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ANNALES
D'INTRODUCTION
A L'ETUDE DU DROIT
PREFACE
Ce document “annales d'introduction à l'étude du droit“ prend en compte plus de
77 sujets d'examens dont 23 seulement ont été intégralement corrigés.
L'introduction générale à l'étude du droit est une matière enseignée en Première
année de droit. Cette matière énonce les fondamentaux de cette discipline. Sa
maîtrise est donc un impératif catégorique pour tout étudiant juriste et en
particulier pour ceux de la licence I de droit.
Vous y retrouverez à l'intérieur de ce document, tout ce dont vous avez besoin pour
valider vos acquis dans cette matière juridique (Introduction à l'Étude de Droit).
COPYRIGHT - Ivoire-Juriste.
COMMENTAIRE DE TEXTE
COMMENTAIRE DE TEXTE
« Le droit n'est pas la seule règle de conduite sociale. La morale et, dans une
moindre mesure, la politesse, la bienséance, l'honneur régissent aussi la vie en
société. Le contenu de ces diverses règles est souvent identique : le droit comme la
morale, condamne le vol et le meurtre. Parfois, il diffère : le duel, interdit par le
droit et la morale, peut être exigé par l'honneur.
Le seul critère décisif des règles de droit est l'existence de sanctions particulières.
Alors que le respect des autres règles de conduite sociale est laissé à la conscience
individuelle (honte, remords ) ou la pression sociale spontanée (blâme, exclusion
du groupe, voire violence collective), la règle de droit est dotée de sanctions
sociales organisées ».
(Henri, Léon, Jean. Mazeaud et François Chabas, Leçons de Droit civil, Tome I.
Introduction à l'étude du droit. éd. Montchrestien, Paris, 1996).
Introduction
- Cette définition est forcément à rapprocher de celle des autres règles de conduite
sociale (I), mais la règle de droit se démarque par le fait de sa sanction organisée
(II).
Bien qu'utiles, ces critères ne sont pas décisifs pour définir la règle de droit. Ce
sont notamment les critères tenant au contenu des règles (A) et aux sources des
règles (B).
La règle de droit coexiste avec d'autres règles de conduite sociale. Aussi, importe-
t-il de les distinguer. Tel est le problème central du texte à commenter. L'extrait est
tiré de l'ouvrage Leçons de Droit Civil, Tome I, Introduction à l’étude du droit de
Messieurs Henri, Léon, Jean. Mazeaud et François Chabas, professeurs de Droit,
connus pour leurs nombreux travaux en droit civil.
Il résulte du texte, (Paragraphe I), que dans la société coexistent diverses règles
régissant la conduite sociale : certaines répondent à la qualification de règle de
droit (A) ; elles sont différentes des autres règles sociales (B).
A- LA REGLE DE DROIT
Il résulte du texte (Paragraphe II), que parmi les critères communs aux règles
sociales, il importe de distinguer le critère tenant au contenu général des règles (A)
et le critère tenant aux sources particulières des règles (B).
Prenant place au sein des règles sociales, la règle de droit n'en assume pas moins
une particularité qui la démarque des autres règles.
Il résulte du texte (Paragraphe III), que la sanction apparaît être le critère décisif de
la règle de droit. Ainsi, à l'existence de sanctions inorganisées pour les autres
règles sociales (A), correspond l’existence de sanctions organisées pour la règle de
droit (B).
DISSERTATION JURIDIQUE
DISSERTATION
QUESTION n°1 : En quoi la règle de droit est-elle différente des autres règles
sociales ?
La règle de droit et les autres règles sociales sont toutes des règles de conduite.
Elles ont en commun l’identité de contenu. Il en résulte que, en principe le droit ne
peut prescrire ce que les règles morales ou/et les règles religieuses proscrivent. Il
n'en demeure pas moins que tout sépare la règle de droit et les autres règles
sociales voisines s'agissant de leurs sources (I), de leurs caractères (II), de leur
finalité (III), de leur sanction (IV).
I- LA DIFFÉRENCE DE SOURCES
La règle de droit tire ses sources de l'État : elle est édictée par les autorités
étatiques gouvernantes (Législative et Exécutive) dont la fonction est de créer des
normes juridiques s'appliquant aux individus.
Ainsi, la règle de droit est de source extérieure aux individus et s'impose à eux.
Toute autre est la source des autres règles sociales.
À la différence de la règle de droit, les autres règles sociales tirent leurs sources de
considérations internes à la conscience individuelle (par exemple : règles morales)
ou la conscience collective (par exemple : règles religieuses ; règles traditionnelles).
Aucune société humaine ne peut se passer du droit sous peine de sombrer dans
l'anarchie. Ainsi, la nécessité du droit se manifeste également à travers la règle de
droit qui est une règle nécessaire, générale, permanente.
Générale : La règle de droit ne dispose pas pour un cas particulier, mais pour
l'ensemble des individus ou des groupes d’individus ; au contraire, les autres règles
sociales, même utiles, ne sont pas nécessaires. Les règles religieuses, par exemple,
ne régissent que la conduite des croyants.
La règle de droit vise à édicter la bonne conduite extérieure des hommes dans la
société, et a instituer une société où la vie soit rendue possible par le droit. Elle a
pour finalité de faire régner l'ordre, la paix, la justice et dans une certaine mesure
l'équité dans la société.
Les autres règles de conduite sociale recherchent la beauté intérieure de l'être (c’est
le cas des règles morales) ou la perfection de l'homme en lui suggérant la politesse,
l'obéissance, la loyauté dans ses relations avec Dieu (c'est le cas des règles
religieuses), ou encore la convenance personnelle et interpersonnelles (c'est le cas
des règles de politesse et de bienséance).
La règle de droit, règle obligatoire dans la vie des hommes en société, est assortie
de la sanction organisée. La sanction est une technique de commandement et un
moyen de contrainte étatique mis en œuvre en cas de violation de la règle de droit,
qui est une règle coercitive. Prévue, édictée, et mise en œuvre par des autorités
étatiques, elle est déterminée comme sanction civile, administrative, financière,
pénale. Il s'agit d’une sanction en exécution d'une obligation, en réparation d'un
dommage causé, en punition d’une infraction pénale, selon le cas. Cette sanction
s'impose à tous.
CORRECTION DE LA QUESTION N° 2
Dans l'État qui admet la séparation des pouvoirs, c'est le cas de la Côte d’Ivoire, il
appartient au Pouvoir Législatif de faire la loi. Acte législatif relevant de l’exercice
de la fonction ordinaire des parlementaires, la loi est le modèle de référence de la
règle de droit. De sorte que s'y introduisent différentes catégories, dès lors que, à
côté du texte général de la loi (I), il est admis en droit des textes particuliers à
valeur de loi (II).
art 74 al. 1) pour le vote de la loi ordinaire, mais aussi pour les lois
constitutionnelles, pour les lois organiques et pour les lois de finances.
loi. Ainsi, le pouvoir exécutif jouit d'une initiative lui permettant de recourir à des
règlements autonomes.
Les critères de distinction font apparaître une présentation des matières en quatre
(4) domaines de compétences : d'abord, certaines matières relèvent de la
compétence exclusive de la loi ; ensuite, d’autres ressortissent à la seule
compétence du règlement ; mais également, entre les deux catégories apparaît celle
des matières faisant l'objet d'un partage de compétence entre la loi et le règlement ;
enfin, en toute hypothèse, la définition des modalités d'application de la loi
incombe au seul Pouvoir Exécutif. Cette répartition guide la mise en œuvre de la
distinction.
L'Exécutif est protégé contre les empiètements du Législatif dans trois (3) cas :
Le deuxième est celui du recours ouvert à l'exécutif, soit pour demander une
seconde délibération de la loi votée (Constitution art. 74 al. 4).
Le premier est celui de la possibilité qui est ouverte aux Présidents des deux
chambres du Parlement de faire contrôler la constitutionnalité des traités et
engagements internationaux avant leur ratification (Constitution art. 134 al. 1).
Lorsque, malgré les moyens de prévention à mettre en œuvre, les empiètements ont
été commis, et que la loi nouvelle a été promulguée, plus aucun recours n'est
possible contre cette loi.
Le texte général de la loi regroupe différentes lois, qui peuvent être rangées en
quatre (4) : les lois constitutionnelles, les lois organiques, les lois de finances, les
lois ordinaires.
Les lois constitutionnelles sont celles des lois qui, émanant du pouvoir constituant
originaire, se situent au sommet de la hiérarchie des normes juridiques. Il en est
ainsi par exemple de la loi n° 2016-886 du 08 novembre 2016 portant
Constitution de la République de Côte d’Ivoire.
Parmi les textes généraux à valeur de loi, ceux qui ont pour objet de déterminer les
ressources et les charges de l'État sont qualifiés de lois de finances (Constitution
art. 112).
Parmi les textes généraux à valeur de loi, ceux dont l’objet est de fixer les objectifs
de l'action économique et sociale de l’État sont qualifiés de « lois de programme
». Ces lois sont visées par la Constitution du 08 novembre 2000, art 101 al. 2.
Les lois organiques sont celles des lois ayant pour objet de fixer les modalités
d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics dans des matières
limitativement énumérées par la Constitution elle-même qui qualifie ces lois
d’organiques.
Ainsi, aux termes de la Constitution (Art. 102 al. 1), « lois organiques sont celles
qui ont pour objet de régir les différentes institutions, structures et systèmes prévus
ou qualifiés comme tels pas la Constitution ». Les lois organiques sont votées et
modifiées par des procédures particulières, et ne peuvent être promulguées qu'après
déclaration par le juge constitutionnel de leur conformité à la Constitution (Art.
102 al. 2).
Les lois ordinaires sont celles des lois qui entre dans les actes accomplis au
quotidien par les députés constitués en deux Chambres (Assemblée nationale et le
Sénat ; Constitution de la IIIe République ivoirienne, art. 85), dans l'exercice
de la fonction législative. Ainsi, bien que le Président de la République partage
l'initiative des lois (Constitution, art. 74 al. 1), c’est le Parlement qui seule, « vote
la loi » (Constitution, art. 93).
La loi, règle de droit créée dans un texte général, peut aussi exister sous la forme
de textes spéciaux à valeur de loi.
Deux catégories de textes spéciaux, dans le droit interne, interviennent comme des
lois malgré leur différence avec la loi parlementaire et le règlement. Il s'agit de
textes dont le mode d'élaboration tient à des circonstances particulières et à des
procédures « extraordinaires ». Ce sont : les lois référendaire (A), les lois de pleins
pouvoirs du Président de la République (B), les ordonnances (C).
Dans la vie politique de l'État de Côte d'Ivoire, cette procédure n'a été utilisée que
deux fois lors du référendum des 23 et 24 juillet 2000 dont sont issus les textes
fondamentaux de la Deuxième République (en l'occurrence : la Loi n° 2000-513
du 1er août 2000 portant Constitution de la République de Côte d'Ivoire, et la
Loi n° 2000-514 du 1er août 2000 portant Code électoral), et lors du référendum
du 30 octobre 2016 dont sont issus les textes fondamentaux de la Troisième
République ivoirienne.
Du point de vue de leur régime juridique, les lois référendaires doivent, comme
toutes les autres lois, être promulguées par le Président de la République
(Constitution, art. 74).
Ainsi, l’hypothèse visée est celle d'une situation de crise aggravée, d'instabilité du
fonctionnement des institutions, de menace comparable à une hypothèse proche de
l'ébranlement de la souveraineté étatique.
C- LES ORDONNANCES
Les ordonnances sont des normes juridiques de catégorie intermédiaire entre la loi
parlementaire et le règlement. Elles relèvent d’une définition et d’un régime
juridique.
1. La définition de l'ordonnance
Elles entrent en vigueur dès leur publication, mais, deviennent caduques si le projet
de loi de ratification n'est pas déposé devant le Parlement avant la date fixée par la
loi d'habilitation. À l'expiration du délai mentionné au premier alinéa du présent
article, les ordonnances ne peuvent plus être modifiées que par la loi dans leurs
dispositions qui sont du domaine législatif ».
intervenant dans le domaine législatif, elles peuvent modifier ou abroger les lois
antérieures ; après la ratification, l'ordonnance acquiert valeur de loi. Elle ne peut
plus être modifiée que par une loi ou une autre ordonnance ultérieure.
CORRECTION DE LA QUESTION N° 3
La preuve du droit n'est pas exigée. En principe, le droit n’est pas à prouver (I),
sauf dans des cas d'exception (II).
En raison de cette répartition des rôles dans le jeu processuel, le droit n’est pas à
prouver.
de la rechercher lui-même. Ainsi, la coutume invoquée doit être établie dans son
existence et dans sa teneur par la partie qui s’en prévaut ;
Au contraire du droit, la preuve est exigée pour les faits : elle porte sur les faits.
Dans l’application du droit, la règle de droit, servant de référence, ne peut faire
l'objet de preuve.
En droit, il est présumé et admis que le juge connaît la règle de droit. Certes, les
parties peuvent invoquer des règles de droit qui leur sont favorables. Mais elles ne
sont pas déboutées si elles se fondent sur une règle inappropriée : c’est au juge qu'il
appartient de trancher la question de droit.
CORRECTION DE LA QUESTION N° 4
La preuve porte sur les faits, et ces faits eux-mêmes peuvent être variés. Ces faits,
générateurs de droits subjectifs, sont les actes juridiques (par exemple : un contrat)
et les faits juridiques (par exemple : un accident). Le fait à prouver est celui qui
déclenche l'application de la règle de droit produisant le résultat dont le plaideur
réclame le bénéfice (par exemple : l’indemnité réparatrice d'un dommage). Il y a
donc un principe de la preuve des faits (I), qui connaît des dérogations (II).
Les faits sont par principe éléments de preuve. Par « faits », il faut entendre les
faits juridiques, les actes juridiques, les situations juridiques.
Toutefois, l'existence du principe selon lequel le fait doit être prouvé n'implique
pas que doivent pouvoir être prouvé à l'infini, tout, absolument tout et en toutes
situations. Ce principe se manifeste dans un domaine.
Le droit ne retient comme domaine d’application de la preuve des faits que celui
déterminés par certains critères relatifs aux faits à prouvés. Il faut que ces faits
soient, ou des faits pertinents et concluants, ou des faits contestés et contestables.
D’abord, les faits doivent être pertinents et concluant : le fait est pertinent lorsqu'il
est en rapport avec le litige ; il est concluant, lorsqu'il a ou peut avoir une incidence
sur la solution judiciaire. Par exemple : la preuve d'une seule liaison avec un seul
amant ne peut constituer un fait notoire pour être produit comme preuve devant le
juge.
Ensuite, les faits doivent être contestés et contestables : il s'agit de ne retenir que
ceux de parmi les faits qui rendent l'exercice probatoire matériellement possible et
efficace. C'est pourquoi il ne suffit pas que le fait soit contesté, il faut en plus qu’il
soit contestable. Le juge de fond n'est pas tenu par les faits allégués, et peut les
considérer comme non constants. Au demeurant, que le fait ne soit pas contestable
ouvre la possibilité de mise en œuvre des dérogations au principe.
Si en principe, la preuve existe et est obligatoire pour les faits, en revanche, le droit
lui-même admet que dans certains cas la preuve ne soit pas faite ou produite. Dans
ces hypothèses, limitées, mais circonscrites et fixées, la preuve des faits peut ne
pas être exigée, soit qu’elle est exclue (A), soit qu'elle est impossible (B).
Il est des faits dont la preuve est exclue, soit parce qu'elle est interdite, soit qu'elle
est inopérante.
1. La preuve interdite
Par exemple : en matière de mariage, s'il existe entre les père et mère de l'enfant
des empêchements à mariage pour cause de parenté (Loi de 2019 relative au
mariage, art. 7 : en ligne directe, entre ascendants et descendants et alliés de la
même ligne ; en ligne collatérale, entre frère et sœur, entre oncle et nièce, entre
tante et neveu, entre alliés au degré de beau-frère et belle-sœur), la filiation étant
déjà établie à l’égard de l'un, il est interdit d'établir la filiation à l’égard de l’autre.
2. La preuve inopérante
Par exemple : lorsqu'un plaideur exerce ses prétentions en se fondant sur un legs
verbal, la preuve de son droit est inopérante, parce que le testament doit être
nécessairement écrit. Au besoin, il est nécessaire qu'une demande soit introduite et
une enquête diligentée pour établir (ou rétablir) un fait passé sans témoin.
Des faits peuvent être impossibles à prouver. Il s’agit soit, de fait, positifs soit, de
fait, négatifs.
Les faits étant de sources et de productions variées, leur preuve peut parfois être
impossible. Ainsi, lorsqu'il est absolument impossible de prouver la réalité d’un
fait la preuve portera sur des faits proches, desquels on déduira, par présomption,
l'existence du fait à prouver,
Si le fait négatif est susceptible d’une antithèse positive, il suffira de ce fait positif.
Par exemple : prouver que l'assuré ne s'est pas suicidé, en démontrant qu'il est mort
accidentellement, preuve d'un alibi.
Si le fait négatif n'a pas d’antithèse positive, il faut prouver les faits positifs dont
l’ensemble rend improbable le fait négatif à prouver.
DISSERTATION
QUESTION n°1 : En quoi la règle de droit est-elle différente des autres règles
sociales ?
DEUXIEME SUJET :
La règle de droit et les autres règles sociales sont toutes des règles de conduite.
Elles ont en commun l'identité de contenu. Il en résulte que, en principe le droit ne
peut prescrire ce que les règles morales ou/et les règles religieuses proscrivent. Il
n'en demeure pas moins que tout sépare la règle de droit et les autres règles
sociales voisines s’agissant de leurs sources (I), de leurs caractères (II), de leur
finalité (III), de leur sanction (IV).
I- LA DIFFERENCE DE SOURCES
La règle de droit tire ses sources de l’État : elle est édictée par les autorités
étatiques gouvernantes (Législative et Exécutive) dont la fonction est de créer des
normes juridiques s’appliquant aux individus. Ainsi, la règle de droit est de source
extérieure aux individus et s’impose à eux. Toute autre est la source des autres
règles sociales.
À la différence de la règle de droit, les autres règles sociales tirent leurs sources de
considérations internes à la conscience individuelle (par exemple : règles morales)
ou la conscience collective (par exemple : règles religieuses ; règles traditionnelles).
Aucune société humaine ne peut se passer du droit sous peine de sombrer dans
l'anarchie. Ainsi, la nécessité du droit se manifeste également à travers la règle de
droit qui est une règle nécessaire, générale, permanente.
Générale : la règle de droit ne dispose pas pour un cas particulier, mais pour
l'ensemble des individus ou des groupes d'individus ; au contraire, les autres règles
sociales, même utiles, ne sont pas nécessaires : les règles religieuses, par exemple,
ne régissent que la conduite des croyants.
La règle de droit vise à édicter la bonne conduite extérieure des hommes dans la
société et à instituer une société où la vie soit rendue possible par le droit. Elle a
pour finalité de faire régner l'ordre, la paix, la justice et dans une certaine mesure
l'équité dans la société.
Les autres règles de conduite sociale recherchent la beauté intérieure de l’être (c'est
le cas des règles morales) ou la perfection de l’homme en lui suggérant la politesse,
l'obéissance, la loyauté dans ses relations avec Dieu (c'est le cas des règles
religieuses), ou encore la convenance personnelle et inter-personnelles (c'est le cas
des règles de politesse et de bienséance).
La règle de droit, règle obligatoire dans la vie des hommes en société, est assortie
de la sanction organisée. La sanction est une technique de commandement et un
moyen de contrainte étatique mis en œuvre en cas de violation de la règle de droit
qui est une règle coercitive. Prévue, édictée, et mise en œuvre par des autorités
étatiques, elle est déterminée comme sanction civile, administrative, financière,
pénale. Il s'agit d’une sanction en exécution d'une obligation, en réparation d'un
dommage causé, en punition d'une infraction pénale, selon le cas. Cette sanction
s'impose à tous.
CORRECTION DE LA QUESTION N° 2
Parce que la finalité du droit est pratique, la règle de droit vise à s'appliquer. Il en
est ainsi de la loi, modèle de la règle de droit. Il n'en résulte pas que toute loi
s'applique. Elle doit être dotée de la force obligatoire. Sa force obligatoire
subordonnée aux conditions d'entrée en vigueur de la loi (I). Toutefois, elle connaît
certaines limites résultant de son abrogation (II).
A- LA PROMULGATION DE LA LOI
B- LA PUBLICATION DE LA LOI
La publication d'une loi ou d’un décret est l’insertion matérielle qui est faite au
Journal Officiel. La norme ainsi publiée devient non seulement obligatoire mais
opposable à tous, c'est-à-dire applicable à tous les citoyens qui sont censés en avoir
eu connaissance. Le délai de publication, temps imparti pour porter la norme à la
connaissance des citoyens, est de trois jours francs (Loi n° 61-175 du 18 mai 1961
modifiée par le Décret n° 81-894 du 28 octobre 1981, art. l, 2). Toutefois, le délai
de publication peut varier dans deux cas.
Comme toute œuvre humaine, la règle de droit que les autorités étatiques édictent
et qui entre dans l'ordonnancement juridique peut être entachée d’erreur,
notamment d'erreurs matérielles. Pour surmonter ces erreurs, il appartient au
Gouvernement d'insérer dans le Journal Officiel une liste des erreurs visant à la
fois à relever les différentes erreurs et préciser les corrections respectives à leur
apporter.
Lorsque la règle de droit abroge une autre règle, elle le peut directement : c'est
l'hypothèse de l'abrogation expresse. Elle le peut également de façon indirecte :
c’est le cas de l’abrogation tacite.
1. L'abrogation expresse
2. L'abrogation tacite
La première tient au culte de la loi écrite. Cette raison est étroitement liée à leur
admiration pour les Codes napoléoniens, en l’occurrence : le Code civil et le Code
pénal. La deuxième tient à l'attachement à la révélation d’une plénitude de la loi
écrite, dès lors que le contenu de la loi répondait aux besoins de la société de
l'époque. Il ne fallait interpréter que la loi écrite, car « tout est dans la loi ».
Parce qu'elle est propre à chaque société, la règle de droit s'inscrit dans son histoire.
Ainsi, la règle de droit à naître, en l’occurrence, la loi nouvelle, peut trouver un
enracinement et une justification dans les précédents historiques, que sont, le
contexte, les textes anciens, les aspirations à un droit prospectif qui puisse changer
en marquant la rupture avec l'histoire.
Les précédents auront donc une fonction de rupture et de continuité. De sorte que
lorsque la règle de droit (par exemple : la loi) ayant été inspiré par des textes
anciens, par des raisons qui ne sont plus d'actualité ou par des considérations
dépassées, la règle nouvelle interviendra en continuité. En sens inverse, si le texte
paraît marquer une volonté de rupture, sera privilégiée l’interprétation de l'analyse
grammaticale et logique du texte.
La raison d’appliquer deux règles est la même dans les deux cas, puisque les deux
situations sont semblables. Ce raisonnement présente l'intérêt d'étendre la situation
d’application non prévue pour la deuxième. Parce que la situation présente une
similitude avec l'hypothèse prévue par la règle de droit.
Par exemple : l'art. 6 du Code Civil dispose qu'il est interdit de déroger par contrat
privé aux lois qui sont d’ordre public. En utilisant l'argument a contrario, on dit
que l'on peut se soustraire aux lois qui ne sont pas d'ordre public par des
conventions particulières. Mais, il faut utiliser l'argument a contrario avec une
extrême prudence. Car cet argument vaut pour un texte d'exception, et conduisant à
l'application de la solution contraire. Aussi, est-il parfois difficile de choisir entre
raisonnement par analogie et l'argument a contrario, conduisant à des solutions
opposées.
Par exemple : Un texte de loi interdit à l'enfant d’intenter une action en recherche
de parenté sauf s'il y a eu enlèvement de la mère.
Si l'on utilise l’argument a contrario, doit-on dire que si l'action est possible en cas
d'enlèvement de la mère. Elle ne l'est pas a contrario en cas de viole puisque le
viole n’est pas un enlèvement.
Par exemple : le principe des droits de la défense a été dégagé d'un certain nombre
de textes particuliers qui organisaient les moyens de défense d'une personne faisant
l'objet d'une sanction. En vertu de ce principe général, quelque soit le fait, l'objet
d’une sanction doit être en mesure de présenter valablement sa défense même si
aucun texte particulier ne l'a prévu dans le cas envisagé.
Par exemple : Un enfant non encore né mais conçu peut recueillir une succession
ou une donation. C’est la mise en application de la règle infans conceptus pro nato
habetur quoties de commodis ejus agitur. Il s'agit d’une règle écrite nulle dans la
législation, mais dont le code civil fait application en matière de filiation (Loi n°
2019-571 du 26 juin 2019 relative à la filiation, art. 1er, 3 et 4), de succession
(Loi n° 2020-669 du 10 septembre 2020, relative aux libéralités, art. 5), de
donation (Loi n° 2020-669 du 10 septembre 2020, relative aux libéralités, art.
9).
- Lorsqu'un précédent est bien établi et que le législateur ne s'y est pas opposé, ce
précédent s'impose pour interpréter le texte.
Que penser alors de cette méthode de l'Exégèse ? Elle constitue une méthode
statique, c’est-à-dire non-évolutive du Code civil... Cette méthode doit toujours
être utilisée lorsqu’il s'agit d'interpréter un texte récent qui n'a pas encore vieilli
puisque la loi traduit la volonté du législateur. Mais ce n’est pas possible pour
beaucoup de textes anciens qui ne sont plus adaptés aux nécessités actuelles, et
pour lesquelles serait préférable la méthode moderne à la fois scientifique et
évolutive.
DISSERTATION
CORRECTION
La règle de droit et les autres règles sociales sont toutes des règles de conduite.
Elles ont en commun l'identité de contenu. Il en résulte que, en principe le droit ne
peut prescrire ce que les règles morales ou/et les règles religieuses proscrivent. Il
n'en demeure pas moins que tout sépare la règle de droit et les autres règles
sociales voisines s'agissant de leurs sources (II), de leurs caractères (II), de leur
finalité (III), de leur sanction (IV).
I- LA DIFFERENCE DE SOURCES
La règle de droit tire ses sources de l'État : elle est édictée par les autorités
étatiques gouvernantes (Législative et Exécutive) dont la fonction est de créer des
normes juridiques s'appliquant aux individus. Ainsi, la règle de droit est de source
extérieure aux individus et s'impose à eux. Au contraire, les autres règles sociales
tirent leurs sources de considérations internes à la conscience individuelle (par
exemple : règles morales) ou la conscience collective (par exemple : règles
religieuses ; règles traditionnelles).
Générale : la règle de droit ne dispose pas pour un individu, mais pour l’ensemble,
pour le groupe d’individus ; au contraire, les autres règles sociales, même utiles, ne
sont pas nécessaires : les règles religieuses, par exemple, ne régissent que la
conduite des croyants.
La règle de droit vise à édicter la bonne conduite extérieure des hommes dans la
société, et à instituer une société où la vie soit rendue possible par le droit. Elle a
pour finalité de faire régner l'ordre, la paix, la justice et dans une certaine mesure
l'équité dans la société. Les autres règles de conduite sociale recherchent la beauté
intérieure de l'être (c’est le cas des règles morales) ou la perfection de l'homme, en
ne suggérant la politesse, l'obéissance, la loyauté dans ses relations avec Dieu (c'est
le cas des règles religieuses), ou encore la convenance personnelle et
interpersonnelles (c'est le cas des règles de politesse et de bienséance).
La règle de droit, règle obligatoire dans la vie des hommes en société, est assortie
de la sanction organisée. La sanction est une technique de commandement et un
moyen de contrainte étatique. Ainsi, la violation de la règle de droit entraîne une
sanction : en ces sens, c'est une règle coercitive. Cette sanction, prévue, édictée et
en vigueur est mise en œuvre par des autorités habilitées au sein de l'État. Elle est
une sanction civile, administrative, financière, pénale, selon le cas.
CORRECTION DE LA QUESTION N° 2
Ce sont notamment : Ubi lex non distinguit, nec nos distinguere debemus (I) ;
generalia specialibus non derogant (II); cessante ratione legis cessat ejus dispositio
(III) ; Exceptiones stricta ineterpretari (IV) ; lex posterior derogat priori (V).
Par exemple : la loi du 21 mars 1884 a d'abord reconnue cette liberté sur le terrain
professionnel aux syndicats, avant d’être étendue une dizaine d'années plus tard par
la loi du 1er juillet 1901 à toutes sur les associations. On peut en déduire que cette
dernière régit toutes associations à l'exception des syndicats, la loi générale ne
pouvant déroger à la loi spéciale.
Telle est la traduction de la maxime : la loi cesse de s'appliquer que sa raison d’être
disparaît.
Le sens : la loi ne doit pas être appliquée à des situations qui semblent incluses
dans son champ d'application par la lettre même du texte, mais qui en sont exclues
par son esprit.
Par exemple : une règle interdit de stationner devant les entrées de garages (sous
peine d'une amende). Le propriétaire le fait. Si l'on s'en tient à la règle du texte, la
situation en cause est visée. Comme ici, il ne faut pas appliquer le texte, car le
propriétaire peut entrer et sortir sans que le texte ne s'applique.
Par exemple : L'article 3 du Code électoral (Loi n° 2000-114 du 1er août 2000),
conforme à la Constitution de 2016 en son article 32 al. 2, réserve la qualité
d'électeurs aux nationaux ivoiriens des deux sexes âgés de dix-huit (18) ans révolus,
et jouissant de leurs droits civils et politiques. L'interprétation de cette disposition,
stricte, ne saurait s'autoriser l'extension à des électeurs non expressément visés.
En principe, un tel conflit est résolu dans le cas d'une succession de normes
emportant abrogation expresse. En sens inverse, l'abrogation tacite ou par
désuétude laisse le problème entier. Dès lors, il revient à l'interprète de faire
prévaloir la force obligatoire de la règle de droit la plus récente.
CORRECTION DE LA QUESTION N° 3
La charge de la preuve présente un grand intérêt pour les droits subjectifs, parce
que celui qui a la charge de la preuve en supporte le risque s’il ne parvient pas à
l'établir. Il sera alors débouté de son action. Quelques différences existent en
fonction du domaine du droit où se pose le problème de la charge de la preuve.
Principe général du droit énoncé dans le Code civil (A), le principe de la charge de
la preuve entraîne une conséquence (B).
A- L'ENONCE DU PRINCIPE
L'article 1315 du Code civil pose le principe selon lequel la charge de la preuve
pèse sur le demandeur. Il résulte que celui qui émet une prétention en justice doit
prouver les faits nécessaires au succès de sa prétention. Par exemple : celui qui
prétend être créancier d'une somme d'argent, doit prouver le contrat de prêt en
vertu duquel, il a remis au défendeur cette somme, ou le délit d'où résulte à son
profit une créance de réparation.
Ainsi, celui qui réclame un changement à son profit dans une situation donnée doit
la preuve que ce changement est justifié. La paix sociale impose que les situations
qui existent soient maintenues que l'on n'a pas prouvé qu'il fallait les modifier.
B- LA CONSEQENCE DU PRINCIPE
Le défendeur n'a rien à prouver s'il se contente de critiquer les moyens de preuve
avancés par le demandeur. Mais si, pour échapper à la demande, le défendeur
invoque à son tour des prétentions, il devra en prouver le bien-fondé. Par exemple :
le demandeur ayant fait la preuve du contrat de prêt, le défendeur prétend qu’il a
remboursé la somme prêtée ; la preuve du remboursement lui incombe (C.civ. Art.
1315, al. 2.).
Les présomptions sont des hypothèses, des opérations permettant de déduire des
faits inconnus des faits connus. Par exemple : la présomption de paternité légitime
(Loi de 2019 relative à la filiation, art. 3) fait déduire, admettre que l'enfant né
d'une femme mariée a été procréé par le mari. Il existe deux catégories de
présomptions :
Le rôle des présomptions légales est de donner l'existence à un fait qui peut parfois
être trop difficile à établir ; la loi dispense alors le demandeur de faire la preuve
directe du fait allégué et déduit l'existence de ce fait d'un autre élément plus facile à
prouver.
La sécurité est destinée à garantir les droits d'une personne. Pour y parvenir, la loi
présume la responsabilité d'une autre personne.
Les présomptions légales sont en principe, simples. Par exception, elles sont
irréfragables.
Sont simples ou relatives, les présomptions qui peuvent être écartées par la preuve
contraire. Ainsi, celui auquel on oppose la présomption peut l'écarter en prouvant
qu'elle est fausse dans l'espèce considérée. Donc, la présomption simple est
susceptible de preuve contraire.
La preuve contraire peut être rapportée, soit par tous moyen, (par exemple : la
présomption de paternité légitime ; la présomption de communauté des biens
acquis par les époux pendant le mariage ; la présomption de bonne foi), soit par
certains moyens seulement (par exemple : la présomption de responsabilité du
gardien d'une chose ; la preuve contraire par la force majeure, ou le fait de la
victime ; la présomption de responsabilité des commettants pour les dommages
causés par leurs préposés ; la preuve contraire par la force majeure ; le fait de la
victime ou l'abus de ses fonctions par le préposé).
DISSERTATION
INTRODUCTION
Il est des modes principaux et fréquents d'édiction de la règle de droit : la loi et les
règlements en sont les modèles d'illustrations. Règles de droit, la loi et le règlement
ont en commun de répondre aux caractères de généralité et d’impersonnalité. Aussi,
importe-t-il de déterminer l'existence de la distinction de la loi et du règlement (I),
en vue d’assurer au mieux la mise en œuvre de cette distinction (II).
Le pouvoir réglementaire est exercé par voie de décret. Il s'agit d'une norme
englobant l'ensemble des décisions du Pouvoir Exécutif, en l'occurrence du
Président de la République. On y distingue deux catégories essentielles : le décret
simple, pris de façon discrétionnaire par le Président de la République (exemple :
décret nommant le Premier Ministre), et le décret en Conseil des Ministres,
signé par le Président de la République après délibération en Conseil des Ministres
(exemple : décret de septembre 2003 nommant le Ministre de la défense et le
Ministre de la Sécurité : décret nommant les directeurs d’Administration
centrale).
D'une part « la loi fixe les règles » concernant certaines matières. D'autre part, « la
loi détermine les principes fondamentaux », concernant d’autres matières.
D'abord, le règlement peut être un règlement dérivé de la loi. Lorsque la loi prévoit
pour son entrée en vigueur, un règlement d'application, le règlement est qualifié de
« règlement dérivé », ou « règlement d'application » de la loi. L’hypothèse est celle
où se conformant à la loi, qui lui est supérieure dans la hiérarchie des normes, le
Les critères de distinction font apparaître une présentation des matières en quatre
(04) domaines de compétences : d'abord, certaines matières relèvent de la
compétence exclusive de la loi ; ensuite, d'autres ressortissent à la seule
compétence du règlement ; mais également, entre les deux catégories apparaît celle
des matières faisant l'objet d’un partage de compétence entre la loi et le règlement ;
enfin, en toute hypothèse, la définition des modalités d'application de la loi
incombe au seul Pouvoir Exécutif.
1. L'Exécutif est protégé contre les empiétements du Législatif dans trois (3)
cas
2. Le Législatif est protégé contre les empiècements de l'Exécutif dans trois (3)
cas
- La possibilité qui est ouverte aux deux chambres du Parlement de faire contrôler
la constitutionnalité des traités et engagements internationaux avant leur
ratification (Constitution, art. 74 al. 2 et 3).
INTRODUCTION
Ainsi, la détermination des domaines de la loi et du règlement (I) est une première
étape de distinction qui conduit à assurer la protection des domaines de la loi et du
règlement (II).
DISSERTATION
CORRECTION DE LA DISSERTATION
INTRODUCTION
Au sein du droit objectif identifié comme un ensemble de règles destiné à régir les
conduites humaines, une distinction est opérée conduisant à admettre l'existence de
deux blocs homogènes : d'une part, le droit interne ; d'autre part, le droit
international. Ces deux ensembles eux-mêmes reposent sur l'opposition du droit
prive et le droit public.
Au regard des nuances notables introduites dans la matière qu'elles éclairent, les
distinctions sont fondées (A). Toutefois, des différences notoires leurs échappent.
Aussi apparaissent-elles comme des distinctions relatives (B).
1. La finalité
2. Le caractère
Le droit public est impératif. Régissant les personnes et les choses dans l'espace
étatique et dans un temps déterminé, il a vocation à s’imposer à tous (erga omnes).
Aussi, la règle de droit public s'applique-t-elle sans dérogation à toutes les
personnes qui en sont les destinataires.
Le droit privé est libéral. Même s'il trouve sa source première dans le droit édicté
par les autorités habilitées au sein de l'État, il guide les volontés particulières en
laissant une certaine liberté aux individus impliqués dans les relations de droit et le
commerce juridique. Aussi, la convention de droit privé, par exemple celle établie
par le contrat (Code civil, art. 1101) ne s'applique en priorité que dans les relations
de personnes que lie la situation de droit privé. Il en est ainsi du droit qui lie
l'employé à l'employeur, le fournisseur au commerçant, le client au vendeur.
3. La sanction
La sanction, quelque soit le domaine de droit dans lequel elle intervient, affiche
certaines particularités qui imposent de dissocier et distinguer le droit public et le
droit privé.
Le procès de droit public, lorsqu’il oppose l'État à des personnes privées, fait peser
une certaine inégalité des parties au profit de l’État. En effet, l'intérêt général dont
la puissance publique assure la protection prime les intérêts privés particuliers.
Aussi, la puissance publique, bénéficiant de certains privilèges (par exemple :
privilège du préalable ; exécution forcée ; recours à la force publique...),
s'appliquera difficilement à elle-même la sanction.
Les procès de droit privé, opposant en général des particuliers, les placent dans les
rapports d'égalité, et la sanction des situations conflictuelles ou litigieuses résulte
d'une décision juridictionnelle. C’est le juge qui, disant le droit, tranche le litige en
précisant les sanctions qui résultent du cas d’espèce pour l'une ou l'autre des parties
au procès.
Les disciplines mixtes sont diverses. À titre d'illustration, retenons le droit pénal et
le droit international privé.
- Le droit pénal : Le droit pénal peut être défini comme l'ensemble des règles
relatives aux comportements consécutifs d'infractions et aux sanctions applicables
à leurs auteurs, coauteurs ou complices. Or, les questions qui se posent à propos du
droit pénal sont de deux ordres.
D'abord, le droit pénal ainsi défini relève-t-il du droit public ? À la question posée,
la réponse semble affirmative. En effet, le droit de punir appartient à la société ; il
est exercé en son nom par l’État, puissance publique, qui dispose du monopole de
la contrainte et de la maîtrise de la sanction. Ensuite, s'agit-il du droit privé ?
Le droit processuel
Pour assurer le succès d'une politique dans les relations privées, l'État peut décider
de l'application du droit public dans les situations qui normalement relèvent du
droit privé. Il en est ainsi, par exemple dans les politiques publiques de solutions
proposées à la crise du logement, ou de la protection du consommateur.
De même, la mise en place des législations impératives dans divers secteurs privés
de l'activité économique nécessite une telle extension du droit public aux situations
de droit privé. Il en est ainsi par exemple en matière de loyers, de construction,
d'assurance, de banque, d'emploi, où prédomine des textes excluant en général
toute dérogation. Cette application du droit public aux situations de droit privé
n'exclut pas, en sens inverse, une application du droit privé aux situations de droit
public.
- La deuxième raison, c'est que dans ses diverses activités, l'État intervient comme
un opérateur concurrent de l'initiative privée : il sera alors soumis au droit privé. Il
ne peut donc revêtir ses prérogatives de puissance publique. Bien au contraire, il se
place sous l'empire du droit privé, comme les autres opérateurs, pour des raisons
d'efficacité.
L'intérêt des distinctions opérées dans le droit varie selon que le système
juridictionnel est dualiste ou moniste.
Dans le système de l'unité de juridictions, le même juge est compétent pour toutes
les affaires, sauf devant la Cour Suprême organisée en différentes chambres
spécialisées. Ainsi, dans l'unité de juridiction, le juge de l'action est le juge de
l'exception. Il en est ainsi dans le système moniste en vigueur en Côte d'Ivoire de
1960 à nos jours.
Le constituant de 2016 en son article 102, semble marquer son option en faveur
d'un dualisme juridictionnel pour l'avenir. Mais, à ce jour, le système du monisme
juridictionnel reste en vigueur.
Divers domaines du droit positif se rattachent soit au droit public, soit au droit
privé. Il y a lieu de les distinguer. Ainsi, relèvent des règles de droit public les
matières touchant au droit constitutionnel, au droit administratif, aux finances
publiques, au droit international public ; et sont du ressort des règles de droit privé
les problèmes des droits de la personne, de la famille, de la succession, de
responsabilité civile.
DISSERTATION
CORRECTION DE LA DISSERTATION
INTRODUCTION
La coutume est la source originaire du droit. L'ancien droit est un droit coutumier.
Ce n'est pas propre au droit africain ou ivoirien. L'ancien droit français était
d'abord un droit coutumier, qui a ensuite été codifié.
La coutume peut être définie comme une règle de droit née d'un usage prolongé et
peu à peu considéré comme obligatoire. Tout usage n'est pas une coutume. En
conséquence, la réponse à la question, « la coutume est-elle une source du droit
ivoirien ? », implique que soit déterminée la place de la coutume dans le droit (I) et
préciser sa fonction au sein du droit (II).
I- LA PLACE DE LA COUTUME
La coutume est la règle de droit établie par l'usage et conservée par la tradition
orale. Cette tradition orale était investie de toute autorité dans la société africaine
précoloniale. De même, l'ancien droit français était coutumier. C'est avec la
Révolution de 1789 que la coutume a commencé à régresser, pour laisser place, à
partir de 1804, au droit écrit avec la publication du Code Civil.
En conséquence, la coutume n'aura plus qu'un rôle résiduel. Cette place résiduelle
est également celle faite à la coutume dans le droit ivoirien post-colonial. La
coutume répond à une définition (A), et repose sur certains caractères (B), qui en
consacrent la valeur (C).
A- LA DEFINITION DE LA COUTUME
Ainsi, l'élément matériel de la coutume se trouve dans tous les usages. C'est la
répétition d'un comportement, d'un type de conduite pendant un certain temps, et
de façon constante qui crée la coutume. À la production de cet élément matériel de
la coutume s'ajoute l'élément psychologique.
2. L'élément psychologique
Pour qu'il y ait coutume l'usage doit être perçu comme un comportement
obligatoire par l'opinion commune (opinio juris). Il s'agit de l'idée établie, au point
qu'elle est devenue cette conviction d'agir en vertu d'une règle. C'est cette
conviction de se conformer à la règle qui distingue la coutume des autres usages.
Par exemple : il est d'usage que la femme porte le nom du mari. C'est un fait social
non une règle de droit (cet usage n'est pas ressenti comme obligatoire).
Une très grande diversité de coutume apparaît. Mais, malgré cette diversité, il
semble possible de dégager de toutes ces coutumes un certain nombre de traits
communs à tous les systèmes coutumiers, une similitude et d'affirmer par
conséquent que toutes les coutumes africaines constituent une même famille de
droit. La coutume étant admise, reste à en préciser les caractères.
1. La coutume ancienne
La coutume doit être ancienne : son existence s'inscrit dans la durée. Il faut une
certaine répétition dans le temps pour que le fait ou l'usage devienne coutume : «
une fois n'est pas coutume ».
2. La coutume constante
La coutume est constante ou doit l'être. Elle doit être régulièrement suivie,
s'imposer à tous avec la force de l'habitude. Faute de cette constance et de cette
habitude, elle perd la répétition qui la fait admettre comme règle de droit.
3. La coutume générale
4. La coutume obligatoire
Mais, tous les usages ne sont pas des coutumes, c'est-à-dire, des règles de droit. On
trouve dans les usages des règles de politesse, des usages mondains. Par exemple :
la pratique du pourboire est un usage dans certains pays. Et pourtant, ce n'est
certainement pas une règle de droit. Lorsqu’un usage est reconnu comme
coutume, quelle en est la valeur ?
C- LA VALEUR DE LA COUTUME
La coutume, comme source du droit, est à la fois une source nécessaire et une
source aléatoire.
Mais, ces "LOIS" n'avaient pas de supports écrits. Il n'y avait que des lois orales,
qui se rapprochaient de la coutume. Exceptionnellement, on trouvait une
législation écrite, comme ce fut le cas à Madagascar.
Dans un tel système, il faut souligner le rôle important joué par les chefs et les
anciens, dépositaires de la tradition orale et chargés d’appliquer les coutumes. En
ce sens, le droit coutumier africain n'est pas un droit figé, immuable ; c'est au
contraire un droit en évolution perpétuelle.
La coutume est-elle une source aléatoire du droit ? Question mal posée, car, loi
et coutume correspondent à des systèmes juridiques différents. On ne saurait en
effet, démontré la supériorité de l'une par rapport à l'autre. De même, que l'on ne
peut comparer deux cultures, de même, il ne convient pas de chercher à mettre une
sorte de hiérarchie entre loi et coutume. Le droit international donne l'exemple de
l'égalité de rang entre la loi et la coutume, bien que la loi soit plus précise.
Des coutumiers (ou Recueils) ont été rédigés sous la colonisation, mais en nombre
limité : 150 environ ; et de valeur très l'égale. La moitié seulement de ces
coutumiers a été publiée. Plus intéressants pour connaître et comprendre ces
coutumes sont les ouvrages récents des ethnologues.
Certes, la loi est plus précise, et présente plus de certitude que la coutume. Mais,
elle ne colle pas avec les exigences de la vie au quotidien, parce qu'elle n’est pas
toujours dotée d'efficacité.
Le rôle de la coutume est secondaire dans les sources du droit, parce que la source
principale du droit est la loi, c'est-à-dire le droit écrit. C'est donc par rapport à la loi
que se définit le rôle actuel de la coutume. Conçue en référence à la loi, la coutume
remplie une fonction variée : d’abord, une fonction de coutume selon la loi (A) ;
ensuite, une fonction de coutume sans la loi (B) ; enfin une fonction de coutume
contre la loi (C).
La coutume selon la loi ou coutume secundum legem répond à une définition et est
circonscrite dans un domaine spécifique dont peuvent être données quelques
illustrations.
Dans la coutume secundum legem, c'est la loi, source principale du droit, qui elle-
même renvoie à la coutume. Ainsi, dans certaines hypothèses, des règles de nature
En conséquence, la coutume se trouve investie d'une pleine existence, car c'est par
une délégation expresse que l'usage acquiert force obligatoire.
La coutume supplétive à la loi est celle qui prend la place d'une loi là où la loi
n'existe pas, là où il y a silence de la loi. Il s'agit aussi d’une coutume sans la loi.
Elle répond d'une définition et se trouve circonscrite dans un domaine qui lui est
propre.
La coutume dans le silence de la loi peut être définie comme celle qui s'impose
lorsque la loi fait défaut ou que ses dispositions font défaut s'agissant d'une
solution à préciser. Un tel rôle de la coutume a été pendant longtemps contesté, en
raison du fait que, dans le droit constitutionnel classique, c'est le Parlement
Législateur qui est dépositaire de la souveraineté nationale.
Bien qu'elle soit en partie vraie, cette idée mérite d'être nuancée. En effet, si le
monopole du Législateur est incontestable en matière d’édiction de la loi, c'est en
revanche la loi elle-même qui investit d'autres autorités du pouvoir d'édicter des
règles : par exemple, le pouvoir réglementaire. De sorte que rien ne semble
s'opposer à ce que la coutume à laquelle la loi elle-même reconnaît compétence
dans de nombreux cas, puisse intervenir sans autorisation directe du législateur
pour suppléer aux lacunes du droit.
Ainsi, la coutume praeter legem vient combler une lacune : elle règle une situation
que la loi n'a pas prévue.
Alors que le droit international public donne à la coutume la place d’une source du
droit de valeur égal aux traités (Statut de la Cour Internationale de Justice, art
38), la coutume n'a pas une telle importance dans le droit interne. La raison en est
que les questions qui soulèvent des conflits importants sont tranchées par une loi
en la matière ou par voie jurisprudentielle avant que ne puisse se former la solution
coutumière.
Il reste malgré tout un domaine, même réduit, de la coutume praeter legem, qui
peut être identifié dans divers domaine du droit.
- celle en vertu de laquelle les quittances font foi de leurs dates par elles-mêmes
contrairement aux dispositions de l’art. 1328 du C.civ ;
La coutume contraire à la loi ou contra legem est celle qui dispose contre la loi. La
question qui découle de cette situation est la suivante : la coutume contra legem
peut-elle valablement exister en droit ? Dans un État de droit écrit, la réponse
négative paraît a priori s'imposer. En réalité, la réponse à la question suggère une
discussion au fond sur le principe de l'exclusion, et de l'exception de l'admission de
la coutume contra legem.
La coutume contra legem peut être définie comme l'autorité d'une pratique devenue
coutume contre l'ordre de la loi qui serait implicitement ou explicitement contraire.
Un lien nécessaire existe entre la coutume contra legem et l'abrogation de la règle
de droit par désuétude.
Cette situation parait contradictoire, puisque par principe, aucun usage ne saurait
prévaloir contre le droit écrit, contre la loi. C’est la Constitution elle-même, norme
suprême, qui confère au Pouvoir Législatif et au Pouvoir Exécutif la mission
d'édicter des règles de droit.
Toutefois, une différence existe selon que le problème se pose, sort à l'égard de la
loi impérative, soit à l’égard de la loi interprétative ou supplétive. L'existence de
coutume contra legem à l'égard de la loi impérative ne saurait être admise. La loi
impérative est par nature d'ordre public : elle exclut la coutume contraire. En
revanche, la réponse peut être plus mesurée s'agissant de la loi interprétative ou
supplétive qui peut par exception faire admettre des cas de coutume contra legem.
Bien que le droit écrit pose le principe de l'exclusion de la coutume contra legem, il
existe des hypothèses où la pratique prend le pas sur le droit écrit. Par exemple :
malgré l’exigence d'un acte d’enregistrement pour la validité des donations (loi n°
2020-669 du 10 septembre 2020, relative aux libéralités, art 30), la donation
réalisée par le transfert d'une chose mobilière de la main à la main, est reconnue, et
même validée par les tribunaux.
DISSERTATION
CORRECTION DE LA DISSERTATION
Ainsi définie, la jurisprudence présente un très grand intérêt pour l'étude des
sources du droit. En effet, bien que le juge ne soit pas formellement une autorité
d'édiction de la règle de droit, son rôle normateur n'en est pas moins réel. La
création de la règle de droit par les juges paraît, a priori, contraire au principe de la
séparation des pouvoirs.
Ce texte interdit formellement au juge d'annoncer que, dans les litiges qui lui sont
soumis, il rendra toujours telle décision. En d'autres termes, il ne peut élaborer une
règle de droit, et rendre des arrêts de règlement.
Le fondement est inscrit dans la réaction du Code civil contre la pratique des arrêts
de règlement. Dans les arrêts rendus par les Parlements sous l'Ancien Régime, et
décidant que désormais telle question serait tranchée dans tel sens, le Parlements
agissaient, en fait, comme un législateur. C'est contre cette pratique que le
constituant a réagi en cantonnant l'action du juge à la seule application de la loi.
L'autorité de chose jugée est la force qui s’attache à la décision rendue par un juge.
Elle suppose que le litige soumis au juge soit tranché définitivement. Les voies de
recours étant épuisées et les délais de recours possibles expirés, la solution devient
immuable. Ainsi, la chose jugée est tenue pour vérité légale : elle acquiert autorité
de chose jugée.
Bien que reconnue, cette autorité de chose jugée est toute relative.
L'interprétation est créatrice à un triple point de vue : elle vise à préciser, la règle
de droit ; elle contribue à compléter la règle de droit ; elle permet d'adapter la règle
de droit aux faits.
D’abord, l’interprétation est créatrice parce qu'elle vient préciser le sens de la règle
de droit. Elle se manifeste alors dans trois hypothèses : la première, c’est lorsque le
juge pour appliquer la loi, doit en préciser le contenu dès lors que la loi ne définit
pas un terme —par exemple : le terme « substance » (C.civil, art. 1110) ; la
deuxième, c'est lorsque la loi utilise littéralement une notion vague par exemple : la
notion d'« ordre public » (C.civ, art. 6), ou celle de « faute » (C.civ., art 1382) ; la
troisième, c'est quand le sens de la loi n'apparaît pas à l'évidence et qu'il faut que le
juge l'explicite. Par exemple : la loi ne dispose que pour l'avenir ; elle n'a point
d'effet rétroactif (C.civ., art. 2).
Ensuite, l'interprétation est créatrice pour compléter la règle de droit, soit quand
elle oublie de régir certains rapports de droit (par exemple : le droit des relations
de voisinage) ; soit quand elle n'exprime pas formellement un principe (exemple,
nul ne doit s'enrichir injustement aux dépens d'autrui).
Enfin, l'interprétation vise à adapter la règle de droit à l'évolution des faits, dans
deux hypothèses : d'une part, quand les textes existants ne répondent plus aux
L’article 4 du Code civil dispose : « Le juge qui refusera de juger, sous prétexte
du silence, de l'obscurité ou de l'insuffisance de la loi, pourra être poursuivi
comme coupable de déni de justice ».
- Le juge est autorise par le législateur (C.civ., art. 4) à créer une règle particulière
pour résoudre le litige qui lui est soumis, en précisant, complétant ou adaptant la
loi.
- Pour que cette création ne soit pas arbitraire, le juge devra fournir une solution
rationnelle.
DISSERTATION
CORRECTION DE LA DISSERTATION
INTRODUCTION
Le problème de la preuve passe pour l'un des plus importants en matière de droits
subjectifs, dès lors que la preuve atteste du droit que le propriétaire peut
revendiquer en cas de méconnaissance ou de violation.
Toutefois, il peut arriver que le bénéficiaire ou titulaire d'un tel droit ne s'entoure
pas de la précaution consistant à s'assurer d'un tel droit en le consignant et le
constatant par écrit. Se pose alors le problème du bien-fondé d’un tel droit en
l'absence de preuve écrite.
La preuve en dehors de l'écrit repose sur divers modes déterminés par le droit,
pouvant être regroupés en deux. Ainsi, il peut s'agir, soit de preuves produites au
profit du bénéficiaire du droit (I), soit de preuves produites par le bénéficiaire du
droit (II).
La preuve par témoins est la relation faite par une personne de faits dont elle a eu
connaissance par elle-même.
Pour que soit admise la preuve par témoins, certaines conditions de validité sont
requises. Elles confèrent la force probante au témoignage. Cette force probante,
établie, emporte sanction.
En principe, toute personne majeure peut être admise à témoigner en matière civile.
Par exception, les personnes frappées d'incapacité de témoigner en justice,
notamment celles condamnées. Les personnes qui ne peuvent témoigner peuvent
cependant être entendues dans les mêmes conditions, mais sans prestation de
serment.
Toutefois, les descendants ne peuvent jamais être entendus sur les griefs invoqués
par les époux à l’appui d’une demande en divorce ou en séparation de corps.
Le témoignage peut être donné en diverses formes : par des déclarations écrites ou
par des déclarations orales.
Les déclarations écrites se font par attestations contenant la relation des faits
auxquels son auteur a assisté ou qu'il a personnellement constatées et rédigées dans
les formes prévues. Le Juge peut, toutefois, retenir des attestations non conformes,
en vertu de son pouvoir d'appréciation de la force probante des documents qui lui
sont soumis.
Les déclarations orales sont recueillies par voie d'enquête, car le juge peut toujours
procéder par voie d’enquête à l’audition de l'auteur d'une attestation.
Lorsque la preuve est produite par témoins, le juge peut toujours rejeter les
témoignages s'il n'est pas convaincu, au contraire de la preuve par écrit qui une fois
administrée, lie le juge.
Le témoignage peut être admis au gré du juge. L'on peut craindre, à juste titre, la
subornation des témoins. Le faux témoignage est sanctionné pénalement. Le
coupable de faux témoignage d'une peine d'emprisonnement de trois mois à trois
ans et d'une amende de 10.000 F cfa à 100.000 F cfa, peines pouvant être doublées
si le coupable a bénéficié d'une corruption financière (C.Pén, art 299).
Les présomptions sont tous indices, constituant une hypothèse dont le juge déduit
la preuve d'un fait juridique ou d’un acte juridique (C.civ, art. 1353). Il existe deux
types de présomptions : les présomptions simples et les présomptions légales.
Toutes obéissent à des conditions, participent de diverses manifestations et sont
dotées de la force probante.
Les présomptions en matière de preuve ont une force probante relative : elles «
sont abandonnées aux lumières et à la prudence du magistrat » ( C.civ, art. 1353).
Ainsi, leur force probante est laissée la libre appréciation du juge. Aussi reste-t-elle
aléatoire et incertaine. Le Juge l'apprécie en fonction des circonstances, comme son
pouvoir est requis pour accorder ou dénier crédit aux preuves produites par le
bénéficiaire du droit contesté.
En l'absence d'écrit, le bénéficiaire est admis à faire la preuve de son droit soit par
aveu (A), soit par serment (B).
L'aveu est la déclaration par laquelle une partie reconnaît l'exactitude des
prétentions de l'autre. Il en est ainsi, par exemple lorsqu'une personne reconnaît
avoir emprunté une somme d'argent (C.civ., art. 1354 et s). L'aveu est soumis à
certaines conditions de recevabilité, et à un régime juridique.
La première condition, c'est que l'aveu ne soit pas écarté par la loi comme moyen
de preuve, ce qui est le cas dans deux situations : d'abord, si la loi le dispose
expressément (par exemple : en matière de séparation judiciaire de biens, pour
déjouer toute collusion frauduleuse entre les plaideurs) ; ensuite, d'une façon
générale, dans les matières ou l’aveu emporterait renonciation à un droit dont on ne
peut disposer. Mais l'aveu est admis même dans le cas où la preuve par témoins est
écartée.
La deuxième condition, c'est que l'aveu émane d'une partie ayant capacité de
disposer de l'objet de la contestation. Par exemple : l'aveu émanant d'un mineur
non émancipé ne peut être admis comme moyen de preuve. Le droit retient
d'ailleurs que le mineur non émancipé ne peut avouer, dès lorsqu'il est frappé d'une
incapacité d'exercice.
Seul l'aveu valide et recevable peut entraîner la mise en œuvre du régime juridique
prévu à cet effet.
a- L'aveu judiciaire
L'aveu judiciaire, visé à l'article 1356 du Code civil est une déclaration que fait en
justice la partie ou son fondé de pouvoir spécial.
Cette déclaration est faite soit par écrit, soit verbalement, notamment au cours
d'une comparution personnelle à l’instance.
L'aveu a sa force probante. Il fait pleine foi contre celui qui l'a fait. Il y a une
indivisibilité de l’aveu. Ainsi, il doit être pris dans son entier, et ne peut être retenu
seulement pour le principal. L'aveu est irrévocable. Toutefois, l'aveu peut être
rétracté pour erreur de fait, mais non de droit. La raison en est bien simple : nul
n'est censé ignorer la loi.
b- L'aveu extra-judiciaire
1. Le serment décisoire
Le serment décisoire est la déclaration par laquelle est fixé et décidé du sort du
litige. Il résulte de l'article 1357 du Code civil que le serment décisoire est « celui
qu'une partie défère à l'autre pour en faire dépendre le jugement de la cause ». Il
obéit à des conditions de validité, et est doté d’une force probante.
Au cours d’une procédure, une partie, à défaut d'autre preuve, demande à l'autre de
jurer que le fait allégué est exact. Si celle-ci prête le serment demandé, ce qu'elle
jure est tenu pour établi.
Toutefois, elle peut référer le serment à l'autre partie. Si cette dernière jure, elle
établit la cause à son profit, sinon elle perd le procès.
Ainsi, la validité du serment dépend en partie de la bonne foi des parties au procès.
Toutefois, la mise en œuvre du serment est soumise à quatre (04) conditions :
- il faut que celui qui défère le serment décisoire ait capacité de transiger ; le
serment est donc interdit au mineur non émancipé ;
- il faut que le serment décisoire soit déféré ou référé sur un fait que l'auteur doit
connaître comme lui étant personnel ;
- il faut que le fait sur lequel porte le serment décisoire, soit pertinent, c'est-à-dire
de nature à emporter la décision.
Le serment a une force probante de source légale : il est établi : au profit de celui
qui en fait la déclaration, car « l'adversaire n'est point recevable à en prouver la
fausseté » (C.civ., du, art. 1363).
2. Le serment supplétoire
Le serment supplétoire, ou serment « déféré d'office », est : « celui qui est déféré
d'office par le juge à l'une ou l'autre des parties » (C.civ., art. 1357). Il ne peut être
référé par l'une des parties à l'autre. Il obéit à certaines conditions et est doté d'une
force probante.
La force probante du serment supplétoire est quasi inexistante. Elle ne s'impose pas
à l'adversaire qui peut l'écarter en prouvant la faute. Elle ne lie pas le juge qui peut
admettre ou refuser de le prendre en compte.
3. Le serment estimatoire
DISSERTATION
CORRECTION DE LA DISSERTATION
INTRODUCTION
Dans la preuve des droits subjectifs, l'écrit est important au double titre de la
preuve de l’existence du droit et de la perfection de la preuve, au contraire de la
preuve donnée en dehors de tout écrit, qui est plus aléatoire, moins fiable et à tous
points de vue contestable.
La preuve par écrit, ou preuve littérale, est celle établie à partir d’écrits rédigés par
les parties elles-mêmes ou avec leur consentement, et qui est destinée à constater,
soit un acte juridique ( par exemple : un contrat), soit un fait juridique (par
exemple : une naissance, un accident de la circulation). La preuve littérale
inscrite dans Ie Code civil paraissait se limiter à des formes d'écrits qui paraissent
désormais dépassés ou incomplets au regard de l'incidence des progrès techniques
et scientifiques sur le droit.
Dans le droit français, par exemple, la Loi n° 2000-230 du 13 mai 2000 portant
adaptation du droit de la preuve aux technologies de l'information et relative à la
signature électronique, a conduit à distinguer la preuve littérale classique « sur
support papier » de la preuve nouvelle, celle donnée par l'écrit sous forme
électronique.
Dans le droit africain, et notamment Ouest africain, la preuve écrite est envisagée
depuis le Règlement n° 15-2002 de l'UEMOA, qui distingue d'une part, la preuve
par l'écrit sur papier (I) ; d'autre part, la preuve par l’écrit sous forme électronique
(II).
Dans le droit des preuves, il existe traditionnellement trois (3) catégories d'écrits :
les actes authentiques (A) ; les actes sous seing privé (B) ; les autres écrits (C).
Les actes authentiques sont ceux dressés par un officier public compétent dans les
formes prévues par loi. Par exemple, sont des actes authentiques : les actes notariés
dressés par les notaires ; les actes de l'état civil faits par les officiers de l'état civil.
Ces actes authentiques sont soumis à des conditions de validité, dont la
méconnaissance entraîne la sanction. Ils doivent être présentés en original et copies
pour être dotés de la force probante.
S'agissant des formes des actes authentiques, les actes notariés doivent être rédigés
en français, soumis aux formalités du timbre et de l'enregistrement. Ils doivent être
rédigés en un seul contexte, sans blanc ou interligne. Ils doivent être signés par le
notaire et les parties. Si les règles de compétence et de forme n'ont pas été
observées, l'acte seul est nul en tant qu'acte authentique, mais valable en tant
qu'acte sous seing privé s’il porte les signatures des parties.
Par exemple : une reconnaissance de dette par acte authentique permet, à défaut de
rembourser à l'échéance et après mise en demeure, de saisir les biens du débiteur,
alors que si la reconnaissance de dette est faite par acte sous seing privé, le
créancier devra d'abord assigner le débiteur en paiement et ne pourra saisir qu'en
vertu du jugement.
La force probante des actes authentiques fait l'objet d'une distinction suivant les
mentions quant à l'original et quant à la date.
L'origine de l'acte authentique fait foi jusqu'à inscription de faux. Il est présumé
authentique du seul fait qu'il présente l'apparence extérieure de la régularité.
L'inscription de faux est la procédure tendant à faire déclarer comme faux un acte
authentique. Les copies d'actes authentiques font foi, comme l'original, qu'elles
soient manuscrites, dactylographiées ou photocopiées, à condition d'être
authentifiées par la signature du dépositaire de l'original.
Les actes sous seing privé sont des actes rédigés par les Parties et portant leurs
signatures privées. Il s'agit d'actes écrits établis par les particuliers sans
l'intervention d'un officier public.
Il existe différentes sortes d'actes sous seing privé à distinguer : les actes
originaires, dressés au moment même de l'acte ; les actes récognitifs dressés soit
pour remplacer un acte originaire perdu, soit pour interrompre la prescription par
une reconnaissance du droit de l'acte originaire ; les actes confirmatifs, dressés
pour confirmer un acte annulable. Les actes sous seing-privé sont soumis à
certaines conditions de validité leur conférant force probante.
Les conditions de validité des actes sous seing-privé sont essentiellement des
conditions de forme, qui se divisent en conditions indispensables et conditions
supplémentaires.
intérêt distinct », et mention doit être fait du nombre des originaux sur chaque
exemplaire. À défaut de ces formalités, l'acte juridique n’est pas nul, mais l'écrit ne
peut servir de preuve. Tout au moins pourra-t-il constituer un commencement de
preuve.
Par exemple : les actes constatant des promesses unilatérales de sommes d'argent
ou de choses fongibles (C. civ., art. 1326) doivent être constatés dans « un titre qui
comporte la signature de celui qui souscrit cet engagement ainsi que la mention,
écrite de sa main, de la somme ou de la quantité en toute lettre et en chiffres. En
cas de différence, l'acte sous seing privé vaut pour la somme écrite en toutes lettres.
La force probante de l'acte sous seing privé dépend de son contenu et de sa date.
S'agissant de son contenu, l’acte ne fait pas foi de son origine : la signature peut
être contestée par celui à qui l'acte est opposé, par la " vérification d'écriture ".
C'est la procédure par laquelle une partie dénie l'écriture qui lui est attribuée ou
déclare ne pas reconnaître celle attribuée à son auteur. C'est à celui qui se prévaut
de l'acte qu'il appartient d’en établir la sincérité.
Les copies d'acte sous seing privé, même certifiées conformes à l'original, ne
peuvent valoir preuve : seul l'original qui porte la signature doit être produit ; de
même pour les doubles au papier carbone et les photocopies, bien que l’acte y soit
exactement reproduit, y compris la signature. Il existe une exception tenant à la
copie fidèle et durable d'un acte écrit dont l'original a été détruit (par exemple : un
microfilm). En effet, « est réputé durable toute reproduction indélébile de l’original
qui entraîne une modification irréversible du support » (C. civ., art. 1348, al. 2 ).
S'agissant de la date de l'acte sous seing privé, elle fait foi entre les parties, jusqu'à
preuve contraire. À l'égard des tiers, en principe, l’acte sous seing privé ne fait pas
foi de sa date, pour éviter qu’un acte ne soit antidaté, de connivence entre les deux
signataires, pour faire remonter ses effets à une date antérieure, dans le but de
frauder les tiers (C.civ. Art. 1328).
La condition d'opposabilité de l'acte aux tiers, c'est que l'acte ait une "date
certaine" ; - un acte sous seing privé acquiert date certaine, notamment par son
enregistrement sur présentation de deux exemplaires de l'acte au receveur de
l'enregistrement.
Les autres écrits sont des documents rédigés en vue de faire la preuve. Ce sont : les
lettres missives, les livres de commerce, les registres et papiers domestiques,
l'écriture du créancier sur le titre.
Les lettres missives font preuve contre l’auteur d’une convention synallagmatique,
si le destinataire peut les produire en justice. Il en est ainsi de la lettre
confidentielle, qui ne peut être produite qu'avec l'accord de l'expéditeur. Elles sont
admises si elles sont produites seulement par la personne à qui ces lettres ont été
adressées, non par les tiers qui se trouveraient en possession de la lettre, en raison
du caractère confidentiel de la correspondance privée.
En principe, les livres de commerce font toujours preuve contre le commerçant qui
les tient (C.civ., art. 1330).
Si un commerçant fait état de ses écritures contre un non commerçant « pour les
fournitures qui y sont portées », les livres ne font preuve que si le juge a déféré
le serment supplétoire à l'une ou l’autre des parties.
Les registres et papiers domestiques (C.civ., art 1331) « ne font point titre pour
celui qui les a écrits », nul ne pouvant se créer un titre à lui-même. Il en est ainsi du
livre de comptes. Mais, ils font foi contre lui quand ils « énoncent formellement un
paiement reçu », ou quand ils contiennent la mention expresse qu'ils ont été faits
pour suppléer le défaut de titre.
- d'abord, l'écriture mise sur le titre par le créancier fait foi « lorsqu'elle tend à
établir la libération du débiteur », jusqu'à preuve contraire par tous moyen ;
- ensuite, s’il s'agit d'une écriture mise sur le double d’un titre se trouvant entre les
mains du débiteur, la mention fait également foi, mais l'écriture valant titre, serait
écartée de la preuve contraire.
La preuve par l’écrit sur papier support trouve son complément dans la preuve par
l'écrit sous forme électronique.
Dans l'espace UEMOA, sans doute, ces mesures visent-elles principalement les
banques, les commerçants, les opérateurs économiques et les particuliers en
affaires. Mais, elles doivent pouvoir bénéficier d'une forte implication des États
membres pour pouvoir infléchir les résistances et créer la préférence pour la
modernisation en cours. Pour ce faire, un élargissement du champ de réception de
Admise, la preuve par l'écrit sous forme électronique requiert une force probante.
Admise comme preuve de droits subjectifs, la preuve par écrit sous la forme
électronique a en principe une force probante égale à celle de l'écrit sur support
papier. Toutefois, cette force probante semble subordonnée à certaines conditions.
Ainsi, l'écrit sous forme électronique, de même que l’écrit sur support papier, peut
servir de preuve en droit. Il résulte « d'une suite de lettres, de caractères, de chiffres
ou de tous autres signes ou symboles dotés d’une signification intelligible, quels
que soient le support et les modalités de transmission » (Règlement n° 15, art. 18).
Il reste que, alors que l'écrit sur papier lorsqu'il procède d'une preuve parfaite
s'impose aux parties aussi bien qu'au juge, l'écrit sous forme électronique semble
apparaître dans le texte du Règlement qui en établit la valeur comme ayant une
force probante conditionnelle.
Au demeurant, l'écrit doit pouvoir, être fiable (Règlement, art. 27 al. 1) et rester
sous le sceau de la confidentialité pour en éviter la falsification (Règlement, art.
26). Enfin, la conservation de la preuve sous forme électronique doit se faire
pendant une période de cinq (5) ans (Règlement. Art. 20 al. 1).
La preuve électronique est commode, mais sa force probante est simple. Elle est
présumée et peut être contestée preuve contraire, comme la preuve libérale
produite en dehors de tout écrit.
DISSERTATION
CORRECTION DE LA QUESTION n° 1
Tandis qu’en France le droit positif consacre depuis l'arrêt GISTI du Conseil d'État
en date du 29 juin 1990 la compétence réservée du juge national en la matière,
abandonnant la solution antérieure du référé diplomatique, en Côte d'Ivoire le
problème relève de la compétence partagée du juge national. Ainsi, le principe est
que l'interprétation des traités relève de la compétence au juge national (I). Ce
principe est assorti d’exceptions (II).
Dans l'État de droit, la fonction première du juge étant celle d’application du droit.
En vue de cette application, le juge interprète toute règle de droit (A), et en
l'occurrence, les traités (B).
Comme toutes les autres règles de droit, les traités peuvent être soumis à
interprétation, et sont en cas de besoin soumis au juge national compétent en la
matière. Ainsi, au sein de l’État, les tribunaux et cours de justice doivent élucider
et expliciter les clauses obscures des traités, notamment lorsque des problèmes de
compréhension des traités ou de certaines de leurs dispositions surgissent.
Toutefois, il existe des exceptions.
Deux exceptions tiennent, l'une aux traités diplomatiques (A), l'autre aux traités
touchant à l'OHADA (B).
CORRECTION DE LA QUESTION n° 2
En principe, le droit n'est pas à prouver (A). Ce principe tient à une double
explication (B).
Le droit dresse le champ d'action pour tous les individus au sein d’une société.
C'est en référence à ce champ que sont déterminés, au regard du droit, les actes et
les actions, aussi bien que leur preuve.
B- LA DOUBLE EXPLICATION
La première explication du fait que le droit n'est pas à prouver tient à l'opposabilité
absolue de la règle de droit. La seconde procède de la répartition des rôles au
procès entre le juge et les parties.
Les parties apportent les faits, mais c'est le juge qui connaît le droit et a pouvoir de
dire le droit (Jura novit curia). Ainsi, aux parties, il revient d'apporter et exposer les
faits, au juge de les trancher par le droit (Da mihi factum, dabo tibi jus). Ainsi, le
droit n'est pas à prouver. Toutefois, il y a des exceptions.
Dans diverses hypothèses, la dispense de preuve du droit est écartée au profit d'une
exigence de preuve du droit. L’on peut en relever quatre (04).
Le juge peut, au cours d'un procès, demander à l'une des parties des explications
sur des points de droit nécessaires au soutien de sa cause.
C- LA PREUVE DE LA COUTUME
La coutume constitue une source du droit. Mais, dans la mesure où elle ne fait pas
l'objet d'une publication officielle et unifiée, le juge n'a pas les moyens matériels de
la rechercher lui-même. Ainsi, la coutume invoquée doit être établie par la partie
qui s'en prévaut.
CORRECTION DE LA QUESTION n° 3
INTRODUCTION
Dans l'espace UEMOA, sans doute, ces mesures visent-elles principalement les
banques, les commerçants, les opérateurs économiques et les particuliers en
affaires. Mais, elles doivent pouvoir bénéficier d'une forte implication des États
membres pour pouvoir infléchir les résistances et créer la préférence pour la
modernisation en cours. Pour ce faire, un élargissement du champ de réception de
l'instrument électronique est nécessaire et doit pouvoir procéder des dispositifs
complémentaires tendant à :
Admise, la preuve par l’écrit sous forme électronique requiert une force probante.
Ainsi, l’écrit sous forme électronique, de même que l'écrit sur support papier, peut
servir de preuve en droit. Il résulte « d'une suite de lettres, de caractères, de chiffres
ou de tous autres signes ou symboles dotés d'une signification intelligible, quels
que soient le support et les modalités de transmission » (Règlement n° 15, art. 18).
Il reste que, alors que l'écrit sur papier lorsqu'il procède d'une preuve parfaite
s'impose aux parties aussi bien qu'au juge, l'écrit sous forme électronique semble
apparaître dans le texte du Règlement qui en établit la valeur comme ayant une
force probante conditionnelle.
Au demeurant, l'écrit doit pouvoir, être fiable (Règlement, art. 27 al, 1-1) et rester
sous le sceau de la confidentialité pour en éviter la falsification (Règlement art.
26). Enfin, la conservation de la preuve sous forme électronique doit se faire
pendant une période de cinq (05) ans (Règlement art 20 al. 1).
La preuve électronique est commode, mais sa force probante est simple. Elle est
présumée et peut être contestée par la preuve contraire.
CAS PRATIQUE
CAS PRATIQUE
Le 15 janvier 2003, une loi est votée pour instituer la gratuité des frais de scolarité
dans les grandes écoles privées, au nombre desquelles figure l'École Supérieure
Internationale de Droit d'Abidjan (E.S.I.D.). Cette loi, abondamment commentée le
lendemain 16 janvier pour le grand public par des spécialistes dans le journal de 20
heures, a fait la "une" de tous les quotidiens pendant près de huit (08) jours, à la
grande joie de l’Association des parents d'élèves.
Informé de cette nouvelle loi qui décharge totalement ses parents, Monsieur
DAGO Vorien, étudiant à l'E.S.I.D. ne comprend pas pourquoi, dans l'après-midi
du 27 janvier 2003, la direction de l'E.S.I.D. lui adresse une correspondance pour
exiger de lui le paiement du reliquat de ses frais de scolarité pour l'année en cours,
faute de quoi l'accès à la salle d'examen lui sera interdit pour compter du lundi 03
février 2003.
Il rassure ses parents que l'École ne peut rien leur demander, et qu'ils peuvent
même attrait l'École en justice en vertu du principe " Nemo censetur ignorare
legem ". Dans cette affaire, l'École vous désigne comme conseil juridique. Elle
vient vous consulter sur deux points :
INTRODUCTION
Le cas pratique, soumis à examen sous la forme d'une consultation juridique, est
relatif à la force obligatoire de la règle de droit et général, et pose en l'occurrence le
problème de la force obligatoire pouvant s’attacher à une loi nouvelle.
Les faits en sont simples. Une loi nouvelle, votée le 15 janvier 2003, institue la
gratuité des frais de scolarité dans les grandes écoles privées dont l'École
Internationale Supérieure de Droit (ESID). La loi, abondamment commentée par
des spécialistes le 16 janvier, fait la " une " des journaux et quotidiens pendant plus
de huit (08) jours. Monsieur Dago Vorien, étudiant à l’ESID, reçoit une lettre de la
Direction de l'École l'invitant à payer le reliquat de ses frais de scolarité sous peine
d’être interdit d'accès à la salle d’examen.
Monsieur Dago rassure ses parents qu'ils n'ont rien a payer en raison de la loi
nouvelle votée, et qu'ils disposent d'un droit d'action contre la Direction de l'École
en vertu du principe « Nemo censetur ignorare legem ».
1. La signification du principe
Nul n'est censé ignorer la loi : L'idée, c'est que nul ne peut échapper à l'application
de la loi sous prétexte de son ignorance de celle-ci. Il en résulte que chacun doit
s'obliger à connaitre la loi (c'est-à-dire le droit en vigueur), en l’occurrence la règle
de droit promulguée et publiée au Journal Officiel.
2. La conséquence du principe
Si se renseigner sur le droit est une obligation à la charge de toute personne, alors
s'en abstenir équivaut à la violation de l'obligation.
Or, la négligence ou l'ignorance ne saurait excuser celui qui entend s'en prévaloir
pour échapper à l'application du droit. Donc, la violation entraîne sanction. Le
principe "sanctionnateur" en est ainsi formulé : Nemo auditur quiam propriam
turpitudinem allegans.
- La loi impérative est celle qui est d'ordre public, dont il n’est pas permis d'écarter
l'application par des mesures ou procédures particulières. Le Code civil, en son
article 6 dispose : « On ne peut déroger, par des conventions particulières, aux
lois qui intéressent l'ordre public et les bonnes mœurs ». Il en résulte des
situations régies par la loi impérative. Par exemple : les lois de 2019 régissant le
mariage, la filiation ; les lois relatives au salaire minimum, à la durée du
travail ; à la circulation routière.
Le principe est assorti de deux exceptions : les dispenses et les dérogations. Les
dispenses sont des autorisations accordées à titre exceptionnel par les autorités
publiques habilitées en vue de conférer la capacité juridique d'accomplir certains
actes.
Les dérogations sont des exceptions dont les bénéficiaires peuvent se prévaloir
pour échapper à une disposition légale. Par exemple : l'Administration peut
accorder à une entreprise une dérogation à l'obligation faite par la loi de donner à
tous les salariés un jour de repos hebdomadaire le dimanche.
- La loi supplétive peut être définie comme celle à laquelle il est permis de déroger
par des conventions particulières. Elle ne s'impose qu'à défaut de volonté contraire
de l’intéresse. Le Code civil en son article 1651 prévoit la possibilité de suppléer
aux lois supplétives : « s'il n'a rien été réglé à cet égard lors de la vente, l'acheteur
doit payer au lieu et dans le temps où doit se faire la délivrance ».
La loi nouvelle relative à la gratuité des frais de scolarité dans les grandes écoles
privées est une loi impérative. Permet-elle d'appliquer le principe « Nemo
censetur... » au cas d’espèce ?
Il résulte du cas d'espèce que Monsieur Dago Vorien veut recourir au principe «
Nemo censetur ignorare legem » non seulement comme fondement a son action,
mais aussi comme moyen libératoire du paiement du reliquat de la scolarité en
cours.
Le principe « Nemo censetur ignorare legem », ainsi exposé, peut-il être invoqué
pour servir de fondement à une action en justice dans le cas d'espèce ?
En principe, les frais de scolarité découlent d'un contrat entre des parties (Code
civil art. 1134). Ce contrat les lie et fait peser à la charge de chacune une
obligation : pour l'École, assurer la formation au profit de Monsieur Dago Vorien ;
pour celui-ci ou/et ses parents, payer le prix convenu. De sorte que, même si elle
était applicable, la loi nouvelle ne l'aurait été que pour des situations futures, soit la
rentrée prochaine, en raison de la non rétroactivité de la loi.
L'entrée en vigueur de toute loi nouvelle est subordonnée à deux conditions qui
sont : d'abord, la promulgation ; ensuite, la publication.
1. La promulgation de la loi
2- la publication de la loi
La publication d'une loi est l'insertion matérielle qui est faite au Journal Officiel.
La loi ainsi publiée devient non seulement obligatoire mais aussi applicable à tous,
c'est-à-dire opposable à tous les citoyens qui sont censés en avoir eu connaissance.
affichée par l'autorité compétente (par exemple : cette urgence peut intervenir en
matière fiscale, pour éviter la fraude).
Comme toute œuvre humaine, la règle de droit que les autorités étatiques édictent
et qui entre dans l'ordonnancement juridique peut être entachée d'erreur,
notamment d'erreurs matérielles. Pour surmonter ces erreurs, il appartient au
Gouvernement d'insérer dans le Journal Officiel une liste des erratas visant à
préciser les différentes erreurs et les corrections respectives à leur apporter.
Toutefois, les corrections s’inscrivent dans une certaine limite. En effet, lorsque les
corrections visent à compléter au point de modifier et dénaturer le sens du texte
initial, elles sont réputées sans valeur et nulles.
Dans le cas d’espèce, la loi sur la gratuité de la scolarité votée commentée par les
spécialistes, et portée à la "une" des journaux et quotidiens peut-elle être appliquée
à la demande et au bénéfice de Monsieur Dago Vorien ?
Bien qu'elle ait pu faire l'objet de commentaires et d'une large publicité, la loi
nouvelle relative à la gratuité des frais de scolarité dans les grandes écoles privées
ne peut nullement s'appliquer à la demande et au bénéfice de Monsieur Dago
Vorien. En effet, il s'agit d'une loi non promulguée, et en conséquence d'une loi
non publiée.
Il résulte de la récente Constitution Art. 74 al. 2, que la loi votée est promulguée
dans les trente (30) jours suivant la transmission qui en est faite par le Parlement au
Président de la République, ce délai étant réduit à cinq (05) jours en cas d'urgence.
Tels sont les délais impartis pour que la promulgation de la loi procède du décret
présidentiel.
Dans le cas d'espèce, la loi soit votée le 15 janvier 2003. Mais, aucun indice ne fait
cas ni de la transmission de la loi nouvelle au Président de la République, ni du
décret de promulgation, non plus que des délais de promulgation. Certes, le
commentaire en a été fait le lendemain, soit le 16 janvier 2003. Mais, le «
commentaire » vaut-il « promulgation » ? La réponse est négative.
En conclusion : la loi sur la gratuité de la scolarité dans les grandes écoles privées
n'a jamais été promulguée. Elle ne l'a été ni dans le délai normal de trente (30)
jours, ni dans le délai d’urgence de cinq (05) jours. N'ayant pas été promulguée,
elle reste a fortiori une loi non publiée.
À la question posée, la réponse est négative. Certes, la publication est toujours une
publicité de la norme juridique nouvelle. Mais, en sens inverse, toute forme de
publicité ne vaut pas publication. En droit seule la parution au Journal Officiel
consacre la publication de la loi.
En conclusion : la loi nouvelle n'ayant jamais été publiée, elle ne peut nullement
fonder une action en justice, non plus qu'être invoquée pour son application à la
demande et au bénéfice de Monsieur Dago Vorien, parce que la loi n'est pas encore
entrée en vigueur.
I- DISSERTATION
41. Commentez :
Article 101
de la mutualité et de l’épargne ;
de l’organisation de la production ;
Article 103
Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi relèvent du domaine
réglementaire.
Article 52
Les engagements internationaux visés à l’article 120 avant leur ratification, les lois
constitutionnelles adoptées par voie parlementaire, les lois organiques avant leur
promulgation, les règlements des assemblées parlementaires avant leur mise en
application, doivent être déférés par le Président de la République, le Président de
l’Assemblée nationale ou le Président du Sénat au Conseil constitutionnel, qui se
prononce sur leur conformité à la Constitution.
43. Commentez :
« L'autorité de la chose jugée n'a lieu qu'a l'égard de ce qui a fait l'objet du
jugement » (Code civil art. 1351).
44. Commentez :
« On ne peut déroger, par des conventions particulières, aux lois qui intéressent
l'ordre public et les bonnes mœurs » (Code Civil, art. 6).
45. Commentez :
« La loi ne dispose que pour l'avenir ; elle n'a point d'effet rétroactif » (Code civil,
art. 2).
46. Commentez :
C- Extrait d’arrêt
47. Commentez :
« (...) Considérant que par lettre du 27 juin 2001, le Groupe Parlementaire du Parti
Démocratique de Côte dit PDCI, représenté par son président a saisi la Chambre
Constitutionnelle dans les conditions prévues à l'article 97 de la Constitution, aux
fins de dire que le projet de loi relatif à l'organisation du Département a le caractère
d'une loi organique en application des articles 71 alinéas 34 et 121 de la
Constitution.
En la forme
Considérant que la requête a été introduite dans les conditions prévues par la
constitution ; qu'elle est donc recevable.
Au fond
Mais considérant que d'une part, aux termes de l'article 71 alinéa 3 et suivants de la
Constitution :
« Sont des lois organiques celles qui ont pour objet de régir les différentes
institutions, structures et systèmes prévus ou qualifiés comme tels par la
Constitution.
Le texte ne peut être adopté par l’Assemblée nationale qu'à la majorité des 2/3 de
ses membres.
Qu'il résulte de ces textes que les lois organiques sont déterminées et précisées par
une disposition de la Constitution qui confère expressément ce caractère aux dites
lois et consacre les matières ainsi régies comme institutions, structures et systèmes ;
Qu'ainsi, à l'exclusion des matières soumises aux lois organiques indiquées dans la
Constitution, il ne saurait exister d’autres lois organiques résultant des notions de «
institution, structure et système », dès lors que la Constitution ne les a pas
expressément prévus ou qualifiés comme tels.
Considérant qu'en annonçant chaque fois par un article spécifique la matière régie
par une loi organique, la Constitution a nécessairement exclu l'existence de lois
organiques à la discrétion du législateur ;
Qu'il s'ensuit que les collectivités territoriales, prévues par l'article 121 de la
Constitution, qui sont créées et supprimées par la loi, ne peuvent être régies par
une loi organique ;
Que dès lors, le projet de loi relatif à l'organisation du département, fondé sur
l'article 121 de la Constitution, n'a pas un caractère organique... ».
48. Commentez :
(...)
En la forme
Au fond
Sur la création de la CNE par une loi organique Considérant qu'aux termes de
l'article 71 alinéa 3 et suivants de la Constitution :
« Sont des lois organiques celles qui ont pour objet de régir les différentes
institutions, structures et systèmes prévus ou qualifiés comme tels par la
Constitution.
Le texte ne peut être adopté par l'Assemblée nationale qu'a la majorité des 2/3 de
ses membres.
Considérant qu'il ressort de ces textes que la Constitution n'a, d'une part, qualifié la
Commission Indépendante de " institution " et d'autre part, conféré le caractère
organique à la loi devant la régir ; qu'il s'ensuit que le projet de loi relatif à la
Commission Électorale indépendante n’a pas un caractère organique... ».
D- Pages de doctrine
49. Commentez :
Troisièmement dans cette relation réciproque des arbitres, n'intervient pas non plus
la matière de l’arbitre, c'est-à-dire la fin que tout individu peut concevoir pour
l'objet qu’il veut — par exemple, la question n’est pas posée de savoir si quelqu'un,
avec la marchandise qu'il m'achète pour son propre commerce, pourrait trouver
aussi son bénéfice ou ne le pourrait pas, mais c'est seulement la forme de la
relation entre les arbitres présents des deux côtés que l’on interroge, en tant qu'ils
sont considérés simplement comme libres, et cela, pour savoir si l'action de l'un des
deux se laisse concilier avec la liberté de l’autre selon une loi universelle.
Le droit est donc l'ensemble conceptuel des conditions sous lesquelles l'arbitre de
l'un peut être concilié avec l'arbitre de l’autre selon une loi universelle de la liberté
».
50. Commentez :
Cela signifie à la fois et indivisiblement que les règles juridiques sont les seules
règles que sanctionne l'autorité publique, et que cette dernière ne peut édicter et
sanctionner que des règles juridiques. L'existence de la sanction suffit à elle seule,
à différencier la règle juridique de toute autre. Peu importe que la sanction ne soit
pas appliquée ou qu'elle ne soit pas efficace : ces deux aspects sont très importants
en pratique, mais n'affectent point la notion de règle de droit ».
51. Commentez :
« Pour les uns, il ne doit y avoir finalement qu’un seul ordre juridique (Kelsen), les
règles de droit international y compris la norme hypothétique fondamentale sont
placées au sommet d'une pyramide qui englobe tous les autres systèmes, qui
peuvent bien présenter certaines particularités et constituer des sous-ordres soit
nationaux, soit propres à une Organisation internationale : mais l'univers juridique
ne constitue finalement qu’une seule structure (monisme normatif).
Face à ces écoles monistes, d'autres esprits formés aux méthodes du droit
international privé ont considéré le Droit international et droits nationaux comme
des systèmes clos ordonnés autour de deux origines différentes (la règle pacta sunt
servanda, les Constitutions étatiques) et restant totalement indépendants l'un de
l'autre (...) ».
(P. Reuter, Droit international public, PUF, Paris, 5e éd. 1976, p. 54).
52. Commentez :
« Dans l’univers du droit offert à notre interrogation, l’une des lois nous est fournie
par l'adage, devenu banal : pas de société sans droit ; et là où il y a société
(d'hommes) il y a, nécessairement, du droit, c'est-à-dire des lois qui en gouvernent
et l’organisation et le fonctionnement. Ainsi, se trouve souligné le caractère social
du droit, autant sa nécessité que son universalité.
La nécessité du droit (de la loi), qui est celle de la vie en société, se lit autant dans
son unité (la loi) que dans son universalité. Voilà l'absolu. Mais aucun droit,
aucune loi ne peut prétendre régir toutes les sociétés, indistinctement : il n'y a pas
de lois naturelles ou éternelles susceptibles de régir, comme intemporellement,
toutes les sociétés ; chaque société a son identité propre, comme elle a sa propre loi
( la Côte d’Ivoire, le Cameroun, la France, le Japon, etc., ont, chacun, sa loi).
Parler de la loi de façon générale, c'est donc évoqué une abstraction et s'interdire
d'appréhender le droit vivant et vécu.
les lois propres à chaque État en particulier, et la loi, exprimant les caractéristiques
générales des lois ».
53. Commentez :
L’homme qui parle en symboles est d'abord un récitant ; il transmet une abondance
de sens dont il dispose si peu que c'est elle qui lui donne à penser ; c'est l'épaisseur
du sens multiple qui sollicite son intelligence : et l’interprétation consiste moins à
supprimer l’ambiguïté qu'à la comprendre et à en expliciter la richesse ».
54. Commentez :
La disposition légale, qu'elle résulte d’une loi, d'une ordonnance, d’un règlement
administratif, a force obligatoire, ce qui est volontiers considéré comme un
(F. Terré, Introduction générale au droit 5e éd. Dalloz. Paris 2000. pp. 441-442).
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