiovisuelle est situé en aval du marché de la production


audiovisuelle20. En 2016, l’ensemble du secteur audiovisuel (production et communication)
comprenait 9 816 entreprises employant plus de 200 000 salariés, pour un chiffre d’affaires
de 12 milliards d’euros21. L’audiovisuel constitue la première branche culturelle devant la
presse et le livre, et représente environ 28 % de l’ensemble des industries culturelles22.

3 La télévision. Le secteur de la télévision est très concurrentiel. En Métropole, la télévi-


sion numérique terrestre (TNT) regroupait, fin 2019, 32 chaînes nationales gratuites,
comprenant 8 chaînes nationales publiques, 19 chaînes nationales privées gratuites et
5 chaînes nationales payantes23. Les principaux opérateurs, à savoir les éditeurs du
service public (France Télévisions, Arte France, LCP Assemblée nationale et Public
Sénat), trois éditeurs privés historiques (groupe TF1, groupe M6 et Groupe Canal Plus)
et trois autres opérateurs privés (groupe NextRadioTV, NRJ Group et groupe Amaury),
éditent 17 services de télévision sur la TNT nationale.

Répartition des chaînes gratuites et payantes de la TNT par opérateur au 31 décembre 2019

Groupe France Groupe Groupe Groupe NRJ NextRadioTV Autres


Télévisions TF1 M6 Canal + Group
Chaînes France 2 TF1 M6 C8 NRJ 12 BFM TV Arte (Arte
France 3 TFX W9 CStar Chérie RMC France)
France 4 TF1 6ter CNews 25 Découverte LCP/Public
France 5 Séries Gulli Canal + RMC Story Sénat
France Ô Films Paris Canal + L’Équipe
(supprimée TMC Pre- Cinéma (Groupe
en 2020) LCI mière Canal + Amaury)
France Sport
Info : Planète +
Publiques 6 0 0 0 0 0 2
Privées 0 5 4 3 2 3 1
gratuites
Privées 0 0 1 4 0 0 0
payantes

Source : Tableau CSA, rapport annuel 2019.

(18) V. notamment CSA, « Radios musicales et streaming audio », collection CSA, janv. 2019, qui relève que « les carac-
téristiques d’éditorialisation (listes de lecture, playlist, services de “radio” créés par les opérateurs) des services de
streaming audio les rendent en outre plus proches des services de radio musicale que les services de streaming
vidéo ne le sont de la télévision, bien que chacun conserve ses propres caractéristiques » (p. 57).
(19) Le projet de réforme de l’audiovisuel de 2019 conférait au régulateur de nouvelles missions dans ce domaine, qui
confirmait l’inclusion de ces services dans le cadre réglementaire. Infra nº 185. Il n’a pas été repris sur ce point.
(20) Le marché de la production audiovisuelle réunissait en 2016 près de 4 000 entreprises de productions de films et
de programmes pour la télévision (contre 1 376 en 2000) (source : CSA, Étude sur le tissu économique du secteur
de la production audiovisuelle, 3e éd., sept. 2018), pour un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros en 2015. Ces
entreprises employaient près de 100 000 personnes.
(21) Source : Autorité de la concurrence, avis nº 19-A-04 du 21 févr. 2019, p. 7.
(22) Ministère de la Culture, Chiffres clés, statistiques de la culture et de la communication 2020, p. 4 : « la hausse du
poids de la branche audiovisuelle se poursuit. Avec 13 milliards d’euros générés en 2018, elle pèse environ 28 %
de l’ensemble Culture et elle est plus dynamique que la moyenne des branches du domaine, ce qui en fait le
moteur principal de la croissance des branches culturelles depuis le début des années 2000. Les secteurs princi-
paux de l’audiovisuel sont l’édition de chaînes généralistes (3,4 milliards d’euros et 26 % de la valeur ajoutée de la
branche), la production de films et de programmes pour la télévision (2,8 milliards d’euros, 21 %), la production de
films pour le cinéma (1,3 milliard d’euros, 10 %) et en très forte croissance, l’édition de jeux vidéo (1,3 milliard
d’euros, 10 % de la valeur ajoutée de la branche contre 4 % dix ans auparavant), devançant l’édition post-cinémato-
graphique de films et vidéos (1,1 milliard, 9 %). »
(23) Source : CSA, rapport annuel 2019.

11
DROIT DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE

Outre les chaînes nationales, 43 chaînes locales ou régionales, dont une publique (Via
Stella), sont diffusées sur la TNT. Par ailleurs, 258 services de télévision sur d’autres
réseaux (ADSL, câble, satellite et internet) ont été déclarés ou ont conclu une convention
avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel24.

En 2018, le chiffre d’affaires de l’ensemble des chaînes nationales s’élevait à


8,7 milliards d’euros. Sur une période de 10 ans, le chiffre d’affaires des services gratuits
est en légère hausse (2 %), et celui des chaînes payantes en assez forte baisse (-16 %)25.
Les recettes publicitaires ont atteint 3,4 milliards d’euros en 2019, niveau proche de
2011. La télévision reste le deuxième support choisi par les annonceurs (27 % des
recettes nettes publicitaires en 2019, contre 31 % en 2005), derrière internet (40 %)26.

4 La télévision de rattrapage et la vidéo à la demande. Le secteur des services audiovisuels


à la demande comprend principalement les services de télévision de rattrapage (le
replay), édités par les services de télévision, et les services de vidéo à la demande (VOD
/ VàD) gratuits27, payants à l’acte (VOD transactionnelle, ou TVOD)28, ou par abonnement
(SVOD / VàDA). Fin 2019, le Conseil supérieur de l’audiovisuel recensait 248 services de
médias audiovisuels à la demande29. Le marché poursuit sa croissance, portée par
l’explosion des services de SVOD, au premier rang desquels le géant Netflix. Sur les
cinq premiers mois de 2019, le marché de la SVOD a progressé de 43 %30. Netflix, est
passée de 30,4 millions d’abonnés dans le monde fin 2012 à 139,2 millions d’abonnés
fin 2018, soit une croissance de 358 % en 6 ans31. Netflix aurait gagné 1,5 million
d’abonnés en France entre avril et décembre 2018, et compterait désormais 5 millions
d’abonnés en France, soit plus d’abonnés que Canal Plus32. En 2019 plus d’un tiers des
Français possédaient un abonnement SVOD33. Netflix est la première plateforme de vidéo
à la demande (plateformes d’abonnement, de location et d’achat confondues) et réunis-
sait 60,6 % des utilisateurs en mai 2019, loin devant le second opérateur, Orange, avec
22,8 % (Amazon Prime, autre plateforme par abonnement, réunissant 14,4 % d’utilisa-
teurs). L’offre s’est récemment étoffée avec l’apparition de nouveaux acteurs majeurs
(Disney +, HBO Max, et SALTO, la plateforme française de TF1, M6 et France Télévi-
sions). À noter que la SVOD ne représente encore qu’un très faible pourcentage du
temps passé devant la télévision, avec 4 % du temps passé en moyenne en 201934.

Au-delà des services de médias audiovisuels, la diffusion de vidéos sur internet continue
de progresser, sur des services de partage comme Youtube ou Facebook, et sur les sites
des chaînes ou certains sites thématiques, dans des proportions plus difficiles à mesurer,
mais génératrices de recettes publicitaires colossales. Depuis plusieurs années
l’internet35 occupe, parmi les grands médias, la première place en termes de recettes et
de part de marché publicitaire (40 % en 2019, contre 2 % en 2005, 24 % en 2015 et
38 % en 2018), devant la télévision (27 %, contre 31% en 2005), la presse (16 %, en

(24) Ibid., p. 21. Parmi ceux-ci 188 services conventionnés (dont 117 pour une diffusion en métropole, 7 pour une
diffusion outre-mer et 64 pour une diffusion hors métropole en Europe) et 70 services déclarés (donc 11 dans les
outre-mer ou en Europe).
(25) Ibid., p. 24.
(26) Ibid. V. infra nº 4 pour l’évolution d’internet dans la part des recettes publicitaires, au regard d’autres supports.
(27) En pratique, financés par la publicité (Advertising Video on Demand, ou AVOD).
(28) Permettant, soit d’ « acheter » définitivement le contenu (Electronic Sell Through, ou EST), soit de le « louer » pour
une durée limitée (Download to Rent, ou DTR).
(29) CSA, rapport annuel 2019, p. 67. « Sur ces 248 services recensés, 39 % sont des services de télévision de rattrap.
(TVR), 35 % des services de vidéo à la demande gratuits ou payants à l’acte (VàD) et 26 % des services de vidéo à
la demande par abonnement (VàDA) ». Trente-neuf nouveaux services ont été déclarés en 2019.
(30) Source : CNC, Baromètre de la vidéo à la demande (VàD/VàDA), mai 2019.
(31) Source : Autorité de la concurrence, avis nº 19-A-04 du 21 févr. 2019, p. 22.
(32) Ibid., p. 2.
(33) Sondage OpinionWay pour TV Magazine effectué en mai 2019, TV Magazine, 21 juill. 2019.
(34) Source : Médiamétrie, ibid.
(35) Moteurs de recherche, réseaux sociaux (« display social », en forte hausse), pure players internet et autres leviers
(affiliation, emailing, comparateurs).

12
Introduction générale

forte baisse depuis 2010), l’affichage (10 %, stable), la radio (6 %, en baisse) et le


cinéma (environ 1 %, stable)36. La concurrence avec les services de télévision est particu-
lièrement forte37.

5 Les pratiques de consommation : la télévision et la vidéo à la demande. Les pratiques de


consommation des contenus audiovisuels se sont fortement diversifiées ces dix dernières
années, en particulier en matière de télévision et de vidéo à la demande. Les téléspecta-
teurs ont désormais largement recours à des écrans alternatifs pour accéder aux
programmes : ordinateurs, tablettes et smartphones. Le nombre d’écrans moyen par
foyer était de 5,6 en 201938. Il est stable depuis quelques années.

Cette évolution n’a pas supplanté la réception des services sur des postes dédiés (télévi-
sion et postes de radio, au travers d’un réseau hertzien ou autre). Le téléviseur conserve
ainsi une place centrale au sein des foyers français. La quasi-totalité des foyers (93,1 %
en 2019) est équipée d’au moins un poste de télévision39, et une grande majorité
(78,3 %) d’entre eux disposent d’un téléviseur connecté à l’internet, soit directement
(au travers d’un téléviseur connecté, 35 %), soit au travers du décodeur des fournisseurs
d’accès (80 %) d’une console de jeux (36 %) ou d’un boîtier tiers (21 %)40.

La réception de la télévision au moyen des décodeurs des fournisseurs d’accès (TV-IP) est
devenue depuis 2017 le premier mode de réception de la télévision (tous modes de
réception confondus), devant la réception hertzienne terrestre (avec, en 2019, 58,2 %
des foyers équipés d’au moins un téléviseur, contre 53,1 % pour la réception hertzienne
terrestre)41. La réception terrestre demeure cependant le seul mode de réception pour
près d’un quart des foyers42. Selon le Conseil supérieur de l’audiovisuel, la TNT devrait
rester, avec le satellite, le seul réseau permettant la réception de la télévision en haute
définition pour une grande partie de la population française pendant encore quelques
années43. Elle sera ensuite supplantée par le très haut débit fixe ou mobile.

La télévision (c’est-à-dire les programmes linéaires) est encore très largement regardée
sur un poste de télévision44. La durée d’écoute quotidienne moyenne (en linéaire ou en
télévision de rattrapage) demeure élevée. Elle était de 3 heures et 40 minutes en 201945.

L’audience de la télévision de rattrapage, qui propose désormais des contenus jusqu’à 28


jours après leur première diffusion, progresse. En 2019, les services de rattrapage

(36) Source : CSA, rapport annuel 2019, p. 23. V. également IREP, Baromètre unifié du marché publicitaire 2019.
(37) « Une récente étude le cabinet Boston Consulting Group envisageait que la part des recettes publicitaires numéri-
ques (dont bénéficient majoritairement ces acteurs) puisse passer de 36 % en 2017 (soit 4,1 Md€) à 49 % en
2022 (soit 6,5 Md€) dans le total des recettes publicitaires en France. En parallèle, la part des recettes de la télévi-
sion pourrait passer de 29 % en 2017 (soit 3,29 Md€) à 25 % en 2022 (soit 3,39 Md€). » Projet de loi relative à la
communication audiovisuelle et à la souveraineté culturelle à l’ère numérique, Étude d’impact, p. 40.
(38) CSA, Observatoire de l’équipement audiovisuel, « L’équipement audiovisuel des foyers aux 1er et 2e trimestres 2019
(TV) », p. 4. Ce chiffre se décompose comme suit : 1,5 téléviseur, 1,5 ordinateur, 1,9 téléphone (dont 1,5 smart-
phone), et 0,7 tablette.
(39) Source : CSA, Observatoire de l’équipement audiovisuel, « L’équipement audiovisuel des foyers aux 1er et 2e trimes-
tres 2019 (TV) ».
(40) Ibid.
(41) Ibid.
(42) 22 % en 2019. Ibid. Par ailleurs, la plupart des foyers combinent plusieurs modes de réception. En 2019, près de
50 % des foyers métropolitains équipés d’au moins un téléviseur reçoivent la télévision par la TNT (rapport annuel
CNC 2019, p. 14).
(43) CSA, « Préparer l’avenir de la plateforme TNT : Rapport final », févr. 2018, p. 16 (« L’horizon d’une couverture du
territoire par un réseau à haut et très haut débit fixe ou mobile supérieure à 95 %, susceptible de se substituer à la
plateforme TNT ou au satellite pour la réception de la télévision en haute définition et éventuellement, à terme, de
la réception en ultra-haute définition, se situe très probablement au-delà de 2025, voire à 2030 pour la fin des
déploiements publics de FttH »).
(44) En 2019, pour 88 % des téléspectateurs – dont ¾ des 18-34 ans, contre 6 % sur un ordinateur, 3 % sur un smart-
phone et 2 % sur une tablette.
(45) Source : Médiamétrie 2019. Par ailleurs, en 2019 les Français ont passé en moyenne un peu plus de 4 heures par
jour devant un poste de télévision, tous services confondus (télévision, VOD/SVOD, jeux, vidéos, services de FAI).

13
DROIT DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE

réunissaient 7,9 millions de Français chaque jour46. Les plateformes de SVOD comptaient
quant à elles 4,5 millions d’utilisateurs quotidiens47. L’écran de télévision est utilisé
comme écran de visionnage par 73 % des abonnés48.

6 La radio. La radio hertzienne regroupe un peu plus de 1 000 opérateurs privés en


métropole, diffusant sur plus de 6 000 fréquences hertziennes, et des stations publiques
à diffusion nationale et locale49. Parmi ces opérateurs, une grande majorité (un peu plus
de 750) est constituée de services associatifs (services dits de catégorie A) ou de services
locaux ou régionaux indépendants (services dits de catégorie B)50. Les principaux groupes
radiophoniques nationaux sont : Radio France (France Bleu, France Inter, France Info,
France culture, France musique, Fip et Le Mouv’), NRJ Group (NRJ, Nostalgie, Chérie
FM, Rire et Chansons), RTL Group (RTL, RTL2, Fun Radio), Lagardère Active (Europe 1,
Virgin Radio, RFM), Next Radio TV (RMC, BFM Business) et Orbus (Skyrock).

La diffusion s’effectue encore majoritairement en analogique sur la bande FM. Cepen-


dant, fin 2019, un peu plus de 230 programmes étaient diffusés en numérique
(DAB +), avec une couverture approchant 24 % de la population51.

Enfin, toujours fin 2019, 291 services de radio opérant sur d’autres réseaux (internet,
câble ou satellite) étaient soit conventionnés (5 services), soit déclarés (286 services)
auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel52.

7 L’audio à la demande.53 Les services d’audio à la demande comprennent sont les


services de podcast, de streaming et de téléchargement musicaux. Les services de
podcast incluent les services de radio « de rattrapage », qui proposent des émissions
(quelquefois enrichies) après leur diffusion, accessibles par téléchargement à l’unité ou
en streaming, d’une part, et les services de programmes destinés uniquement à l’internet
(podcasts dits « natifs »), d’autre part. Les offres de téléchargement ou de streaming
audio sont principalement des services musicaux, mais incluent également des services
de livres audio (comme Audible, filiale d’Amazon).

Le marché du podcast connaît une croissance importante. Aux services édités et exploités
par les radios elles-mêmes s’ajoutent désormais des plateformes, génériques, comme
Youtube, ou spécialisées. Leur modèle économique n’est pas totalement fixé, et hésite
entre la publicité et l’abonnement payant. Cette évolution ne sera pas sans soulever les
problèmes juridiques délicats déjà posés par les plateformes de vidéo à la demande et
de streaming musical.

Les abonnements aux services de streaming constituent la source majeure des revenus
du secteur musical54. Ils sont d’ailleurs en forte progression (+28 % sur un an au

(46) Soit 13 % de plus qu’en 2017 (Médiamétrie 2019). V. également étude CSA, « La télévision de rattrapage, une
pratique installée, une économie en devenir », févr. 2015, p. 33.
(47) Ibid.
(48) Ibid.
(49) Source : CSA, Les chiffres clés de l’audiovisuel, sept. 2015.
(50) Sur ces catégories, Infra nº 338.
(51) Source : CSA, rapport annuel 2019. Étant précisé que tous les récepteurs de radio neufs, hors autoradios, commer-
cialisés depuis décembre 2019 doivent être compatibles avec la normes DAB+ (par l’effet de l’article 19V de la loi
nº 2007-309 du 5 mars 2007). L’obligation est applicable à tous les types de terminaux capables de recevoir la
radio depuis le 20 juin 2020. Infra nº 338.
(52) Ibid. Bien évidemment, le nombre de « webradios » diffusées (accessibles) sur l’internet dépasse largement ce
chiffre. Sur le champ des obligations de conventionnement et de déclaration, infra nº 347 à 356.
(53) F. Hurard, N. Phoyu-Yedid, « L’écosystème de l’audio à la demande (“podcasts”) : enjeux de souveraineté, de régula-
tion et de soutien à la création audionumérique », Ministère de la culture, Inspection générale des affaires cultu-
relles, nº 2020-11, oct. 2020.
(54) SNEP, « Musique enregistrée : Les performances du 1er semestre 2019 ». 138,1 millions d’euros au 1er semestre
2019, contre 88,2 millions d’euros pour les supports physiques, 13,6 pour le téléchargement, 18,2 pour le strea-
ming gratuit (financé par la publicité) et 19 pour le streaming vidéos (p. 1).

14
Introduction générale

1er semestre 2019)55. Ces revenus sont concentrés sur quatre acteurs : Deezer, Spotify,
Apple et Napster56.

8 Les pratiques de consommation : la radio et l’audio à la demande. La radio est le premier


média sonore. Presque tous les foyers français possèdent des équipements permettant de
recevoir les programmes des services de radio (10,3 en moyenne par foyer). Près de 80 %
des Français écoutent quotidiennement la radio, principalement en direct (90 %), mais
également, et de plus en plus, sous forme de podcasts (près de 20 %)57. En 2018-
2019, la durée d’écoute quotidienne moyenne de la radio par auditeur (13 ans et plus)
était de 2 h 47, chiffre à peu près stable depuis quinze ans58. Les motivations principales
de l’écoute de la radio sont la musique (56,4 %), l’information (49,7 %) et les informa-
tions pratiques (circulation, météo, 31,3 %)59. La radio occupe 90 % de la couverture
mensuelle des pratiques audio, contre 63 % pour la musique personnelle (CD, baladeurs
audio), 37,5 % pour le streaming musical, 6,6 % pour les podcasts audio créés spécifi-
quement pour l’internet (podcasts « natifs »), et 5,2 % pour les livres audio60. Le strea-
ming musical continue néanmoins sa progression constante (+23 % en volume
entre 2018 et 2019)61, et se rapproche désormais de la radio pour l’écoute de la
musique62. Le développement de la radio numérique terrestre (RNT)63 va sans doute
modifier les pratiques et l’économie du secteur.

Enfin, une étude conjointe de l’Hadopi et du Conseil supérieur de l’audiovisuel sur les
assistants vocaux et les enceintes connectés64 indique qu’en 2019 un internaute français
sur dix utilisait au moins une enceinte connectée, le plus souvent pour consommer de la
musique ou des contenus radiophoniques.

9 Caractéristiques du droit de la communication audiovisuelle.65 La réglementation audiovi-


suelle présente des caractéristiques qui la distinguent assez nettement des autres bran-
ches du droit des médias. Elle est issue d’une longue tradition de contrôle par l’État des
moyens de communication, sédimentée sur plusieurs couches de réformes. Elle laisse
une place importante à la « régulation », c’est-à-dire à l’établissement de normes, y
compris relevant du droit dit « souple »66, destinées à orienter les comportements des
acteurs du marché concerné67.

À l’origine centrée sur les acteurs historiques du secteur (télévision et radio), elle a été
progressivement étendue aux nouveaux services à la demande, puis à leurs concurrents indi-
rects sur les réseaux de communication électroniques. Cette réglementation est très diverse
et assez difficile d’accès dans son détail (l’absence de codification expliquant sans doute ce

(55) Ibid.
(56) Avec respectivement 37,5 %, 25,2 %, 13,4 % et 7,1 % du total.
(57) Chiffres Médiamétrie, 2018-2019.
(58) Source : Médiamétrie.
(59) Ibid.
(60) Source : Médiamétrie, sept. 2018-juin 2019.
(61) Source : SNEP, p. 10.
(62) Source: SNEP, ibid., p. 11.
(63) Infra nº 339.
(64) Étude Hadopi-CSA, « Assistants vocaux et enceintes connectées, l’impact de la voix sur l’offre et les usages cultu-
rels et médias », mai 2019, site Hadopi.
(65) C. Broyelle, L. Franceshini, Droit de la régulation audiovisuelle, LGDJ 2020 ; E. Derieux, Droit des médias, LGDJ,
8e éd. 2018 ; E. Dreyer, Droit de la communication, LexisNexis, 2018 ; D. Connel, J. Duvignau (dir.), Droit public du
cinéma, L’Harmattan 2012 ; et bien sûr C. Debbasch, Droit de l’audiovisuel, 4e éd., Dalloz, 1999 ; Traité du droit
de la radiodiffusion, LGDJ, 1967.
(66) Infra nº 214.
(67) V. C. Broyelle, L. Franceshini, Droit de la régulation audiovisuelle, LGDJ 2020 ; sur le concept de régulation,
v. notamment M.-A. Frison-Roche, « Le Droit de la régulation », D. 2001, chron., p. 610-616 ; « Définition du droit
de la régulation économique », D. 2004, chron., p. 126-129 ; « Ambition et efficacité de la régulation économique,
le droit face au risque financier », Revue de droit bancaire et financier, nº 6, nov.-déc. 2010, études nº 34,
p. 59-66, et les références citées.

15
DROIT DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE

déficit de lisibilité)68. Le principe de liberté de la communication, inscrit au frontispice de la


loi sur la communication audiovisuelle, et ses corollaires (pluralisme, indépendance), déter-
minent une grande partie des principes applicables, notamment en matière d’établissement
des services. Les impératifs de protection de la jeunesse et de la dignité humaine justifient
l’édiction de nombreuses règles relevant du contrôle des contenus. L’institution d’une auto-
rité de régulation indépendante en charge du secteur, le Conseil supérieur de l’audiovisuel,
est une garantie de protection des principes fondamentaux dans ce domaine. Cette autorité,
au champ de compétence étendu, est dotée de larges pouvoirs.

Une partie non négligeable de la réglementation traduit un objectif de préservation de la


production audiovisuelle et du secteur cinématographique national, fonction assignée en
France aux services de télévision au travers d’obligations de diffusion et de contribution à
la production, et de règles plus ou moins obsolètes. Les tensions dans ce domaine sont
très fortes, et les équilibres fragiles. Cet aspect de la réglementation a généré un désa-
vantage concurrentiel important pour les opérateurs assujettis à ces obligations par
rapport aux plateformes numériques, nationales et internationales (une « asymétrie de
régulation », selon l’expression consacrée), que le législateur peine à faire disparaître,
malgré l’objectif affiché sur ce point depuis le projet de réforme de 2019.

Plusieurs caractéristiques du droit de la communication audiovisuelle sont remises en cause


par la convergence numérique. Les justifications fondées sur l’occupation du domaine
public hertzien disparaissent pour les services diffusés sur les réseaux filaires. Par ailleurs,
l’apparition de nouveaux usages et de nouvelles plateformes brouille la distinction entre les
services audiovisuels traditionnels et les nouveaux services. Les différences de traitement
sont contestées, et il est fort probable que, dans cette lutte d’influence, le droit commun
des réseaux s’imposera, au moins en partie. Le législateur devra alors repenser certaines
règles, et notamment les mécanismes d’aide à la production audiovisuelle.

10 Droit de la communication audiovisuelle et droit de l’audiovisuel. Le droit de la commu-


nication audiovisuelle peut être vu comme un sous-ensemble du droit de l’audiovisuel,
qui comprend également les règles applicables à la production audiovisuelle. Le secteur
de la production audiovisuelle au sens strict, c’est-à-dire hors cinéma, est beaucoup
moins régulé. La réglementation applicable dans ce domaine porte principalement sur
les aides, directes ou indirectes, à la production, et sur la propriété intellectuelle69.

11 Droit de la communication audiovisuelle et droit du cinéma. Comme indiqué, le secteur


de la communication audiovisuelle constitue un des débouchés principaux de la produc-
tion cinématographique nationale. La télévision est également le principal financeur du
cinéma, notamment au travers des réglementations contraignantes évoquées, qui impo-
sent aux éditeurs des obligations de production70 et des quotas de diffusion71. Cette
dépendance de l’industrie cinématographique aux services de télévision n’est pas sans
poser problème, dans la mesure où le centre de gravité de l’économie de l’audiovisuel
(autrement dit, les recettes publicitaires) se déplace vers les services de vidéo à la
demande et, plus largement, vers l’internet72.

La réglementation cinématographique est très différente de la réglementation audiovisuelle73.


Elle encadre de manière plus étroite l’ensemble des activités économiques du secteur, qui

(68) Constat fait notamment par le Conseil d’État dans son avis sur le projet de loi relatif à la communication audiovi-
suelle et à la souveraineté culturelle à l’ère numérique (nº 398829, séance des 27 et 28 nov. 2019).
(69) Notamment les contrats conclus avec les créateurs. Sur ces aspects, v. B Montels, Contrats de l’audiovisuel, Lexis-
Nexis, 3e éd. 2017.
(70) Infra nº 488 et s.
(71) Infra nº 521 et s.
(72) Depuis 2016, les recettes publicitaires sur internet dépassent celles de la télévision (source : ministère de la
Culture, Chiffres clés, statistiques de la culture et de la communication 2020, p. 12).
(73) P. Kamina, Droit du cinéma, LexisNexis, 2e éd. 2014.

16
Introduction générale

couvre la production, la distribution, l’exploitation en salles et les industries techniques. Le


contrôle des contenus y est plus libéral qu’en matière audiovisuelle. La protection de la diver-
sité est assurée par des règles de concurrence et des régimes incitatifs à la production et à la
diffusion. Le secteur n’est pas régulé par une autorité administrative indépendante, mais par
un établissement public doté de l’autonomie financière et de pouvoirs réglementaires assez
largement définis, le Centre national du cinéma et de l’image animée. Cependant, des points
de rencontre existent entre les deux réglementations, et plusieurs règles applicables aux
services de médias audiovisuels sont inscrites dans le Code du cinéma et de l’image animée74.

12 Droit de la communication audiovisuelle et droit du numérique. Le droit de l’audiovisuel


et le droit du numérique (compris ici comme le droit applicable aux activités commer-
ciales ou professionnelles sur les réseaux de communication électronique) se sont forte-
ment rapprochés ces dernières années, et leurs interactions sont nombreuses. Le
processus, initié par la convergence et le développement des services de télévision et de
radio sur internet, s’est accéléré depuis l’intégration des services à la demande au sein de
la réglementation audiovisuelle, opérée par la directive « services de médias audiovi-
suels » (SMA)75. Une nouvelle étape est constituée par l’intégration à la réglementation
des plateformes de partage de vidéos, à la croisée des services audiovisuels, des médias
en ligne et du commerce électronique. Ce rapprochement se traduit également par l’élar-
gissement des compétences du régulateur de l’audiovisuel aux plateformes en ligne,
initié par la loi nº 2018-1202 du 22 décembre 2018 relative à la lutte contre la manipu-
lation de l’information, et déjà décrit76. Le projet de réforme de 2019 en tirait les consé-
quences, en transformant le régulateur en Autorité de régulation de la communication
audiovisuelle et du numérique (Arcom). Cette transformation devrait être consacrée en
2021, à l’occasion de la fusion programmée du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de
l’Hadopi77. Encore une fois, les conséquences de cette extension devront être soigneuse-
ment évaluées, en raison du télescopage entre des règles d’origine diverses, reposant sur
des objectifs quelquefois contradictoires. Cet ouvrage en donnera quelques exemples.

13 Plan de l’introduction. Après une brève histoire de la réglementation audiovisuelle


(section 1), nous présenterons les sources (section 2), les acteurs (section 3) et les
concepts (section 4) du droit de la communication audiovisuelle.

SECTION 1
Brève histoire de la réglementation
audiovisuelle
14 À l’origine du monopole d’État de la radiodiffusion. Le monopole d’État de la radiodiffu-
sion, qui subsistera jusqu’en 1982, trouve sa source dans le monopole télégraphique, lui-
même issu du monopole postal (de transport des correspondances), établi au XVIIe siècle78 et
confirmé par le législateur révolutionnaire79. En France, le premier système télégraphique
aérien, proposé par Claude Chappe au gouvernement, fut installé en 1793. L’État bénéfi-
ciera d’un monopole de fait sur l’invention. Les premières utilisations privées du télégraphe

(74) Notamment en matière de chronologie des médias, d’aides à l’industrie audiovisuelle ou de taxes sur les services de
télévision.
(75) Infra nº 40.
(76) JO 23 déc. 2018.
(77) Infra no 26.
(78) Arrêts du Conseil du Roi des 18 juin et 29 nov. 1681, du 3 févr. 1728 et du 30 mai 1730, établissant un monopole
du fermier général des Postes du Royaume. V. J.-D. Ricard, Droit et jurisprudence en matière de postes, télégraphes,
téléphones, Sirey 1931, t. 1, p. 14 et 15.
(79) Notamment au travers du décret des 23 et 24 juill. 1793 sur l’organisation des postes et messageries en régie
nationale.

17
DROIT DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE

en France sont apparues dans les années 183080. L’État entendait cependant se réserver
l’usage d’un moyen de communication aussi puissant et efficace, utilisé avec succès dans
le cadre d’opérations de police ou de renseignement81. Un monopole en matière télégra-
phique fut alors institué par la loi des 2 et 6 mai 183782. L’avènement du télégraphe
électrique83 entraînera son renforcement au travers d’un décret du 27 décembre 185184.
Ce décret permettait la concession d’autorisations aux exploitants privés. Les compagnies
de chemin de fer obtiendront ainsi les premières autorisations, suivies par des exploitants
de réseaux transnationaux85 ou intercités86. Un régime général des lignes télégraphiques
d’intérêt privé sera institué par le décret du 13 mai 1879 sur les lignes télégraphiques
étrangères au réseau de l’État87, qui soumettait l’usage des lignes à l’autorisation préalable
du ministre des Postes et des Télégraphes.

Dès son apparition à la fin des années 1870, le téléphone fut soumis à la législation du
télégraphe (qui connaissait lui-même des variantes à lecture sonore)88. Le monopole
d’État s’appliquera également à la radiotélégraphie et la radiotéléphonie, qui apparaîtront
quelques années plus tard89. Le premier texte consacré à la télégraphie sans fil sera
adopté en 190390. Un décret du 24 février 191791 viendra sanctionner la réception en
interdisant d’établir ou d’autoriser sans l’autorisation du ministre chargé des Postes et
des Télégraphes « des machines ou appareils télégraphiques ou autres susceptibles
d’assurer la transmission ou la réception des signaux »92.

15 De la loi du 30 juin 1923 à l’ordonnance du 23 mars 1945. Les premières émissions


régulières de radio seront diffusées en 1921. Le développement de la radiodiffusion
soulèvera des questions liées à l’application de la réglementation télégraphique et au
statut des postes récepteurs, désormais distincts des postes émetteurs et détenus par
des particuliers, dont on pouvait douter qu’ils soient couverts par le monopole (ce qui
n’était pas le cas des postes émetteurs)93.

L’article 85 de la loi de finances du 30 juin 1923 viendra confirmer la position de l’État sur
ces deux points en étendant les dispositions du décret-loi du 27 décembre 1851, et donc
le monopole, à « l’émission et à la réception des signaux radioélectriques de toute nature ».
Les différentes entités publiques intervenant dans le domaine de la radiodiffusion seront

(80) L’homme d’affaires Alexandre Ferrier proposa une liaison internationale entre Calais et Londres en 1831. Il fut suivi
par d’autres. Sur ces affaires, v. P. Charbon, « Genèse du vote de la loi de 1837, origine du monopole des télécom-
munications », L’État et les télécommunications en France et à l’étranger, 1837-1987, Actes du colloque des 3 et
4 nov. 1987, Droz, Genève, 1991.
(81) V. Ricard, op. cit., p. 67-68.
(82) Qui dispose : « Quiconque transmettra, sans autorisation, des signaux d’un lieu à un autre, soit à l’aide de machines
télégraphiques, soit par tout autre moyen, sera puni d’un emprisonnement d’un mois à un an, et d’une amende de
mille à dix mille francs. L’article 463 du Code pénal est applicable aux dispositions de la présente loi. Le tribunal
ordonnera la destruction des postes, des machines ou moyens de transmission ».
(83) Le premier télégraphe électrique a été construit par l’anglais Charles Wheatstone, et reliait Londres et Birmingham.
(84) Bull. des lois, 40e S., B. 473, nº 3478. L’article 1er du décret disposait : « Aucune ligne télégraphique ne peut être
établie ou employée à la transmission des correspondances que par le Gouvernement ou avec son autorisation.
Quiconque transmettra sans autorisation des signaux d’un lieu à un autre, soit à l’aide de machines télégraphiques,
soit par tout autre moyen, sera puni d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de mille à dix mille
francs. En cas de condamnation, le Gouvernement pourra ordonner la destruction des appareils et machines télégra-
phiques. »
(85) Décrets des 10 août 1849 et 27 déc. 1850 autorisant l’établissement d’un télégraphe électrique sous-marin entre
Calais et Douvres (compagnie Brett) ; loi du 10 juin 1853 autorisant la concession d’une ligne entre la France et
l’Algérie (même compagnie).
(86) Décrets des 24 mai et 29 nov. 1850 autorisant l’établissement de lignes télégraphiques entre Bordeaux et le Verdon
et entre Nantes, Paimbœuf, Saint-Nazaire et Le Croisic (pour les seules nouvelles relatives au commerce maritime).
(87) Bull. des lois, 12e S., B. 444, nº 8039.
(88) CE 12 janv. 1894, Crété et Sert, p. 34 ; DP 95.3.10, S. 95.3.131 et renvoi ; 15 juin 1894, Allard, p. 447,
S. 96.3.88 et renvoi ; 23 mars 1906, Dlle Chauvin, dite Sylviac, p. 252, DP 1907.3.120, S. 1908.3.17 et note
Hauriou (Ricard, op. cit., nº 25 p. 78).
(89) Les premières expérimentations de liaisons hertziennes de Guglielmo Marconi datent de 1895, et font suite aux
découvertes notamment de Heinrich Rudolf Hertz et Edouard Branly.
(90) Décret du 7 févr. 1903.
(91) JO 6 mars 1917.
(92) Art. 1.
(93) Ricard, op. cit. nº 33 p. 93.

18
Introduction générale

regroupées dans un nouveau « service de la radiodiffusion » relevant du ministre des


Postes, Télégraphes et Téléphones.

Comme en matière de télégraphe, le monopole de l’État n’interdisait pas la concession


d’autorisations à des exploitants privés. Ces concessions seront très rapidement assimi-
lées à un mode d’occupation privative du domaine public94. Le décret du 24 novembre
1923 soumettra l’établissement et l’utilisation de « postes fixes destinés à la diffusion
publique de communications d’intérêt général » à la signature de conventions spéciales
conclues par le sous-secrétaire d’État des Postes et des Télégraphes95, établies après
avis d’une commission interministérielle96. L’administration des postes et des télégra-
phes exerce alors un contrôle permanent sur les postes radioélectriques privés
d’émission97, qui porte à la fois sur les aspects techniques (attribution des fréquences
et installations), sur le contenu des programmes (transmission des programmes au
directeur du service de la radiodiffusion, présence d’un commissaire du gouvernement
auprès de chaque entreprise exploitant un poste) et sur les finances (impositions
spécifiques).

Les agents de l’administration chargés du contrôle pouvaient pénétrer dans la station


émettrice98. Les postes privés de radiodiffusion étaient soumis à une taxe de contrôle
annuelle, mais étaient dispensés d’une redevance pour droit d’usage. Enfin, les postes,
appareils et installations radioélectriques pouvaient être provisoirement saisis sur l’ordre
du sous-secrétaire d’État des Postes et des Télégraphes dans tous les cas où leur utilisa-
tion compromettait l’ordre et la sûreté publics ou la défense nationale, ou perturbait la
correspondance radioélectrique99.

Le décret du 24 novembre 1923 posera également le principe de la liberté de réception


des programmes radiodiffusés. L’article 3 de ce décret disposait que l’établissement des
postes radioélectriques privés « servant uniquement à la réception de signaux ou de
communications n’ayant pas le caractère de correspondances particulières est autorisé »
sous la condition d’un dépôt d’une déclaration dans un bureau des P.T.T.100 et du paie-
ment d’un droit de statistique. Les postes destinés à des auditions publiques ou payantes
étaient soumis à une réglementation plus contraignante101.

La loi du 31 mai 1933 portant fixation du budget général de l’exercice 1933102 institua
une « redevance pour droit d’usage » sur les installations réceptrices de radiodiffusion,
dont le produit était consacré aux dépenses de la radiodiffusion103, ainsi qu’une taxe sur
la production ou l’importation des lampes de réception destinées à la vente en France104.

(94) Ch. Debbasch, Traité du droit de la radiodiffusion, LGDJ 1967, nº 72 p. 56, citant Colliard, « Une situation juridique
moderne : l’émission privée de radiodiffusion », Revue Internat, radioélectricité, 1939. V. CE 6 févr. 1948, Société
française radio-atlantique, RDP 1949, p. 244, concl. Chenot, note Jèze, qualifiant l’activité de radiodiffusion de
service public.
(95) Art. 10.
(96) Art. 10.
(97) Art. 16.
(98) Art. 16.
(99) Art. 22.
(100) Déclaration aux fins de recensement des installations dans l’intérêt de la défense nationale. L’exposé des motifs
précise : « Les plus grandes facilités seront donc données à tous les détenteurs de postes pour se mettre en règle
en souscrivant une déclaration qui ne comportera, pour eux, d’une manière générale, aucune charge pécuniaire et
qui n’est exigée que dans l’intérêt de la défense nationale. Le défaut volontaire de déclaration pourra dès lors, à
bon droit, être considéré comme suspect. »
(101) Et notamment au paiement d’une redevance (sauf exception).
(102) JO 1er juin 1933.
(103) Art. 109. La redevance était fixée aux taux suivants : 15 F pour les postes à cristal sans dispositif comportant
l’usage de lampes ; 50 F pour les postes antres que les postes à cristal, lorsqu’ils étaient détenus par les particu-
liers ; 100 F pour les postes utilisés dans les salles d’auditions gratuites ou dans les lieux ouverts au public ; et
200 F pour les postes installés dans les salles d’auditions payantes. La perception de la redevance était effectuée,
soit après déclaration (obligatoire) des détenteurs, soit d’office en cas de déclaration inexacte ou à défaut de décla-
ration. Elle est due pour une année entière et payée en une seule fois.
(104) Ibid.

19
DROIT DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE

Le décret du 28 décembre 1926 portant réglementation des postes privés radioélectri-


ques et des stations émettrices de radiodiffusion105 viendra recodifier la réglementation
dans ce domaine106. Le décret affirme la vocation de l’État à devenir propriétaire de
l’ensemble des postes émetteurs (stations nationales ou régionales). Il prévoit également
un régime d’autorisation des postes privés limité à une période de cinq ans, et leur retour
à l’État à l’issue de cette période, moyennant dédommagement des exploitants107. La loi
de finances du 19 mars 1928 permettra, à titre provisoire, et jusqu’à ce qu’intervienne
une loi organique sur le régime de la radiodiffusion, d’autoriser des postes privés de
radiodiffusion, à titre précaire et révocable108. Aucun nouveau poste ne semble avoir été
autorisé en application de ces dispositions.

Le décret de 1926 confiait la composition et la réalisation des programmes de toutes


les stations (autres que les émissions dont la matière est fournie par les administra-
tions publiques, et les informations et communications officielles) à des groupements
ou collectivités dotées de la personnalité civile109. Leur composition était soumise à
l’agrément du ministre chargé des P.T.T. et du ministre de l’Instruction publique et
des Beaux-Arts. Leurs attributions en matière de programmes seront limitées par l’ins-
titution en 1933 d’un Comité de coordination puis d’un Conseil supérieur des
émissions110.

Un décret du 19 septembre 1938111, suivi d’un arrêté du 14 octobre 1938112, organise-


ront un contrôle étroit des émissions d’information ou présentant un caractère politique,
économique et financier.

Le décret du 29 juillet 1939113 placera l’ensemble des services du réseau d’État métro-
politain de radiodiffusion, ainsi que tous les services de radiodiffusion dont la gestion
était confiée à l’administration métropolitaine, à une administration unique de la radio,
distincte de l’administration des PTT, dénommée « Administration de la radiodiffusion
nationale » (également Radiodiffusion française, RDF)114. Cette nouvelle administration
était placée sous l’autorité du président du Conseil, assisté du ministre des PTT. Sa
mise en place sera retardée par la guerre. Les actes dits loi du 1er octobre 1941 et du
7 novembre 1942 établiront un nouveau statut, abrogé par l’ordonnance du 13 avril
1944 portant organisation de la radiodiffusion115. L’abrogation sera suspendue par une
ordonnance du 23 octobre 1944116.

(105) JO 31 déc. 1926.


(106) Le rapport de présentation au président de la République précise : « La liberté de la radiodiffusion est une impossi-
bilité physique autant que juridique ; le nombre des longueurs d’onde utilisables dans l’état actuel de la technique
étant limité, il n’est pas possible de donner la liberté à tous sans produire une cacophonie et un brouillage nuisible
aux auditeurs comme aux émetteurs. Seule une organisation cohérente de la radiodiffusion nationale, selon un plan
préalablement étudié, peut permettre un développement harmonieux de cette dernière. Quand, dans le régime
normal organisé par le décret, tous les postes seront la propriété de l’État, la composition et la réalisation des
programmes ne seront pas assurées par des agents de l’État, mais pas des groupements où seront représentées
toutes les forces vives de la région ou de la nation : départements et communes, groupements de presse, syndicats
et associations économiques, corporations intellectuelles et artistiques, etc. »
(107) Art. 15 et 17.
(108) Art. 62 et 63. L’article 62 de la loi dispose : « Provisoirement et jusqu’à ce qu’intervienne une loi organique sur le
régime de la radiodiffusion, un décret rendu en Conseil des ministres pourra autoriser l’exploitation à titre tempo-
raire, aux conditions prévues dans les autorisations antérieurement délivrées, des postes de radiodiffusion fonction-
nant au 31 déc. 1927, et sans qu’il soit permis, sauf autorisation spéciale dans la forme prévue plus haut, d’en
modifier les caractéristiques et les conditions d’exploitation. »
(109) Composés de représentant des services publics centraux et régionaux, des associations d’intérêt général ou d’expan-
sion nationale et des groupements corporatifs, d’auteurs, de compositeurs, de professeurs, de conférenciers et
d’artistes interprètes, des constructeurs et commerçants en matériel radioélectrique, des groupements d’amateurs
et d’auditeurs et les représentants de la presse (art. 14).
(110) Debbasch, op. cit., nº 103 p. 76-77.
(111) JO 30 juill. 1938.
(112) JO 14 oct. 1938.
(113) JO 30 juill. 1939.
(114) Art. 1.
(115) JO 13 avr. 1944.
(116) JO 24 oct. 1944, art. 3. Suivie par une ordonnance du 30 déc. 1944.

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