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Institutions juridictionnelles et procès

Leçon 1 : Notions d'institutions judiciaires


Florence Lasserre Jeannin

Table des matières


Section 1. Les origines historiques des institutions juridictionnelles...................................................................p. 2
§1. L'élaboration des institutions..........................................................................................................................................................p. 2
§2. Le maintien des institutions : loi du 20 avril 1810.........................................................................................................................p. 4
§3. Après 1958 : la rénovation des institutions................................................................................................................................... p. 4
A. La réforme des juridictions...........................................................................................................................................................................................p. 4
B. La réforme du personnel judiciaire.............................................................................................................................................................................. p. 5
C. Les réformes concernant l'accès à la justice.............................................................................................................................................................. p. 6
Section 3. Définition des institutions juridictionnelles........................................................................................... p. 7
§1. Les institutions............................................................................................................................................................................... p. 7
§2. Le caractère juridictionnel.............................................................................................................................................................. p. 7
A. La notion de justice...................................................................................................................................................................................................... p. 7
B. La notion d'acte juridictionnel.......................................................................................................................................................................................p. 8
1. Définition de l'acte juridictionnel..........................................................................................................................................................................................................................p. 8

2. Les conséquences juridiques de la qualification d'acte juridictionnel.................................................................................................................................................................p. 8

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La connaissance des institutions judiciaires pour tout citoyen, et en particulier pour tout juriste, est
fondamentale; elle nécessite de connaître leur genèse c'est-à-dire leurs différentes origines historiques, ainsi
que leurs sources législatives et réglementaires, afin de pourvoir comprendre comment, aujourd'hui, les
tribunaux fonctionnent et sont organisés.

Section 1. Les origines historiques des


institutions juridictionnelles
Les fondements de notre organisation judiciaire moderne datent de la Révolution française et ont été complétés
sous le Consulat et l'Empire.

Sous l'Ancien Régime, la justice était caractérisée par la diversité et la multiplicité des juridictions, en raison de
la nature de l'Ancien Droit essentiellement coutumier et de type corporatiste: chaque région et chaque corps
de métiers étaient régis par un ensemble de règles particulières.

Ainsi, à côté des juridictions royales (baillages, sénéchaussées, présidiaux) il existait des juridictions
seigneuriales et des juridictions canoniques. On trouvait également des juridictions spécialisées en certaines
matières (prévôtés, tribunaux consulaires en matière commerciale, tribunaux d'amirauté en matière maritime)
et même certaines juridictions de nature administrative (la Cour des Aides en matière fiscale et la Chambre
des comptes du Parlement de Paris). À cela s'ajoutaient, au sommet de la hiérarchie : les Parlements (qui
dans chaque province jouaient le rôle de juridictions d'appel), et enfin, le Conseil des parties qui siégeait aux
côtés du Roi.

Cet enchevêtrement engendrait de nombreux conflits de compétence qui rendaient souvent malaisé le choix
de la juridiction appelée à connaître du litige.

En outre, le fonctionnement de la justice présentait en lui-même de très graves inconvénients : tout d'abord
les procès étaient très longs en raison de la multiplicité abusive des recours (par le jeu de cinq ou six appels
successifs), ensuite il y avait des privilèges de juridiction dont bénéficiaient certaines catégories de justiciables
(la noblesse et le clergé notamment) ce qui n'assurait pas une égalité des citoyens devant la justice, et enfin
les charges de judicature étaient vénales, c'est-à-dire payantes, ce qui obligeaient les plaideurs à payer leurs
juges.

À la fin de l'Ancien Régime, la réforme de la justice était donc nécessaire. Les révolutionnaires abolirent ainsi le
4 août 1789 les juridictions seigneuriales, les privilèges de juridiction et la vénalité des charges. Ils maintinrent
les tribunaux à titre provisoire et quelques mois plus tard décidèrent dans un décret du 3 novembre 1789 que
les Parlements ne reprendraient plus leurs fonctions. Une nouvelle organisation judiciaire devait donc être
instituée.

Celle-ci fut élaborée entre 1790 et 1810 (§1), puis un certain équilibre étant atteint, l'organisation judiciaire fut
maintenue jusqu'en 1958 (§ 2), enfin après la Constitution de 1958 une rénovation des institutions judiciaires
fut entreprise et se poursuit encore actuellement (§ 3).

§1. L'élaboration des institutions


La loi des 16 et 24 Août 1790 posa certains principes fondamentaux sur lesquels reposent encore aujourd'hui
les bases de nos institutions modernes. Il s'agit tout d'abord du principe de la séparation des pouvoirs, ensuite
du principe de l'égalité devant la justice, puis du principe de sa gratuité, de la règle du double degré de
juridiction, de l'instauration du jury populaire en matière criminelle, de la professionnalisation des magistrats

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et enfin de l'idée que les ressorts des juridictions (l'étendue de leur compétence territoriale) doivent coïncider
avec les circonscriptions administratives.

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyenfut également proclamée le 26 Août 1789, sous forme de
déclaration de principe à vocation universelle dans laquelle les libertés individuelles y furent affirmées et les
principes suivants énoncés :

• le droit à la sûreté est posé comme une garantie essentielle de l'homme ; ainsi le citoyen respectueux
de la loi est garanti contre les arrestations, détentions et condamnations arbitraires ; c'est ce que l'on
appelle l'"habeas corpus".
• la légalité des délits et des peines signifiant qu'il n'y a pas d'infraction sans loi ni peine sans loi est
affirmée comme un principe, tout comme celui de la non rétroactivité des lois pénales ;
• le principe de la présomption d'innocence posant la règle que toute personne doit être considérée
comme innocente tant qu'elle n'a pas été condamnée pénalement par une juridiction pénale est
proclamé ;
• les libertés d'opinion et de conscience (comme la liberté de pensée qui englobe la liberté de la
presse notamment, la liberté syndicale ...) sont esquissées ;
• la séparation des pouvoirs est conçue comme un principe de démocratie.
L'Assemblée constituante institua également de nouvelles juridictions comme : les tribunaux de district qui
sont les ancêtres de nos actuels tribunaux de grande instance et les justices de paix qui sont devenues,
en 1958, les tribunaux d'instance. Seules les anciennes juridictions consulaires chargées de statuer sur les
litiges commerciaux survécurent à la Révolution parce qu'elles étaient composées de juges; elles furent donc
maintenues sous le nom de tribunaux de commerce.

Des réformes complémentaires, sous le Consulat et l'Empire, ont par la suite parachevé l'oeuvre des
Révolutionnaires : le Tribunal de cassation fut en effet rapidement institué (Loi des 27/11/1790 et 1/12/1790)
afin d'uniformiser l'interprétation de la loi, tout comme le Conseil d'état sur le plan administratif.

Pour ce qui est de la justice pénale, c'est à cette époque que le Code pénal (1810) est élaboré et fixe trois
sortes d'infractions en fonction de leur gravité : les délits municipaux, les délits correctionnels, et les délits et
crimes comportant une peine afflictive et infamante.

Pour sanctionner ces infractions, trois types de juridiction pénale sont créés:

• dans chaque commune, un tribunal de police municipale est institué. Au sein de ce tribunal siège le juge
de paix, chargé de juger les infractions les moins graves,
• au niveau du canton, un tribunal de police correctionnel est chargé de juger les délits c'est-à-dire les
infractions moyennement graves, et
• au chef lieu du département, le tribunal criminel est formé. Cette juridiction est à l'origine de la Cour
d'assises, elle est composée de quatre magistrats et de douze jurés populaires et a reçu compétence
en matière de crimes et pour les délits les plus graves. En effet, la loi du 16 septembre 1791 introduisit
le jury criminel avec l'adoption du système dit de l'intime conviction.
• Le principe de la liberté des preuves est posé, toutes les preuves ont la même valeur. Le juge va statuer
selon intime conviction mais devra motiver sa décision. Ce principe traduit une rupture avec le système
précédent de la légalité des preuves qui avait conduit à des abus terribles et justifié le système de la
torture auquel il fut mis fin en France en 1780 et 1788.
• La motivation des décisions judiciaires est principe essentiel en droit français et s'est appliqué à toutes
les juridictions sauf à la Cour d'assises jusqu'en 2011.
Sous l'Ancien régime, la valeur des preuves était déterminée par la loi, le juge n'avait aucune liberté
d'appréciation et ce système conduisait à des abus.

Le système de l'intime conviction a été préféré à la Révolution française car selon ce principe, tous les moyens
de preuve ont en droit une force probante égale, de sorte que le juge apprécie en toute liberté la valeur des
preuves qui lui sont soumises.

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Le deuxième degré de juridiction au moyen des tribunaux d'appel fut également instauré, et petit à petit
l'élection des juges fut progressivement supprimée.

§2. Le maintien des institutions : loi du 20


avril 1810
Le 19ème siècle et la première moitié du 20ème siècle furent marqués par une certaine stabilité due à
une loi du 20 avril 1810, « loi sur l'organisation de l'ordre judiciaire et l'administration de la justice ».

Cette loi avait institué un tribunal civil dans chaque arrondissement, qui était composé de trois juges nommés
par le gouvernement ; un second degré de juridiction était organisé : en effet, des cours d'appel regroupaient
plusieurs départements et, au sommet de la hiérarchie judiciaire figurait la Cour de cassation.

La présentation et la hiérarchie des tribunaux ont été dans l'ensemble maintenues ; mais les institutions se sont
alourdies et compliquées du fait de l'apparition de nombreuses juridictions d'exception : les tribunaux paritaires
des baux ruraux (dans le domaine agricole), les commissions de sécurité sociale, appelées désormais les
tribunaux des affaires de sécurité sociale, les juridictions pour mineurs en matière pénale et les juridictions
militaires.

Cette loi de 1810 a posé une organisation hiérarchique des juridictions de l'ordre judiciaire et a permis
l'établissement d'un autre ordre de juridiction: l'ordre admisnistratif.

En matière administrative, on a pu également relever d'importantes mutations comme la création du tribunal


des conflits (1849 et 1872), et la consécration, par une loi de 1872 de la fonction juridictionnelle du Conseil
d'État (voir infra). En effet, il n'existait pas à l'origine de juridiction pour juger l'administration, l'administré devait
saisir le ministre qui statuait sur sa réclamation.

Les juridictions administratives ont été multipliées, ainsi les conseils de préfecture ont été mis en place
pour régler le contentieux avec l'administration à l'échelon départemental et sont devenus les tribunaux
administratifs à la suite du décret n° 53-934 du 30 septembre 1953.

On constate donc une évolution marquante durant cette période, où à côté des juridictions traditionnelles, dites
de l'ordre judiciaire, sont créées de véritables juridictions administratives chargées de juger les affaires qui
mettent en cause l'administration.

A cette époque, les deux grands ordres de juridiction se profilent donc, à savoir l'ordre judiciaire et
l'ordre administratif. L'organisation des deux ordres est pyramidale et hiérarchique.

§3. Après 1958 : la rénovation des institutions


La Constitution du 4 octobre 1958a été le tournant majeur de la réforme des institutions juridictionnelles parce
qu'elle a profondément modifié les rôles respectifs de la loi et du règlement et parce qu'elle a marqué le point de
départ de nombreuses réformes importantes en la matière. En effet, l'organisation judiciaire a été profondément
modifiée par plusieurs ordonnances, accompagnées de nombreux décrets, promulguées le même jour : le
22 décembre 1958. Ces textes concernent principalement les juridictions de l'ordre judiciaire, mais aussi le
personnel judiciaire, et améliorent les possibilités d'accès à la justice.

A. La réforme des juridictions


Les ordonnances de 1958 ont modifié en particulier l'organisation et la compétence des tribunaux.

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• Dans l'ordre judiciaire : le tribunal civil de première instance est devenu le tribunal de grande instance
constitué d'une ou plusieurs chambres civiles et d'une ou plusieurs chambres correctionnelles.La justice
de paix a été remplacée par un tribunal d'instance.
La compétence des cours d'appel a été élargie, puisque celles-ci sont habilitées à statuer sur tous les appels
tant en matière civile que pénale (sauf pour les décisions rendues par les cours d'assises et les juridictions
militaires).

Plus tard, la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d'innocence a instauré un double degré de juridiction en
matière criminelle et a par là même institué des Cours d'assises d'appel (voir infra); cette loi a aussi institué
un nouveau juge: le juge des libertés et de la détention qui est compétent en matière de détention provisoire
notamment. Une loi du 9 novembre 2002 a créé le juge de proximité (voir infra) chargé d'aider le juge d'instance
avec qui désormais il partage les affaires relevant de sa compétence.

Un Décret du 15/02/2008 a également réformé la carte judiciaire, modifiant ainsi le nombre et le ressort des
juridictions; et un décret de juin 2013 est venu compléter la carte judiciaire avec l'instauration de trois nouveaux
TGI:

L'actuJustice du 28 juin 2013 donne les explications sur cette dernière réforme de la carte judiciaire.

En matière pénale, la loi du 5/03/2007 a créé de la collégialité de l'instruction afin de limiter le travail isolé
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du juge d'instruction. La mise en oeuvre de cette réforme a été reportée au 1 janvier 2015 mais elle est
susceptible de ne pas voir le jour compte tenu des projets de modifications du code de procédure pénale.

Un procureur national financier a également été créé par un loi du 6/12/2013, et un décret du 29/01/2014 afin
d'unifier la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Mme Eliane Houlette a été nommée à ce
poste au 1er février 2014.

• Dans l'ordre administratif : les juridictions administratives ont été réformées par la loi n° 87-1127 du
31 décembre 1987 qui institua les cours administratives d'appel, et opéra ainsi le transfert des appels
devant le Conseil d'Etat auprès de ces nouvelles juridictions administratives. Il y a aujourd'hui huit cours
administratives d'appel (voir infra).
Plus récemment, le Décret du 7/01/2009 a remplacé le commissaire du gouvernement devant le Conseil d'Etat
par le Rapporteur public des juridictions administratives.

• La loi organique du 23 juillet 2008 portant modernisation des institutions de la Vème République a modifié
la Constitution et une réforme du Conseil supérieur de la magistrature devrait intervenir suite à cette
loi. Le Conseil supérieur de la magistrature a été modifié dans sa composition, ses attributions et ses
pouvoirs à trois reprises depuis sa création en 1883. La dernière réforme, qui prévoit notamment la
saisine du Conseil par le justiciable, a été adoptée par le Parlement réuni en Congrès à Versailles le
21 juillet 2008. Sa mise en oeuvre, résultant de la loi organique du 22 juillet 2010, est intervenue le 23
janvier 2011.

B. La réforme du personnel judiciaire


Depuis 1958, c'est toute la communauté judiciaire qui a fait l'objet de profondes rénovations. Tout
d'abord les magistrats ont vu leur recrutement (création du Conseil national d'études judiciaires devenu Ecole
nationale de la magistrature) et leur statut refondus (le statut de la magistrature est réglementé par l'ordonnance
de 1958 et dont la dernière réforme relative au statut de la magistrature date du 5 mars 2007) ; le Conseil
supérieur de la magistrature a vu ses prérogatives être élargies par la réforme de 1993 (voir infra), en matière
de promotion et de protection disciplinaire des magistrats.

En 1965, le législateur a fonctionnarisé les greffes des juridictions de l'ordre judiciaire à l'exception de ceux
des tribunaux de commerce.

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La profession d'avocat a également été profondément remaniée en intégrant notamment, depuis le 1 janvier
1992, l'ancienne profession de conseil juridique.

La profession d'avoué a également été absorbée par la profession d'avocat. Depuis le 1er janvier 2012, les
avoués sont devenus automatiquement des avocats et les justiciables peuvent se faire représenter devant la
cour d'appel par l'avocat qui les a représentés en première instance, ou par tout autre avocat du ressort de
la cour. La loi n° 2011-94 du 25 janvier 2011 portant réforme de la représentation devant les cours d'appel
a fusionné les professions d'avocat et d'avoué. Cette réforme vise à simplifier et à moderniser les règles de
représentation devant les juridictions en permettant au justiciable d'être représenté par un seul auxiliaire de
justice tant en première instance qu'en appel.Voir la circulaire du 30 juin 2011 relative à la loi portant réforme
de la représentation.

Circulaire relative à la loi portant réforme de la représentation.

C. Les réformes concernant l'accès à la justice


L'accès à la justice a été amélioré ces dernières années grâce à uneloi du 10 juillet 1991qui a rénové et
modernisé ce que l'on appelait l'assistance judiciaire, et que l'on appelle aujourd'hui l'aide juridique. Cette
loi permet ainsi au plus grand nombre d'avoir recours à la justice, même si les plaideurs sont dépourvus de
ressources.

Cependant, prenant en compte les difficultés rencontrées tant par les plaideurs que par les avocats, cette
institution a été réformée par laloi du 18/12/1998sur l'accès au droit et la résolution amiable des conflits. Cette
loi a eu pour ambition d'assurer un accès au droit pour tous, sans pour autant qu'il ne se transforme en un
recours mécanique à la justice (nous développerons plus loin cette nouvelle réglementation dont les objectifs
affichés par le législateur semblent raisonnables).

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Section 3. Définition des institutions
juridictionnelles
§1. Les institutions
L'expression « les institutions », au sens courant, désigne des réalités assez variées, mais caractérisée par
l'idée d'une manifestation créatrice et organisatrice de la volonté humaine.

Le lexique Dalloz distingue alors entre :


« les institutions - organes qui sont des organismes dont le statut et le fonctionnement sont régis par le Droit,
comme le Parlement ou la famille, et les institutions-mécanismes qui sont les faisceaux de règles régissant
une certaine institution-organe, ou une situation juridique donnée, tels que le droit de la dissolution, le mariage,
ou la responsabilité civile » (Lexique des termes juridiques, Dalloz, 15ème éd. 2005).

On constate donc que le terme « institution » regroupe deux concepts, celui des organes reflétant l'institution,
et celui des mécanismes dans lesquels s'épanouissent les règles de droit.

Notre étude des institutions judiciaires reprend les deux acceptions du terme « institution » ;

• nous envisagerons en effet les institutions sous l'angle des organes qui rendent la justice ; c'est-à-dire
les tribunaux et les cours
• mais aussi nous appréhenderons les institutions sous l'angle des grands principes qui régissent le
fonctionnement des organes qui rendent la justice.

§2. Le caractère juridictionnel


Le terme « juridictionnelle » se rapporte directement à l'institution en charge de rendre la justice ou de dire
le droit.
Ainsi, l'institution en charge de rendre la justice relève des différents organes, c'est-à-dire des tribunaux et des
cours, et cette institution, parce qu'elle est juridictionnelle, doit rendre la justice. L'institution en charge de dire
le droit fait alors oeuvre d'acte juridictionnel.

Il convient alors de cerner les notions de justice et d'acte juridictionnel.

A. La notion de justice
L'appréhension de la notion « institutions juridictionnelles » ne peut être complète si l'on ne définit pas ce que
l'on peut entendre par justice. En effet, cette notion est au coeur de notre étude puisqu'elle vise les institutions
habilitées à rendre justice.

La justice est un terme comprenant plusieurs sens ; il peut s'agir du sentiment d'équité de tout un chacun, de
la fonction de juger et de l'ensemble des institutions en charge de rendre la justice.

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Remarque
Notre étude des institutions juridictionnelles regroupera les deux dernières acceptions du terme « justice »,
c'est-à-dire d'une part le service public de la justice confié à l'Etat, et d'autre part l'ensemble des organes en
charge de rendre la justice et des personnels judiciaires.

B. La notion d'acte juridictionnel


Un acte est dit juridictionnel lorsqu'il émane d'une juridiction et qu'il dit le droit à l'occasion d'une contestation
pouvant être qualifiée de litige.

L'appréhension de cette notion d'acte juridictionnel est fondamentale car elle emporte des conséquences
juridiques importantes.

1. Définition de l'acte juridictionnel


On peut définir l'acte juridictionnel comme la décision émanant d'une juridiction ou d'un juge, mais toutes ces
décisions répondant à cette définition ne peuvent recevoir la qualification d'acte juridictionnel.

Les décisions judiciaires prennent différentes appellations selon les institutions judiciaires qui les ont rendues :

• il s'agit d'un jugement lorsque la décision émane d'un tribunal de première instance ;
• il s'agit d'un arrêt pour les décisions des cours ;
• d'une sentence pour celles rendues en matière pénale ;
• et enfin des ordonnances pour certaines décisions rendues par un juge unique.

Mais, pour que la décision d'un juge ou d'un tribunal puisse recevoir la qualification d'acte juridictionnel, cette
décision doit d'abord émaner d'une juridiction, c'est-à-dire d'un organe investi du pouvoir de juger, ensuite la
juridiction doit trancher une contestation entre deux prétentions opposées.

Ainsi pour que la décision du juge puisse être un acte juridictionnel, elle doit relever d'un contentieux, ce qui
limite les actes juridictionnels au seul domaine contentieux et l'exclut pour la matière gracieuse (l'homologation
d'une convention entre des époux en vue de changer de régime matrimonial échappe par exemple à la
qualification des actes juridictionnels) ainsi que pour les actes administratifs judiciaires (c'est-à-dire les mesures
destinées à assurer le fonctionnement du service de la justice).

2. Les conséquences juridiques de la qualification d'acte


juridictionnel
Les conséquences juridiques tenant à la qualification de l'acte juridictionnel sont importantes car elles scellent
les règles de base du procès. Ces conséquences sont au nombre de trois.

La première conséquence juridique de l'acte juridictionnel s'exprime tout d'abord dans :

Le principe de l'autorité de la chose jugée : lorsque le juge a rendu sa décision, aucune autre décision
de justice ne peut plus être rendue pour ce même litige, entre ces mêmes parties, lorsque ces dernières ont
épuisé leurs voies de recours.

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Deuxième conséquence, la décision qualifiée acte juridictionnelle a force de loi entre les parties au litige, c'est
ce qu'on appelle la force exécutoire du jugement : il est possible à la partie qui souhaite voir la décision
exécutée d'avoir recours à la force publique si l'autre partie s'y refuse.
Enfin, troisième conséquence, le juge, par l'effet de sa décision qualifiée acte juridictionnel, est alors dessaisi
de l'affaire et ne peut plus revenir sur sa décision.

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