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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

ANNALES
DE
DROIT CIVIL

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

PREFACE
Cet annale de Droit Civil ivoirien est un Must-Have pour tout juriste de la Licence
I. Il va énormément vous aider. Il prend en compte plus de 45 sujets (dissertations,
cas pratique, commentaire d'arrêts, questionnaires...) entièrement rédigés. Ce
document va vous permettre d'acquérir les connaissances élémentaires du Droit
Civil Des Personnes et de la Famille, matière enseignée en première année de Droit.

NB : La mise à jour de ce document a porté sur l’actualisation de certaines


dispositions en fonction des textes en vigueur. Aucun nouvel exercice corrigé n’a
été ajouté.

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TABLE DES MATIERES

QUESTIONNAIRES ……………………………………………………………………………………. 7

CAS PRATIQUES ET CONSULTATIONS JURIDIQUES ………………………………………… 19

FICHE D’ARRET …………………………………………………………………………………….. 199

DISSERTATION ……………………………………………………………………………………... 209

SUJETS NON CORRIGES ………………………………………………………………………...… 208

ANNALES ET GUIDES SUGGERES …………………………………………………………......... 222

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SUJETS D'EXAMEN
ET
CORRIGES DE DROIT CIVIL

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QUESTIONNAIRES

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QUESTIONNAIRE 1

1- Qu'est-ce que l'émancipation ? Par quelles voies s'obtient-elle ?


2- Une jeune fille ivoirienne de 17 ans peut-elle contracter manage ?

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CORRECTION DU QUESTIONNAIRE 1

1) Qu'est-ce que l'émancipation ? Par quelles voies s'obtient-elle ?


L'émancipation est l'acte par lequel le mineur est affranchi de l’autorité parentale
ou de la tutelle et devient capable, comme un majeur d'accomplir tous les actes de
la vie civile et de faire le commerce.
L'émancipation du mineur peut être obtenue par deux voies : l'émancipation légale
et l'émancipation volontaire.

* L'émancipation légale par le mariage (supprimée avec par la Loi de 2019


sur la minorité)
Anciennement, l'émancipation légale par le mariage, était prévue par l’Art. 116 de
la loi de 64 sur la minorité, « le mineur est émancipé de plein droit par le mariage ».
Cette disposition a été supprimée dans la nouvelle loi de 2019 sur la minorité.

Car, il ressort de la nouvelle Loi de 2019 sur le mariage que seule la personne
majeure peut contracter mariage. Par conséquent, l’émancipation légale par le
mariage, n’est dorénavant plus possible.

L'émancipation volontaire
L’émancipation volontaire résulte de la volonté expresse des père et mère.
Le mineur ne peut faire l'objet d’une émancipation volontaire que s'il a atteint l'âge
de 16 ans révolus.

L'émancipation peut résulter d’une déclaration expresse des parents reçue par le
juge des tutelles. Cette déclaration doit être faite conjointement par les père et mère.
À défaut d’accord, le juge des tutelles peut prononcer l’émancipation à la requête
de l'un des parents ou du mineur, s'il y a de justes motifs.
Si l'un des parents est dans l'impossibilité physique ou légale de manifester sa
volonté, la déclaration de l'autre suffit, s’il n’est déchu de l’autorité parentale.

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2) Une jeune fille ivoirienne de 17 ans peut-elle contracter mariage ?


En principe, selon l’article 2 de la loi de 2019 relative au mariage, l’homme et la
femme avant dix-huit (18) ans révolus ne peuvent contracter mariage.
Pour se marier la femme doit être âgée de 18 ans au moins. En application de ce
principe, la jeune fille de 17 ans ne peut donc contracter mariage.

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QUESTIONNAIRE 2

1) Quel est le contenu du jugement déclaratif d’absence ?


2) Exposez les attributs de la personne morale qui sont identiques à ceux de la
personne physique.
3) La séparation de corps entraîne-t-elle suppression de l’obligation de
fidélité ?

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CORRECTION DU QUESTIONNAIRE 2

1) Quel est le contenu du jugement déclaratif d'absence ?


Le jugement déclare la personne absente. En effet, en s'appuyant sur le rapport de
l'enquête qu'il a ordonnée, le tribunal a le choix entre :
- déclarer que la personne ne peut être considérée comme absente, parce que des
éléments de l’enquête diligentée par lui indiquent qu'on a de ses nouvelles ;
- déclarer que la personne est absente parce que malgré toutes les recherches
effectuées, on n’a aucune nouvelle d'elle ; dans ce cas, le juge rend une décision de
déclaration d'absence encore appelée jugement déclaratif d'absence.
Le jugement déclaratif d'absence envoie les héritiers présomptifs en possession
provisoire des biens. Autrement dit, le juge décide de remettre les biens de l’absent
entre les mains de ses héritiers que sont ses enfants, ses parents ou sa femme. Le
jugement déclaratif d'absence marque donc également le point de départ de la
période dite d’envoi en possession provisoire des biens.
Le jugement déclaratif d'absence met fin à la mission du mandataire désigné par le
présumé absent ou de l'administrateur judiciaire nommé par le tribunal. En effet,
les biens qui jusque-là étaient gérés par le mandataire ou l'administrateur judiciaire
sont désormais remis entre les mains des héritiers présomptifs ; du coup, son
mandat se trouve dépouillé d’effet, il s'éteint ; la mission du mandataire s'achève
donc avec l'envoi des héritiers en possession provisoire des biens.

2) Exposez les attributs de la personne morale qui sont identiques à ceux de la


personne physique
Les attributs de la personne morale qui sont identiques à ceux de la personne
physique sont les suivants :
- une dénomination sociale : c'est le nom de la personne morale ;
- un siège social : c'est le domicile de la personne morale ;
- une nationalité qui permet de savoir la loi qui lui est applicable. Cette nationalité
est déterminée par le lieu où est fixé le siège social de la personne morale ;

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- un patrimoine constitué par l'ensemble des biens apportés par les personnes
physiques, membres du groupement, et dont la personne morale est propriétaire.
Ce patrimoine est distinct de celui des membres de la personne morale.

3) La séparation de corps entraîne-t-elle suppression de l’obligation de


fidélité ?
La séparation de corps laisse subsister le devoir de fidélité entre les époux (Art. 28
de la Loi sur le divorce) ; il en résulte qu'un époux séparé de corps commet
l'adultère, s'il entretient des relations sexuelles avec une personne autre que son
conjoint. La séparation de corps n'entraîne donc pas suppression de l'obligation de
fidélité.

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QUESTIONNAIRE 3

1) Qu'est-ce qu'un droit personnel ? À quel autre droit s'oppose-t-il ?


2) Une veuve peut-elle continuer à porter le nom de son défunt mari ?
Argumentez votre réponse.
3) À quelles conditions, un enfant adultérin peut-il être reconnu par son père ?

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CORRECTION DU QUESTIONNAIRE 3

1- Qu'est-ce qu'un droit personnel ? À quel autre droit s'oppose-t-il ?


Un droit personnel est un droit reconnu à une personne d'exiger, d'une autre
personne l'exécution d’une prestation ; il est encore appelé droit de créance.
Il s'oppose au droit réel qui est un droit qui porte directement sur une chose, un
bien.

2- Une veuve peut-elle continuer à porter le nom de son défunt mari ?


Argumentez votre réponse.
En principe, par le mariage, la femme a l’usage du nom du mari (article 55 de la
loi de 2019 relative au mariage). Le droit pour la femme de porter, le nom de son
mari est donc un doit attaché à la qualité de femme mariée. Le décès du mari
dissolvant le mariage (article 103 de la loi de 2019 relative au mariage), emporte
de plein droit, disparition du droit pour la veuve de porter le nom de son défunt
mari.
Toutefois, par exception, en application de l'article 24 alinéa 2 de la loi relative au
divorce (raisonnement par analogie) la veuve peut, avec l’autorisation du juge,
continuer à faire usage du nom de son défunt mari si elle justifie qu'un intérêt
particulier s'y attache pour elle-même ou pour ses enfants.

3- A quelles conditions un enfant adultérin peut-il être reconnu par son père ?
Il convient ici de distinguer les conditions relatives à la reconnaissance de l'enfant
adultérin par le père (enfant adultérin a patre), de celles relatives à la
reconnaissance de l’enfant adultérin par la mère (enfant adultérin a matre).
3.1- La reconnaissance d'un enfant adultérin par le père
La reconnaissance par le père de l'enfant né de son commerce adultérin n’est plus
subordonnée au consentement de l’épouse. D’après l’article 22 de la loi de 2019
relative à la filiation « La reconnaissance par le père de l’enfant né de sa relation
hors mariage doit être précédée de l’information donnée à l’épouse du projet de
reconnaissance (...) ».

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Le nouveau texte fait état d’une simple information donnée à l’épouse de


reconnaitre cet enfant né hors mariage.
Cette reconnaissance, cependant peut donner droit à contestation (article 23 de la
loi de 2019 relative à la filiation).

3.2- La reconnaissance d'un enfant adultérin par la mère


L’enfant né du commerce adultérin de la mère ne peut être reconnu par son père
biologique qu’autant qu'il aura été préalablement désavoué par le mari (article 22
al 2 de la loi de 2019 relative à la filiation).

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QUESTIONNAIRE 4

SUJET : REPONDRE AUX QUESTIONS SUIVANTES

1- Qu'est-ce qui distingue fondamentalement l'absence de la disparition ?


2- Qu'est-ce qui caractérise la période d'envoi en possession provisoire ?
3- A quel moment s'ouvre la succession de l'absent ?
4- Le conjoint de l'absent peut-il contracter son nouveau mariage ?

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CORRECTION DU QUESTIONNAIRE 4

1- Qu'est-ce qui distingue fondamentalement l'absence de la disparition ?


L’absence et la disparition se caractérisent par l'incertitude qui règne quant à la vie
ou quant à la mort de l'individu dont l’on n'a pas de nouvelles et dont le corps n'est
pas retrouvé.
En matière d’absence, la certitude de la vie est beaucoup plus grande en l'absence
de circonstances de nature à mettre la vie en danger.
Alors qu’en matière de disparition la quasi-certitude ou la certitude du décès eu
égard aux circonstances mettant la vie de l’individu en danger.

2- Qu'est-ce qui caractérise la période d'envoi en possession provisoire ?


C’est au cours de cette période que se fait la première constatation officielle de
l'absence d’où découlera des conséquences juridiques. C'est-à-dire l’envoi en
possession provisoire des héritiers présomptifs.

3- A quel moment s'ouvre la succession de l'absent ?


La succession de l'absent s’ouvre à l’expiration du délai de 30 ans après l’envol en
possession provisoire ou cent (100) ans après la naissance de l'absent. En ce
moment là tous les ayants droit de l'absent peuvent intenter une action devant le
tribunal de première instance. L'objet est de faire prononcer l’envoi en possession
définitive et demander un partage définitif des biens de l’absent (article 129 du
Code Civil).

4- Le conjoint de l'absent peut-il contracter son nouveau mariage ?


Non. L’absent ne doit jamais être assimilé à un mort. L’époux absent dont le
conjoint à contracter un nouveau mariage peut demander au tribunal de prononcer
la nullité de ce mariage pour bigamie. Les conditions de l’action en nullité sont
prévues par l'article 139 du Code Civil.

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CAS PRATIQUES ET
CONSULTATIONS JURIDIQUES

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CONSULTATION

Avant son départ pour la France où il doit effectuer un stage de formation de cinq
ans, Monsieur BABIENTO Félix contracte le 12 janvier 1960 contracte une union
avec ZADI Véronique conformément aux coutumes Bété.

Le 13 janvier 1960, M. BABIENTO quitte la Côte d’Ivoire en confiant Mlle ZADI


à ses parents.

Au cours de son stage de formation à Lyon (France), M. BABIENTO rencontre


Mlle Aimée LENEGRE, jeune française de 21 ans. Au cours de la cérémonie de
fiançailles organisée par la famille de la jeune fille, M. BABIENTO offre à Mlle
LENEGRE une bague en or d’une valeur de 200 000 F CFA et un pagne kita d’une
valeur de 150 000 FCFA.

Quant à celle-ci, elle accepte de financer la fin du stage de M. BABIENTO qui


vient de perdre sa bourse de formation.

Le 25 juillet 1966, les jeunes gens rentrent en Côte d’Ivoire où ils veulent célébrer
leur mariage. Les parents de M. BABIENTO très attachés à la tradition sont contre
ce mariage mixte.

Cédant à la pression familiale, M. BABIENTO informe Mlle LENEGRE de sa


décision de rupture en raison de l'opposition de ses parents. Très éplorée, Mlle
LENEGRE vient vous voir afin que vous la conseilliez sur ses droits.

Bien qu’ayant rompu ses fiançailles avec Mlle LENEGRE, M. BABIENTO refuse
catégoriquement de considérer Mlle ZADI Véronique comme son épouse.

Selon lui, cette union conclue à la hâte n'a aucune valeur. Étant d’un avis contraire,
Mlle Zadi aimerait être située sur la volonté de l’union contractée avec M.
BABIENTO.

Conseillez-les utilement.

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CORRECTION DE LA CONSULTATION

Résumé des faits

Le 12 janvier 1960, M. BABIENTO contracte en Côte d'Ivoire une union avec


Mlle ZADI Véronique conformément aux coutumes Bété puis part le lendemain
pour la France.

Au cours de son stage de formation en France, il rencontre une jeune française,


Mlle Aimée LENEGRE. Au cours de la cérémonie de fiançailles M. BABIENTO
offre à la jeune fille une bague en or d’une valeur de 200 000 FCFA et un pagne
kita de 150 000 FCFA. Celle-ci accepte d’assumer les frais de stage de M.
BABIENTO.

De retour en Côte d'Ivoire en juillet 1966, M. BABIENTO rompt ses fiançailles


avec LENEGRE en se fondant sur l’opposition de ses parents à ce mariage. Mais il
refuse toutefois de reconnaître Mlle ZADI Véronique comme son épouse, car selon
lui, cette union conclue à la hâte n'a pas de valeur.

Mlle ZADI aimerait alors être située sur la validité de l’union contractée avec M.
BABIENTO le 12 janvier 1960. Mlle LENEGRE, quant à elle, aimerait connaître
ses droits à la suite de cette rupture.

DEUX PROBLEMES DE DROIT

1) Quelles sont les conditions de validité d’une union coutumière célébrée en 1960 ?

2) Conditions de mise en œuvre de la responsabilité de M. BABIENTO auteur de


la rupture des fiançailles et le sort des donations échangées par les fiancés.

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I - LES CONDITIONS DE VALIDITE DE L’UNION CONTRACTEE


12/01/1960

- Union célébrée conformément aux règles coutumières Bété => Mariage


coutumier antérieur à la loi de 1964 sur le mariage.

- Textes applicables art. 10 et 11 de la loi N° 64-381 relative aux dispositions


diverses applicables aux matières régies par les lois sur le nom, l'état civil, le
mariage, le divorce et la séparation de corps, la paternité et la filiation,
l'adoption, les successions, les donations entre vifs et les testaments, et portant
modification des articles 11 et 21 de la loi n° 61-415 du 14 décembre 1961 sur
le Code de la nationalité.

A- La validité de l'union au regard de l'Article 11

Article 11 : "La validité au fond des mariages coutumiers antérieurs à 1964 doit
s’apprécier conformément aux coutumes en vigueur à l'époque de la célébration".

=> Application : En l’espèce, il est indiqué dans la consultation que M.


BABIENTO et Mlle ZADI ont célébré leur union conformément aux règles
coutumières Bété.

B- la validité de l’union au regard de l'Article 10

1) Énoncé de l’Article 10

"Les mariages antérieurs à 1964, contractés conformément à la tradition, doivent


être déclarés à l’état civil ou constatés en jugement pour avoir les mêmes effets que
ceux célébrés sous l’empire de la loi de 1964". "Les mariages antérieurs à 1964,
contractés conformément à la tradition, doivent être déclarés à l’état civil ou
constatés en jugement pour avoir les mêmes effets que ceux célébrés sous l’empire
de la loi de 1964".

- La déclaration du mariage coutumier a l'état civil.

- La constatation du mariage par jugement.

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2) Position de la jurisprudence

=> Avant 1976 : L'absence de déclaration du mariage à l'état civil ou défaut de


constatation par jugement ne rend pas le mariage coutumier nul, mais rend
seulement la preuve de ce mariage plus difficile.

=> Revirement de la jurisprudence en 1976 : Le défaut de déclaration ou défaut de


constatation du mariage coutumier entraîne la disqualification de l'union libre ou
concubinage.

Selon cette jurisprudence : Articles 10 et 11 => conditions cumulatives.

Application de la jurisprudence de 1976 : Union coutumière célébrée en 1960 entre


M. BABIENTO et Mile ZADI n’est pas valable en tant que mariage puisqu’aucun
élément du cas ne fait état d’une éventuelle déclaration de l’union coutumière à
l’état civil ou de sa constatation par jugement transcrit sur les fichiers d’état civil.

II- LES CONSÉQUENCES DE LA RUPTURE UNILATERALE DES


FIANÇAILLES

- Rupture unilatérale des fiançailles BABIENTO plus LENEGRE par celui-ci. Mlle
LENEGRE aimerait connaître ses droits.

- Les droits vont résulter d’une part de la mise en œuvre de la responsabilité civile
de BABIENTO (A). D’autre part du sort des donations échangées (B).

A- Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile

BABIENTO auteur de la rupture unilatérale des fiançailles.

=> Enoncé du principe en matière de rupture des fiançailles : liberté de rupture,


fiançailles simple fait juridique. En principe, l’auteur de la rupture n'engage pas sa
responsabilité.

=> Mais, ce principe connaît une exception : la mise en œuvre de la responsabilité


de l'auteur de la rupture si les conditions de l'Article 1382 sont réunies et si la
victime apporte la preuve des fiançailles.

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1) La preuve de l’existence des fiançailles

Preuve libre : Fiançailles étant un simple fait juridique.

Application : En l'espèce, preuve des fiançailles de BABIENTO plus LENEGRE


pourra se faire par témoignages => confère la cérémonie de fiançailles organisée
par la famille de la jeune fille.

2) Les conditions de mise en œuvre de l’Article 1382 du Code Civil

=> La Faute : Rupture des fiançailles fautives est :

 Celle fondée soit sur un motif illégitime ou sur les circonstances de la


rupture : rupture à la veille du mariage.

 En l'espèce, rupture fondée sur un motif illégitime que la jurisprudence


appelle encore rupture sans motif <=> ce motif illégitime consiste en
l'espèce dans l'opposition des parents de M. BABIENTO.

=> Le préjudice : Moral ou matériel. Ici, en l’absence de toute précision sur un


éventuel préjudice matériel, on peut admettre l’existence d’un préjudice moral :
souffrance éprouvée par la jeune française à l’occasion de la rupture => a quitté ses
parents en vue de ce mariage.

=> Le lien de causalité ne pose pas de problème. En l'espèce, si les conditions de


mise en œuvre de l'Article 1382 sont réunies, le juge condamnera M. BABIENTO
à verser des dommages-intérêts à Mlle LENEGRE en raison de la rupture.

En plus des dommages-intérêts, Mlle LENEGRE pourra demander à M.


BABIENTO la restitution des donations.

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B- Le sort des donations échangées par les fiancés

Que la rupture des fiançailles soit unilatérale ou par consentement, qu'elle soit
fautive ou non, le problème du sort des donations se pose.

 Énoncé de la règle en la matière.

 Une distinction entre :

- Cadeaux de valeur : Principe restitution.

- Et les présents d’usage : pas de restitution.

 Application : Les donations échangées constituent-elles des présents d’usage


ou cadeaux de valeur ? Nous allons nous référer au train de vie des fiancés.

=> Pour BABIENTO, étudiant en stage de formation qui vient de perdre sa bourse :
un pagne kita d’une valeur de 150 000 FCFA et une montre en or d'une valeur de
200 000 FCFA constituent des cadeaux de valeur.

Conséquence de la qualification : Mlle LENEGRE doit restituer le pagne kita et la


bague en or que BABIENTO soit l’auteur de la rupture.

=> Pour Mlle LENEGRE, le financement du stage de formation de BABIENTO


peut constituer un cadeau de valeur étant donné que le cas ne précise pas son train
de vie.

Conséquence : BABIENTO devra restituer à Mlle LENEGRE les frais engagés par
celle-ci pour ses études.

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CAS PRATIQUE

Monsieur MELESS DIDIRO, jeune étudiant en Sciences et Technique, âgé de 25


ans, a été l'un des premiers étudiants ivoiriens à obtenir en 1963 une bourse pour
faire des études d’ingénieur en France.

Deux semaines avant son voyage, le 07 août 1963, il a contracté, avec l’accord de
la grande famille, un mariage coutumier avec sa cousine AKPA MARIE JEANNE,
jeune couturière âgée de 22 ans.

Ce mariage, célébré conformément à la coutume Adjoukrou, ethnie de M.


MELESS et de Mlle AKPA, a été déclaré à l’officier de l'état civil de la mairie de
DABOU. Un enfant est né de cette union le 17 mai 1964, MELESS ESSIS
GAETAN.

À la fin de ses études, M. MELES de retour en Côte d’Ivoire le 6 juin 1970, est
nommé Directeur Général de la société d’exploitation minière de l'Afrique de
l’Ouest.

Lors de ses missions à l’intérieur, M. MELESS tombe amoureux d’une sage-


femme, Mlle POKOU MARIE LAURE, âgé de 20 ans.

Cette dernière était fiancée depuis deux ans à M. Honoré Henri ABLO, instituteur
à San-Pédro. Au cours de ces fiançailles, M. ABLO avait offert à la jeune fille une
chaîne stéréo d’une valeur de 800 000 F, il avait également assuré pendant un an
les frais de scolarité de la jeune fille dans un lycée privé.

Depuis quelques mois, les fiancés ont découvert qu'ils n’ont pas la même
conception du mariage. Très attaché aux traditions, M. ABLO rêve de vivre avec
les nombreux neveux et nièces dont il a la charge. Il rêve également d’avoir au
moins sept enfants. Quant à Mlle POKOU, elle rêve d'un foyer à l’européenne.

Eu égard à cette divergence de conception, M. ABLO et Mlle POKOU, décident


d’un commun accord de rompre leurs fiançailles.

Après cette rupture douloureuse, Mlle POKOU accepte la demande en mariage de


M. MELESS DIDIRO et le 25 février 1990, leur mariage est célébré à la mairie de

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San-Pédro en présence du père de la mariée qui a donné son consentement


oralement.

Deux enfants sont nés de cette union : Reine née le 5 décembre 1991 et julien né le
10 août 1992.

En apprenant la nouvelle de ce mariage, deux personnes viennent vous voir :

- M. ABLO qui veut intenter une action en responsabilité contre Mlle POKOU
pour rupture abusive des fiançailles. Il voudrait également que celle-ci lui restitue
la chaîne stéréo et les frais engagés pour sa scolarité.

- Mlle AKPA Marie-Jeanne, mariée coutumièrement le 7 août 1963 avec M.


MELESS, voudrait annuler ce second mariage. Elle voudrait également connaître
la situation des enfants nés du second mariage par rapport à son fils.

- Mlle POKOU Marie-Laure, qui vient juste d'apprendre l'existence de ce premier


mariage, voudrait à son tour demander la nullité de ce mariage, par la disposition
de la loi sur le mariage.

Quels sont les problèmes juridiques posés dans ce cas pratique et leurs
solutions ?

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CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Résumé des faits

M. MELESS DIDIRO a contracté un mariage coutumier le 7 août 1963 avec sa


cousine AKPA Marie Jeanne conformément à la coutume Adjoukrou : ce mariage
a été déclaré à l'officier de l'état civil de la mairie de Dabou. Un enfant est né de
cette union le 17 mai 1964.

Le 25 février 1990, M. MELESS a contracté un second mariage à la mairie de San-


Pédro avec Mlle POKOU Marie Laure, 20 ans, en présence du père de la mariée
qui a donné son consentement oralement. Mlle POKOU ignorait l'existence du
premier mariage. Deux enfants sont nés de ce second mariage en 1991 et 1992.

Avant ce mariage, Mlle POKOU était fiancée à M. ABLO, instituteur, lequel a


assuré les frais de scolarité de la jeune fille et lui a offert par ailleurs une chaîne
stéréo d’une valeur de 800 000 FCFA. Par la suite, le couple a rompu les
fiançailles d'un commun accord en raison de leur divergence de conception de la
vie.

En apprenant le mariage de M. MELESS et de Mlle POKOU, M. ABLO veut


intenter contre celle-ci une action en responsabilité pour rupture abusive des
fiançailles et obtenir la restitution des cadeaux offerts à celle-ci.

Quant à Mlle AKPA, la première épouse, elle voudrait annuler le second mariage.
Il en est de même de Mlle POKOU qui demande la nullité du premier mariage par
application de la loi sur le mariage.

Problèmes juridiques :

- 1er Problème : La rupture des fiançailles engage-t-elle la responsabilité de


Mlle POKOU ? Quelles sont les conséquences de cette rupture notamment en
ce qui concerne les cadeaux offerts ?

- 2e Problème : Il concerne la validité des deux mariages contractés par M.


MELESS.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

I- LA RUPTURE DES FIANÇAILLES

En l'espèce, M. ABLO et Mlle POKOU ont rompu leurs fiançailles d’un commun
accord en raison de leur divergence d'opinion. Cette rupture engage-t-elle la
responsabilité de Mlle POKOU (A) et quelles en sont les conséquences en ce qui
concerne les cadeaux (B) ?

A- Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité de Mlle POKOU

- Énoncé du principe : Liberté de la rupture des fiançailles puisqu'il s’agit d'un


simple fait juridique. Par application du principe, la rupture des fiançailles ne peut
engager la responsabilité.

- Exception : La rupture fautive : C’est le cas lorsque l'auteur de la rupture a rompu


à quelques jours du mariage ou lorsque celle-ci est fondée sur des motifs
illégitimes (Article 1382 du Code Civil).

- En l'espèce, la rupture n'émane pas uniquement de Mlle POKOU. Elle a eu lieu


d'un commun accord des fiancés. Elle ne revêt donc pas par conséquent un
caractère fautif. Elle ne peut donc entraîner la mise en œuvre de la responsabilité
de Mlle POKOU. Nous appliquons en l’espèce le principe.

B- Le sort des cadeaux

- Un principe :

Restitution des cadeaux de valeur : appréciation => eu égard au train de vie, à la


fortune du donateur.

- Application du principe :

Les frais de scolarité plus la chaîne stéréo d’une valeur de 800 000 FCFA ne
peuvent être considérés comme de menus cadeaux. Eu égard au salaire d’un
instituteur (environ 150 000 FCFA), il s’agit de cadeaux de valeur qui donnent lieu
à restitution, peu importe que la rupture soit fautive ou non => Mlle POKOU devra

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

restituer à M. ABLO les sommes dépensées pour sa scolarité et la somme de 800


000 FCFA représentant la chaîne stéréo.

II - LA VALIDITÉ DES MARIAGES CONTRACTES

Deux mariages :

 Le premier avec Mlle AKPA le 7 août 1963 (A)

 Le deuxième avec Mlle POKOU, le 25 février 1990 (B).

A- La validité du premier mariage

Sera examinée au regard des articles 11 et 10, confère mariage coutumier antérieur
à 1964 : (loi 64-381 relative aux dispositions diverses applicables aux matières
régies par les lois sur le nom, l'état civil, le mariage, le divorce et la séparation
de corps, la paternité et la filiation, l'adoption, les successions, les donations
entre vifs et les testaments, et portant modification des articles 11 et 21 de la
loi n° 61-415 du 14 décembre 1961 sur le Code de la nationalité.).

1) Validité du mariage coutumier antérieur à 1964 eu égard aux coutumes


applicables

Condition de l’Article 11 : "La validité au fond, des mariages visés à l'Article


précédent, s’appréciera conformément aux coutumes en vigueur à l’époque à
laquelle ils auront été contractés".

- Application en l’espèce

Il est indiqué dans le cas pratique que ce mariage a été contracté conformément à la
coutume Adjoukrou, ethnie des deux époux => validité du mariage.

2) Validité à l’égard de l'Article 10

29
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

=> Enoncé des conditions prévues par l’Article 10.

Le mariage coutumier antérieur à 1964 a les mêmes effets qu’un mariage conclu
sous l'empire de la loi de 1964 lorsque ce mariage a été :

- Soit déclaré à l’officier de l'état civil ;

- Soit constaté par le jugement transcrit sur les registres de l'état civil.

=> Position de la jurisprudence depuis 1976

Les formalités alternatives prévues par l’Article 10 n’ont pas seulement une valeur
probante, elles conditionnent la validité même du mariage coutumier.

=> Application des dispositions de l’Article 10 et de la jurisprudence postérieure à


1976.

Le mariage de MELESS et de Mlle AKPA, ayant été déclaré à l’officier de l'état


civil de Dabou, il constitue un mariage valable surtout qu’il a été conclu
conformément aux coutumes Adjoukrou comme le prévoit l’Article 11.

Si le premier mariage est valable, par conséquent le second est nul.

B- La nullité du second mariage

Mariage contracte par Mlle POKOU plus MELESS.

1) Causes de la nullité

a) Causes exclues

Mlle POKOU a 20 ans : Elle a atteint l’âge requis par la loi pour se marier (article
1er de la loi sur le mariage).

Mais à 20 ans, Mlle POKOU est mineure : Cause de nullité exclue également
puisqu'il est indiqué que le Père de Mlle POKOU a donné son consentement
oralement lors de la cérémonie.

30
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

b) Cause de nullité retenue : La bigamie

Ne peut contracter de mariage celui qui est dans les liens d’un premier mariage non
dissous soit par divorce, soit par décès => cas de M. MELESS.

2) Les conséquences de la nullité du second mariage

a) Effets normaux de la nullité : rétroactivité

Anéantissement du mariage aussi bien dans le passé que dans l'avenir tant en ce qui
concerne les époux que les enfants.

b) Exception à la rétroactivité : le mariage putatif

Définition : Le mariage putatif est un mariage nul, mais sans les effets rétroactifs.

Conditions de la putativité :

Pour bénéficier en principe de la putativité, il faut être de bonne foi.

- La bonne foi s'apprécie au moment de la célébration du mariage => démontrer


qu'on ignorait en ce moment la cause de nullité du mariage.

- Application à Mlle POKOU : Au moment de la célébration de son mariage, elle


ignorait que M. MELESS était déjà marié. Elle ne l'a appris que par la suite à
l’occasion de la demande en nullité de la première épouse.

- Situation de l’épouse de bonne foi : concerne les effets produits par le mariage
dans le passé, le mariage ne disparaît que pour l’avenir : ainsi, Mlle POKOU
conserve la qualité d’époux pour le passé. Elle pourra ainsi invoquer l’existence de
son mariage pour la liquidation du régime matrimonial.

Puisqu’elle est de bonne foi, Mlle POKOU conservera sa qualité de mère légitime
envers les deux enfants du mariage.

L'exception : Les enfants issus du mariage nul, conservent la qualité d'enfants


légitimes, peu importe la bonne ou la mauvaise foi de leurs parents.

31
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Dans sa livraison du 9 septembre 1991, l’hebdomadaire "fouille-poubelles" a fait


paraître deux photographies relatives à Monsieur SANFOI NILOI, homme
politique célèbre ivoirien.

La première image montrait Monsieur SANFOI NILOI en compagnie de sa femme,


Madame SANFOI NILOI Putatity et de leur deux enfants : Innocent, 21 ans et
Minette 17 ans, avec la légende suivante : "jamais deux sans trois".

La seconde image représentait Monsieur SANFOI NILOI sur la plage de sa


résidence secondaire, embrassant à pleine bouche Mademoiselle Gazeuse ; cette
dernière photo avait en légende : "l'état infidèle, va-t-on vers un troisième
mariage ?".

A la suite de cette parution, Mlle NEFERTITY sujette aux railleries de son


entourage décide de mettre fin à ses relations avec Innocent. Mais elle garde la
bague en diamant offerte pour leurs fiançailles, ainsi que la Mercedes 190E reçue à
cette occasion.

De son côté, Madame SANFOI NILOI apprend que son mari avait déjà été marié
et que sa première femme l’avait quitté tout en refusant de divorcer pour des
raisons religieuses.

Très déçus par toutes ces cachotteries de son mari, Madame SANFOI NILOI
Putatity décide de mettre fin à son union avec lui. Elle voudrait savoir si cela serait
possible et quelles en seront les conséquences ?

Quant à Monsieur SANFOI NILOI, il en veut à l’hebdomadaire "Fouille-


poubelles", auquel il entend régler les comptes sur le plan juridique.

Le jeune Innocent, toujours amoureux de Mademoiselle NEFERTITY voudrait


savoir ce qu’il peut faire. Aucun document n'est autorisé.

32
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

I- LA SITUATION DE MONSIEUR SANFOI NILOI (PROBLEME DE


RUPTURE DE SON MARIAGE ET DES CONSEQUENCES)

A- Rupture de son mariage

Fondement de cette rupture : bigamie, cause de nullité absolue du mariage

B- Conséquences

 La nullité entraîne en principe la disparition du mariage à la fois pour le


passé et pour l'avenir.

 Exception, mariage putatif (époux de bonne foi) auquel cas les effets du
mariage sont conservés pour le passé envers l'époux de bonne foi ; en
l’espèce, Mme SANFOI est de bonne foi (méconnaissance de la première,
union, déception, etc.)

 Conséquences : jusqu'à l’annulation, le mariage conserve à son égard tous


les effets de la validité :

- Elle peut donc conserver le port du nom de son mari ;

- Les enfants sont considérés comme légitime ;

- Elle conserve l’autorité parentale et a donc le droit de garde de l’enfant mineur


(minette 17 ans) ;

- Possibilité d’obtenir des dommages-intérêts ou de pension.

33
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

II- LA SITUATION DE MONSIEUR SANFOI NILOI (PROBLEME DE


DROITS DE LA PERSONNALITE)

A- Droit à l'image (du fait de la publication des photos)

- Principe : Toute personne a un droit sur son image ;

- Ce droit est sanctionné par la jurisprudence sur le fondement de l’article 1382.

 La faute : publication de la photo (avec sa famille ou dans sa résidence


privée) sans son consentement — éléments de la vie privée, même homme
politique.

 Préjudice : contrairement à la première photo, la seconde crée un préjudice


moral et matériel. Moral => son fils perd sa fiancée ; sa femme s'en va.
Matériel => le coût de la nullité du mariage, l’enrichissement sans muse de
l’hebdomadaire (éventuel).

 Le lien évident entre la faute et le préjudice entraîne la séparation.

B- L'atteinte à la vie privée (Les légendes suivants, les photos, le fond de la


deuxième photo)

 Faute : Propos, insinuations malveillantes et de caractère diffamatoire sur la


vie privée.

 Préjudice : Moral et matériel comme ci-haut.

 Le lien : dommageable oui.

=> Sanction : dommages-intérêts ; saisie

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

III- LA SITUATION D'INNOCENT (PROBLEME : CERTAINES


CONSÉQUENCES DE LA RUPTURE DES FIANÇAILLES)

A- Le principe de la liberté de la presse

1) Absence d’obligation de mariage (Innocent ne pourra pas contraindre sa fiancée


au mariage)

2) L'éventualité d’une séparation pour rupture.

- Absence de faute (de part et d'autre)

- Absence de réparation.

B- La restitution des cadeaux

1) Bague

2) Mercedes

Pour la présentation générale, le raisonnement, style, etc.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

TRAITEZ EN TROIS HEURES LE SUJET DE CAS PRATIQUE CI-


DESSOUS

Monsieur BAGNON BOGOSS a vu le jour à GAGNOA le 05 février 1960.

Dès l’âge de 20 ans, il s’est follement épris de Mademoiselle TINCLERE Awlaba


alors âgée de 18 ans.

Le 12 juin 1986 est née des œuvres de BAGNON BOGOSS et de TINCLERE


AWLABA, un enfant de sexe féminin, dénommée BAGNON Trésor, tel que
l'atteste son extrait de naissance établit sur déclaration du père.

Le couple BAGNON BOGOSS et TINCLERE AWLABA, bien que non mariés et


ayant des domiciles distincts, vivait en parfaite harmonie.

Malheureusement, le 15 mars 1991, la mort arrachait TINCLERE AWLABA à


l'affection de sa fille et de son concubin.

Encore sous le poids de cette douleur insurmontable qu’il tente vainement de noyer
dans l'alcool et la musique assourdissante des boîtes de nuit, Monsieur BAGNON
sera soumis à une nouvelle épreuve à travers la requête en date du 19 octobre 1991,
présentée par la demoiselle TINCLERE WEREWERE, sœur aînée de la défunte,
aux fins d'obtenir la garde juridique de BAGNON Trésor.

Monsieur BAGNON entend résister aux prétentions de Mademoiselle TINCLERE


WEREWERE.

Les deux protagonistes viennent vous voir. Que leur conseillez-vous ?

Aucun document n'est autorisé.

36
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Les faits

Monsieur BAGNON BOGOSS et Mademoiselle TINCLERE AWLABA sont des


concubins, majeurs, et parents de la mineure BAGNON Trésor qu’ils ont reconnue.

Suite au décès de sa concubine, Monsieur BAGNON BOGOSS mène une vie de


débauche. Aussi, la sœur aînée de sa concubine, Mademoiselle TINCLERE
WEREWERE souhaite-t-elle assurer dorénavant la garde de sa nièce BAGNON
Trésor, même contre le gré de Monsieur BAGNON BOGOSS.

La question de droit qui se pose en l'espèce est celle de savoir si une tante peut
obtenir la garde de sa nièce contre le gré du père naturel.

Afin de conseiller utilement les deux protagonistes, il convient, dans un premier


temps, d’affirmer le droit pour Monsieur BAGNON BOGOSS d’assurer la garde
de sa fille, puis dans un second temps, d’examiner la possibilité d’un transfert de
ce droit à Mademoiselle WEREWERE.

I- MONSIEUR BAGNON BOGOSS, TITULAIRE DU DROIT DE GARDE


DE SA FILLE

Le droit pour Monsieur BAGNON BOGOSS d’avoir la garde de sa fille trouve son
fondement dans l’autorité parentale et ses limites dans l'intérêt de l’enfant.

Pour les enfants nés hors mariage (cas de BAGNON Trésor), l’Article 9 de la loi
2019 sur la minorité prévoit que l’autorité parentale appartient, en principe, à
celui des deux parents qui a reconnu, en premier l’enfant : en l’espèce, BAGNON
Trésor a été reconnu par son père dès la naissance. C’est donc Monsieur BAGNON
BOGOSS qui, en principe, exerce l’autorité parentale.

Or la garde de l’enfant est l’un des attributs de l’autorité parentale. Le droit de


garde revient donc en principe à Monsieur BAGNON BOGOSS. Certes, l’Article
20 de la loi de 2019 sur la minorité dispose : " Si la personne à laquelle l’enfant a
été confié dans les conditions fixées aux articles précédents décède ou si l’intérêt

37
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

de l’enfant l’exige, le Juge des tutelles statue d’office ou sur requête de tout
intéressé sur le sort du mineur".

Mais la notion de "tout intéressé" doit s’entendre ici du père ou de la mère de


l'enfant mineur ou d’un tiers.

Aussi, la garde de l’enfant mineure BAGNON Trésor qui serait confiée à sa tante
trouver désormais un fondement juridique dans l’Article 20 loi précitée.

Il est donc possible, eu égard aux faits de l’espèce, de transférer à Mademoiselle


TINCLERE WEREWERE la garde de sa nièce BAGNON Trésor.

II- LE TRANSFERT POSSIBLE A MADEMOISELLE TINCLERE DU


DROIT DE GARDE SUR LA MINEURE BAGNON TRESOR

Deux possibilités :

- L'assistance éducative ;

- La déchéance de Monsieur BAGNON et le retrait

A- L'ASSISTANCE EDUCATIVE (article 27 al 2 de la loi de 2019 sur la


minorité)

- Comportement de Monsieur BAGNON BOGOSS (vie de débauche) compromet


la sécurité, la moralité et l’éducation de BAGNON Trésor.

- Juge des tutelles peut confier la garde de BAGNON Trésor à sa tante (placement
du mineur).

- Monsieur BAGNON BOGOSS sera cependant, obligé de continuer à entretenir sa


fille en versant une pension alimentaire (article 31).

38
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

B- LA DECHEANCE ET LE RETRAIT DES DROITS DE L’AUTORITE


PARENTALE (Article 21 et 26 de la loi de 2019 sur la minorité)

- Déchéance facultative qui interviendra à la demande de la tante, en dehors de


toute condamnation pénale, parce que Monsieur BAGNON BOGOSS compromet
la sécurité et la moralité de sa fille (Article 20).

- Monsieur BAGNON BOGOSS pourra à l’expiration d'un délai d’un an à compter


de la décision, intenter une action en restitution de ses droits.

39
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Le 16 mai 1991, Mlle DIOMANDE NAFISATOU a donné naissance à un enfant


de sexe masculin déclaré à l'état Civil de la commune de Bouaké, par elle-même,
sous le prénom de SEKOU.

Le 24 juin 1992, M. AKOSSY, père de l'enfant, a reconnu celui-ci à la mairie de


Bouaké. À cette occasion, l’officier de l'état civil de Bouaké lui a délivré une copie
de l’acte de naissance de l’enfant le désignant sous le patronyme et le prénom de
KOSSY SEKOU.

Mlle DIOMANDE, étudiante en dernière année de médecine, effectue des gardes


de nuit, trois fois dans la semaine, au C.H.U. de Yopougon, laissant l’enfant
SEKOU à la seule compagnie de sa nièce âgée de douze ans.

Le 24 octobre 1993, M. AKOSSY, qui vient de se marier avec Mlle SOROKO


Marie-Louise, voudrait obtenir la garde de l'enfant en invoquant l’insécurité dans
laquelle les absences répétées de la mère mettent l'enfant.

Très attachée à son fils, Mlle DIOMANDE refuse de se séparer de lui. Elle
s’interroge par ailleurs sur la légalité de la copie de l’acte de naissance désignant
l’enfant sous le nom patronymique AKOSSY.

Les deux antagonistes viennent vous consulter. Renseignez-les utilement sur leurs
droits et sur les voies qu’ils doivent emprunter pour les faire reconnaître.

Aucun document n'est autorisé.

40
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

- Le 16 mai 1991 : Naissance d’un enfant de sexe masculin déclaré à l'état civil par
sa mère, Mlle DIOMANDE, sous le prénom de SEKOU.

- Le 24 juin 1992, reconnaissance de l’enfant SEKOU par son père M. AKOSSY.


Une copie de l'acte de naissance comportant le seul patronyme d’AKOSSYest
délivré au père.

- Le 24 octobre 1993, M. AKOSSY qui vient de se marier, veut obtenir la garde de


l'enfant SEKOU en invoquant l’insécurité créée par les gardes de nuit, effectuées
trois fois dans la semaine par Mlle DIOMANDE ; l’enfant étant laissé à la seule
compagnie d'une nièce âgée de 12 ans.

- Mlle DIOMANDE qui refuse, s'interroge à son tour sur la légalité de la copie de
l'acte de naissance comportant le seul nom AKOSSY.

Ce cas pratique pose deux problèmes juridiques.

1) Quelles sont les conditions d'attribution de la garde de l’enfant naturel


simple ?

2) Quel est le nom patronymique d'un enfant naturel reconnu en second lieu
par son père ?

41
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

I- LES CONDITIONS D'ATTRIBUTION DE LA GARDE D'UN ENFANT


NATUREL

Mlle DIOMANDE et M. AKOSSY, mère et père naturels de l’enfant SEKOU,


voudraient l’un et l’autre exercer le droit de garde. Ce conflit entre les deux parents
pose le problème des conditions d’attribution de la garde d'un enfant naturel.

Il existe en la matière :

- Un principe (A)

- Une exception (B).

A- La solution de principe

La garde constitue l’un des attributs de l’autorité parentale.

L’attribution du droit de garde à l'un des deux parents est liée à l’attribution et à
l'exercice de l’autorité parentale dans la famille.

 Énoncé de la règle (Art. 9)

À l’égard des enfants naturels, c'est le parent qui reconnaît le premier l'enfant qui
exerce les droits de l’autorité parentale.

Lorsque la filiation est établie à l’égard de la mère et du père, l'autorité parentale


est exercée par les deux parents.

S’il s’élève un conflit entre les père et mère relativement à l’exercice de l’autorité
parentale, le juge, saisi par le parent le plus diligent, statue en considérant l’intérêt
de l'enfant.

42
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

 L'application de la règle

En l’espèce, l’enfant AKOSSY a été reconnu en second lieu par son père le 24 juin
1992. Pour que ce dernier puisse exercer les droits de l’autorité parentale dont le
droit de garde, il nous faut vérifier que cette reconnaissance a été effectuée dans
l'année de la reconnaissance faite par la mère.

L'enfant est né le 16 mai 1991. Le cas pratique indique qu'il a été déclaré à l'état
civil par sa mère sans indiquer une autre date. L'on suppose par conséquent que la
déclaration a été faite le jour même de la naissance.

Cette déclaration de naissance faite par la mère elle-même, vaut reconnaissance de


l’enfant par celle-ci notamment lorsque l’acte de naissance de l'enfant indique le
nom de la mère.

Le père n'a reconnu l'enfant que le 24 juin 1992. Cette reconnaissance de l'enfant
par son père intervenue plus d'un an après celle faite par la mère (16 mai 1991 —
16 mai 1992 => un an. 24 juin 1992 => un an et 20 jours.

L’autorité parentale sera donc exercée par Mlle DIOMANDE, la mère. C’est par
conséquent Mlle DIOMANDE qui aura la garde de l’enfant si l’on appliquait les
dispositions de l'Article 9 al 1 de la loi de 2019 sur la minorité.

Mais cette solution connaît une exception.

B- L'exception

Les règles normales d'attribution de l’autorité parentale dans la famille naturelle


peuvent être modifiées par le juge des tutelles lorsque l'intérêt de l'enfant l'exige.

L'intérêt de l'enfant est la condition prévue à l’Article 9 alinéa 3 de la loi de 2019


sur la minorité pour modifier les règles d'attribution et d'exercice de l’autorité
parentale.

Mais comment apprécier l’intérêt de l’enfant

En l'espèce, le juge des tutelles s'il est saisi par M. AKOSSY, tiendra compte de
deux éléments :

43
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

- le fait qu'au cours des gardes hebdomadaires effectuées par la mère, l'enfant
SEKOU, âgé à peine de deux ans, soit confié à une jeune nièce de 12 ans.

- Le fait que M. AKOSSY qui vient de se marier, est à même d'offrir à l’enfant un
cadre familial.

 La prise en compte de l'intérêt de l'enfant par le juge

Aura pour conséquence la modification des règles d'attribution et d'exercice de


l’autorité parentale : le juge des tutelles va accorder par jugement l’exercice de
l’autorité parentale à M. AKOSSY en faisant droit à sa demande.

II- LE NOM PATRONYMIQUE DE L’ENFANT NATUREL

L'enfant SEKOU a d'abord été reconnu par sa mère, ensuite par son père

Quel doit être le nom patronymique de cet enfant DIOMANDE ? AKOSSY ou


DIOMANDE-AKOSSY ? Telle est la question que se pose Mlle DIOMANDE qui
s’interroge sur la légalité de la copie de l'acte de naissance qui désigne son fils sous
le seul patronyme d'AKOSSY.

L’Article 3 de la loi de 1964 sur le nom modifiée en 1983 nous donne la réponse
sur la question :

- Une solution de principe (A)

- Et deux exceptions (B).

44
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

A- La solution de principe : le port par l'enfant d'un nom patronymique


double

Cette solution résulte des dispositions de l’Article 3, alinéa 4 de la loi sur le nom :
lorsque la filiation de l’enfant est établie en second lieu à l’égard du père, le nom
de ce dernier est ajouté au nom de la mère.

En l’espèce, l’enfant ayant été déclaré à l'état civil par sa mère, il porte le nom de
celle-ci : le nom patronymique DIOMANDE.

Il s’agira après la reconnaissance par son père, d’ajouter au nom DIOMANDE le


nom AKOSSY. Par conséquent le nom de l’enfant sur l’acte de naissance doit être
DIOMANDE-AKOSSY SEKOU.

B- Les exceptions

Sur le consentement de la mère donné par acte authentique, l'enfant reconnu en


second lieu par son père pourra :

- Soit porter le seul nom de son père (en l'espèce, le nom AKOSSY). Il y aura
substitution du nom AKOSSY au nom de famille DIOMANDE que l’enfant
SEKOU portait déjà.

- Soit inverser l’ordre des noms patronymiques. Tout en conservant le nom


patronymique double, avec le consentement de la mère, le nom du père viendra en
premier et celui de la mère en second. En l’espèce, l’enfant portera le nom
AKOSSY-DIOMANDE.

En l’espèce, aucune des exceptions énoncées ci-dessus n’est applicable en


l'absence de tout consentement donné par Mlle DIOMANDE. Par conséquent,
celle-ci est en droit de demander la rectification du nom patronymique figurant sur
la copie de l'acte de naissance de l’enfant. Elle devra à cette fin intenter une action
en rectification afin que le nom de l’enfant SEKOU soit désormais DIOMANDE-
AKOSSY et non seulement le patronyme AKOSSY.

45
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

TRAITEZ EN TROIS HEURES LE SUJET DE CAS PRATIQUE CI-


DESSOUS

Monsieur OUEDRAOGO-ZOUGRANA OLIVIER et dame TEHOUA AKISSI


SOLANGE sont mariés depuis le 02 août 1970. Une année plus tard, est né de leur
union un enfant de sexe masculin ayant pour patronyme OUEDRAOGO
ZOUGRANA et pour prénom TABSOBA.

Monsieur OUEDRAOGO-ZOUGRANA TABSOBA est à bout de nerfs. Il est


écœuré et révolté par les incessantes tracasseries administratives et policières dues
à ses noms et prénoms qui le font passer pour un non ivoirien.

Il voudrait mettre un terme à cette situation et vient solliciter votre assistance


juridique.

Il vous informe par ailleurs que sa mère n’avait qu’un seul frère, TEHOUA ADOU
EUGENE, lequel est décédé sans avoir procréé.

Conseillez-le utilement tout en lui indiquant la procédure à suivre pour


aboutir à ses fins.

Aucun document n'est autorisé.

46
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

LES FAITS

- TEHOUA ADOU EUGENE est décédé sans avoir procréé laissant son unique
sœur, dame TEHOUA AKISSl SOLANGE.

- Le 2 août 1970, dame TEHOUA AKISSI SOLANGE et Monsieur


OUEDRAOGO-ZOUGRANA OLIVIER se marient.

- En 1971, de leur union, naît l’enfant OUEDRAOGO-ZOUGRANA TABSOBA.

- Devenu aujourd’hui majeur, ce dernier souhaiterait mettre un terme aux


tracasseries administratives et policières dues à ses noms et prénoms à consonance
étrangère.

Le problème juridique qui se pose est donc celui de savoir si Monsieur


OUEDRAOGO-ZOUGRANA TABSOBA peut changer de noms et prénoms à
consonance étrangère au profit de noms et prénoms typiquement ivoiriens ?

En l’espèce, il s’agit de se demander si en Côte d’Ivoire, il est possible, en dehors


de tout changement d’État, de changer de nom et/ou de prénom.

Afin de répondre de façon claire et précise à cette interrogation, nous examinerons


tout d’abord l’hypothèse du changement de nom (1ère partie) pour ensuite
envisager celle du changement de prénom (2e partie).

I- MONSIEUR OUEDRAOGO-ZOUGRANA TABSOBA PEUT-IL


CHANGER DE NOM ?

En principe, le nom est attribué à un individu et celui-ci ne peut pas le changer


(principe de l’immutabilité du nom). Cependant, la loi ivoirienne prévoit deux
possibilités concernant le changement de nom :

- L’Article 7 de la loi relative au nom vise l’hypothèse du relèvement du nom de


son ascendant par adjonction au sien propre.

47
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

- L’Article 4 et 5 des dispositions transitoires visent le changement de nom par


substitution du nom de l'un de ses ascendants au sien propre.

Dès lors, Monsieur OUEDRAOGO-ZOUGRANA TABSOBA peut-il se prévaloir


de l’un des cas de relèvement du nom ?

A- LE RELEVEMENT PAR ADJONCI'ION

Dans ce premier cas, la loi est assez stricte.

Il faut que celui qui demande le relèvement ait un ascendant commun avec le
dernier représentant même de la famille, celui-ci étant lui-même décédé sans
postérité mâle.

Qu’en est-il en l’espèce ?

Il résulte des faits que TEHOUA ADOU EUGENE, dernier fils de la famille
TEHOUA est mort sans laisser d’enfant mâle, alors que sa sœur TEHOUA AKISSI
SOLANGE s’est mariée et a eu un garçon (qui est donc le neveu du décédé). Ce
neveu qui porte déjà le nom de son père peut demander à porter en l’ajoutant, le
nom de son oncle TEHOUA. Ce qui donnerait OUEDRAOGO-ZOUGRANA
TEHOUA.

Cependant, le cas du relèvement par adjonction est à écarter pour deux raisons :

- La première est d'ordre purement juridique ; en effet, l’Article 10 de la loi relative


au nom dispose : "... en aucun cas, il ne peut y avoir adjonction d’un nom à un nom
patronymique double et réciproquement".

Or, en l'espèce, OUEDRAOGO-ZOUGRANA est un nom patronymique double.


Par conséquent le nom TEHOUA ne peut lui être adjoint.

- La seconde raison est d’ordre pratique : en effet, le relèvement par adjonction ne


résout pas les préoccupations du requérant (nom à consonance étrangère).

48
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Il nous faut dès lors examiner le cas du relèvement par substitution (B).

B- LE RELEVEMENT PAR SUBSTITUTION

Cette seconde possibilité est prévue par les dispositions transitoires de la loi N° 64-
381 du 7 octobre 1964 relatives aux dispositions diverses applicables aux
matières régies par les lois civiles de 1964. Aux termes de l'Article 4, "Tout
individu peut demander pour son compte et pour celui de ses enfants mineurs nés
ou à naître, à porter le nom de l'un de ses ascendants".

Ce cas de changement de nom est soumis à des conditions libérales : il suffit de


montrer que l’on descend bien de cet ancêtre.

Monsieur OUEDRAOGO-ZOUGRANA TABSOBA pourra donc demander à


porter le nom TEHOUA en lieu et place de OUEDRAOGO-ZOUGRANA, en
montrant que son grand-père maternelle s'appelait TEHOUA.

Pour exercer ce droit, il devra faire une déclaration devant l'officier de l'état civil
du lieu de son domicile (article 8 loi relative au nom).

La déclaration sera transmise au tribunal (ou à la section du tribunal) dans le


ressort duquel elle a été reçue.

Le tribunal, en chambre du conseil, prononcera l’homologation de la déclaration et


ordonnera la rectification des actes de l'état civil qui sera poursuivie à la diligence
du ministère public (article 9 loi précitée).

Ainsi aux termes de la procédure, OUEDRAOGO-ZOUGRANA TABSOBA sera


devenu TEHOUA TABSOBA. Le prénom TABSOBA étant également à
consonance étrangère, ne peut-il pas être changé ?

49
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

II- MONSIEUR OUEDRAOGO-ZOUGRANA TABSOBA PEUT-IL


CHANGER DE PRENOM ?

Le prénom est, en principe, immuable.

Cependant, la loi relative au nom permet le changement de prénom : en effet,


l'Article 11 de la loi relative au nom, modifiée par la loi de 1983 dispose :

"Toute personne justifiant d'un intérêt légitime peut solliciter du Tribunal la


modification de son ou de ses prénoms ou l’adjonction de nouveaux prénoms à
ceux mentionnés sur son acte de naissance".

En l’espèce, mettre un terme aux tracasseries administratives et policières


constituent, à n'en point douter, un intérêt légitime pour le requérant ; il pourra
donc solliciter la modification de son prénom TABSOBA au profit d’un autre
choisi librement — mais parmi ceux figurant dans les différents calendriers ou
ceux consacrés par les usages et les traditions ivoiriennes (article 6 de la loi
relative au nom).

CONCLUSION GENERALE

Monsieur OUEDRAOGO-ZOUGRANA TABSOBA peut changer de nom et de


prénom.

50
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Monsieur ADJOVI GÉRARD, 25 ans, est infirmier d’état à la clinique privée


"L'enfant Jésus" de Marcory depuis 1984.

Le 25 août 1994, M. ADJOVI a assisté au stade HOUPHOUËT-BOIGNY au


concert géant donné par le célèbre chanteur BETA DOUM.

Le 15 septembre 1994, M. ADJOVI a découvert dans l'hebdomadaire "Les oreilles


de la nation" une photo de lui au cours du concert géant, illustrant un article du
journaliste LABBE RALPH sur les jeunes drogués.

Le 17 septembre 1994, le Directeur de la clinique "L’enfant Jésus" a convoqué M.


ADJOVI pour l’informer de sa décision de le licencier ; la publication de la photo
de M. ADJOVI dans un article relatif à la drogue jette un discrédit sur le personnel
de la clinique.

Désemparé, M. ADJOVI vient vous voir, car il désire intenter une action
contre l'hebdomadaire "Les oreilles de la Nation".

Conseillez-le utilement

51
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

Monsieur ADJOVI, infirmier d’état à la clinique "L'enfant Jésus" de Marcory


découvre dans l'hebdomadaire "Les oreilles de la Nation" du 15 septembre 1994
une photo de lui prie au cours du concert géant donné par BETA DOUM au stade
HOUPHOUET-BOIGNY.

Cette photo illustrait un article relatif aux jeunes drogués.

Suite à cette publication, M. ADJOVI est licencié par le Directeur de la clinique


qui considère que ladite publication jette un discrédit sur le personnel de la clinique.

Monsieur ADJOVI veut intenter une action contre l’hebdomadaire "Les oreilles de
la Nation".

PROBLÈMES DE DROIT

- La publication de la photo de M. ADJOVI, prise au cours d’un concert géant au


stade HOUPHOUET-BOIGNY porte-t-elle atteinte au droit à l’image de celui-ci ?

- L'utilisation de cette photo pour illustrer un article sur les drogués porte-t-elle
atteinte au droit à l’honneur de M. ADJOVI ?

I- L’ATTEINTE AU DROIT A L’IMAGE

- L’action que M. ADJOVI pourra intenter contre l’hebdomadaire "Les oreilles de


la Nation" est une action en responsabilité civile pour l’atteinte à son droit à
l'image.

- En l’absence de texte spécifique en la matière en droit ivoirien, le fondement de


cette action en responsabilité sera l’Article 1382 du Code Civil dont la mise en
œuvre exige la réunion de trois conditions :

52
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

 Une faute (A)

 Un préjudice (B)

 Un lien de causalité (C)

 Et si ces conditions cumulatives sont réunies, il nous faudra indiquer à M.


ADJOVI les modes de réparations (D).

A- L'existence d'une faute

1) Le principe

En principe, la publication de l’image d’une personne sans son consentement


constitue une faute susceptible d’engendrer la mise en œuvre de l'a responsabilité
civile de l’auteur de la publication.

Si l’on appliquait le principe en l'espèce, la publication de la photo de M. ADJOVI


sans que le cas pratique ait fait état d’un consentement de celui-ci constituerait une
faute commise par l’hebdomadaire "Les oreilles de la Nation“.

Mais ce principe connaît des exceptions.

2) Les exceptions

a) Photo prise dans un lieu public

Lorsqu'il s'agit d’une photo prise dans un lieu public, le consentement express de
l’intéressé n’est pas exigé. La jurisprudence considère qu’il y a un consentement
tacite. Par conséquent, la publication de l’image ne constitue pas un fait fautif.

En l'espèce, l'exception s'appliquerait. Il s'agit d’une photo prise au cours d'un


concert géant au stade HOUPHOUET-BOIGNY, un lieu public.

53
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

b) Photo, utilisation du consentement tacite à d'autres fins

La photo de M. ADJOVI prise dans un lieu public, d'où consentement tacite de


celui-ci, a été utilisée à d'autres fins, pour illustrer un article sur les drogués.

Nous sommes donc dans l’exception de l’exception : le fait d’avoir utilisé la photo
prise avec le consentement tacite de M. ADJOVI à d’autres fins constitue un fait
fautif. Il y a en quelque sorte "dépassement" du consentement ou autorisation
donnée implicitement.

Si la faute existe, qu'en est-il du préjudice ?

B- L’existence d’un préjudice

Définition : Le préjudice est le dommage subi par la victime de publication. Le


préjudice peut être matériel ou moral.

Qu’en est-il en l’espèce ?

À la suite de la publication de la photo de M. ADJOVI :

- Celui-ci a été licencié. La perte de son emploi constitue par conséquent le


préjudice matériel subi par lui.

- Le préjudice subi est aussi moral, la publication de l’image de M. ADJOVI pour


illustrer un article sur les drogués fait penser qu’il est aussi un drogué.

Si le préjudice existe, qu’en est-il du lien de causalité ?

C- L'existence d’un lien de causalité

Définition : Le lien de causalité est un lien de cause à effet entre la faute commise
et le préjudice subi.

54
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Pour satisfaire à cette exigence, M. ADJOVI devra démontrer au tribunal que son
licenciement (préjudice matériel) et le discrédit qui entache sa réputation
(préjudice moral) sont les conséquences directes de la publication de son image
dans l’hebdomadaire "Les oreilles de la Nation".

L’existence de ce lien de causalité ne pose pas de problème en l’espèce : la


décision de licencier M. ADJOVI résulte sans équivoque de la publication de
l'image de celui-ci pour illustrer un article sur les drogués. Le Directeur de la
clinique a précisé que cette publication jette un discrédit sur le personnel de la
clinique.

D- Les modes de réparation

L'existence des trois conditions cumulatives de mise en œuvre de l’Article 1382 du


Code Civil va emmener le tribunal à prononcer trois sortes de sanctions à
l’encontre de l’hebdomadaire "Les oreilles de la Nation".

 Condamnation de l’hebdomadaire "Les oreilles de la Nation" à verser des


dommages-intérêts dont le montant est fixé par le tribunal.

 En plus des dommages-intérêts, la saisie des numéros de l'hebdomadaire


"Les oreilles de la Nation" contenant la publication litigieuse afin de cesser
l’atteinte au droit à l'image pour l'avenir.

 Saisies + destruction des clichés.

II- L'ATTEINTE AU DROIT A L'HONNEUR

M. ADJOVI disposera de ce fait de 2 instruments :

 Mettre en œuvre la responsabilité civile de l'hebdo. (A).

 Mettre en œuvre la responsabilité pénale de l'auteur de la publication

55
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

A- Mise en œuvre de la responsabilité civile de l'hebdo

 Fondement de l'action : article 1382 du Code civil.

 L'existence de la faute. Le fait de publier la photo de M. ADJOVI pour


illustrer, un article relatif aux drogués constitue un fait qui porte atteinte à
l'honneur et à la considération de M. ADJOVI. Même en l'absence de tout
commentaire, ce fait assimile M. ADJOVI aux drogués dont il est question
dans l'Article.

 L'existence d'un préjudice : Préjudice matériel (perte de son emploi) +


préjudice moral (discrédit sur sa réputation) voir démonstration dans la 1ère
partie.

 L'existence d'un lien de causalité (voir 1ère partie).

 Mode de réparation : Dommages-intérêts + droit de réponse.

B- La mise en œuvre de la responsabilité pénale de l’auteur de la publication

Pour diffamation.

Sanctions : Peines d’emprisonnement + amandes.

56
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUES

Traitez les cas suivants :

I- Grand organisateur de spectacles dans les années 1970, KONAN James, dit
Blofouê, a parcouru toute la Côte d’Ivoire avec les talentueux artistes musiciens du
pays de la sous-région.

S’étant reconverti depuis dix ans dans le négoce du Cacao, il s'est installé à
Abidjan avec son épouse, rencontrée à Lomé, lors d’un concert organisé avec le
célèbre musicien Congolais Tahuley Rochereau.

Depuis, ils se sont mariés, mais malheureusement aucun enfant n'est venu jusqu’à
ce jour, conforter leur bonheur. Et toutes les tentatives notamment médicales, sont
demeurées vaines.

C'est alors qu’au moment où les discussions entre lui et son épouse aboutissaient à
la décision d'adopter un enfant, en début d’année 1998, qu'il s'est souvenu qu’en
1979, il avait fait la connaissance de dame Salimata DANTE à Bouaké, lors du
mémorable concert organisé avec Bembeya Djazz de Guinée.

Salimata DANTE l'avait suivi à Abidjan où ils ont vécu pendant 10 mois, malgré
l’opposition de ses parents qui estimaient qu'ils n'étaient pas du même groupe
ethnique. Ne pouvant plus supporter cette situation, Salimata DANTE est partie de
la maison alors qu’elle portait une grossesse de cinq mois.

Quelques mois après, elle accoucha d'un garçon, précisément le 13 février 1980, à
Bouaké, qu’elle déclara à l'état civil sous le nom de DANTE Alain Espérance.

Avant la fin de l'année dernière, KONAN James en a parlé à sa femme légitime qui
ne voit pas d’inconvénient à ce qu’il reconnaissance aujourd'hui Alain.

Parallèlement, il avait entrepris des démarches auprès de la famille DANTE afin de


lui présenter ses excuses.

Le week-end dernier, il s'est rendu à Bouaké pour mettre fin à la mauvaise


intelligence qui a prévalu entre les deux familles toutes ces années durant.

57
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Aujourd'hui, il veut reconnaître DANTE Alain Espérance afin qu’il porte


désormais son nom KONAN.

Le peut-il ? Conseillez-le.

II- En service à la société N'NADE, ADAMA Samba avait adhéré, En août 1997, à
une police d’assurance groupe souscrite par son employeur pour son personnel,
auprès de la compagne Wouya Wouya d'assurance sur la Vie, laquelle garantissait,
en cas de décès, le paiement d'un capital d'un montant de 200 % du salaire de base,
majoré de 30% par enfant à charge vivant au foyer de l’assuré,

Déjà père de 5 enfants dont trois issus d’un premier mariage, ADAMA a désigné
comme bénéficiaire de l'assurance groupe sa seconde épouse, Coulibaly ADJATA,
et à défaut ses enfants. ADAMA décède le 1er octobre 1998 des suites d'une courte
maladie, laissant sa femme qui portait une grossesse, presqu'à terme. Le 15
décembre dernier, ADJATA a mis au monde des triplés dont le garçon a été
prénommé TCHEBA.

Saisie le 14 janvier dernier, la compagnie d’assurance a versé à la veuve ADAMA,


née Coulibaly ADJATA un capital tenant compte des enfants existant au moment
de la réalisation du sinistre, refusant de prendre en compte les triplés.

Elle veut assigner en justice la Compagnie. Peut-elle avoir gain de cause ?

Justifiez votre réponse.

58
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS N°1

INTRODUCTION

- Bref rappel des faits.

- Deux problèmes de droit posés par ces faits.

1) Un père naturel, entre-temps marié, peut-il reconnaître en second lieu son


fils ? Ou quelles sont les conditions de la reconnaissance en second lieu de son
fils par un père naturel marié entre-temps ?

2) Quelles sont les conséquences de cette reconnaissance ?

Qualifications : Le premier problème est relatif à la reconnaissance de l’enfant


naturel en second lieu par son père (A) et le deuxième problème concerne les
conséquences de cette reconnaissance (B).

A- La reconnaissance de l'enfant Alain par son père

Le législateur ivoirien fixe des conditions précises pour le rétablissement de la


filiation naturelle à l’égard d'un père qui s'est entre temps marié.

1) Selon l’article 22 de la loi de 2019 relative à la filiation, la principale de ces


conditions est l’information donnée à l’épouse du projet de reconnaissance par le
demandeur en l'occurrence ici le père naturel.

Cette condition est-elle remplie ?

Les faits de l’espèce nous disent que Mme KONAN ne voit pas d’inconvénient à
cette reconnaissance de l'enfant par son mari.

59
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Cette expression traduit effectivement qu’en plus d’avoir notifié cette


reconnaissance à Mme KONAN celle-ci a donné son accord, son consentement.

NB : Dans la nouvelle loi de 2019 sur la filiation, le consentement de l’épouse


n’est plus une condition de la reconnaissance par le père de l’enfant naturel.

2) Mais si cette première condition semble remplie, l'article 22 de la même loi


exige que cette reconnaissance revête une certaine forme.

En effet, l’acte de reconnaissance, doit, à peine de nullité, contenir la mention de


l’information donnée à l’épouse par acte de commissaire de Justice.

Ces conditions, une fois remplies, rendent possible la reconnaissance qui va


produire des conséquences.

B- Les conséquences de la reconnaissance

Elles sont envisagées à deux niveaux :

1) Au niveau du nom de l'enfant

Le changement de nom par voie de conséquence va s'opérer suite à l'action d’état


qui a abouti au rétablissement de la filiation.

Selon l'article 3 de la loi N° 64-373 du 7 octobre 1964 (modifiée en 1983) relative


au nom, en ce cas, le nom du père est ajouté à celui de la mère. Ainsi, l’enfant va
s’appeler DANTE-KONAN Alain Espérance.

Mais les faits nous disent par ailleurs que le sieur KONAN s’est rendu à Bouaké
pour mettre fin à la brouille entre les deux familles.

Si cette démarche aboutit, le Sieur KONAN devra juste informer son épouse du
projet de reconnaissance en la forme prescrite par l'article 22 de la loi de 2019 sur
la filiation et l’enfant pourrait prendre soit le nom du père auquel est ajouté celui
de la mère, soit le seul nom du père (cf. art. 3 dernier al. 4 de la loi sur le nom).

60
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

2) Au niveau de l'acte d'état civil de l’enfant

Pour permettre à l’enfant de porter le nom du sieur KONAN, le tribunal va


procéder à la rectification de son acte de naissance. (cf. art. 79 à 82 de la loi de
2018 sur l’état civil).

Telle est la deuxième conséquence de l’action d’état exercée par le père naturel.

61
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS N° 2

INTRODUCTION

- Bref rappel des faits

- Problème de droit posé : les enfants conçus avant, mais nés après le décès de leur
père peuvent-ils prétendre valablement à l’assurance-vie souscrite par ce dernier ?

- Ce problème est relatif à l'acquisition de la personnalité juridique.

En la matière, il y a un principe (A) et son extension (B).

A- Le principe de l'acquisition de la personnalité juridique

Selon le principe, pour acquérir la personnalité juridique, il faut exister.

Appliqué au cas d’espèce, seuls les 5 enfants existaient au foyer au moment du


décès. Conclusion, ils ont la personnalité juridique et peuvent donc bénéficier de
l'assurance.

Mais compte tenu de ses inconvénients pour les triples notamment leur exclusion
du bénéfice de l'assurance, ce principe a connu une extension (ou une exception)
concernant les enfants simplement conçus.

B- L’extension du principe

Peuvent bénéficier d'une assurance-vie souscrite par leur père défunt des enfants
qui n'existaient pas au foyer de l’assuré le jour de son décès, mais qui ont été
conçus avant ce jour. S'il y va de leur intérêt et qui sont nés après ce jour, vivants
et viables.

De tout ce qui précède, se dégagent 5 conditions qui peuvent être classées en deux
catégories.

62
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

1) Conditions antérieures à la naissance

Elles sont au nombre de deux à savoir la conception et l’intérêt.

a) La conception avant le jour de son décès

La conception doit être antérieure au décès (définition de la conception).

Les faits nous disent qu'au décès d'Adama le 1er octobre 1998, sa femme portait
une grossesse presque à terme.

Les enfants ont donc été bien conçus avant le 1er octobre 1998, date du décès.

b) L'existence d'un intérêt

Définition : c’est tout ce qui enrichit le patrimoine d’une personne.

Le capital décès majoré de 30 % par enfant à charge est destiné à l’entretien des
dits enfants.

La prise en compte des triplés est donc faite dans leur intérêt.

2) Conditions concomitantes à la naissance

Elles sont au nombre de trois : les triplés doivent naître (notion à définir) en vie ?
Et être viables ?

À leur naissance le 15 décembre 1998, jusqu'au 14 janvier 1999 (date de la saisie


de la compagnie), les faits ne nous signalent aucune anomalie concernant les triplés,
anomalies pouvant mettre en cause ses trois conditions.

Ce qui suppose que ces conditions sont toutes réunies.

En conclusion, toutes les conditions étant réunies, la veuve ADAMA est fondée à
assigner en justice la compagnie d'assurance en paiement de la somme
complémentaire pour les triplés et elle aura gain de cause.

63
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Voir en ce sens la décision de la 1ère chambre civile de la Cour de cassation en


date du 10 décembre 1985 Bul. II, N° 339).

P.S : La préoccupation du Sieur KONAN est de rétablir sa filiation à l'égard de


DANTE. Cela passe nécessairement par sa reconnaissance qui exige
l’anéantissement de la première filiation.

64
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Fin connaisseur de la musique Jazz, ZIG fait partie de cette catégorie de jeunes
travailleurs dont la distraction favorite est la fréquentation des "boîtes de nuit".
Lors d’une virée nocturne, il fait la connaissance d'une séduisante prostituée, ZITA
avec qui il se lie d'amitié.

À la question de savoir pourquoi elle exerce cette activité, ZITA répond à ZIG que
la situation dans laquelle elle se trouve lui est imposée par les contingences de la
vie sociale, sinon elle est une jeune fille adorable qui cherche à rencontrer l'homme
de sa vie pour fonder une famille. ZIG qui estime que ces paroles ne sont pas
tombées dans l’oreille de sourd se montre très entreprenant et propose à ZITA de
l’épouser.

La réponse de ZITA ne se fait pas attendre, car elle-même était intéressée au plus
haut point dès leur première rencontre. Le mariage est alors célébré le 17 juillet
1986. Informé des résultats de l’examen échographique qui révèle que ZITA porte
en elle des jumeaux, Monsieur BONCOEUR, père de ZITA offre à ses deux petits-
fils conformément à la loi ivoirienne sur les donations, un immeuble.

De cette union caractérisée par un délicieux amour, naissent les jumeaux de sexe
masculin le 15 avril 1987. Le premier enfant, pesant 4,200kg est né sans aucune
difficulté. Le deuxième enfant, quant à lui, présente une déficience cardiaque, car
son cœur a la taille de celui d’un poussin. Il décédera deux jours après sa naissance.
ZITA est préoccupée par le fait de savoir si cet immeuble peut revenir à ses deux
enfants.

Totalement épanouie, ZITA décide, d’un commun accord avec son mari, de publier
son autobiographie. Le livre signé sous le nom de Mme ZIG est un véritable "best-
seller". Devenue très célèbre, Mme ZIG n'a plus le temps de s’occuper de sa
famille. Aussi, les relations du couple vont-elles en souffrir jusqu’à ce que le
divorce soit prononcé le 13 mai 1993 par le tribunal de première instance d'Abidjan.
Mais le jugement de prononcé du divorce n'ayant pas statué sur la question de son
nom, Mme ZIG redoute que son ex-époux s'oppose à ce qu'elle porte son nom.

M. ZIG parti en Afghanistan pour y acheter des tapis afghans, est surpris par les
bombardements des américains et de leurs alliés. Après avoir téléphoné à son frère

65
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

ZINZIN pour l’informer qu’il se trouve dans la zone la plus bombardée de tout
l'Afghanistan, ZIG ne fait plus signe de vie. Depuis, les tentatives faites pour
rentrer en contact avec lui se sont toutes révélées vaines. ZINZIN, très inquiet du
sort de ZIG vient vous consulter pour savoir ce qu’il peut faire.

Conseiller donc utilement Mme et M. ZINZIN

66
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRIGE DU CAS PRATIQUE

RAPPEL DES FAIT

ZIG épouse le 17 Juillet 1986 ZITA, une séduisante prostituée. Monsieur


BONCOEUR, père de ZITA, après avoir appris que sa fille est enceinte de deux
jumeaux, offre un immeuble à ses petits-fils à naître. Ces jumeaux naissent le 14
Avril 1987. Le premier enfant est né sans aucune difficulté. Quant au deuxième
enfant, son cœur a la taille de celui d'un poussin. Ce deuxième enfant décédera
deux jours après sa naissance. ZITA est préoccupée par le fait de savoir si cet
immeuble peut revenir à ses enfants.

ZlTA publie son autobiographie dans un livre sous le nom de Mme ZIG.

Devenue célèbre, Mme ZIG ne s'occupe plus de sa famille. Leur divorce est
prononcé sans que la question de son nom ne soit réglée par le tribunal. Mme ZIG
redoute que son ex-époux s’oppose à ce qu'elle porte son nom.

Surpris par les bombardements des américains et de leurs alliés dans la zone, la
plus bombardée de tout l'Afghanistan, ZIG ne fait plus signe de vie. Les tentatives
faites pour rentrer en contact avec lui se sont toutes révélées vaines. ZINZlN très
inquiet du sort de son frère veut savoir ce qu’il peut faire.

Plusieurs préoccupations ressortent de ce cas d’espèce : les unes concernent Mme


ZIG et l’autre M. ZINZIN.

I - LES PREOCCUPATIONS DE MADAME ZIG

Elles sont de deux ordres. Mme ZIG veut savoir d’une part si immeuble offert par
son père peut revenir à ses deux enfants, et d’autre part si elle peut porter le nom
de son ex-époux après le divorce.

67
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

A- La possibilité pour les enfants d’être propriétaires de l'immeuble à eux,


offert par le père de leur mère

Au moment où M. BONCOEUR offrait l'immeuble aux deux enfants, ceux-ci


n'étaient pas encore nés. Ils étaient dans le ventre de leur mère ZITA.

La question qui se pose alors est la suivante : des enfants non encore nés et se
trouvant dans le sein de leur mère peuvent-ils devenir propriétaires d'un immeuble
qui leurs a été offert ?

Cette question soulève le problème de la capacité de recevoir.

1) La capacité de recevoir des deux enfants

Devenir propriétaire, c’est acquérir un droit de propriété sur un bien.

Selon la règle, pour acquérir un droit, il faut avoir la personnalité au moment où


naît ce droit.

En l'espèce, pour acquérir donc le droit de propriété sur cet immeuble, les deux
enfants doivent avoir la personnalité juridique au moment où l'immeuble leur a été
offert.

Il y a donc lieu de se poser la question suivante : les deux enfants de Mme ZIG
ont-ils la personnalité juridique ?

La réponse à cette question connaît un principe assorti d’un tempérament.

a) Le principe

Selon le principe, la personnalité juridique s’acquiert à la naissance.

Autrement dit pour avoir la personnalité juridique, il faut être né.

En l'espèce, pour reconnaître la personnalité juridique aux jumeaux, ils doivent être
nés. Or au moment de la donation (c’est-à-dire au moment où le père de ZITA leur
offrait l’immeuble), ils étaient dans le ventre de leur mère, n'étant révélés que par

68
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

l'examen échographique : ils n’étaient donc pas nés. En conséquence, ils ne


pourraient pas acquérir la personnalité juridique.

Mais cette règle de principe connaît un tempérament connu sous l'appellation de la


règle de "l’infans conceptus...".

b) Le tempérament

Selon la règle de "l’infans conceptus... ", l’enfant non encore né c’est-à-dire,


simplement conçu, est considéré comme né chaque fois qu'il y va de son intérêt.

En l'espèce, l’intérêt des deux enfants est de recevoir un immeuble en donation.


Conformément donc à la règle de "l’infans conceptus...", ils seront considérés
comme nés bien qu’étant dans le ventre de leur mère au moment de la donation. Ils
ont donc la personnalité juridique sans être physiquement nés.

C'est cette règle de "l’infans conceptus...", qui est une sorte de fiction qu’applique
le législateur ivoirien dans la loi N°64-380 du 7 octobre 1964 relative aux
donations entre vifs et aux testaments. En effet, aux termes de l’article 9 alinéa 1er
de cette loi, "pour être capable de recevoir entre vifs, il suffit d’être conçu au
moment de la donation ".

En l'espèce, les deux enfants étant conçus au moment de la donation, ils peuvent
recevoir entre vifs. Autrement dit, ils ont la capacité de recevoir en donation
l'immeuble à eux offert par le père de leur mère alors qu’ils sont simplement
conçus.

Si la question de la capacité de recevoir en donation, l'immeuble est réglée, il


convient d’examiner celle de l’effet de cette donation.

69
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

2) L'effet de la donation

L’enfant simplement conçu étant capable de recevoir en donation, la question se


pose de savoir si cette donation lui est définitivement acquise.

En l’espèce, les deux enfants simplement conçus sont-ils devenus propriétaires de


l’immeuble à eux offert par le père de leur mère ?

Aux termes de l’alinéa 3 de l'article 9 de la loi N° 64-380 du 7 octobre 1964


relative aux donations entre vifs et aux testaments, la donation ne peut produire son
effet que lorsque l'enfant simplement conçu au moment de cette donation naît
viable.

En l'espèce, pour que l'immeuble soit acquis aux deux enfants, ceux-ci doivent
naître viables.

Le problème à résoudre est donc celui de la viabilité des deux enfants : sont-ils nés
viables ?

Naître viable, c’est naître avec tous les organes nécessaires à la vie suffisamment
constitués pour remplir leur fonction physiologique et pour permettre à l'individu
de vivre.

L'organe nécessaire à la vie est l’organe sans lequel l’individu ne peut pas vivre.

En l’espèce, s’agissant du premier enfant, il n'y a aucune difficulté ; les faits ne


relèvent aucune anomalie le concernant. Cet enfant a donc tous les organes
nécessaires à la vie suffisamment constitués pour remplir leur fonction
physiologique et pour lui permettre de vivre.

Quant au deuxième enfant, il présente une déficience cardiaque, car son cœur a la
taille de celui d’un poussin.

Si ce deuxième enfant possède certes, tous les organes nécessaires à la vie, il faut
noter que son cœur ayant la taille de celui d’un poussin n'est pas suffisamment
constitué, et partant de ce fait, ne peut pas remplir sa fonction physiologiques.

Aussi, ce cœur ne peut pas permettre à ce deuxième enfant de vivre.

70
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

D’ailleurs, les faits précisent qu'il est mort deux jours après sa naissance. Cet
enfant n'est donc pas né viable.

Le défaut de viabilité l'empêche d'acquérir la personnalité juridique qui est


l'aptitude à être sujet de droit. Ce deuxième enfant n'étant donc pas sujet de droit,
ne peut bénéficier de la donation.

En conclusion, seul le premier enfant qui est né viable est propriétaire de


l'immeuble offert par le père de sa mère ZITA.

B- Le port du nom de ZIG par ZITA après le prononcé du divorce

Le juge n'ayant pas statué sur la question de son nom dans le jugement de prononcé
du divorce, le problème qui se pose est le suivant : une femme divorcée peut-elle
continuer à faire usage du nom de son ex-mari ?

En l'espèce, ZITA peut-elle continuer à porter le nom de ZIG après le prononcé du


divorce ?

La réponse comporte une solution de principe et une solution d'exception.

1) Le principe

Aux termes de l'alinéa 1er de l'article 24 nouveau de la loi relative au divorce et à


la séparation de corps, « par l’effet du divorce, la femme reprendra l’usage de son
nom ». Il faut en déduire qu’elle perd l’usage du nom de son ex-mari.

En l'espèce, ZITA devrait reprendre son nom en abandonnant celui de son ex-mari.

Mais cette disposition législative n'étant pas d’ordre public, une dérogation existe.

2) L'exception

Selon l'alinéa 2 du texte précité, « la femme pourra conserver l’usage du nom du


mari soit avec l'accord de celui-ci, soit avec l'autorisation du juge si elle justifie
qu'un intérêt particulier s’y attache pour elle-même ou pour les enfants ».

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

En l'espèce, ZITA pourra conserver l'usage du nom de ZIG soit avec l'accord de ce
dernier, soit avec l'autorisation du juge si elle justifie d'un intérêt particulier pour
elle-même ou pour son mari.

a) L'accord du mari

L'accord du mari peut être express ou tacite. En effet, si depuis le 13 mai 1993
(date du jugement de prononcé du divorce) jusqu'à ce jour, elle porte le nom de
ZIG qui ne réagit d’ailleurs pas, c’est qu’il a consenti tacitement à ce qu’elle
continue de porter son nom.

b) L'autorisation du juge

Cette autorisation n'a d'intérêt que si l’ex-mari ZIG s'oppose à ce que ZITA
continue de faire usage de son nom malgré le divorce. Mais pour que le juge puisse
la lui accorder, ZITA doit justifier d'un intérêt particulier soit pour son enfant, soit
pour elle-même.

En l'espèce, elle est devenue célèbre sous le nom de Mme ZIG dans le domaine de
la littérature. Si elle cesse de faire usage du nom de ZIG, ses lecteurs ne pourront
plus la reconnaître et la vente de ses livres risque de baisser, ce qui est un manque
à gagner qui est un préjudice financier. Elle justifie donc d’un intérêt particulier
pour elle-même pour que le juge lui accorde l’autorisation de continuer à porter le
nom de ZIG.

II- LA PREOCCUPATION DE M. ZINZIN

ZINZIN est très inquiet du sort de son frère ZIG qui se trouve dans la zone la plus
bombardée de tout l'Afghanistan et dont on n'a plus de nouvelles malgré les
tentatives faite pour rentrer en contact avec lui.

Le problème à résoudre est le suivant : quel est l’état juridique de ZIG ?

Il convient de définir l'état juridique avant d'indiquer la procédure à suivre.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

A- Définition de l'état juridique de ZIG

ZIG est dans la zone la plus bombardée de l'Afghanistan et ne fait plus signe de vie.
Les tentatives faites pour le retrouver sont vaines.

Ces circonstances dans lesquelles, se trouve ZIG sont de nature à mettre sa vie en
danger, mais son corps n'est pas retrouvé. Ces deux éléments-ci sont
caractéristiques de la disparition.

En effet, il résulte de l'alinéa 1er de l’article 64 de la loi N° 2018-862 relative à


l’état civil que la disparition est l’état juridique d’un individu qui se trouve dans
des circonstances de nature à mettre sa vie en danger, mais dont le corps n’a pas
été retrouvé.

L’état juridique de ZIG est donc la disparition. Autrement dit, ZIG est un disparu.

B- La procédure

En cas de disparition, la procédure de déclaration judiciaire de décès peut être


engagée. Quels sont les titulaires de cette action et quel est le tribunal compétent ?

1) Les titulaires de l'action en déclaration judiciaire de décès

Selon l'article 64 de la loi relative à l’état civil, soit le procureur de la république,


soit les parties intéressées peuvent intenter l’action en déclaration judiciaire de
décès.

En l'espèce, si le procureur de la république ne prend pas l'initiative de l’action,


ZINZIN frère de ZIG étant une partie intéressée, peut saisir le tribunal afin de
déclarer judiciairement ZIG décédé.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

2) Le tribunal compétent

De l'article 65 de la loi relative à l'état civil, il ressort que, lorsque la disparition


s'est produite à l’étranger, le tribunal compétent peut être le tribunal du domicile ou
de la dernière résidence du disparu et à défaut le tribunal d'Abidjan.

En l'espèce, le tribunal compétent sera le tribunal du domicile ou de la dernière


résidence de M. ZIG. En cas de domicile ou de résidence inconnue, le tribunal
compétent sera le tribunal d'Abidjan.

Le tribunal qui statue va déclarer ZIG décédé et va fixer la date du décès en tenant
compte des circonstances qui entourent la cause.

Le dispositif du jugement déclaratif de décès est transcrit sur les registres de l'état
civil du lieu du domicile du disparu ZIG.

Le jugement déclaratif de décès tient lieu d'acte de décès, c'est-à-dire qui produit
les mêmes effets que l’acte de décès.

En l’espèce, ZIG est considéré comme décédé.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUES

SUJET N°I

M. ADJOBOA André, homme d’affaires de nationalité ivoirienne, domicilié à


Abidjan Deux-Plateaux, 7e tranche, Rue J. 180, s'est rendu pour affaires, à New-
York le 9 septembre 2001.

Le 15 septembre 2001, le gérant de son Hôtel, sis à Manhattan, a téléphoné à son


épouse pour l'informer que le 11 septembre 2001, M. ADJOBOA a quitté l’Hôtel
pour se rendre à la Tour Wall Street Center en vue de la conclusion d’un contrat
avec la société World Informatic. Depuis cette date, l’on est sans nouvelles de M.
ADJOBOA. Son épouse vient vous consulter, car ce dernier n'a désigné aucun
mandataire pour la gestion de ses biens.

Conseillez-la utilement.

SUJET N° II

Dans son quotidien du 8 octobre 2001, le Journal Afrique Soir a publié un article
intitulé « le délit d'adultère de Mme le Maire de Zokouoboué ». Cet article fait état
des escapades amoureuses de Mme le Maire, ses relations adultérines qui portent
atteinte à l’honorabilité de la fonction qu’elle occupe dans la commune. Qu’à la
suite d’une enquête sur le terrain, certains de ses administrés exigeraient sa
démission.

Suite à cet article, Mme le Maire, AHOUA N’Da Justine, a accordé une interview
au Journal Afrique Soir dans lequel elle donne sa version des faits. Cette interview
a été publiée dans le Journal Afrique Soir du 12 octobre 2001.

Le 16 octobre 2001, Mme AHOUA N'DA Justine vient vous voir, car elle veut
maintenant intenter une action en justice contre le Journal Afrique Soir. Cette
action a-t-elle des chances d'aboutir. Conseillez-la utilement.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE N°1

INTRODUCTION

M. ADJOBOA, domicilié à Abidjan, s'est rendu à Now-York depuis le 9 septembre


2001. Le 11 septembre 2001, M. ADJOBOA était à la Tour Wall Street Center
(New-York) et depuis cette date son épouse est sans nouvelles de lui.

N’ayant désigné aucun mandataire pour la gestion de ses biens, son épouse vient
vous consulter.

Le problème de droit posé est relatif à la situation juridique de M. ADJOBOA :


est-il décédé, absent ou disparu et quelles seront les conséquences de cette situation
quant à ses biens ?

I- LA SITUATION JURIDIQUE DE M. ADJOBOA

M. ADJOBOA dont on a plus de nouvelles depuis le 11 septembre 2001, date à


laquelle il se trouvait dans l'une des Tours Jumelles de Wall Street à New-York
est-il décédé, absent ou disparu ?

- En l'absence de corps de M. ADJOBOA, il nous faut exclure l’hypothèse du


décès pour ne retenir que celles de l’absence et de la disparition.

M. ADJOBOA est-il absent ?

L'absent est l’individu qui a cessé de paraître au lieu de son domicile ou de sa


résidence et dont l’on est sans nouvelles.

Cette situation semble être celle de M. ADJOBOA dont l’on est sans nouvelles
depuis le 11 septembre. Mais l’on sait que le 11 septembre 2001, à la Tour de Wall
Street, a eu lieu l’attentat le plus meurtrier du monde. Ces circonstances étant de
nature à mettre la vie de M, ADJOBOA en danger, il nous faut exclure la
qualification d’absence pour ne retenir que celle de la disparition.

M. ADJOBOA a-t-il disparu ?

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

En effet, la disparition est la situation juridique d'un individu dont l'on est sans
nouvelles, mais dont l’on a la certitude ou la quasi-certitude qu'il est décédé (voir
article 64 de la loi sur l’état civil). La certitude du décès peut résulter soit des
circonstances qui rendent le décès certain alors que le corps n'a pu être retrouvé
(article 64, alinéa 3) soit des circonstances de nature à mettre la vie de l'intéressé
en danger et que le corps n’a pu être retrouvé (article 64, alinea 1er).

L’attentat du 11 septembre correspond aux deux hypothèses de la disparition. On


peut considérer que l'attentat a été soit de nature à mettre la vie de ceux qui se
trouvaient dans la Tour en danger soit que les circonstances rendaient le décès de
ceux qui s'y trouvaient certain bien que les corps n'ont pu être retrouvés. Ce qui a
été le cas de M. ADJOBOA.

II- LES CONSÉQUENCES SUR LES BIENS

M. ADJOBOA, homme d'affaires est propriétaire de biens dont la gestion


préoccupe son épouse.

Une fois informée, Mme ADJOBOA, épouse du disparu, a qualité pour saisir le
tribunal d'une action en déclaration de décès.

Le Tribunal compétent pour connaître de cette action sera le tribunal du domicile


ou de la dernière résidence du disparu si la disparition a eu lieu hors du territoire
national (article 65). Ce qui est le cas en l’espèce puisque l’attentat a eu lieu à
New-York. Par conséquent, M. ADJOBOA ayant son domicile à Abidjan Deux-
Plateaux, le Tribunal compétent sera le Tribunal d'Abidjan.

Le Tribunal, après avoir procédé notamment à une enquête sur les circonstances de
la disparition, rendra un jugement déclaratif de décès, lequel fixera la date du décès
de M. ADJOBOA au 11 septembre 2001.

Ce jugement tenant lieu d'acte de décès, il aura entre autres pour effet d'ouvrir la
succession de M. ADJOBOA. Son épouse sera située sur le problème de la gestion
des biens dont son époux était propriétaire.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE N° 2

INTRODUCTION

Dans un article publié le 8 octobre 2001, le Journal Afrique Soir relate la vie
amoureuse de Mme le Maire de Zoukouboué.

Suite à cet acte, Mme le Maire, qui a accordé une interview au dit journal veut
maintenant intenter une action en justice contre ledit journal.

Son action pourrait avoir deux fondements :

- l’atteinte à son droit à l'honneur

- et l'atteinte à son droit à la vie privée.

En d'autres termes, l’article litigieux porte-t-il atteinte au droit à l’honneur et au


droit à la vie privée ?

I- L'ATTEINTE AU DROIT A L’HONNEUR

Le journal Soir d’Afrique étale dans le numéro litigieux les relations adultérines de
Mme le Maire. Ce fait ne porte-t-il pas atteinte à l’honneur de celle-ci ?

Le droit à l'honneur est le droit de tout être d'exiger des tiers le respect de son
honneur. Les atteintes au droit à l'honneur peuvent revêtir la forme de diffamation
ou d'injure.

En l’espèce, l'intitulé même de l’article porte autant atteinte à la dignité morale de


Mme le Maire que le contenu de l'article. En effet, l'article est intitulé « le délit
d'adultère de Mme le Maire ».

La victime de l’atteinte, Mme le Maire peut mettre en œuvre la responsabilité du


journal Afrique Soir sous le fondement de l'article 1382 du C. Civ. En l'espèce, la
faute commise par Afrique Soir résidera dans l’imputation d’adultère laquelle porte
atteinte à l'honorabilité de Mme le Maire.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Le préjudice subi est non seulement moral (atteinte à la réputation de Mme le


Maire) mais il peut être matériel (la fin de son mandat de Maire).

Quant au lien de causalité, il ne fait aucun doute. La publication de l'article porte


incontestablement atteinte au droit à l'honneur de Mme le Maire.

L'existence de ces trois conditions aboutira à la condamnation juridique du journal


Afrique Soir au paiement de dommages et intérêts à Mme le Maire.

II- L'ATTEINTE AU DROIT A LA VIE PRIVEE

L'article d'Afrique Soir intitulé « le délit d’adultère de Mme le Maire » et qui relate
les relations adultérines de celle-ci porte-t-elle atteinte à son droit à la vie privée ?

La vie privée d'une personne comprend des éléments de sa vie sentimentale et ses
éléments doivent être protégés contre toute immixtion étrangère. Toute violation de
l'intimité de cette vie constitue une faute susceptible d'engager la responsabilité de
l’auteur de la violation sur le fondement de l'article 1382 du C. Civ.

En l'espèce, la faute consiste dans la divulgation de la vie sentimentale de Mme le


Maire et ceci sans le consentement de cette dernière.

Peut-on analyser l’interview qu’elle a accordé au journal Afrique Soir comme une
forme de consentement tacite ?

La réponse doit être négative, car le consentement en question doit exister ab initio
peu importe qu’il soit express ou tacite.

En l'espèce, l’interview n'est pas une manifestation de son consentement.

L’interview est l’exercice de son droit de réponse.

 Le préjudice subi est d'abord moral, mais il pourrait par la suite se révéler
aussi matériel (fin de son mandat de maire).

 Il existe un lien de causalité entre la publication de l’article et le préjudice


moral subi par Mme le Maire.

79
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

La réunion de ces trois conditions cumulatives aura pour conséquence la


condamnation judiciaire du journal Afrique Soir au paiement de dommages-
intérêts dont le montant sera fixé par le Tribunal.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Traitez en 3 heures, les cas ci-dessous.

SUJET N°I

Le Journal Eburnie-Dimanche a consacré les pages 1 à 5 de son numéro 1150 du


15 janvier 2002 à ce qu'il a appelé « les fiançailles surprises de Miss Super Lolo ».

À l’aide de titres, de photographies et du texte d'un article, il prétendait informer


ses lecteurs sur la réalité des relations que des « rumeurs » prêtaient alors à la
célèbre Miss Super Lolo et à ZOBLAZO Waymé, « chanteur à succès et
milliardaire ».

Une affiche présentée à l’étalage des vendeurs de journaux appelait l'attention du


public par l’annonce, en gros caractères, de ces « fiançailles surprises ».

Certes, la vie de Miss Lolo, personnage public, et à ce titre objet de curiosité


légitime, a donné lieu à de nombreuses publications contre lesquelles elle n’a pas
protesté.

Mais, cette fois-ci, Miss Super Lolo et ZOBLAZO entendent assigner le journal
Eburnie-Dimanche devant les Tribunaux.

Ils viennent vous consulter sur des chances de succès de leur action.

Conseillez-les utilement.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

SUJET N° II

Monsieur OUEDRAOGO ZOUGRANA, jeune publiciste ivoirien de 23 ans désire


changer de nom et de prénom, au motif que ceux qu'il porte actuellement le gênent
dans son activité professionnelle et dans sa vie sociale. Il désirerait s'appeler OUE
ZOUZOU.

Peut-il changer de nom et de prénom et selon quelles procédures ?

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DES DEUX CAS PRATIQUES EN UN SEUL


DEVOIR

I- ACTION DE SUPER LOLO ET DE ZOBLAZO

A- L’atteinte à la vie privée et au droit à l’image

- La vie privée est relatée de façon peu malveillante : "Les fiançailles surprises"
annoncées, révèlent plutôt une indiscrétion destinée à susciter une curiosité de
mauvais aloi.

- Le journal ne peut prétendre invoquer "son devoir d'informer" le public pour se


disculper.

- Le caractère "public" de la personne n'empêche pas qu’elle ait droit à sa vie


privée.

- Le droit à la vie privée et le droit à l'image se recoupent ici. Les photographies


ont été réalisées au cours de la vie privée des intéressés.

- L'existence d'indiscrétions antérieures est inopérante.

B- Les sanctions des violations

- Dommages-intérêts

- Saisie éventuelle du numéro du Journal.

II- LA SITUATION DE MONSIEUR OUEDRAOGO ZOUGRANA

A- Du changement du nom

- Principe de l'immuabilité du nom patronymique

Cependant, des exceptions :

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

- Changement du nom consécutif à un changement d’état (ce n’est pas le cas ici).

- Changement de nom à titre principal (ce qui est le cas en l’espèce).

S'agissant des changements de nom à titre principal, il existe deux possibilités :

- Changement de nom par substitution.

- Relèvement du nom.

1) Le changement de nom par substitution

Régi par la loi N° 64-381 du 7 octobre 1964 concerne les individus qui, avant
l'entrée en vigueur de la loi du 7 octobre 1964 sur le nom : ne portaient pas le
patronyme de leur auteur (ce n'est pas le cas d'espèce).

2) Le relèvement du nom

Est régi par les articles 7 à 9 de la loi sur le nom. Cette procédure permet un
changement de nom par adjonction.

a) Les conditions de relèvement

Celui dont le nom doit être relevé doit être de sexe masculin, décédé sans postérité
mâle. Il doit être le dernier représentant mâle de cette famille. Ces conditions
traduisent l'idée traditionnelle selon laquelle la transmission du nom patronymique
doit se faire de mâle à mâle.

Le relèvement peut, par conséquent, être considéré comme l’un des éléments du
culte des morts de sexe masculin.

Celui qui veut relever le nom doit démontrer qu’il a un auteur commun avec le
défunt.

La preuve de ce lien de parenté peut se faire par tous moyens, soit par les actes de
naissance des intéressés, par des actes de notoriété ou par des témoignages.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

La procédure du relèvement du nom est décrite dans les articles 8 et 9 de la loi sur
le nom.

b) La procédure du relèvement du nom

Celui qui veut relever le nom doit faire une déclaration à cette fin devant l’officier
de l'état civil du lieu de son domicile.

Cette déclaration doit en principe être faite dans les cinq ans qui suivent le décès de
la personne dont le nom doit être relevé.

Lorsque celui qui veut relever le nom est mineur, le délai de cinq ans court à
compter de sa majorité si le droit de relèvement n’a pas été exercé par les
représentants légaux au cours de sa minorité.

La déclaration est transmise par l'officier de l'état civil au tribunal du lieu de


déclaration pour homologation.

Le jugement d'homologation ordonnera la rectification des actes d'état civil en


autorisant le ou les requérants à adjoindre désormais le nom relevé à leur
patronyme.

B- Du changement de prénom

Des exceptions ont également été apportées au principe de l'immuabilité du


prénom. Dans certaines hypothèses, le changement de prénom sera consécutif à un
changement d’état : tel sera le cas en matière d'adoption.

Dans d’autres hypothèses, le changement de prénom a lieu indépendamment de


tout changement d'état. Ce changement de prénom à titre principal est prévu par les
dispositions de l'article 11 de la loi sur le nom.

La réforme du 2 août 1983, modifiant la loi du 7 octobre 1964 sur le nom, a ajouté
un deuxième alinéa à l'article 11.

En vertu de ces dispositions nouvelles, il est désormais possible de changer de


prénoms ou d’adjoindre de nouveaux prénoms à ceux mentionnés sur l'acte de

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

naissance. Les conditions et la procédure du changement de prénom sont précisées


dans l'article 11.

C- La condition du changement de prénom

L'intérêt légitime

Celui qui sollicite le changement de prénoms doit justifier d’un intérêt légitime.

En l’absence de définition légale, l’appréciation de l'intérêt légitime relève des


juges du fond.

D- La procédure du changement de prénom

La procédure applicable est celle des articles 79 à 82 de la loi de 2018 sur l'état
civil.

Celui qui veut changer de prénom doit présenter une requête devant le président du
tribunal ou le juge de la section de tribunal dans le ressort duquel l'acte de
naissance ou le jugement supplétif a été établi. La requête doit préciser les motifs
du changement afin de justifier d'un intérêt légitime.

Après appréciation du caractère légitime de l’intérêt, le président du tribunal ou le


juge autorisera ou non le changement du prénom ou l'adjonction de nouveaux
prénoms en ordonnant la rectification des actes de l'état civil de l'intéressé.

Le dispositif de l'ordonnance ou du jugement rectificatif est transmis par le


ministère public à l'officier de l'état civil ou au dépositaire des registres du lieu où
se trouve inscrit l’acte de naissance.

Le dispositif du jugement ou de l'ordonnance de rectification sera en marge du


registre de naissance de l’intéressé. À partir de cette mention en marge, tous les
extraits et copies des actes de l’état civil de l'intéressé devront comporter le ou les
nouveaux prénoms.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CONSULTATION JURIDIQUE

KONE NATACHA, qui est célibataire, a accouché le 10 octobre 2000 d'une petite
fille qu'elle prénomme LYDIE. Le père de LYDIE, OUATTARA-TOURE Jean,
avec qui NATACHA a vécu en concubinage, l'a quittée en mars 2000 en apprenant
qu'elle était enceinte, et depuis, NATACHA n’en a plus aucune nouvelle.

Le 16 octobre 2000, en sortant de la maternité, NATACHA va effectuer une


reconnaissance de l'enfant à la Mairie.

Quel nom patronymique va porter LYDIE ?

OUATTARA-TOURE Jean, ayant appris la naissance de LYDIE, a senti sa fibre


paternelle se réveiller. Le 15 octobre 2001, il s’est précipité chez KONE
NATACHA et lui a fait savoir qu'il souhaiterait que sa fille porte son nom.

Que peut-il faire ?

En janvier 2002, NATACHA a rencontré un autre homme, COULIBALY


FINTAN, qu'elle épouse le 1er octobre 2002. NATACHA et FINTAN voudraient,
"pour que LYDIE ait un statut social normal", qu'elle porte le nom de
COULIBALY.

Est-ce possible ?

Enfin, Madame COULIBALY NATACHA vous informe des faits suivants :

Madame WARIKO, âgée de 87 ans, vit recluse dans sa villa depuis plusieurs
années.

Elle n'a de contacts qu'avec la jeune opportune KOKO, qui vient faire le ménage
chez elle une fois par semaine, et très épisodiquement, avec sa nièce COULIBALY
NATACHA. Cette dernière qui n'a pas vu sa tante depuis plus d'un an, lui rend

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

visite en février 2002 et se rend compte qu’elle n’a plus toute sa tête. Un médecin
appelé, diagnostique une maladie d'Alzheimer déjà bien avancée.

COULIBALY NATACHA fait alors le nécessaire pour faire déclarer sa tante,


interdit judiciaire. Le jugement est rendu le 12 août 2003.

Le 29 novembre 2003, Madame WARIKO décède. On trouve alors à son domicile


un testament, écrit de sa main, daté du 15 mai 2003 par lequel elle lègue tous ses
biens à opportune. KOKO-COULIBALY NATACHA veut faire annuler le
testament.

Le peut-elle ?

Justifiez vos réponses !

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DE LA CONSULTATION JURIDIQUE

I- LES PROBLEMES RELATIFS AU NOM PATRONYMIQUE DE LYDIE

Faire ressortir que LYDIE est une enfant naturelle.

A- La filiation naturelle de LYDIE établie à l’égard de sa mère

Dame KONE NATACHA ayant reconnu sa fille LYDIE dès le 16 octobre, cette
dernière portera le nom patronymique de sa mère. Elle s'appellera KONE- LYDIE
(Art. 3 al. 1 loi du 02 août 1983 relative au nom).

B- Du port par LYDIE du nom de son père

On est dans l'hypothèse où la filiation est établie en premier lieu à l’égard de la


mère, puis en second lieu, quelques temps après, à l'égard du père.

Dans ce cas, LYDIE ayant déjà pris le nom de sa mère, elle ajoutera, en principe,
celui de son père OUATTARA-TOURE (art. 3 al. 3 du 02 août 1983 relative au
nom).

Or, en l’espèce OUATTARA-TOURE est un nom patronymique double qui ne


peut donc s'ajouter à celui de la mère KONE. (Art. 10 loi du 02 août 1983 relative
au nom).

Dès lors, les parents de LYDIE peuvent se mettre d’accord :

- soit, pour que l'enfant ne conserve que le seul nom double de son père (Art. 3 al.
4 relative au nom),

-soit, pour que l'enfant porte un nom double constitué par celui de sa mère et de
l'un des deux noms patronymiques de son père.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

C- Du port par LYDIE du nom du mari de sa mère

Cela suppose une adoption (simple ou plénière) de LYDIE par le mari de sa mère.
Là encore, il faudra régler le problème du nom patronymique double.

II- DE LA NULLITE DU TESTAMENT ECRIT PAR DAME WARIKO

Tous les actes passés par Dame WARIKO depuis le 12 août 2003 sont nuls. (Art.
502 du Code Civil)

Mais, le testament litigieux date du 15 mai 2003, soit avant le jugement ayant
prononcé l'interdiction le 12 août 2003.

Par ailleurs, on relèvera que dès le mois de février 2002, Dame COULIBALY
NATACHA, nièce de Dame WARIKO avait initié une procédure de placement de
sa tante sous un régime de protection.

On devra donc recourir à l'article 504 du Code Civil, car au moment où le


testament est attaqué, Dame WARIKO n'est plus victime.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

M. KOUAKOU Alla Jérôme, 55 ans, est le propriétaire de l’usine Cacao-ivoire,


sise à Agboville où il vit avec son épouse Ahou N’ZI, magistrat en fonction au
tribunal de Yopougon (Abidjan).

M. KOUAKOU possède à Abidjan plusieurs entrepôts sis en zone 4 pour la


commercialisation de sa production de cacao. Ayant été élu Maire de Koumassi, il
séjourne toute la semaine dans la commune de Koumassi où il possède une grande
résidence. M. KOUAKOU ne rentre à Agboville que les week-ends.

Le 29 mai 2004, son fils aîné M. KOUAKOU N’Dotré Yvon, qui est étudiant en
Droit, lui annonce son brillant succès au DEUG II où il a obtenu la mention Très
Bien.

Très heureux, le couple KOUAKOU Alla remet au jeune N'Dotré Yvon, la somme
de huit cent mille francs (800 000 FCFA).

Pour fêter son succès, le jeune KOUAKOU organise le 30 mai 2004 avec ses amis
étudiants une sortie détente à Assini-Mafia. À cette fin, M. KOUAKOU N'Dotré
loue, à l'insu de ses parents, une Mercedes E 250 avec la société Autobail. Le
contrat de location est conclu par acte sous-seing privé pour la somme de quatre
cent mille francs CFA pour le week-end.

Le week-end fut paradisiaque. Sur le chemin de retour, M. KOUAKOU N'Dotré,


au volant du véhicule loué, dérape et fait une sortie de route occasionnant de gros
dégâts. Les étalages des vendeuses sur le trottoir furent renversés et leurs
marchandises détériorées. L'une des vendeuses, Akissi Beta, fut grièvement blessée
ainsi que l’enfant d’un an qu'elle portait au dos.

Le véhicule loué fut également très endommagé. La société Autobail veut


poursuivre le jeune KOUAKOU N'Dotré pour obtenir réparation du préjudice
matériel subi qu'elle chiffre à 550 000 FCFA.

Les jeunes vendeuses demandent également réparation en justice pour dommages


matériels et corporels subis évalués à 180 000 FCFA.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Les demandeurs ont assigné M. KOUAKOU N'Dotré Yvon en réparation devant


le tribunal de 1ère instance de Yopougon ; M. KOUAKOU Alla Jérôme soulève
l'incompétence territoriale du tribunal de Yopougon, car selon lui, le tribunal
compétent, est le tribunal d'Agboville. M. KOUAKOU Alla conteste également la
validité du contrat de location conclu par son fils Yvon.

Quels sont les problèmes de droit posés par les différents antagonistes et leurs
solutions ?

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

Résumé des faits

M. KOUAKOU Alla, propriétaire de l'usine Cacao-Ivoire, sise à Agboville, est


également propriétaire de plusieurs entrepôts sis en zone 4 (Abidjan) et une
résidence à Koumassi (Abidjan).

En sa qualité de maire de Koumassi, il séjourne toute la semaine dans sa résidence


de Koumassi. Il ne rentre à Agboville, où il vit avec son épouse Ahou N'ZI, que les
week-ends.

A l'occasion du succès au DEUG Il de son fils aîné, la famille KOUAKOU offre à


celui-ci la somme de 800 000 F CFA. Le jeune homme conclut un contrat de
location d'une Mercedès E 250 avec la société Autobail avec la moitié de cette
somme. Au volant du véhicule loué, le jeune KOUAKOU est l'auteur d’un accident
qui cause des dommages matériels et humains.

La société Autobail à qui appartient le véhicule loué endommagé et les vendeuses,


victimes de l’accident, assignent le jeune KOUAKOU en justice pour réparation
des préjudices subis devant le tribunal de 1ère instance de Yopougon.

M. KOUAKOU père soulève l'incompétence territoriale de ce tribunal au profit de


la juridiction d'Agboville. M. KOUAKOU père conteste également la validité du
contrat de location conclu par son fils.

93
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Les problèmes de droit posés sont de 3 ordres :

1) Le premier problème de droit concerne la détermination de la juridiction


compétente pour connaître de l'action en justice intentée contre M. KOUAKOU
fils.

2) Le second problème est relatif à la validité de l’acte juridique conclu par

M.KOUAKOU fils.

3) Le troisième problème concerne les conditions de mise en œuvre de la


responsabilité délictuelle de M. KOUAKOU fils du fait de l’accident dont il est
l'auteur.

I- LA DÉTERMINATION DE LA JURIDICTION COMPETENTE

Les victimes de l’accident (Autobail et les vendeuses) ont assigné le jeune


KOUAKOU en responsabilité devant le tribunal de 1ère instance de Yopougon. Le
père du défendeur argue de l’incompétence de cette juridiction.

Les règles applicables en la matière résultent des dispositions de l'article 11 du


Code de procédure civile commerciale, et administrative lesquelles prévoient que
le tribunal territorialement compétent en matière civile est le tribunal du domicile
réel ou élu du défendeur.

En application de ce principe, le tribunal compétent est le tribunal de domicile du


jeune KOUAKOU.

Mais comment déterminer le domicile du jeune KOUAKOU ?

En l'absence de précision quant à l'âge de M. KOUAKOU fils, hypothèses doivent


être engagées selon que KOUAKOU fils est un mineur non émancipé ou un majeur.
"

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

A- M. KOUAKOU fils est un mineur non émancipé

Si l'on considère que M. KOUAKOU fils a moins de 21 ans, son domicile ne peut
être que celui de ses parents ; en effet, le mineur non émancipé a son domicile légal
au domicile de ses père et mère.

Mais quel est le domicile de M. et Mme KOUAKOU Alla ?

Le couple KOUAKOU Alla étant légalement marié, leur domicile ne peut être
déterminé qu'en prenant en compte le seul domicile de M. KOUAKOU Alla ; la
femme mariée n’ayant en principe d'autre domicile que celui de son époux.

Aussi, pour déterminer le domicile de M. KOUAKOU Alla, il nous faut rechercher


quel est son principal établissement.

M. KOUAKOU Alla ayant plusieurs établissements, il nous faut déterminer lequel


de ces établissements constituera son principal établissement ou domicile.

M. KOUAKOU Alla vit à Agboville avec sa famille. Agboville est donc le centre
de ses intérêts familiaux. Mais Agboville constitue également en partie le centre de
ses intérêts pécuniaires puisque M. KOUAKOU possède à Agboville une usine.

Mais certains des intérêts matériels de M. KOUAKOU se situent à Abidjan où il


exerce ses fonctions de maire, et où il possède des entrepôts (zone 4) et une
résidence.

En l’espèce, Agboville doit être considéré comme le principal établissement, c’est-


à-dire le domicile de M. KOUAKOU Alla puisqu'il a à Agboville son centre
d'intérêts moraux et une partie de ses intérêts matériels.

Si Agboville est le domicile de M. KOUAKOU, il constitue également le domicile


du jeune KOUAKOU si l’on considère qu’il est un mineur non émancipé.

Dans ce cas, le tribunal de Yopougon doit se déclarer incompétent.

95
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

B- L'hypothèse de la majorité

Si l'on considère que le jeune KOUAKOU est majeur, son domicile sera un
domicile qui peut être différent de celui de ses parents. Il ne s’agira plus d'un
domicile de dépendance, mais d’un domicile volontaire.

Si le Jeune KOUAKOU vit avec ses parents à Agboville, Agboville sera considéré
comme son principal établissement ou domicile.

II- DE LA VALIDITE DU CONTRAT DE LOCATION

M. KOUAKOU fils a conclu à l'insu de ses parents un contrat de location d'un


véhicule. Son père conteste la validité de ce contrat.

En l’absence de précision relative à l'âge de M. KOUAKOU fils, deux hypothèses


doivent être envisagées selon que l’on considère qu'il est mineur non émancipé ou
majeur.

 Si l'on considère que M. KOUAKOU fils a 21 ans révolus ou plus, c’est-à-


dire qu'il est majeur, la validité du contrat de location ne peut être contestée
en l'absence d’un vice du consentement ou autre cause de nullité.

 Mais si l'on considère que M. KOUAKOU fils est un mineur non émancipé,
la solution change eu égard à l’incapacité générale d'exercice qui frappe le
mineur non émancipé.

Le mineur non émancipé ne peut en principe conclure de contrat valable que s'il est
représenté ou assisté.

Si l’on applique ce principe, le contrat de location conclu seul par M. KOUAKOU


fils est frappé de nullité. Il s'agit d’une nullité relative qui ne peut être invoquée
que par la personne protégée, c’est-à-dire M. KOUAKOU.

Si M. KOUAKOU fils est mineur, il doit être assisté de son représentant légal, en
l’espèce, son père, dans l'exercice de cette action en nullité.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Mais, il existe des exceptions au principe de l’incapacité d'exercice du mineur non


émancipé.

Parmi les exceptions figurent les actes de la vie courante qu'un mineur non
émancipé peut faire seul.

Le contrat de location conclu par M. KOUAKOU fils peut-il être qualifié d’un
acte de la vie courante ?

Cette qualification va dépendre du contexte social dans lequel vit M. KOUAKOU


fils.

Ses parents étant aisés, l'on peut considérer que la location d’un véhicule au prix de
400 000 FCFA constitue un acte de la vie courante. Nous devrons dans ce cas
conclure à la validité du contrat de bail conclu par M. KOUAKOU fils.

En conclusion, M. KOUAKOU père n'obtiendra pas gain de cause s'il argue de la


nullité du contrat de bail conclu par son fils.

III- DE L'ACTION EN RESPONSABILITE DELICTUELLE EXERCEE


CONTRE M. KOUAKOU FILS

M. KOUAKOU fils est l’auteur d’un accident pour lequel les victimes des
dommages corporels et matériels ont exercé une action en réparation contre sa
personne.

Il nous faut tout d'abord préciser que les articles 1382 et suivants constituent le
fondement de cette action en réparation.

M. KOUAKOU fils est-il civilement responsable de son délit ?

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Pour répondre à cette interrogation, l'on doit envisager deux hypothèses selon que
M. KOUAKOU fils est majeur ou mineur non émancipé.

 Si l'on considère que M. KOUAKOU fils est majeur, il sera jugé seul
responsable du fait de son délit.

 Mais si l’on considère que M. KOUAKOU fils est un mineur non émancipé,
sa responsabilité personnelle sera également retenue sur le fondement de
l’article 36 de la loi de 2019 sur la minorité qui prévoit que le mineur non
émancipé est responsable de son délit, de son quasi-délit et de son
enrichissement sans cause.

Il nous faut préciser que cette responsabilité personnelle du mineur non émancipé
pourra se conjuguer avec la responsabilité civile de ses parents, M. et Mme
KOUAKOU par application de l’article alinéa 4 du Code Civil. Nous devions
conseiller aux victimes cette possibilité parce que M. KOUAKOU fils, mineur non
émancipé, ne dispose pas de fortune personnelle.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Mlle Gnanzelé Julia Roberta, née le 25 septembre 1987 à Vavoua, de nationalité


ivoirienne, a été élue Miss Univers. Son retour en Côte d'Ivoire le 25 juin 2004 a
donné lieu à une liesse nationale. La photo de la nouvelle Miss Univers en maillot
de bain figurait dans tous les journaux nationaux. L’heureuse élue a reçu la somme
de 35 millions de francs CFA, un véhicule neuf de marque BMW et de nombreux
prix.

Le 4 juillet 2004, Miss Gnanzelé a fait l'acquisition d'une villa de quatre pièces sise
à la Riviera pour le prix de 18 millions de francs CFA avec la société immobilière
"Côte d'azur". Miss Gnanzelé, qui vit désormais seule dans sa villa, vient
d'organiser une fête chez elle pour fêter son brillant succès au baccalauréat qu'elle a
obtenu avec mention.

Avec ses amis, ils décident de terminer la soirée dans une discothèque en zone 4.
C’est au cours du trajet, que Mlle Gnanzalé, au volant de son véhicule neuf, entre
en collusion avec un taxi qui avait la priorité. La passagère du taxi, Dame
Gnamakoudji Zékina, sous le choc, est projetée hors du véhicule, avec une fracture
du bassin. Le chauffeur du taxi dont le véhicule a subi d'importants dégâts vient
vous voir accompagné de sa passagère, car ils ont décidé tous deux d’agir en
justice contre Miss Gnanzelé Julia afin d'obtenir réparation des préjudices subis.

Quelles sont leurs chances de succès ?

Les parents de Miss Gnanzelé Julia veulent contester en justice la validité du


contrat d’achat de la villa en arguant de l’âge de leur fille et du prix d’achat trop
élevé.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Obtiendront-ils gain de cause ?

Quant à Miss Gnanzelé Julia, elle vient de découvrir dans Frat Hebdo du 24
septembre 2004 sa photo en maillot de bain. Cette photographie prise le jour du
concours de Miss Univers illustre dans Frat Hebdo la publicité du Savon au miel
Belux avec le commentaire suivant « Comme Miss Univers 2004, utilisez le savon
au miel Belux pour avoir une peau de bébé ».

Miss Gnanzelé veut intenter seule une action en justice afin d’obtenir réparation
pour l'utilisation de sa photo. Elle vient vous consulter sur la nature de l’action
qu’elle veut intenter et ses chances de Succès.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

Résumé des faits

Mlle Gnanzalé Julia, 17 ans, élue Miss Univers a reçu, à ce titre, de nombreux dons
dont un véhicule neuf et la somme de 35 millions de francs CFA.

Avec cette somme, Mlle Gnanzalé a acquis avec la société immobilière Côte
d'Azur une villa de 4 pièces sise à la Riviera au prix de 18 millions de francs CFA.

Les parents de Mlle Gnanzalé, arguant de l’âge de leur fille et du prix d'achat trop
élevé de la villa, veulent contester en justice le contrat d'achat conclu par leur fille.

Au volant de son véhicule, Mlle Gnanzalé, refusant la priorité à un chauffeur de


taxi, entre en collusion avec celui-ci. Le véhicule de ce dernier a subi d'importants
dégâts matériels. Quant à la passagère du taxi, projetée du véhicule par le choc, se
retrouve avec une fracture du bassin. Les deux victimes de l'accident ont décidé
d'agir en justice pour obtenir réparation des dommages subis.

Le journal Frat Hebdo a publié la photographie en maillot de bain de Miss Univers


(Mlle Gnanzalé) pour illustrer la publicité du savon de beauté Belux. Mlle
Gnanzalé veut intenter seule une action en justice afin d’obtenir réparation du fait
de l’utilisation de ce photographie.

Les problèmes de droit posés dans ces 3 demandes sont de trois sortes.

1°) Le 1er problème concerne les conditions de validité du contrat d'achat d'un
immeuble par un mineur.

2°) Le 2e problème est relatif aux conditions de mise en œuvre de la responsabilité


personnelle d'un mineur.

101
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

3°) Le 3e problème : la publication de la photo de Miss Univers en maillot prise le


jour même du concours porte-t-elle atteinte au droit à l'image de cette dernière et
quelles seront les sanctions éventuelles de cette atteinte ?

I- LE PROBLEME DE LA VALIDITE OU CONTRAT D'ACHAT DE


L'IMMEUBLE

Mlle Gnanzalé âgée de 17 ans, a acquis seule une villa de 18 millions de francs
CFA. Ce contrat est-il valable ?

Étant âgée de 17 ans, Mlle Gnanzalé est mineure, le mineur est en principe tout
individu de l'un ou l'autre sexe âgé de moins de 21 ans révolus.

En l'absence de précisions contraire dans le cas, Mlle Gnanzalé est un mineur non
émancipé.

S'agissant de la validité des actes juridiques notamment des contrats conclus seul
par un mineur, le principe est l'incapacité générale d'exercice du mineur non
émancipé lequel invalide les actes conclus (A). Mais, le principe est assorti
d'exceptions (B).

A- L'incapacité générale d'exercice du mineur non émancipe

Le mineur non émancipé ne peut contracter seul, eu égard à l'incapacité générale


d'exercice qui le frappe.

Pour conclure valablement un contrat, le mineur non émancipe doit être représenté.
En l'espèce, le représentant aurait dû être M. Gnanzelé, le parent qui exerce
l’autorité parentale.

Le principe de l'incapacité générale du mineur non émancipé s’applique aux actes


de dispositions conclus par un mineur non émancipé.

L'acte de disposition est un acte qui a pour objet de porter atteinte à la consistance
du patrimoine du mineur non émancipé. Le contrat d'achat conclu par Mlle

102
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Gnanzalé est une illustration de l'acte de disposition puisqu'il a entraîné un


appauvrissement de son patrimoine.

Le principe de l'incapacité générale est assorti d’exceptions.

B- Les exceptions éventuelles à l'incapacité générale d’exercice de Mlle


Gnanzalé

Le mineur non émancipé peut exceptionnellement conclure seul certains actes. Ces
exceptions concernent certains actes personnels tels que le mariage ou l'adoption.
Cette 1ère exception est à exclure, car elle ne concerne pas notre cas pratique.

D'autres exceptions sont relatives aux actes conservatoires, aux actes


d'administration et aux actes de la vie courante.

Le contrat d'achat conclu par Mlle Gnanzalé ne peut être qualifié d'acte
conservatoire ni d’acte d'administration. L’acte conservatoire étant un acte qui a
pour objet de préserver la consistance du patrimoine du mineur et l'acte
d'administration est un acte de gestion courante d’un patrimoine.

Le contrat d'achat de la villa peut-il être qualifié d’acte de la vie courante ?

Cette qualification doit prendre en compte le contexte dont est issu le mineur. En
l'espèce, le cas pratique ne précise pas le milieu social dont est issu Mlle Gnanzalé.
L’on sait seulement qu’elle a reçu de nombreuses donations du concours de Miss
Univers dont 35 millions. Si Mlle Gnanzalé n’est pas issue d'un milieu aisé, l'achat
de la villa sera qualifié d’acte de disposition et non d'acte de la vie courante. À ce
titre, ce contrat pourra être annulé par application du principe.

Si Mlle Gnanzalé est issu d'un milieu aisé, le contrat d'achat sera un acte de la vie
courante et la solution sera la validité dudit contrat.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

II- LES CONDITIONS DE MISE EN ŒUVRE DE LA RESPONSABILITE


DELICTUELLE DE MLLE GNANZALE

Les victimes de l’accident qui réclament réparation peuvent-ils mettre en œuvre la


responsabilité délictuelle de Mlle Gnanzalé qui est un mineur non émancipée ?

La réponse à cette interrogation est, positive. Elle résulte des dispositions de


l'article 36 de la loi de 2019 relative à la minorité. « Le mineur engage son
patrimoine par ses délits, ses quasi-délits et son enrichissement sans cause ».

En l'espèce, cette responsabilité personnelle de Mlle Gnanzalé a lieu de s'appliquer


puisque celle-ci a un patrimoine dont l’actif comprend les nombreuses donations
reçues du concours Miss Univers. Aussi, nous répondrons aux victimes de
l'accident qu’ils pourront obtenir réparation des préjudices subis sous le fondement
de l'article 36 précité.

III- L'ATTEINTE AU DROIT A L'IMAGE DE MLLE GNANZALE

Mlle Gnanzalé veut obtenir en justice réparation pour l’utilisation de sa photo à des
fins publicitaires. Elle veut intenter seule cette action en justice. Le peut-elle ?

Il nous faut tout d'abord nous interroger si la publication de la photo et son


utilisation à des fins commerciales porte atteinte au droit à l’image de Mlle
Gnanzalé ?

A- Le principe

Le principe en la matière est que toute personne a sur son image et sur l'utilisation
qui est faite un droit exclusif. En principe, nul ne peut disposer de l'image d'autrui
sans le consentement de ce dernier. L’atteinte au droit à l'image est sanctionnée par
la mise en œuvre de la responsabilité délictuelle de l'auteur de la publication,
lequel a agi sans le consentement de l'intéressé (fondement article 1382 du Code
Civil). Si l’on applique le principe, le journal Frat Hebdo et le savon Belux
engagent leur responsabilité pour l'utilisation commerciale de la photo de la Miss
sans le consentement de cette dernière. Mais, ce principe est assorti d'exception.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

B- Les exceptions

La publication de la photo d’autrui ne donne pas lieu à une action en réparation


lorsque la photo a été prise dans un lieu public ou s'il s'agit de la photo d'une
personne célèbre dans l'exercice de sa profession ou encore de la photo d'une
personne se trouvant au cœur de l'actualité.

Ces trois hypothèses se trouvent réunies dans le cas de Miss Univers ; sa photo en
maillot de bain a été prise dans un lieu public (lieu des élections) ; la Miss Univers
est désormais une personne célèbre. De plus, cette photo a été prise au cours d'un
événement qui se trouve au cœur de l’actualité.

Cependant, si cette photo prise dans ces circonstances (lieu public, personne
célèbre ou personne au cœur de l’actualité) est utilisée à d'autres fins, la nécessité
du consentement de l'intéressé s’impose à nouveau.

Lorsque la photo est utilisée à d'autres fins, l'absence d'obtention du consentement


constitue une faute qui met en cause la responsabilité délictuelle de l'auteur de la
publication.

Dans notre cas, Mlle Gnanzalé pourra obtenir en justice la condamnation de Frat
Hebdo et du savon Belux qui est utilisé à des fins publicitaires la photo prise le
jour de l’élection sous le fondement de l’article 1382 du Code civil.

L'utilisation de son image à des fins publicitaires sans son consentement constitue
la faute.

Elle a subi en l'espèce un préjudice matériel qui consiste dans le manque à gagner
dans l’utilisation publicitaire de sa photo.

Aussi sous le fondement de l’article 1382 du code civil, Mlle Gnanzalé obtiendra
des dommages intérêts dont le montant sera fixé par le juge.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

C- L’exercice de l'action en responsabilité

Mlle Gnanzalé ne peut intenter seule l'action en justice eu égard à son incapacité
générale d’exercice.

Le remède à cette incapacité est l’assistance. Aussi conformément aux dispositions


de l'article 33 al. 2 de la loi de 2019 sur la minorité, Mlle Gnanzalé doit être
assistée de son représentant légal dans l’exercice de l’action en responsabilité. En
l'espèce, ce représentant légal est son père.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

KAEVOLTIGEUR, amateur passionné de Taekwondo, s'est acquis une certaine


réputation dans cette discipline au cours de diverses manifestations sportives. Les
journalistes lui ont même donné, en raison de ses nombreux succès, l'appellation de
« Le DAN volant » sous lequel il est désormais connu dans la région, dont il se sert
volontiers pour se désigner lui-même, notamment lorsqu’il signe des autographes,
et qu’un fabricant d’articles de sport a utilisé comme marque pour lancer son
dernier produit.

Avec des amis qui portent le même amour que lui au Taekwondo et aux traditions
asiatiques, ils décident d’agir pour assurer le développement de leur sport favori
dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, voire dans les régions limitrophes.

À cette fin, ils projettent d'acquérir un local dans lequel ils pourront le pratiquer
avec d'autres amateurs et l’enseigner à tous ceux qui désireraient l'apprendre.

QUESTIONS :

Ils s'adressent alors à vous pour vous poser les questions suivantes auxquelles vous
répondrez :

1°) Première question : Pour mettre leur projet à exécution, ont-ils juridiquement
intérêt à créer une association ou une société qui achètera le local et le gérera ?

2°) Seconde question : Monsieur KAEVOLTIGEUR peut-il agir en justice contre


le fabriquant d'articles de sport afin de lui faire interdire l'utilisation de la marque «
Le DAN volant ».

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

I- EN CE QUI CONCERNE LE CHOIX ENTRE ASSOCIATION ET


SOCIETE

Tout dépend des intentions des intéressés.

A- S'ils désirent seulement développer la pratique du Taekwondo sans retirer de


leurs activités un profit pécuniaire, ils doivent créer une association qui se définit
précisément comme un groupement de personnes physiques à but non lucratif.

B- Si, à l'inverse, ils veulent faire leur profession de la pratique et de


l'enseignement du Taekwondo afin de se consacrer entièrement au développement
de ce sport et de façon à vivre de cette activité, ils poursuivent un but lucratif.

La personne morale qu'ils vont créer sera alors orientée vers la réalisation et le
partage des bénéfices. Ils doivent donc opter pour une société qui est constituée par
deux ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d'affecter à une
entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice ou
de profiter de l’économie qui pourra en résulter.

Dans cette hypothèse, nous ne saurions trop leur conseiller de choisir un type de
Société dans lequel l’autonomie du patrimoine social soit pleinement réalisée,
c’est-à-dire soit une société à responsabilité limitée, soit une société anonyme, et à
éviter la société de personnes où cette autonomie subit de graves atteintes puisque
les créanciers sociaux peuvent se payer sur les biens personnels des associés.

En conclusion, nous sommes d’avis que les intéressés peuvent choisir soit
l'association, s’ils n’ont pas de but lucratif, soit, dans le cas contraire, un type de
société où la responsabilité des associés est limitée à leur apport, comme la société
à responsabilité limitée ou la société anonyme.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

II- SECONDE QUESTION

L'appellation « Le DAN Volant » a été donnée à KAEVOLTIGEUR par des tiers,


des journalistes en l’occurrence. Elle s’analyse donc juridiquement comme un
surnom. Dans la mesure où KAEVOLTIGEUR l’a adoptée puisqu'il s'en sert
volontiers pour se désigner lui-même, on peut soutenir qu’elle s'apparente pour lui
à un pseudonyme, qui se définit comme « un vocable de fantaisie qu'une personne
utilise pour se désigner dans l’exercice d’une activité particulière ».

C'est un surnom qu’il a fait sien.

Quoi qu'il en soit de sa nature juridique exacte, surnom ou pseudonyme, cette


appellation n'est qu’un accessoire du nom patronymique de l’intéressé. À ce titre, il
n'est pas aussi efficacement protégé que ce dernier contre l'usurpation que peuvent
en faire les tiers. Pour que le porteur d'un patronyme puisse en faire interdire
l'usage aux éventuels usurpateurs, il suffit en effet qu'il en ait la possession loyale
paisible et publique. Pour que le porteur d'un pseudonyme puisse en faire cesser
l'usurpation. Il faut en outre que celle-ci lui ait causé un préjudice.

Nous pensons que ces deux conditions sont remplies en l'espèce.

D'abord, il est clair, d'après l'exposé des faits, que la possession par
KAEVOLTIGEUR du vocable litigieux est loyale, puisqu'il ne se l'est pas
approprié frauduleusement, paisible, puisque personne ne lui dispute, et publique,
puisqu'il est connu sous ce nom dans toute la région.

Ensuite, il apparaît que l'usurpateur lui cause un préjudice. Elle constitue en effet
une publicité importante pour le produit qui en bénéficie. Cela laisse très
vraisemblablement penser à la plupart des gens que c’est avec son accord, obtenu
moyennant finances, que le fabricant utilise ce surnom, interprétation d’autant plus
compréhensible que sa réputation est sportive et que le produit lancé est un article
de sport.

Si KAEVOLTIGEUR prouve qu’il serait contraire à ses convictions de monnayer


ainsi sa notoriété, attitude noble mais peu courante de nos jours, il pourrait
invoquer un préjudice moral consistant à avoir laissé croire au public qu'il tire un
profit pécuniaire, injustifié à ses yeux, de sa réputation sportive.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Si, au contraire, KAEVOLTIGEUR avait l’intention d'exploiter commercialement


cette notoriété, ce qui est licite, il subit un préjudice matériel puisque l'utilisation
gratuite de son surnom par le fabricant le prive de revenus publicitaires qu'il
voulait et qu'il aurait pu en tirer.

Moral ou matériel, le préjudice existe donc. C'est d’ailleurs ce que la jurisprudence


admet toujours lorsque, comme en l’espèce, un industriel ou un commerçant se sert
d’un pseudonyme célèbre pour lancer un produit.

En conclusions, nous pensons que KAEVOLTIGEUR a toute chance d'obtenir la


condamnation du fabricant d’articles de sport à lui, verser des dommages et intérêts
en réparation du préjudice subi et à cesser à l'avenir toute exploitation du
pseudonyme « Le DAN Volant ».

Nous lui conseillons donc d’agir en justice contre le fabricant indélicat.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CONSULTATION

M. Achi Gaston, infirmier d'État, a contracté mariage le 17 février 1980 à la Mairie


d’Adzopé avec Dame Zoukougbeu Juliette commerçante à Adjamé. Le couple
réside à Yopougon Toits rouge. Trois enfants sont nés de cette union :

Adélaïde née le 8 août 1981 à Adzopé, Fabien Yapi née le 27 novembre 1983 à
Korhogo, Faustin née le 8 avril 1989 à Bouaké. M. Achi Gaston est propriétaire
d'un champ de cacao de 10 hectares à Adzopé et d’une villa de 4 pièces à Angré.

Depuis le 8 novembre 2004, Mme Achi n'a plus de nouvelles de son époux. Ce
dernier, ayant répondu à l’appel patriotique lancé à la télévision, s'était rendu
devant l’hôtel Ivoire où il a été vu pour la dernière fois avant la fusillade de la
foule par l'armée française.

Son épouse, dont les affaires marchent mal, veut procéder à la vente de la villa
pour faire face aux frais d’éducation et d’entretien des enfants.

Quelles sont ses chances de succès ?

Mme Achi voudrait également procéder à l'inscription de son fils Achi Faustin à
l'Université privé Saint Joseph. Elle se trouve dans l'impossibilité de se faire établir
un extrait de l'acte de naissance de Faustin né à Bouaké. Mme Achi s'interroge sur
les moyens dont elle dispose pour pallier au défaut d'acte de naissance.

Conscient des difficultés financières de sa mère, M. Achi Faustin a conclu le 5


janvier 2005 avec M. Samir, propriétaire du restaurant « chez Jean » un contrat de
travail pour un salaire mensuel de trente mille (30 000) francs CFA. Avec ce
salaire, M. Achi Faustin a fait l’acquisition le 10 juin 2005 d’une mobylette
d'occasion d’une valeur de 150 000 F CFA (cent cinquante mille francs CFA).

Mme Achi, qui vient d'être informée de la conclusion de ces deux contrats,
s'interroge sur leur validité.

111
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DE LA CONSULTATION JURIDIQUE

INTRODUCTION

Résume des faits

Formulation des problèmes de droit

Il résulte des demandes concrètes les problèmes de droit suivants :

1) Quelle est la situation juridique de M. Achi Gaston et ses effets sur ses biens.

2) Quels sont les mécanismes de suppléance au défaut d'acte de naissance.

3) Un mineur âgé de 16 ans peut-il conclure seul un contrat de travail et un contrat


d'achat.

I- LA SITUATION JURIDIQUE DE M. ACHI ET LES CONSÉQUENCES


QUANT AUX BIENS

Mme Achi veut procéder à la vente d'un bien immobilier de son époux dont elle n'a
plus de nouvelles depuis les évènements du 8 novembre 2004.

La possibilité de procéder à la vente (B) dépend de la situation juridique de M.


Achi (A).

A) Détermination de la situation juridique de M. Achi

Il résulte des faits de la consultation que M. Achi n’est pas décédé eu égard à
l'absence de corps.

M. Achi est-il absent ?

112
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

L'absence étant la situation d'une personne qui a cessé de paraître à son domicile et
dont l'on a plus de nouvelles. L’on pourrait à première vue qualifier la situation de
M. Achi comme étant celle d'un absent.

Mais, cette qualification est à rejeter, car en cas d’absence, il n'y a pas de
circonstances de nature à mettre en danger la vie de l’intéresse.

Il ne nous reste que la disparition.

La disparition est la situation juridique d’une personne dont on a la certitude ou la


quasi-certitude du décès eu égard aux circonstances de nature à mettre la vie de
l'intéresse en danger et dont le corps n’a pu être retrouve.

La disparition correspond à la situation juridique de M. Achi qui se trouvait à


l'Hôtel Ivoire au cours de la fusillade de la foule par l'armée française. De plus, le
corps de M. Achi n'a pas été retrouvé.

Pour constater la disparition de M. Achi, Mme Achi doit intenter une action en
déclaration de décès devant le tribunal de 1ère Instance d’Abidjan (lieu de la
disparition) et obtenir un jugement déclaratif de décès qui vaudra acte de décès.

B) Les effets du jugement déclaratif de décès sur les biens

Le jugement déclaratif de décès valant décès, la villa qui semble être un bien
propre du "de cujus" reviendra à ses enfants dont Mme Achi sera l’administrateur
légal sous contrôle judiciaire. Cependant, elle ne pourra pas procéder à la vente des
biens. Elle en a simplement l’administration.

113
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

II- LES MECANISMES DE SUPPLEANCE DE L'ACT E DE NAISSANCE


DE L'ENFANT ACHI

M. Achi Faustin étant né à Bouaké, en zone occupée, Mme Achi ne peut obtenir la
délivrance d'une copie ou d'un extrait de l’acte de naissance de ce dernier.

Mme Achi devra dans ce cas recourir aux mécanismes de suppléance lesquels sont
en l'espèce au nombre de deux : le jugement supplétif de l'acte de naissance (1) et
l'acte de notoriété (2).

1) Le jugement supplétif

En attendant la reconstitution des registres d’état civil dans les zones assiégées,
Mme Achi doit présenter une requête au Tribunal de Bouaké pour obtenir un
jugement supplétif d'acte de naissance (article 90 de la loi de 2018 sur l'état civil
qui renvoie aux dispositions de l’article 83 de la même loi).

Mais il se pose un problème, car le tribunal compétent se trouve être celui de


Bouaké qui est en zone assiégée. Il restera à Mme Achi à recourir à l'acte de
notoriété.

2) L'acte de notoriété

L'acte de notoriété est un acte dressé par un officier public ou un magistrat sur la
base de déclarations faite par plusieurs personnes.

L'autorité compétente pour établir l'acte de notoriété est le président du tribunal du


lieu de naissance ou du domicile du demandeur.

Si le lieu de naissance est Bouaké, le lieu domicile est Abidjan (Yopougon). Cet
acte de notoriété établi en vue de l’inscription de Achi Faustin à l’université ne
pourra pas servir à d'autres fins ; l’acte de notoriété doit énoncer la fin pour
laquelle il a été établi.

114
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Monsieur Môgô-Noir et Mademoiselle Magbê se sont mariés en 1988. De cette


union sont nés Mamitou et Papitou. Le 22 février 1993, le père de famille qui est
un haut cadre du ministère des Affaires Étrangères est envoyé en mission en
France. Depuis, plus personne n'eut de ses nouvelles. Entre temps, Magbê qui est
d'une inconduite notoire est accouchée d’une grosse gémellaire le 20 décembre
1993. Aujourd’hui, on vous pose les questions suivantes :

1- Quelle est la situation juridique de Monsieur Môgô-Noir ?

2- Quel est le régime juridique de cette situation et à quelle période de ce régime


nous trouvons-nous à ce jour ?

3- Après avoir calculé la période légale de conception des jumeaux, dites si


Monsieur Môgô-Noir pourra un jour les désavouer s'il est de retour.

4- Quelles seront les conséquences de ce désaveu sur le nom des jumeaux ?

NB : Appuyez les réponses aux questions 3 et 4 sur une démonstration solide.

115
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Monsieur Môgô-Noir s'est soustrait à la vue de son entourage depuis 12 ans et 8


mois à compter du 22 février 1993. Il plane un doute quant à son existence
juridique.

1- Quelle est la situation juridique de l'intéressé ?

Les règles régissant cette période de droit permettent de distinguer deux situations :

a) Dans certains cas, celui dont il est question de l'existence juridique à tout
simplement cessé de donner de ses nouvelles à ses parents, si bien qu'on se
demande s’il est vivant ou mort : c’est la situation juridique d’absence.

L'absence peut être définie comme la situation d'une personne dont on ignore si
elle est vivante ou morte parce qu’on a plus de ses nouvelles depuis au moins
quatre ans. Dans cette hypothèse, la place faite au droit est plus étendue.

b) Dans d'autres cas par contre, les circonstances dans lesquelles la personne a
cessé de paraître ne laissent aucune place au doute. Le décès est probable mais pas
totalement certain puisque le corps de l'intéressé n'a pas été trouvé : c'est la
disparition conformément à l’article 64 de la loi de 2018 relative à l'état civil. La
disparition est l'état de la personne qui a cessé de paraître dans les circonstances de
nature à mettre sa vie en danger, mais dont le corps n'a pu être retrouvé. Elle
recouvre également les hypothèses où le décès d’un individu est certain même si le
corps n’a pas été retrouve.

À la lumière de ces deux définitions, on peut affirmer que la situation juridique de


Monsieur Môgô-Noir s’apparente à celle de l'absence.

116
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

2- Quel est le régime juridique de cette situation et à quelle période de ce


régime nous trouvons-nous à ce jour ?

Ce régime juridique est établi par la loi dans la perspective du retour de l'absent.
C'est ainsi que les règles y relatives s’articulent autour de deux principales idées :

- Celles relatives aux conséquences de l'absence ;

- Celles axées sur les conséquences du retour de l'absent.

Ce sont les conséquences de l’absence et en particulier, celles qui concernent la


gestion des biens de l'absent qui s’apprécient selon trois périodes différentes qui
retiendront notre attention. Relativement aux biens de l’absent, la loi envisage les
conséquences de l'absence en distinguant les 3 périodes suivantes :

- La période de présomption d’absence ;

- La période d'envoi en possession provisoire.

La période pendant laquelle l'individu dont on n'a plus de nouvelles est présumé
absent dure au moins quatre ans si l’intéresse n’a pas laissé de mandataire pour la
gestion de ses biens et 10 ans au plus dans l'hypothèse où le présumé absent a
désigné un mandataire chargé de la gestion de son patrimoine après son départ.

La période d’envoi en possession provisoire s’ouvre par un jugement déclaratif


d'absence rendu par le tribunal à l’expiration du délai de présomption d'absence et
sur demande de tout intéressé aux biens du présumé absent. Le tribunal compétent
se prononce à la fin du délai d'un an nécessaire pour l’enquête ordonnée par le
même tribunal. Cette période encore appelée période d'absence déclarée, dure soit
30 ans après le jugement déclaratif d'absence, soit 100 ans révolus depuis la
naissance de l'absent.

La dernière période dite d’envoi en possession définitif s'ouvre, elle aussi par un
jugement à l’issue de la période précédente et dure jusqu’au retour éventuel de
l'absent.

117
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

À quelle période du régime juridique précédemment décrit, nous trouvons-


nous à ce jour en notre espèce ?

En vertu du régime juridique de l'absence tel que nous l'avons décrit, si les
intéressés aux biens de Monsieur Môgô-Noir ont été diligents, ils devront avoir
demandé le jugement déclaratif d’absence quatre ans après la date du 22 Fevrier
1993, soit le 23 février 1997. En effet, les faits ne nous disent pas si le présumé
absent a oui ou non laissé un mandataire pour la gestion de ses biens.

Nous sommes donc fondés à retenir la durée minimale de quatre ans, pour la
période de présomption d’absence et d’affirmer que, les demandeurs pourraient
obtenir un jugement déclaratif d’absence pour Monsieur Môgô-Noir après
l'enquête d'un an ordonnée par le tribunal à partir de la date de la demande en
justice. Ainsi, si théoriquement Monsieur Môgô-Noir a pu faire l'objet d'un
jugement déclaratif d'absence après 5 ans depuis le 22 février 1993, nous pouvons
affirmer que nous nous trouvons en pleine période d’envoi en possession
provisoire des biens de Monsieur Môgô-Noir.

3- Quelle est la période légale de conception des jumeaux nés le 20 décembre


1993 ?

- décembre => 20 jours

- novembre => 30 => 50 jours

- octobre => 31 => 81 jours

- septembre => 30 => 111 jours

- août => 31 => 142 jours

- juillet => 31 => 173 jours

- juin => 30 => 203 jours

118
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

- mai => 31 => 234 jours

- avril => 30 => 264 jours

- mais => 31 => 295 jours

- février => 28 => 323 jours

- Quelle était la date du 300e jour avant la naissance des jumeaux ?

300 - 295 = 5 jours => (28 - 5) +1= 24

- Quelle était la date du 180e jour avant la naissance des jumeaux ?

Le 24 février étant la date du 300e jour avant la naissance des jumeaux et le 24 juin
1993 celle du 180e jour avant la dite naissance, on peut affirmer que la conception
de ces enfants a eu lieu au plus tôt le 24 février 1993 et plus tard, le 24 juin 1993.

Monsieur Môgô-Noir pourra-t-il les désavouer s’il est de retour un jour ?

En principe, ce sont des enfants conçus et nés pendant le mariage de leurs deux
parents. Ce sont donc des enfants légitimes puisque l’absence n'est pas une cause
de dissolution du mariage. Ils sont donc couverts par la présomption légale de
paternité légitime instituée par l’article 4-1° de la loi ivoirienne de 2019 relative à
la filiation. Mais cette présomption légale est simple.

Ainsi, le présumé père, par exception peut désavouer l’enfant conçu et né pendant
son mariage en cours de validité si cet enfant est né plus de 300 jours après la date
des dernières nouvelles du père présume absent, telle que cela résulte du jugement
constatant la présomption d’absence (article 3 de la loi de 2019 relative à la
filiation).

En espèce, les jumeaux qui ont été conçus à partir du 24 février 1993 l'ont été après
le départ de leur père en date du 2 février de la même année.

119
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Dès lors, étant nés plus de 300 jours (303 jours) après les dernières nouvelles de
Monsieur Môgô-Noir, ils sont exclus du bénéfice de la présomption légale de
paternité légitime.

Il sera donc possible à Monsieur Môgô-Noir de désavouer les jumeaux conçus et


nés après ses dernières nouvelles dès qu’il serait de retour.

4- Quelles seront les conséquences de ce désaveu sur le nom des jumeaux ?

Les jumeaux dont il est question sont nés légitimes. Et conformément à l’article 2
alinéa 1er de la loi relative au nom, l'enfant né dans le mariage porte le nom de
son père. Ces jumeaux porteront donc le nom de Monsieur Môgô-Noir jusqu'au
retour de celui-ci. En cas de désaveu par le père légitime de retour, l’alinéa 2 de
l’article 2 précité accorde le droit à l’enfant adultérin... de prendre le nom de la
mère.

Les conséquences de ce désaveu sont d'ouvrir l’un des deux cas de changement de
nom consécutif à la destruction de la filiation originaire. L'enfant légitime
désavoué par son père qui passe aux statuts d'enfant naturel adultérin a... peut-être
été reconnu par l'amant de sa mère.

Dans cette hypothèse, le nom des jumeaux résulterait de l'application des règles
d’attribution du nom de l'enfant naturel tel que posées par l'article 3 nouveaux de
la loi sur le nom. La mise en œuvre de cet article nécessite une prise en compte de
l'article 10 de la loi relative au nom. En effet, l'article 3 nouveaux envisageant
deux hypothèses, soit l'adjonction du nom du père à celui de la mère, soit la
substitution du nom du père à celui de la mère, il faut souligner que l'article 10
interdit toute adjonction d'un nom à un nom patronymique double et
réciproquement.

120
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Monsieur YAOVI Vincent, 38 ans, Directeur de la COOPEC de Marcory, a


contracté mariage le 18 avril 1988 à la Mairie de Marcory avec Dame AYIHOI
Adèle, 28 ans, professeur au Lycée Notre Dame du Plateau.

Avant son mariage, Monsieur YAOVI Vincent était propriétaire de plusieurs


hectares de plantations de cacao et d'hévéa sis à Sikensi.

Le 25 avril 1989, Madame YAOVI Adèle donne naissance à des jumeaux, Ella
YAOVI et John YAOVI à la Clinique DON DE DIEU en zone 4.

Le 08 juillet 1989, le couple YAOVI a fait l’acquisition d'une villa de cinq pièces
sise à Marcory résidentiel dans laquelle ils résident.

Le 28 juin 2006, Monsieur YAOVI Vincent a quitté le domicile familial à 08 H 30


pour se rendre à pied à son lieu de travail, la COOPEC de Marcory, à 30 minutes
de marche de son domicile. Depuis ce jour, sa famille est demeurée sans nouvelles
de Monsieur YAOVI en dépit de nombreux avis de disparition insérés dans tous les
journaux de la place.

Le 04 juillet 2006, Madame YAOVI Adèle se rend au commissariat de Marcory


pour déclarer la disparition de son époux.

Le 02 août 2006, Monsieur YAOVI David, frère aîné de Monsieur YAOVI


Vincent, veut procéder au partage des plantations de cacao et d’hévéa de son frère,
car pour lui ce dernier est décédé.

Monsieur YAOVI David s’interroge sur les chances de succès de son action et il
vient donc vous demander conseil. (06 points).

Monsieur YAOVI Vincent, arguant de l'inaptitude de sa belle-sœur YAOVI Adèle


à gérer les biens communs du couple, veut saisir le tribunal pour être désigné tuteur
des enfants de Monsieur YAOVI Vincent. Obtiendra-t-il gain de cause ? (06
points).

121
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Quant à Madame YAOVI Adèle, elle vient de découvrir dans le quotidien « le Soir
» une photo d'elle prise au commissariat de Marcory et illustrant un article sur les
disparitions fréquentes à Abidjan à la veille des élections présidentielles.

Madame YAOVI Adèle veut intenter une action en justice contre le quotidien « le
Soir » du fait de la publication de sa photo. Elle réclame la somme de 20 millions
de francs CFA à titre de dommages et intérêts parce qu'elle considère que cette
publication lui a fait connaître une notoriété qu’elle ne désirait pas. Quelles sont les
chances de succès de son action ? (06 points).

INTRODUCTION (02 points).

122
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Introduction

Résumé des faits.

Formulation des problèmes de droit :

- Quelle est la situation juridique de M. YAOVI Vincent et la conséquence


juridiques quant à son patrimoine ?

- Les conditions d'ouverture de la tutelle des enfants de YAOVI Vincent sont-elles


réunies ?

- Quelles sont les conditions de mise en œuvre de la responsabilité du quotidien «


Le Soir » du fait de la publication de l'image de Mme YAOVI Adèle ?

I- la situation juridique de M. YAOVI Vincent et ses conséquences

A- Détermination de la situation juridique de M. YAOVI.

1) Contrairement à l’allégation de son frère David, M. YAOVI Vincent n'est pas


décédé eu égard à l’absence du corps.

2) Quid de la disparition ?

- Définition

- Application : En l'espèce, il n’existe aucune circonstance de nature à mettre la


vie de YAOVI Vincent en danger le jour où il a quitté son domicile pour se rendre
à son lieu de travail.

123
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

3) Quid de l'absence

- Définition

- Application : la situation de M. YAOVI est celle d’une personne absente.

B- Conséquences de cette qualification

L'absence comporte trois périodes en ce qui concerne le sort des biens de l'absent :
la présomption d’absence, l’absence déclarée avec l'envoi en possession provisoire
et l'envoi en possession définitif.

En l'espèce, nous sommes au cours de la première période de l'absence : celle de la


présomption d’absence. Au cours de cette période, lorsque l'absent n'a pas désigné
de mandataire (comme c’est le cas en l'espèce), toute personne intéressée (c'est le
cas du frère de M. YAOVI) peut saisir le tribunal afin que celui-ci désigne un
mandataire chargé de gérer les biens de l’absent.

Au cours de cette période, l'on ne peut procéder au partage même provisoire des
biens de l’absent. Aussi, les chances de succès de l’action de M. YAOVI David qui
veut procéder au partage des biens propres de son frère Vincent sont nulles. II doit
attendre la seconde période qui est celle du jugement déclaratif d'absence avec
l'envoi en possession provisoire.

124
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

II - Le régime de protection des enfants mineurs YAOVI

Il existe deux régimes de protection : l’autorité parentale et la tutelle. L'oncle des


enfants YAOVI veut procéder à l'ouverture de la tutelle. Les conditions sont-elles
réunies ?

A- Les conditions d'ouverture de la tutelle

La tutelle peut s'ouvrir de plein droit (1) où il peut s'agir d'une ouverture facultative
de la tutelle (2).

1- Ouverture de plein droit de la tutelle

a) Énumération des conditions d'ouverture de plein droit de la tutelle pour les


enfants légitimes : décès des parents, déchéance de l’autorité parentale ou encore
impossibilité physique des parents de manifester leur volonté...

b) Inexistence de ces conditions en l'espèce.

2- Ouverture facultative de la tutelle

a) Conditions de l’ouverture facultative cause grave.

b) Application : peut-on considérer en l'espèce que Mme YAOVI Adèle qui est
professeur au Lycée est inapte à gérer les biens communs du couple ?

En l'absence d'une preuve de cette inaptitude, le juge doit rejeter l'action


d'ouverture de la tutelle pour inexistence de la cause grave.

Les enfants mineurs seront alors sous le régime de l’autorité parentale.

125
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

B- L’autorité parentale avec l'administration légale sous contrôle judiciaire.

Dans la famille légitime lorsque, l’un des parents est décédé, déchu des droits de
l’autorité parentale ou encore dans l’impossibilité de manifester sa volonté, l'autre
parent exerce les attributs de l’autorité parentale. C'est ainsi qu'il a l'administration
légale des biens du mineur, mais sous le contrôle du juge.

III- La protection du droit à l'image de Mme YAOVI

Pour être indemnisée du fait de la publication de son image, Mme YAOVI doit
pour mettre en œuvre la responsabilité délictuelle du quotidien « Le soir » sous le
fondement de l'article 1382 du Code Civil et démontrer l'existence cumulative
d'une faute commise par le quotidien « Le soir », d’un préjudice subi par Mme
YAOVI et d’un lien de causalité entre la faute et le préjudice.

A- L'existence de la faute

1- Principe

La publication de l'image d'une personne sans son consentement est constitutive


d'une faute. On peut donc considérer que le quotidien « Le soir » est en faute
puisque nulle part dans le cas pratique, il n'est mentionné l'existence d'un
consentement donné par Mme YAOVI.

Mais, le principe comporte des exceptions.

126
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

2- Les exceptions

a- Énoncé des exceptions

La publication de l'image d'une personne ne constitue pas une faute lorsqu'il s'agit
de l'image d'une personne célèbre dans l'exercice de sa profession ou lorsqu'il s'agit
de l'image d'une personne prise dans un lieu public. Dans ces cas, l'on considère
que le consentement donné est tacite.

b- Application

En l'espèce, la photo de Mme YAOVI a été prise dans un lieu public


(commissariat). L'on considère par application de cette exception que le quotidien
« Le soir » n'a pas commis de faute en publiant sa photo du fait de l'existence de ce
consentement tacite de sa part. La solution aurait été différente si la photo avait été
utilisée à d'autre fin. Ce qui n'est pas le cas en l'espèce.

B- Inutilité de l'examen des autres conditions

Les conditions de mise en œuvre de l’article 1382 du Code Civil étant cumulatives,
l'existence de la faute rend inutile l'examen de l'existence d'un préjudice matériel
ou moral subi par Mme YAOVI et celle d’un lien de causalité.

En conclusion, Dame YAOVI ne pourra être indemnisée du fait de l'inexistence


d'une faute commise par le quotidien « Le soir » du fait de la publication de sa
photo.

127
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Les téléspectateurs ont adopté, depuis quelques années, les films brésiliens diffusés
sur les chaînes de la télévision ivoirienne.

Pour s'en convaincre, il suffit de se rendre dans certains salons, transformés en


salles de cinéma où ils viennent admirer leurs acteurs préférés : Rosa Salvage,
Costa Pinto, Renato, Beïja, Paco, Marimar, Preta, etc.

Ils n'hésitent d'ailleurs pas, au passage de ces films, à suspendre toutes activités. Ce
qui est parfois source de tension au niveau des ménages.

La semaine dernière, après le feuilleton « au cœur du péché », certains


téléspectateurs se sont retrouvés, spontanément, chez les époux BAILLY afin de
réfléchir à la création d’un club de fans dont l'objet principal serait de garder en
souvenir les noms de leurs acteurs préférés.

À cette occasion, après que d'autres familles aient choisi Preta, Beija et autres, les
époux KARIM et KONAN ont émis le souhait de donner comme prénoms à leurs
enfants à naître les noms suivants :

- ROSA SALVAGE, pour la fille des époux KARIM qui naîtra aux environs du 15
novembre prochain ;

- COSTA PINTO, pour le fils des époux KONAN, qui est né hier, 02 octobre 2007,
au CHU de Treichville.

À la fin de cette réunion informelle, KARIM s'ouvre à son ami KONAN, en lui
faisant savoir qu’il est créancier d’un agent d’une grande entreprise publique de la
place, pour un montant de 10.000.000 F CFA. Il a obtenu depuis quelques mois
déjà, une décision condamnant le débiteur au paiement de ladite somme.

Mais malheureusement, il n'arrive pas à faire exécuter la décision, le débiteur lui


ayant dissimulé son domicile personnel.

Quant au Directeur de l'entreprise, à qui il s'est adressé, il refuse de communiquer


cette adresse à l'huissier charge du recouvrement, de peur d'engager la
responsabilité de son entreprise.

128
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Ainsi, il ne peut faire procéder à des saisies sur les biens et recouvrer sa créance.

Madame SOUALY, née Odette BAILLY, sœur aînée de Monsieur BAILLY qui vit
chez ce dernier depuis six mois, suite à une dispute avec son mari, trouve
l'occasion opportune pour entretenir son frère sur ses relations avec son mari.

Elle l'informe de son intention de saisir, très prochainement, le juge des tutelles à
l'effet d'exercer les droits de l’autorité parentale sur leurs enfants mineurs
communs, restés avec son mari, tout en précisant que la dispute avec son mari et
partant, son départ du domicile auraient pour cause la présence d'une concubine (au
domicile conjugal) qui maltraite lesdits enfants.

Au regard de tout ce qui précède, il vous est demandé de répondre aux


préoccupations suivantes :

1. Les prénoms choisis par les époux KARIM et KONAN peuvent-ils être
portés par leurs enfants ?

2. Le Directeur de l'entreprise est-il en droit de refuser de révéler le domicile


de son agent ?

3. Madame SOUALY peut-elle avoir gain de cause ?

Justifiez vos réponses.

N.B : Aucun document n’est autorisé.

129
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

Passionnés de téléfilms brésiliens, les époux KARIM et KONAN souhaitent


donner comme prénoms à leurs enfants les noms ROSA SALVAGE et COSTA
PINTO portés par les personnages de ces films.

Monsieur KARIM qui a obtenu un jugement de condamnation de son débiteur


n'arrive pas à le faire exécuter en raison de la dissimulation par le débiteur de son
domicile personnel. L'employeur de ce dernier refuse de révéler à l'huissier
instrumentaire le domicile de son employé de peur de voir sa responsabilité
engagée.

Madame SOUALY qui a quitté le domicile conjugal parce que son conjoint y
entretient une concubine voudrait saisir le juge des tutelles pour se voir confier
l'exercice des droits de l’autorité parentale sur leurs enfants communs restés avec
leur père.

Au regard de tout ce qui précède, nous nous sommes interrogés sur le point de
savoir si les prénoms choisis par les époux KARIM et KONAN peuvent être portés
par leurs enfants, ensuite si l’employeur du débiteur de monsieur KARIM est en
droit de refuser de révéler le domicile de son employé et enfin si madame
SOUALY peut avoir gain de cause.

Ces préoccupations sont relatives aux règles d'attribution des prénoms, à la


protection du domicile et à l'exercice des droits de l’autorité parentale dans une
famille légitime.

Les problèmes juridiques soulevés par les préoccupations de ces personnes sont au
nombre de trois et se présentent comme suit :

130
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

1. Des parents ivoiriens peuvent-ils attribuer comme prénoms à leurs enfants


des noms étrangers portés par des personnages de téléfilms ?

2. Un employeur d’un débiteur qui dissimule son domicile personnel peut-il


être contraint à révéler le domicile de son employé sans porter atteinte à la vie
privée de celui-ci ?

3. Une épouse peut-elle se voir attribuer l’exercice des droits de l’autorité


parentale sur les enfants communs ?

Afin de mieux répondre aux préoccupations de ces personnes, ces problèmes


seront analysés séparément.

I- Le choix des noms de personnages de film comme prénoms par les époux
KARIM et KONAN

Les époux KARIM et KONAN souhaitent attribuer comme prénoms à leurs


enfants les noms des personnages de téléfilms brésiliens.

Les époux KARIM ont choisi les prénoms ROSA SALVAGE pour leur fille à
naître et les époux KONAN les prénoms COSTA PINTO pour leur garçon né le 14
décembre 1997.

Le choix de ces prénoms qui sont d'origine étrangère pose un problème au regard
de la législation ivoirienne sur le nom.

La question se pose en effet de savoir si les parents peuvent librement choisir les
prénoms de leurs enfants y compris parmi les étrangers.

131
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Pour répondre à une telle question, il importe de voir dans la loi sur le nom les
dispositions relatives au choix des prénoms.

Il est de principe que les parents peuvent librement choisir les prénoms de leurs
enfants. En application de ce principe, les époux KARIM peuvent librement choisir
les prénoms de leur enfant.

Cette liberté de choix n'est cependant pas absolue. En effet si les parents peuvent
librement choisir les prénoms de leurs enfants, c'est sous la réserve expresse
édictée par l’article 6 de la loi n° 64-373 du 7 octobre 1964, relative au nom
modifiée par la loi n° 83-799 du 2 août 1983 qui interdit aux officiers de l’état
civil de recevoir des prénoms autres que ceux figurant dans les différents
calendriers ou ceux consacrés par les usages et la tradition.

Au regard de ces dispositions que peut-on penser du choix des prénoms ROSA
SALVAGE par les époux KARIM ?

Ces prénoms figurent-ils dans les différents calendriers ou sont-ils consacrés par
les usages et la tradition ?

Il importe de préciser que les calendriers dont il s'agit ne peuvent être que des
calendriers ivoiriens ou en tout cas ceux qui sont considérés comme tels.

Les prénoms ROSA SALVAGE qui sont formés en réalité d'un prénom (ROSA) et
d'un nom (SALVAGE) brésiliens sont étrangers et ne figurent pas dans les
calendriers ivoiriens. Ils ne peuvent donc pas être choisis par les parents et portés
comme prénoms par des enfants ivoiriens nés en Côte d'Ivoire.

Il reste alors à se demander si ces prénoms sont consacrés par les usages et la
tradition.

De par leur caractère récent et, pour ainsi dire, saisonnier, ces prénoms n'ont pu
être consacrés par les usages et la tradition. Il faut préciser que les usages et la
tradition dont il s’agit sont bien ceux de la Côte d'Ivoire. Or, il n'est pas dans nos
usages ni dans notre tradition de donner des noms de personnages de téléfilms pour
moins de fantaisie.

Un tel choix relève beaucoup plus de la fantaisie que des usages et de la tradition.
Le choix des prénoms ne peut être mu par des considérations fantaisistes. Aussi,

132
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

les prénoms fantaisistes ne peuvent-ils être choisir pas les parents et portés par
leurs enfants.

En somme, les prénoms ROSA SALVAGE choisis par les époux KARIM ne
peuvent pas être portés par leur enfant car non-conforme à notre législation en la
matière. Les époux KARIM pourraient se heurter au refus de l'officier de l'état civil
s'ils veulent déclarer leur fille sous ces prénoms.

Le même raisonnement peut être tenu en ce qui concerne le choix par les époux
KONAN des prénoms COSTA PINTO pour leur enfant né le 02 octobre 2007.

En définitive, les enfants des époux KARIM et KONAN ne pourront pas porter les
prénoms choisis par leurs parents respectifs parce que ces prénoms ne figurent pas
dans les différents calendriers et ne sont pas consacrés par les usages et la tradition.

II- Le refus de l'employeur (le directeur) du débiteur de monsieur KARIM de


divulguer le domicile de son employé à un tiers poursuivant.

Monsieur KARIM voudrait obtenir de l'employeur de son débiteur qu'il révèle le


domicile de ce dernier. L'employeur, de peur d’engager sa responsabilité, refuse de
le faire.

L'attitude de l'employeur (le directeur) pose le problème des limites de la


protection du domicile. Il s'agit en l’espèce de savoir si l'employeur d'un débiteur
de mauvaise foi peut être contraint de révéler le domicile de ce dernier à l'huissier
instrumentaire sans porter atteinte à sa vie privée.

Le domicile est le lieu par excellence où s'exerce la vie privée. À ce titre, il


bénéficie d'une protection légale.

Le domicile est, par là même, inviolable. Aussi nul ne peut-il divulguer le domicile
d’autrui sans son consentement. Cette interdiction est valable pour tous, y compris
l'employeur (Voir dans ce sens la jurisprudence dès lors que n’est pas en cause la
sauvegarde d'un droit légalement reconnu ou judiciairement constaté, la
divulgation du domicile d'un salarié par l'employeur sans son accord constituerait

133
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

une atteinte à sa vie privée. Civ. 1ère 6 novembre 1990 ; D. 199. 353.). Ainsi,
l'employeur qui divulgue à autrui le domicile de son employé sans son
consentement porte atteinte à la vie privée de ce dernier.

Au regard de ce qui précède, le directeur (l'employeur du débiteur de monsieur


KARIM) ne peut pas en principe communiquer l’adresse (le domicile) de son
employé, sans son consentement, à l’huissier. C'est ce qui justifie certainement son
refus.

Il faut toutefois souligner que si le domicile bénéficie d'une protection, cette


protection ne peut avoir pour but ou pour effet de permettre à une personne de se
soustraire de ses obligations. Aussi, la jurisprudence admet-elle que l'employeur
puisse être astreint à divulguer le domicile de son employé si ce dernier, pour des
motifs illégitimes, le dissimule (En l'absence de jurisprudence ivoirienne, on
pourrait s’appuyer sur le raisonnement suivi par les juges français pour appliquer la
même solution.

Raisonnement qui semble être inspiré par la maxime frans omma corrumpu. Voir
dans ce sens l'arrêt rendu par la 1ère chambre civile de la Cour de cassation
française le 19 mars 1991 : D. 1991.508 :

« Si toute personne est en droit de refuser de faire connaître le lieu de son domicile
ou de sa résidence, il en va autrement lorsque cette dissimulation lui est dictée par
le seul dessein illégitime de se dérober à l'exécution de ses obligations et de faire
échec au droit des créanciers ; le juge des référés peut alors ordonner sous astreinte
à l'employeur de communiquer aux créanciers ce renseignement ».

En l'espèce, l'employé dissimule son domicile pour empêcher l'exécution de la


décision. Ce qui constitue une fraude à la loi.

Il résulte de ce qui précède que le directeur qui divulgue le domicile de son


employé sur injonction d'un officier public muni d'une décision de justice comme
c'est le cas en l'espèce, ne peut voir sa responsabilité engagée pour atteinte à la vie
privée de son employé. Le directeur de l'entreprise publique n'est donc pas en droit
de refuser de révéler le domicile du débiteur de monsieur KARIM à l’huissier.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

III- L'exercice des droits de l’autorité parentale par l'épouse

Madame SOUALY, qui a quitté le domicile conjugal parce que son conjoint y
aimaient une concubine voudrait exercer les droits de l’autorité parentale sur
leurs enfants communs restés avec leur père. À cet effet, elle voudrait saisir le juge
des tutelles. Elle fait remarquer que ces enfants sont maltraités par la concubine de
leur père.

Les faits ainsi présentés soulèvent le problème de l'exercice des droits de l’autorité
parentale dans une famille légitime, plus exactement des conditions d'exercice par
la mère.

La question de droit est de savoir si l'épouse remplit les conditions pour exercer les
droits de l’autorité parentale sur les enfants communs en lieu et place du père.

La réponse à cette interrogation invite à la lecture des articles 3 et 5 de la loi de


2019 sur la minorité. En effet, de la lecture combinée de ces deux articles,
l’autorité parentale durant le mariage, est exercée d’un commun accord par les
père et mère, sauf décision judiciaire contraire.

Ainsi, lorsque survient un conflit relativement à l’autorité parentale, le juge statue


en considérant l'intérêt de l’enfant. La mère pourra donc exercer l’autorité
parentale si le juge l’accorde.

La mère pourra également obtenir l’autorité parentale dans les cas suivants :
d’abord, en cas de déchéance du père ou de retrait partiel de ses droits de l’autorité
parentale (article 21 et suivants de la loi de 2019 sur ma minorité), ensuite, en
cas de d'abandon volontaire par le père de ses droits et enfin, dans le cas où le père
est hors d’état de manifester sa volonté (article 11 de la loi de 2019 sur ma
minorité).

En l'espèce, nous sommes en présence d’une famille légitime (Madame SOUALY


a quitté le domicile conjugal sans qu'il y ait eu un jugement de divorce ou de
séparation de corps) donc en principe, l’autorité parentale (les droits de puissance)
est exercé par le père même si la mère en est cotitulaire.

C'est donc monsieur SOUALY qui doit exercer les droits de l’autorité parentale.
Pour qu'il en soit autrement, il faut que madame SOUALY démontre que le père a

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

été déchu de ses droits, est hors d'état de manifester sa volonté, ou a abandonné ses
droits de l’autorité parentale.

Or, il n'apparaît pas dans les faits que le père a été déchu de ses droits de l’autorité
parentale ou que ses droits font l’objet d’un retrait partiel. Le fait pour le père
d'entretenir une concubine qui maltraite leurs enfants ne constitue pas un cas
d’exercice de l’autorité parentale par l’épouse. Il serait par ailleurs difficile de
considérer l’attitude du père comme un cas de déchéance de l’autorité parentale.
Même si l'attitude du père qui entretiendrait une concubine dans le domicile
conjugal serait de nature à compromettre l'éducation des enfants, aucune décision
de déchéance ou de retrait n’est intervenue.

Par ailleurs, à supposer que le père ait été déchu de l’autorité parentale, la mère ne
pourrait pas se voir accorder l'exercice des droits de l’autorité parentale ; ayant
elle-même abandonné le domicile conjugal.

Il ne ressort pas non plus des faits que le père est hors d'état de manifester sa
volonté en raison de son incapacité, de son absence, de son éloignement ou de
toute autre cause.

Enfin le père n'a pas volontairement abandonné ses droits de l’autorité parentale.

Il découle de ce qui précède que madame SOUALY ne peut avoir gain de cause si
elle demande au juge des tutelles de lui attribuer l'exercice des droits de l’autorité
parentale.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

SUJET :

GBANFLIN KLANHAN, cadre d'une importante société spécialisée dans le bois


dont le siège social est à Tabou, est décédé en avril 2020 dans son village natal
situé dans la sous-préfecture de Dimbokro.

Des obsèques bien méritées ont été organisées, deux semaines durant, à l'attention
du défunt par ses parents, la population, ses amis et sa société où il ne comptait que
des amis, des frères et sœurs, aux dires des employés et collaborateurs.

Depuis l'enterrement, ses parents se remettent progressivement de la situation,


surtout avec la présence des deux enfants laissés par Feu GBANFLIN KLANHAN,
une fille, née le 12 mai 1999, qui vient d'ailleurs de présenter le BAC 2020, et un
garçon en classe de 6e, et pour lesquels les parents sont inquiets pour la rentrée
scolaire 2020-2021 ;

En effet, les parents indiquent qu'au moment de son décès, GBANFLIN père, était
pendant plus d’une année en chômage technique, du fait des difficultés que
rencontrait sa société, sa zone d'exploitation étant dans la région de Man sous
contrôle de la rébellion d'alors.

Cependant, GBANFLIN père a pu, pendant près de 15 ans de service, construire


quatre maisons dont deux au village, une à San-Pedro et à Sassandra.

Il a par ailleurs un véhicule de marque Mercedes 190 qui est immobilisé depuis son
décès.

Face à ces difficultés, les parents envisageant de mettre en location trois des
maisons (San-Pédro - Sassandra - Village) et de vendre le véhicule afin de pouvoir
faire face aux dépenses de rentrée scolaire, surtout que la compagnie d'assurance
où GBANFLIN père avait souscrit une assurance et la société qui l'employait
exigent l'acte de décès pour engager les procédures de versement du capital et la
liquidation des droits, acte qu'ils ne peuvent produire, faute d'avoir déclaré le décès
à l'état civil.

Que pouvez-vous leur conseiller ?

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

GBANFLIN KLANHAN meurt en laissant deux enfants et des biens (04 maisons
et un véhicule). Les enfants étant encore à l'école, les parents sont préoccupés par
les dépenses de la rentrée scolaire 2020-2021.

Pour faire face à ces dépenses, ils envisagent de mettre en location trois maisons et
de vendre le véhicule, les procédures de versement du capital au titre de l'assurance
souscrite par le défunt et de liquidateur des droits par l'employeur rencontrent des
blocages, faute d’acte de décès.

Pour des conseils utiles, il y a lieu de distinguer deux situations :

- Les parents sont-ils habilités à faire les opérations envisagées ?

- Que faire pour obtenir l'acte de décès ?

A- Les parents sont-ils habilités à faire les opérations envisagées ?

Pour répondre à cette question, il faut d'abord résoudre le problème suivant : Qui
est habilité à administrer les biens en cas de décès du père ?

C'est poser tout le problème de l'exercice de l’autorité parentale dans le cas


d'espèce, précisément l'administration des biens laissés par le défunt père.

Les faits n'étant pas précis, il y a lieu d’envisager deux hypothèses :

- mariage de GBANFLIN => enfants légitimes

- non manage => aux parents naturels

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

1) Du mariage de GBANFLIN avec la mère de ses enfants

Rappel du principe pendant le mariage

Décès du mari — règle

Faire remarquer qu'un enfant est devenu majeur depuis mai 2020. Si les parents
étaient mariés, il ne se présente pas de difficultés quant à l'administration des biens
laissés puisque la mère est habilitée à le faire.

Cependant, tenir compte de la gravité des actes à poser.

- bail => acte d'administration ;

- vente => acte de dispositions, pour lequel il faudra tenir compte de l'enfant
devenu majeur.

2) GBANFLIN n'était pas marié.

- Les enfants sont des enfants naturels

- Qui est habilité à administrer les biens laissés ?

- Un des enfants est majeur

- C'est par rapport au mineur que se pose la question de l'administrateur.

=> Désignation d'un tuteur par le canal de famille, avec la mère de l'enfant mineur.

Le tout devant le juge des tutelles.

=> Pour les opérations, le tuteur va exercer ses pouvoirs, en tenant compte du
consentement de l'enfant majeur et de la gravité des actes.

Ainsi, les parents ne peuvent effectuer les opérations en faisant comme ils le
souhaitent.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

B- Que faire pour obtenir l’acte de décès ?

Il ressort des faits que la déclaration de décès n'a pu être faite à l'état civil. Or, elle
devait être faite dans les 15 jours.

De la date de décès (avril 2020) au 10 août 2020, il s’est écoulé plus de 15 jours.

L'acte de décès ne peut donc plus être obtenu à la sous-préfecture de Dimbokro.

Quelle est donc la procédure à suivre pour obtenir l'acte de décès ?

Les parents doivent désormais saisir le tribunal de Dimbokro pour l'obtention d'un
jugement supplétif tenant lieu d’acte de décès.

C'est donc le jugement qui permettra, selon le cas, à la mère ou au tuteur, de


débloquer la situation en ce qui concerne le versement du capital et la liquidation
des droits.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

SUJET :

Le 05 février 2005, DJ CAMARO contractait mariage avec Fouta DOMAN,


devant l'officier de l'état civil de Divo. Après la dissolution du mariage en 2009, DJ
CAMARO a rencontré SIKEAHOFOUE Yah. De leur union, sont nés deux enfants.
En 2012, DJ, qui vivait en union libre avec Yah, se remarie avec son ex-épouse
Fouta DOMAN, le 30 décembre 2012 devant l'officier d’état civil de Divo.

Le 11 septembre 2016, DJ CAMARO meurt laissant de nombreux orphelins. Pour


bénéficier de la pension et du capital décès aux ayants droit, accordés par le
Ministère de la Fonction publique, Fouta DOMAN produit son certificat de
mariage, document que contestent SIKEAHOFOUE Yah et SE CAMARA, le frère
aîné de DJ CAMARO, du fait des irrégularités relevées dans les actes constatant le
remariage de DJ CAMARO et de Fouta DOMAN.

En effet, selon Yah et SE, il y a une variation entre les signatures de DJ CAMARO
apposées sur les actes de mariage de 2005 et 2002, ainsi que la numérotation des
feuillets de registre de mariage. Ils envisagent dès lors de demander la nullité du
mariage de DJ CAMARO et Fouta DOMAN.

Peuvent-ils avoir gain de cause ?

Justifiez votre réponse !

141
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Rappel des faits

Irrégularités constatées dans les actes de remariage constituant le certificat de


mariage produit, l'ex-concubine et le frère du marié décédé (entre temps veulent
demander la nullité du mariage).

Problème :

Les irrégularités relevées constituent-elles des causes de nullité du mariage au


sens de la loi relative au mariage ?

Autrement dit, les anomalies relevées dans les actes de mariage figurent-elles dans
les différents cas de nullité expressément prévus par la loi sur le mariage ?

Intérêt : Il n'y a pas de nullité sans texte

- Nullités absolues

- Nullités relatives

Les anomalies ne figurent pas dans les différents cas de nullité. Elles ne peuvent
donc entraîner la nullité du mariage. Mieux, le remariage ne peut-il être considéré
comme un faux, puisque célébré effectivement par l’officier de l'état-civil (C.S. ch.
Jud. Four. Civ., arrêt n° 483 du 13/10/2005 Rec/CNDJ ; n°2, 2006).

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

SUJET : Depuis quelques temps, la famille KOUTOUKOU traverse des


moments difficiles.

En effet, Monsieur KOUTOUKOU Jean, est un alcoolique notoire jouissant d'une


solide réputation auprès des tenanciers de débits de boissons.

Au cours d'une soirée particulièrement mouvementée dans un maquis, après avoir


vidé sa dixième bouteille de vin, il fait, par acte sous seing privé en présence de
deux témoins, don de sa Mercedes compressor à la tenancière du maquis. Il lui
remet les clés du véhicule et regagne son domicile en taxi.

Lucide le lendemain, il revient réclamer son véhicule. La tenancière refuse de le


restituer. Il conteste alors la validité de l’acte, et décide d'intenter une action en
restitution.

Informée de cet incident, son épouse aimerait savoir les moyens juridiques dont
elle dispose pour assurer la protection de leur patrimoine commun devant les
dépenses inconsidérées de son mari. En effet, sa passion pour les jeux de casino
vient d’engloutir plus de la moitié de leurs économies réalisées en cinq ans.

Le 14 février 2007, leur fils DAGO acquiert en héritage cinq villas à lui léguer par
son grand-père. Le 20 mars de la même année, DAGO loue à DIGBAZA, pour
quatre ans, une des villas sise à Angré-Cocody.

Par ailleurs, pour son quinzième anniversaire, le 22 mars 2007, DAGO a pris en
location un véhicule de marque BMW avec la Société TOMBI spécialisée dans la
location des voitures sans chauffeur, en vue de se rendre à la plage d’Azuretti. Le
véhicule a dérapé et a été gravement endommagé. Depuis son accident, DAGO
pratique l'école buissonnière.

Chaque matin, faisant croire à ses parents qu’il se rend à l'école, il part à la scierie
TRABEX-CI où travaille DIDI un de ses amis. Là il découvre une offre d’emploi.
Il y postule et fait partie des 4 personnes retenues sur 237 demandeurs. Le 10 juin

143
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

2008, en compagnie de DIGBO, son ami intime, il conclut le contrat de travail. Le


lendemain, il s'inscrit dans un syndicat professionnel.

À la fin de ce même mois de juin, il va réclamer le loyer de la villa sise à Angré-


Cocody, mais le preneur qui traînait déjà trois mois de dette de loyers lui fait savoir
qu'il éprouve des difficultés : sa femme vient d'accoucher et son fils aîné
gravement malade est hospitalisé au CHU de Cocody. Agacé, DAGO l'expulse des
lieux et vend la villa à 55 000 000 F CFA. Le 14 juillet 2008, il tombe follement
amoureux de TOKOU LABELLE, une fille âgée de 21 ans, avec qui il se fiance. À
un mois de leur mariage prévu le 11 octobre 2008, il offre une villa à sa fiancée, et
fait un don de sacs de sucre d’une valeur de 800 000 F CFA à la grande Mosquée
de la Riviéra.

La mère de DAGO très furieuse, veut annuler les actes effectués par son fils. Par
ailleurs, la Société TOMBI demande à DAGO de réparer le véhicule qu'il a
endommagé, mais celui-ci n'entend pas s’exécuter.

Dame KOUTOUKOU vient vous consulter ; elle voudrait savoir de quels moyens
juridiques elle dispose pour défendre et protéger son fils ainsi que ses biens.

Conseillez-la utilement.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

* Résumé des faits

* Qualification des faits

* Problèmes juridiques

- Quelle est la valeur juridique d’un acte conclu dans un état d'ivresse ?

- Quelle est la condition juridique du prodigue ?

- Une mère peut-elle annuler les actes juridiques accomplis par son enfant mineur ?

- Un mineur peut-il répondre de ses délits et quasi-délits ?

* Annonce du plan

I- Les problèmes relatifs à KOUTOUKOU Jean

Annoncer les deux (2) questions à traiter

A- De la validité du contrat de donation

- Bref rappel des faits

- Problème de droit : un acte de donation conclu par un majeur en état d'ivresse est-
il valable ?

Principe : les actes juridiques conclus par les majeurs non protégés bénéficient
d'une présomption de validité. Ceci parce que le principe chez les majeurs est la
capacité.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Application au cas d'espèce : en l'espèce KOUTOUKOU Jean (majeur), rien du


cas pratique ne nous dit qu’il fait l'objet d'une protection. Il est donc capable. L'acte
de donation de sa Mercedes Compressor à la tenancière du maquis est donc, en
principe, valable. Il ne peut donc réclamer la restitution de son véhicule.

Exception : cependant, l’acte juridique conclu par un majeur non protégé peut être
invalidé si la preuve est faite qu'au moment de la conclusion de cet acte, il était
atteint d’une altération passagère des facultés mentales dues à l’ivresse.

Charge de la preuve : la preuve incombe au demandeur : l'incapable lui-même.

Preuve par tous moyens.

Application au cas d'espèce : en l’espèce KOUTOUKOU Jean a vidé dix (10)


bouteilles de vin. La preuve peut être rapportée par le livre de commerce de la
tenancière du maquis, de même que par les témoins. Donc, le juge peut invalider
l'acte de donation.

B- La protection du prodigue

- Bref rappel des faits : selon l'épouse de KOUTOUKOU, ce denier fait de


dépenses inconsidérées englouties dans, les jeux de casino. Situation de
KOUTOUKOU = celle d’un prodigue. Définir prodigue : individu de l'un ou l'autre
sexe qui compromet son patrimoine par des dépenses inconsidérées.

- Problème de droit : comment protège-t-on le prodigue ?

- Principe : selon l'article 514 du Code Civil, le prodigue se protège par une
action en défense de procéder sans l’assistance d’un conseil judiciaire.

- Application au cas d'espèce : Madame KOUTOUKOU doit saisir le tribunal


d'une telle action. Le juge appréciera souverainement. Si l'action est accueillie, le
juge lui fournira un conseil judiciaire pour la conclusion de certains actes. Le non
respect de cette incapacité spéciale d'exercice entraînera la nullité relative des actes
passés par M. KOUTOUKOU Jean. Telle sera la solution pour Madame
KOUTOUKOU pour assurer la protection de leur patrimoine commun .

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

II- Les questions afférentes à DAGO

Il s'agira d'étudier le sort des actes accomplis par DAGO et son éventuelle
responsabilité délictuelle.

A- De la validité des actes juridiques accomplis par DAGO

a- Le contrat de travail

- Bref rappel des faits

- Problème de droit : le contrat de travail conclu par un mineur est-il valable ?

- Principe : selon l’article 31 de la loi de 2019 sur la minorité.

Application au cas d'espèce : mineur = individu de l’un ou de l'autre sexe qui n'a
pas atteint 18 ans révolus. DAGO = 17 ans, donc pas 18 ans révolus. Donc DAGO
= mineur.

Rien du cas pratique ne dit que DAGO est émancipé, c'est-à-dire ait été affranchi
de l’autorité parentale ou de la tutelle par un acte volontaire. En conséquence, son
contrat de travail est, en principe, annulable.

- Exception : selon l’article 35 de la loi sur la minorité : « A parti de 16 ans le


mineur conclut son contrat de travail et le rompt avec l'assistance de son
représentant légal. »

Application au cas d'espèce : c'est dire qu'un mineur peut exceptionnellement


conclure un contrat de travail. Mais dans les conditions de l'article 35
susmentionné. Ce qui signifie qu'à 17 ans, DAGO peut conclure le contrat de
travail, mais avec l’assistance de son père.

Or, en l'espèce, c'est DAGO lui-même qui a conclu son contrat de travail. Ce
contrat n’est donc pas valable et sa mère peut l'attaquer en nullité si elle le juge
lésionnaire.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

b- Contrat de location du véhicule BMW

- Bref rappel des faits

- Problème de droit : un mineur peut-il conclure un contrat de location de véhicule ?

- Principe : article 35 (voir supra). Donc le mineur ne peut en principe conclure un


tel contrat.

- Exception : selon l’article 37 de la loi de 2019 sur la minorité : « L'acte


accomplit par le mineur non émancipé est valable si cet acte est de ceux que son
représentant légal aurait pu lui-même faire seul. »

Application au cas d’espèce : en l'espèce, la location du véhicule BMW peut


s'analyser en acte de la vie courante (Cass. Civ. 1ère, 4 nov. 1970, D. 1971, P.
186).

Or, le représentant légal du mineur peut faire un acte de la vie courante. Donc le
mineur peut accomplir un tel acte.

L’acte de location du véhicule n'est donc pas nul.

c- L’adhésion au syndicat professionnel

- Bref rappel des faits

- Problème de droit : un mineur non émancipé peut-il adhérer à un syndicat


professionnel ?

- Principe d'application au cas d'espèce : voir supra

- Exception : selon l'article 51.7 du code du travail du 20 juillet 2015 : « Les


mineurs âgés de plus de 16 ans peuvent adhérer aux syndicats, sauf opposition
de leur père, mère ou tuteur. »

Application au cas d’espèce : en l’espèce DAGO a 17 ans. Il peut donc adhérer à


un syndicat professionnel.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

d- La vente de la villa

- Bref rappel des faits : vente de villa = acte de disposition (à définir)

- Problème de droit : un mineur non émancipé peut-il accomplir un acte de


disposition ?

- Principe : le mineur ne peut accomplir un acte de disposition.

- Application au cas d’espèce : la vente de la villa est un acte de disposition


susceptible d'appauvrir son patrimoine. Le mineur ne peut donc l'accomplir. Sa
mère peut donc demander la nullité du contrat de vente de la villa.

e- Les donations

- Bref rappel des faits

- Problème de droit : un mineur non émancipé peut-il conclure des contrats de


donation ?

- Principe : selon l'article 8 de la loi n° 64-380 du 7 octobre 1964 relative aux


donations entre vifs et testaments : « Pour faire une donation entre vifs ou un
testament, il faut être sain d’esprit et majeur ou mineur émancipé. »

- Application cas d'espèce :

- L'acte de donation portant sur la villa

En l'espèce, DAGO est mineur (17 ans). Il n’est pas non plus émancipé.

Conformément donc à l'article 8, il ne pouvait faire don de l’une de ses villas à sa


fiancée TOKOU LABELLE. Sa mère peut donc attaquer en nullité l'acte de
donation portant sur la villa.

- Le don de sacs de sucre à la grande Mosquée de la Riviera Conformément à


l'article 8 susmentionné DAGO ne peut faire un tel acte.

Exceptionnellement, la doctrine et la jurisprudence admettent que le mineur fasse


des cadeaux d’usage et des dons charitables (Voir Encyclopédie Dalloz,
répertoire de Droit Civil : minorité, page 4, n° 17).

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

En vertu donc de cette jurisprudence, le don de sacs de sucre à la grande Mosquée


de la Riviera est valable. Sa mère ne peut donc l’attaquer en nullité.

Conclusion

Au total, la mère de DAGO peut attaquer en nullité le contrat de travail, l'acte de


donation portant sur la villa et la vente de la villa qui était louée à DIGBAZA. Il
s'agit d’une nullité relative (nullité de protection) qui se prescrit par 10 ans. La
mère de DIGBAZA a encore tout son temps pour agir.

B- La réparation du dommage causé au véhicule de la société TOMBI

- Bref rappel des faits : Dire en substance qu’il y a quasi-délit en l'espèce

- Problème de droit : le mineur peut-il être tenu pour responsable des délits et
quasi-délits qu’il commet ?

- Principe : selon l'article 36 de la loi sur la minorité : « Le mineur engage son


patrimoine par ses délits, ses quasi-délits et son enrichissement sans cause. »

Application au cas d'espèce : En l'espèce, DAGO sera tenu de réparer le véhicule


loué à la société TOMBI. Il sera donc effectué une ponction sur son patrimoine
pour une telle réparation.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Vous êtes l'un des avocats du chanteur bien connu SPID BOND, qui vous
téléphone pour vous apprendre les faits suivants :

Ce matin, en ouvrant Ivoire-Lundi, il découvre un article incendiaire sur son


compte, sous le titre " la vraie personnalité de SPID BOND ", l’article rappelle ce
qui est partiellement exact, que le chanteur, de son vrai nom KONE TCHEBA, est
le descendant de ces KONE qui s’étaient enrichis pendant la traite des esclaves ;
qu'il doit une partie de sa fortune actuelle, — bien nécessaire pour financer des
tours de chant d’une médiocrité écœurante — à son mariage avec BODJO, ex-
prostitué qui a monté depuis, un fort lucratif réseau de call-girls. Il est même
prétendu que SPID BOND lui-même a trempé à plusieurs reprises dans des affaires
de drogue et de prostitution de mineures, ce dont il se défend farouchement.

Enfin, l'article est assorti d'une série de photos prises à l'orphelinat de la Riviera,
lors du goûter de Noël des petits pensionnaires, où le chanteur apparaît entouré de
très jeunes filles, avec cette légende : « SPID BOND donne-t-il dans les
nymphettes pour oublier que son embonpoint et sa denture trop soigneusement
restaurés révèlent une cinquantaine bien tassée ? »

SPID BOND vous rappelle qu'il est né le 05 janvier 1956, vous demande d’agir, et
vite.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

RAPPEL DES FAITS

SPID BOND, chanteur bien connu est mis en cause dans un journal à sensation
Ivoire-Lundi.

On révèle dans un article le véritable patronyme de SPID BOND : KONE


TCHEBA et on prétend également que ses parents se sont livrés au commerce
d'esclaves.

Les journalistes révèlent aussi que c’est grâce aux activités peu reluisantes de sa
femme BODJO, ancienne prostituée, que SPID BOND parvient à financer sa
carrière. Ils vont même jusqu'à dire que le chanteur lui-même a été mêlé à des
affaires de drogue et de prostitution.

L'article est accompagné de photos, sous lesquelles on peut lire une légende
particulièrement blessante pour le chanteur où on met en cause son honnêteté.

Ce genre d’article est très courant dans les journaux à sensation, bien qu’il semble
qu'ici les journalistes aient été un peu loin.

Les gens de plus en plus avides de sensationnel veulent des révélations de plus en
plus indiscrètes sur la vie privée de leurs idoles. Les Journalistes pour attirer leurs
lecteurs, sont obligés d’essayer d’obtenir des renseignements indiscrets sur les
vedettes. Le problème qui se pose est souvent de savoir si la liberté d'expression est
compatible avec le respect de la vie privée des personnes connues.

Les vedettes, elles-mêmes, souvent, autorisent la publication dans certains types de


journaux de reportages sur leur vie privée. Mais les journaux s’engagent de leur
côté à ne pas outrepasser certaines limites ; ce qui semble avoir été fait dans ce cas.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

En effet, les journaux sont quelquefois autorisés à décrire la vie quotidienne des
vedettes, mais en aucun cas, ils ne sont autorisés à faire des révélations sur l'origine
des vedettes, les activités de leur famille lorsque ces activités sont peu reluisantes
et peuvent porter préjudice à la carrière de la vedette.

Il semble que, dans le cas d’espèce, ces révélations n’aient pas été faites seulement
dans le but d'informer les lecteurs du journal, mais également dans un but
malveillant. Les journalistes ne peuvent donc pas se retrancher derrière la liberté
d'expression. SPID BOND est mis en cause dans cet article : nous verrons dans une
première partie, quelles atteintes sont portées contre ses droits ; et dans une
seconde partie quelles sont les possibilités pour faire cesser ces atteintes et obtenir
réparation du dommage qu'il a subi.

I- Les atteintes aux droits de SPID BOND

Chaque individu possède des droits auxquels on ne peut porter atteinte et qui
doivent être protégés, surtout lorsqu'il s’agit de personnes connues.

A- Atteintes au droit à l’image et au droit à l'honneur

Le journal Ivoire-Lundi publie des photos qui sont prises dans un lieu public :
l'orphelinat de la Riviera. L'autorisation de SPID BOND n'était donc pas nécessaire
pour que ces photos soient prises.

Cependant, son autorisation est nécessaire pour que ces photos soient publiées.
SPID BOND étant un chanteur très connu ne donne certainement pas une
autorisation expresse de publication, toutes les fois qu’on le photographie : son
autorisation est tacite. Donc la publication des photos en elle-même ne porte pas
atteinte au droit à l'image du chanteur.

Mais, l’autorisation de publication des photos a été détournée de son but.

Le chanteur avait bien autorisé la publication des photos le montrant entouré de


jeunes filles, mais cette photo n’aurait pas dû comporter de légende blessante et
diffamatoire. Le journal a donc utilisé la photo non pas pour monter que SPID

153
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

BOND était allé à l’orphelinat, mais pour relever son goût pour les très jeunes
filles.

Il y a donc ici une atteinte au droit à l’image ; nous verrons dans la deuxième partie
comment faire cesser cette atteinte et obtenir réparation.

Les journalistes se permettent également des allégations qui mettent en doute


l'honnêteté du chanteur. Ils prétendent que SPID BOND a été mêlé à des affaires
de drogue et de prostitution ; ils prétendent aussi qu’il serait particulièrement "
intéressé " par les jeunes filles.

Ces allégations peuvent être considérées comme portant atteinte au droit au respect
de la vie privée, mais elles porteraient surtout atteinte au pseudo-droit à l'honneur
du chanteur. Elles pourraient même constituer le délit pénal de diffamation.

Le fait de révéler que SPID BOND a trempé dans des affaires de drogue et de
prostitution, alors qu'il nie et que cette allégation n'a pas été prouvée, (d’ailleurs,
même si elle avait été prouvée, l’atteinte restait la même) constitue une atteinte au
"droit" à l’honneur et à la réputation.

L'affirmation gratuite (et non prouvée) que le chanteur serait intéressé par les très
jeunes filles met en cause son honnêteté.

Ces deux allégations sont donc des atteintes au droit à l’honneur du chanteur SPID
BOND.

Comme d'ailleurs, l’atteinte au droit à l’image, toutes ces atteintes se rapprochent


d'une autre atteinte plus importante qui est l’atteinte au droit au respect de la vie
privée.

B- Atteinte au droit au respect de la vie privée

L'article du journal ne donne pas seulement des informations sur le chanteur lui-
même, mais également sur sa famille.

Il révèle le nom patronymique du chanteur, mais, il n'y a pas ici d'atteinte au droit
du pseudonyme. On ne nous dit pas si le public connaissait ce nom. On révèle son
véritable nom KONE surtout pour pouvoir révéler ensuite les activités de la famille

154
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

de SPID BOND pendant l'esclavage. Le fait de révéler également les antérieures et


actuelles de la femme du chanteur constitue une atteinte intolérable au secret de la
vie privée. Ces informations n’ont pas été données dans le but de révélations
historiques, les faits ne faisant pas encore partie de l’histoire.

Elles ont été données, semble-t-il, dans un but blessant, malveillant.

Il y a donc ici une atteinte particulièrement intolérable au secret de la vie privée.


Même si ces révélations sont exactes, il est malveillant de les publier et cela porte
préjudice au chanteur, chaque individu ayant droit au respect de son passé et de sa
famille.

L’atteinte au secret de la vie privée n’est pas réalisée à cause du caractère blessant
et diffamatoire de l’article, mais seulement parce que chaque individu a droit à être
laissé tranquille dans ce qui n'est pas sa vie publique ou professionnelle.

II- La défense de ces droits

SPID BOND a la possibilité de défendre les droits auxquels l’article de Ivoire-


Lundi a porté atteinte.

A- Les actions possibles

Il faut distinguer les actions qui permettent de faire cesser les atteintes et les
actions qui permettent d'obtenir réparation du préjudice causé.

1- SPID BOND est particulièrement pressé de faire cesser ces atteintes.

Il veut qu'elles cessent le plus rapidement possible de façon à ce que le préjudice


ne soit pas important.

Donc, avant de penser à la réparation, SPID BOND veut que l’atteinte cesse.

155
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Il faut s'adresser au juge des référés. Avant de se prononcer sur le fond de l'affaire,
le juge des référés peut prononcer une saisie séquestre des journaux. S'il y a
atteinte à l'intimité de la vie privée. S'il y a atteinte à l'intimité de la vie privée.

Dans notre cas d'espèce, l’atteinte est particulièrement intolérable, le juge pourra
certainement prononcer la saisie du numéro de Ivoire-Lundi. Cette saisie peut
n'être faite que dans un certain nombre de quartiers ou une partie de la ville.

On ne peut ici distinguer les différentes atteintes (au droit à l'image, à l'honneur, au
respect de la vie privée) ; la cessation de ces atteintes peut être obtenue par le
même moyen.

2- Lorsque la saisie a été opérée, SPID BOND doit demander réparation que
cet article lui a causé.

Cette action civile doit être faite sur la base de l'article 1382. En effet, pour faire
cesser l’atteinte, il n’est pas nécessaire de prouver un préjudice, mais pour obtenir
réparation, il faut faire référence à l’article 1382 du Code Civil.

Il faut prouver une faute : dans ce cas d’espèce, c’est la publication de révélations
portant atteinte à la vie privée, à l'honneur du chanteur. Il faut prouver un
préjudice : il est évident, ces révélations peuvent nuire à la carrière du chanteur. Le
lien de causalité est aussi établi entre la faute et le préjudice.

SPID BOND obtiendra donc, selon toute vraisemblance, des dommages et intérêts.

Le chanteur doit donc assigner le journal Ivoire-Lundi devant le Tribunal.

Si le juge des référés a déjà ordonné une saisie, il y a de fortes chances pour que le
juge, jugeant au fond, aille dans le même sens, et accorde des dommages et intérêts.

SPID BOND, en ce qui concerne l’action civile, recevra certainement réparation du


préjudice, mais la somme de dommages et intérêts qui va lui être allouée dépendra
de l'étendue du préjudice.

156
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

B- Étendue du préjudice

Si le juge des référés prononce une mesure de saisie, c'est qu'il considère que
l'atteinte est particulièrement intolérable, d'où le préjudice sera considéré comme
important, bien que cette mesure de saisie le limite tout de même.

Les juges du fond vont peut-être tenir compte de la conduite antérieure du chanteur.
Était-il très complaisant avec la presse ou au contraire très réservé ?

On peut penser qu’étant chanteur en vogue, il était plutôt complaisant, d'où


certainement une diminution de la somme de dommages et intérêts. Malgré cela, le
préjudice reste tout de même très important, car on peut penser que des révélations
telles que celles de Ivoire-Lundi seraient de nature à briser sa carrière.

Les Tribunaux se montrent en général très sévères, lorsque des allégations aussi
graves et blessantes sont faites dans un journal, car ils veulent empêcher que ce
type de journaux outrepassent trop les limites permises.

157
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Traitez impérativement les deux sujets :

CAS PRATIQUE N° 1 :

Monsieur ADOUFLE Constant âgé de 26 ans a épousé le 20 décembre 1997 à la


mairie de TREICHVILLE Mlle POISSEUX Blandine née le 30 juin 1980, laquelle
portait à cette date une grossesse de 6 mois. Malgré son statut conjugal, Monsieur
ADOUFLE, en dépit des récriminations de sa femme, a continué d'entretenir des
relations intimes avec Mlle BICHI, une ancienne amie de Lycée.

Des relations entre ADOUFLE et BICHI, naît une fille âgée exactement d'un an le
30 janvier 2000, jour où l’avion transportant Monsieur ADOUFLE à destination de
NAIROBI s'écrase en pleine mer quelques minutes après le décollage, à environ un
kilomètre de la côte d'ABIDJAN PORTBOUET. Les recherches effectuées sont
restées infructueuses ; aucun corps n'a été retrouvé.

Deux ans après ce tragique événement Mlle BICHI s’interroge sur les droits de sa
fille face aux biens de M. ADOUFLE, et ce, en sortant du tiroir son acte de
naissance établi sur déclaration de M. ADOUFLE lui-même, à l’insu de sa femme.
Madame ADOUFLE compte, quant à elle, refaire sa vie en se remariant.

Exposez les problèmes soulevés par ce cas pratique assortis de leurs solutions.

158
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE N° 2

Monsieur LEVIVEUR s'est rendu au stade HOUPHOUET-BOIGNY pour assister


à la finale du CHAN qui s'y déroulait en présence du chef de l’État. Mme
LEVIVEUR qui suivait le match à la télévision nationale a découvert, sur le petit
écran, son mari Monsieur LEVIVEUR assis à la tribune, avec à ses côtés une jeune
femme qu'elle soupçonnait depuis longtemps d’être sa maîtresse. Cette même
image a été à nouveau diffusée par la télévision 1ère chaîne dans la rubrique
intitulée "les à côté du match", le soir même au cours du journal télévisé de 20 H,
qui était suivi par Monsieur LEVIVEUR en compagnie de sa femme.

Mme LEVIVEUR qui était très en colère, venait de trouver le moment le mieux
indiqué pour interpeller son mari sur son infidélité. Une grave dispute a alors éclaté
entre les deux conjoints, au terme de laquelle Madame LEVIVEUR décide de
demander le divorce. Vexe, Monsieur LEVIVEUR envisage de poursuivre la
Télévision Nationale devant le Tribunal de Première Instance d'Abidjan.

Qu'en pensez-vous ?

159
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DES DEUX CAS PRATIQUES EN UN

Les faits exposés par les deux sujets peuvent être examinés cas par cas.

I- La validité du mariage contracté par Mlle POISSEUX Blandine avec M.


ADOUFLE Constant

Résumé des faits

Mlle POISSEUX Blandine née le 30 juin 1980, laquelle portait une grossesse de 6
mois, contracte mariage le 20 décembre 1997, à l'âge de 17 ans 6 mois, avec
Monsieur ADOUFLE Constant âgé de 26 ans.

Problème de droit : Le mariage contracté par Monsieur ADOUFLE Constant


avec Mlle POISSEUX Blandine est-il valable ?

Aux termes de la loi relative au mariage (Art. 2), l’homme et la femme avant dix-
huit (18) ans révolus ne peuvent contracter mariage.

En application de ce texte, Mlle POISSEUX âgée seulement de 17 ans 6 mois, n'a


pas atteint, la date indiquée, l’âge requis (18 ans) pour se marier ; partant, le
mariage contracté par elle, en principe, n’est pas valable.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

II- La validité de la reconnaissance par M. ADOUFLÊE de l'enfant née de ses


relations avec Mlle BICHI

Résumé des faits :

Malgré son statut conjugal, Monsieur ADOUFLE, en dépit des récriminations de


Lycée ; de leurs relations naît une fille déclarée à l'état civil par M. ADOUFLE à
l'insu de sa femme.

Problème de droit : La reconnaissance par M. ADOUFLE, de l'enfant née de


ses relations avec Mlle BICHI est-elle valable ?

Selon article 22 de la loi de la 2019 relative à la filiation, la reconnaissance de


l'enfant née du commerce adultérin du mari ne nécessite plus le consentement de la
femme comme dans la loi de 64 (abrogée par celle de 2019 sur la filiation). La
reconnaissance par M. ADOUFLE de la fille née de ses relations avec Mlle BICHI
doit être précédée de l’information donnée à son épouse du projet de
reconnaissance.

La déclaration de la fille par M. ADOUFLE à l'état civil s’est faite à l’insu de son
épouse, donc sans le consentement de celle-ci ; il en résulte que la reconnaissance
de l'enfant par M. ADOUFLE est nulle. La fille ne peut donc porter le nom de
ADOUFLE. Elle ne peut par conséquent revendiquer la qualité d'héritier de celui-
ci.

III- La situation juridique de M. ADOUFLE et ses conséquences sur son


mariage

Résumé des faits :

L'avion transportant Monsieur ADOUFLE à destination de NAIROBI s'écrase en


pleine mer quelques minutes après le décollage, à environ un kilomètre de la côte

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

d'ABIDJAN, PORT-BOUET. Les recherches effectuées sont restées infructueuses ;


aucun corps n'a été retrouvé.

Problème de droit : Quelle est la situation juridique assortie de ses


conséquences sur le mariage de M.ADOUFLE ?

La situation juridique de M. ADOUFLÉ.

Les trois hypothèses suivantes doivent être examinées : sommes-nous en présence


d'un décès, d’une absence, ou d'un cas de disparition ?

Le décès est l'arrêt des fonctions vitales avec la présence de corps ; en l'espèce, le
corps de ADOUFLE n'a pas été retrouvé. On ne peut donc conclure au décès de ce
dernier.

L'absence est la situation d'une personne qui a cessé de paraître à son domicile ou
sa résidence sans laisser de nouvelles et dont on ne sait si elle est vivante ou
décédée ; ici, on sait que ADOUFLE se trouvait dans l'avion qui s'est écrasé en mer,
on a donc ses nouvelles. Par conséquent, M. ADOUFLE ne peut être considéré
comme absent.

La disparition est la situation d'une personne qui se trouvait dans des circonstances
de nature à mettre sa vie en danger et dont le corps n'a pu être trouvé. L'écrasement
de l'avion en mer constitue des circonstances de nature à mettre la vie de M.
ADOUFLE en péril, et son corps n'a pas été retrouvé. M. ADOUFLE est donc dans
une situation de disparition.

Les conséquences de sa situation juridique sur le mariage de M.ADOUFLE

Le Tribunal de Première Instance d'Abidjan est compétent pour connaître de la


situation juridique de M. ADOUFLE (Art. 65 de la loi relative à l'état civil).

Saisi par le procureur de la république ou toute partie intéressée (en l'occurrence


Madame ADOUFLE est une partie intéressée) (Art. 64 de la loi relative à l'état
civil), le tribunal rendra un jugement déclaratif de décès qui a valeur d'acte de
décès de M. ADOUFLE.

162
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Le jugement déclaratif de décès emporte dissolution du mariage de ADOUFLE


(art. 103-4°) de la loi relative au mariage) il s'ensuit que, libérée de tout lien
conjugal, Madame ADOUFLE peut se remarier.

IV- La protection du droit à l'image de M. LEVIVEUR

Résumé des faits

L'image de M. LEVIVEUR assis au stade avec une femme à ses côtés pour assister
à la finale du championnat d’Afrique des Nations, a été prise et diffusée plusieurs
fois par la Télévision Nationale. Il s'ensuit une dispute entre M. LEVIVEUR et son
épouse.

Problème de droit : La Télévision National a-t-elle porté atteinte au droit à l’image


de M. LEVIVEUR ?

La prise et la diffusion d'une image supposent le consentement de la personne


concernée.

M. LEVIVEUR, en se rendant au stade FELIX HOUPHOUET-BOIGNY pour


assister à un match de football dont il savait que les images devraient être diffusées
par la Télévision Nationale, a donné par là même à cette dernière son
consentement implicite pour prendre et diffuser son image.

L'image incriminée par M. LEVIVEUR, a donc été prise et diffusée avec son
consentement. En conséquence, la Télévision Nationale n'a pas porté atteinte à son
droit à l'image.

163
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

SUJET N° 1 :

Mademoiselle TALOUABA Yvette et Monsieur TAKO Emile ont contracté


mariage devant l'officier de l’état civil de SRANKRO, le 03 avril 2001. De cette
union sont nés deux enfants âgés respectivement de 4 et 6 ans.

En décembre 2008, suite à une saisine de TALOUABA, pour cause d'adultère avec
AOFFOUE SIANOU Nadège, le Tribunal de première instance a prononcé le
divorce aux torts exclusifs de TAKO, qui a été condamné à payer des dommages-
intérêts à TALOUABA et à lui verser une pension alimentaire pour l'entretien des
enfants.

Non satisfait de la décision, TAKO a interjeté appel. TALOUABA en a fait de


même pour le montant de la pension alimentaire et le montant des dommages-
intérêts jugé insuffisant.

Il y a trois semaines, TALOUABA a appris, dans les colonnes de certains journaux


de la place, que TAKO et AOFFOUE Sianou se sont mariés début juin 2009 dans
une ville de l'intérieur.

Elle menace de poursuivre TAKO et AOFFOUE Sianou, à la fois devant le juge


civil et correctionnel.

Mais, elle a appris hier que TAKO venait de décéder à la suite d’un accident de la
circulation.

Elle vient vous consulter sur la conduite à tenir.

164
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

I-

- Faits essentiels

- Faire observer que le divorce prononcé entre TAKO et TALOUABA n'est pas
encore définitif, au moment où TAKO contracte un nouveau mariage.

- Avant de répondre à la préoccupation de TALOUBA, il faut qualifier la situation


créée par TAKO.

- Pour contracter un nouveau mariage, il faut que le précédent ait été dissous.

À défaut, le second tombe sous le coup de la bigamie (définition de la bigamie).

Qu’en est-il en l'espèce ?

- Le premier mariage n’est pas encore définitif, car pendant devant la CA (Cour
d'Appel).

- En contractant le nouveau mariage sans que le premier ait été dissous, se pose
alors le problème de la validité du second mariage qui tombe sous le coup de la
bigamie, cause de nullité du mariage.

Ainsi la nullité du second mariage peut être demandée par TALOUABA pour
bigamie.

La bigamie constituant par ailleurs un délit sur le plan pénal, le juge correctionnel
peut être saisi.

Mais, information de dernière heure : décès de TAKO. Cause d'extraction de


l'action en divorce pendante devant la CA.

Le mariage est dissous du fait du décès de TAKO (Conf. Art. 9 al. 3 loi relative
au divorce).

165
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Le décès étant intervenu après le jugement prononçant le divorce, TALOUABA


peut faire annuler le jugement qui n’a pas encore autorité de chose jugée.

En est-il de même de l'action devant le juge pénal ?

Décès de l'auteur principal TAKO.

AFFOUE SIANOU ne peut-elle pas être poursuivie en tant que complice ?

NB : Mettre l'accent sur l’action civile.

II- Réponses à votre appréciation.

166
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CONSULTATION JURIDIQUE

EBONGUE OYONO Marie Antoinette est une actrice célèbre et appréciée pour
son art. Elle s’impose, par la suite, comme romancière sous le patronyme de son
concubin DUPOND Yves Marcel, en signant ses romans sous le nom de Marie
Antoinette DUPOND. Sa renommée de romancière est désormais une évidence
dans la sous-région.

De ce concubinage est né Albert le 21 mai 1995 à la maternité du Western. La


naissance de l’enfant n'est pas déclarée à l’état civil en raison du refus obstiné de
Yves Marcel de la reconnaître comme étant le sien.

Après conciliation et réconciliation, c’est en décembre 1998 que le père d'Albert


accepte de le reconnaître à l'état civil.

En janvier 2007, Yves Marcel épouse Marie Antoinette. La vie du couple n'est pas
une référence d’harmonie conjugale. Albert est laissé pour compte. Il conclut un
contrat de travail le 27 juillet 2009 avec le tenancier d’une boîte de nuit. Il est
auteur de dommages causés à autrui par la destruction d’une voiture de luxe et de
bris de glaces de cet établissement le 3 février 2010.

Madame DUPOND (lui envisage intenter une action en divorce contre son époux
s'interroge sur le nom qui devait être attribué à Albert dans la double hypothèse de
la déclaration de sa naissance à l'état civil dans le délai légal, et du mariage de ses
père et mère. Elle s'inquiète, en outre, de ne plus faire usage du nom de son époux
pour signer ses romans après le prononcé du divorce. Elle voudrait enfin savoir si
le non établissement d'un extrait de naissance dans le délai légal de déclaration est
un obstacle absolu à sa scolarisation pour défaut d'acte de naissance et quel est le
sort des actes et des faits imputables à Albert.

Aucun document n'est autorisé.

167
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DE LA CONSULTATION JURIDIQUE

INTRODUCTION :

La consultation juridique soumise à notre appréciation est relative à l'attribution


originaire et au changement du nom par voie de conséquence, à l'établissement
d'acte d’état civil notamment par les mécanismes de suppléance et enfin au régime
juridique du mineur non émancipé, en ce qui concerne ses actes et faits juridiques.

Le résumé des faits de l'espèce peut-être énoncé comme ci-dessous :

EBONGUE-OYONO Marie Antoinette est une romancière célèbre qui vit en


concubinage avec DUPOND Yves Marcel. Elle signe ses publications en faisant
usage du nom de son concubin pour se faire appeler Marie Antoinette DUPOND.

De ce concubinage est né un enfant prénommé Albert pour qui le père refuse


d'établir la filiation paternelle à son égard. La déclaration de naissance de cet
enfant a donc été omise.

En décembre 1998, Yves Marcel DUPOND accepte de reconnaître Albert à l'état


civil et épouse sa mère en janvier 2007.

Albert, devenu adolescent, conclut un contrat de travail à l'âge de 14 ans et


occasionne des dommages à autrui par la destruction des biens à 15 ans.

Marie Antoinette qui veut intenter une action en divorce contre son époux
s'interroge sur le nom qui devait être attribué à Albert, dans la double hypothèse de
la déclaration de sa naissance à l’état civil, dans le délai légal et du mariage de ses
père et mère. Elle s'inquiète, en outre, de ne plus faire usage du nom de son époux
pour signer ses romans après le prononcé du divorce.

Elle voudrait enfin savoir si le défaut d’acte de naissance de son fils peut être
suppléé et par quel mécanisme ? Quel est le sort des actes et faits juridiques
imputés à Albert ?

A chacune de ces demandes concrètes, il convient de donner les réponses


appropriées en dehors de toute formulation d'un problème juridique d’ensemble.

168
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

I- L'attribution du patronyme à l'enfant Albert

Albert est né d’une relation de concubinage. Il est donc un enfant naturel simple,
c'est-à-dire hors mariage.

Le cas d'espèce impose ici, l’analyse d'une double hypothèse. D'abord, les règles
relatives à l'attribution originaire du nom à l'enfant naturel dont la déclaration de
naissance a été faite dans le délai légal, puis, ensuite, les règles relatives à
l'attribution de l'enfant légitimé par le mariage de ses père et mère.

A- Le patronyme d'Albert

1- L'hypothèse de la déclaration de sa naissance à l'état civil

Références : - Article 3 de la loi sur le nom

 Article 41 al. 1 de la loi de 2018 relative à l'état civil. « Les naissances


doivent être déclarées dans les trois (3) mois de l’accouchement.»

 Article 3 de la loi sur le nom modifiée le 2 août 1983 :

- Ce texte prévoit plusieurs hypothèses (lire le texte)

- Souligner particulièrement « lorsqu'elle est établie en second lieu à l'égard du


père... », pour faire attention à l’application des dispositions de l'article 10 de la
même loi pour les noms double comme celui d’EBONGUE-OYONO.

Le patronyme sera en définitive DUPOND Albert.

2- Défaut de déclaration de naissance et mariage des père et mère.

Références :

- Article 2 de la loi sur le nom

 Acceptation du père de reconnaître l’enfant en 1998 et mariage subséquent


de ses père et mère en janvier 2007.

Le nom d'Albert sera DUPOND Albert.

169
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

B- L’usage du nom du mari par la femme mariée

1- Le Principe découlant de l'article 55 al. 1 de la loi sur le mariage

Ce principe institue-t-il un droit ou une obligation ?

Selon le professeur, c'est une obligation.

2- La dissolution du mariage par le divorce

Référence : - Article 24 de la loi sur le divorce et la séparation de corps de 1964


modifiée le 23 décembre 1983.

Elle aura certainement une autorisation judiciaire pour faire usage du nom du mari
en dépit du divorce, même si le mari s'y oppose.

II- Le défaut d'établissement d'acte de naissance d'Albert et les mécanismes


de suppléance.

A- Les mesures transitoires de 1964 à 1986 et les audiences foraines.

1- Les procédures anciennement applicables.

2- Les mesures ponctuelles des audiences foraines.

170
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

B- Les dispositions permanentes

1- L'acte de notoriété

Références :

- Article 97 de la loi de 2018 sur l’état civil

2- Le jugement supplétif d'acte de naissance

Références : - Article 83 de la loi de 2018 sur l'état civil

DUPOND Albert pourra obtenir un jugement supplétif d’acte de naissance.

III- Le sort des actes et faits juridiques d'Albert

Albert est âgé de moins de 16 ans. Il y a un régime juridique pour les actes
juridiques et un autre pour les faits juridiques.

A- Le sort des actes juridiques d'Albert

Le principe est inscrit dans les dispositions de l’article 32 de la loi sur la minorité.
Il est affecté de nombreuses exceptions.

1- Les actes de la vie courante et conservatoires (Article 34)

2- Le contrat de travail

Références : - Article 35 de la loi sur la minorité

171
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

3- Les actes de disposition

Références : - Articles 38 et 41 de la loi sur la minorité

Le contrat de travail pourra être annulé.

B- Le sort des faits juridiques d'Albert

Références : - Article 36 de la loi sur la minorité.

- Article 1382 et 1383 du code civil

Albert sera tenu sur son patrimoine pour ses délits et quasi-délits.

172
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Traitez le cas pratique suivant :

La crise militaro-politique que vit la Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002


n'aura pas fait des victimes que dans le seul rang des entreprises et des opérateurs
économiques ; elle a également dévasté bien des familles.

Depuis la prématurée et erronée déclaration d’un ministre annonçant la reprise de


la ville de Bouaké par les forces loyalistes, KOUASSI-KAN, riche transporteur de
la région, n'a plus donné signe de vie.

Dans sa famille, c'est la désolation, car KOUASSI-KAN était non seulement


prospère, mais également généreux. Fort heureusement, il avait de nombreux biens
et, très vite, les pleurs vont céder la place aux appétits aussi voraces que ravageurs
de son proche entourage ; entre concubines, amantes d'un soir, enfants et
innombrables collatéraux, la bataille pour la conquête des biens de l'infortuné
KOUASSI-KAN faisait rage...

Aujourd'hui, le conflit a atteint des proportions quasi-tragiques au point que tout le


monde veut en finir avant le 31 octobre 2010, date théorique des élections
présidentielles sans cesse renvoyées aux calendes grecques.

Dame LASME Faussevertu est doublement concernée par cette situation, et pour
cause : son fils, Eric, qu'elle a eu avec KOUASSI-KAN, doit être inscrit au CE1 ;
indigente, elle a besoin d’argent et souhaite ardemment, selon ses propres termes :
" faire liquider cette succession interminable ", et ce, d’autant plus que KOUASSI-
KAN n'a jamais voulu l'épouser : celui qu'elle qualifie désormais de goujat s'est
marié avec une autre, peu de temps après la naissance d'Eric.

Amère, elle entend d'ailleurs changer le nom de son fils qui ne portera plus le nom
de son père, mais, son nom à elle, à savoir LASME, auquel elle veut ajouter le nom
de son grand-père, de sorte que l'enfant s'appellera, si la procédure judiciaire
prospère, LASME-FONDIO, en lieu et en place KOUASSI-KAN.

173
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

La famille de KOUASSI-KAN, dégoûtée par le comportement éhonté et mercantile


de Faussevertu, la menace, si elle met son funeste projet à exécution, de ne lui
fournir aucune information au sujet de la succession du père de KOUASSI-KAN,
décédé courant juillet 2010, et qui laisse à ses ayants droit, dont KOUASSI-KAN,
une immense fortune.

Pour calmer les esprits, monsieur DERACINE, témoin de mariage de KOUASSI-


KAN, qui s'est installé depuis plus de deux décennies à Sassandra, décide de se
rendre à Abidjan, surtout qu'il a été alerté du projet de mariage de l'épouse de
KOUASSI-KAN ; en effet, cette dernière n'entend pas braver seule, une fois de
plus, le prochain harmattan que les météorologues annoncent rude...

« Qu’il arrive ou non, je me marierai avant la fin de l’année », clame la pulpeuse


dame sur tous les toits.

Mais DERACINE n'arrivera jamais à destination ; la côtière, en dépit de son nom


poétique, est impraticable depuis des lustres, et DERACINE est contraint
d'effectuer le voyage par les airs. Mais mal lui en pris, car l'avion qu’il a emprunté,
le 25 septembre 2010, un vieil aéronef digne d'un musée, s'est écrasé dans la forêt
jouxtant Grand Bassam, alors que le pilote avait amorcé son atterrissage. Des
débris calcinés de l'appareil, ont été extraits vingt corps, tous méconnaissables.

La famille de DERACINE, en dépit de la douleur, ne perd pas le nord et saisit


l'assurance à l'effet de toucher le capital souscrit par leur parent ; mais la
compagnie d'assurance, méfiante, exige la preuve juridique du décès. Et, comme
un malheur n’arrive jamais seul, la famille, médusée, se rend compte que le journal
« Dieu voit tout » a publié, le 23 septembre 2010, à sa page quatre (4), une photo
de l'épouse de DERACINE, prise à Assinie Maffia, alors qu'elle embrassait
fougueusement, sans pudeur aucune, un jeune étudiant, et ce, à l’occasion d'un
concert géant d'Alpha Blondy.

Courroucée, l'épouse infidèle, bien que s'interrogeant sur les chances de succès de
cette entreprise, entend ester en justice contre ce journal, à l'effet d’obtenir
réparation. Mais, la meilleure défense étant l'attaque, le journal décide de prendre

174
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

les devants et, le 24 septembre, saisit le tribunal d'Aboisso, ville où madame


DERACINE a été affectée courant juin 2010, en qualité d'institutrice.

En juriste avisé et familier du droit des personnes et de la famille, il vous est


demandé de dégager clairement les problèmes de droit que soulève cette histoire
digne d’une véritable saga et d'y apporter les solutions appropriées.

175
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

 Résumé correct des faits

 Énoncé complet des problèmes de droit

- Situation juridique de KK (KOUASSI-KAN) ?

- Cette situation autorise-t-elle KK à venir à la succession de son père ?

- Cette situation peut-elle être une entrave ou non au remariage de son épouse ?

- La mère du jeune Eric est-elle juridiquement fondée à faire changer le patronyme


de l'enfant ?

- Quelle est la situation juridique de DERACINE et comment la prouver ?

- La publication de la photo de madame DERACINE est-elle attentatoire à un de


ses droits, notamment de la personnalité ?

- Le tribunal d’Aboisso saisi par le journal est-il compétent pour connaître du


litige ?

I- DES QUESTIONS CONCERNANT KOUASSI-KAN

A- De sa situation juridique

1- En l’absence de tout corps, nous sommes devant une incertitude sur l'existence.
Or, en la matière, il n'existe que deux hypothèses : absence ou disparition.

Quid de l'absence ?

176
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

2. Article 115 CCiv + doctrine : Sans aucune nouvelle depuis bien longtemps, pas
de corps = Situation d'absence non déclarée.

B- Conséquences au regard des faits de l'espèce

1- Sur la succession du père de KK

Article 136 CCiv, succession dévolue à ses cohéritiers

2- Sur le projet de mariage de dame KK

Article 139 CCiv ; mariage théoriquement non prohibé, mais susceptible


d'annulation par le seul présumé absent en cas de retour.

C- Du changement de nom de l'enfant (Loi sur le nom patronymique)

Article 11 nouveau : immutabilité du nom ; il ne s'agit ici ni, d'un relèvement, ni


de l’application des articles 4 et suivants des dispositions transitoires sur le nom.
La mère agit par vengeance d’une part, et, d'autre part, entend donner son propre
nom à l’enfant, ce qui est contraire aux règles d'attribution du nom dans la filiation
naturelle.

177
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

II- DES QUESTIONS CONCERNANT M. DERACINE

De sa situation juridique

1- Présence de corps = pas d’incertitude sur l’existence, mais bien décès.

2. Article 63, al. 2, loi relative à l'état civil : compétence de l'officier d’état civil et
exclusion procédure judiciaire. Modification ultérieure de l’acte possible.

III- DES QUESTIONS CONCERNANT MME DERACINE

A- De la publication de sa photo

- Définition juridique du droit à l'image. Violation, oui, car pas de consentement.

- Violation illicite, non, car tant une photo de foule.

B- De la compétence du tribunal d'Aboisso

Tribunal compétent = tribunal du domicile du défendeur. Dame DERACINE


défenderesse, oui. Mariée, oui. Domicile, celui de l'époux, Sassandra. Voir Article
108 C.Civ.

178
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Mademoiselle Bédiakon Chimène, d'une insolente beauté, a pu, lors d'une


cérémonie de baptême, ébranler le mur d'indifférence de Monsieur Pakito Jean
Marc face aux séductions féminines. Malheureusement, les relations entre les deux
amoureux commencent à s'altérer un jour du mois de novembre 2004, lorsque Mlle
Bédiakon Chimène informe M. Pakito de son état de grossesse.

Monsieur Pakito redoutant les réprimandes de ses parents, demande alors à Mlle
Bédiakon Chimène d’effectuer une interruption volontaire de grossesse (IVG). La
jeune fille lui opposa un refus ferme. Le 28 juillet 2005, Mlle Bédiakon Chimène
met au monde un joli petit garçon.

Après avoir vainement attendu M. Pakito Jean Marc pour lui donner un nom et
faire établir l'acte de naissance de l’enfant, Monsieur Kotokan Gédéon, oncle
maternel de Mlle Bédiakon Chimène, se présente à la mairie de Cocody le 15
novembre 2005 pour déclarer la naissance de l’enfant.

Ainsi, au terme des démarches effectuées à cette fin par Monsieur Kotokan
Gedeon, on peut lire dans le registre des naissances de la mairie de Cocody, les
mentions suivantes concernant l'enfant :

Le 28 juillet 2005, à 15 heures, est né à la maternité de Cocody, Kotokan Abouagui


Aimé Dieudonné, fils de Kotokan Gédéon, employé de banque, domicilié à
Cocody, et de Bédiakon Chimène, étudiante, domiciliée à Cocody.

Pris de remords en septembre 2008 après avoir appris que le petit Kotokan
Abouagui Aimé Dieudonné allait entrer à l'école maternelle, Monsieur Pakito Jean
Marc d'une rencontre négociée et obtenue avec Mlle Bédiakon Chimène, fait part à
celle-ci de son intention de reconnaître son fils et lui attribuer le nom "Pakito Henri
César ". Par ailleurs, pour sceller définitivement la réconciliation avec la mère de
son enfant. Monsieur Pakito propose à Mlle Bédiakon Chimène de l'épouser devant
le Maire de Cocody ; seulement, il refuse que Mlle Bédiakon Chimène, une fois le
mariage célébré, se fasse appeler "Madame Pakito".

Relevez les problèmes soulevés par ce cas pratique assortis de leurs solutions.

179
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Le cas pratique soumis aux étudiants soulève une série de problèmes qui peuvent
être traités un à un.

Problème n°1

Faits : Après avoir vainement attendu M. Pakito Jean Marc pour lui donner un nom
et faire établir l'acte de naissance de l’enfant, Monsieur Kotokan Gédéon, oncle
maternel de Mlle Bédiakon Chimène, se présente à la mairie de Cocody le 15
novembre 2005 pour déclarer la naissance de l’enfant survenue le 28 juillet 2005.

Problème de droit : Quelle est la procédure de déclaration de naissance de l'enfant


de Mlle Chimène Bédiakon ?

L'irrecevabilité de la déclaration de naissance par l'officier de l'état civil

Selon la loi, la déclaration de naissance doit être effectuée dans un délai de 3 mois
à compter de la date de naissance (art. 41 al. 1 de la loi relative à l’état civil).

Si cette déclaration nécessaire à l’établissement de l'acte de naissance n'est pas


effectuée dans ce délai prescrit par la loi, celle-ci sera irrecevable par l'officier de
l'état civil.

En l'espèce, l'enfant étant né le 28 juillet 2005, M. Kotokan Gédéon s'est présenté


devant le maire de Cocody le 15 novembre 2005 ; c’est-à-dire après l’écoulement
d'un délai de 3 mois 15 jours pour faire la déclaration. Le délai prescrit par la loi
est donc largement expiré au moment où M. Kotokan Gédéon se présente devant le
maire pour faire la déclaration de naissance de l’enfant à l'état civil. La déclaration
de naissance qu'entend faire M. Kotokan Gédéon est donc irrecevable par l'officier
de l’état civil qu’est le maire de Cocody.

180
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Le jugement supplétif de défaut d’acte de naissance

M. Kotokan Gédéon doit introduire une requête auprès du Tribunal de Première


Instance d’Abidjan.

Le juge saisi constatera d’abord qu'il y a défaut d’acte de naissance ; il rendra


ensuite un jugement pour suppléer le défaut d’acte de naissance.

Autrement dit, un jugement supplétif de défaut d’acte de naissance (art. 83 de la


loi de 2018 relative à l’état civil).

Le dispositif du jugement sera, par la suite, transmis par le Ministère Public à


l'officier de l’état civil qu’est le maire de Cocody pour être transcrit dans le registre
des naissances (art. 85, loi de 2018 relative à l'état civil). Il tient lieu d'acte de
naissance dont un extrait peut, en cas de besoin, être délivré à l’intéressé par le
maire de Cocody.

Problème n° 2

Faits : Pris de remords en septembre 2008 après avoir appris que le petit Kotokan
Abouagui Aimé Dieudonné allait entrer à l'école maternelle, Monsieur Pakito Jean
Marc fait part à Mlle Bediakon Chimène, de son intention de reconnaitre son fils et
lui attribuer le nom "Pakito Henri César".

Problème de droit : Quelle est la procédure de reconnaissance et de changement


des noms et prénoms de l’enfant ?

La solution à ce problème fait appel à l'exposé d’un principe frappé d'une


exception.

181
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

1- Le principe

Selon la loi, « nul ne peut porter de nom ni de prénoms autres que ceux exprimés
dans son acte de naissance » (Art. 11 loi sur le nom). C'est le principe de
l'immutabilité du nom et des prénoms.

Mais, la loi apporte quelques atténuations à ce principe à travers le changement de


nom et de prénoms.

2- L'exception : Le changement des nom et prénoms consécutif à un


changement d'état

Dans le cas d'espèce, nous sommes en présence d'un changement de nom et


pronoms consécutifs à un changement d’état.

En effet, la reconnaissance de l'enfant souhaitée par M. Pakito Jean Marc laquelle,


sera accompagnée du changement de ses noms et prénoms, et le résultat d'un
changement de filiation ; autrement dit, il s'agit ici d’un changement de nom et
prénoms consécutifs à un changement d'état.

a) Le changement de filiation (encore appelé changement d'état).

« Lorsqu'une filiation est établie par un acte ou un jugement, nulle filiation


contraire, ne pourra être postérieurement reconnue sans qu'un jugement établisse,
préalablement, l'inexactitude de la première ». (Article 28 de la loi relative à la
filiation).

M. Kotokan Gédéon a, par jugement, reconnu en premier lieu l'enfant de sa nièce


Mlle Bédiakon Chimène ; la filiation de l'enfant est donc établie à son égard. Mais,
il s'agit d'une fausse filiation, étant entendu que celle-ci ne repose sur aucune
relation biologique (relations sexuelles) ayant donné lieu à la conception de l'enfant.

182
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

En application de l'article 28 de la loi relative à la filiation, la reconnaissance de


l'enfant par M. Pakito, son père biologique, ne peut se faire que par voie judiciaire.

Ainsi, pour reconnaître l’enfant M. Pakito doit présenter une requête auprès du
Tribunal de Première Instance d’Abidjan (art. 15 de la loi relative à la filiation).

Le juge saisi rendra une décision d’annulation de la fausse filiation établie en


premier lieu entre Kotokan Gedeon et l'enfant. Ensuite, il va rétablir la vraie
filiation, c’est-à-dire la filiation biologique de M. Pakito à l'égard de l'enfant.

b) Le changement des noms et prénoms de l'enfant

Le juge va enfin ordonner, dans le même jugement, le changement des noms et


prénoms de l’enfant, et par voie de conséquence la rectification du jugement
supplétif d’acte de naissance. Ainsi sur le jugement supplétif d’acte de naissance,
le nom Kotokan Abouagui aimé Dieudonné sera effacé et remplacé par : Pakito
Henri César, et le nom Kotokan Gédéon sera effacé et remplacé par Pakito Jean
Marc.

Le dispositif de ce jugement rectificatif sera, par la suite, transmis par le Ministère


Public à l'officier de l'état civil qu’est le maire de Cocody pour être transcrit dans
le registre des naissances (art. 85 de la loi de 2018 relative à l’état civil). Un
extrait de ce jugement, peut en cas de besoin, être délivré à l'intéressé par le maire
de Cocody.

Problème n°3

Faits : Monsieur Pakito propose à Mlle Bédiakon Chimène de l'épouser devant le


maire de Cocody ; seulement, il refuse que sa femme, une fois le mariage célébré,
porte le nom de son mari.

183
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Problème de droit : M. Pakito peut-il interdire à sa femme l'usage du nom de son


mari ?

Selon l’article 55 de la loi de 2019 relative au mariage, la femme a l'usage du nom


du mari. Le port du nom du mari est un droit attaché à la qualité de femme mariée.
En principe, nul ne peut interdire à une personne l’exercice d'un droit à elle
reconnu par la loi.

M. Pakito, ne peut, en conséquence, priver sa femme de son droit de porter le nom


de son mari.

184
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Au cours d’une sortie de détente organisée par des étudiants de la faculté de droit
de l'Université de Cocody, au bord de la mer à la plage de Mondoukou dans la
commune de Grand-Bassam, Mademoiselle Bonvivant a été l’objet de plusieurs
prises de vue faites par Monsieur Jatono, un camarade de classe, qui, depuis le
début de l’année, lui témoignait une particulière admiration.

Deux semaines plus tard, le magazine "Femmes modernes" affichait sur sa


couverture l'image de Mlle Bonvivant habillée en maillot de bain, adossée à un
cocotier, sourire éclatant, cheveux étirés par le vent. En outre, les pages du
magazine sont illustrées par deux autres photographies de Mlle Bonvivant prises
par le même étudiant le jour de la sortie de détente. Surprise et choquée par ces
images, Mlle Bonvivant décide de poursuivre en justice distinctement M. Jatono et
le magazine "Femmes modernes" pour réparation.

Qu'en pensez-vous ?

185
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

Bref résumé des faits suivi de l’exposé du problème de droit : la prise et la


publication des photographies portent-elles atteinte au droit à l'image de
Mademoiselle Bonvivant ?

Il y a lieu de traiter distinctement l'acte de M. Jatono et celui du magazine


"Femmes modernes".

I- La prise des photographies par M. Jatono porte-t-elle atteinte au droit à


l'image de Mlle Bonvivant ?

La prise de l’image d'une personne est subordonnée au consentement de l'intéresse,


autrement dit, la prise d’une photographie sans le consentement de la personne
constitue une atteint à son droit à l’image.

En l’espèce, le sourire adressé par Mlle Bonvivant à Monsieur Jatono au moment


de la prise de la photographie est la traduction d’un consentement tacite donné par
l'étudiante à son camarade de classe, auteur de la prise de vue.

La photo ayant donc été prise avec le consentement tacite de Mlle Bonvivant,
Monsieur Jatono n’a pas porté atteinte au droit à l’image de Mlle Bonvivant.

186
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

II- La publication des photographies par le magazine "Femmes


modernes“ porte-telle atteinte au droit à l’image de Mlle Bonvivant ?

A- L'atteinte au droit à l’image de Mlle Bonvivant

Un consentement tacite a été donné par Mlle Bonvivant à M. Jatono pour la prise
des photographies ; aucun consentement n’a été donné pour la publication des
photographies par le magazine “Femmes modernes“.

Partant, ayant ainsi publié les photographies de Mlle Bonvivant sans le


consentement de cette dernière, le magazine "Femmes modernes“ a porté atteinte
au droit à l'image de Mlle Bonvivant.

B- La réparation de l'atteinte au droit à l’image

Mlle Bonvivant peut demander au magazine réparation devant le tribunal sur le


fondement de l'article 1382 du code civil. Selon ce texte « tout fait quelconque de
l'homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est
arrivé à le réparer ».

Son application fait appel à l’existence de trois conditions qu'il faut exposer avant
d'indiquer les modalités de la réparation.

1) Les conditions de la réparation

Ces conditions sont : une faute, un préjudice et un lien de cause à effet entre la
faute et le préjudice (lien de causalité).

a) La faute

La faute commise par le magazine “Femmes modernes" consiste au fait d'avoir


publié la photo de Mlle Bonvivant sans le consentement de cette dernière.

187
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

b) Le préjudice

Il y a un préjudice moral qui se traduit d’abord par la vexation subie par Mlle
Bonvivant qui est surprise et choquée en découvrant ses photographies dans le
magazine ; il s'agit donc ici d’un préjudice moral.

Le préjudice est également matériel, étant entendu que la photo de Mlle Bonvivant
affichée sur la couverture est de nature à favoriser une bonne vente du magazine ;
son propriétaire pourra donc, grâce à cette vente, s’enrichir au détriment de Mlle
Bonvivant.

c) Le lien de causalité

C'est le lien entre la publication de la photo par le magazine et le préjudice subi par
Mlle Bonvivant. En effet, c’est la publication de la photo qui a produit le choc, la
vexation vécue par Mlle Bonvivant ; de même, c’est la publication des photos qui
est à la base de l’enrichissement engendré par la vente des exemplaires au profit du
propriétaire du magazine.

2) La nature de la réparation

Les conditions d'application de l'article 1382 du Code Civil étant établies, le


tribunal saisi pourra condamner le magazine "Femmes modernes" à verser des
dommages et intérêts à Mlle Bonvivant pour réparation du préjudice par elle subi.

Le tribunal pourra également exiger la destruction du film qui tient lieu de support
aux photographies de Mlle Bonvivant publiées par le magazine.

Le tribunal pourra enfin demander le retrait des exemplaires du magazine "Femmes


modernes" de la vente, mais cette mesure s'avère illusoire parce que, au moment où
le tribunal rend son jugement, beaucoup d'exemplaires déjà vendus se trouvent
entre les mains des lecteurs du magazine.

188
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CAS PRATIQUE

Après avoir pris part le 4 février 2006 à la grande fête d’intronisation de leur
nouveau chef du village, laquelle était présidée par le Préfet d’Abidjan, Messieurs
PAPILLON et COLIBRI, deux amis de longue date devenus inséparables décident
de regagner Abidjan. Ils prennent place à bord d’un car de transport en commun,
aux côtés de deux belles jeunes femmes rencontrées sur les lieux de la
manifestation, avec lesquelles ils entretiennent la conversation tout le long du trajet.

Descendus du car avec leurs compagnes, les deux amis se séparent à la gare
routière d’Adjamé, chacun devant prendre la direction de son lieu de résidence. M.
PAPILLON, sous le regard complice de son ami COLIBRI, choisit alors de faire à
pied un bout de chemin avec sa nouvelle conquête avant d'emprunter avec elle le
même taxi ; s’étant rendu compte au cours de leur conversation que la jeune
femme réside comme lui dans la même zone géographique au sud de la ville
d'Abidjan. Ce soir là, M. PAPILLON n'a pas rejoint la maison familiale depuis
cette date, personne ne l’a plus revu, et l'on n'a aucune nouvelle de lui.

Son ami COLIBRI contacté le soir même a expliqué à Madame PAPILLON


Jolicoeur les circonstances dans lesquelles ils se sont, de retour du village, séparés
à la gare d'Adjamé. Sa famille plongée dans une grande tristesse se demandait où
pouvait bien se trouver M. PAPILLON. Les personnes contactées à son sujet
affirment l'avoir vu à la descente du car à la gare d'Adjamé. Tous les avis de
recherche diffusés par voie de presse sont restés sans suite.

Un an plus tard, en mars 2007, sa fille aînée, Mademoiselle Bozieux PAPILLON,


alors âgée de 24 ans, étudiante à l'université de Cocody, dont les frais d'études
(notamment l’hébergement, la restauration) étaient pris en charge par son père, se
trouve confrontée à d'énormes difficultés, étant privée de toutes ressources
financières. Elle prend ainsi attache avec son oncle, frère cadet de son père pour
lui venir en aide. En effet, ce dernier, depuis que PAPILLON est devenu
introuvable, s’est mis à encaisser les loyers des deux maisons de celui-ci, dont le
montant total mensuel est de 250 000 FCFA. Mais cet argent, qui en partie,
permettait à M. PAPILLON de financer les études de sa fille, est désormais
dilapidé par son frère cadet dans les bars et maquis de son quartier.

189
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

La démarche de Mademoiselle PAPILLON auprès de son oncle s'avère donc


infructueuse. Elle vous interroge ; comment peut-elle obtenir le financement de ses
études grâce aux loyers des deux maisons ?

Lassé d'attendre désespérément un mari dont elle ne sait s’il la rejoindrait un jour,
Madame PAPILLON Jolicoeur décide de se marier le 27 décembre 2008 avec le
nouvel élu de son cœur devant le maire de son quartier. Ce mariage peut-il être
célébré ?

190
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Bref résumé des faits suivi de l’exposé du problème de droit : quelle est la situation
juridique de M. Papillon et les effets qui y sont attaches ?

I- La situation juridique de M. Papillon

Il y a lieu d'examiner ici les trois hypothèses du décès, de la disparition et de


l'absence.

A- M. Papillon est-il décédé ?

Le décès est la cessation des fonctions vitales d’une personne avec présence de
corps. En l'espèce, l'on n'est pas en présence du corps de M. Papillon.

M. Papillon ne peut donc être considéré comme décédé.

B- M. Papillon est-il dans une situation de disparition ?

La disparition est la situation d’une personne qui se trouvait dans des circonstances
de nature à mettre sa vie en danger, et dont le corps n'a pu être retrouvé.

Nulle part, les faits du cas pratique ne font état de circonstances de nature à mettre
la vie de M. Papillon en danger. M. Papillon n'est donc pas dans une situation de
disparition.

C- M. Papillon est-il dans une situation d’absence ?

L'absence est la situation d'une personne qui a cessé de paraître au lieu de son
domicile ou de sa résidence sans laisser de nouvelles et dont on ne sait si elle est en
vie ou décédée.

191
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Depuis le 4 février 2006, M. Papillon a quitté son domicile sans laisser de


nouvelles ; les recherches effectuées pour le retrouver sont restées sans suite.

On ne sait s’il est vivant ou décédé. M. Papillon est donc absent.

II- Les effets liés à la situation juridique de M. Papillon

Deux questions doivent être ici exposées :

Par quelle procédure Mlle Papillon peut-elle obtenir le financement de ses études
au moyen des loyers des deux maisons de son père ?

Le mariage de Madame Papillon peut-il être célébré ?

A- Le sort des loyers des deux maisons

La question des loyers se trouve soulevée un an après le départ de M Papillon.


Dans cette période M. Papillon est dans une situation de présomption d'absence.

Aux termes de l'article 212 du Code Civil, s’il y a nécessité de pourvoir à


l'administration de tout ou partie des biens laissés par une personne présumée
absente, qui n’a point laissé de procureur fondé (mandataire) toute personne
intéressée peut saisir le tribunal afin qu’un mandataire judiciaire soit nommé.

En l'espèce, le frère cadet de M. Papillon dilapide l'argent des loyers des deux
maisons, au moment même où Mlle Papillon qui bénéficiait du soutien de son père
se trouve confrontée à des difficultés financières. Ces éléments de fait indiquent
qu'il y a nécessité de pourvoir à la gestion des biens, notamment des deux maisons
de M. Papillon.

Mlle Papillon, personne intéressée, peut, en application de l’article 112 du Code


Civil suscité, saisir le tribunal pour que soit désigné par le juge un mandataire
judiciaire pour gérer les biens, les loyers des deux maisons de M. Papillon.

Mlle Papillon peut même être désignée par le juge en qualité de mandataire
judiciaire chargée d'encaisser les loyers des deux maisons et en faire un usage
approprié.

192
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

B- Le mariage de Madame Papillon peut-il être célébré ?

Aux termes de l’article 103 de la loi de 2019 relative au mariage, le mariage se


dissout par la mort de l’un des époux ; par le divorce ; l’absence judiciairement
déclarée de l’un des époux ; le décès judiciairement déclaré en cas de disparition ;
l’annulation du manage.

L'absence ne figure pas parmi les causes de dissolution du mariage ; il en résulte


que l’absence ne dissout pas le mariage ; partant, celui de monsieur Papillon
présumé absent subsiste.

Or, selon l'article 3 al. 1 de la loi de 2019 relative au mariage, nul ne peut
contracter un nouveau mariage avant la dissolution du précédent. Le mariage de
Madame Papillon avec son mari présumé absent n'étant pas dissout, celle-ci ne
peut donc contracter mariage avec le nouvel élu de son cœur. Le mariage de
Madame Papillon ne peut donc être célébré par l’officier de l’état civil de son
quartier.

193
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CONSULTATION

Mlle KETOURE Rose Aimé, sœur de KETOURE Nadine, vient d'obtenir avec
mention sa maîtrise en droit à l’Université NORD-SUD - Abidjan-VRIDI et elle
voudrait présenter le concours de la magistrature à l’Institut National de Formation
Judiciaire (I.N.F.J) d’ABIDJAN. Elle est née à ABOISSO le 08 juillet 1987.

Pour la constitution de son dossier de candidature, Mlle KETOURE devrait se


rendre à ABOISSO quand elle a appris que les registres de l'année 1987, qui se
trouvaient au greffe du tribunal, ont été détruits du fait de l'humidité, car posés à
même le sol.

Quant aux registres de la mairie, ils ont été dévorés par les rats et les souris qui
infestent les lieux. Mlle KETOURE se pose alors la question de savoir comment se
fera la reconstitution des registres et, en attendant la reconstitution, comment
pourra-t-elle pallier le défaut d’acte de naissance ?

194
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DU CONSULTATION

INTRODUCTION

La consultation juridique soumise à notre étude est relative aux actes de l'état civil.
Des faits, il ressort que Mlle KETOURE Nadine titulaire d'une maîtrise en droit à
l'université NORD-SUD voudrait présenter le concours de la magistrature à
l'Institut Nationale de Formation Judiciaire (I.N.F.J). Elle est née à Aboisso le 8
juillet 1987. Pour la constitution de son dossier de candidature, Mlle KETOURE
devrait se rendre à Aboisso, quand elle a appris que les registres de l'année 1987
ont été détruits. Mlle KETOURE voudrait savoir comment se fera la reconstitution,
comment pourra-t-elle pallier le défaut d'acte de naissance ?

Pour répondre à ces interrogations, nous allons de prime abord mettre en relief la
procédure de reconstitution des registres (I) et ensuite examiner la procédure
palliative du défaut d’acte de naissance (II).

I- LA PROCEDURE DE RECONSTITUTIQN DES REGISTRES

Mlle KETOURE voudrait connaître la procédure de reconstitution des registres et


en attendant la reconstitution, elle voudrait savoir la procédure pour pallier le
défaut d’acte de naissance.

195
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

A- LA PROCEDURE SELON L'ARTICLE 88 (Loi Etat civil)

La procédure de reconstitution des registres prévue par l'article 88 est différente


de celle instituée par l’article 87 puisqu'il ne subsiste aucun exemplaire dudit
registre pouvant permettre de procéder à une reconstitution. Mais à l’instar de celle
prévue par l'article 87, la procédure de l’article 88 comporte également plusieurs
phases.

B- LES DIFFERENTES PHASES

- Dans la première phase, le procureur de la république invite l’officier ou l'agent


de l’état civil de la circonscription ou du centre secondaire d'état civil intéresse à
dresser un état des personnes qui, d’après la notoriété publique, sont nées, se sont
mariées ou sont décédées pendant ce temps. Si la perte ou la détérioration concerne
des registres de plusieurs années, l'état devra être dressé année par année.

- Dans la seconde phase, le procureur de la république, après examen de l’état


établi, requiert la section du tribunal ou le tribunal compétent d’ordonner une
enquête et toutes mesures de publicité jugées opportunes. L’enquête est faite par un
juge commis.

- La troisième phase est la phase finale, celle de la reconstitution même des


registres. Quand la phase d’instruction est terminée, le tribunal, sur les conclusions
du procureur de la république, ordonne par jugement, le rétablissement des actes
dont l'existence a été constatée.

En l’espèce, le procureur de la république doit inviter l’officier ou l'agent de l'état


civil d’Aboisso à faire des annonces par voie de presse afin que Mlle KETOURE
se rende à Aboisso. Et par la suite, le procureur de la république après examen de
l'acte de l'état civil établi, requiert le tribunal compétent (afin d'ordonner une
enquête et toutes publicités opportunes. Après avoir montré à Mlle KETOURE, la
procédure de reconstitution des registres, nous lui montrerons la procédure pour
qu'elle puisse pallier le défaut d'acte de naissance. Après avoir déterminé la
procédure de reconstitutions des registres, qu’en est-il de la procédure pour pallier
le défaut d’acte de naissance.

196
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

II- LA PROCÉDURE POUR PALLIER LE DEFAUT D’ACTE DE


NAISSANCE

En attendant la reconstitution des deux exemplaires des registres ou celle de


l'exemplaire perdu ou détérioré, la loi offre comme solution aux usagers qui ont
besoin d'avoir un extrait ou une copie de leur acte d’état civil. Cette solution légale
est énoncée dans l’article 90 de la loi sur l’état civil : «Les dispositions contenues
aux articles 86 à 89 ne font pas obstacle au droit des parties de demander
conformément aux dispositions de l’article 84, le rétablissement de l’acte les
intéressant, qui figurait sur les registres détruits, détériorés ou disparus ».

Il résulte de ces dispositions que la seule solution prévue par la loi est le jugement
supplétif d'acte de l'état civil. En attendant la reconstitution des registres, les parties
intéressées doivent avoir recours à la procédure du jugement supplétif d'acte de
l'état civil.

En l’espèce, les registres de l’année 1987 qui se trouvaient au greffe du tribunal ont
été détruits alors que Mlle KETOURE a besoin de son acte de naissance pour
présenter le concours.

Donc pour pallier le défaut d'acte de naissance, elle devra recouvrir à la procédure
du jugement supplétif d’acte de l'état civil. L’obtention du jugement supplétif sera
facilitée si le demandeur possède un extrait ou une copie de l’acte d'état civil
figurant sur le registre perdu ou détruit.

197
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

LA FICHE D’ARRET

198
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

EXERCICE DE FICHE D’ARRET

Faites en 3h, la fiche de l’arrêt de la Cour d'Appel d'Abidjan du 2 juillet 1982


(inédit)

LA COUR

Ou les parties en leurs conclusions ;

Le Ministère Public entendu ;

Vu les pièces du procès ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

Statuant publiquement contradictoirement à l'égard de YATTIEM AMIGUET


François, la Société « Communication et MEDIA INTERNATIONAUX »,
l'Agence Ivoire-Médiat et la Revue AFRICAINE en matière civile et en dernier
ressort, sur l'appel régulièrement interjeté le 30 juillet 1981 par YATTIEM
MIGUET François, directeur de l’école de la statistique à Abidjan, du jugement
n°4277 non assigné, rendu le 4 décembre 1980 par le Tribunal de Première
Instance d'Abidjan qui a débouté YATTIEM MIGUET François, de sa demande de
dommage-intérêt ;

Considérant qu'il est constant que dans une lettre datée du 5 mars 1976,

Le sieur Pière BOUSEZ, rédacteur en chef de la « REVUE GENERALE


AFRICAINE des Travaux Publics, de l'Industrie et des Mines », faisait savoir au
sieur YATTIEM MIGUET François, directeur de l'École de Statistique à Abidjan,
que sa revue se proposait, avec l'accord du Ministre ivoirien des finances, de faire
paraître un reportage sur l'École de Statistique à Abidjan : buts poursuivis,
connaissances requises pour y entrer, niveau de l'enseignement répartition des
disciplines, diplômes sanctionnant les études, carrières offertes aux lauréats,
moyens dont dispose l'établissement, etc.

199
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Dans sa compétence, le sieur BOUSEZ précisait « enfin, il nous est nécessaire pour
donner plus de vie à notre revue, de pouvoir illustrer cet article par des
photographies des bâtiments, du matériel, des principaux dirigeants, etc. Je vous
serais tout particulièrement obligé, si vous pouviez accorder une attention toute
particulière à notre revue et nous faire parvenir ces éléments dans les délais les
plus rapides pour nous permettre une très prochaine publication ».

Des bâtiments et la photographie du Directeur (en l'occurrence YATTIEM


AMIGUET François) furent adressés à la Revue Générale Africaine ; que le 12
février 1978, YATTIEM AMIGUET François découvrait avec surprise sa photo
publiée par l’hebdomadaire « Ivoire Dimanche », dans son numéro 366 du 12
février 1978, à la page consacrée au programme de la télévision ; que cette société
EFET (Société de Cour par Correspondance) avec la légende « ce jeune cadre a
réussi, pourquoi pas vous » ; qu’à la carrière enseignée par la société EFET :

Considérant que dans un premier temps, YATTIEM AMIGUET François éleva


une vive protestation auprès de la Revue Générale Africaine par lettre en date du
13 février 1978, dans laquelle il demandais la restitution de sa photographie et la
cessation immédiate de la publicité faite par Ivoire Dimanche, que dans un
deuxième temps, il assignait en dommages-intérêts devant le Tribunal de Première
Instance d’Abidjan et par exploit du 24 octobre 1978, la « Revue Générale
Africaine, la société « communication et média internationaux » dite CMI, la
société EFET, et la Revue « Ivoire -Dimanche » ; qu’il a exposé devant le premier
Juge que la Revue Générale Africaine et autres avaient porté atteinte aux droits
imprescriptibles qu’il a sur son image ;

Considérant que la CMI et Ivoire - Dimanche ont soutenu que YATTIEM


AMIGUET François avait de toute façon accepté la publication de sa photographie
dans une revue ; que cette publication n’a été faite qu'une seule fois et qu'elle a
cessé immédiatement dès les premières protestations de YATTIEM AMIGUET
François ; que le placard publicitaire n'a pu causer aucun préjudice à la personne
qu'il concerne et qu'au contraire, il ne pouvait être que flatteur ;

200
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Considérant que le premier Juge, après avoir relevé que la publication de l'image
d'une personne sans son autorisation constitue une faute délictuelle, a néanmoins
estimé que cette faute n’avait causé aucun préjudice à YATTIEM AMIGUET
François ;

Considérant que celui-ci sollicite l'infirmation de la décision entreprise ; qu'il fait


valoir, par le canal de ses constantes que toute personne possède sur son image et
sur l'utilisation qui en est faite un droit de propriété absolue dont nul ne peut
disposer sans son consentement, même s'il n’y a pas eu atteinte à la vie privée et à
la considération de la personne ;

Que la reproduction non autorisée de l'image constitue un quasi-délit générateur


d'un préjudice ouvrant droit à réparation ; que dans le cas d'espèce, il n’a autorisé
que la Revue Générale Africaine a publié sa photo, mais dans le cadre précis d'un
reportage sur l'école de statistique d’Abidjan ; que cette autorisation n’était donc ni
générale, ni impersonnelle ; que le préjudice qu’il a subi est fonction du caractère
désobligeant de la légende figurant en dessous de la photographie ;

que le placard publicitaire laisse supposer que lui YATTIEM AMIGUET François
a suivi les cours par correspondance de l'École EFET (École Française
d'enseignement Technique) : qu'il l'expose aux railleries des étudiants qui pensent
que leur directeur, après avoir suivi des cours par correspondance a accédé aux
responsabilités qui sont les siennes grâce à ses relations ; que pendant une semaine ;
il a été offert en spectacle aux lecteurs d'Ivoire-Dimanche, la page contenait
l'encart publicitaire étant consacrée au programme hebdomadaire de la télévision ;
que tous les intimés sont solidairement responsables du préjudice, qui lui a été
ainsi causé qu'en effet, la revue générale africaine à qui il avait remis la
photographie n'explique pas comment celle-ci est sortie de ses archives ; qu'elle a
fait preuve de négligence ; qu'Ivoire-Média qui a le monopole de la publicité dans
la presse écrite n'explique pas non plus comment son Directeur Monsieur LARGY
a pu donner la photographie dont il s'agit à la Société « Communication et Média
Internationaux », que cette dernière aurait dû, en préparant la campagne de
publicité de l'École EFET, obtenir au préalable le consentement du sujet
photographié : que sa faute engage son mandant l'École EFET ; qu'Ivoire

201
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Dimanche aurait dû vérifier l’existence de l'accord du sujet photographié avant de


publier le placard publicitaire ;

Considérant que les sociétés « communication et média internationaux » et «


Ivoire-Média » soutiennent en ce qui les concerne, par la voix de leur conseil
Maître Mariana, que YATTIEM AMIGUET François, qui avait joint sa
photographie à une demande tendant à valoriser l'institution qu'il dirige, ne peut
prétendre qu'il désirait impérativement ne pas paraître son image dans une revue ;
qu’il n'a subi aucun préjudice, puisqu'il n’y a eu qu’une seule parution de son
image dans un seul numéro ; que la bonne foi des auteurs a été surprise puisqu'ils
n’ont voulu aucun moment causé un préjudice à l’appelant ; que la décision du
premier juge doit être confirmée ;

Considérant que la revue " Ivoire-Dimanche " affirme par l'organe de ses conseils
Maître DOGUE et ELGHOZI, qu’elle n'a commis aucune faute, que la marquette
n'a pas été conçue par elle qu'elle lui a été transmise par CMI avec ordre de la
publier ; qu'en outre, YATTIEM AMIGUET François ne rapporte pas la preuve
qu'il a subi un préjudice ; qu’il n’était pas opposé au principe de la publication de
la photographie dans une revue, puisqu'il l'avait fourni lui-même ; qu'à titre
subsidiaire, il ne peut lui être alloué que le franc symbolique ;

Considérant que la Revue générale africaine, la société EFET et la Société Ivoire


Média ne comparaissent pas, bien sûr l’acte d'appel leur ait été signifié, à parquet
en ce qui concerne les deux premières et à son siège Social en ce qui concerne la
dernière ; qu'il y a lieu de statuer par défaut à l'égard des deux premières, et
contradictoirement à l'égard de la dernière ;

Considérant qu’il est exact que d’après une jurisprudence constante, toute personne
possède sur son image et sur l'utilisation qui en est faite « un droit de propriété
absolue dont nul ne peut disposer sans son consentement » ; que la diffusion de
cette image, sans autorisation de la personne photographiée, constitue » un quasi-
délit générateur d'un préjudice donnant lieu à réparation » (Tribunal de Commerce
de la Seine, 20 février 1963, D. 1963, sommaire P. 85) que dans le cas d'espèce, il
est faux de soutenir que YATTIEM AMIGUET François avait accepté de toute
façon la publication de sa photographie dans une revue, alors qu'il n'avait autorisé
la diffusion de son image que dans la seule « Revue Générale Africaine », à la

202
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

demande expresse de celle-ci, et uniquement dans le cadre d'une étude sur l'École
de statistique dont il est le Directeur ; que contrairement aux allégations des
intimés, la diffusion de la photographie de l'appelant dans la revue « Ivoire
Dimanche», loin d’être flatteur, était plutôt désobligeante, puisqu’elle faisait voir
aux lecteurs que YATTIEM AMIGUET François avait suivi les cours par
correspondance de la société EFET et qu’il s’était « arrangé » pour accéder au
poste de responsabilité qui est aujourd’hui le sien ; qu'il est exact qu’il n’y a eu
qu’une seule diffusion, mais que cette circonstance diminue, il est vrai
l’importance de la réparation du préjudice, mais ne supprime pas la responsabilité
des auteurs, qui est constante et ne peut être éludée ; ...

203
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DE L’EXERCICE DE FICHE D’ARRET

Fiche d’arrêt : Cour d'appel d'Abidjan

I- La nature de la décision

La décision qui nous est soumise est un arrêt de la cour d'appel d’Abidjan rendu le
2 juillet 1982, sur appel interjeté par Yattien Amiguet François contre le jugement
du tribunal de 1ère instance d’Abidjan du 04 décembre 1980.

II - Les faits

Y.A.F. est un jeune cadre ivoirien. Il est le directeur de l'École de la Statistique


d'Abidjan. Par lettre, on date du 05-03-1970, le Rédacteur en chef de la Revue
Générale Africaine des travaux publiques, de l'industrie et des mines lui demande
sa photographie et des images des bâtiments qui abritent l’école pour les besoins
d'un reportage initié par la RGA avec l'accord du ministre ivoirien des finances.

L’objectif visé serait de valoriser en faisant connaître l’ESA par le grand public.

C'est ainsi que Y.A.F. a remis à la disposition de l’organe de presse les documents
sollicités.

Le 12-04-1978, il est surpris de découvrir la même photographie publiée par Ivoire


Dimanche à la page consacrée au programme de la télévision. Cette photographie,
qui a transité par Ivoire Média, la société Communication et Média Internationaux,
illustrait un encart publicitaire au bénéfice de la société EFET (société de cours par
correspondance) avec la légende : « Ce jeune cadre a réussi, pourquoi pas vous ? ».

Cette publicité était accompagnée de la liste des carrières enseignées par la société
EFET. En date du 13 février 1978, Y.A.F. éleva une vive protestation auprès de la
RGA à laquelle il réclamait la restitution de sa photographie et la cessation
immédiate de la publicité faite par ID. Il initie par la suite une action en justice.

204
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

III- La procédure

Par exploit du 24 octobre 1978, Y.A.F. saisit le T.P.I d’Abidjan d'une action en
réparation du préjudice que lui cause cette situation.

Il sollicite la condamnation solidaire à lui verser des dommages-intérêts de la RGA:


la CMI, la Société EFET et ID. Pour lui, ces organes de presse ont porté atteinte
aux droits imprescriptibles qu’il a sur sa propre image. Les défendeurs ont
repoussé cet argument en soutenant que le demandeur a accepté une 1ère
publication de sa photographie dans une revue.

Par ailleurs, selon eux, la publication litigieuse a cessé immédiatement si bien que
le sujet photographié ne peut se prévaloir d'un préjudice. En plus, l'encart
publicitaire ne pouvait être que flatteur pour lui.

- Le 04 décembre 1980, le TPI d’Abidjan l'a débouté de sa demande au motif que


même si la publication de l'image d’une personne sans son consentement constitue
une faute délictuelle, celle-ci, en l’espèce n’a causé aucun préjudice au demandeur.

- Le 30 juillet 1981, Y.A.F. interjette appel de ce jugement devant la cour d’Appel


d’Abidjan. L'appelant demande à cette juridiction l’infirmation de la décision du
1er juge. Au soutien de sa demande, il avance qu’il est de jurisprudence constante
que toute personne possède, sur son image et l'utilisation qui en est faite, un droit
de propriété absolue dont nul ne peut disposer sans son consentement, même s’il
n'y a pas eu atteinte à la vie privée et à la considération du sujet photographié.

Selon lui, la reproduction non autorisée de l'image constitue un quasi-délit


générateur d'un préjudice ouvrant droit à réparation.

Or, en l’espèce, il n'a autorisé que la RGA à publier sa photographie, et ce, dans un
cadre bien précis. Cette autorisation n'était ni générale ni impersonnelle. Par
ailleurs, continue-t-il, il en subit un préjudice eu égard au caractère désobligeant de
la légende figurant au-dessus de la photographie, puisque cet encart publicitaire
insinuait que lui, Y.A.F., directeur d'une grande école, avait suivi des cours par
correspondance. Cette situation l'a exposé aux railleries de ses étudiants qui

205
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

pensent que leur directeur a accédé à ce poste de responsabilité grâce à des


relations.

Ce préjudice est aggravé par le fait qu’il a été offert en spectacle aux lecteurs
d'Ivoire Dimanche. Il conclut donc à la responsabilité solidaire de tous les organes
de presse qui ont concouru à la réalisation de ce préjudice.

Les intimés soutiennent, chacun pour sa part :

+ Quant à la CMI et Ivoire Média, ils affirment que Y.A.F., qui a joint sa
photographie à une publication visant à valoriser son établissement, ne peut
prétendre qu’il ne désirait pas voir son image republiée. Par ailleurs, l’appelant n’a
subi aucun préjudice puisqu'il n'y a eu qu'une seule parution du numéro litigieux.
En outre, ils se déclarent de bonne foi puisqu'ils n'ont jamais entendu causer un
préjudice à l’appelant.

+ Concernant ID, elle ne reconnaît aucun but dans la mesure où la maquette


publicitaire, qu’elle n'a pas conçue, lui a été transmise par la société CMI avec
ordre de la publier. Par ailleurs, l'appelant n’était pas, opposé à une 1ère
publication de sa photographie et ne rapporte la preuve d'aucun préjudice. Dès lors,
il ne peut être alloué que le franc symbolique.

Le problème juridique

De ces différentes oppositions, la cour d'appel retient la question de droit suivante :


un organe de presse peut-il, sans engager sa responsabilité délictuelle publier
l'image d'un sujet photographie en dehors de toute autorisation préalable de
l'intéressé, sous prétexte que d'une part, celui-ci avait consenti à une première
publication et que d’autre part, il n'a subi aucun préjudice du fait de la publication
litigieuse ?

206
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

IV- La solution

À cette question, la Cour d'Appel, a répondu par la négative au motif qu'il a été
affirmé de manière constante en jurisprudence que chacun est titulaire d’un droit
de propriété absolue sur son image, si bien que toute publication de celle-ci sans
une autorisation préalable du sujet photographié est constitutive d'une faute. Par
ailleurs, le consentement donné pour une 1ère publication n'est pas extensible à de
futures publications afin de justifier celles-ci.

La responsabilité civile des mis en cause est d'autant plus réelle que, par leur faute
l'appelant a subi un préjudice matériel eu égard à l'utilisation de son image à des
fins commerciales et un préjudice moral en raison du caractère désobligeant de la
publicité tendancieuse le faisant paraître, aux yeux du public, comme quelqu'un qui
a suivi des cours par correspondance et qui a accédé à un poste de responsabilité
par des moyens indélicats.

Dès lors, la cour, après avoir mis hors de cause deux des organes de presse dont la
responsable délictuelle n’est pas établie, à condamné insolidum la RGA et la CMI
à verser à la victime de l'atteinte, une indemnité de 250 000 F CFA.

207
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

DISSERTATION

208
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

DISSERTATION

Les effets juridiques du mariage conformément à la Loi n° 2019-570 du 26 juin


2019, relative au mariage.

209
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

CORRECTION DE LA DISSERTATION

INTRODUCTION

Les effets de l'institution que constitue le mariage sont nombreux et divers. Le


mariage crée notamment un lien d’alliance entre chacun des époux et les parents de
son conjoint. Cette alliance interdit par là même un éventuel mariage entre les
membres des familles ainsi alliés, (article 7-1°) et 7-2°) de la Loi de 2019 relative
au mariage).

Elle institue une obligation alimentaire à caractère réciproque entre les gendres ou
les belles-filles et leurs beaux-pères ou leurs belles-mères (article 48 mêmes lois).

Le mariage a encore pour conséquence par exemple de légitimer les enfants que les
époux ont pu avoir ensemble antérieurement à leur mariage ou d'émanciper de
plein droit la personne mineure qui le contracte.

Mais principalement, le mariage crée la famille légitime, situation qui implique des
droits et devoirs d'ordre aussi personnel que pécuniaire.

I- LES EFFETS PERSONNELS DU MARIAGE

Les effets du mariage à l’égard des personnes s'inscrivent à la fois dans les rapports
entre les époux (A) et dans les rapports entre les époux et leurs enfants (B).

A- LES EFFETS PERSONNELS ENTRE EPOUX

Dans les rapports personnels entre époux, le mariage entraîne aussi bien des
devoirs que des droits.

210
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

1- Les devoirs des époux

À ces devoirs d’ordre personnel entre époux sont au nombre de 3 : le devoir de


cohabitation, le devoir de fidélité et le devoir d'assistance, (article 45 de la loi de
2019 sur le mariage):

a- Le devoir de cohabitation

Conformément à l'article 45, par le mariage les époux s'obligent à la communauté


de vie. Cela signifie que les époux ont la double obligation de vivre sous le même
toit et de partager le même lit. L’époux qui s'y refusera pourrait y être contraint par
le recours à la force publique du moins en ce qui concerne l'obligation de vivre
sous le même toit. Il s’exposerait par ailleurs aux reproches d'abandon domicile
conjugal ou d’injures graves qui sont des causes de divorce.

Mais il est à préciser que l'obligation de cohabitation des époux n'est pas absolue.
D’une part, la femme peut être autorisée par le juge à avoir une résidence autre que
celle choisie par le mari (article 56 alinéa 2 Loi 2019 sur le mariage et article 28
de la loi sur le divorce et la séparation de corps).

D'autre part, l'époux qui justifie de motifs légitimes est dispensé de l'obligation de
se prêter à des relations sexuelles avec son conjoint (appréciation du juge).

b- Le devoir de fidélité

Par devoir de fidélité, il faut entendre essentiellement l’obligation de chacun des


époux de se consacrer exclusivement à son conjoint corps et âme dans le domaine
particulier des relations d’amour.

Cela implique plus spécialement de relations sexuelles avec une personne autre que
son conjoint sous peine d'être convaincu d'adultère. Or, l'adultère est non
seulement une cause de divorce (article 1 alinéa 1er de la loi relative au divorce et
séparation de corps) mais également un délit pénal assorti de peines d'amende ou
de prison (article 455 et 456 Code Pénal de 2019).

211
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

c- Le devoir d’assistance

Par le devoir d'assistance, le législateur impose aux époux une solidarité réciproque
face aux difficultés de la vie et surtout face aux épreuves que pourrait avoir à
traverser chacun des conjoints. Cette obligation se traduit notamment par l'aide
matérielle ou le réconfort moral que les époux doivent s’accorder mutuellement en
cas de maladie voire d’infirmité de l’un d’entre eux. C’est ce qui explique en droit
ivoirien le rejet du divorce pour cause d’aliénation mentale ou de maladie
incurable du conjoint.

Lorsque les conjoints vivent séparés, le devoir d’assistance revêt une nature
pécuniaire et s'exécute par la prise en charge éventuelle des frais médicaux de
l'époux malade par son conjoint. Il se confond alors avec le devoir de secours qui
est l’un des effets pécuniaires du mariage.

Précisons enfin que l'inexécution du devoir d’assistance peut être examinée en une
injure grave cause de divorce. (Cour Suprême 4 août 1964 Arrêt N° 63 bulletin
de la Cour Suprême de 1964, 3e et 4e trimestre P. 57). Mais, outre les devoirs
réciproques ci-dessus évoqués. Le mariage a pour effet d'octroyer des droits à
chacun des époux dans leurs rapports personnels.

2- Les droits des époux

Les effets du mariage, sur le terrain des droits reconnus à chacun des époux
laissent apparaître une distribution inégalitaire. Institué chef de famille le mari
recueille les prérogatives les plus importantes dans la direction de la famille.

Quant aux prérogatives de la femme mariée, elles portent les stigmates du rôle
secondaire qui est le sien dans le foyer.

a- Les droits du mari

C'est au mari qu'il revient d’assurer, en sa qualité de chef de famille la direction


morale et matérielle de la famille. Il doit cependant agir dans l’intérêt commun du
ménage et des enfants (article 51 de la Loi de 2019 sur le mariage).

212
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

À ce titre, le choix de la résidence de la famille appartient au mari et la femme est


obligée d'habiter avec lui sauf toutefois, lorsque cette résidence « présente pour la
famille des dangers d'ordre physique ou d’ordre moral », auquel cas la femme peut
être autorisée par le juge à avoir une autre résidence pour elle et les enfants (article
56, loi sur le mariage).

C'est encore à ce titre que dans la famille légitime les époux exercent
conjointement les droits de l’autorité parentale sur leurs enfants mineurs (article 3,
loi sur la minorité).

Enfin, le mari est légalement fondé à s'opposer en justice à l’exercice par la femme
d'une profession séparée de la sienne à condition que l’exercice de cette profession
soit contraire à l’intérêt de la famille (article 57, nouvelle loi de 2019 relative au
mariage).

b- Les droits de la femme

Elle assure conjointement avec le mari la direction morale et matérielle de la


famille (article 51, L. sur le mariage). Ainsi, en pratique, il est reconnu à la
femme un rôle complexe et non négligeable d'adjoint du mari, mais également de
conseil, et même une mission de contrôle des décisions du mari.

En effet, c'est à elle de veiller au respect par le mari de l'intérêt du ménage et des
enfants éventuellement à travers une action en justice (Article 51 alinéa 1er).

Par ailleurs, la femme est appelée à prendre la direction de la famille ainsi que
l'exercice des droits de l’autorité parentale sur les enfants en cas de défaillance du
mari ou lorsque ce dernier est hors d’état de manifester sa volonté, (Article 51, loi
sur le mariage et article 5 loi sur la minorité).

En outre, la femme mariée n’est pas rendue incapable par le mariage (Article 66
de la loi de 2019 sur le mariage). Elle a cependant, le droit notamment d'exercer
une profession séparée de celle de son mari sauf lorsqu'il est judiciairement établi
que l'exercice de ce droit est contraire à l’intérêt de la famille.

213
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

Enfin, la femme mariée a le pouvoir de représenter le mari pour les besoins du


ménage en accomplissant seule des actes juridiques qui engagent le mari à l’égard
des tiers. C’est ce qu’on appelle le mandat domestique de la femme mariée (le mari
est censé avoir donné à sa femme un mandat tacite pour accomplir les actes
nécessaires à la vie de la famille).

Mais, en cas de mauvais usage de ce pouvoir, il peut être retiré à la femme par le
mari, et les tiers qui en auraient été informés ne pourront prétendre être créancier
du ménage (article 54, loi de 2019 sur le mariage).

B- LES EFFETS PERSONNELS AU REGARD DES ENFANTS

Le mariage met à la charge des époux des devoirs à l'égard de leurs enfants. En
retour, ils recueillent contre enfants des droits.

En ce qui concerne les devoirs des époux envers leurs enfants, on doit retenir
principalement que le mariage entraîne pour les époux « l'obligation de nourrir,
entretenir et élever leurs enfants » (article 57, loi de 2019 sur le mariage).

Cette charge pèse sur chacun des époux et s'incorpore à la direction matérielle et
morale de la famille. Elle s’intègre également aux attributs de l’autorité parentale
précédemment exposés (article 3, loi de 2019 sur la minorité).

En ce qui concerne les droits des parents à l'égard de leurs enfants, ils apparaissent
d’une part dans les aliments que les enfants doivent à leurs ascendants dans le
besoin (article 58, Loi 2019 sur le mariage) et d’autre part dans le droit de
jouissance légale que la loi reconnaît à l’administrateur légal des biens des enfants
mineurs relativement aux revenus de ces biens (article 42 et 46, loi de 2019 sur la
minorité).

Mais ces considérations finales se situent déjà sur le terrain patrimonial et


pourraient bien être citées au nombre des effets pécuniaires du mariage.

Mais, indépendamment du régime matrimonial choisis par les époux, la loi fait
peser sur tous les époux un certain nombre de règles générales qu'on appelle le

214
Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

régime matrimonial primaire ou encore statut matrimonial de base qui subsiste


toujours malgré l’avènement du régime conventionnel introduit par la nouvelle
loi de 2019 sur le mariage. (Article 47, 52, 68, 57, 67, loi de 2019 sur le
mariage).

II- LES EFFETS PECUNIAIRES DU MARIAGE

L'incidence pécuniaire du mariage entre les époux se manifeste d'une part à travers
le devoir réciproque de secours que la loi impose aux conjoints et d’autre part à
travers les dispositions touchant aux régimes matrimoniaux.

A- LE DEVOIR DE SECOURS

C’est une manifestation de l’obligation alimentaire que la loi instaure entre parents
à un certain degré.

D'après l'article 45, loi sur le mariage, les époux se doivent mutuellement secours.

Tout comme le devoir d'assistance, le devoir de secours impose entre époux une
solidarité réciproque : solidarité au plan moral (c’est le sens du devoir d’assistance)
mais également solidarité au plan pécuniaire (c’est le sens du devoir de secours qui
est toujours de nature pécuniaire).

Lorsque les époux vivent séparés, l'obligation de secours prend la forme d'une
pension alimentaire que celui des époux qui a le plus de moyens verse à son
conjoint si celui-ci est dans le besoin.

L'inexécution du devoir de secours peut être analysée en une injure grave cause de
divorce. Elle constitue par ailleurs un délit pénal à savoir celui d'abandon de
famille.

Au-delà du secours, les effets pécuniaires du mariage se manifestent également et


surtout à travers les régimes matrimoniaux.

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Exercices + corrigés de Droit Civil - LICENCE I

B- LE RÉGIME MATRIMONIAL

On appelle régime matrimonial l'ensemble des règles qui régissent les intérêts
pécuniaires des époux.

Le droit ivoirien offre la possibilité aux époux de choisir entre deux régimes
matrimoniaux distincts :

D'une part, le régime de la communauté de biens, (article 73 et suivant, loi sur le


mariage) et d'autre part, le régime de la séparation de biens (article 98 et suivants,
loi sur le mariage).

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SUJETS NON CORRIGES

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QUESTIONNAIRE

SUJET : Vérification des connaissances (non corrigé)


a) Qu’entend-on par naître vivant et viable ?
b) Qu’est-ce que le droit à l’image ?
c) Différences entre actions déclaratives d’état et actions constitutives d’état.
d) Qu'est-ce qu'un surnom ?
e) Qu'est-ce qu'un mariage putatif ?
f) La nature juridique des fiançailles en Côte d’Ivoire : conséquences.
g) Quels sont les enfants couverts par la présomption de paternité ?

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CAS PRATIQUE

Résoudre le cas pratique suivant : (non corrigé)


Silué Kiotiolo, né le 21 janvier 1989 dans un campement de Sokoro, un village de
Ferké de parents agriculteurs, n’a fait l’objet d’aucune déclaration à l'état civil
depuis sa naissance. Le 10 décembre 2007, il se rend au marché de Ferké avec son
père pour l'écoulement de leurs produits.
Après la vente des produits, ils se sont rendus dans un magasin pour
s'approvisionner avant de retourner au campement et là, ils entendent, à la radio, un
spot publicitaire en sénoufo relatif aux personnes dépourvues d’actes d’état civil.
Se sentant concernés par l'information entendue, Silué Kiotiolo veut obtenir un
acte d’état civil. Indiquez-lui la voie à suivre.
Kouadio Albert quant à lui est préoccupé. En effet, il vient d’obtenir sa maîtrise en
droit et voudrait passer le concours de la magistrature. Pour la constitution du
dossier de candidature, il lui faut un extrait d’acte de naissance.
Il est né à Bouaké le 8 mars 1986. Lors des affrontements entre les forces
nouvelles et les forces loyalistes dans la ville de Bouaké, tous les locaux de la
mairie de ladite ville et de la sous-préfecture ont été incendiés.
Le feu a emporté tous les documents administratifs s’y trouvant. Il se pose la
question de savoir comment se fera la reconstitution des registres et par la même
occasion, comment obtenir le document dont il a besoin pour sa candidature.

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CAS PRATIQUE

Sujet : Résoudre le cas pratique suivant (sujet non corrigé)


Monsieur ATOFOUE et Mademoiselle YAKO, tous deux domiciliés à Abidjan où
ils exercent leurs professions respectives, célébrèrent leurs fiançailles en juin 2007.
À cette occasion, le premier offrit à la seconde, une voiture RAV 4.
Par la suite, il lui fit des présents de faibles valeurs et à l'anniversaire de leurs
fiançailles, il lui offrit une bague et un collier en diamant d'une valeur de 15 000
000 F CFA.
À cette occasion, ils fixèrent la date de leur mariage au 16 mai 2008.
En octobre 2007, à la faveur d’un séminaire organisé par son employeur, Monsieur
ATOFOUE rencontre Mademoiselle RAZEUSE avec qui, il lie une relation
passionnée qu'il dissimule à sa fiancée. Le 15 avril 2008, alors que les préparatifs
de la célébration de leur mariage étaient très avancés, il annonça par lettre à
Mademoiselle YAKO sa décision de rompre leurs fiançailles.
Le 1er juin 2008, il épousa Demoiselle RAZEUSE à la Mairie de Cocody.
Mais dès le 07 juin 2008, il décide de mettre fin à cette union, car, contrairement à
ses affirmations avant le mariage, il s'avère que Mademoiselle RAZEUSE n’est pas
vierge.
Enfin, Monsieur ATOFOUE vous informe qu'il a eu un fils naturel Roland, âgé
aujourd'hui de 24 ans, qui a toujours porté le nom de sa mère Dame LAGO-
ALLAH, car elle seule avait pu le reconnaître à la naissance.
Sur les conseils de son Notaire chez qui il s’est rendu pour ester en faveur de son
fils Roland, Monsieur ATOFOUE reconnaît son enfant le 10 juin 2008.
L'enfant qui a fait ses études sous le nom de LAGO-ALLAH Roland est avocat
stagiaire et commence à être connu au Barreau.

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Vous répondrez aux questions suivantes :


1. Quelles sont les chances de Mademoiselle YAKO d’obtenir réparation de
Monsieur ATOFOUE et pourra-t-elle garder les cadeaux reçus de lui s'il lui est
demandé la restitution ?

2. Comment Monsieur ATOFOUE peut-il mettre fin à son union avec Dame
RAZEUSE d’autant plus qu'il vous informe que ses convictions religieuses lui
interdisent la voie du divorce ?

3. Les parents de Roland qui vivent désormais ensemble souhaiteraient qu'il porte
leurs noms patronymiques respectifs.
Conseillez-les !

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ANNALES ET GUIDES SUGGERES :

 Annales de Droit Constitutionnel (Licence I)

 Annales d’Introduction à l’Etude du droit (Licence I)

 Les Grandes Dates de la Législation ivoirienne

 Guide de méthodologie d'exercices juridiques

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