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Bachir Niang
2015/2016
UNIVERSITE
CHEIKH ANTA DIOP
Faculté des Sciences
Juridiques et
Politiques
DROIT
O CIVIL
(Droit des personnes et de la famille)
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CHAPITRE II – L’individualisation de la personne
Section I – Le nom
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II – Les personnes morales
Certaines d’entre elles sont des personnes morales de droit public. C’est le
cas de l’Etat du Sénégal, des collectivités territoriales (mairies, communes…)
mais aussi de certains démembrements de l’Etat (UCAD, La Poste…).
D’autres personnes morales sont de droit privé. Ce sont principalement les
sociétés et les associations. Leur critère de distinction, selon l’article 764
du Code des Obligations Civiles et Commerciales, réside dans la poursuite
ou non d’un but lucratif.
Selon la loi sénégalaise, « la société civile est le contrat par lequel deux ou
plusieurs personnes mettent en commun des apports et constituent une
personne morale pour les exploiter et se partager les profits ou les pertes
qui résultent de cette activité ».
L’association est définie comme « le contrat par lequel deux ou plusieurs
personnes mettent en commun leur activité et, au besoin, certains biens, dans
un but déterminé autre que le partage de bénéfices » (art. 811 du COCC).
D’autres fois, cette personnalité juridique n’est opposable aux tiers qu’après
l’immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier (sociétés
commerciales) ou dans un journal d’annonces légales.
N’ayant pas une réalité physique, les personnes morales agissent par la voix
de leurs représentants appelées selon le cas « gérants », « administrateurs »,
« dirigeants sociaux »…
Les règles sont encore différentes selon que la personne en présence est
Agrégé des facultés de droit
A – Le décès
1– L’absence
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dont le manque de nouvelles rend l’existence incertaine.
On remarque d’ores et déjà que le Code de la famille évoque un manque
Lorsque les dernières nouvelles remontent à plus d’un an, tout intéressé, et le
ministère public, peut former une demande de déclaration de présomption
d’absence devant le Tribunal de première instance du dernier domicile de
l’absent. La loi ordonne que le parquet diligente une enquête sur le sort de
l’absent et une publication par voie de presse écrite, radiodiffusée…
Le manque de nouvelles peut aller plus loin. Dix ans après les dernières
nouvelles, une demande de déclaration de décès peut être déposée par
tout intéressé. Il s’agit du délai au-delà duquel notre droit estime qu’il y
a très peu de chances que l’individu soit encore en vie. Pour autant, le
juge ne peut rendre une ordonnance de déclaration de décès sans une
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La personne dont on est resté sans nouvelle, l’absent, a pu laisser des biens,
Agrégé des facultés de droit
Le sort des enfants de l’absent est pris en compte par les règles de la
puissance paternelle, de l’administration légale et de la tutelle. La tutelle
renvoie à la désignation, par le juge, d’une personne autre que les parents,
chargée de s’occuper de la personne et des biens de l’enfant. Lorsque
l’absent a laissé un conjoint, la puissance paternelle sur ses enfants est
exercée par ce conjoint à moins qu’il ne soit lui-même incapable.
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Celui qui exerce la puissance paternelle prend en charge la personne et les
biens de l’enfant.
Son régime juridique est moins formaliste, moins procédurale que celui de
l’absence. Le disparu est la personne dont l’absence s’est produite dans
des circonstances mettant sa vie en danger sans que son corps ait pu être
retrouvé.
A la différence de l’absence, la disparition se caractérise donc par la
constatation de circonstances qui laissent peu de chance à la survie
de la personne (incendie, naufrage, crash d’avion, inondation…). De ces
circonstances particulières, la loi fait plus un « pari » sur la mort de l’individu
que sur sa survie. Cette présomption de mort influence tout le régime
juridique de la disparition.
Contrairement à l’absence, il n’y a, pour la disparition, ni déclaration de
présomption de disparition ni déclaration de disparition. La multiplicité des
procédures est évitée car le droit considère l’individu comme certainement
décédé.
L’unique procédure est alors la demande de déclaration de décès. L’affaire est
instruite sans que le juge ne soit tenu de diligenter une enquête administrative
sur le sort du disparu. Rien ne lui interdit cependant de le faire s’il estime ne pas
avoir des éléments d’information suffisants. Comme pour l’absence, le prononcé
du jugement de décès est transcrit sur les registres de l’état civil. Elle ouvre la
succession du disparu.
Le jugement doit nécessairement fixer une date pour le décès. Celle-ci
doit être fixée en tenant compte des éléments du dossier ou, en cas de
difficultés, fixée au jour de la disparition.
Comme l’absent, le disparu peut réapparaître après la déclaration de décès.
Il se trouve dans la même situation que l’absent qui revient : il récupère
ses biens dans l’état où il les trouve. Le divorce ou le remariage de son
conjoint lui sont opposables.
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les autres sujets de droit ont chacun un intérêt à ce que chaque personne
juridique puisse être individualisée, identifiée de manière précise.
Section I – Le nom
L’enfant naturel c’est-à-dire celui conçu alors que les parents n’étaient pas
mariés, porte le nom du père s’il est reconnu par ce dernier. A défaut,
il porte celui de la mère;
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ne puisse pas porter atteinte à ses intérêts.
Enfin, l’acquisition du nom patronymique peut être le fait du mariage, lien
Le ou les prénoms :
D’abord, il est interdit à une personne de porter un nom autre que son
nom. Ensuite, il existe un principe d’immutabilité et d’indisponibilité du
nom. L’immutabilité interdit, ou rend exceptionnels, les changements de
nom. De tels changements ne sont pas impossibles mais soumis à des
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modifiés par jugement en cas d’intérêt légitime et, en cas d’adoption, sur le
seule demande de l’adoptant ». La modification du nom patronymique ou
nom de famille est plus complexe. Elle ne peut être autorisée que par décret
et toute personne ayant un intérêt légitime pourra faire opposition à une
telle modification dans un délai d’une année à compter de la publication
de la demande de modification au journal officiel
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Les personnes qui sont titulaires d’un nom patronymique elles-mêmes sont
autorisées à faire usage de leur nom sans toutefois en abuser. La responsabilité
Section II – Le domicile
Il doit être identifié par référence à la résidence et à l’habitation (I). Aussi, son
importance vient du fait que sa détermination présente certains intérêts en
droit(II).
I – L’identification du domicile
Il n’en reste pas moins que le domicile est parfois fixé par la loi
discrétionnairement (mineurs au domicile de leurs parents, les justiciables
au domicile de leurs conseils, avocats..).
localisation des individus fait que le domicile est obligatoire. Aussi, défaut
de domicile, la résidence en tient lieu.
En droit des obligations, on retient que la dette est quérable et non portable
ce qui signifie que le paiement se fait au domicile du débiteur…
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Ces éléments d’identification de la personne sont constatés dans des
documents particuliers appelés registres de l’état civil. Les actes de
L’autorité la plus importante est sans doute l’officier d’état civil (I). À côté, le
procureur de la République (II) et le juge (III), chacun en ce qui le concerne,
sont appelés à remplir certaines fonctions dans cette constatation.
Les constatations faites par l’officier de l’état civil sont consignées dans des
registres. Les registres comportent des feuillets reliés composés chacun
de trois volets. Chaque volet donne l’énonciation de toutes les mentions
qui doivent figurer dans l’acte de sorte que l’officier de l’état civil n’ait qu’à
remplir le blanc, signer et faire signer la personne. Le volet n° 1 est remis
immédiatement au déclarant, le volet N° 2 et 3 conservé au centre d’état civil
pendant l’année en cours. A la fin de chaque année, le registre des volets n°
3 est conservé au centre d’état civil alors que le registre des volets n° 2 est
envoyé au greffe du Tribunal régional.
II – Le procureur de la république
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instance. Il peut mettre en œuvre l’action publique lorsqu’il relève des
irrégularités et infractions. Lorsqu’une déclaration lui semble être contraire
III – Le juge
Comme l’officier d’état civil, le juge est lui-même parfois amené à constater
certains éléments de l’état de personnes (déclaration faite par les intéressés
au-delà d’une période d’une année).
Lorsque le délai prévu par la loi pour déclarer une naissance, un décès ou
un mariage à l’officier de l’état civil est expiré, le Code de la famille prévoit
les conditions dans lesquelles le juge du Tribunal de grande instance peut
être saisi. Ce dernier peut rendre un jugement autorisant l’inscription
tardive de l’acte sur les registres de l’état civil.
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rectification contentieuse d’un acte ou d’une mention, le juge est saisi pour
trancher le litige. Aussi, les irrégularités et infractions constatées par le
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Ces personnes disposent d’un délai d’un mois pour pourvoir à une
telle déclaration. Ces dispositions sont pertinentes mais il est possible
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La procédure de déclaration devient plus complexe lorsque la naissance
remonte à plus d’un mois et demi. Les personnes précitées sont alors
sont pas en mesure de donner une date exacte. Il en va de même lorsque les
parents de l’enfant sont inconnus, ce qui contraint l’officier de l’état civil à lui
donner un nom et un prénom pour sauvegarder ses intérêts.
II – L’acte de décès
Il est établi sur déclaration d’un des parents du défunt ou de toute autre
personne possédant les renseignements nécessaires sur l’état civil du décédé
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Dans le mariage constaté, une autorité autre que l’officier de l’état civil célèbre
le mariage mais en la présence de cet officier ou de son représentant. Dans le
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Lorsque les époux n’ont fait ni célébrer ni constater leur union par l’officier de
l’état civil, ils disposent d’un certain délai pour faire une déclaration tardive
pourtant des limites chez certaines personnes que la loi veut protéger du
fait de leur inexpérience ou de la défaillance de leurs facultés mentales
Agrégé des facultés de droit
Les êtres humains débutent toujours leur vie dans l’incapacité (bébé,
enfance...). Lorsqu’ils vivent longtemps, ils terminent leur vie dans
l’incapacité (vieillesse, sénilité, maladie...). Les incapacités entretiennent
donc un lien avec les cycles de la vie. Le régime juridique des incapacités
témoigne donc de l’importance de la solidarité dans notre société c’est-à-
dire de l’assistance que les membres de la société apportent à ceux qui sont
dans des situations d’incapacité. L’Etat joue un rôle non négligeable dans la
prise en charge des incapables mineurs comme majeurs. Mais surtout, l’Etat
utilise l’institution familiale comme instrument pour protéger les incapables.
La famille apparait ainsi comme le premier lieu de socialisation et de
solidarité.
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Le mineur est considéré comme incapable mais peut cependant
accomplir tous les actes de la vie courante (prendre un taxi, acheter
Lorsque le mineur contracte alors qu’il n’en avait pas la capacité, l’acte
peut être annulé pour défaut de capacité. Cette annulation est cependant
soumise à des règles précises. S’agissant d’une nullité relative, seul le
mineur ou son représentant peuvent la requérir à l’exclusion du majeur
avec qui le mineur a contracté. Aussi, l’action en nullité doit être intentée
dans un délai de deux ans à compter de la découverte du vice qui affecte
l’acte lorsque l’action est mise en œuvre par le représentant du mineur
et dans un délai de deux ans à compter de la cessation de l’incapacité
(majorité) lorsque l’action est intentée par le mineur devenu majeur. Le
mineur ou son représentant ne peuvent par ailleurs exiger l’annulation que
lorsque l’opération a tourné au détriment du mineur, c’est-à-dire lorsque le
mineur a gagné moins qu’il n’a perdu. Lorsque le mineur n’a pas été lésé,
l’acte n’est pas annulable. Enfin le co-contractant du mineur peut échapper
à l’annulation en prouvant sa bonne foi c’est-à-dire sa méconnaissance de
l’incapacité du mineur. Cependant, la simple déclaration de capacité du
mineur n’est pas suffisante pour constituer cette bonne foi. La preuve de la
bonne foi peut cependant être apportée lorsque le mineur, en contractant,
avait présenté de faux document pour prouver sa qualité de majeur
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tout parent lorsque ce dernier a des raisons de croire que la décision ou
l’acte ne va pas dans le sens des intérêts de l’enfant.
Il n’est pas rare que le mineur soit propriétaire d’un patrimoine consistant.
La gestion de ce patrimoine est assurée selon deux régimes : celui de
l’administration légale et celui de la tutelle.
A- L’administration légale
B- La tutelle
Sont placés sous le régime de la tutelle les enfants pour qui il n’est pas
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Le tuteur représente le mineur pour tous les actes de la vie civile qu’il ne
peut ou ne doit effectuer lui-même. Le tuteur peut accomplir tout seul les
II – La tutelle
Elle concerne des cas d’incapacité plus sévères. Elle est ouverte lorsque
l’altération des facultés mentales et telle que l’individu a besoin d’être
représenté de façon continue dans les actes de la vie civile. L’ouverture
d’une tutelle peut être demandée par l’intéressé lui-même, ses ascendants,
descendants, frères et sœurs, le curateur et le ministère public. Il faut
cependant qu’une enquête soit diligentée par le parquet et que le juge ait
au préalable auditionné l’intéressé dont la mise en tutelle est demandée.
Les règles qui organisent la tutelle des majeurs sont très semblables à
celles de la tutelle des mineurs (représentation complète). Le régime
juridique des actes du majeur en tutelle est pourtant plus sévère : tous les
actes accomplis par l’individu agissant seul, après le jugement de mise en
tutelle, sont nuls de plein droit. Les actes posés antérieurement à cette
ouverture peuvent être annulés si la cause qui a déterminé l’ouverture de la
tutelle existait notoirement (était connue du grand public) à l’époque des
faits. La nullité est une nullité relative qui ne peut être demandée que par
l’incapable et son représentant. Contrairement à la tutelle des mineurs, il
n’existe dans la tutelle des majeurs ni conseil de famille ni subrogé tuteur.
III – La curatelle
Elle est ouverte dans deux cas : d’abord lorsque les facultés mentales d’un
majeur sont altérées de telle sorte que, sans être hors d’état d’agir par lui-
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lui impose d’agir avec l’assistance d’un curateur. Cette assistance est
nécessaire pour les actes de disposition d’une certaine importance ; cette