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Exercices + corrigés d'introduction à l'étude du droit - LICENCE I - Ivoire-Juriste

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ANNALES
D'INTRODUCTION
A L'ETUDE DU DROIT

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PREFACE
Ce document “annales d'introduction à l'étude du droit“ prend en compte plus de
77 sujets d'examens dont 23 seulement ont été intégralement corrigés.
L'introduction générale à l'étude du droit est une matière enseignée en Première
année de droit. Cette matière énonce les fondamentaux de cette discipline. Sa
maîtrise est donc un impératif catégorique pour tout étudiant juriste et en
particulier pour ceux de la licence I de droit.

Vous y retrouverez à l'intérieur de ce document, tout ce dont vous avez besoin pour
valider vos acquis dans cette matière juridique (Introduction à l'Étude de Droit).

NB : La mise à jour de ce document a porté sur l’actualisation de certaines


dispositions relativement aux textes en vigueur. Aucun nouvel exercice corrigé n’a
été ajouté.

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Table des matières


COMMENTAIRE DE TEXTE .........................................................................................................7

DISSERTATION JURIDIQUE ..................................................................................................... 15

CAS PRATIQUE .......................................................................................................................... 138

Sujets proposés sans corrigés ........................................................................................................ 151

DOCUMENTS SUGGERES ......................................................................................................... 167

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Sujets d'examens et corrigées


d'introduction à l'étude du droit

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COMMENTAIRE DE TEXTE

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COMMENTAIRE DE TEXTE

SUJET UNIQUE : (COMMENTAIRE)

« Le droit n'est pas la seule règle de conduite sociale. La morale et, dans une
moindre mesure, la politesse, la bienséance, l'honneur régissent aussi la vie en
société. Le contenu de ces diverses règles est souvent identique : le droit comme la
morale, condamne le vol et le meurtre. Parfois, il diffère : le duel, interdit par le
droit et la morale, peut être exigé par l'honneur.

Ce qui caractérise la règle de droit et la distingue des autres règles de conduite


sociale, ce n'est donc pas son contenu. On pourrait plutôt penser que le critère de la
distinction serait l'existence de sources particulières ; par exemple, la loi pour les
règles juridiques ; la conscience pour la morale. Mais ce critère n'est pas plus
décisif que le précédent. Dans une théocratie, la religion révélée est à la fois la
source de la morale et du droit ; dans une société traditionaliste, la coutume est
source des règles murales et juridiques.

Le seul critère décisif des règles de droit est l'existence de sanctions particulières.
Alors que le respect des autres règles de conduite sociale est laissé à la conscience
individuelle (honte, remords ) ou la pression sociale spontanée (blâme, exclusion
du groupe, voire violence collective), la règle de droit est dotée de sanctions
sociales organisées ».

(Henri, Léon, Jean. Mazeaud et François Chabas, Leçons de Droit civil, Tome I.
Introduction à l'étude du droit. éd. Montchrestien, Paris, 1996).

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CORRECTION DU COMMENTAIRE DE TEXTE

CORRIGE 1 : indications données par Monsieur le Professeur F.D.


MELEDJE

Introduction

- Présentation des auteurs et de l’ouvrage

- Le sujet pose le problème de la définition et de la spécification de la règle de droit

- Cette définition est forcément à rapprocher de celle des autres règles de conduite
sociale (I), mais la règle de droit se démarque par le fait de sa sanction organisée
(II).

I- DES CRITERES COMMUNS A TOUTES LES REGLES DE CONDUITE


SOCIALE

Bien qu'utiles, ces critères ne sont pas décisifs pour définir la règle de droit. Ce
sont notamment les critères tenant au contenu des règles (A) et aux sources des
règles (B).

A- LE CRITERE DU CONTENU DE LA REGLE DE DROIT

1. Un contenu souvent identique

2. Un contenu parfois différent

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B- LE CRITERE TENANT AUX SOURCES DES REGLES

1. A priori, des sources différentes

2. En réalité, des sources identiques

II- DES SANCTIONS PARTICULIERES COMME CRITERE DECISIF DE


LA RÈGLE DE DROIT

Les sanctions de la règle de droit sont particulières : sanctions légalement prévues


(A), elles sont mises en œuvre par les autorités publiques (B).

A- DES SANCTIONS LEGALEMENT PREVUES

1. La règle prévoit la sanction de sa violation, ce qui exclut la spontanéité

2. La sanction du droit vient renforcer la règle

II- DES SANCTIONS MISES EN ŒUVRE PAR LES AUTORITES ET


ETATIQUES

1. La sanction de la violation du droit, relève d’organes étatiques, ce qui exclut la


justice privée

2. La sanction de la violation du droit, relève d'organes compétents

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CORRIGE 2 : (Proposé par Monsieur le Professeur Félix. S. ACKA)

La règle de droit coexiste avec d'autres règles de conduite sociale. Aussi, importe-
t-il de les distinguer. Tel est le problème central du texte à commenter. L'extrait est
tiré de l'ouvrage Leçons de Droit Civil, Tome I, Introduction à l’étude du droit de
Messieurs Henri, Léon, Jean. Mazeaud et François Chabas, professeurs de Droit,
connus pour leurs nombreux travaux en droit civil.

Du passage à analyser se dégagent trois idées inspirées des trois orientations


perceptibles : la première, c'est qu'il existe une diversité de règles de conduite
sociale (I) ; la deuxième, c'est qu'il est possible d’établir une pluralité de critères
communs aux règles de conduite sociale (II) ; la troisième, c'est que la sanction est
le critère décisif de la règle de droit parmi les règles de conduite sociale (III).

I- L'EXISTENCE D’UNE DIVERSITE DE RÈGLES DE CONDUITE


SOCIALE

Dans la société où vivent les hommes, l'existence d'un minimum de règles de


conduite est indispensable : l’homme ne saurait, — ne pourrait —, survire en
abandonnant la société au règne de l’anarchie pure ou du simple chaos. Bien au
contraire, il est guidé par la recherche d’un ordre, et cet idéal a été bien perçu par
les auteurs du texte à analyser.

Il résulte du texte, (Paragraphe I), que dans la société coexistent diverses règles
régissant la conduite sociale : certaines répondent à la qualification de règle de
droit (A) ; elles sont différentes des autres règles sociales (B).

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A- LA REGLE DE DROIT

1. La définition de la règle de droit

2. Les caractères de la règle de droit

B- LES AUTRES REGLES SOCIALES

1. La définition des autres règles sociales

2. Les caractères des autres règles sociales

II- LA PLURALITE DE CRITERES COMMUNS A TOUTES LES


REGLES DE CONDUITE SOCIALE

La société des hommes est l'espace ou le champ opératoire où s'affrontent et se


complètent plusieurs règles. Étant toutes d'abord des règles sociales, elles ont en
commun certains critères, bien que d'autres leurs soient spécifiques et différentes à
chacune par la suite.

Il résulte du texte (Paragraphe II), que parmi les critères communs aux règles
sociales, il importe de distinguer le critère tenant au contenu général des règles (A)
et le critère tenant aux sources particulières des règles (B).

A- LES CRITERES TENANT AU CONTENU GENERAL DES REGLES

1. Le duo de la règle de droit et des autres règles

2. Le duel de la règle de droit et des autres règles

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B- LE CRITERE TENANT AUX SOURCES PARTICULIERES DES


REGLES

1. La séparation des sources des règles

2. La confusion des sources des règles

III- L’UNITE DU CRITERE DECISIF DE LA REGLE DE DROIT AU SEIN


DES REGLES DE CONDUITE

Prenant place au sein des règles sociales, la règle de droit n'en assume pas moins
une particularité qui la démarque des autres règles.

Cette particularité ou spécificité tient à la nature et au mode de sanction de sa


violation.

Il résulte du texte (Paragraphe III), que la sanction apparaît être le critère décisif de
la règle de droit. Ainsi, à l'existence de sanctions inorganisées pour les autres
règles sociales (A), correspond l’existence de sanctions organisées pour la règle de
droit (B).

A- L'EXISTENCE DE SANCTIONS INORGANLSEES POUR LES


AUTRES REGLES

1. La sanction par la conscience individuelle

2. La sanction par la pression collective

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B- L'EXISTENCE DE SANCTIONS ORGANISEES POUR LA REGLE DE


DROIT

1. La sanction organisée par l'État

2. La sanction appliquée par des organes étatiques.

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DISSERTATION JURIDIQUE

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DISSERTATION

SUJET UNIQUE : (CONTRÔLE / DISSERTATION)

REPONDEZ AUX QUATRE (04) QUESTIONS SUIVANTES :

QUESTION n° 1 : En quoi la règle de droit est-elle différente des autres règles


sociales ?

QUESTION n°2 : Quelles sont les différentes catégories de lois ?

QUESTION n°3 : La preuve du droit est-elle toujours exigée ? Justifiez votre


réponse.

QUESTION n°4 : La preuve du fait est-elle toujours exigée ? Justifiez votre


réponse.

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CORRECTION DE LA QUESTION N°1

NB : Référez-vous à la constitution ivoirienne de 2016 concernant les dispositions


constitutionnelles.

QUESTION n°1 : En quoi la règle de droit est-elle différente des autres règles
sociales ?

La règle de droit et les autres règles sociales sont toutes des règles de conduite.
Elles ont en commun l’identité de contenu. Il en résulte que, en principe le droit ne
peut prescrire ce que les règles morales ou/et les règles religieuses proscrivent. Il
n'en demeure pas moins que tout sépare la règle de droit et les autres règles
sociales voisines s'agissant de leurs sources (I), de leurs caractères (II), de leur
finalité (III), de leur sanction (IV).

I- LA DIFFÉRENCE DE SOURCES

La règle de droit tire ses sources de l'État : elle est édictée par les autorités
étatiques gouvernantes (Législative et Exécutive) dont la fonction est de créer des
normes juridiques s'appliquant aux individus.

Ainsi, la règle de droit est de source extérieure aux individus et s'impose à eux.
Toute autre est la source des autres règles sociales.

À la différence de la règle de droit, les autres règles sociales tirent leurs sources de
considérations internes à la conscience individuelle (par exemple : règles morales)
ou la conscience collective (par exemple : règles religieuses ; règles traditionnelles).

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II- LA DIFFERENCE DE CARACTERES

Aucune société humaine ne peut se passer du droit sous peine de sombrer dans
l'anarchie. Ainsi, la nécessité du droit se manifeste également à travers la règle de
droit qui est une règle nécessaire, générale, permanente.

Nécessaire : Dans la société humaine, les règles de droit sont indispensables à


l’organisation sociale ; au contraire, les autres règles sociales ne sont pas dotées de
la même nécessité. Sans doute sont-elles utiles, mais leur absence n'empêcherait
pas le maintien de l'ordre social.

Générale : La règle de droit ne dispose pas pour un cas particulier, mais pour
l'ensemble des individus ou des groupes d’individus ; au contraire, les autres règles
sociales, même utiles, ne sont pas nécessaires. Les règles religieuses, par exemple,
ne régissent que la conduite des croyants.

Permanente : La règle de droit entrée en vigueur demeure applicable jusqu’à son


abrogation ; les autres règles sociales ne sont pas dotées de la même permanence.
Les règles de bienséance et de politesse, les règles religieuses, peuvent être
modifiées sans que la règle de droit ne le soit.

III- LA DIFFÉRENCE DE FINALITE

La règle de droit vise à édicter la bonne conduite extérieure des hommes dans la
société, et a instituer une société où la vie soit rendue possible par le droit. Elle a
pour finalité de faire régner l'ordre, la paix, la justice et dans une certaine mesure
l'équité dans la société.

Les autres règles de conduite sociale recherchent la beauté intérieure de l'être (c’est
le cas des règles morales) ou la perfection de l'homme en lui suggérant la politesse,
l'obéissance, la loyauté dans ses relations avec Dieu (c'est le cas des règles
religieuses), ou encore la convenance personnelle et interpersonnelles (c'est le cas
des règles de politesse et de bienséance).

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IV- LA DIFFÉRENCE DE SANCTION

La règle de droit, règle obligatoire dans la vie des hommes en société, est assortie
de la sanction organisée. La sanction est une technique de commandement et un
moyen de contrainte étatique mis en œuvre en cas de violation de la règle de droit,
qui est une règle coercitive. Prévue, édictée, et mise en œuvre par des autorités
étatiques, elle est déterminée comme sanction civile, administrative, financière,
pénale. Il s'agit d’une sanction en exécution d'une obligation, en réparation d'un
dommage causé, en punition d’une infraction pénale, selon le cas. Cette sanction
s'impose à tous.

Au contraire, les autres règles de conduite sociale relèvent de sanctions limitées à


un groupe social concerné (par exemple : bannissement), ou à la croyance
défendue par exemple excommunication). Il s'agit de sanctions inorganisées qui
tirent leur existence de la conscience par rapport à un comportement déviant (par
exemple : remords, réprobation). Cette sanction est inorganisée, et son
administration ne relève pas des organes étatiques, mais de subdivisions de l'État.

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CORRECTION DE LA QUESTION N° 2

QUESTION n° 2 : Quelles sont les différentes catégories de lois ?

Dans l'État qui admet la séparation des pouvoirs, c'est le cas de la Côte d’Ivoire, il
appartient au Pouvoir Législatif de faire la loi. Acte législatif relevant de l’exercice
de la fonction ordinaire des parlementaires, la loi est le modèle de référence de la
règle de droit. De sorte que s'y introduisent différentes catégories, dès lors que, à
côté du texte général de la loi (I), il est admis en droit des textes particuliers à
valeur de loi (II).

I- LE TEXTE GENERAL DE LA LOI : LA DISTINCTION DE LA LOI ET


DU REGLEMENT

Au sein de l’ordonnancement juridique, la loi et le règlement, qui sont deux


modèles de la règle de droit à caractère obligatoire, ont en commun de répondre
aux caractères de généralité et d’impersonnalité. Aussi importe-t-il de déterminer
la distinction de la loi et du règlement (A), pour mieux en assurer la mise en œuvre
(B), et pour dresser un inventaire du texte général de la loi (C).

A- LA DÉTERMINATION DE LA DISTINCTION DE LA LOI ET DU


REGLEMENT

Deux critères servent à la distinction, en l’occurrence : le critère formel ou


organique, et le critère matériel.

1. Le critère formel de la distinction

La loi est l'œuvre du Parlement, c'est-à-dire de l'Assemblée nationale et du Sénat


(Constitution de 2016, art. 93). Il s'agit de la loi stricto sensu, définie comme
l'œuvre du pouvoir législatif, qui « vote la loi et consent l'impôt ». En cette qualité,
le Parlement partage l'initiative concurrente des lois avec l'Exécutif (Constitution,

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art 74 al. 1) pour le vote de la loi ordinaire, mais aussi pour les lois
constitutionnelles, pour les lois organiques et pour les lois de finances.

Le règlement est l'œuvre de l’Exécutif. La Constitution donne une attribution du


pouvoir réglementaire au Président de la République, en faisant de lui le «
détenteur exclusif du pouvoir exécutif » (Constitution de 2016, art. 63). Le
pouvoir réglementaire est exercé par voie de décret, il s'agit d'une norme englobant
l'ensemble des décisions du Pouvoir Exécutif, en l'occurrence, du Président de la
République.

On y distingue deux catégories essentielles : le décret simple, pris de façon


discrétionnaire par le Président de la République (Exemple : décret nommant le
Premier Ministre), et le décret en Conseil des Ministres, signé par le Président de
la République après délibération en conseil des Ministres (exemple : décret de
septembre 2003 nommant le Ministre de la défense et le Ministre de la
Sécurité ; décret nommant les directeurs d'Administration centrale).

Participant et contribuant à l'exercice du pouvoir exécutif, diverses autorités


peuvent également prendre des règlements. Il en est ainsi des Ministres dans
l’exercice de leurs attributions ministérielles, des Préfets dans l'exercice de leurs
fonctions au niveau du département, des maires dans leurs fonctions communales,
qui peuvent prendre des arrêtés réglementaires.

Distincts en la forme, la loi et le règlement le sont également dans la répartition de


leur domaine selon le critère matériel.

2. Le critère matériel de la distinction

Le critère matériel de la distinction de la loi et du règlement permet de fixer le


domaine spécifique de chaque norme. La répartition en est assurée par la
Constitution, en ses articles 101 et 103.

L'article 101 de la Constitution attribue deux formes de compétences au


législateur, la première, c'est que « la loi fixe les règles concernant...» certaines
matières (Constitution art. 101). Ces matières sont identifiées et répertoriées, pour
lesquelles le législateur a une compétence d'attribution. Dans ces matières pour

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lesquelles le législateur a une compétence absolue, sont expressément visées : la


citoyenneté, les libertés publiques, la nationalité, l’état des personnes et leur
capacité, la procédure d'harmonisation des coutumes et de la Constitution, la
procédure, l'infraction et la sanction pénale, l’organisation des juridictions, le statut
de la fonction publique, du corps préfectoral, diplomatique, du personnel des
collectivités locales, de la fonction militaire, des personnels de la police nationale,
le régime fiscal, le régime d'émission de la monnaie, le régime électoral du
Parlement et des Assemblées locales, la création des catégories d'Établissements
publics nationaux, l'état d’urgence.

La deuxième, c'est que « la loi détermine les principes fondamentaux ;... »


concernant d'autres matières (Constitution, art. 101 al. 3).

Pour ce second groupe de matières, la délégation de compétence est implicitement


opérée, dévolue au pouvoir réglementaire pour préciser les détails et modalités
d'application. Il s'agit donc d'un pouvoir d’exécution des lois : soit que la loi elle-
même prévoit que l'autorité exécutive (réglementaire) prendra un décret pour
compléter ses propres dispositions, soit que l’autorité exécutive (réglementaire)
prend un décret en vue de préciser les détails d'exécution des lois (Constitution
art. 65 : « Le Président de la République assure l'exécution des lois...). Il prend
des règlements applicables à l’ensemble du territoire de la République ». Sont
essentiellement visées : l’organisation générale de l'administration, l’enseignement
supérieur et la recherche scientifique, l’organisation de la défense nationale, la
propriété, les obligations civiles et commerciales ; le droit du travail, l'aliénation et
la gestion des biens de l'État, le transfert d’entreprise, la mutualité et l'épargne, la
protection de l’environnement, l'organisation de la production, le statut des partis
politiques, le régime des transports et des télécommunications.

L’article 103 énonce une clause de compétence générale de compétence


réglementaire au profit de l'Exécutif. Les termes en sont fixés et précisés à l'art.
103 al. 1 : « Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi, relèvent
du domaine réglementaire » (Constitution art. 103 al. 1). Ainsi, la fonction du
règlement n'est pas seulement d’être un « règlement d'application » venant
simplement expliciter les conditions d'application d’une loi, mais aussi de régir les
matières pour lesquelles la Constitution ne donne pas une compétence expresse à la

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loi. Ainsi, le pouvoir exécutif jouit d'une initiative lui permettant de recourir à des
règlements autonomes.

Les critères de distinction font apparaître une présentation des matières en quatre
(4) domaines de compétences : d'abord, certaines matières relèvent de la
compétence exclusive de la loi ; ensuite, d’autres ressortissent à la seule
compétence du règlement ; mais également, entre les deux catégories apparaît celle
des matières faisant l'objet d'un partage de compétence entre la loi et le règlement ;
enfin, en toute hypothèse, la définition des modalités d'application de la loi
incombe au seul Pouvoir Exécutif. Cette répartition guide la mise en œuvre de la
distinction.

B- LA MISE EN ŒUVRE DE LA DISTINCTION DE LA LOI ET DU


REGLEMENT

La mise en œuvre de la distinction de la loi et du règlement est faite à travers des


procédures prévues à l'effet de garantir chaque domaine de compétence contre les
empiètements de l'autre. Or, en la matière, à l’existence de la protection préventive
ou a priori s'oppose l’absence de la protection corrective ou a posteriori.

1. L'existence d’une protection préventive ou a priori

La protection préventive existe et est assurée au profit de I'Exécutif contre les


empiètements du Législatif, qui dispose également de moyens de protection
relativement équivalents à ceux de l'Exécutif.

L'Exécutif est protégé contre les empiètements du Législatif dans trois (3) cas :

Le premier est celui de l’irrecevabilité des propositions et amendements initiés par


les membres du Parlement tendant à la diminution des ressources publiques ou à
l'aggravation d'une charge publique, sauf proposition de recettes ou d'économies
équivalentes (Constitution, art. 107).

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Le deuxième est celui du recours ouvert à l'exécutif, soit pour demander une
seconde délibération de la loi votée (Constitution art. 74 al. 4).

Le troisième consiste en la possibilité pour Président de la République de saisir le


Conseil Constitutionnel en vue de contrôler la constitutionnalité de toute loi
nouvelle (contrôle obligatoire pour les traités et engagements internationaux avant
leur ratification, les lois organiques, les règlements des Assemblées parlementaires
avant leur application (Constitution art. 134 al. 1), pour la loi avant sa
promulgation.

Le Législatif bénéficie d’une protection contre les empiétements de l'Exécutif dans


deux (02) cas :

Le premier est celui de la possibilité qui est ouverte aux Présidents des deux
chambres du Parlement de faire contrôler la constitutionnalité des traités et
engagements internationaux avant leur ratification (Constitution art. 134 al. 1).

Le deuxième, c’est la compétence des Présidents des deux chambres du Parlement


pour déférer la loi organique nouvelle au contrôle de constitutionnalité avant sa
promulgation (Constitution art. 134 al. 1).

2. L'absence d’une protection corrective ou a posteriori

Lorsque, malgré les moyens de prévention à mettre en œuvre, les empiètements ont
été commis, et que la loi nouvelle a été promulguée, plus aucun recours n'est
possible contre cette loi.

La Constitution ivoirienne, à la différence de celle de la France, ne comporte pas


une procédure de correction ou de mécanisme de délégalisation applicable à la loi
contraire à la Constitution, mais bien en vigueur.

De ce point de vue, il est à craindre que l’Exécutif, prenant de court les


parlementaires, ne promulgue trop hâtivement une loi que les représentants du
peuple s'apprêtaient à déférer à la censure du juge constitutionnel. Pour sortir de
cette impasse, l'issue reste l'hypothèse d’une loi nouvelle venant abroger la
précédente.

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C- L'INVENTAIRE DU TEXTE GENERAL DE LA LOI

Le texte général de la loi regroupe différentes lois, qui peuvent être rangées en
quatre (4) : les lois constitutionnelles, les lois organiques, les lois de finances, les
lois ordinaires.

1. Les lois constitutionnelles

Les lois constitutionnelles sont celles des lois qui, émanant du pouvoir constituant
originaire, se situent au sommet de la hiérarchie des normes juridiques. Il en est
ainsi par exemple de la loi n° 2016-886 du 08 novembre 2016 portant
Constitution de la République de Côte d’Ivoire.

2. Les lois de finances

Parmi les textes généraux à valeur de loi, ceux qui ont pour objet de déterminer les
ressources et les charges de l'État sont qualifiés de lois de finances (Constitution
art. 112).

3. Les lois de programme

Parmi les textes généraux à valeur de loi, ceux dont l’objet est de fixer les objectifs
de l'action économique et sociale de l’État sont qualifiés de « lois de programme
». Ces lois sont visées par la Constitution du 08 novembre 2000, art 101 al. 2.

4. Les lois organiques

Les lois organiques sont celles des lois ayant pour objet de fixer les modalités
d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics dans des matières
limitativement énumérées par la Constitution elle-même qui qualifie ces lois
d’organiques.

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Ainsi, aux termes de la Constitution (Art. 102 al. 1), « lois organiques sont celles
qui ont pour objet de régir les différentes institutions, structures et systèmes prévus
ou qualifiés comme tels pas la Constitution ». Les lois organiques sont votées et
modifiées par des procédures particulières, et ne peuvent être promulguées qu'après
déclaration par le juge constitutionnel de leur conformité à la Constitution (Art.
102 al. 2).

5. Les lois ordinaires

Les lois ordinaires sont celles des lois qui entre dans les actes accomplis au
quotidien par les députés constitués en deux Chambres (Assemblée nationale et le
Sénat ; Constitution de la IIIe République ivoirienne, art. 85), dans l'exercice
de la fonction législative. Ainsi, bien que le Président de la République partage
l'initiative des lois (Constitution, art. 74 al. 1), c’est le Parlement qui seule, « vote
la loi » (Constitution, art. 93).

La loi, règle de droit créée dans un texte général, peut aussi exister sous la forme
de textes spéciaux à valeur de loi.

II- LES TEXTES SPECIAUX A VALEUR DE LOI

Deux catégories de textes spéciaux, dans le droit interne, interviennent comme des
lois malgré leur différence avec la loi parlementaire et le règlement. Il s'agit de
textes dont le mode d'élaboration tient à des circonstances particulières et à des
procédures « extraordinaires ». Ce sont : les lois référendaire (A), les lois de pleins
pouvoirs du Président de la République (B), les ordonnances (C).

A- LES LOIS REFERENDAIRES

Les lois qualifiées de « référendaires » sont celles adoptées à la suite d'un


référendum. Le référendum peut être défini comme l'hypothèse du recours au
peuple pour qu’il se prononce sur un problème dont la solution crée la discorde
entre l'Exécutif et le Législatif, pour lequel l'Exécutif décide de recourir à

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l'arbitrage du peuple. La Constitution de la IIIe République ivoirienne, en son


article 75, dispose : « Le Président de la République, après consultation du
bureau du Congrès, peut soumettre au référendum tout texte ou toute
question qui lui paraît devoir exiger la consultation directe du peuple.
Lorsque le référendum a conclu à l’adoption du projet, le Président de la
République le promulgue (...) ».

Les lois référendaires organisent une substitution du vote populaire au vote


législatif en certaines matières.

Dans la vie politique de l'État de Côte d'Ivoire, cette procédure n'a été utilisée que
deux fois lors du référendum des 23 et 24 juillet 2000 dont sont issus les textes
fondamentaux de la Deuxième République (en l'occurrence : la Loi n° 2000-513
du 1er août 2000 portant Constitution de la République de Côte d'Ivoire, et la
Loi n° 2000-514 du 1er août 2000 portant Code électoral), et lors du référendum
du 30 octobre 2016 dont sont issus les textes fondamentaux de la Troisième
République ivoirienne.

Du point de vue de leur régime juridique, les lois référendaires doivent, comme
toutes les autres lois, être promulguées par le Président de la République
(Constitution, art. 74).

En revanche, elles échappent à tout contrôle de constitutionnalité. L'explication en


est la suivante : les lois référendaires émanent de l’expression de la souveraineté
par le pouvoir constituant originaire, à savoir : le peuple. En conséquence, elle
doivent être conservées en la forme voulue par le souverain, et ne saurait ni
constituer une matière de discussion en vue d’une modification de contenu, ni faire
l’objet d'un contrôle soit, a priori soit a posteriori.

B- LES LOIS DE PLEINS POUVOIRS DU PRESIDENT DE LA


REPUBLIOUE

Quand se produisent des circonstances exceptionnelles, la Constitution donne et


ordonne au Président de la République de prendre les mesures appropriées, par le
recours à ses pleins pouvoirs auxquels s'attachent certains effets.

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1. Le recours aux pleins pouvoirs du Président de la République

Dans la Constitution, l'article 73 est ainsi libellé : «Lorsque les Institutions de la


République, l'indépendance de la Nation, l'intégrité de son territoire ou l'exécution
de ses engagements internationaux sont menacées d'une manière grave et
immédiate, et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels
est interrompu, le Président de la République prend les mesures exceptionnelles
exigées par ces circonstances, après consultation obligatoire du Président de
l'Assemblée nationale, du Président du Sénat et du Président du Conseil
constitutionnel.

Il en informe la Nation par message.

Le Parlement se réunit de plein droit.

La fin de la crise est constatée par un message du Président de la République à la


Nation ».

Ainsi, l’hypothèse visée est celle d'une situation de crise aggravée, d'instabilité du
fonctionnement des institutions, de menace comparable à une hypothèse proche de
l'ébranlement de la souveraineté étatique.

2. Les effets attachés aux pleins pouvoirs du Président de la République

L'article 73 de la Constitution organise une concentration des pouvoirs entre les


mains du Chef de l'État. Ainsi, il peut prendre les mesures nécessaires intervenant
soit dans le domaine législatif, soit dans le domaine réglementaire. Les décisions
relevant du pouvoir législatif échappent à tout contrôle, tandis que celles du
domaine réglementaire restent soumises au contrôle de la légalité des règlements.

C- LES ORDONNANCES

Les ordonnances sont des normes juridiques de catégorie intermédiaire entre la loi
parlementaire et le règlement. Elles relèvent d’une définition et d’un régime
juridique.

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1. La définition de l'ordonnance

Aux termes de l'article 106 de la Constitution : « Le Président de la République


peut pour l’exécution de son programme, demander au Parlement l’autorisation de
prendre par ordonnance, pendant un délai limité, des mesures qui sont
normalement du domaine de la loi. Les ordonnances sont prises en Conseil des
Ministres après avis éventuel du Conseil Constitutionnel.

Elles entrent en vigueur dès leur publication, mais, deviennent caduques si le projet
de loi de ratification n'est pas déposé devant le Parlement avant la date fixée par la
loi d'habilitation. À l'expiration du délai mentionné au premier alinéa du présent
article, les ordonnances ne peuvent plus être modifiées que par la loi dans leurs
dispositions qui sont du domaine législatif ».

2. Le régime juridique de l’ordonnance

L'intervention reste à la discrétion du pouvoir réglementaire, en fonction des


priorités et des nécessités de son action. Parce qu'elle se situe dans son élaboration
entre la loi et le règlement, l'ordonnance à une autorité liée à sa procédure
d’édiction et son contrôle.

S'agissant de la procédure d'élaboration des ordonnances, elle se fait en trois étapes.

La première est celle de la demande d'habilitation.

La loi d’habilitation fixe le cadre de l'autorisation donnée par les députés au


gouvernement pour prendre son projet de loi. La deuxième étape est celle de la
confection, la formulation et la confection du projet que le gouvernement peut
soumettre pour avis au Conseil Constitutionnel avant la prise de la décision en
Conseil des Ministres, et sa publication.

La troisième étape, celle de la ratification ou la non ratification des ordonnances


par le Parlement...

S’agissant du contrôle des ordonnances, il se fait à deux niveaux : avant la


ratification, les ordonnances sont de nature réglementaire. En conséquence, elles
relèvent du contrôle de légalité, notamment de la conformité à la loi d'habilitation,

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intervenant dans le domaine législatif, elles peuvent modifier ou abroger les lois
antérieures ; après la ratification, l'ordonnance acquiert valeur de loi. Elle ne peut
plus être modifiée que par une loi ou une autre ordonnance ultérieure.

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CORRECTION DE LA QUESTION N° 3

QUESTION n° 3 : La preuve du droit est-elle toujours exigée ? Justifiez votre


réponse

La preuve du droit n'est pas exigée. En principe, le droit n’est pas à prouver (I),
sauf dans des cas d'exception (II).

I- LE PRINCIPE : LE DROIT N’EST PAS À PROUVER

Bien que le droit contribue à assurer le triomphe de la vérité en matière de preuve,


la preuve ne porte pas sur le droit, parce que le droit n'est pas à prouver. Ainsi, il y
a un principe de la dispense de la preuve du droit (A). Toutefois, ce principe est
assorti d'exceptions (B).

A- LE PRINCIPE DE LA DISPENSE DE LA PREUVE DU DROIT

En principe, le droit n'est pas à prouver. La règle de droit, servant de référence à la


preuve, ne peut faire l'objet de preuve à la charge des parties. Au procès, les parties
n'ont pas à prouver l’existence, le contenu ou la portée des règles de droit qu’elles
invoquent à l'appui de leurs prétentions.

Il y a une double explication du principe de la dispense de la preuve du droit.

La première raison de la dispense de la preuve du droit tient essentiellement à


l’opposabilité absolue de la règle de droit, tirée de son caractère général et abstrait,
et que traduit l'adage « Nul n’est censé ignorer la loi ». Si tel est le sens de la
maxime, il faut bien convenir qu’elle n'établit qu’une simple présomption de
connaissance de la loi à la charge de chaque individu, en vertu de laquelle toute
personne vivant dans un État à l’obligation de connaître la loi, c’est-à-dire le droit
en vigueur. Chacun connaissant la loi, il n’est nul besoin que l'une des parties
apporte la preuve de la loi à l'autre.

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La deuxième raison de la dispense de preuves du droit tient à la répartition des


rôles au procès entre le juge et les parties.

Dans les situations contentieuses, et en vue de la recherche d'une solution


juridictionnelle aux problèmes posés, les parties apportent les faits, mais c’est le
juge qui connaît le droit et a pouvoir de dire le droit. Tel est le sens de la maxime «
Jura novit curia » (la Cour connaît le droit). Ainsi, aux parties, il revient d’apporter
et d'exposer les faits, au juge de les trancher par le droit selon la formule de l'adage
« Da mihi factum, dabo biti jus » (donne moi le fait et je te donnerai (dirai) le droit)

En raison de cette répartition des rôles dans le jeu processuel, le droit n’est pas à
prouver.

Toutefois, il y a des cas d’exceptions.

B- LES EXCEPTIONS AU PRINCIPE DE LA DISPENSE DE LA PREUVE


DU DROIT

Le principe de la dispense de la preuve du droit étant admis, il est des hypothèses


ou la dispense sera écartée pour que prévalent le retour à la preuve du droit. Au
nombre de ces hypothèses, quelques-unes peuvent être évoquées, dont les quatre
(04) qui sont les plus importantes :

- La première hypothèse d’exception est celle de la preuve des explications sur


les points de droit : le juge peut au cours d’un procès demander à l'une des parties
de fournir des explications sur des points de droit qu’il estime nécessaire au soutien
de sa cause ;

- La deuxième hypothèse d’exception est celle de la preuve de la convention


collective : lorsqu'une partie invoque une convention collective au cours du procès,
il revient au juge de trouver le texte ; mais, le juge peut inviter la partie qui s'en
prévaut à lui donner copie du texte ;

- La troisième hypothèse d’exception est celle de la preuve de la coutume : la


coutume constitue une source du droit. Mais, dans la mesure où elle ne fait pas
l’objet d’une publication officielle et unifiée, le juge n’a pas les moyens matériels

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de la rechercher lui-même. Ainsi, la coutume invoquée doit être établie dans son
existence et dans sa teneur par la partie qui s’en prévaut ;

- La quatrième hypothèse d’exception est celle de la preuve de la loi étrangère :


la loi étrangère ne bénéficie pas de la même présomption de connaissance par le
juge (ivoirien) ; aussi est-elle soumise à des exigences probatoires à la charge de la
partie qui l'invoque.

Au contraire du droit, la preuve est exigée pour les faits : elle porte sur les faits.
Dans l’application du droit, la règle de droit, servant de référence, ne peut faire
l'objet de preuve.

En droit, il est présumé et admis que le juge connaît la règle de droit. Certes, les
parties peuvent invoquer des règles de droit qui leur sont favorables. Mais elles ne
sont pas déboutées si elles se fondent sur une règle inappropriée : c’est au juge qu'il
appartient de trancher la question de droit.

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CORRECTION DE LA QUESTION N° 4

QUESTION n° 4 : La preuve du fait est-elle toujours exigée ? Justifiez votre


réponse

La preuve porte sur les faits, et ces faits eux-mêmes peuvent être variés. Ces faits,
générateurs de droits subjectifs, sont les actes juridiques (par exemple : un contrat)
et les faits juridiques (par exemple : un accident). Le fait à prouver est celui qui
déclenche l'application de la règle de droit produisant le résultat dont le plaideur
réclame le bénéfice (par exemple : l’indemnité réparatrice d'un dommage). Il y a
donc un principe de la preuve des faits (I), qui connaît des dérogations (II).

I- LE PRINCIPE DE LA PREUVE DES FAITS

Le principe de la preuve des faits a une justification (A) et un domaine de


d'intervention (B).

A- LA JUSTIFICATION DU PRINCIPE DE LA PREUVE DES FAITS

Les faits sont par principe éléments de preuve. Par « faits », il faut entendre les
faits juridiques, les actes juridiques, les situations juridiques.

Ces divers éléments sont subordonnés à l'exigence de preuve. En matière de droit


subjectif, le droit auquel une personne prétend doit pouvoir être prouvé, faute de
quoi sa prétention s'effondre.

C'est la preuve qui permet la confirmation des conséquences juridiques attachées


aux relations du titulaire à son droit. Pour se prévaloir de telles conséquences, il est
nécessaire que le titulaire du droit subjectif démontre le fait de l’appartenance du
droit en cause.

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Toutefois, l'existence du principe selon lequel le fait doit être prouvé n'implique
pas que doivent pouvoir être prouvé à l'infini, tout, absolument tout et en toutes
situations. Ce principe se manifeste dans un domaine.

B- LE DOMAINE DU PRINCIPE DE LA PREUVE DES FAITS

Le droit ne retient comme domaine d’application de la preuve des faits que celui
déterminés par certains critères relatifs aux faits à prouvés. Il faut que ces faits
soient, ou des faits pertinents et concluants, ou des faits contestés et contestables.

D’abord, les faits doivent être pertinents et concluant : le fait est pertinent lorsqu'il
est en rapport avec le litige ; il est concluant, lorsqu'il a ou peut avoir une incidence
sur la solution judiciaire. Par exemple : la preuve d'une seule liaison avec un seul
amant ne peut constituer un fait notoire pour être produit comme preuve devant le
juge.

Ensuite, les faits doivent être contestés et contestables : il s'agit de ne retenir que
ceux de parmi les faits qui rendent l'exercice probatoire matériellement possible et
efficace. C'est pourquoi il ne suffit pas que le fait soit contesté, il faut en plus qu’il
soit contestable. Le juge de fond n'est pas tenu par les faits allégués, et peut les
considérer comme non constants. Au demeurant, que le fait ne soit pas contestable
ouvre la possibilité de mise en œuvre des dérogations au principe.

II- LES DEROGATIONS AU PRINCIPE DE LA PREUVE DES FAITS

Si en principe, la preuve existe et est obligatoire pour les faits, en revanche, le droit
lui-même admet que dans certains cas la preuve ne soit pas faite ou produite. Dans
ces hypothèses, limitées, mais circonscrites et fixées, la preuve des faits peut ne
pas être exigée, soit qu’elle est exclue (A), soit qu'elle est impossible (B).

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A- LES FAITS A LA PREUVE EXCLUE

Il est des faits dont la preuve est exclue, soit parce qu'elle est interdite, soit qu'elle
est inopérante.

1. La preuve interdite

Le problème de la preuve se manifeste surtout à propos de faits dont la discussion


sur la réalité ou la vérité est toujours portée devant le juge. C’est a lui qu'il
appartient d’apprécier la pertinence ou l'insignifiance des faits produits. Toutefois,
lorsque la loi interdit l’établissement d’une situation juridique, le juge doit refuser
la preuve des faits à établir.

Par exemple : en matière de mariage, s'il existe entre les père et mère de l'enfant
des empêchements à mariage pour cause de parenté (Loi de 2019 relative au
mariage, art. 7 : en ligne directe, entre ascendants et descendants et alliés de la
même ligne ; en ligne collatérale, entre frère et sœur, entre oncle et nièce, entre
tante et neveu, entre alliés au degré de beau-frère et belle-sœur), la filiation étant
déjà établie à l’égard de l'un, il est interdit d'établir la filiation à l’égard de l’autre.

2. La preuve inopérante

La preuve est inopérante lorsqu'elle n'est pas de nature à emporter raison au


bénéfice de celui qui la produit. Ainsi, si le fait allégué ne peut rendre probable le
droit prétendu, le juge doit refuser la preuve, qui serait inutile, parce qu'elle est non
pertinente. C'est un moyen dilatoire, destiné à retarder le cours du procès : donc le
juge doit l'exclure.

Par exemple : lorsqu'un plaideur exerce ses prétentions en se fondant sur un legs
verbal, la preuve de son droit est inopérante, parce que le testament doit être
nécessairement écrit. Au besoin, il est nécessaire qu'une demande soit introduite et
une enquête diligentée pour établir (ou rétablir) un fait passé sans témoin.

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B- LES FAITS A LA PREUVE IMPOSSIBLE

Des faits peuvent être impossibles à prouver. Il s’agit soit, de fait, positifs soit, de
fait, négatifs.

1. Les faits positifs

Les faits étant de sources et de productions variées, leur preuve peut parfois être
impossible. Ainsi, lorsqu'il est absolument impossible de prouver la réalité d’un
fait la preuve portera sur des faits proches, desquels on déduira, par présomption,
l'existence du fait à prouver,

Par exemple : la preuve de la date de la conception d’un enfant à l’heure actuelle,


ne peut être établie scientifiquement, par la date de la naissance et la durée
moyenne des grossesses. Tout au moins la fiction légale permet-elle, devant cette
impossibilité de la vérité scientifique, de recourir à la présomption relative à la
durée de la grossesse qui s’étend entre le 300 ème jour et le 180 ème jour avant la
naissance (Loi de 2020 relative aux libéralités, art. 3 et 4).

2. Les faits négatifs

Si le fait négatif est susceptible d’une antithèse positive, il suffira de ce fait positif.
Par exemple : prouver que l'assuré ne s'est pas suicidé, en démontrant qu'il est mort
accidentellement, preuve d'un alibi.

Si le fait négatif n'a pas d’antithèse positive, il faut prouver les faits positifs dont
l’ensemble rend improbable le fait négatif à prouver.

Par exemple : la preuve de l’absence de faute s’établit par la démonstration des


faits desquels il en résulte un comportement soigneux et diligent.

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DISSERTATION

SUJET AU CHOIX : TRAITEZ AU CHOIX L'UN DES DEUX (2) SUJETS


SUIVANTS :

PREMIER SUJET : (Deux (02) questions obligatoires)

QUESTION n°1 : En quoi la règle de droit est-elle différente des autres règles
sociales ?

QUESTION n° 2 : Toute loi est-elle dotée de la force obligatoire ?

DEUXIEME SUJET :

La méthode de l'exégèse dans l'interprétation du droit

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CORRECTION DU PREMIER SUJET

La règle de droit et les autres règles sociales sont toutes des règles de conduite.
Elles ont en commun l'identité de contenu. Il en résulte que, en principe le droit ne
peut prescrire ce que les règles morales ou/et les règles religieuses proscrivent. Il
n'en demeure pas moins que tout sépare la règle de droit et les autres règles
sociales voisines s’agissant de leurs sources (I), de leurs caractères (II), de leur
finalité (III), de leur sanction (IV).

I- LA DIFFERENCE DE SOURCES

La règle de droit tire ses sources de l’État : elle est édictée par les autorités
étatiques gouvernantes (Législative et Exécutive) dont la fonction est de créer des
normes juridiques s’appliquant aux individus. Ainsi, la règle de droit est de source
extérieure aux individus et s’impose à eux. Toute autre est la source des autres
règles sociales.

À la différence de la règle de droit, les autres règles sociales tirent leurs sources de
considérations internes à la conscience individuelle (par exemple : règles morales)
ou la conscience collective (par exemple : règles religieuses ; règles traditionnelles).

II- LA DIFFÉRENCE DE CARACTERES

Aucune société humaine ne peut se passer du droit sous peine de sombrer dans
l'anarchie. Ainsi, la nécessité du droit se manifeste également à travers la règle de
droit qui est une règle nécessaire, générale, permanente.

Nécessaire : Dans la société humaine, les règles de droit sont indispensables à


l’organisation sociale ; au contraire, les autres règles sociales ne sont pas dotées de
la même nécessité : sans doute sont-elles utiles, mais leur absence n’empêcherait
pas le maintien de l’ordre social.

Générale : la règle de droit ne dispose pas pour un cas particulier, mais pour
l'ensemble des individus ou des groupes d'individus ; au contraire, les autres règles

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sociales, même utiles, ne sont pas nécessaires : les règles religieuses, par exemple,
ne régissent que la conduite des croyants.

Permanente : la règle de droit, entrée en vigueur demeure applicable jusqu'à son


abrogation ; les autres règles sociales ne sont pas dotées de la même permanence :
les règles de bienséance et de politesse, les règles religieuses, peuvent être
modifiées sans que la règle de droit ne le soit.

III- LA DIFFÉRENCE DE FINALITE

La règle de droit vise à édicter la bonne conduite extérieure des hommes dans la
société et à instituer une société où la vie soit rendue possible par le droit. Elle a
pour finalité de faire régner l'ordre, la paix, la justice et dans une certaine mesure
l'équité dans la société.

Les autres règles de conduite sociale recherchent la beauté intérieure de l’être (c'est
le cas des règles morales) ou la perfection de l’homme en lui suggérant la politesse,
l'obéissance, la loyauté dans ses relations avec Dieu (c'est le cas des règles
religieuses), ou encore la convenance personnelle et inter-personnelles (c'est le cas
des règles de politesse et de bienséance).

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IV- LA DIFFÉRENCE DE SANCTION

La règle de droit, règle obligatoire dans la vie des hommes en société, est assortie
de la sanction organisée. La sanction est une technique de commandement et un
moyen de contrainte étatique mis en œuvre en cas de violation de la règle de droit
qui est une règle coercitive. Prévue, édictée, et mise en œuvre par des autorités
étatiques, elle est déterminée comme sanction civile, administrative, financière,
pénale. Il s'agit d’une sanction en exécution d'une obligation, en réparation d'un
dommage causé, en punition d'une infraction pénale, selon le cas. Cette sanction
s'impose à tous.

Au contraire, les autres règles de conduite sociale relèvent de sanctions limitées à


un groupe social concerné (par exemple : bannissement), ou à la croyance
défendue (par exemple : excommunication). Il s'agit de sanctions inorganisées
qui tirent leur existence de la conscience par rapport à un comportement déviant
(par exemple : remords ; réprobation). Cette sanction est inorganisée, et son
administration ne relève pas des organes étatiques, mais de subdivisions de l’État.

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CORRECTION DE LA QUESTION N° 2

QUESTION n° 2 : TOUTE REGLE DE DROIT EST-ELLE DOTEE DE LA


FORCE OBLIGATOIRE ?

Parce que la finalité du droit est pratique, la règle de droit vise à s'appliquer. Il en
est ainsi de la loi, modèle de la règle de droit. Il n'en résulte pas que toute loi
s'applique. Elle doit être dotée de la force obligatoire. Sa force obligatoire
subordonnée aux conditions d'entrée en vigueur de la loi (I). Toutefois, elle connaît
certaines limites résultant de son abrogation (II).

I- LES CONDITIONS DE LA FORCE OBLIGATOIRE DE LA LOI :


L'ENTREE EN VIGUEUR

Les modalités de production de la force obligatoire de la loi sont essentiellement


liées à l'entrée en vigueur de la nouvelle loi. Cette entrée en vigueur repose sur un
mécanisme juridique se déployant en deux phases : d'abord, la promulgation de la
loi (A) ; ensuite, la publication de la loi (B).

A- LA PROMULGATION DE LA LOI

La promulgation est un acte émanant de l’exécutif, visant à attester de l'existence


de la nouvelle règle de droit. Une distinction existe entre la promulgation des lois
parlementaires et celle des règlements et ordonnances.

1. La promulgation des lois parlementaires

S'agissant des lois parlementaires, la promulgation consiste à certifier et


authentifier la loi par un décret. Par ce décret, le Président de la République donne
l'ordre de l’exécuter sur toute l'étendue du territoire national. La loi est transmise
au Parlement par le Gouvernement, sa promulgation doit intervenir dans les quinze
(15) jours, sauf si le Conseil Constitutionnel a été saisi pour en contrôler la

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constitutionnalité ou si le Parlement a été saisi par le Président de la République


pour une seconde délibération (Constitution, art. 74).

La date d'existence de la loi est celle du décret de promulgation.

Par exemple : Loi n° 2016-886 du 08 novembre 2016 portant Constitution de


la République de Côte d'Ivoire (« 2016 » désigne l'année ; « 886 » est le
numéro d'ordre de la loi ; « 08 novembre » , le jour de la signature du décret
de promulgation).

La conséquence y attachée, c'est qu'à partir de sa promulgation, la loi devient


obligatoire et exécutoire à l'égard de tous y compris du Pouvoir Exécutif et du
Pouvoir Législatif.

2. La promulgation des règlements et des ordonnances

S'agissant des règlements et ordonnances, la promulgation résulte de la signature


de l’auteur du texte. Par exemple : le président de la République pour les décrets ;
le ministre pour les arrêtés ministériels ; le Préfet ou le maire pour les arrêtés
préfectoraux ou municipaux. Promulguée, la loi ou la norme juridique n'est
opposable que si elle a fait l'objet d'une publication.

B- LA PUBLICATION DE LA LOI

La publication connaît des variantes auxquelles s'ajoute parfois la pratique des


erreurs de publication.

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1. Les variantes de la publication

La publication d'une loi ou d’un décret est l’insertion matérielle qui est faite au
Journal Officiel. La norme ainsi publiée devient non seulement obligatoire mais
opposable à tous, c'est-à-dire applicable à tous les citoyens qui sont censés en avoir
eu connaissance. Le délai de publication, temps imparti pour porter la norme à la
connaissance des citoyens, est de trois jours francs (Loi n° 61-175 du 18 mai 1961
modifiée par le Décret n° 81-894 du 28 octobre 1981, art. l, 2). Toutefois, le délai
de publication peut varier dans deux cas.

Le premier cas est celui de l’application immédiate : en cas d’urgence, la nouvelle


norme juridique est d’applicabilité immédiate, après affichage ou après trois
communiqués radiodiffusés (Loi n° 61-175 du 18 mai 1961 modifiée par Décret
n° 81-894 du 28 octobre 1981, art. 3, 4, 5). Il en a été ainsi par exemple s'agissant
de la loi anti-casseur de 1992, abrogée. La procédure d'urgence est destinée à
raccourcir le délai d'application de la norme lorsqu’il y a nécessité. La loi est
d’application immédiate dès lors qu’elle a été affichée par l’autorité compétente
(par exemple : cette urgence peut intervenir en matière fiscale, pour éviter la
fraude).

Le second cas est celui de l’application différée : l'entrée en vigueur de la loi


nouvelle est, soit différée ou retardée, pour une date ultérieure fixée par la loi elle-
même, en vue de permettre au plus grand nombre de citoyens de la connaître. Ce
cas survient généralement lorsque, à la suite d'une importante réforme, le
Gouvernement se donne le temps de prendre les règlements d’application. Par
exemple : la Loi n° 92-570 du 11 septembre 1992 portant statut général de la
Fonction publique a fait l’objet de quatre (04) décrets d'application.

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2. Les erreurs de publication

Comme toute œuvre humaine, la règle de droit que les autorités étatiques édictent
et qui entre dans l'ordonnancement juridique peut être entachée d’erreur,
notamment d'erreurs matérielles. Pour surmonter ces erreurs, il appartient au
Gouvernement d'insérer dans le Journal Officiel une liste des erreurs visant à la
fois à relever les différentes erreurs et préciser les corrections respectives à leur
apporter.

Toutefois, les corrections s'inscrivent dans une certaine limite.

Elles ne peuvent ni modifier ni dénaturer le sens du texte initial sous peine de


nullité.

La règle de droit a une force obligatoire qui connaît certaines limites.

II- LES LIMITES DE LA FORCE OBLIGATOIRE DE LA LOI :


L'ABROGATION DE LA LOI

La règle de droit, revêtue de la force obligatoire, reste en vigueur jusqu'à


concurrence de son abrogation. Ainsi, l’abrogation est révélatrice des limites à la
force obligatoire de la règle de droit.

L'abrogation est la procédure d'anéantissement ou de suppression de la règle de


droit pour l’avenir. Elle opère selon deux (2) modes, qui sont : l'abrogation par la
règle de droit (A), et l’abrogation par désuétude (B).

A- L'ABROGATION PAR LA REGLE DE DROIT

Lorsque la règle de droit abroge une autre règle, elle le peut directement : c'est
l'hypothèse de l'abrogation expresse. Elle le peut également de façon indirecte :
c’est le cas de l’abrogation tacite.

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1. L'abrogation expresse

Il y a abrogation expresse explicite lorsqu'une loi nouvelle déclare formellement


que telle loi antérieure est abrogée. Ainsi, dans l'abrogation expresse, la loi
nouvelle vise clairement le texte antérieur abrogé ou les dispositions du texte
antérieur soumises à l'abrogation.

2. L'abrogation tacite

Il y a abrogation tacite ou implicite lorsque la règle opère la suppression de façon


allusive et indirecte, en référence au principe selon lequel la norme postérieure
l'emporte sur la norme antérieure de valeur égale. Ainsi, l'abrogation est implicite
ou tacite si les dispositions d’une loi nouvelle sont inconciliables ou incompatibles
avec celles d'une loi antérieure. Dans ces conditions, prévaut le principe selon
lequel les deux textes ayant une force égale en droit, le texte postérieur déroge au
texte antérieur (lex posterior priori dérogat).

En conséquence, le texte antérieur est implicitement abrogé. La volonté la plus


récente du législateur doit l’emporter sur la première.

B- L'ABROGATION PAR DESUETUDE

En principe, l’abrogation par désuétude relève d'un contre-sens. À titre


exceptionnel, certaines règles de droit restent inappliquées faute d'usage.

1. Le principe de l'abrogation de la loi par la loi

Il y a abrogation par désuétude lorsqu'une loi est restée longtemps inappliquée.


Mais, l'abrogation par désuétude est-elle possible en droit ?

L'idée d'abrogation par désuétude paraît relever du non-sens ou du contre-sens en


droit. Il n'y a pas d'abrogation par désuétude, car il y a une primauté de la loi sur
l'usage : seul le législateur peut abroger l'ordre qu’il a donné.

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2. L'exception de l’abrogation de la loi par défaut d'usage

Bien que l’abrogation des règles de droit relève de la compétence de l’autorité


compétente pour les édicter, — en l'occurrence, le législateur pour la loi —,
certaines lois anciennes ont cessé d'être appliquées sans avoir été abrogées. Sans
doute, étaient-elles d'une importance si réduite qu'elles pouvaient être considérées
comme abrogées. En fait, sans que le législateur soit intervenu, les lois ont cessé
d’être appliquées par défaut d'usage à travers le temps.

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CORRECTION DU DEUXIEME SUJET DE DISSERTATION

La méthode de l'exégèse dans l'interprétation du droit

Le problème de l'interprétation du droit est ancien. Il se pose à propos de toutes les


civilisations et des grands livres qui en forment la référence (par exemple : le
Talmut, la Bible, le Coran), comme il se pose à propos du sens à accorder à la règle
de droit régissant la conduite des hommes dans la société.

Parmi diverses méthodes d’interprétation contraires ou/et complémentaires se


succédant dans le temps, les juristes français du XIXe siècle se sont attachés à la
méthode exégétique dans l'interprétation du droit pour deux raisons essentielles.

La première tient au culte de la loi écrite. Cette raison est étroitement liée à leur
admiration pour les Codes napoléoniens, en l’occurrence : le Code civil et le Code
pénal. La deuxième tient à l'attachement à la révélation d’une plénitude de la loi
écrite, dès lors que le contenu de la loi répondait aux besoins de la société de
l'époque. Il ne fallait interpréter que la loi écrite, car « tout est dans la loi ».

En conséquence, de cette double justification, le recours à la méthode exégétique


était destiné à mettre en place des techniques permettant de découvrir la volonté du
législateur. Telle était la méthode classique suivie à l’origine, c’est-à-dire
immédiatement appliquée à la rédaction du Code Civil. Elle repose sur le principe
du respect absolu du texte à interpréter, qui donne les solutions aux problèmes
juridiques en révélant la volonté du législateur.

Ce principe de l’attachement au texte écrit a fait donner aux commentateurs du


Code civil le nom de « l'École de l’exégèse ». C'est une méthode d’interprétation
attachée au texte écrit ou méthode littérale (I). Toutefois, cette méthode est dans
son application stricte limitée, c’est pourquoi elle est complétée par le recours à
plusieurs procédés d'interprétation révélatrice d'une interprétation libérale (II).

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I- L'EXEGESE, UNE METHODE D'INTERPRETATION ATTACHEE AU


TEXTE ECRIT OU L'INTERPRETATION LITTERALE

L’exégèse, méthode d'interprétation, vise à la clarification d’un texte au sens


obscur (A). La recherche se fait par le recours aux travaux préparatoires (B), la
référence aux précédents historiques (C), et l'utilisation de l’analyse grammaticale
et logique (D).

A- LA CLARIFICATION D'UN TEXTE AU SENS OBSCUR

Le premier rôle de l’interprète, c'est de découvrir et révéler le sens que le


législateur a attribué ou a voulu donner à un texte (c’est-à-dire à une règle de droit).
Si le texte est clair, son interprétation n’est pas nécessaire : elle paraît surabondante
ou superfétatoire au regard du principe "interprétario cessat in claris". C’est donc
dans la mesure où un texte est de sens obscur ou imprécis que sont interprétation
est nécessaire à son application. Telle sera le rôle du juge qui, dans le système
juridique et juridictionnel ivoirien, use du pouvoir d'interpréter les lois et les
règlements.

L'interprétation consiste à préciser l’intention ou/et la volonté du législateur. Ainsi,


du texte au sens obscur, imprécis, incomplet, il doit déterminer quelle a été ou
quelle aurait été la volonté du législateur si celui-ci était confronté à la difficulté
ayant conduit à l'interprétation.

L'intention ou la volonté du législateur doit ne pas faire de doute au regard du texte


en présence. C'est pourquoi, pour vaincre le doute à la source de l'interprétation,
l’interprète use de différents moyens. Au nombre de ceux-ci, une place importante
est faite au recours aux travaux préparatoires.

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B- LE RECOURS AUX TRAVAUX PREPARATOIRES

Dans l'interprétation exégétique, le recours aux travaux préparatoires fait apparaître


le trait de continuité de l'œuvre du législateur. Il s'agit de la prise en compte et de
l’étude des discussions qui ont précédé le vote de la loi, afin d'en dégager
l'intention du législateur.

Les travaux préparatoires comprennent une gamme variée d’éléments dont la


pertinence dépend du texte à interpréter. Ainsi, sont des travaux préparatoires : les
exposés des motifs des projets de loi, les rapports présentés par les autorités ayant
eu l'initiative de la loi (par exemple : projet ou proposition de loi), les procès-
verbaux des discussions des commissions qui ont préparé et voté la loi, et les
débats parlementaires.

C- LA REFERENCE AUX PRECEDENTS HISTORIQUES

Parce qu'elle est propre à chaque société, la règle de droit s'inscrit dans son histoire.
Ainsi, la règle de droit à naître, en l’occurrence, la loi nouvelle, peut trouver un
enracinement et une justification dans les précédents historiques, que sont, le
contexte, les textes anciens, les aspirations à un droit prospectif qui puisse changer
en marquant la rupture avec l'histoire.

Les précédents auront donc une fonction de rupture et de continuité. De sorte que
lorsque la règle de droit (par exemple : la loi) ayant été inspiré par des textes
anciens, par des raisons qui ne sont plus d'actualité ou par des considérations
dépassées, la règle nouvelle interviendra en continuité. En sens inverse, si le texte
paraît marquer une volonté de rupture, sera privilégiée l’interprétation de l'analyse
grammaticale et logique du texte.

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D- L'UTILISATION DE L'ANALYSE GRAMMATICALE ET LOGIQUE

Un pluralisme de méthode peut permettre de compléter la méthode d’interprétation


exégétique, notamment par l'utilisation de l'analyse grammaticale et logique.

L’analyse grammaticale vise à une mise en cohérence de la règle de droit du point


de vue de la syntaxe. Seront alors pris en compte : les mots et expressions ; la
ponctuation ; le pluriel ou le singulier... des termes composant la règle de droit.

L'analyse logique, complémentaire à l’analyse grammaticale assure la cohérence


des textes avec leurs contextes. Elle dévoile une cohérence du système à l’intérieur
et au sein duquel la règle de droit à interpréter prend place.

À travers ce pluralisme des méthodes, la recherche de l'intention ou de la volonté


de l'auteur de la règle de droit laisse apparaître une interprétation psychologique,
révélatrice des pouvoirs normatifs du juge et des juges. En effet, les juges qui
interprètent la règle de droit l'interprète non seulement dans la lettre, mais aussi
dans l’esprit, et notamment par l’emploi de divers procédés.

II- L'EXEGESE, UNE METHODE D’INTERPRETATION PAR L'EMPLOI


DE DIVERS PROCEDES OU L'INTERPRETATION LIBERALE

Divers procédés sont mis en œuvre dans la méthode exégétique d’interprétation.


Les plus importantes sont : le raisonnement par analogie (A), le raisonnement a
fortiori (B), le raisonnement a contrarie (C), le raisonnement par induction suivie
de déduction (D).

A- LE RAISONNEMENT OU L'ARGUMENT PAR ANALOGIE

Le raisonnement ou l'argument par analogie vise à étendre à un cas non


expressément prévu la solution admise par la loi dans un cas voisin, dès lors que
les raisons d'appliquer la loi sont les mêmes dans les deux cas. L'analogie consiste
à faire ressortir la ressemblance entre deux situations pour étendre à la seconde la
règle de droit applicable à la première. Pourquoi cela ?

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La raison d’appliquer deux règles est la même dans les deux cas, puisque les deux
situations sont semblables. Ce raisonnement présente l'intérêt d'étendre la situation
d’application non prévue pour la deuxième. Parce que la situation présente une
similitude avec l'hypothèse prévue par la règle de droit.

Par exemple : L'article 4 de la loi de 2019 sur la filiation permet au mari de


désavouer un enfant de sa femme, c'est-à-dire qu'il n’en est pas le père, lorsque la
naissance de l'enfant lui a été cachée.

La jurisprudence a appliqué ce texte par analogie au cas de dissimulation de la


grossesse. Dans les deux cas en effet, il y a de la même façon de la part de l'épouse
un aveu implicite d'infidélité.

B- LE RAISONNEMENT OU L'ARGUMENT A FORTIORI

Le raisonnement ou l'argument, a fortiori, vise à étendre la solution prévue dans un


cas à un autre cas, dans la mesure où il y a des raisons encore plus grandes
d’appliquer la loi au cas envisagé. Il s'agit d'étendre l’application d’un texte à une
hypothèse proche de celle que régit ce texte. Mais pas pour la même raison que
dans l'analogie. Il s'agit plutôt d’évidence commandée par le principe suivant : qui
peut le plus, peut le moins. On retrouve les motifs d'application de la règle. Et ces
motifs sont même renforcés, et plus, impératifs que dans l'hypothèse prévue par le
texte. Par exemple : le tuteur (du mineur) n'a pas le droit de vendre les biens de
celui dont il a la garde, a fortiori, on lui interdira de les donner, bien que le texte ne
le dise pas, car ce serait encore dangereux pour le patrimoine de celui qui est placé
sous sa garde.

C- LE RAISONNEMENT OU L'ARGUMENT A CONTRARIO

Le raisonnement ou l’argument a contrario établi que, si une solution est adoptée


par la loi, la solution inverse s’impose quand les conditions d’application de cette
loi ne sont pas remplies. Cet argument repose sur le raisonnement suivant : si la loi
donne une solution pour une situation déterminée, il faut retenir la solution

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contraire lorsqu'on est en présence de la situation contraire. (car lorsqu'un texte


dit..., il est sensé nier le contraire).

Par exemple : l'art. 6 du Code Civil dispose qu'il est interdit de déroger par contrat
privé aux lois qui sont d’ordre public. En utilisant l'argument a contrario, on dit
que l'on peut se soustraire aux lois qui ne sont pas d'ordre public par des
conventions particulières. Mais, il faut utiliser l'argument a contrario avec une
extrême prudence. Car cet argument vaut pour un texte d'exception, et conduisant à
l'application de la solution contraire. Aussi, est-il parfois difficile de choisir entre
raisonnement par analogie et l'argument a contrario, conduisant à des solutions
opposées.

Par exemple : Un texte de loi interdit à l'enfant d’intenter une action en recherche
de parenté sauf s'il y a eu enlèvement de la mère.

Mais, en cas de viole, peut-on par analogie, assimilant le viole à un enlèvement,


permettre à l'enfant d’intenter une telle action ?

Si l'on utilise l’argument a contrario, doit-on dire que si l'action est possible en cas
d'enlèvement de la mère. Elle ne l'est pas a contrario en cas de viole puisque le
viole n’est pas un enlèvement.

- L'argument a contrario, consiste à tenir le raisonnement suivant lequel il est


permis de déroger par contrat aux lois qui ne sont pas d’ordre public. (L'argument
comporte toutefois une limite : la règle dégagée doit être conforme au principe de
liberté contractuelle).

D- LE RAISONNEMENT OU LE PROCEDE D'INDUCTION SUIVIE DE


DEDUCTION

Dans le raisonnement par induction et déduction, des solutions particulières


admises par la loi dans certains cas, on induit un principe qui sert de fondement à
ces solutions ; puis on déduit de ce principe de nouvelles applications. Cela revient
à dégager d’un certain nombre de textes, un principe général qui inspire tous ces

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textes sans avoir été expressément formulé : c'est l’induction. De ce principe


dégagé, on tire alors des conséquences non prévues par la loi : c'est la déduction.

Par exemple : le principe des droits de la défense a été dégagé d'un certain nombre
de textes particuliers qui organisaient les moyens de défense d'une personne faisant
l'objet d'une sanction. En vertu de ce principe général, quelque soit le fait, l'objet
d’une sanction doit être en mesure de présenter valablement sa défense même si
aucun texte particulier ne l'a prévu dans le cas envisagé.

Par exemple : Un enfant non encore né mais conçu peut recueillir une succession
ou une donation. C’est la mise en application de la règle infans conceptus pro nato
habetur quoties de commodis ejus agitur. Il s'agit d’une règle écrite nulle dans la
législation, mais dont le code civil fait application en matière de filiation (Loi n°
2019-571 du 26 juin 2019 relative à la filiation, art. 1er, 3 et 4), de succession
(Loi n° 2020-669 du 10 septembre 2020, relative aux libéralités, art. 5), de
donation (Loi n° 2020-669 du 10 septembre 2020, relative aux libéralités, art.
9).

Ainsi, le principe demeure le même : si c'est à son avantage, on considère l’enfant


comme né dès qu'il est conçu. Ce principe sera applicable à des cas non prévus par
la loi. Il en est ainsi, par exemple, lorsque l'on admet qu'un enfant simplement
conçu puisse être reconnu par son père ou par sa mère naturelle. Alors qu'aucun
texte ne le dit, on l’admet en vertu du principe sus énoncé dès lors qu’il y va de
l'intérêt de l'enfant.

- Lorsqu'un précédent est bien établi et que le législateur ne s'y est pas opposé, ce
précédent s'impose pour interpréter le texte.

Que penser alors de cette méthode de l'Exégèse ? Elle constitue une méthode
statique, c’est-à-dire non-évolutive du Code civil... Cette méthode doit toujours
être utilisée lorsqu’il s'agit d'interpréter un texte récent qui n'a pas encore vieilli
puisque la loi traduit la volonté du législateur. Mais ce n’est pas possible pour
beaucoup de textes anciens qui ne sont plus adaptés aux nécessités actuelles, et
pour lesquelles serait préférable la méthode moderne à la fois scientifique et
évolutive.

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DISSERTATION

REPONDEZ AUX TROIS (3) QUESTIONS SUIVANTES :

QUESTION n° 1 : En quoi la règle de droit est-elle différente des autres règles


sociales ?

QUESTION n° 2 : Quelles sont les maximes d'interprétation du droit ?

QUESTION n° 3 : Dans le procès civil à qui incombe la charge de la preuve ?

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CORRECTION

CORRECTION DE LA QUESTION N°1

QUESTION n° 1 : En quoi la règle de droit est-elle différente des autres régler


sociales ?

La règle de droit et les autres règles sociales sont toutes des règles de conduite.
Elles ont en commun l'identité de contenu. Il en résulte que, en principe le droit ne
peut prescrire ce que les règles morales ou/et les règles religieuses proscrivent. Il
n'en demeure pas moins que tout sépare la règle de droit et les autres règles
sociales voisines s'agissant de leurs sources (II), de leurs caractères (II), de leur
finalité (III), de leur sanction (IV).

I- LA DIFFERENCE DE SOURCES

La règle de droit tire ses sources de l'État : elle est édictée par les autorités
étatiques gouvernantes (Législative et Exécutive) dont la fonction est de créer des
normes juridiques s'appliquant aux individus. Ainsi, la règle de droit est de source
extérieure aux individus et s'impose à eux. Au contraire, les autres règles sociales
tirent leurs sources de considérations internes à la conscience individuelle (par
exemple : règles morales) ou la conscience collective (par exemple : règles
religieuses ; règles traditionnelles).

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II- LA DIFFERENCE DE CARACTERES

La règle de droit est nécessaire, générale, permanente. Nécessaire : dans toute


société humaine, il y a des règles de droit indispensables à l'organisation de l'ordre
social ; au contraire, les autres règles sociales ne sont utiles, mais, non nécessaires :
leur absence n'empêcherait pas le maintien de l'ordre social.

Générale : la règle de droit ne dispose pas pour un individu, mais pour l’ensemble,
pour le groupe d’individus ; au contraire, les autres règles sociales, même utiles, ne
sont pas nécessaires : les règles religieuses, par exemple, ne régissent que la
conduite des croyants.

Permanente : la règle de droit, entrée en vigueur, demeure applicable jusqu'à son


abrogation ; les autres règles sociales ne sont pas dotées de la même permanence :
les règles de bienséance et de politesse, les règles religieuses, peuvent être
modifiées sans que la règle de droit ne le situe.

III- LA DIFFERENCE DE FINALITE

La règle de droit vise à édicter la bonne conduite extérieure des hommes dans la
société, et à instituer une société où la vie soit rendue possible par le droit. Elle a
pour finalité de faire régner l'ordre, la paix, la justice et dans une certaine mesure
l'équité dans la société. Les autres règles de conduite sociale recherchent la beauté
intérieure de l'être (c’est le cas des règles morales) ou la perfection de l'homme, en
ne suggérant la politesse, l'obéissance, la loyauté dans ses relations avec Dieu (c'est
le cas des règles religieuses), ou encore la convenance personnelle et
interpersonnelles (c'est le cas des règles de politesse et de bienséance).

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IV- LA DIFFÉRENCE DE SANCTION

La règle de droit, règle obligatoire dans la vie des hommes en société, est assortie
de la sanction organisée. La sanction est une technique de commandement et un
moyen de contrainte étatique. Ainsi, la violation de la règle de droit entraîne une
sanction : en ces sens, c'est une règle coercitive. Cette sanction, prévue, édictée et
en vigueur est mise en œuvre par des autorités habilitées au sein de l'État. Elle est
une sanction civile, administrative, financière, pénale, selon le cas.

Au contraire, les autres règles de conduite sociale relèvent de sanctions limitées à


un groupe social concerné (par exemple : bannissement, ou à la croyance
défendue par exemple : excommunication). Il s'agit de sanctions inorganisées
qui tirent leur existence de la conscience par rapport à un comportement déviant
(par exemple : remords ; réprobation). Cette sanction est personnelle et
inorganisée. De plus, son administration ne relève pas des organes étatiques, mais
de subdivisions de l'État.

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CORRECTION DE LA QUESTION N° 2

QUESTION n° 2 : Quelles sont les maximes d’interprétation du droit ?

Les maximes d'interprétation sont les principes classiques, généralement énoncés


en la formule latine, principe formant un corps de règles guidant et déterminant les
techniques et méthodes d'interprétation du droit. Parmi les plus importants, cinq
(05) peuvent être retenus à titre d’illustration.

Ce sont notamment : Ubi lex non distinguit, nec nos distinguere debemus (I) ;
generalia specialibus non derogant (II); cessante ratione legis cessat ejus dispositio
(III) ; Exceptiones stricta ineterpretari (IV) ; lex posterior derogat priori (V).

I- UBI LEX NON DISTINGUIT, NEC NOS DISTINGUERE DEBEMUS

Telle est la traduction de la maxime : il est interdit de distinguer là où la loi ne


distingue pas. En référence à ce principe, l'interprète d’un texte n'a pas le droit d'en
écarter l’application lorsque ce texte est rédigé en termes généraux. C’est a dire
que l'on ne peut pas introduire des conditions ou des formalités dans différents cas
non prévues par le texte applicable.

II- GENERALIA SPECIALIBUS NON DEROGANT

Telle est la traduction de la maxime : les dispositions générales ne dérogent pas


aux dispositions spéciales. La maxime comporte pour corollaire le principe
suivant : Spécialia generalibus derogant. Lorsque deux règles, dont l'une est
générale et l'autre spéciale sont susceptibles d’être appliquées au même cas, la
règle spéciale l'emporte sur la générale et s'applique. Pour que la loi générale
l'emporte sur la spéciale, il faut que la loi générale absorbe la loi spéciale, et que
soit constatée l'intention de la générale de supprimer la particulière.

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Par exemple : la loi du 21 mars 1884 a d'abord reconnue cette liberté sur le terrain
professionnel aux syndicats, avant d’être étendue une dizaine d'années plus tard par
la loi du 1er juillet 1901 à toutes sur les associations. On peut en déduire que cette
dernière régit toutes associations à l'exception des syndicats, la loi générale ne
pouvant déroger à la loi spéciale.

III- CESSANTE RATIONE LEGIS CESSAT EJUS DISPOSITIO

Telle est la traduction de la maxime : la loi cesse de s'appliquer que sa raison d’être
disparaît.

Le sens : la loi ne doit pas être appliquée à des situations qui semblent incluses
dans son champ d'application par la lettre même du texte, mais qui en sont exclues
par son esprit.

Cette maxime semble en contradiction avec la première en vertu de laquelle il n'y a


pas lieu de distinguer là où la loi ne distingue pas.

Leur coexistence peut être ainsi aménagée : la cessation d'application de la loi —


absence de distinction littérale — ne peut être principe que la conséquence d’une
absence de motifs fondant la règle.

Ainsi, le divorce entre la lettre et l'esprit de la loi justifie la cessation de son


application.

Par exemple : une règle interdit de stationner devant les entrées de garages (sous
peine d'une amende). Le propriétaire le fait. Si l'on s'en tient à la règle du texte, la
situation en cause est visée. Comme ici, il ne faut pas appliquer le texte, car le
propriétaire peut entrer et sortir sans que le texte ne s'applique.

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IV- EXCEPTIONES STRICTA INTERPRETARI

Telle est la traduction de la maxime : les exceptions sont d’interprétation stricte. Le


sens qui en résulte, c'est qu'il faut interpréter restrictivement les textes d'exception,
car à l’exception doit être donné le champ d'application le plus limité possible.
L'autorité qui interprète ne peut, en présence d'un texte d'exception, en étendre
l'objet ou le champ d'application des exceptions en raisonnant par analogie. En
procédant ainsi, il viderait le principe de son contenu.

Par exemple : l'article 4 du Code de nationalité (Loi n° 61-415 du 14 décembre


1961 portant Code de la nationalité ivoirienne modifiée par la Loi n° 72-852 du 21
décembre 1972) dispose que « un changement de nationalité ne peut en aucun cas
résulter d'une convention internationale si celle-ci ne le prévoit expressément ».
Une telle règle doit être interprétée restrictivement.

Par exemple : L'article 3 du Code électoral (Loi n° 2000-114 du 1er août 2000),
conforme à la Constitution de 2016 en son article 32 al. 2, réserve la qualité
d'électeurs aux nationaux ivoiriens des deux sexes âgés de dix-huit (18) ans révolus,
et jouissant de leurs droits civils et politiques. L'interprétation de cette disposition,
stricte, ne saurait s'autoriser l'extension à des électeurs non expressément visés.

V- LEX POSTERIOR PRIORI DEROGAT

Telle est la traduction de la maxime : la loi postérieure déroge à la loi antérieure.


Le sens de la maxime, c’est que lorsque deux dispositions successives régissent la
même matière, la plus récente l’emporte sur la plus ancienne et s'impose à elle. Le
problème se pose notamment s'agissant des conflits de lois dans le temps.

En principe, un tel conflit est résolu dans le cas d'une succession de normes
emportant abrogation expresse. En sens inverse, l'abrogation tacite ou par
désuétude laisse le problème entier. Dès lors, il revient à l'interprète de faire
prévaloir la force obligatoire de la règle de droit la plus récente.

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CORRECTION DE LA QUESTION N° 3

QUESTION n°3 : Dans le procès civil à qui incombe la charge de la preuve ?

La charge de la preuve présente un grand intérêt pour les droits subjectifs, parce
que celui qui a la charge de la preuve en supporte le risque s’il ne parvient pas à
l'établir. Il sera alors débouté de son action. Quelques différences existent en
fonction du domaine du droit où se pose le problème de la charge de la preuve.

Dans la procédure administrative contentieuse du type inquisitoire, le procès est


entièrement dirigé par le juge. De même, dans la procédure pénale de type
inquisitoire, à l'instruction préparatoire, il appartient au juge d'instruction de
rechercher la vérité. Ainsi, il revient au juge d'instruire « à charge et à décharge ».

Dans la procédure civile du type accusatoire (comme la procédure pénale au stade


de l'audience de jugement), la preuve est l'apanage des plaideurs au procès : elle
incombe aux parties. En principe, la charge de la preuve incombe au demandeur (I),
toutefois, il existe des dérogations du fait des présomptions légales (II).

I- LE PRINCIPE : LA PREUVE INCOMBE AU DEMANDEUR

Principe général du droit énoncé dans le Code civil (A), le principe de la charge de
la preuve entraîne une conséquence (B).

A- L'ENONCE DU PRINCIPE

L'article 1315 du Code civil pose le principe selon lequel la charge de la preuve
pèse sur le demandeur. Il résulte que celui qui émet une prétention en justice doit
prouver les faits nécessaires au succès de sa prétention. Par exemple : celui qui
prétend être créancier d'une somme d'argent, doit prouver le contrat de prêt en
vertu duquel, il a remis au défendeur cette somme, ou le délit d'où résulte à son
profit une créance de réparation.

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Ainsi, celui qui réclame un changement à son profit dans une situation donnée doit
la preuve que ce changement est justifié. La paix sociale impose que les situations
qui existent soient maintenues que l'on n'a pas prouvé qu'il fallait les modifier.

B- LA CONSEQENCE DU PRINCIPE

Le défendeur n'a rien à prouver s'il se contente de critiquer les moyens de preuve
avancés par le demandeur. Mais si, pour échapper à la demande, le défendeur
invoque à son tour des prétentions, il devra en prouver le bien-fondé. Par exemple :
le demandeur ayant fait la preuve du contrat de prêt, le défendeur prétend qu’il a
remboursé la somme prêtée ; la preuve du remboursement lui incombe (C.civ. Art.
1315, al. 2.).

Le demandeur à la preuve n’est pas nécessairement le demandeur à l’instance ;


c'est celui qui allègue, au soutien d'une prétention, un fait contesté. S'il ne convainc
pas le juge et qu’un doute subsiste, il est débouté de sa prétention ; donc il supporte
le risque de la preuve.

II- LES DEROGATIONS : LES PRESOMPTIONS LEGALES

Les présomptions sont des hypothèses, des opérations permettant de déduire des
faits inconnus des faits connus. Par exemple : la présomption de paternité légitime
(Loi de 2019 relative à la filiation, art. 3) fait déduire, admettre que l'enfant né
d'une femme mariée a été procréé par le mari. Il existe deux catégories de
présomptions :

- les présomptions de fait : modes de preuve liées aux modes de preuve ;

- les présomptions légales opérant renversement de la charge de la preuve. Ces


présomptions légales ont leur rôle et leur fondement (A), et obéissent à un régime
(B).

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A- LE ROLE ET LE FONDEMENT DES PRESOMPTIONS LEGALES

Le rôle des présomptions légales est de donner l'existence à un fait qui peut parfois
être trop difficile à établir ; la loi dispense alors le demandeur de faire la preuve
directe du fait allégué et déduit l'existence de ce fait d'un autre élément plus facile à
prouver.

Les présomptions ainsi admises, reposent sur un fondement de probabilité et de


sécurité. La probabilité, c'est que dans le plus grand nombre de cas, lorsque tel fait
se produit, tel autre se produit. Par exemple : l'enfant né d'une femme mariée a
pour père le mari ; la paternité étant difficile à prouver, la loi présume la paternité
du mari (Loi de 2019 relative à la filiation, art. l, 2, 3).

La sécurité est destinée à garantir les droits d'une personne. Pour y parvenir, la loi
présume la responsabilité d'une autre personne.

Par exemple : le gardien de la chose qui a causé le dommage est à présumé


responsable, donc tenu d'indemniser la victime.

B- LE REGIME DES PRESOMPTIONS LÉGALES

Les présomptions légales sont en principe, simples. Par exception, elles sont
irréfragables.

Sont simples ou relatives, les présomptions qui peuvent être écartées par la preuve
contraire. Ainsi, celui auquel on oppose la présomption peut l'écarter en prouvant
qu'elle est fausse dans l'espèce considérée. Donc, la présomption simple est
susceptible de preuve contraire.

La preuve contraire peut être rapportée, soit par tous moyen, (par exemple : la
présomption de paternité légitime ; la présomption de communauté des biens
acquis par les époux pendant le mariage ; la présomption de bonne foi), soit par
certains moyens seulement (par exemple : la présomption de responsabilité du
gardien d'une chose ; la preuve contraire par la force majeure, ou le fait de la
victime ; la présomption de responsabilité des commettants pour les dommages
causés par leurs préposés ; la preuve contraire par la force majeure ; le fait de la
victime ou l'abus de ses fonctions par le préposé).

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Sont irréfragables ou absolues, celles des présomptions qui ne supportent pas la


preuve contraire. Par exemple : l’autorité de la chose jugée est présumée exacte.
Cette présomption est irréfragable, c'est-à-dire absolue.

En conséquence, l'on ne peut donc démontrer l'inexactitude de la chose jugée pour


établir que le juge s'est trompé. Il en va de même de la présomption de libération :
si le créancier remet volontairement à son débiteur, le titre constatant la créance, la
loi présume de façon irréfragable qu'il a été payé (C.civ., art. 1282). Autre
exemple : l'interposition de personne.

Certaines personnes sont frappées d’incapacité de recevoir des libéralités de la part


de certaines autres : c'est le cas du tuteur de la part du pupille ; la loi répute
irréfragable cette interposition. Ainsi, ces personnes sont interposées (celles
recevant faussement la donation pour en transmettre le bénéfice à celles qui ne
peuvent recevoir) les père et mère, descendants et époux de l'incapable (du tuteur).
La loi permet d'annuler la donation qui leur serait faite.

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DISSERTATION

Sujet : La distinction de la loi et du


règlement

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CORRECTION DU SUJET DE DISSERTATION

Sujet : La distinction de la loi et du règlement

INTRODUCTION

Il est des modes principaux et fréquents d'édiction de la règle de droit : la loi et les
règlements en sont les modèles d'illustrations. Règles de droit, la loi et le règlement
ont en commun de répondre aux caractères de généralité et d’impersonnalité. Aussi,
importe-t-il de déterminer l'existence de la distinction de la loi et du règlement (I),
en vue d’assurer au mieux la mise en œuvre de cette distinction (II).

I- L’EXISTENCE DE LA DISTINCTION DE LA LOI ET DU REGLEMENT

Deux critères servent à opérer et établir la distinction de la loi et du règlement :


d'une part, le critère formel ou organique (A), d'autre part, le critère matériel ou
fonctionnel (B).

A- LE CRITERE FORMEL OU ORGANIQUE DE LA DISTINCTION

Le recours au critère formel ou organique permet d'attribuer l’édiction de chacune


des deux normes à un organe spécifique : la loi à l’organe Législatif, le règlement à
l’organe Exécutif.

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1. La loi est l'œuvre du Législatif

La loi est l'acte du législatif, c’est-à-dire de l'Assemblée nationale et du Sénat


(Constitution, art. 85). Il s'agit de la loi stricto sensu, définie comme l'œuvre du
pouvoir législatif, qui « vote la loi et consent l'impôt » (Constitution art. 93). En
cette qualité, le Parlement partage l'initiative concurrente des lois avec l'Exécutif
(Constitution, art. 74 al 1) pour le vote de la loi ordinaire, mais aussi pour les lois
constitutionnelles (Constitution art. 177), pour les lois organiques (Constitution
art. 102) et pour les lois de finances (Constitution, art. 111 et 112).

2. Le règlement est l'œuvre de l'Exécutif

Le règlement est l'œuvre de l'exécutif investi du pouvoir réglementaire au sein de


l'État. La Constitution donne une attribution du pouvoir réglementaire au Président
de la République, en faisant de lui, « le détenteur exclusif du pouvoir exécutif »
(Constitution art. 63).

Le pouvoir réglementaire est exercé par voie de décret. Il s'agit d'une norme
englobant l'ensemble des décisions du Pouvoir Exécutif, en l'occurrence du
Président de la République. On y distingue deux catégories essentielles : le décret
simple, pris de façon discrétionnaire par le Président de la République (exemple :
décret nommant le Premier Ministre), et le décret en Conseil des Ministres,
signé par le Président de la République après délibération en Conseil des Ministres
(exemple : décret de septembre 2003 nommant le Ministre de la défense et le
Ministre de la Sécurité : décret nommant les directeurs d’Administration
centrale).

Participant et contribuant à l'exercice du pouvoir exécutif, diverses autorités


peuvent également prendre des règlements. Il en est ainsi des Ministres dans
l'exercice de leurs attributions ministérielles, des Préfets dans l'exercice de leurs
fonctions au niveau du département, des maires dans leurs fonctions communales,
qui peuvent prendre des arrêtés réglementaires.

Distincts en la forme, la loi et le règlement le sont également dans la répartition de


leur domaine selon le critère matériel ou fonctionnel.

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B- LE CRITERE MATÉRIEL OU FONCTIONNEL DE LA DISTINCTION

Le critère matériel de la distinction de la loi et du règlement permet de fixer et de


circonscrire le domaine spécifique de chaque texte.

La répartition en est assurée par la Constitution elle-même, en ses articles 101 et


103.

1. L'article 101 de la Constitution attribue deux formes de compétences au


Législateur

D'une part « la loi fixe les règles » concernant certaines matières. D'autre part, « la
loi détermine les principes fondamentaux », concernant d’autres matières.

D’abord, « la loi fixe les règles... » concernant certaines matières ;

Ces matières sont identifiées et répertoriées. Il s’agit de celles pour lesquelles le


législateur à une compétence d'attribution. Ces matières, pour lesquelles le
législateur a une compétence absolue, sont expressément visées et précisées dans la
Constitution en son article 101.

Sont essentiellement visées : la citoyenneté, les libertés publiques, la nationalité,


l'état des personnes et leur capacité, la procédure d'harmonisation des coutumes et
de la Constitution, la procédure, l'infraction et la sanction pénale, l'organisation des
juridictions, le statut de la fonction publique, du corps préfectoral, diplomatique,
du personnel des collectivités locales, de la fonction militaire, des personnels de la
police nationale, le régime fiscal, le régime d'émission de la monnaie, le régime
électoral du Parlement et des Assemblées locales, la création des catégories
d’Établissements publics nationaux, l’état d’urgence.

Ensuite, « la loi détermine les principes fondamentaux...» concernant d'autres


matières. Pour ce second groupe de matières, la délégation de compétence est
implicitement opérée, dévolue au pouvoir réglementaire (Constitution art. 101 al.
2) pour préciser les détails et modalités d'application. Il s'agit donc d'un pouvoir
d'exécution des lois : soit que la loi elle-même prévoit que l'autorité exécutive
(réglementaire) prendra un décret pour compléter ses propres dispositions, soit que
l'autorité exécutive (réglementaire) prend un décret en vue de préciser les détails

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d'exécution des lois (Constitution art. 65 : « Le Président de la République


assure l'exécution des lois (...). Il prend des règlements applicables à
l'ensemble du territoire de la République ».

Sont essentiellement visées : l'organisation générale de l'administration,


l'enseignement supérieur et la recherche scientifique, l'organisation de la défense
nationale, la propriété, les obligations civiles et commerciales, le droit du travail,
l'aliénation et la gestion des biens de l'Etat, le transfert d'entreprise, la mutualité et
l'épargne, la protection de l'environnement, l'organisation de la production, le statut
des partis politiques, le régime des transports et des télécommunications.

Les deux formes de compétences énoncées au titre de l'article 101 de la


Constitution sont d'attribution. Elles précisent et réservent la compétence
exclusive du législateur, tandis que toutes autres matières non incluses dans la
compétence législative relèvent d'une clause générale de compétence réglementaire
au profit de l'exécutif (Constitution Art. 103).

2. L’article 103 énonce une clause générale de compétence réglementaire au


profit de l'Exécutif

Au contraire de la compétence législative déterminée de manière restrictive et


limitative par énumération constitutionnelle, la compétence exécutive ou
réglementaire est plus vaste, plus large, plus imprécise. Les termes en sont fixés
et précisés à l'art. 103 al. 1 : « Les matières autres que celles qui sont du
domaine de la loi, relèvent du domaine réglementaire » (Constitution art. 103
al. 1).

De cette disposition constitutionnelle, il résulte l'idée d'une détermination de la


nature du règlement, qui est indissociable de sa fonction. En ce sens, le règlement
apparaît distinct de la loi, qu'il s’agisse d'un règlement dérivé de la loi ou qu'il
s'agisse d’un règlement autonome de la loi.

D'abord, le règlement peut être un règlement dérivé de la loi. Lorsque la loi prévoit
pour son entrée en vigueur, un règlement d'application, le règlement est qualifié de
« règlement dérivé », ou « règlement d'application » de la loi. L’hypothèse est celle
où se conformant à la loi, qui lui est supérieure dans la hiérarchie des normes, le

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règlement est accessoire à la loi parce qu’il est un « règlement d'application de la


loi ». Il en a été ainsi avec la catégorie des décrets-lois, notamment applicables en
France jusqu'à la fin de la IVe République. Un tel règlement tend simplement à
expliciter les conditions d'application d'une loi : il intervient dans les matières pour
lesquelles la Constitution ne donne pas une compétence expresse à la loi. Toutefois,
il est des cas ou le règlement peut être autonome.

Ensuite, le règlement peut être un règlement autonome de la loi, c'est-à-dire un


règlement dont l'existence participe de l'admission et la reconnaissance d'un
domaine propre lié autant à la compétence de l'autorité d'édiction qu'au domaine de
son intervention. L'hypothèse est celle où l'Exécutif, exerçant le pouvoir
réglementaire, jouit d'une initiative découlant de la clause générale de compétence
prévue à l'article 103 al. 1 de la Constitution. Cette clause générale de
compétence investit l'Exécutif du pouvoir réglementaire lui permettant de recourir
à des règlements autonomes.

Les critères de distinction font apparaître une présentation des matières en quatre
(04) domaines de compétences : d'abord, certaines matières relèvent de la
compétence exclusive de la loi ; ensuite, d'autres ressortissent à la seule
compétence du règlement ; mais également, entre les deux catégories apparaît celle
des matières faisant l'objet d’un partage de compétence entre la loi et le règlement ;
enfin, en toute hypothèse, la définition des modalités d'application de la loi
incombe au seul Pouvoir Exécutif.

Ainsi, la loi étant distinctes et séparées du règlement, reste, en tenant compte de


leur spécificité à assurer la mise en œuvre de cette distinction.

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II- LA MISE EN ŒUVRE DE LA DISTINCTION DE LA LOI ET DU


REGLEMENT

Dans la mise en œuvre de la distinction de la loi et du règlement, il se présente un


intérêt indéniable se manifestant notamment par l'existence d'une protection
préventive ou a priori des domaines (A) qui s'oppose à l'absence de la protection
corrective ou a posteriori (B).

A- L'EXISTENCE D'UNE PROTECTION PREVENTIVE OU A PRIORI


DES DOMAINES

La protection préventive des domaines de la loi et du règlement existe. Elle est


assurée au profit de l’Exécutif et contre les empiètements du Législatif, et au profit
du Législatif contre l’Exécutif.

1. L'Exécutif est protégé contre les empiétements du Législatif dans trois (3)
cas

- L'irrecevabilité des propositions et amendements tendant à la diminution des


ressources publiques ou à l'aggravation d'une charge publique, sauf proposition de
recettes, économies équivalentes (Constitution, art. 107) ;

- Le pouvoir de l'Exécutif pour demander une seconde délibération de la loi votée


(Constitution art. 74 al. 4).

- La possibilité pour le Président de saisir le juge Constitutionnel en


inconstitutionnalité de toute loi nouvelle (contrôle obligatoire : pour les traités et
engagements internationaux avant leur ratification ; pour les lois organiques avant
sa promulgation (Constitution, art. 74 al. 2 et 3).

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2. Le Législatif est protégé contre les empiècements de l'Exécutif dans trois (3)
cas

- La possibilité qui est ouverte aux deux chambres du Parlement de faire contrôler
la constitutionnalité des traités et engagements internationaux avant leur
ratification (Constitution, art. 74 al. 2 et 3).

- La compétence du Président de l'Assemblée Nationale ou du sénat pour déférer la


loi organique nouvelle au contrôle de constitutionnalité avant sa promulgation
(Constitution, art. 134 al. 1).

- La possibilité au Président et membres de l'Assemblée Nationale ou du Sénat, à


tout groupe parlementaire, de recourir en inconstitutionnalité des lois ordinaires
avant leur promulgation (Constitution, art 134 al. 2).

B- L'ABSENCE D'UNE PROTECTION CORRECTIVE OU A


POSTERIORI DES DOMAINES

L'absence d'une protection a posteriori des domaines de la loi et du règlement


constitue à la fois une lacune dans la protection de leur distinction et une voie
ouverte aux empiètements de l'Exécutif sur le Législatif.

1. Une lacune dans la protection de la distinction de la loi et du règlement

Lorsque la loi nouvelle a été promulguée, en cas d'empiètement commis, plus


aucun recours n'est possible. La Constitution ivoirienne, ne comporte pas une
procédure de correction ou un mécanisme de délégalisation applicable à la loi
contraire à la Constitution. Donc, elle reste en vigueur.

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2. Une voie ouverte aux empiètements de l’Exécutif sur le Législatif

De ce point de vue, il est à craindre que l'Exécutif, prenant de court les


parlementaires, ne promulgue trop hâtivement une loi que les représentants du
peuple s’apprêtaient à déférer à la censure du juge constitutionnel. L'illustration de
cette hypothèse a déjà été donnée en France, en 1997, dans une décision du Conseil
Constitutionnel relatif à la réforme du service national.

En l'absence d'un mécanisme correcteur de cette lacune en droit ivoirien, pour


sortir de cette impasse, l'issue reste l’hypothèse d'une loi nouvelle venant abroger
la précédente.

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AUTRE PLAN POSSIBLE POUR LE MEME SUJET :

INTRODUCTION

Ainsi, la détermination des domaines de la loi et du règlement (I) est une première
étape de distinction qui conduit à assurer la protection des domaines de la loi et du
règlement (II).

I- LA DETERMINATION DES DOMAINES DE LA LOI ET DU


REGLEMENT

A- LES CRITERES DE LA DISTINCTION

B- LES AMENAGEMENTS DE LA DISTINCTION

II- LA PROTECTION DES DOMAINES DE LA LOI ET DU REGLEMENT

A- LA PROTECTION DE L'EXECUTIF CONTRE LE LEGISLATIF

B- LA PROTECTION DU LEGISLATIF CONTRE L’EXECUTIF

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DISSERTATION

SUJET : Que valent les distinctions


opposant le droit privé au droit civil ?

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CORRECTION DE LA DISSERTATION

INTRODUCTION

Au sein du droit objectif identifié comme un ensemble de règles destiné à régir les
conduites humaines, une distinction est opérée conduisant à admettre l'existence de
deux blocs homogènes : d'une part, le droit interne ; d'autre part, le droit
international. Ces deux ensembles eux-mêmes reposent sur l'opposition du droit
prive et le droit public.

Ces diverses distinctions dont le contenu conduit à un regroupement conséquent


des branches du droit ne sont pas sans poser problème, dans la mesure où la
pratique et le commerce juridique révèlent qu'elles ne sont pas étanches. En effet,
bien que commodes, ces distinctions sont à nuancer, notamment s'agissant de leurs
imperfections ou imprécisions.

Sans doute, permettent-elles de mieux apprécier l'étendue de la matière. Toutefois,


à l'analyse, elles apparaissent être des distinctions fondées, mais relatives (I) qui,
pour la clarté qu'elles introduisent dans l'approche, présentent un certain intérêt (II).

I- DES DISTINCTIONS FONDEES MAIS RELATIVES

Au regard des nuances notables introduites dans la matière qu'elles éclairent, les
distinctions sont fondées (A). Toutefois, des différences notoires leurs échappent.
Aussi apparaissent-elles comme des distinctions relatives (B).

A- DES DISTINCTIONS FONDEES

Trois différences essentielles entre le droit privé et le droit public servent de


fondement aux distinctions du droit. Il s'agit notamment de la finalité, le caractère,
la sanction.

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1. La finalité

Au regard de la finalité du droit, les distinctions opérées se trouvent pleinement


justifiées. En effet, le but du droit privé est la satisfaction des intérêts individuels,
tandis que le but du droit public est la satisfaction de l’intérêt général.

En conséquence, il y a lieu de ne point les confondre. Les distinctions opérées


permettent, tout en déterminant les deux domaines de définition où se trouve
consignée la recherche de finalité, de mettre en exergue leur complémentarité,
aussi bien que leur caractère.

2. Le caractère

Le caractère spécifique de chaque droit, dans la distinction droit privé-droit public,


est révélateur de particularités justifiant la séparation des matières. Chacun des
domaines du droit interne, porte la marque de ce caractère s'affichant avec des
nuances spécifiques.

Le droit public est impératif. Régissant les personnes et les choses dans l'espace
étatique et dans un temps déterminé, il a vocation à s’imposer à tous (erga omnes).
Aussi, la règle de droit public s'applique-t-elle sans dérogation à toutes les
personnes qui en sont les destinataires.

Il en est ainsi de la loi comme modèle de la règle de droit.

Le droit privé est libéral. Même s'il trouve sa source première dans le droit édicté
par les autorités habilitées au sein de l'État, il guide les volontés particulières en
laissant une certaine liberté aux individus impliqués dans les relations de droit et le
commerce juridique. Aussi, la convention de droit privé, par exemple celle établie
par le contrat (Code civil, art. 1101) ne s'applique en priorité que dans les relations
de personnes que lie la situation de droit privé. Il en est ainsi du droit qui lie
l'employé à l'employeur, le fournisseur au commerçant, le client au vendeur.

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3. La sanction

La sanction, quelque soit le domaine de droit dans lequel elle intervient, affiche
certaines particularités qui imposent de dissocier et distinguer le droit public et le
droit privé.

Le procès de droit public, lorsqu’il oppose l'État à des personnes privées, fait peser
une certaine inégalité des parties au profit de l’État. En effet, l'intérêt général dont
la puissance publique assure la protection prime les intérêts privés particuliers.
Aussi, la puissance publique, bénéficiant de certains privilèges (par exemple :
privilège du préalable ; exécution forcée ; recours à la force publique...),
s'appliquera difficilement à elle-même la sanction.

Les procès de droit privé, opposant en général des particuliers, les placent dans les
rapports d'égalité, et la sanction des situations conflictuelles ou litigieuses résulte
d'une décision juridictionnelle. C’est le juge qui, disant le droit, tranche le litige en
précisant les sanctions qui résultent du cas d’espèce pour l'une ou l'autre des parties
au procès.

B- DES DISTINCTIONS RELATIVES

Les distinctions du droit demeurent relatives au regard des disciplines mixtes, du


droit processuel, et de l'interférence dans leur application du droit privé et du droit
public.

1. Les disciplines mixtes

Les disciplines mixtes sont diverses. À titre d'illustration, retenons le droit pénal et
le droit international privé.

- Le droit pénal : Le droit pénal peut être défini comme l'ensemble des règles
relatives aux comportements consécutifs d'infractions et aux sanctions applicables
à leurs auteurs, coauteurs ou complices. Or, les questions qui se posent à propos du
droit pénal sont de deux ordres.

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D'abord, le droit pénal ainsi défini relève-t-il du droit public ? À la question posée,
la réponse semble affirmative. En effet, le droit de punir appartient à la société ; il
est exercé en son nom par l’État, puissance publique, qui dispose du monopole de
la contrainte et de la maîtrise de la sanction. Ensuite, s'agit-il du droit privé ?

À la question posée, la réponse semble affirmative. En effet, le droit pénal protège


les individus dans leur vie et dans leur propriété. La protection et la reconnaissance
d'une vie sécurisée relèvent d'une sanction des droits privés. Cette sanction sera
appliquée par le juge de droit privé, en l'occurrence, les juridictions répressives.

- Le droit international privé : Dans la mesure où se pose également le problème


de la distinction entre droit public et droit privé, le droit international privé apparaît
comme un droit mixte.

En effet, il relève du droit public en ce qui concerne la nationalité et la condition


des étrangers. Simultanément, il relève du droit privé s'agissant du règlement des
problèmes de conflit de lois. De sorte que certains auteurs (Y. Loussouarn et P.
Bourel, Précis Dalloz, n° 61 ; et Joe Verhoven, « Droit international privé et droit
international public : où est la différence ? », in Archives de Philosophie du Droit,
Tome XXXII, 1987, p. 23 s) ont pu, à juste titre, suggérer plutôt qu’une discipline
mixte, qu’il en soit fait « une branche autonome du droit ».

Le droit processuel

Sous le vocable de droit processuel, organisant la justice et son fonctionnement, à


travers la procédure civile, la procédure pénale et administrative, a un objet double :
d'une part, définir les différents organes de la justice, ainsi que leur organisation et
compétence ; d'autre part, régler le déroulement des procès devant les juridictions.

Le problème est d'un intérêt réel en Côte d'Ivoire où il y a unité de procédure, à


l'exception des affaires pénales, et unité de Code, en l'occurrence : le Code de
Procédure civile, Commerciale et Administrative (Loi n° 72-833 du 21 décembre
1972, modifiée par Loi n° 97-516 du 29 août 1997 et Loi n° 97-517 du 04
septembre 1997). Ainsi, la procédure civile et administrative de plein contentieux
est accusatoire : elle relève de la maîtrise des parties. Au contraire, la procédure
pénale est inquisitoire : c'est l'État, représenté par le Ministère public, qui est

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maître du procès. La procédure civile pose un problème d’appartenance à l'un ou


l'autre des domaines du droit public interne.

Les questions soulevées à propos du droit pénal se posent également au regard de


la procédure civile.

D'abord, s'agit-il du droit public ? À la question posée, la réponse semble


affirmative. En effet, la justice, rendue par des fonctionnaires, représente un
service public de l’État. Elle est destinée à faire régner la paix et la sécurité. Pour
la réalisation effective de cette fin, les jugements, revêtus de la formule «
exécutoire », conduisent en cas de besoin à l'emploi de la force publique. Ensuite,
s’agit-il du droit privé ? À la question posée, la réponse semble affirmative. En
effet, la plupart des litiges intervenants entre les personnes privées sont résolus en
application du droit privé. C'est ce droit qui assure la protection et la sanction des
droits individuels.

3. L'interférence du droit public et du droit privé

Malgré les distinctions commodes circonscrivant les domaines du droit public et du


droit privé, le commerce juridique connaît un certain enchevêtrement des « espaces
juridiques ». Il existe un développement de l'application du public aux situations de
droit privé et, en sens inverse, une application du droit privé aux situations de droit
public.

a- L'application du droit public aux situations de droit privé

Pour assurer le succès d'une politique dans les relations privées, l'État peut décider
de l'application du droit public dans les situations qui normalement relèvent du
droit privé. Il en est ainsi, par exemple dans les politiques publiques de solutions
proposées à la crise du logement, ou de la protection du consommateur.

De même, la mise en place des législations impératives dans divers secteurs privés
de l'activité économique nécessite une telle extension du droit public aux situations
de droit privé. Il en est ainsi par exemple en matière de loyers, de construction,
d'assurance, de banque, d'emploi, où prédomine des textes excluant en général

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toute dérogation. Cette application du droit public aux situations de droit privé
n'exclut pas, en sens inverse, une application du droit privé aux situations de droit
public.

b- L'application du droit privé aux situations de droit public

Parallèlement à l'invention de l'ordre public par le droit privé, il existe de multiples


occasions où les prérogatives de la puissance publique sont souvent écartées au
profit d'une large application du droit privé aux activités de l’État. Diverses raisons
permettent d’expliquer ce phénomène. Deux peuvent être retenues et évoquées.

- La première raison, c'est que l'État lui-même intervient directement dans


l’activité économique. Ainsi, par les privatisations, l'État devient commerçant ; par
l'immobilier, l'État devient entrepreneur ; par la Caisse Autonome d'Amortissement
et le Trésor, l’État est un banquier ; par Air ivoire, l'État est transporteur.

- La deuxième raison, c'est que dans ses diverses activités, l'État intervient comme
un opérateur concurrent de l'initiative privée : il sera alors soumis au droit privé. Il
ne peut donc revêtir ses prérogatives de puissance publique. Bien au contraire, il se
place sous l'empire du droit privé, comme les autres opérateurs, pour des raisons
d'efficacité.

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II- DES DISTINCTIONS PRÉSENTANT UN CERTAIN INTERET

Malgré les imperfections s'attachant aux distinctions, celle-ci conservent un certain


intérêt dont l'existence tient à deux manifestations en droit positif, s'agissant des
ordres de juridictions (A), et s'agissant du droit applicable (B).

A- L'INTERET AU REGARD DES ORDRES DE JURIDICTIONS

L'intérêt des distinctions opérées dans le droit varie selon que le système
juridictionnel est dualiste ou moniste.

1. L'intérêt dans le système juridictionnel dualiste

Dans le système de la dualité de juridictions, la distinction est faite entre les


juridictions administratives et les juridictions judiciaires. Les juridictions
administratives, avec au sommet, le Conseil d'État, connaissent des litiges
intéressants des collectivités publiques et appliquent le droit public.

Les juridictions judiciaires, avec au sommet, la Cour de cassation, connaissent des


litiges entre particuliers et appliquent le droit privé. La compétence suit le fond du
litige. Il en est ainsi par exemple dans le système juridictionnel dualiste de la
France, au contraire du système moniste.

2. L'intérêt dans le système juridictionnel moniste

Dans le système de l'unité de juridictions, le même juge est compétent pour toutes
les affaires, sauf devant la Cour Suprême organisée en différentes chambres
spécialisées. Ainsi, dans l'unité de juridiction, le juge de l'action est le juge de
l'exception. Il en est ainsi dans le système moniste en vigueur en Côte d'Ivoire de
1960 à nos jours.

Toutefois, la Constitution du 08 novembre 2016, en son art. 143 dispose : « La


justice est rendue sur toute l’étendue du territoire national, au nom du peuple
ivoirien, par la Cour de Cassation, le Conseil d’Etat, la Cour des Comptes, les

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Cours d’appel, les tribunaux de Première instance, les tribunaux administratifs et


les Chambres régionales des Comptes».

Le constituant de 2016 en son article 102, semble marquer son option en faveur
d'un dualisme juridictionnel pour l'avenir. Mais, à ce jour, le système du monisme
juridictionnel reste en vigueur.

B- L'INTERET AU REGARD DU DROIT APPLICABLE

Les distinctions du droit présentent un intérêt pour le droit applicable. Elles


permettent la mise en jeu, pour chaque domaine du droit de règles spécifiques.
Cette spécificité n'exclut l'existence d'un certain particularisme, notamment celui
du droit administratif.

1. Les règles spécifiques

Divers domaines du droit positif se rattachent soit au droit public, soit au droit
privé. Il y a lieu de les distinguer. Ainsi, relèvent des règles de droit public les
matières touchant au droit constitutionnel, au droit administratif, aux finances
publiques, au droit international public ; et sont du ressort des règles de droit privé
les problèmes des droits de la personne, de la famille, de la succession, de
responsabilité civile.

2. Le particularisme des règles du droit administratif

Il y a toujours un particularisme des règles du droit administratif, même quand


elles s'inspirent d'une technique de droit privé. Il en est ainsi en matière de
propriété des biens de l'État, de contrat administratif, de responsabilité de la
puissance publique, d'action en justice.

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DISSERTATION

SUJET : La coutume est-elle une


source du droit ivoirien ?

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CORRECTION DE LA DISSERTATION

INTRODUCTION

La coutume est la source originaire du droit. L'ancien droit est un droit coutumier.
Ce n'est pas propre au droit africain ou ivoirien. L'ancien droit français était
d'abord un droit coutumier, qui a ensuite été codifié.

La coutume peut être définie comme une règle de droit née d'un usage prolongé et
peu à peu considéré comme obligatoire. Tout usage n'est pas une coutume. En
conséquence, la réponse à la question, « la coutume est-elle une source du droit
ivoirien ? », implique que soit déterminée la place de la coutume dans le droit (I) et
préciser sa fonction au sein du droit (II).

I- LA PLACE DE LA COUTUME

La coutume est la règle de droit établie par l'usage et conservée par la tradition
orale. Cette tradition orale était investie de toute autorité dans la société africaine
précoloniale. De même, l'ancien droit français était coutumier. C'est avec la
Révolution de 1789 que la coutume a commencé à régresser, pour laisser place, à
partir de 1804, au droit écrit avec la publication du Code Civil.

En conséquence, la coutume n'aura plus qu'un rôle résiduel. Cette place résiduelle
est également celle faite à la coutume dans le droit ivoirien post-colonial. La
coutume répond à une définition (A), et repose sur certains caractères (B), qui en
consacrent la valeur (C).

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A- LA DEFINITION DE LA COUTUME

La définition de la coutume tient compte de la présence d'un élément matériel et


d'un élément psychologique.

1. L'élément matériel de la coutume

C'est le comportement habituel, marqué par le rituel social ou la pratique constante


qui crée, par l'usage, la coutume. Le plus souvent l'obéissance à la coutume se fait
spontanément, naturellement. Chaque individu vivant comme avaient vécu ses
ancêtres et craignant une intervention surnaturelle s'il venait à déroger à ces règles
de conduite, le respect de cette façon de faire devient le comportement, qui parfois
s'impose dès la prime enfance.

Ainsi, l'élément matériel de la coutume se trouve dans tous les usages. C'est la
répétition d'un comportement, d'un type de conduite pendant un certain temps, et
de façon constante qui crée la coutume. À la production de cet élément matériel de
la coutume s'ajoute l'élément psychologique.

2. L'élément psychologique

Pour qu'il y ait coutume l'usage doit être perçu comme un comportement
obligatoire par l'opinion commune (opinio juris). Il s'agit de l'idée établie, au point
qu'elle est devenue cette conviction d'agir en vertu d'une règle. C'est cette
conviction de se conformer à la règle qui distingue la coutume des autres usages.
Par exemple : il est d'usage que la femme porte le nom du mari. C'est un fait social
non une règle de droit (cet usage n'est pas ressenti comme obligatoire).

Ainsi, la conduite ou le comportement adopté et répété est considéré de façon


générale comme obligatoire. En ce qui concerne le droit coutumier africain, ce
sentiment a toujours un fondement religieux puisqu'il s’agit d'une obligation liée
aux usages des ancêtres. Toutefois, les coutumes africaines sont multiples. Il existe
des coutumes propres à chaque ethnique, et même propre à chaque tribu. Il y en a
donc des milliers.

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Une très grande diversité de coutume apparaît. Mais, malgré cette diversité, il
semble possible de dégager de toutes ces coutumes un certain nombre de traits
communs à tous les systèmes coutumiers, une similitude et d'affirmer par
conséquent que toutes les coutumes africaines constituent une même famille de
droit. La coutume étant admise, reste à en préciser les caractères.

B- LES CARACTÈRES DE LA COUTUME

Beaucoup de règles de conduite sociale (usages mondains, de politesse...), même


couramment suivies, ne sont pas des coutumes.

La coutume, source du droit objectif, à divers caractères. Ces caractères peuvent


être regroupés en quatre (4) : la coutume doit être ancienne, constante, générale,
obligatoire.

1. La coutume ancienne

La coutume doit être ancienne : son existence s'inscrit dans la durée. Il faut une
certaine répétition dans le temps pour que le fait ou l'usage devienne coutume : «
une fois n'est pas coutume ».

2. La coutume constante

La coutume est constante ou doit l'être. Elle doit être régulièrement suivie,
s'imposer à tous avec la force de l'habitude. Faute de cette constance et de cette
habitude, elle perd la répétition qui la fait admettre comme règle de droit.

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3. La coutume générale

La coutume, parce qu'elle est formée à partir de pratiques ou d'usages communs ou


admis par tous, doit être le plus largement répandue dans un milieu professionnel
ou une localité.

4. La coutume obligatoire

Pourquoi la coutume est-elle une règle dont le respect s'impose ?

Pour y répondre, il faudra se demander comment naissent les coutumes. La


coutume étant une règle de droit qui se forme par les usages, quand un usage est
devenu suffisamment constant et régulier, on en vient alors à considérer que son
respect est absolument obligatoire.

Mais, tous les usages ne sont pas des coutumes, c'est-à-dire, des règles de droit. On
trouve dans les usages des règles de politesse, des usages mondains. Par exemple :
la pratique du pourboire est un usage dans certains pays. Et pourtant, ce n'est
certainement pas une règle de droit. Lorsqu’un usage est reconnu comme
coutume, quelle en est la valeur ?

C- LA VALEUR DE LA COUTUME

La coutume, comme source du droit, est à la fois une source nécessaire et une
source aléatoire.

1. La coutume une source nécessaire du droit

La coutume est nécessaire : elle est de toutes les civilisations. Jusqu'à la


colonisation, l’Afrique au sud du Sahara et Madagascar ont connu un droit presque
uniquement coutumier. Certes, il existe parfois un véritable législateur, c'est-à-dire,
une autorité (chef ou assemblée selon les mœurs), autorité compétente pour
édicter des règles de droit.

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Mais, ces "LOIS" n'avaient pas de supports écrits. Il n'y avait que des lois orales,
qui se rapprochaient de la coutume. Exceptionnellement, on trouvait une
législation écrite, comme ce fut le cas à Madagascar.

Dans un tel système, il faut souligner le rôle important joué par les chefs et les
anciens, dépositaires de la tradition orale et chargés d’appliquer les coutumes. En
ce sens, le droit coutumier africain n'est pas un droit figé, immuable ; c'est au
contraire un droit en évolution perpétuelle.

2. La coutume source aléatoire du droit

La coutume est-elle une source aléatoire du droit ? Question mal posée, car, loi
et coutume correspondent à des systèmes juridiques différents. On ne saurait en
effet, démontré la supériorité de l'une par rapport à l'autre. De même, que l'on ne
peut comparer deux cultures, de même, il ne convient pas de chercher à mettre une
sorte de hiérarchie entre loi et coutume. Le droit international donne l'exemple de
l'égalité de rang entre la loi et la coutume, bien que la loi soit plus précise.

La difficulté de connaissance de la coutume est liée tant à la diversité qu'à son


caractère oral. Elle tient également au vocabulaire juridique moderne, qui est très
mal adapte au droit coutumier.

Des coutumiers (ou Recueils) ont été rédigés sous la colonisation, mais en nombre
limité : 150 environ ; et de valeur très l'égale. La moitié seulement de ces
coutumiers a été publiée. Plus intéressants pour connaître et comprendre ces
coutumes sont les ouvrages récents des ethnologues.

La coutume et la loi présentent, malgré tout certains inconvénients et des avantages.


Les inconvénients majeurs de la coutume sont l'imprécision et l'incertitude, qui en
rendent la connaissance difficile et l'application variante. Par contre, la coutume
présente l'avantage d'être toujours bien adaptée au milieu social qu'elle régit. On dit
souvent que la coutume "colle" à la vie, ce qui lui permet d'évoluer en même temps
que les mœurs.

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Certes, la loi est plus précise, et présente plus de certitude que la coutume. Mais,
elle ne colle pas avec les exigences de la vie au quotidien, parce qu'elle n’est pas
toujours dotée d'efficacité.

Il reste que, dans un ensemble où l'évolution s'accélère sans cesse, dans un


environnement qui fait l'objet de transformation à la fois très rapide et très
profonde et où l'on ressent d'autant plus la nécessité d’une grande sécurité juridique,
la coutume est malheureusement totalement inadaptée, et elle est forcément
supplantée par le droit écrit, il reste toutefois que, en droit international public, la
coutume joue un rôle notable. Cette permanence comme source est toujours
assurée, parce que le droit reconnaît et donne à la coutume une fonction.

II- LA FONCTION DE LA COUTUME

Le rôle de la coutume est secondaire dans les sources du droit, parce que la source
principale du droit est la loi, c'est-à-dire le droit écrit. C'est donc par rapport à la loi
que se définit le rôle actuel de la coutume. Conçue en référence à la loi, la coutume
remplie une fonction variée : d’abord, une fonction de coutume selon la loi (A) ;
ensuite, une fonction de coutume sans la loi (B) ; enfin une fonction de coutume
contre la loi (C).

A- UN ROLE DE LA COUTUME SELON LA LOI : LA COUTUME


SECUNDUM LEGEM

La coutume selon la loi ou coutume secundum legem répond à une définition et est
circonscrite dans un domaine spécifique dont peuvent être données quelques
illustrations.

1. La définition de la coutume secundum legem

Dans la coutume secundum legem, c'est la loi, source principale du droit, qui elle-
même renvoie à la coutume. Ainsi, dans certaines hypothèses, des règles de nature

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coutumière, des usages, peuvent s'appliquer en vertu d'une prescription formelle


des autorités habilitées, en espèce : le législateur ou l'autorité réglementaire.

En conséquence, la coutume se trouve investie d'une pleine existence, car c'est par
une délégation expresse que l'usage acquiert force obligatoire.

2. Les illustrations de la coutume secundum legem

Quelques illustrations de cette hypothèse peuvent être données. Premier exemple :


dans les usages locaux relatifs à la propriété foncière, et notamment pour
l'utilisation des eaux, des clôtures, les distances à observer pour les plantations, il
existe des coutumes prenant appui et référence sur les dispositions légales (par
exemple : C. civ, art. 645, 663, 671 et 674).

Deuxième exemple : en matière d'usages conventionnels, pour compléter les


contrats, il est fait référence aux pratiques habituellement suivies dans telle
profession ou telle région, par exemple, pour les frais de la vente (C. civ, Art.
1135, 1159 et 1160).

B- UN ROLE DE COUTUME SUPPLETIVE A LA LOI : LA COUTUME


PRAETER LEGEM

La coutume supplétive à la loi est celle qui prend la place d'une loi là où la loi
n'existe pas, là où il y a silence de la loi. Il s'agit aussi d’une coutume sans la loi.
Elle répond d'une définition et se trouve circonscrite dans un domaine qui lui est
propre.

1. La définition de la coutume praeter legem

La coutume dans le silence de la loi peut être définie comme celle qui s'impose
lorsque la loi fait défaut ou que ses dispositions font défaut s'agissant d'une
solution à préciser. Un tel rôle de la coutume a été pendant longtemps contesté, en
raison du fait que, dans le droit constitutionnel classique, c'est le Parlement
Législateur qui est dépositaire de la souveraineté nationale.

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En conséquence de cette mission à lui dévolue, se trouve exclue toute autre


possibilité de création directe de droit sans autorisation du Parlement sans renvoi à
la loi.

Bien qu'elle soit en partie vraie, cette idée mérite d'être nuancée. En effet, si le
monopole du Législateur est incontestable en matière d’édiction de la loi, c'est en
revanche la loi elle-même qui investit d'autres autorités du pouvoir d'édicter des
règles : par exemple, le pouvoir réglementaire. De sorte que rien ne semble
s'opposer à ce que la coutume à laquelle la loi elle-même reconnaît compétence
dans de nombreux cas, puisse intervenir sans autorisation directe du législateur
pour suppléer aux lacunes du droit.

Ainsi, la coutume praeter legem vient combler une lacune : elle règle une situation
que la loi n'a pas prévue.

2. Le domaine de la coutume praeter legem

Alors que le droit international public donne à la coutume la place d’une source du
droit de valeur égal aux traités (Statut de la Cour Internationale de Justice, art
38), la coutume n'a pas une telle importance dans le droit interne. La raison en est
que les questions qui soulèvent des conflits importants sont tranchées par une loi
en la matière ou par voie jurisprudentielle avant que ne puisse se former la solution
coutumière.

Il reste malgré tout un domaine, même réduit, de la coutume praeter legem, qui
peut être identifié dans divers domaine du droit.

* En matière de droit civil, il y a peu de coutumes autonomes.

L’on peut toutefois relever quelques principaux exemples de coutume contra


legem, qui sont :

- celle en vertu de laquelle, tout au long du XIXè siècle en France, la coutume en


vertu de laquelle la femme portait le nom patronymique de son mari ;

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- celle en vertu de laquelle, au XIXè siècle en France, la preuve de la qualité


d'héritier était établie par une règle coutumière faite de procédés (actes de notoriété,
intitulés d'inventaire) avant d'être progressivement par les usages confiée à des
notaires ;

- celle en vertu de laquelle certains principes supérieurs de justice entrent dans la


coutume en droit (il en va ainsi des principes : fraus omnia corrumpit; error
communis facit veritas ; nemo censetur ignorare legem).

* En matière de droit commercial, il subsiste quelques exemples de coutume


praeter legem :

- celle en vertu de laquelle les quittances font foi de leurs dates par elles-mêmes
contrairement aux dispositions de l’art. 1328 du C.civ ;

- celle en vertu de laquelle la solidarité se présume entre codébiteurs contractuels,


contrairement aux dispositions de l'art. 1202 du C.civ ;

- celle relative à l'anatocisme et la capitalisation des intérêts, contrairement aux


dispositions de l'art. 1154 du C.civ ;

- celle faisant reculer le point de départ de la prescription des intérêts au jour de la


clôture du compte, contrairement à l'art. 2277 du C.civ ;

- en vertu de laquelle contrairement les intérêts trimestriels d'un compte courant


sont capitalisés.

C- UN ROLE DE COUTUME CONTRAIRE A LA LOI : LA COUTUME


CONTRA LEGEM

La coutume contraire à la loi ou contra legem est celle qui dispose contre la loi. La
question qui découle de cette situation est la suivante : la coutume contra legem
peut-elle valablement exister en droit ? Dans un État de droit écrit, la réponse
négative paraît a priori s'imposer. En réalité, la réponse à la question suggère une
discussion au fond sur le principe de l'exclusion, et de l'exception de l'admission de
la coutume contra legem.

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1. Le principe : l'exclusion de la coutume contra legem

La coutume contra legem peut être définie comme l'autorité d'une pratique devenue
coutume contre l'ordre de la loi qui serait implicitement ou explicitement contraire.
Un lien nécessaire existe entre la coutume contra legem et l'abrogation de la règle
de droit par désuétude.

Cette situation parait contradictoire, puisque par principe, aucun usage ne saurait
prévaloir contre le droit écrit, contre la loi. C’est la Constitution elle-même, norme
suprême, qui confère au Pouvoir Législatif et au Pouvoir Exécutif la mission
d'édicter des règles de droit.

Ces compétences respectives s'exercent en tenant compte de la nature des règles


que chaque autorité peut élaborer. En effet, si la compétence revient au Législatif
pour faire la loi (Constitution, art. 85 ; art. 93 ; art. 101, art 177), l'Exécutif,
bien que partageant l'initiative des lois ne dispose d’une compétence propre qu'en
matière d'édiction des règlements.

Toutefois, une différence existe selon que le problème se pose, sort à l'égard de la
loi impérative, soit à l’égard de la loi interprétative ou supplétive. L'existence de
coutume contra legem à l'égard de la loi impérative ne saurait être admise. La loi
impérative est par nature d'ordre public : elle exclut la coutume contraire. En
revanche, la réponse peut être plus mesurée s'agissant de la loi interprétative ou
supplétive qui peut par exception faire admettre des cas de coutume contra legem.

2. L'exception : l'admission de la coutume contra legem

Bien que le droit écrit pose le principe de l'exclusion de la coutume contra legem, il
existe des hypothèses où la pratique prend le pas sur le droit écrit. Par exemple :
malgré l’exigence d'un acte d’enregistrement pour la validité des donations (loi n°
2020-669 du 10 septembre 2020, relative aux libéralités, art 30), la donation
réalisée par le transfert d'une chose mobilière de la main à la main, est reconnue, et
même validée par les tribunaux.

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La question se poserait de savoir si la validité du don manuel ou de la donation est


plus une règle de nature jurisprudentielle qu'une pratique née entre les personnes
engagées dans l'opération. En toute hypothèse, il s'agit d'une pratique admise
contre la règle édictée par le Code civil. Cette reconnaissance est, en grande partie,
due à l'œuvre de la jurisprudence.

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DISSERTATION

SUJET : La jurisprudence est-elle une


source du droit ivoirien ?

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CORRECTION DE LA DISSERTATION

Dans l'État de droit où la Constitution est la source suprême du droit et la loi sa


source principale, la place et le rôle du juge tiennent essentiellement à l'application
du droit, c'est-à-dire de la législation ainsi produite. La question posée : « La
jurisprudence est-elle une source du droit ivoirien ? »

Parait relever de ces prémisses relevant de la séparation constitutionnelle des


pouvoirs. En effet, la jurisprudence est, au sens large, l'ensemble des décisions
rendues par les Cours et Tribunaux. Au sens étroit, l'ensemble des décisions
rendues par les juges sur une question de droit (par exemple : la jurisprudence sur
la responsabilité du vendeur professionnel ; la jurisprudence en matière de
responsabilité hospitalière et médicale...).

Ainsi définie, la jurisprudence présente un très grand intérêt pour l'étude des
sources du droit. En effet, bien que le juge ne soit pas formellement une autorité
d'édiction de la règle de droit, son rôle normateur n'en est pas moins réel. La
création de la règle de droit par les juges paraît, a priori, contraire au principe de la
séparation des pouvoirs.

Pourtant, l'interprétation de la loi par le juge rend sa fonction normative nécessaire,


malgré les obstacles théoriques à la reconnaissance de la jurisprudence comme une
source du droit (I), des raisons pratiques conduisent à une telle reconnaissance (II).

II- LES OBSTACLES THEHORIQUES A LA RECONNAISSANCE DE LA


JURISPRUDENCE COMME SOURCE DE DROIT

Les obstacles théoriques à la reconnaissance de la jurisprudence comme source du


droit sont nombreux. Ils peuvent être regroupes en deux axes tenant d’une part, à la
prohibition des arrêts de règlement (A) ; d'autre part, à l'autorité relative de la
chose jugée (B).

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A- LA PROHIBITION DES ARRETS DE REGLEMENT

Le principe de la séparation des pouvoirs interdit les arrêts de règlement. Dans


l'État de droit où les pouvoirs sont sépares en trois, faire la règle de droit et en
l'occurrence, la loi, relève de la compétence du législateur, tandis que le juge est
chargé d'appliquer la loi.

La séparation entre le judiciaire et législatif constitue le premier obstacle décisif à


la reconnaissance formelle de la jurisprudence comme source du droit. L’argument
en est tiré de l'article 5 du Code civil, qui dispose : « Il est défendu aux juges de
prononcer par voie de disposition générale et réglementaire sur les causes qui leur
sont soumises ».

Ce texte interdit formellement au juge d'annoncer que, dans les litiges qui lui sont
soumis, il rendra toujours telle décision. En d'autres termes, il ne peut élaborer une
règle de droit, et rendre des arrêts de règlement.

Le fondement est inscrit dans la réaction du Code civil contre la pratique des arrêts
de règlement. Dans les arrêts rendus par les Parlements sous l'Ancien Régime, et
décidant que désormais telle question serait tranchée dans tel sens, le Parlements
agissaient, en fait, comme un législateur. C'est contre cette pratique que le
constituant a réagi en cantonnant l'action du juge à la seule application de la loi.

B- L'AUTORITE RELATIVE DE LA CHOSE JUGEE

L'autorité de la chose jugée, notion générale investissant la décision


juridictionnelle de la force de vérité légale conserve dans le droit positif une
relativité. Il résulte de l’article 1351 du Code civil que « L'autorité de la chose
jugée n’a lieu qu’à l'égard de ce qui a fait l'objet du jugement ».

L'explication de la notion d'autorité de la chose jugée permet de mieux comprendre


cette relativité de la chose jugée.

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1. La notion d'autorité de chose jugée

L'autorité de chose jugée est la force qui s’attache à la décision rendue par un juge.
Elle suppose que le litige soumis au juge soit tranché définitivement. Les voies de
recours étant épuisées et les délais de recours possibles expirés, la solution devient
immuable. Ainsi, la chose jugée est tenue pour vérité légale : elle acquiert autorité
de chose jugée.

Le fondement de l’autorité de la chose jugée découlent de la nécessité de mettre un


terme aux litiges, tout en évitant que puissent se produire des contrariétés de
jugement.

La portée est d'interdire de recommencer un procès exactement identique au


précédent, c'est-à-dire opposant les mêmes parties, sur le même objet et pour la
même cause (C.civ., art. 1351).

Bien que reconnue, cette autorité de chose jugée est toute relative.

2. La relativité de l'autorité de chose jugée

L'autorité de la chose jugée est relative. En effet, la solution donnée par un


jugement ne vaut que pour l'espèce jugée. Elle ne s'impose ni au même juge dans
une espèce semblable, ni aux autres juges, non plus qu'aux autres justiciables. C'est
en cela qu'apparaît la relativité de la chose jugée.

En conséquence, deux juges peuvent interpréter différemment une même règle de


droit et un même tribunal peut se déjuger, car les juges ne sont pas liés par les
décisions antérieures rendues par eux-mêmes ou par d'autres juridictions, même les
juridictions supérieures.

Ainsi, il n'existe que des décisions individuelles, auxquelles s'attache l'autorité de


la chose jugée. Cette autorité s'attachant à la chose jugée peut-elle éclairer les
raisons pratiques de la reconnaissance de la jurisprudence comme source de droit ?

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II- LES RAISONS PRATIQUES DE LA RECONNAISSANCE DE LA


JURISPRUDENCE COMME SOURCE DE DROIT

Diverses explications pratiques peuvent être données à la fonction normative de la


jurisprudence : d'une part, l'interprétation est créatrice (A), d'autre part, le juge à
l'obligation de juger (B).

A- L'INTERPRETATION DE LA LOI EST CREATRICE

L'interprétation de la règle de droit est créatrice. L'application que le juge fait de la


loi, ou de la règle de droit, règle générale, à un cas particulier, suppose une
adaptation. Elle n'advient que par le jeu de l'interprétation, qui ajoute du droit à la
règle de droit interprétée.

L'interprétation est créatrice à un triple point de vue : elle vise à préciser, la règle
de droit ; elle contribue à compléter la règle de droit ; elle permet d'adapter la règle
de droit aux faits.

D’abord, l’interprétation est créatrice parce qu'elle vient préciser le sens de la règle
de droit. Elle se manifeste alors dans trois hypothèses : la première, c’est lorsque le
juge pour appliquer la loi, doit en préciser le contenu dès lors que la loi ne définit
pas un terme —par exemple : le terme « substance » (C.civil, art. 1110) ; la
deuxième, c'est lorsque la loi utilise littéralement une notion vague par exemple : la
notion d'« ordre public » (C.civ, art. 6), ou celle de « faute » (C.civ., art 1382) ; la
troisième, c'est quand le sens de la loi n'apparaît pas à l'évidence et qu'il faut que le
juge l'explicite. Par exemple : la loi ne dispose que pour l'avenir ; elle n'a point
d'effet rétroactif (C.civ., art. 2).

Ensuite, l'interprétation est créatrice pour compléter la règle de droit, soit quand
elle oublie de régir certains rapports de droit (par exemple : le droit des relations
de voisinage) ; soit quand elle n'exprime pas formellement un principe (exemple,
nul ne doit s'enrichir injustement aux dépens d'autrui).

Enfin, l'interprétation vise à adapter la règle de droit à l'évolution des faits, dans
deux hypothèses : d'une part, quand les textes existants ne répondent plus aux

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besoins sociaux (par exemple : la découverte d'une responsabilité sans faute,


du fait des choses qu'on a sous sa garde, fondée sur l’article 1384, al. 1er du
Code civil, dérogeant à l'art 1382 du Code civil) ; d’autre part, quand
l'intervention croissante de l'État justifie un régime spécial (par exemple : la
responsabilité de la puissance publique détachée des règles du Code civil).

B- LE JUGE A L'OBLIGATION DE JUGER

L’article 4 du Code civil dispose : « Le juge qui refusera de juger, sous prétexte
du silence, de l'obscurité ou de l'insuffisance de la loi, pourra être poursuivi
comme coupable de déni de justice ».

Le fondement de cette règle, réside dans la fonction normative implicite reconnue


au juge. En effet lorsque la loi est muette, obscure ou incomplète, le juge ne doit
pas refuser de statuer, pour éviter que l’individu dont le droit est lésé ne veuille se
faire justice lui-même : le juge doit rendre une décision pour trancher le litige.

Plusieurs conséquences en découlent :

- Le juge est autorise par le législateur (C.civ., art. 4) à créer une règle particulière
pour résoudre le litige qui lui est soumis, en précisant, complétant ou adaptant la
loi.

- Pour que cette création ne soit pas arbitraire, le juge devra fournir une solution
rationnelle.

- Il s'appuiera notamment sur les précédents judiciaires, et en particulier sur les


arrêts des juridictions suprêmes, en l'occurrence : de la Cour suprême.

En cette matière, la hiérarchie des juridictions tend à introduire une influence du


précédent judiciaire. En effet, la Cour suprême a pour mission d'unifier
l'interprétation de la loi : c’est une nécessité dans un pays où le droit est unifié,
pour éviter les diversités et les contradictions des solutions jurisprudentielles.

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DISSERTATION

SUJET : La preuve sans écrit en


matière de droit subjectifs

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CORRECTION DE LA DISSERTATION

INTRODUCTION

Le problème de la preuve passe pour l'un des plus importants en matière de droits
subjectifs, dès lors que la preuve atteste du droit que le propriétaire peut
revendiquer en cas de méconnaissance ou de violation.

Toutefois, il peut arriver que le bénéficiaire ou titulaire d'un tel droit ne s'entoure
pas de la précaution consistant à s'assurer d'un tel droit en le consignant et le
constatant par écrit. Se pose alors le problème du bien-fondé d’un tel droit en
l'absence de preuve écrite.

La preuve en dehors de l'écrit repose sur divers modes déterminés par le droit,
pouvant être regroupés en deux. Ainsi, il peut s'agir, soit de preuves produites au
profit du bénéficiaire du droit (I), soit de preuves produites par le bénéficiaire du
droit (II).

I- LES PREUVES PRODUITS AU PROFIT DU BENEFICIAIRE DU DROIT

En l'absence d’écrit, il peut être recouru à deux modes de preuves au profit du


bénéficiaire du droit remis en cause. Ces mode sont : la preuve par témoins (A) et
la preuve par présomptions (B).

A- LA PREUVE PAR TEMOINS

La preuve par témoins est la relation faite par une personne de faits dont elle a eu
connaissance par elle-même.

Il s'agit des déclarations de personnes rapportant ce qu'elles ont constaté, vu ou


entendu directement. Lui est proche, la preuve par commune renommée où les
témoins rapportent ce qu'ils ont oui-dire à propos d'un fait ou d'un acte juridique.
Cette preuve n'est plus admise en raison de son caractère incontrôlable et

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changeant, sauf lorsqu'il s'agit de sanctionner la négligence d'une personne qui a


omis de se prémunir d’une preuve régulière. Il en est ainsi, par exemple, lorsque le
tuteur qui n'a pas, au début de la tutelle, fait dresser l'inventaire des biens du
mineur. Toutefois, elle constitue un témoignage conststant pour une personne à
rapporter des déclarations qu'un tiers a faites en sa présence. C'est donc un
témoignage indirect.

Pour que soit admise la preuve par témoins, certaines conditions de validité sont
requises. Elles confèrent la force probante au témoignage. Cette force probante,
établie, emporte sanction.

1. Les conditions de validité du témoignage

Les conditions de validité de la preuve testimoniale se divisent en conditions de


fond et conditions de forme.

a- Les conditions de fond

En principe, toute personne majeure peut être admise à témoigner en matière civile.
Par exception, les personnes frappées d'incapacité de témoigner en justice,
notamment celles condamnées. Les personnes qui ne peuvent témoigner peuvent
cependant être entendues dans les mêmes conditions, mais sans prestation de
serment.

Toutefois, les descendants ne peuvent jamais être entendus sur les griefs invoqués
par les époux à l’appui d’une demande en divorce ou en séparation de corps.

b- Les conditions de forme

Le témoignage peut être donné en diverses formes : par des déclarations écrites ou
par des déclarations orales.

Les déclarations écrites se font par attestations contenant la relation des faits
auxquels son auteur a assisté ou qu'il a personnellement constatées et rédigées dans

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les formes prévues. Le Juge peut, toutefois, retenir des attestations non conformes,
en vertu de son pouvoir d'appréciation de la force probante des documents qui lui
sont soumis.

Les déclarations orales sont recueillies par voie d'enquête, car le juge peut toujours
procéder par voie d’enquête à l’audition de l'auteur d'une attestation.

2. La force probante et la sanction du témoignage

Lorsque la preuve est produite par témoins, le juge peut toujours rejeter les
témoignages s'il n'est pas convaincu, au contraire de la preuve par écrit qui une fois
administrée, lie le juge.

Le témoignage peut être admis au gré du juge. L'on peut craindre, à juste titre, la
subornation des témoins. Le faux témoignage est sanctionné pénalement. Le
coupable de faux témoignage d'une peine d'emprisonnement de trois mois à trois
ans et d'une amende de 10.000 F cfa à 100.000 F cfa, peines pouvant être doublées
si le coupable a bénéficié d'une corruption financière (C.Pén, art 299).

B- LA PREUVE PAR PRESOMPTIONS

Les présomptions sont tous indices, constituant une hypothèse dont le juge déduit
la preuve d'un fait juridique ou d’un acte juridique (C.civ, art. 1353). Il existe deux
types de présomptions : les présomptions simples et les présomptions légales.
Toutes obéissent à des conditions, participent de diverses manifestations et sont
dotées de la force probante.

1. Les conditions de la preuve présomptions

L'admission de la validité de la preuve par présomption est subordonnée à deux


conditions : la première condition est qu'il faut que la preuve par témoins soit elle-
même admissible, « à moins que l'acte ne soit attaqué pour cause de fraude ou de
dol » ; la deuxième condition est qu'il faut que les présomptions soient graves,
précises et concordantes. Cette double orientation n'implique pas qu'il y ait

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nécessairement pluralité d'indices : une seule présomption suffisamment grave


suffirait pour servir de preuve.

2. Les manifestations et la force probante de la preuve par présomption

Les manifestations de la preuve par présomption sont tous indices de diverses


natures. Il en est ainsi, par exemple, des éléments d'une enquête pénale, d'une
expertise amiable, des registres et papiers domestiques, des attestations écrites de
tiers, du cadastre, d'un constat.

Les présomptions en matière de preuve ont une force probante relative : elles «
sont abandonnées aux lumières et à la prudence du magistrat » ( C.civ, art. 1353).
Ainsi, leur force probante est laissée la libre appréciation du juge. Aussi reste-t-elle
aléatoire et incertaine. Le Juge l'apprécie en fonction des circonstances, comme son
pouvoir est requis pour accorder ou dénier crédit aux preuves produites par le
bénéficiaire du droit contesté.

II- LES PREUVES PRODUITES PAR LE BENEFICIAIRE DU DROIT


CONTESTE

En l'absence d'écrit, le bénéficiaire est admis à faire la preuve de son droit soit par
aveu (A), soit par serment (B).

A- LA PREUVE PAR AVEU

L'aveu est la déclaration par laquelle une partie reconnaît l'exactitude des
prétentions de l'autre. Il en est ainsi, par exemple lorsqu'une personne reconnaît
avoir emprunté une somme d'argent (C.civ., art. 1354 et s). L'aveu est soumis à
certaines conditions de recevabilité, et à un régime juridique.

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1. Les conditions de recevabilité de l'aveu

L'aveu obéit à deux conditions essentielles de validité ; la première, c’est qu’il ne


soit pas écarté pas la loi comme moyen de preuve ; la deuxième, c'est que la
capacité de celui qui avoue est exigée.

a- L’aveu ne doit pas être écarté par la loi

La première condition, c'est que l'aveu ne soit pas écarté par la loi comme moyen
de preuve, ce qui est le cas dans deux situations : d'abord, si la loi le dispose
expressément (par exemple : en matière de séparation judiciaire de biens, pour
déjouer toute collusion frauduleuse entre les plaideurs) ; ensuite, d'une façon
générale, dans les matières ou l’aveu emporterait renonciation à un droit dont on ne
peut disposer. Mais l'aveu est admis même dans le cas où la preuve par témoins est
écartée.

b- L’aveu doit émaner d’un majeur

La deuxième condition, c'est que l'aveu émane d'une partie ayant capacité de
disposer de l'objet de la contestation. Par exemple : l'aveu émanant d'un mineur
non émancipé ne peut être admis comme moyen de preuve. Le droit retient
d'ailleurs que le mineur non émancipé ne peut avouer, dès lorsqu'il est frappé d'une
incapacité d'exercice.

Seul l'aveu valide et recevable peut entraîner la mise en œuvre du régime juridique
prévu à cet effet.

2. Le régime juridique de l'aveu

La mise en œuvre du régime juridique de l'aveu conduit à distinguer deux sortes


d'aveux : l’aveu judiciaire, l'aveu extra-judiciaire.

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a- L'aveu judiciaire

L'aveu judiciaire, visé à l'article 1356 du Code civil est une déclaration que fait en
justice la partie ou son fondé de pouvoir spécial.

Cette déclaration est faite soit par écrit, soit verbalement, notamment au cours
d'une comparution personnelle à l’instance.

L'aveu a sa force probante. Il fait pleine foi contre celui qui l'a fait. Il y a une
indivisibilité de l’aveu. Ainsi, il doit être pris dans son entier, et ne peut être retenu
seulement pour le principal. L'aveu est irrévocable. Toutefois, l'aveu peut être
rétracté pour erreur de fait, mais non de droit. La raison en est bien simple : nul
n'est censé ignorer la loi.

b- L'aveu extra-judiciaire

L'aveu extra-judiciaire est celui fait en dehors du prétoire, et hors de la présence du


juge. Il est fait, soit par écrit (par exemple : dans une lettre missive), soit
verbalement (par exemple : par une déclaration orale) en toutes circonstances.

La preuve de l'aveu extra-judiciaire se fait selon le droit commun. Dans le silence


de la loi, l’aveu ne lie pas le juge. Divisible, l'aveu extra-judiciaire peut être
rétracté pour erreur de fait, non de droit.

B- LA PREUVE PAR SERMENT

Le serment est la déclaration par laquelle un plaideur affirme, de façon solennelle,


devant le juge, la réalité d'un fait qui lui est favorable. Il en existe trois catégories :
le serment décisoire, le serment supplétoire, le serment estimatoire.

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1. Le serment décisoire

Le serment décisoire est la déclaration par laquelle est fixé et décidé du sort du
litige. Il résulte de l'article 1357 du Code civil que le serment décisoire est « celui
qu'une partie défère à l'autre pour en faire dépendre le jugement de la cause ». Il
obéit à des conditions de validité, et est doté d’une force probante.

a. Les conditions de validité du serment décisoire

Au cours d’une procédure, une partie, à défaut d'autre preuve, demande à l'autre de
jurer que le fait allégué est exact. Si celle-ci prête le serment demandé, ce qu'elle
jure est tenu pour établi.

Toutefois, elle peut référer le serment à l'autre partie. Si cette dernière jure, elle
établit la cause à son profit, sinon elle perd le procès.

Le faux serment (différent du simple mensonge) est sanctionné pénalement d'un


emprisonnement de trois ans et d’une amende de 300 000F.

Ainsi, la validité du serment dépend en partie de la bonne foi des parties au procès.
Toutefois, la mise en œuvre du serment est soumise à quatre (04) conditions :

- il faut que la contestation porte sur un droit susceptible de transaction ; par


exemple, exclusion du serment en matière de filiation ;

- il faut que celui qui défère le serment décisoire ait capacité de transiger ; le
serment est donc interdit au mineur non émancipé ;

- il faut que le serment décisoire soit déféré ou référé sur un fait que l'auteur doit
connaître comme lui étant personnel ;

- il faut que le fait sur lequel porte le serment décisoire, soit pertinent, c'est-à-dire
de nature à emporter la décision.

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b. La force probante du serment décisoire

Le serment a une force probante de source légale : il est établi : au profit de celui
qui en fait la déclaration, car « l'adversaire n'est point recevable à en prouver la
fausseté » (C.civ., du, art. 1363).

2. Le serment supplétoire

Le serment supplétoire, ou serment « déféré d'office », est : « celui qui est déféré
d'office par le juge à l'une ou l'autre des parties » (C.civ., art. 1357). Il ne peut être
référé par l'une des parties à l'autre. Il obéit à certaines conditions et est doté d'une
force probante.

a- Les conditions de validité du serment supplétoire

Pour qu’il soit admis le serment supplétoire, il faut :

- que la demande ne soit pas pleinement justifiée, ni totalement démunie de


preuves légalement admissibles ; qu'il y ait un commencement de preuve qui peut
consister en présomptions si la preuve testimoniale est admissible, ou en un
commencement de preuve par écrit, si la preuve écrite est requise ;

- qu’il y ait un fait non personnel à la partie appelée à jurer ;

- qu’il ait contradiction sur un fait non pertinent.

b- La force probante du serment supplétoire

La force probante du serment supplétoire est quasi inexistante. Elle ne s'impose pas
à l'adversaire qui peut l'écarter en prouvant la faute. Elle ne lie pas le juge qui peut
admettre ou refuser de le prendre en compte.

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3. Le serment estimatoire

Le serment estimatoire, visé à l'article 1369 du Code civil relève de l'hypothèse


dans laquelle le principe de la demande est fondé, mais le montant de la
condamnation à prononcer n'est pas déterminé, alors que le juge n'a pas par lui-
même les moyens d'en fixer la valeur exacte. La loi permet alors au juge de faire
déterminer sous serment le chiffre par le demandeur. Toutefois, il lui est fixé un
maximum.

Proche du serment supplétoire, le serment estimatoire s'en distingue par la


possibilité de rapporter le bienfondé de la preuve. Il ne peut être déféré qu'au
demandeur. Sa force probante lie le juge et la partie défenderesse.

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DISSERTATION

SUJET : L'écrit en matière de preuve


de droits subjectifs

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CORRECTION DE LA DISSERTATION

INTRODUCTION

Dans la preuve des droits subjectifs, l'écrit est important au double titre de la
preuve de l’existence du droit et de la perfection de la preuve, au contraire de la
preuve donnée en dehors de tout écrit, qui est plus aléatoire, moins fiable et à tous
points de vue contestable.

La preuve par écrit, ou preuve littérale, est celle établie à partir d’écrits rédigés par
les parties elles-mêmes ou avec leur consentement, et qui est destinée à constater,
soit un acte juridique ( par exemple : un contrat), soit un fait juridique (par
exemple : une naissance, un accident de la circulation). La preuve littérale
inscrite dans Ie Code civil paraissait se limiter à des formes d'écrits qui paraissent
désormais dépassés ou incomplets au regard de l'incidence des progrès techniques
et scientifiques sur le droit.

Dans le droit français, par exemple, la Loi n° 2000-230 du 13 mai 2000 portant
adaptation du droit de la preuve aux technologies de l'information et relative à la
signature électronique, a conduit à distinguer la preuve littérale classique « sur
support papier » de la preuve nouvelle, celle donnée par l'écrit sous forme
électronique.

Dans le droit africain, et notamment Ouest africain, la preuve écrite est envisagée
depuis le Règlement n° 15-2002 de l'UEMOA, qui distingue d'une part, la preuve
par l'écrit sur papier (I) ; d'autre part, la preuve par l’écrit sous forme électronique
(II).

I- LA PREUVE PAR L’ECRIT SUR SUPPORT PAPIER

Dans le droit des preuves, il existe traditionnellement trois (3) catégories d'écrits :
les actes authentiques (A) ; les actes sous seing privé (B) ; les autres écrits (C).

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A- LES ACTES AUTHENTIQUES

Les actes authentiques sont ceux dressés par un officier public compétent dans les
formes prévues par loi. Par exemple, sont des actes authentiques : les actes notariés
dressés par les notaires ; les actes de l'état civil faits par les officiers de l'état civil.
Ces actes authentiques sont soumis à des conditions de validité, dont la
méconnaissance entraîne la sanction. Ils doivent être présentés en original et copies
pour être dotés de la force probante.

1. Les conditions de validité

Les conditions de validité des actes authentiques tiennent à la compétence de


l'officier public, et à la forme des actes.

S'agissant de la compétence de l'officier public, elle est une compétence


d'attribution et une compétence territoriale. Il s'agit d'abord d'une compétence
d'attribution dont l'exercice est réservé à l’officier public désigné par la loi à cette
fonction (par exemple : les notaires pour tous les actes et conventions auxquels
les parties veulent donner le caractère d'authenticité attaché aux actes de
l'autorité publique ; par exemple : les officiers de l'état civil pour dresser les
actes de l'état civil). Il s'agit ensuite d'une compétence territoriale, parce que
l'officier public ne peut prêter son ministère que dans le ressort où il est admis à
exercer ses fonctions. Pour le notaire, la compétence s'étend à l’ensemble du
territoire national, tandis que pour l'officier de l'état civil a une compétence limitée
au territoire de sa commune.

S'agissant des formes des actes authentiques, les actes notariés doivent être rédigés
en français, soumis aux formalités du timbre et de l'enregistrement. Ils doivent être
rédigés en un seul contexte, sans blanc ou interligne. Ils doivent être signés par le
notaire et les parties. Si les règles de compétence et de forme n'ont pas été
observées, l'acte seul est nul en tant qu'acte authentique, mais valable en tant
qu'acte sous seing privé s’il porte les signatures des parties.

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S'agissant de l'original et des copies des actes authentiques : l'original appelé


minute, signé par l'officier et les parties, demeure entre les mains de l'officier
public qui ne peut s'en dessaisir. Des copies, appelées expéditions, peuvent être
délivrées aux intéressés. L'une de ces copies dite copie exécutoire (ou grosse), est
revêtue de la formule exécutoire et a force exécutoire : elle permet de procéder à
l'exécution, de plano, par toutes les voies de droit, sans procédure,

Par exemple : une reconnaissance de dette par acte authentique permet, à défaut de
rembourser à l'échéance et après mise en demeure, de saisir les biens du débiteur,
alors que si la reconnaissance de dette est faite par acte sous seing privé, le
créancier devra d'abord assigner le débiteur en paiement et ne pourra saisir qu'en
vertu du jugement.

2. La force probante des actes authentiques

La force probante des actes authentiques fait l'objet d'une distinction suivant les
mentions quant à l'original et quant à la date.

L'origine de l'acte authentique fait foi jusqu'à inscription de faux. Il est présumé
authentique du seul fait qu'il présente l'apparence extérieure de la régularité.
L'inscription de faux est la procédure tendant à faire déclarer comme faux un acte
authentique. Les copies d'actes authentiques font foi, comme l'original, qu'elles
soient manuscrites, dactylographiées ou photocopiées, à condition d'être
authentifiées par la signature du dépositaire de l'original.

La date de l'acte authentique fait foi jusqu'à inscription de faux. Le contenu de


l'acte authentique renferme, les déclarations de l'officier public (« que tel jour s'est
présentée telle personne » ; ou que, dans une vente, le paiement a eu lieu « à
l'instant ») font foi jusqu'à inscription de faux ; les déclarations des parties, que
l'officier public relaté font foi jusqu'à preuve contraire.

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B- LES ACTES SOUS SEING PRIVE

Les actes sous seing privé sont des actes rédigés par les Parties et portant leurs
signatures privées. Il s'agit d'actes écrits établis par les particuliers sans
l'intervention d'un officier public.

Il existe différentes sortes d'actes sous seing privé à distinguer : les actes
originaires, dressés au moment même de l'acte ; les actes récognitifs dressés soit
pour remplacer un acte originaire perdu, soit pour interrompre la prescription par
une reconnaissance du droit de l'acte originaire ; les actes confirmatifs, dressés
pour confirmer un acte annulable. Les actes sous seing-privé sont soumis à
certaines conditions de validité leur conférant force probante.

1. Les conditions de validité des actes sous seing-privé

Les conditions de validité des actes sous seing-privé sont essentiellement des
conditions de forme, qui se divisent en conditions indispensables et conditions
supplémentaires.

Les conditions de forme indispensables à la validité de l'acte sous seing privé :


elles tiennent en une seule, qui est la signature manuscrite des parties. En
conséquence, l'acte sous seing privé peut être écrit en français ou en une autre
langue, par l'une des parties ou par un tiers, à la main ou dactylographié, sur une
formule imprimée d'avance en tout ou en partie, sous forme de lettre missive.
L'emploi du papier timbré, exigé seulement dans un intérêt fiscal, n'est pas une
condition de validité.

Par application du principe de la seule exigence de la signature des parties pour


valider l'acte sous seing privé, il y a une impossibilité pour celui qui ne sait pas
écrire de passer un acte sous seing privé : la signature ne pourrait être remplacée
(par exemple : par une croix, ou par l'empreinte digitale).

Les conditions de forme supplémentaires concernent certains actes particuliers. Par


exemple : les actes constatant des conventions synallagmatiques (C. civ., art.
1325), doivent être établis en « autant d'originaux qu'il y a de parties ayant un

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intérêt distinct », et mention doit être fait du nombre des originaux sur chaque
exemplaire. À défaut de ces formalités, l'acte juridique n’est pas nul, mais l'écrit ne
peut servir de preuve. Tout au moins pourra-t-il constituer un commencement de
preuve.

Par exemple : les actes constatant des promesses unilatérales de sommes d'argent
ou de choses fongibles (C. civ., art. 1326) doivent être constatés dans « un titre qui
comporte la signature de celui qui souscrit cet engagement ainsi que la mention,
écrite de sa main, de la somme ou de la quantité en toute lettre et en chiffres. En
cas de différence, l'acte sous seing privé vaut pour la somme écrite en toutes lettres.

Par exemple, il en est ainsi du testament olographe : le testament olographe ne sera


point valable, s’il n’est écrit en entier, daté et signé de la main du testateur : il n'est
assujetti à aucune forme » (loi n° 2020-669 du 10 septembre 2020, relative aux
libéralités, art. 62).

2. La force probante des acres sous seing privé

La force probante de l'acte sous seing privé dépend de son contenu et de sa date.

S'agissant de son contenu, l’acte ne fait pas foi de son origine : la signature peut
être contestée par celui à qui l'acte est opposé, par la " vérification d'écriture ".
C'est la procédure par laquelle une partie dénie l'écriture qui lui est attribuée ou
déclare ne pas reconnaître celle attribuée à son auteur. C'est à celui qui se prévaut
de l'acte qu'il appartient d’en établir la sincérité.

Si la signature n'est pas contestée, le contenu de l'acte est présumé exact et


s'impose au Juge jusqu'à preuve du contraire, mais seulement par un autre écrit.

Les copies d'acte sous seing privé, même certifiées conformes à l'original, ne
peuvent valoir preuve : seul l'original qui porte la signature doit être produit ; de
même pour les doubles au papier carbone et les photocopies, bien que l’acte y soit
exactement reproduit, y compris la signature. Il existe une exception tenant à la
copie fidèle et durable d'un acte écrit dont l'original a été détruit (par exemple : un
microfilm). En effet, « est réputé durable toute reproduction indélébile de l’original
qui entraîne une modification irréversible du support » (C. civ., art. 1348, al. 2 ).

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S'agissant de la date de l'acte sous seing privé, elle fait foi entre les parties, jusqu'à
preuve contraire. À l'égard des tiers, en principe, l’acte sous seing privé ne fait pas
foi de sa date, pour éviter qu’un acte ne soit antidaté, de connivence entre les deux
signataires, pour faire remonter ses effets à une date antérieure, dans le but de
frauder les tiers (C.civ. Art. 1328).

La condition d'opposabilité de l'acte aux tiers, c'est que l'acte ait une "date
certaine" ; - un acte sous seing privé acquiert date certaine, notamment par son
enregistrement sur présentation de deux exemplaires de l'acte au receveur de
l'enregistrement.

Il y a à cette formalité une double exception : la première exception, c'est que la


date de l’acte est opposable aux tiers bien qu’il n'ait pas de date certaine en matière
commerciale, en raison de la liberté de la preuve ; en matière de quittances, encore
que les dangers de l’antidate soient certains ; lorsque le tiers est de mauvaise foi,
au cas de collusion ; lorsque le tiers a renoncé, même, tacitement, à se prévaloir de
la condition d'opposabilité (par exemple : s'il a connu l'antidate) ; la deuxième
exception, c'est qu’il y a des hypothèses où il ne suffit pas que l'acte ait date
certaine pour être opposable aux tiers.

Par exemple : en matière d'aliénation immobilière et de constitution de droits réels,


il y a une nécessité de la publicité foncière pour que l'acte soit opposable ; dans la
cession de créance, la nécessité des formalités est requise pour signification de la
cession au débiteur (C.civ, art 1690).

C- LES AUTRES ECRITS

Les autres écrits sont des documents rédigés en vue de faire la preuve. Ce sont : les
lettres missives, les livres de commerce, les registres et papiers domestiques,
l'écriture du créancier sur le titre.

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1. Les lettres missives

Les lettres missives sont constituées par la correspondance privée servant à


l'expression de la volonté de l’auteur, du moins quand la lettre est signée.

Les lettres missives font preuve contre l’auteur d’une convention synallagmatique,
si le destinataire peut les produire en justice. Il en est ainsi de la lettre
confidentielle, qui ne peut être produite qu'avec l'accord de l'expéditeur. Elles sont
admises si elles sont produites seulement par la personne à qui ces lettres ont été
adressées, non par les tiers qui se trouveraient en possession de la lettre, en raison
du caractère confidentiel de la correspondance privée.

Les lettres missives peuvent servir de commencement de preuve.

2. Les livres de commerce

En principe, les livres de commerce font toujours preuve contre le commerçant qui
les tient (C.civ., art. 1330).

Toutefois, il est des hypothèses dans lesquelles le commerçant peut y recourir en sa


faveur. Deux cas sont à distinguer. Si c'est le commerçant qui fait état de ses
écritures en sa faveur, contre un commerçant pour faits de commerce, les livres
font preuve. La preuve étant toutefois soumise à l’appréciation du tribunal.

Si un commerçant fait état de ses écritures contre un non commerçant « pour les
fournitures qui y sont portées », les livres ne font preuve que si le juge a déféré
le serment supplétoire à l'une ou l’autre des parties.

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3. Les registres et papiers domestiques

Les registres et papiers domestiques (C.civ., art 1331) « ne font point titre pour
celui qui les a écrits », nul ne pouvant se créer un titre à lui-même. Il en est ainsi du
livre de comptes. Mais, ils font foi contre lui quand ils « énoncent formellement un
paiement reçu », ou quand ils contiennent la mention expresse qu'ils ont été faits
pour suppléer le défaut de titre.

4. L'écriture du créancier sur le titre

Le créancier qui reçoit un acompte, au lieu d'en donner quittance, mentionne la


somme reçue « à la suite, en marge ou au dos » du titre constatant la créance, sans
dater ni signer. Deux cas sont à distinguer (C.civ., art 1332) :

- d'abord, l'écriture mise sur le titre par le créancier fait foi « lorsqu'elle tend à
établir la libération du débiteur », jusqu'à preuve contraire par tous moyen ;

- ensuite, s’il s'agit d'une écriture mise sur le double d’un titre se trouvant entre les
mains du débiteur, la mention fait également foi, mais l'écriture valant titre, serait
écartée de la preuve contraire.

La preuve par l’écrit sur papier support trouve son complément dans la preuve par
l'écrit sous forme électronique.

II- LA PREUVE PAR L'ECRIT SOUS LA FORME ÉLECTRONIQUE

L'introduction de la preuve électronique dans le droit des preuves est récente. En


France, sa reconnaissance officielle date de moins d'une dizaine d'années. Mais
alors que la législation nationale française s'est orientée avec plusieurs lois (par
exemple : en 1996, 1980, et en 2000) vers les options communautaires
européennes en faveur de la preuve électronique (par exemple : la directive
communautaire du 13 décembre 1999 sur un cadre communautaire pour les
signatures électroniques). En Afrique, la place de la preuve par l'électronique est
quasi inexistante dans les législations nationales.

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Toutefois, les perspectives récemment ouvertes en la matière dans l'espace de la


Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) comme
dans l'espace de l'Union Économique et Monétaire de l'Afrique de l'Ouest
(OUEMOA), confirme l'intérêt certain porté à la Preuve par l'électronique.
D'introduction récente dans l'admissibilité des modes de preuve, la preuve par
l'écrit sous forme électronique pose deux problèmes : d'une part, celui de sa
reconnaissance (A) ; et d'autre part, celui de sa force probante (B).

A- LA RECONNAISSANCE DE LA PREUVE PAR L'ECRIT SOUS


FORME ELECTRONIQUE

En raison des progrès technique et scientifique, la prise en compte de la preuve


électronique se présente comme une nécessité, et son admission se fait dans un
domaine à déterminer.

1. La nécessité de la preuve par l’écrit électronique

Dans le cadre de la modernisation des moyens d'échanges à l'intérieur de la zone de


l'Union Économique et Monétaire Ouest Africaine, il est apparu nécessaire
d'assurer la sécurité technique et la sécurité juridique.

La nécessité technique résulte de la volonté commune des États membres de voir la


communauté participer à un élan d’innovation autant que d’adaptation des outils du
monde des affaires à l'avancée technique et technologique. La nécessité juridique,
inséparable de la première, suggère et impose l'encadrement juridique des
opérations au plan légal, au plan réglementaire, et au plan conventionnel. Certes,
existait déjà une base : la Loi Uniforme de 1994 relative aux cartes de paiement et
aux autres instruments et procédés de paiement électronique.

Toutefois, cette Loi Uniforme a suscité la méfiance généralisée à l'égard des


moyens scripturaux de paiement que sont : le chèque, la carte bancaire, la lette de
change, le billet à ordre. Le Règlement Communautaire n° 15 du 19 septembre
2002, loin de substituer les mécanismes mis en place, vient plutôt y intégrer les
nouveaux modes de paiement.

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Le dispositif juridique en la matière se trouve donc enrichi et renforcé. Il s’agit,


pour surmonter les difficultés pratiques de mise en œuvre de certaines dispositions
de la Loi Uniforme, d'améliorer le mécanisme de sécurisation des paiements,
notamment en procédant à la mise en harmonie de l'instruction de la Banque
Centrale des États de l’Afrique de l'Ouest (BCEAO) concernant l'identification par
les banques de leurs clients au moment de l'ouverture du compte.

L'obligation est faite aux banques de transmettre une copie de la lettre


d'avertissement adresse à tout client émetteur d'un chèque sans provision à la
Banque centrale, en vue de renforcer, de la lutte contre les incidents de paiement.

Ainsi, le dispositif de la Loi Uniforme, modifée par le Règlement UEMOA n° 15


s'agissant des mécanismes de sécurisation des systèmes de paiement prend en
compte non seulement les cartes bancaires et les autres instruments et procédés de
paiement électroniques, mais aussi les paiements par porte-monnaie électronique et
le télépaiement, ainsi que toutes les autres formes de paiement électronique à naître.

La preuve électronique étant rendue nécessaire pour l'adaptation du droit à


l'innovation technique et technologique, reste à en déterminer le domaine.

2. Le domaine d'admission de la preuve par l'écrit électronique

Il est un fait que, aujourd’hui, il y a en Afrique en général et en Afrique de l'Ouest


en particulier, un constat général de la faiblesse d'utilisation de la monnaie
scripturale et une utilisation marginale des moyens scripturaux de paiement
électronique dans les rapports économiques et commerciaux au sein de l'UEMOA.
À cet égard, le nouveau dispositif mis en place par le Règlement communautaire se
veut à la fois incitatif et répressif, et attend d’être complété pour mieux servir dans
les transactions aussi bien les personnes physiques que les personnes morales
(entreprises et sociétés).

Dans l'espace UEMOA, sans doute, ces mesures visent-elles principalement les
banques, les commerçants, les opérateurs économiques et les particuliers en
affaires. Mais, elles doivent pouvoir bénéficier d'une forte implication des États
membres pour pouvoir infléchir les résistances et créer la préférence pour la
modernisation en cours. Pour ce faire, un élargissement du champ de réception de

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l'instrument électronique est nécessaire et doit pouvoir procéder des dispositifs


complémentaires tendant à :

- la reconnaissance et la sécurisation des procédés et instruments de paiement


électronique dans toute la zone UEMOA ;

- la sécurisation des transactions par le renforcement de la garantie de paiement au


besoin par une protection juridique de haut niveau, combinant la prévention et la
répression des infractions en la matière.

Admise, la preuve par l'écrit sous forme électronique requiert une force probante.

B- LA FORCE PROBANTE DE LA PREUVE PAR L'ECRIT SOUS FORME


ELECTRONIQUE

Admise comme preuve de droits subjectifs, la preuve par écrit sous la forme
électronique a en principe une force probante égale à celle de l'écrit sur support
papier. Toutefois, cette force probante semble subordonnée à certaines conditions.

1. La preuve électronique a une force probante identique à celle de l'écrit sur


support papier

Il résulte de l'article 19 du Règlement n° 15 de l'UEMOA en date du 19 septembre


2002 que « l’écrit sous forme électronique est admis en preuve au même titre que
l'écrit sur support papier et à la même force probante que celui-ci ».

Ainsi, l'écrit sous forme électronique, de même que l’écrit sur support papier, peut
servir de preuve en droit. Il résulte « d'une suite de lettres, de caractères, de chiffres
ou de tous autres signes ou symboles dotés d’une signification intelligible, quels
que soient le support et les modalités de transmission » (Règlement n° 15, art. 18).

Il reste que, alors que l'écrit sur papier lorsqu'il procède d'une preuve parfaite
s'impose aux parties aussi bien qu'au juge, l'écrit sous forme électronique semble

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apparaître dans le texte du Règlement qui en établit la valeur comme ayant une
force probante conditionnelle.

2. La preuve électronique a une force probante conditionnelle

Il résulte du Règlement n°15 de l’UEMOA en date du 19 septembre 2002, en son


article 19 in fine que l'écrit sous la forme électronique est admis comme preuve «
sous réserve que puisse être dûment identifiée la personne dont il émane et qu'il
soit établi et conservé dans les conditions de nature à en garantir l’intégrité ».

Cette disposition subordonne la valeur probatoire de la preuve électronique à


plusieurs conditions, qui sont : l'identification de la personne dont émane l'écrit
(Règlement, art 19), et la garantie de l’intégrité de l’écrit (Règlement, art. 19).

D'autres conditions s'y ajoutent, tenant à la sécurisation de l'écrit. Cette


sécurisation doit non seulement procéder du cryptage, mais aussi de la certification
électronique (Règlement, art. 28 et 29).

Au demeurant, l'écrit doit pouvoir, être fiable (Règlement, art. 27 al. 1) et rester
sous le sceau de la confidentialité pour en éviter la falsification (Règlement, art.
26). Enfin, la conservation de la preuve sous forme électronique doit se faire
pendant une période de cinq (5) ans (Règlement. Art. 20 al. 1).

La preuve électronique est commode, mais sa force probante est simple. Elle est
présumée et peut être contestée preuve contraire, comme la preuve libérale
produite en dehors de tout écrit.

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DISSERTATION

Répondez aux trois (03) questions suivantes :


- Question n° 1 : La compétence en matière d'interprétation
des traités
- Question n° 2 : La preuve du droit
- Question n° 3 : La preuve électronique en droit

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CORRECTION DE LA QUESTION n° 1

Question n° 1 : La compétence en matière d'interprétation des traités

En principe, l'interprétation d'un traité ou d'un accord international relève de la


compétence des Juridictions internationales (Cour Internationale de Justice, Cour
de Justice des Communautés Européennes, Cour Africaine des Droits de l’Homme,
Cour Commune de Justice et d'Arbitrage...). Toutefois, en faute d'un accord
interprétatif ou de la décision du Juge international, se pose le problème de la
compétence d'interprétation.

Tandis qu’en France le droit positif consacre depuis l'arrêt GISTI du Conseil d'État
en date du 29 juin 1990 la compétence réservée du juge national en la matière,
abandonnant la solution antérieure du référé diplomatique, en Côte d'Ivoire le
problème relève de la compétence partagée du juge national. Ainsi, le principe est
que l'interprétation des traités relève de la compétence au juge national (I). Ce
principe est assorti d’exceptions (II).

I- LE PRINCIPE DE LA COMPÉTENCE D'INTERPRETATION DU JUGE


NATIONAL

Dans l'État de droit, la fonction première du juge étant celle d’application du droit.
En vue de cette application, le juge interprète toute règle de droit (A), et en
l'occurrence, les traités (B).

A- LE JUGE NATIONAL INTERPRETE DE LA REGLE DE DROIT

L'interprétation du droit en vue de son application revenant au juge, dont la


compétence s'étend à l'ensemble ses règles de droit. Cette fonction est plus
marquée pour les normes de droit interne. Mais, elle ne demeure pas moins réelle
pour les normes juridiques constituant les sources externes du droit objectif,
notamment dans le processus de réception du droit international dans l'ordre

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interne. À ce titre, l'application du traité n'échappe pas à la règle de la compétence


d’interprétation du juge national.

B- LE JUGE NATIONAL, INTERPRETE DES TRAITES

Comme toutes les autres règles de droit, les traités peuvent être soumis à
interprétation, et sont en cas de besoin soumis au juge national compétent en la
matière. Ainsi, au sein de l’État, les tribunaux et cours de justice doivent élucider
et expliciter les clauses obscures des traités, notamment lorsque des problèmes de
compréhension des traités ou de certaines de leurs dispositions surgissent.
Toutefois, il existe des exceptions.

II- LES EXCEPTIONS AU PRINCIPE DE LA COMPETENCE DU JUGE


NATIONAL

Deux exceptions tiennent, l'une aux traités diplomatiques (A), l'autre aux traités
touchant à l'OHADA (B).

A- L'INTERPRETATION D'UN TRAITE RELEVANT DES RELATIONS


INTERNATIONALES OU DE LA HAUTE DIPLOMATIE

La compétence d'interprétation revient au Président de la République, qui peut la


déléguer à un membre du Gouvernement : Ministre des Affaires Étrangères ou
Ministre technique (Décret n° 61-157 du 18 mai 1961 portant ratification et
publication des engagements internationaux souscrits par la Côte d'Ivoire, art 1 et
2).

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B- L'INTERPRETATION D'UN TRAITE TOUCHANT AU DROIT DES


AFFAIRES VISE PAR L'OHADA

Par application des articles 52 à 56 du traite de l'OHADA, la compétence est


dévolue au juge communautaire saisi par renvoi préjudiciel par les juridictions
suprêmes (Cour de Cassation, Conseil d'État, Cour des Comptes) son
interprétation s'impose.

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CORRECTION DE LA QUESTION n° 2

Question n° 2 : LA PREUVE DU DROIT

Bien que le droit contribue à assurer le triomphe de la vérité en matière de preuve,


la preuve ne porte pas sur le droit, parce que le droit n'est pas à prouver. Ainsi, il y
a un principe de la dispense de la preuve du droit (I). Toutefois, ce principe est
assorti d'exceptions (II).

I- LE PRINCIPE DE LA DISPENSE DE LA PREUVE DU DROIT

En principe, le droit n'est pas à prouver (A). Ce principe tient à une double
explication (B).

A- LE DROIT N'EST PAS A PROUVER

Le droit dresse le champ d'action pour tous les individus au sein d’une société.
C'est en référence à ce champ que sont déterminés, au regard du droit, les actes et
les actions, aussi bien que leur preuve.

La règle de droit, servant de référence à la preuve, ne peut faire l'objet de preuve à


la charge des parties. Au procès, les parties n’ont pas à prouver l’existence, le
contenu ou la portée des règles de droit qu'elles invoquent à l'appui de leurs
prétentions. Ce fait tient à une double explication.

B- LA DOUBLE EXPLICATION

La première explication du fait que le droit n'est pas à prouver tient à l'opposabilité
absolue de la règle de droit. La seconde procède de la répartition des rôles au
procès entre le juge et les parties.

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1. L'opposabilité absolue de la règle de droit

L'opposabilité absolue de la règle de droit est tirée de son caractère général et


abstrait que traduit l'adage « Nul n’est censé ignorer la loi ». Chacun connaissant la
loi (par présomption), il n'est nul besoin que l'une des parties le prouve à l'autre.

2. La répartition des rôles au procès entre le juge et les parties

Les parties apportent les faits, mais c'est le juge qui connaît le droit et a pouvoir de
dire le droit (Jura novit curia). Ainsi, aux parties, il revient d'apporter et exposer les
faits, au juge de les trancher par le droit (Da mihi factum, dabo tibi jus). Ainsi, le
droit n'est pas à prouver. Toutefois, il y a des exceptions.

II- LES EXCEPTIONS AU PRINCIPE DE LA DISPENSE DE LA PREUVE


DU DROIT

Dans diverses hypothèses, la dispense de preuve du droit est écartée au profit d'une
exigence de preuve du droit. L’on peut en relever quatre (04).

A- LA PREUVE DES EXPLICATIONS SUR LES POINT DE DROIT

Le juge peut, au cours d'un procès, demander à l'une des parties des explications
sur des points de droit nécessaires au soutien de sa cause.

B- LA PREUVE DE LA CONVENTION COLLECTIVE

Lorsqu'une partie invoque une convention collective au procès, il revient au juge


de trouver le texte ; mais, le juge peut l’inviter à le lui donner copie du texte.

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C- LA PREUVE DE LA COUTUME

La coutume constitue une source du droit. Mais, dans la mesure où elle ne fait pas
l'objet d'une publication officielle et unifiée, le juge n'a pas les moyens matériels de
la rechercher lui-même. Ainsi, la coutume invoquée doit être établie par la partie
qui s'en prévaut.

D- LA PREUVE DE LA LOI ETRANGERE

La loi étrangère ne bénéficie pas de la même présomption de connaissance par le


juge (ivoirien) ; aussi est-elle soumise à des exigences probatoires à la charge de la
partie qui l’invoque à son profit.

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CORRECTION DE LA QUESTION n° 3

Question n° 3 : La preuve électronique en droit

INTRODUCTION

L'introduction de la preuve électronique dans le droit est récente. En France, sa


reconnaissance officielle date de moins d’une dizaine d’années. Mais alors que la
législation nationale française s'est orientée avec plusieurs lois (par exemple : en
1996, 1980, et en 2000) vers les options communautaires européennes en faveur de
la preuve électronique (par exemple : la directive communautaire du 13 décembre
1999 sur un cadre communautaire pour les signatures électroniques). En Afrique,
la place de la preuve par l'électronique est quasi inexistante dans les législations
nationales.

Toutefois, les perspectives récemment ouvertes en la matière dans l'espace de la


Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) comme
dans l'espace de l'Union Économique et Monétaire de l'Afrique de l'Ouest
(OUEMOA), confirme l'intérêt certain porté à la preuve par l'électronique.
D'introduction récente dans l'admissibilité des modes de preuve, la preuve par
l'écrit sous forme électronique pose deux problèmes : celui de sa reconnaissance (I),
et celui de sa force probante (II).

I- LA RECONNAISSANCE DE LA PREUVE PAR L'ECRIT SOUS FORME


ELECTRONIQUE

En raison des progrès technique et scientifique, l'existence ou la prise en compte de


la preuve électronique participe d'une nécessité (A), et son admission se fait dans
un domaine à déterminer (B).

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A- LA NECESSITE DE LA PREUVE PAR L'ECRIT ÉLECTRONIQUE

Dans le cadre de la modernisation des moyens d'échanges à l'intérieur de la zone de


l'Union Économique et Monétaire Ouest Africaine, il est apparu nécessaire
d'assurer la sécurité technique et la sécurité juridique.

La nécessité technique résulte de la volonté commune des États membres de voir la


communauté participer à un élan d’innovation autant que d’adaptation des outils du
monde des affaires à l'avancée technique et technologique. La nécessité juridique,
inséparable de la première suggère et impose l'encadrement juridique des
opérations au plan légal, au plan réglementaire, et au plan conventionnel. Certes,
existait déjà une base : la Loi Uniforme de 1994 relative aux cartes de paiement et
aux autres instruments et procédés de paiement électronique.

Toutefois, cette Loi Uniforme a suscité la méfiance généralisée à l'égard des


moyens scripturaux de paiement que sont : le chèque, la carte bancaire, la lette de
change, le billet à ordre. Le Règlement Communautaire n° 15 du 19 septembre
2002, loin de substituer les mécanismes mis en place, vient plutôt y intégrer les
nouveaux modes de paiement.

Le dispositif juridique en la matière se trouve donc enrichi et renforcé. Il s'agit


pour surmonter les difficultés pratiques de mise en œuvre de certaines dispositions
de la Loi Uniforme, d'améliorer le mécanisme de sécurisation des paiements,
notamment en procédant à la mise en harmonie de l'instruction de la Banque
Centrale des États de l’Afrique de l'Ouest (BCEAO) concernant l'identification par
les banques de leurs clients au moment de l'ouverture du compte.

L'obligation est faite aux banques de transmettre une copie de la lettre


d'avertissement adressée à tout client émetteur d’un chèque sans provision à la
Banque centrale, en vue de renforcer la lutte contre les incidents de paiement.

Ainsi, le dispositif de la Loi Uniforme, modifiée par le Règlement UEMOA


n°15 s'agissant des mécanismes de sécurisation des systèmes de paiement prend en
compte non seulement les cartes bancaires et les autres instruments et procédés de
paiement électronique, mais aussi le paiement par portemonnaie électronique et le
télépaiement, ainsi que toutes les autres formes de paiement électronique à naître.

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La preuve électronique étant rendue nécessaire pour l'adaptation du droit à


l'innovation technique et technologique, reste à en déterminer le domaine.

B- LE DOMAINE D'ADMISSION DE LA PREUVE PAR L'ECRIT


ÉLECTRONIQUE

Il est un fait que, aujourd’hui, il y a en Afrique en général et en Afrique de l’Ouest


en particulier, un constat général de la faiblesse d'utilisation de la monnaie
scripturale et une utilisation marginale des moyens scripturaux de paiement
électronique dans les rapports économiques et commerciaux au sein de l’UEMOA.
À cet égard, le nouveau dispositif mis en place par le Règlement communautaire se
veut à la fois incitatif et répressif, et attend d'être complété pour mieux servir dans
les transactions aussi bien des personnes physiques que des personnes morales
(entreprises et sociétés).

Dans l'espace UEMOA, sans doute, ces mesures visent-elles principalement les
banques, les commerçants, les opérateurs économiques et les particuliers en
affaires. Mais, elles doivent pouvoir bénéficier d'une forte implication des États
membres pour pouvoir infléchir les résistances et créer la préférence pour la
modernisation en cours. Pour ce faire, un élargissement du champ de réception de
l'instrument électronique est nécessaire et doit pouvoir procéder des dispositifs
complémentaires tendant à :

- la reconnaissance et la sécurisation des procédés et instruments de paiement


électronique dans toute la zone UEMOA ;

- la sécurisation des transactions par le renforcement de la garantie de paiement, au


besoin par une protection juridique de haut niveau combinant la prévention et la
répression des infractions en la matière.

Admise, la preuve par l’écrit sous forme électronique requiert une force probante.

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II- LA FORCE PROBANTE DE LA PREUVE PAR L'ECRIT SOUS


FORME ELECTRONIQUE

Récemment admise comme servant de preuve de droits subjectifs, la preuve par


écrit sous la forme électronique est devenue une véritable preuve concurrençant les
modes antérieurs. Ainsi, elle a en principe une force probante égale à celle de
l'écrit sur support papier (A). Toutefois, cette force probante est subordonnée à
certaines conditions (B).

A- LA PREUVE ÉLECTRONIQUE A UNE FORCE PROBANTE


IDENTIOUE A CELLE DE L'ECRIT SUR SUPPORT PAPIER

Il résulte de l’article 19 du Règlement n° 15 de l'UEMOA en date du 19


septembre 2002 que « l'écrit sous forme électronique est admis en preuve au
même titre que l'écrit sur support papier et à la même force probante que
celui-ci ».

Ainsi, l’écrit sous forme électronique, de même que l'écrit sur support papier, peut
servir de preuve en droit. Il résulte « d'une suite de lettres, de caractères, de chiffres
ou de tous autres signes ou symboles dotés d'une signification intelligible, quels
que soient le support et les modalités de transmission » (Règlement n° 15, art. 18).

Il reste que, alors que l'écrit sur papier lorsqu'il procède d'une preuve parfaite
s'impose aux parties aussi bien qu'au juge, l'écrit sous forme électronique semble
apparaître dans le texte du Règlement qui en établit la valeur comme ayant une
force probante conditionnelle.

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B- LA PREUVE ELECTRONIOUE A UNE FORCE PROBANTE


SUBORDONNEE A CERTAINES CONDITIONS

Il résulte du Règlement n° 15 de l'UEMOA en date du 19 septembre 2002, en


son article 19 in fine que l'écrit sous la forme électronique est admis comme preuve
« sous réserve que puisse être dûment identifiée la personne dont il émane et qu'il
soit établi et conservé dans les conditions de nature à en garantir l’intégrité ».

Cette disposition subordonne la valeur probatoire de la preuve électronique à


plusieurs conditions, qui sont : l'identification de la personne dont émane l'écrit
(Règlement, art. 19), et la garantie de l'intégrité de l'écrit (Règlement, art. 19).

D'autres conditions s'y ajoutent, tenant à la sécurisation de l'écrit. Cette


sécurisation doit non seulement procéder du cryptage, mais aussi de la certification
électronique (Règlement art. 28 et 29).

Au demeurant, l'écrit doit pouvoir, être fiable (Règlement, art. 27 al, 1-1) et rester
sous le sceau de la confidentialité pour en éviter la falsification (Règlement art.
26). Enfin, la conservation de la preuve sous forme électronique doit se faire
pendant une période de cinq (05) ans (Règlement art 20 al. 1).

La preuve électronique est commode, mais sa force probante est simple. Elle est
présumée et peut être contestée par la preuve contraire.

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CAS PRATIQUE

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CAS PRATIQUE

Le 15 janvier 2003, une loi est votée pour instituer la gratuité des frais de scolarité
dans les grandes écoles privées, au nombre desquelles figure l'École Supérieure
Internationale de Droit d'Abidjan (E.S.I.D.). Cette loi, abondamment commentée le
lendemain 16 janvier pour le grand public par des spécialistes dans le journal de 20
heures, a fait la "une" de tous les quotidiens pendant près de huit (08) jours, à la
grande joie de l’Association des parents d'élèves.

Informé de cette nouvelle loi qui décharge totalement ses parents, Monsieur
DAGO Vorien, étudiant à l'E.S.I.D. ne comprend pas pourquoi, dans l'après-midi
du 27 janvier 2003, la direction de l'E.S.I.D. lui adresse une correspondance pour
exiger de lui le paiement du reliquat de ses frais de scolarité pour l'année en cours,
faute de quoi l'accès à la salle d'examen lui sera interdit pour compter du lundi 03
février 2003.

Il rassure ses parents que l'École ne peut rien leur demander, et qu'ils peuvent
même attrait l'École en justice en vertu du principe " Nemo censetur ignorare
legem ". Dans cette affaire, l'École vous désigne comme conseil juridique. Elle
vient vous consulter sur deux points :

1. Que savez-vous du principe " Nemo censetur ignarare legem " ?

2. La loi nouvelle peut-elle s'appliquer à la demande et au bénéfice de


Monsieur DAGO Vorien ?

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CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

Le cas pratique, soumis à examen sous la forme d'une consultation juridique, est
relatif à la force obligatoire de la règle de droit et général, et pose en l'occurrence le
problème de la force obligatoire pouvant s’attacher à une loi nouvelle.

Les faits en sont simples. Une loi nouvelle, votée le 15 janvier 2003, institue la
gratuité des frais de scolarité dans les grandes écoles privées dont l'École
Internationale Supérieure de Droit (ESID). La loi, abondamment commentée par
des spécialistes le 16 janvier, fait la " une " des journaux et quotidiens pendant plus
de huit (08) jours. Monsieur Dago Vorien, étudiant à l’ESID, reçoit une lettre de la
Direction de l'École l'invitant à payer le reliquat de ses frais de scolarité sous peine
d’être interdit d'accès à la salle d’examen.

Monsieur Dago rassure ses parents qu'ils n'ont rien a payer en raison de la loi
nouvelle votée, et qu'ils disposent d'un droit d'action contre la Direction de l'École
en vertu du principe « Nemo censetur ignorare legem ».

Ainsi, deux problèmes se posent : celui du recours au principe « Nemo censetur


ignorare legem » (I) et celui des conditions d'entrée en vigueur de la loi nouvelle
(II).

I. LE RECOURS AU PRINCIPE « NEMO CENSETUR IGNORARE


LEGEM »

Le principe Nemo censetur ignorare legem assure, dans l'application du droit, le


maintien de la force obligatoire de la règle de droit en fonction de sa nature. Le
principe a une existence (A), dont la connaissance permet d’apprécier la pertinence
de son application au cas d'espèce (B).

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A- L'EXISTENCE DU PRINCIPE « NEMO CENSETUR IGNORARE


LEGEM »

Le principe « Nemo censetur ignorare legem », admis comme une règle


fondamentale de l'application du droit objectif, se traduit en français : « Nul n'est
censé ignorer la loi ». Ainsi formulé, le principe a une signification, à laquelle
s'attache une conséquence.

1. La signification du principe

Nul n'est censé ignorer la loi : L'idée, c'est que nul ne peut échapper à l'application
de la loi sous prétexte de son ignorance de celle-ci. Il en résulte que chacun doit
s'obliger à connaitre la loi (c'est-à-dire le droit en vigueur), en l’occurrence la règle
de droit promulguée et publiée au Journal Officiel.

Cette signification attachée au principe ainsi énoncé n'est qu'une présomption. En


effet, personne ne connaît, — et ne peut connaitre — toutes les lois en vigueur
dans un Etat, y compris les professionnels théoriciens et praticiens du droit. La
seule justification du principe n'est autre que sa nécessité pour prévenir l'anarchie.
La mauvaise foi deviendrait une règle largement répandue si l'application de la loi
devait être fonction de la connaissance effective que chacun en a. Aussi de la
connaissance présumée de la loi établie par le principe résulte-t-il une conséquence.

2. La conséquence du principe

Le principe « Nemo censerur ignorare legem » assure une sécurisation des


comportements en arbitrant par son existence une certaine égalité des citoyens
devant la loi. Il y a ainsi à la charge de chacun, l'obligation de renseignement,
tenant compte de la nature de la loi.

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a- L'obligation de renseignement sur la loi

Il y a une obligation de renseignement qui pèse sur chaque sujet de droit. Il


appartient à celui qui se trouve confronté à une question de droit de se renseigner.
Ce renseignement peut être obtenu par une formation au droit. Il peut être
également et notamment auprès des professionnels du droit que sont : les
professeurs de droit, les magistrats, les avocats, les notaires, les huissiers de justice.

Si se renseigner sur le droit est une obligation à la charge de toute personne, alors
s'en abstenir équivaut à la violation de l'obligation.

Or, la négligence ou l'ignorance ne saurait excuser celui qui entend s'en prévaloir
pour échapper à l'application du droit. Donc, la violation entraîne sanction. Le
principe "sanctionnateur" en est ainsi formulé : Nemo auditur quiam propriam
turpitudinem allegans.

La sanction du manquement à l'obligation de renseignement tient compte de la


nature de la loi.

b- La prise en compte de la nature de la loi

L'application du principe « Nemo censerur ignorare legem » renvoie à la force


obligatoire de la règle de droit, sanctionnée par l'autorité publique. La loi précise
elle-même qu’elle est soit impérative, soit supplétive.

- La loi impérative est celle qui est d'ordre public, dont il n’est pas permis d'écarter
l'application par des mesures ou procédures particulières. Le Code civil, en son
article 6 dispose : « On ne peut déroger, par des conventions particulières, aux
lois qui intéressent l'ordre public et les bonnes mœurs ». Il en résulte des
situations régies par la loi impérative. Par exemple : les lois de 2019 régissant le
mariage, la filiation ; les lois relatives au salaire minimum, à la durée du
travail ; à la circulation routière.

Le principe est assorti de deux exceptions : les dispenses et les dérogations. Les
dispenses sont des autorisations accordées à titre exceptionnel par les autorités
publiques habilitées en vue de conférer la capacité juridique d'accomplir certains
actes.

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Les dérogations sont des exceptions dont les bénéficiaires peuvent se prévaloir
pour échapper à une disposition légale. Par exemple : l'Administration peut
accorder à une entreprise une dérogation à l'obligation faite par la loi de donner à
tous les salariés un jour de repos hebdomadaire le dimanche.

- La loi supplétive peut être définie comme celle à laquelle il est permis de déroger
par des conventions particulières. Elle ne s'impose qu'à défaut de volonté contraire
de l’intéresse. Le Code civil en son article 1651 prévoit la possibilité de suppléer
aux lois supplétives : « s'il n'a rien été réglé à cet égard lors de la vente, l'acheteur
doit payer au lieu et dans le temps où doit se faire la délivrance ».

La loi supplétive présente un triple intérêt : celui de mettre en application le


principe du consensualisme (par exemple : en matière de vente, le consentement
sur la chose et sur le prix) ; celui d'introduire un mécanisme souple dans le
commerce juridique (par exemple : entente en matière de livraison, de modalités du
paiement d'une marchandise) ; celui d'introduire un degré de commodité dans les
rapports juridiques.

La loi nouvelle relative à la gratuité des frais de scolarité dans les grandes écoles
privées est une loi impérative. Permet-elle d'appliquer le principe « Nemo
censetur... » au cas d’espèce ?

B- L'APPLICATION DU PRINCIPE « NEMO CENSETUR » AU CAS


D'ESPECE

Il résulte du cas d'espèce que Monsieur Dago Vorien veut recourir au principe «
Nemo censetur ignorare legem » non seulement comme fondement a son action,
mais aussi comme moyen libératoire du paiement du reliquat de la scolarité en
cours.

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1. Le principe, fondement d'une action en justice

Le principe « Nemo censetur ignorare legem », ainsi exposé, peut-il être invoqué
pour servir de fondement à une action en justice dans le cas d'espèce ?

La réponse à cette question est négative. Le principe n'établit qu'une présomption


de connaissance. Or, la loi nouvelle n'est pas encore une loi en application. Sa
publicité, même très large faite, n'en établit ni la validité, ni l'opposabilité, dès lors
qu'elle n'est nullement entrée en vigueur. Ainsi, le principe « Nemo censetur...» ne
peut être invoqué pour fonder l'action en justice de Monsieur Dago Vorien. Cette
action est sans fondement.

2. Le principe, moyen libératoire du paiement des frais de scolarité

En principe, les frais de scolarité découlent d'un contrat entre des parties (Code
civil art. 1134). Ce contrat les lie et fait peser à la charge de chacune une
obligation : pour l'École, assurer la formation au profit de Monsieur Dago Vorien ;
pour celui-ci ou/et ses parents, payer le prix convenu. De sorte que, même si elle
était applicable, la loi nouvelle ne l'aurait été que pour des situations futures, soit la
rentrée prochaine, en raison de la non rétroactivité de la loi.

L'invocation du principe « Nemo censetur ignorare legem », s'agissant de la loi


nouvelle est sans intérêt et sans fondement. Monsieur Dago Vorien est tenu au
paiement du reliquat de sa scolarité. La loi qu'il accuse la Direction de l'École
d'ignorer n’est pas encore entrée en vigueur.

II- LES CONDITIONS D'ENTREE EN VIGEUR DE LA LOI NOUVELLE

La règle de droit, en l'occurrence, la loi, acquiert une force obligatoire à partir de


son entrée en vigueur à partir de laquelle la loi demeure jusqu'à concurrence de son
abrogation. Il en résulte que, pour trouver place dans l'ordonnancement juridique,
la loi nouvelle doit avoir une existence (A) ce qui permet d'en assurer l'application
au cas d’espèce (B).

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A- L'EXISTENCE DE LA LOI NOUVELLE

L'entrée en vigueur de toute loi nouvelle est subordonnée à deux conditions qui
sont : d'abord, la promulgation ; ensuite, la publication.

1. La promulgation de la loi

La promulgation est l'ordre d'exécution de la loi qui émane de l'exécutif. Une


distinction mérite d'être faite cependant, entre différentes normes juridiques
soumises à promulgation : les lois ; les ordonnances et décrets.

a- La promulgation des lois

Pour les lois parlementaires, la promulgation consiste à certifier et authentifier la


loi par un décret. Par ce décret, le Président de la République donne l'ordre de
l'exécuter sur toute l'étendue du territoire national.

La loi votée est transmise par le Parlement au Président de la République. Sa


promulgation doit intervenir dans les trente (30) jours, sauf si le Conseil
Constitutionnel a été saisi pour en contrôler la constitutionnalité ou si le Parlement
a été saisie par le Président de la République pour une seconde délibération
(Constitution, art. 74).

La date d'existence de la loi est celle du décret de promulgation.

Par exemple : Loi n° 2016-883 du 08 novembre 2016 portant Constitution de


la République de Côte d'Ivoire (« 2016 » désigne l'année ; « 883 » est le
numéro d'ordre de la loi ; « 08 novembre », le jour de la signature du décret
de promulgation).

La conséquence y attachée, c'est qu'à partir de sa promulgation, la loi devient


obligatoire et exécutoire à l'égard de tous y compris du Pouvoir Exécutif et du
Pouvoir Législatif.

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b- La promulgation des règlements et ordonnances

Pour les règlements et les ordonnances, la promulgation résulte de la signature de


l'auteur du texte. Par exemple : le Président de la République pour les décrets ; le
ministre pour les arrêtés ministériels ; le Préfet ou le maire pour les arrêtés
préfectoraux ou municipaux. Promulguée, la loi ou la norme juridique n'est
opposable que si elle a fait l'objet d'une publication.

2- la publication de la loi

La publication connaît des variantes et auxquelles s'ajoute parfois la pratique des


erratas.

a- Les variantes de la publication

La publication d'une loi est l'insertion matérielle qui est faite au Journal Officiel.
La loi ainsi publiée devient non seulement obligatoire mais aussi applicable à tous,
c'est-à-dire opposable à tous les citoyens qui sont censés en avoir eu connaissance.

Le délai de publication, temps imparti pour porter la norme à la connaissance des


citoyens, est de trois (03) jours francs (Loi n° 61-175 du 18 mai 1961 modifiée
par Décret n° 81-894 du 28 octobre 1981, art. 1, 2). Toutefois, le délai de
publication peut varier en cas d'urgence ou d'application différée.

En cas d'urgence, la nouvelle loi est d'applicabilité immédiate, après affichage ou


après trois communiqués radiodiffusés (Loi n° 61-175 du 18 mai 1961 modifiée
par Décret n° 81-894 du 28 octobre 1981, art. 3, 4, 5). Par exemple : il en a été
ainsi de la loi "anti-casseur" de 1992, abrogée.

La procédure d'urgence est destinée à raccourcir le délai d'application de la norme


lorsqu'il y a nécessité. La loi est d'application immédiate dès lors qu'elle a été

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affichée par l'autorité compétente (par exemple : cette urgence peut intervenir en
matière fiscale, pour éviter la fraude).

L'application différée de la nouvelle loi survient lorsque l'entrée en vigueur en est


avancée ou retardée. Elle peut être portée à une date ultérieure, fixée par la loi elle-
même, en vue de permettre au plus grand nombre de citoyens de la connaître.

Ainsi, à la suite d'une importante réforme, le Gouvernement se donne le temps de


prendre les règlements d'application. Par exemple : la Loi n° 92-570 du 11
septembre 1992 portant statut général de la fonction publique a été d'une
application différée : elle n'est entrée en vigueur qu'après quatre (04) décrets
d'application.

b- La pratique des errata

Comme toute œuvre humaine, la règle de droit que les autorités étatiques édictent
et qui entre dans l'ordonnancement juridique peut être entachée d'erreur,
notamment d'erreurs matérielles. Pour surmonter ces erreurs, il appartient au
Gouvernement d'insérer dans le Journal Officiel une liste des erratas visant à
préciser les différentes erreurs et les corrections respectives à leur apporter.

Toutefois, les corrections s’inscrivent dans une certaine limite. En effet, lorsque les
corrections visent à compléter au point de modifier et dénaturer le sens du texte
initial, elles sont réputées sans valeur et nulles.

Promulguée et publiée, la loi nouvelle reste en vigueur jusqu'à concurrence de son


abrogation, qui peut être une abrogation soit expresse, soit tacite, ou une
abrogation par désuétude.

Dans le cas d’espèce, la loi sur la gratuité de la scolarité votée commentée par les
spécialistes, et portée à la "une" des journaux et quotidiens peut-elle être appliquée
à la demande et au bénéfice de Monsieur Dago Vorien ?

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B- L'APPLICATION DE LA LOI NOUVELLE AU CAS D’ESPECE

Bien qu'elle ait pu faire l'objet de commentaires et d'une large publicité, la loi
nouvelle relative à la gratuité des frais de scolarité dans les grandes écoles privées
ne peut nullement s'appliquer à la demande et au bénéfice de Monsieur Dago
Vorien. En effet, il s'agit d'une loi non promulguée, et en conséquence d'une loi
non publiée.

1. La loi nouvelle, une loi non promulguée

Il résulte de la récente Constitution Art. 74 al. 2, que la loi votée est promulguée
dans les trente (30) jours suivant la transmission qui en est faite par le Parlement au
Président de la République, ce délai étant réduit à cinq (05) jours en cas d'urgence.
Tels sont les délais impartis pour que la promulgation de la loi procède du décret
présidentiel.

Dans le cas d'espèce, la loi soit votée le 15 janvier 2003. Mais, aucun indice ne fait
cas ni de la transmission de la loi nouvelle au Président de la République, ni du
décret de promulgation, non plus que des délais de promulgation. Certes, le
commentaire en a été fait le lendemain, soit le 16 janvier 2003. Mais, le «
commentaire » vaut-il « promulgation » ? La réponse est négative.

En conclusion : la loi sur la gratuité de la scolarité dans les grandes écoles privées
n'a jamais été promulguée. Elle ne l'a été ni dans le délai normal de trente (30)
jours, ni dans le délai d’urgence de cinq (05) jours. N'ayant pas été promulguée,
elle reste a fortiori une loi non publiée.

2. La loi nouvelle, une loi non publiée

En principe, la loi nouvelle n'est opposable aux citoyens, destinataires, qu’après sa


publication. Celle-ci intervient trois (03) jours francs après son insertion dans le
Journal Officiel (Décret n° 61-175 du 18 mai 1961 modifiée par Décret n° 81-
894 du 28 octobre 1981, art 1, 2), sauf cas d'urgence permettant d'en assurer
l’application immédiate, après affichage ou après trois communiqués radiodiffusés

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(Décret n° 61-175 du 18 mai 1961 modifiée par Décret n° 81-894 du 28 octobre


1981, art. 3, 4, 5).

Dans la consultation, divers indices permettent de s'apercevoir qu'il y a eu une


incontestable publicité autour de la loi nouvelle : les « commentaires de
spécialistes », la « une » des quotidiens pendant huit (08) jours. Toutefois, cette «
publicité » vaut-elle « publication » ?

À la question posée, la réponse est négative. Certes, la publication est toujours une
publicité de la norme juridique nouvelle. Mais, en sens inverse, toute forme de
publicité ne vaut pas publication. En droit seule la parution au Journal Officiel
consacre la publication de la loi.

En conclusion : la loi nouvelle n'ayant jamais été publiée, elle ne peut nullement
fonder une action en justice, non plus qu'être invoquée pour son application à la
demande et au bénéfice de Monsieur Dago Vorien, parce que la loi n'est pas encore
entrée en vigueur.

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III- CAS PRATIQUE

Le 29 mars 2007, une loi saluée par tous de populaire et qualifiée de


révolutionnaire est votée pour instituer la gratuité des frais de scolarité dans les
grandes écoles privées, au nombre desquelles figure l'École Universelle du Salut.
En marge des hommes de Dieu qui ont influencé le vote de cette loi, les hommes
des médias et de la communication en ont fait la plus grande publicité, notamment
en invitant personnellement le Ministre de Tutelle des enseignements pour
confessionnels pour porter la loi à la connaissance de la nation à l’émission réveil
matin, puis au journal télévisé de 13 heures. Les parents d'élèves ont alors organisé
une marche pour que la loi s'applique aussitôt.

MOUSSA et KOUADIO, étudiants très pieux s’inscrivent dans ce mouvement et


donnent la nouvelle à leurs parents qu'ils ne doivent plus rien à l'École. Le 15 mai
au matin, le doyen de l’Écale leur adresse une note très brève pour exiger des
parents lui le reliquat des frais d'écolage pour l'année en cours, faute de quoi l'accès
à la salle d'examen lui sera interdit pour compter de fin mai.

MOUSSA et KOUADIO amènent leur parent à traduire l'école en justice, sur la


base du principe « Nemo censetur ignorare legem ». Dans cette affaire, l'École
vous désigne comme conseil juridique. Elle vient vous consulter sur deux points :

1. Que savez-vous du principe « Nemo censetur ignorare legem » ?

2. La loi nouvelle peut-elle s'appliquer à la demande et au bénéfice de


MOUSSA et KOUADIO ?

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Sujets proposés sans corrigés

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I- DISSERTATION

1. Qu'est-ce que le droit ?

2. Existe-t-il une différence entre le droit et la justice ?

3. Quels sont les fondements du droit ?

4. Qu’est-ce que le droit naturel ?

5. En quoi consiste le positivisme juridique ?

6. Le droit est-il une discipline autonome ?

7. Qu'est-ce que la loi ?

8. À quelles conditions, la loi peut-elle être appliquée ?

9. Comment et pourquoi distinguer la loi et le règlement ?

10. Les lois spéciales

11. La hiérarchie des sources du droit

12. Les sources non nationales du droit.

13. La coutume, source du droit

14. La doctrine, source du droit

15. La jurisprudence, source du droit

16. Les maximes d'interprétation du droit

17. L'interprétation exégétique du droit

18. L'interprétation de la décision juridictionnelle

19. La force obligatoire de la règle de droit

20. Que signifie le principe Nemo censetur ignorare legem ?

21. Les sources des droits subjectifs

22. La distinction entre droit objectif et droits subjectifs

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23. Les catégories de droits subjectifs

24. Le régime juridique des droits extra-patrimoniaux

25. Comparez droits patrimoniaux et droits extra-patrimoniaux

26. Le statut des droits patrimoniaux

27. La distinction entre actes juridiques et faits juridiques

28. La validité des actes juridiques

29. Les effets des actes juridiques

30. Les actes authentiques et actes sous seing privé

31. La présomption dans la charge de la preuve

32. Le rôle du juge et des parties dans la charge de la preuve

33. La preuve écrite des droits subjectifs

34. La preuve non écrite des droits subjectifs

35. La preuve imparfaite des droits subjectifs

36. Les formes modernes de la preuve écrite

37. Les voies de recours extraordinaires

38. Les procédés de l'exécution forcée

39. L'exécution des décisions de justice en droit privé.

40. Existe-t-il des voies d'exécution contre l'Administration ?

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II- COMMENTAIRE DE TEXTE

A- Dispositions constitutionnelles (Constitution ivoirienne du 8 novembre


2016, Extraits)

41. Commentez :

Article 101

La loi fixe les règles concernant :

 la citoyenneté, les droits civiques et les garanties fondamentales accordées


aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques, la liberté, le pluralisme
et l’indépendance des médias, les sujétions imposées par la défense
nationale aux citoyens en leur personne et en leurs biens ;

 la nationalité, l’état et la capacité des personnes, les régimes matrimoniaux,


les successions et les libéralités ;

 la procédure selon laquelle les us et coutumes sont constatés et mis en


harmonie avec les principes fondamentaux de la Constitution la
détermination des crimes et délits ainsi que des peines qui leur sont
applicables, la procédure pénale, l’amnistie ;

 l’organisation des juridictions judiciaires, administratives et financières ainsi


que la procédure suivie devant ces juridictions ;

 le statut des magistrats, des officiers ministériels et des auxiliaires de Justice ;

 le statut général de la Fonction publique ;

 le statut du Corps préfectoral ;

 le statut du Corps diplomatique ;

 le statut du Personnel des collectivités territoriales ;

 le statut de la Fonction militaire ;

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 le statut des Personnels de la Police nationale ;

 l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toute


nature ;

 le régime d’émission de la monnaie ;

 le régime électoral du Parlement et des Assemblées locales ;

 les modes de gestion publique des activités économiques et sociales ;

 la création de catégories d’Etablissements publics ;

 l’organisation générale de l’Administration ;

 l’état de siège et l’état d’urgence ;

 les conditions de promotion et de développement des langues nationales.

La loi détermine les principes fondamentaux :

 de l’Enseignement et de la Recherche scientifique ;

 de l’organisation de la Défense nationale ;

 du régime de la propriété, des droits réels et des obligations civiles et


commerciales ;

 du droit du travail, du droit syndical et des Institutions sociales ;

 de l’aliénation et de la gestion du domaine de l’Etat et de celui des


collectivités territoriales ;

 du transfert d’entreprises du secteur public au secteur privé ;

 de la mutualité et de l’épargne ;

 de la protection de l’environnement et du développement durable ;

 de l’organisation de la production ;

 du régime des partis politiques et du statut de l’opposition politique ;

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 du régime des transports et des télécommunications ;

 du régime des ressources et des charges de l’Etat ;

 de la programmation des objectifs de l’action économique et sociale de


l’Etat ;

 de l’organisation et du fonctionnement des pouvoirs publics.

Article 103

Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi relèvent du domaine
réglementaire.

Les textes de forme législative intervenus en ces matières antérieurement à l'entrée


en vigueur de la présente Constitution, peuvent être modifiés par décret pris après
avis du Conseil constitutionnel.

42. Commentez : (Constitution ivoirienne du 1er août 2000, Extraits)

Article 52

Les projets de loi, d'ordonnance et de décret réglementaire peuvent être soumis au


Conseil constitutionnel pour avis, avant d'être examines en Conseil des ministres.

Article 134 Nouveau (Constitution 2016)

Les engagements internationaux visés à l’article 120 avant leur ratification, les lois
constitutionnelles adoptées par voie parlementaire, les lois organiques avant leur
promulgation, les règlements des assemblées parlementaires avant leur mise en
application, doivent être déférés par le Président de la République, le Président de
l’Assemblée nationale ou le Président du Sénat au Conseil constitutionnel, qui se
prononce sur leur conformité à la Constitution.

156 POUR REVENIR A LA TABLE DES MATIERES, CLIQUEZ ICI


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La saisine du Conseil constitutionnel suspend le délai de promulgation ou de mise


en application.

B- Dispositions du Code civil

43. Commentez :

« L'autorité de la chose jugée n'a lieu qu'a l'égard de ce qui a fait l'objet du
jugement » (Code civil art. 1351).

44. Commentez :

« On ne peut déroger, par des conventions particulières, aux lois qui intéressent
l'ordre public et les bonnes mœurs » (Code Civil, art. 6).

45. Commentez :

« La loi ne dispose que pour l'avenir ; elle n'a point d'effet rétroactif » (Code civil,
art. 2).

46. Commentez :

« Le juge qui se refusera de juger, sous prétexte du silence, de l'obscurité ou de


l'insuffisance de la loi, pourra être poursuivi comme coupable de déni de justice »
(Code civil, art. 4).

C- Extrait d’arrêt

47. Commentez :

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a- Cour Suprême, Chambre Constitutionnelle, arrêt n° 19-2001 du 06 août


2001 (Extraits)

« (...) Considérant que par lettre du 27 juin 2001, le Groupe Parlementaire du Parti
Démocratique de Côte dit PDCI, représenté par son président a saisi la Chambre
Constitutionnelle dans les conditions prévues à l'article 97 de la Constitution, aux
fins de dire que le projet de loi relatif à l'organisation du Département a le caractère
d'une loi organique en application des articles 71 alinéas 34 et 121 de la
Constitution.

En la forme

Considérant que la requête a été introduite dans les conditions prévues par la
constitution ; qu'elle est donc recevable.

Au fond

Considérant que dans le cadre de la réalisation de son programme de


décentralisation avancée, le Gouvernement a soumis à l'examen de l'Assemblée
Nationale un projet de loi relatif à l'organisation du Département, présenté comme
une collectivité territoriale dotée de la personnalité morale, de l'autonomie
financière, avec un organe délibérant, le Conseil Général et un organe exécutif, le
Président du Conseil, tous élus.

Considérant que par la requête sus-visée le Groupe Parlementaire du Parti


Démocratique de Côte d'Ivoire dit PDCI-RDA demande à la Chambre
Constitutionnelle de la Cour Suprême de dire que le projet de loi a un caractère
organique.

Considérant qu'à l'appui de sa requête, le Groupe Parlementaire PDCI-RDA expose


en substance qu'en sus des lois organiques énumérées par la Constitution, existe
une autre catégorie de lois organiques représentées par les structures et systèmes
prévus par la Constitution parmi lesquels figure le système d'organisation des
collectivités territoriales ; qu’il explique que le cadre de cette organisation révèle
d'un système juridique en deux phases, l'une prévue par l'article 120, faisant des
régions et communes des collectivités territoriales ayant une assise
constitutionnelle, alors que l'autre, contenue dans l'article 121, représente des
collectivités territoriales qui sont créées et supprimées par la loi ; qu'il soutient que

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le département, qui apparaît comme le point d'ancrage du programme du


Gouvernement en matière de décentralisation, a un régime juridique particulier
dans l'ordonnancement de la hiérarchie des collectivités territoriales, puisqu'il
inclut la commune et en déduit, en conséquence, que seule une loi organique doit,
par interprétation de l'article 71 alinéa 3 de la Constitution et des principes
généraux de droit, organiser son fonctionnement.

Mais considérant que d'une part, aux termes de l'article 71 alinéa 3 et suivants de la
Constitution :

« Sont des lois organiques celles qui ont pour objet de régir les différentes
institutions, structures et systèmes prévus ou qualifiés comme tels par la
Constitution.

Les lois auxquelles la constitution confère le caractère de lois organiques sont


votées et modifiées dans les conditions suivantes : le projet ou la proposition n’est
soumis à la délibération et au vote de l’Assemblée nationale qu’à l’expiration d’un
délai de quinze jours après son dépôt.

Le texte ne peut être adopté par l’Assemblée nationale qu'à la majorité des 2/3 de
ses membres.

Les lois organiques ne peuvent être promulguées qu'après la déclaration par le


Conseil constitutionnel de leur conformité à la Constitution » ; que d’autre part,
aux termes de l'article 120, « Les collectivités territoriales sont les Régions et les
Communes » et 121, « Les autres collectivités territoriales sont créés et supprimées
par la loi » ;

Qu'il résulte de ces textes que les lois organiques sont déterminées et précisées par
une disposition de la Constitution qui confère expressément ce caractère aux dites
lois et consacre les matières ainsi régies comme institutions, structures et systèmes ;

Qu'ainsi, à l'exclusion des matières soumises aux lois organiques indiquées dans la
Constitution, il ne saurait exister d’autres lois organiques résultant des notions de «
institution, structure et système », dès lors que la Constitution ne les a pas
expressément prévus ou qualifiés comme tels.

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Considérant qu'en annonçant chaque fois par un article spécifique la matière régie
par une loi organique, la Constitution a nécessairement exclu l'existence de lois
organiques à la discrétion du législateur ;

Qu'il s'ensuit que les collectivités territoriales, prévues par l'article 121 de la
Constitution, qui sont créées et supprimées par la loi, ne peuvent être régies par
une loi organique ;

Que dès lors, le projet de loi relatif à l'organisation du département, fondé sur
l'article 121 de la Constitution, n'a pas un caractère organique... ».

48. Commentez :

b- Cour Suprême, Chambre Constitutionnelle, arrêt n° 20-2001 du 06 août 2001


(Extraits)

(...)

En la forme

Considérant que par sa requête sus-visée, le Groupe Parlementaire du Parti


Démocratique de Côte d'Ivoire dit PDCI-RDA a saisi la Chambre Constitutionnelle
de la Cour Suprême aux fins de recueillir son avis, en application de l'article 97 de
la Constitution, sur le projet de loi portant composition, organisation, attributions
et fonctionnement de la Commission Nationale Électorale ;

Considérant qu'introduite dans les conditions prévues par la Constitution, cette


requête est recevable.

Au fond

Considérant que le Groupe Parlementaire PDCI-RDA, par sa requête sus-visée,


demande à la Chambre Constitutionnelle de reconnaître d'une part, que la
Commission Électorale indépendante est une institution au sens juridique du terme
et qu’en conséquence, elle peut être créée par une loi organique en application de
l'article 71 alinéa 3 de la Constitution et d'autre part, que le projet de loi portant
composition, organisation, attributions et fonctionnement de la Commission

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Électorale indépendante viole le principe de l'indépendance de la dite Commission


prévue à l'article 32 de la Constitution.

Considérant qu'à l'appui de sa demande, le requérant soutient d'une part que la


Constitution n'interdit pas de créer d'autres institutions régies par des lois
organiques, en dehors de celles prévues par la Constitution et d'autre part, qu'en
permettant au Président de la République de faire nommer directement le Président
de cette Commission, de proposer avec le Président de l'Assemblée Nationale la
nomination des membres non-permanents de la dite Commission, le principe de
l'indépendance de cette Commission est violé.

Sur la création de la CNE par une loi organique Considérant qu'aux termes de
l'article 71 alinéa 3 et suivants de la Constitution :

« Sont des lois organiques celles qui ont pour objet de régir les différentes
institutions, structures et systèmes prévus ou qualifiés comme tels par la
Constitution.

Les lois auxquelles la constitution confère le caractère de lois organiques sont


votées et modifiées dans les conditions suivantes : le projet ou la proposition n'est
soumis à la délibération et au vote de l'Assemblée nationale qu’à l'expiration d’un
délai de quinze (15) jours après son dépôt.

Le texte ne peut être adopté par l'Assemblée nationale qu'a la majorité des 2/3 de
ses membres.

Les lois organiques ne peuvent être promulguées qu'après la déclaration par le


Conseil constitutionnel de leur conformité à la Constitution ».

Considérant qu'il résulte de l’article 32 alinéa 4 que :

« L’organisation et la supervision du référendum et des élections sont assurées par


une Commission Indépendante dans les conditions prévues par la loi ».

Considérant qu'il ressort de ces textes que la Constitution n'a, d'une part, qualifié la
Commission Indépendante de " institution " et d'autre part, conféré le caractère
organique à la loi devant la régir ; qu'il s'ensuit que le projet de loi relatif à la
Commission Électorale indépendante n’a pas un caractère organique... ».

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D- Pages de doctrine

49. Commentez :

« La question parait plonger le jurisconsulte dans l'embarras, s'il ne veut pas


tomber dans la tautologie ou, au lieu d'indiquer une solution universelle, renvoyer à
ce que les lois dans un certain pays et à une certaine époque... Ce qui est de droit
(quid sit juris), c'est-à-dire ce que les lois disent ou ont dit en un certain lieu et en
un certain temps sans doute peut-il l'indiquer, mais sans savoir si ce qu'elles
voulaient était en outre juste, et quel est le critère universel auquel on peut
reconnaître en général aussi bien le juste que l'injuste (justum et injustum), cela lui
reste bel et bien dissimulé (...).

Le concept du droit dans la mesure où il se rapporte à une obligation qui lui


correspond (c'est-à-dire le concept moral de droit), premièrement ne concerne que
le rapport extérieur et, plus précisément, pratique d'une personne à une autre, en
tant que leurs actions peuvent, comme facta, avoir une influence les unes sur les
autres (immédiatement ou médiatement).

Mais, deuxièmement, il ne signifie pas la relation de l'arbitre au souhait (par


conséquent pas non plus au simple besoin) d'autrui, comme c'est le cas par exemple
dans les actions de bienfaisance ou de cruauté, mais purement et simplement à
l'arbitre d'autrui.

Troisièmement dans cette relation réciproque des arbitres, n'intervient pas non plus
la matière de l’arbitre, c'est-à-dire la fin que tout individu peut concevoir pour
l'objet qu’il veut — par exemple, la question n’est pas posée de savoir si quelqu'un,
avec la marchandise qu'il m'achète pour son propre commerce, pourrait trouver
aussi son bénéfice ou ne le pourrait pas, mais c'est seulement la forme de la
relation entre les arbitres présents des deux côtés que l’on interroge, en tant qu'ils
sont considérés simplement comme libres, et cela, pour savoir si l'action de l'un des
deux se laisse concilier avec la liberté de l’autre selon une loi universelle.

Le droit est donc l'ensemble conceptuel des conditions sous lesquelles l'arbitre de
l'un peut être concilié avec l'arbitre de l’autre selon une loi universelle de la liberté
».

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(E. Kant, Introduction à la Doctrine du Droit. Tome II, trad. A. Renaut, G.


Flammarion, 1994, pp, 15-19).

50. Commentez :

« De toutes les, règles existantes (règles morales, règle mathématique, règle de


l'harmonie, règle de prosodie métrique, règle de grammaire, etc), la règle juridique
est la seule à posséder divers traits qui font d'elle une règle garantie et sanctionnée
par l'autorité publique.

Cela signifie à la fois et indivisiblement que les règles juridiques sont les seules
règles que sanctionne l'autorité publique, et que cette dernière ne peut édicter et
sanctionner que des règles juridiques. L'existence de la sanction suffit à elle seule,
à différencier la règle juridique de toute autre. Peu importe que la sanction ne soit
pas appliquée ou qu'elle ne soit pas efficace : ces deux aspects sont très importants
en pratique, mais n'affectent point la notion de règle de droit ».

(Jean-Claude RICCI, Introduction à l’étude du Droit Hachette, Paris, 1993, p. 64).

51. Commentez :

« Pour les uns, il ne doit y avoir finalement qu’un seul ordre juridique (Kelsen), les
règles de droit international y compris la norme hypothétique fondamentale sont
placées au sommet d'une pyramide qui englobe tous les autres systèmes, qui
peuvent bien présenter certaines particularités et constituer des sous-ordres soit
nationaux, soit propres à une Organisation internationale : mais l'univers juridique
ne constitue finalement qu’une seule structure (monisme normatif).

D'autres monistes admettent également l'unité fondamentale du droit, mais en se


plaçant sur un autre plan, soit qu'il y ait émergence d'une société universelle unique
englobant des sociétés particulières étatiques ou non étatiques (monisme
sociologique de G. Scellé), soit que le Bien Commun universel se subordonne les
biens communs de toutes les sociétés particulières (monisme du droit naturel).

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Face à ces écoles monistes, d'autres esprits formés aux méthodes du droit
international privé ont considéré le Droit international et droits nationaux comme
des systèmes clos ordonnés autour de deux origines différentes (la règle pacta sunt
servanda, les Constitutions étatiques) et restant totalement indépendants l'un de
l'autre (...) ».

(P. Reuter, Droit international public, PUF, Paris, 5e éd. 1976, p. 54).

52. Commentez :

« Dans l’univers du droit offert à notre interrogation, l’une des lois nous est fournie
par l'adage, devenu banal : pas de société sans droit ; et là où il y a société
(d'hommes) il y a, nécessairement, du droit, c'est-à-dire des lois qui en gouvernent
et l’organisation et le fonctionnement. Ainsi, se trouve souligné le caractère social
du droit, autant sa nécessité que son universalité.

Et on n'hésite pas à évoquer la loi de la jungle, alors même que le propre de la


jungle est d'être sans loi et de ne pas avoir de loi ; la loi du plus fort n'en étant
guère. Le droit ne répond pas à la question de savoir qui fait quoi (situation de fait),
mais celle de savoir qui à le droit de faire quoi, qui a droit à quoi, en reconnaissant
et en attribuant à chacun le sien, autant ses droits que ses obligations.

La nécessité du droit (de la loi), qui est celle de la vie en société, se lit autant dans
son unité (la loi) que dans son universalité. Voilà l'absolu. Mais aucun droit,
aucune loi ne peut prétendre régir toutes les sociétés, indistinctement : il n'y a pas
de lois naturelles ou éternelles susceptibles de régir, comme intemporellement,
toutes les sociétés ; chaque société a son identité propre, comme elle a sa propre loi
( la Côte d’Ivoire, le Cameroun, la France, le Japon, etc., ont, chacun, sa loi).
Parler de la loi de façon générale, c'est donc évoqué une abstraction et s'interdire
d'appréhender le droit vivant et vécu.

En effet, il n'y a de droit qu'historiquement situé. On le voit, à ce stade de notre


itinéraire, le relatif a pris le pas sur l'absolu, le concret sur l'abstrait ; le nécessaire
le cède au contingent et le général s'efface devant le particulier ; ces termes,
contradictoires, devant toutefois, être conjugués —au même mode —; car, l'un ne
va pas sans l'autre, le général et le particulier, l'objectif et le subjectif. Il y a, ainsi,

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les lois propres à chaque État en particulier, et la loi, exprimant les caractéristiques
générales des lois ».

(F. Wodié. La Loi, Abidjan, 1998, pp. 1-2).

53. Commentez :

« C'est pourquoi, l'interprétation juridique qui ne s'applique pas seulement à un


texte au sens courant du terme ne peut être ni restauration d'un sens originaire, ni
exercice du soupçon. Elle est conférence des sens multiples que des circonstances
diverses ont contribué à engendrer, à déposer progressivement dans le langage
juridique et, parfois, à découvrir. Le juriste examine des repères, des dispositions
légales, des décisions juridictionnelles, qu'il ne doit pas confondre avec le droit lui-
même puisqu’ils n'en sont que des symboles.

L’homme qui parle en symboles est d'abord un récitant ; il transmet une abondance
de sens dont il dispose si peu que c'est elle qui lui donne à penser ; c'est l'épaisseur
du sens multiple qui sollicite son intelligence : et l’interprétation consiste moins à
supprimer l’ambiguïté qu'à la comprendre et à en expliciter la richesse ».

(Ch. Atlas, « Éditorial en forme d'abrégé philosophique et juridique n'engageant


que son auteur », in Revue de la Recherche Juridique Droit Prospectif, Presses
Universitaires d'Aix-Marseille, 1987 / 1, p. 15).

54. Commentez :

« L’application du droit est naturellement envisagée en tant que le droit s'impose


aux sujets de droit, qu’il a force obligatoire. La force obligatoire de la coutume et
de la jurisprudence est, en quelque sorte, inhérente aux règles d'origine coutumière
ou jurisprudentielle dès que ces règles se dégagent des pratiques des hommes ou
des décisions des juridictions. Il en va autrement dans le cadre du droit écrit, on dit
encore de la légalité (...).

La disposition légale, qu'elle résulte d’une loi, d'une ordonnance, d’un règlement
administratif, a force obligatoire, ce qui est volontiers considéré comme un

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caractère inhérent à la règle de droit. Pour déterminer la durée de cette force


obligatoire, il faut rechercher à partir de quel moment la règle légale entre en
vigueur et comment elle disparaît.

L'entrée en vigueur de la loi résulte de sa promulgation et de sa publication. En


principe, la loi a vocation à durer indéfiniment, mais sa force obligatoire peut lui
être retirée par abrogation ».

(F. Terré, Introduction générale au droit 5e éd. Dalloz. Paris 2000. pp. 441-442).

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DOCUMENTS SUGGERES

- ANNALE DE DROIT CONSTITUTIONNEL ;

- ANNALE DE DROIT CIVIL (DROIT DES PERSONNES ET DE LA


FAMILLE) ;

- LEXIQUE IVOIRIEN DES TERMES JURIDIQUES.

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