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Université Iba Der Thiam de Thiès (UIDT)

UFR Sciences Economiques et Sociales (SES)


Département de Management des Organisations (MO)
Master Audit et Contrôle de gestion (MACG)
MODULE DE DROIT DES PROCEDURES COLLECTIVES ET DES SURETES
Professeur : M. Ousmane SANOKO
Plan du cours

Introduction

I. LES PROCEDURES COLLECTIVES D’APUREMENT DU PASSIF


A. Les procédures préventives
1. La conciliation
a- Les conditions du déclenchement de la procédure de conciliation
b- Le déroulement et l'issue de la conciliation
2. Le Règlement préventif
a - L'ouverture du règlement préventif
b - Le déroulement et l'issue de la procédure de règlement préventif
c - L'exécution et les effets de la décision homologuant le concordat préventif
B. L’intervention des mandataires judiciaires
1. Les conditions d’accès et d’exercice des fonctions de mandataire judiciaire
a- Conditions d’accès
b- Les conditions d’exercice et la discipline
c- La rémunération du mandataire judiciaire
C. Le redressement judiciaire et la liquidation des biens

1. Le contenu de la notion de cessation des paiements


2. Les améliorations apportées à la procédure de redressement judiciaire et de liquidation des biens
D. Les procédures collectives simplifiées

1. Le règlement préventif simplifié


2. Le redressement judiciaire simplifié
3. La liquidation de biens simplifiée

II. LES SURETES ET GARANTIES

A. Les sûretés personnelles

1. Le cautionnement

2.La lettre de garantie


B. Les sûretés réelles
1. Les sûretés réelles mobilières
2. Les sûretés réelles immobilières
3. La distribution et le classement des sûretés

Conclusion
Introduction
Le module de droit des procédures collectives et des sûretés est à mi-chemin entre le droit de
l’entreprise et le droit des obligations. En effet, les procédures collectives sont relatives aux
mécanismes mis en place par la loi pour permettre aux entreprises en difficulté financière d’être
sauvées de la faillite totale. En ce sens, les procédures collectives d’apurement du passif sont
une partie intégrante du droit de l’entreprise. Quant aux sûretés, elles sont relatives aux
dispositions prévues par la loi pour garantir aux créanciers le remboursement de leurs créances
vis-à-vis des débiteurs. A ce titre, le droit des sûretés est une partie intégrante du droit des
obligations civiles et commerciales. Le droit des procédures collectives et le droit des sûretés
s’inscrivent ensemble dans le cadre plus large du droit des affaires. Les affaires désignent les
activités économiques. Une activité économique est une activité exercée légalement pour y
gagner de l’argent, pour en tirer du profit.
Ce que les procédures collectives et les sûretés ont aussi en commun, c’est leur encadrement
juridique dans le cadre de l’OHADA (Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit
des affaires). Pour faciliter l’intégration économique, certains pays africains ont décidé
d’harmoniser leurs législations et leurs règlementations pour offrir plus de sécurité juridique
aux opérateurs économiques, en général, et aux entreprises, en particulier.
En effet, adopté en 1997, le Traité de l’OHADA a pour objet l'harmonisation du droit des
affaires dans les Etats membres par l'élaboration et l'adoption de règles communes simples,
modernes et adaptées à la situation de leurs économies, par la mise en œuvre de procédures
judiciaires appropriées, et par l'encouragement au recours à l'arbitrage pour le règlement des
différends contractuels.

L’OHADA compte principalement deux organes : un organe décisionnel, le Conseil des


ministres (qui regroupe principalement les ministres de l’économie des Etats parties) et un
organe juridictionnel, la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA).
Les actes pris pour l'adoption des règles communes sont appelés " actes uniformes ". Les actes
uniformes sont directement applicables et obligatoires dans les Etats Parties, nonobstant toute
disposition contraire de droit interne, antérieure ou postérieure.
Ce module comporte deux grandes sous-parties : les procédures collectives d’apurement du
passif (chapitre I) et les sûretés et les garanties (chapitre II).
I. Les procédures collectives d’apurement du passif

Une procédure est un ensemble de formalités qu’on doit suivre avant de soumettre une requête
à un juge. Si les règles de procédure, autrement dit les règles de forme, ne sont pas respectées,
la requête est alors rejetée pour vice de forme sans qu’on ne se prononce sur le fond de la
requête.

Les procédures sont dites collectives, car, d’une part, c’est un ensemble de formalités que toutes
les entreprises en difficulté financière exerçant sur le territoire de l’OHADA doivent observer
en vue d’éviter la faillite totale. D’autre part, les procédures sont dites collectives parce que leur
déroulement implique l’ensemble des acteurs concernés par la survie ou la faillite de
l’entreprise. Apurer un compte ou une dette est un terme de comptabilité qui veut dire vérifier
l’état réel ou l’exactitude des comptes ou des dettes d’une entreprise. Quant au passif, il désigne
au sens large l’ensemble des dettes d’une entreprise. Au sens comptable, le passif est la partie
du bilan de l’entreprise où figurent les dettes de l’entreprise envers les tiers (banques,
fournisseurs, salariés, factures, etc.), le capital investi par les associés ou les actionnaires, les
réserves et provisions, le bilan positif (bénéfice) ou négatif (déficit) de l’exercice.

L’apurement du passif veut dire qu’une entreprise en difficulté procède à la vérification de


l’ensemble de ses comptes en vue de rembourser ses dettes.

Les procédures collectives d’apurement du passif désignent donc « l’ensemble des


formalités à remplir par les débiteurs ou les créanciers d’une entreprise en difficulté
financière pour saisir le juge compétent afin qu’il soit procédé à la vérification de l’exactitude
des comptes et des dettes de l’entreprise en vue d’éviter la cessation des paiements et, le cas
échéant, de procéder à la liquidation des biens de l’entreprise et au remboursement de ses
dettes ».

L'acte uniforme portant organisation des procédures collectives d'apurement du passif (AUPC)
a été adopté à Libreville au Gabon le 10 avril 1998 et est entré en vigueur le 1er janvier 1999.
Il a été révisé le 10 septembre 2015 par le Conseil des ministres de l'OHADA à Grand Bassam
(Côte d'Ivoire). Le conseil des ministres est le seul organe compétent pour adopter ou réviser
un acte uniforme (il est l’organe décisionnel de l’OHADA).

En effet, le texte de 1998 a été substantiellement refondu, puis enrichi de nouvelles procédures
et autres innovations qui font du nouvel acte uniforme, entré en vigueur le 24 décembre 2015,
un formidable outil de protection des créanciers et des débiteurs des entreprises en difficulté
dans l'espace OHADA.
L’acte uniforme du 10 septembre 2015, qui est une version révisée de celui de 1998, vise les
objectifs suivants :

- « Organiser les procédures préventives de conciliation et de règlement préventif ainsi que les
procédures curatives de redressement judiciaire et de liquidation des biens afin de préserver
les activités économiques et les niveaux d’emploi des entreprises débitrices, de redresser
rapidement les entreprises viables et de liquider les entreprises non viables dans des conditions
propres à maximiser la valeur des actifs des débiteurs pour augmenter les montants recouvrés
par les créanciers et d’établir un ordre précis de paiement des créances garanties ou non
garanties ;

- Définir la règlementation applicable aux mandataires judiciaires ;

- Définir les sanctions patrimoniales et professionnelles ainsi que les incriminations pénales
relatives à la défaillance du débiteur, applicables aux dirigeants de toute entreprise débitrice
et aux personnes intervenant dans la gestion de la procédure ».

Il convient, dès lors, pour cerner cette réforme dans tous ses contours, d’examiner tour à tour
les procédures de prévention (A), l’intervention des mandataires judiciaires (B), le redressement
judiciaire et la liquidation des biens (C) et les procédures simplifiées adaptées aux petites
entreprises (D).
A. Les procédures de prévention

Parmi les procédures collectives d’apurement du passif, les procédures préventives sont celles
qui sont déclenchées quand l’entreprise est en difficulté financière sans pour autant être dans
une situation de cessation des paiements. L’AUPC a prévu deux procédures de prévention : la
conciliation (1) et le règlement préventif (2).

1. La procédure de conciliation

En matière civile et commerciale, la conciliation fait partie, avec la médiation et l’arbitrage, des
modes alternatifs (non judiciaires) de règlement des litiges.

La médiation est une procédure par laquelle un juge désigne une tierce personne, avec l’accord
des parties, pour les entendre et rechercher avec elles une solution pour concilier les deux
positions antagonistes. Ses honoraires sont à la charge des deux parties.

L’arbitrage est une procédure de règlement des litiges par le recours à une ou plusieurs
personnes privées appelées arbitres, choisies par les parties elles-mêmes pour trancher leur
différend, et dont les décisions s’imposent aux parties en conflit.
La conciliation est une phase préalable de certains procès, au cours de laquelle le juge essaie
d’amener les parties au litige à un règlement amiable avec leur consentement. Dans les relations
commerciales, la conciliation est une phase intermédiaire qui vise à faciliter un accord amiable
entre le débiteur et ses créanciers et éventuellement ses cocontractants, en vue de lui éviter la
cessation des paiements.

La cessation des paiements est la situation d’un débiteur, en général, d’une entreprise, en
particulier, qui est dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif
disponible. C’est un des cas d’ouverture de la procédure de redressement et liquidation
judiciaire.

Pour mieux cerner cette procédure, il convient de l’examiner aussi bien du point de vue des
conditions de son déclenchement (a) que de celui de son déroulement et son issue (b).

a. Les conditions du déclenchement de la procédure de conciliation

La procédure de conciliation ne peut être mise en branle que si, la qualité du débiteur et sa
situation le lui permettant, il saisit le président de la juridiction compétente (a1), lequel désigne
un conciliateur à qui il assigne une mission précise (a2).

a1 – La qualité, la situation du débiteur et la saisine de la juridiction compétente

Dans un rapport de droit personnel (rapport entre deux personnes juridiques), le débiteur est la
personne physique ou morale sur qui pèse l’obligation, le créancier est celui qui a le droit
subjectif d’exiger quelque chose du débiteur. Cette exigence consiste à lui demander de donner,
de faire ou de ne pas faire quelque chose.
S’agissant de la qualité du débiteur, elle pose la question de savoir qui est autorisé à introduire
une procédure de conciliation. Aux termes de l’article 5-1 de l’AUPC, la conciliation est ouverte
à toutes les personnes qui connaissent des « difficultés avérées ou prévisibles mais qui ne sont
pas encore en état de cessation des paiements ».

Ces personnes sont :


- toute personne physique exerçant une activité professionnelle indépendante ou libérale
civile, commerciale, artisanale ou agricole ;
- toute personne morale de droit privé ;
- ainsi qu’à toute entreprise publique ayant la forme d’une personne morale de droit privé.

En effet, les personnes pouvant demander une procédure de conciliation doivent être des
personnes physiques ou morales exerçant généralement une activité économique. L’activité
économique peut se présenter sous une forme commerciale, industrielle, agricole, artisanale ou
civile (non commerciale).

Une activité commerciale est une activité économique qui consiste à acheter des biens à les
revendre en l’état (sans aucune transformation). Une activité économique est dite industrielle
quand elle consiste à acheter des biens, à les transformer en produits finis ou semi finis et à les
vendre. Une activité économique est dite agricole quand elle consiste à exploiter les ressources
naturelles végétales ou animales pour les vendre. Une activité économique est dite artisanale
quand elle consiste en la transformation manuelle ou avec des outils rudimentaires de matières
telles que le bois, le fer, le cuir, le coton, le tissu, etc. en de confectionner des produits
manufacturés destinés à la vente. Une activité économique est dite non commerciale ou civile
quand elle ne renvoie pas à un achat ou vente de bien mais à une prestation de service même si
certaines prestations de service sont assimilées à des activités commerciales au plan, comme
l’activité bancaire par exemple.

L’activité économique peut être exercée comme profession de façon indépendante (libérale) ou
de façon subordonnée (salariale). On distingue ainsi les professions libérales (avocat, notaire,
architecte, commerçant, médecin libéral, etc.) et les professions salariales, c’est-à-dire celles
exercées pour le compte d’autrui.

S’agissant de la situation du débiteur, pour demander une conciliation, le débiteur doit être
confronté à des difficultés réelles (avérées) ou prévisibles. "Difficultés prévisibles" signifie que
le débiteur, qui n'est pas encore en difficulté, "doit être confronté à assez court terme à un
problème grave qu'il ne peut résoudre avec des moyens ordinaires, tel un simple crédit
bancaire, et qui, non traité, met en danger l'exploitation normale de l'entreprise. En outre, le
débiteur ne doit pas être dans une situation irrémédiablement compromise car, si tel était le cas,
la procédure de conciliation ne serait pas appropriée.

S’agissant de l’ouverture de la procédure de conciliation, l’article 5-2 dispose que le Président


de la juridiction compétente est saisi par une requête du débiteur ou une requête conjointe du
débiteur et de ses créanciers. L’article 3 alinéa 3 de l’AUPC dispose : « qu’il appartient à
chaque Etat Partie de désigner la ou les juridictions qui sont seules compétentes pour connaître
des procédures mises en place par l’AUPC ».

La requête qui expose les difficultés du débiteur et les moyens d’y faire face doit être
accompagnée d’un certain nombre de documents qui doivent être datés, signés et certifiés
conformes et sincères par le requérant :
- Une attestation d’immatriculation ou d’inscription ou de déclaration d’activité à un
registre ou à un ordre professionnel ou, à défaut, tout autre document de nature à prouver la
réalité de l’activité exercée par le débiteur ;
- Le cas échéant, les états financiers de synthèse comprenant le bilan, le compte de
résultat, un tableau financier des ressources et emplois ;
- Un état de la trésorerie et un état chiffré des créances et dette avec indication des dates
d’échéances ;
- Un document indiquant le nombre de travailleurs déclarés et immatriculés ;
- Une attestation émanant du débiteur par laquelle il déclare sur l’honneur ne pas être en
état de cessation des paiements et précise qu’il n’est pas soumis à une procédure de
règlement préventif, de redressement judiciaire ou de liquidation des biens qui ne serait
pas clôturée ;
- Si le débiteur propose un conciliateur, un document indiquant les noms, prénoms,
qualités et domicile de la personne proposée et une attestation de cette dernière
indiquant ses compétences professionnelles ;
- Le cas échéant, un document indiquant les noms, prénoms et domicile des créanciers
qui se joignent à la demande du débiteur et le montant de leurs créances et éventuelles
sûretés dont elles sont assorties.

C’est au vu des documents ci-dessus que le président de la juridiction saisie ouvre la


procédure de conciliation par la désignation d’un conciliateur à qui il assigne des tâches
bien précises.
a2 – La désignation et la définition des missions du conciliateur

La désignation du conciliateur répond à certaines exigences (a2.1) qui doivent être remplies
permettre au conciliateur nommé de s’acquitter des missions qui lui sont assignées.

a2.1 – La désignation du conciliateur

Le président de la juridiction compétente, statuant à huis clos, peut rejeter la demande ou rendre
une décision d’ouverture de la conciliation pour une durée n’excédant pas trois mois mais qu’il
peut, par une décision spécialement motivée, proroger d’un mois au plus à la demande du
débiteur, après avis écrit du conciliateur. A l’expiration de ces délais, la conciliation prend fin
de plein droit et il ne peut être ouvert une nouvelle procédure de conciliation avant expiration
d’un délai de trois mois.

Dans l’hypothèse de l’ouverture de la conciliation, il désigne par la même décision un


conciliateur, qui peut être celui proposé par le débiteur dans sa requête, ou alors celui qu’il a
lui-même choisi.

La désignation du conciliateur doit répondre obligatoirement aux dispositions de l’article 5.4


qui stipulent : « le conciliateur doit avoir le plein exercice de ses droits civils, justifier de sa
compétence professionnelle et demeurer indépendant et impartial vis-à-vis des parties
concernées par la conciliation ». En clair, il doit est d’une rectitude morale certaine, ne pas
avoir une réputation entachée et n’avoir aucun lien avec aucune partie prenante à la conciliation.

Dès qu'il est informé de sa désignation, le conciliateur doit attester qu'il remplit les conditions
exigées. Il doit arrêter sa mission à tout moment s'il arrivait qu'il cesse de remplir ces conditions-
là. Les modalités et les critères de rémunération du conciliateur doivent être consignés dans un
document signé conjointement par le débiteur et le conciliateur, lequel document est annexé à
la décision d'ouverture.

a2.2 – Les missions assignées au conciliateur

Aux termes de l'article 5-5, la mission du conciliateur consiste à favoriser la conclusion, entre
le débiteur et ses principaux créanciers, ainsi que, le cas échéant, ses cocontractants habituels,
d'un accord amiable destiné à mettre fin aux difficultés financières de l'entreprise. Il est donc
question pour le conciliateur de mettre tout en œuvre, notamment par des négociations et autres
discussions, pour permettre aux parties de conclure un accord amiable acceptable.

b. Le déroulement et l'issue de la conciliation

En accomplissant sa mission de favoriser la conclusion d'un accord, le conciliateur est un


personnage central dans cette procédure. Toutefois, il doit rendre régulièrement compte au
président de la juridiction compétente de l'état d'avancement de ladite mission et faire des
observations si cela s'avère nécessaire. Il est parfaitement informé de la situation du débiteur et
de son évolution et peut même requérir de ce dernier toutes les informations nécessaires ou
utiles au bon déroulement de sa mission.
De la sorte, si la situation du débiteur s'aggrave dans l'intervalle au point qu'il se trouve être en
cessation des paiements, le conciliateur est tenu d'en informer le président qui mettra
immédiatement fin à la conciliation et à la mission du conciliateur, après l’avoir entendu avec
le débiteur.

Le président de la juridiction compétente peut reporter le paiement de sommes dues à un


créancier partie à la conciliation et même suspendre les poursuites y relatives lorsque les
réclamations sont adressées durant la conciliation. Mais ces mesures prennent fin à la fin de la
conciliation.

Si la conciliation n’aboutit pas à un accord, le conciliateur adresse un rapport écrit au président


qui, après avoir entendu le débiteur, met fin à la mission du conciliateur et à la conciliation.

Si par contre survient un accord, celui-ci est déposé au rang des minutes d’un notaire ou alors
homologué ou exéquaturé par le président statuant à huis clos. La décision d’homologation
n’est susceptible d’aucun recours. Il reçoit apposition de la formule exécutoire et des copies
exécutoires peuvent être délivrées aux parties.

Pendant la durée de son exécution, l’accord conclu interrompt ou interdit toute action en justice
et arrête ou interdit toute poursuite individuelle tendant au paiement des sommes objet de
l’accord.

Le président de la juridiction compétente peut prononcer la résolution de l’accord en cas


d’inexécution et dans ce cas, les créanciers recouvrent l’intégralité de leurs créances. Toutefois,
si le débiteur se trouve dans une situation de difficultés économiques sérieuses, sans être en
cessation des paiements, il peut opter plutôt pour le règlement préventif.

2. Le règlement préventif

Aux termes de l’article 6 de l’AUPC, « le règlement préventif est ouvert au débiteur qui, sans
être en état de cessation des paiements, justifie de difficultés économiques ou financières
sérieuses ». Le nouveau règlement préventif qui vise le même objectif que l’ancien s’en
démarque par des innovations déterminantes qui permettent désormais aux différentes parties
prenantes de voir leurs intérêts sauvegardés.

a - L'ouverture du règlement préventif

La requête en règlement préventif, qui émanait du débiteur seul, peut désormais être initiée par
lui, ou conjointement avec un ou plusieurs créanciers32 et déposée au greffe de la juridiction
compétente contre récépissé33. Au nombre de pièces qui étaient exigées, une dizaine, se sont
ajoutées cinq autres, portant le nombre à 1434, pièces qui doivent dater de moins de trente jours.
Le législateur a énuméré neuf (9) de ces pièces qui doivent accompagner la requête, à peine
d’irrecevabilité.

Les documents nouvellement exigés se résument à :


- Une attestation émanant du débiteur par laquelle il déclare sur l’honneur ne pas être en état de
cessation des paiements ;
- Si le débiteur propose une personne à la désignation en qualité d’expert au règlement préventif
conformément au premier alinéa de l’article 8, un document indiquant les noms, prénoms,
qualités et domicile de cette personne et une attestation de cette dernière précisant qu’elle
remplit les conditions prévues aux articles 4-1 et 4-2 ;

-Le cas échéant, un document indiquant les noms, prénoms, qualités et domiciles des personnes
qui envisagent de consentir un nouvel apport en trésorerie ou de fournir un nouveau bien ou
service dans les conditions de l’article 11-1, avec l’indication du montant de l’apport ou de la
valeur du bien ou du service ;
- Un projet de concordat préventif ;
- Le cas échéant, un document indiquant les noms, prénoms et domiciles des créanciers qui se
joignent à la demande du débiteur, et le montant de leurs créances et des éventuelles sûretés
dont elles sont assorties.

b - Le déroulement et l'issue de la procédure de règlement préventif

La décision d'ouverture du règlement préventif suspend ou interdit toutes les poursuites


individuelles tendant au recouvrement des créances nées antérieurement à ladite décision, pour
une durée de 4 mois au maximum. A peine de nullité de droit, ladite décision interdit au débiteur
entre autres de payer en tout ou en partie les dettes (créances) nées antérieurement à ladite
décision, de faire tout acte de disposition étranger à l'exploitation normale de la société ou de
consentir une sûreté. Cette décision est susceptible d'appel des créanciers et du ministère public
dans un délai de 15 jours à compter de la première publicité prévue à l'article 37 s'ils estiment
que le débiteur est en cessation des paiements.

L'expert au règlement préventif remplit sa mission dans les mêmes conditions que le
conciliateur dans la procédure de conciliation. Il rend régulièrement compte au président de sa
mission et le tient informé de la situation financière du débiteur.

Dès le dépôt du rapport de l'expert, le président de la juridiction saisie convoque sans délai les
parties prenantes (lé débiteur, l'expert et tout créancier pouvant être entendu). Il doit se
prononcer au plus tard dans les 30 jours qui suivent sa saisine.
Si le rapport n'est pas déposé dans le délai imparti ou si la juridiction n'est pas saisie ou ne se
prononce par dans le délai de trente jours à compter de sa saisine, le règlement préventif prend
fin de plein droit et les créanciers et le débiteur recouvrent chacun leur liberté d'action.

Le président de la juridiction qui constate que des créanciers ont refusé de consentir des délais
ou remises au débiteur s'investit et provoque de nouvelles négociations pour que les parties
parviennent à un accord. Si malgré cette implication, un accord n'est pas trouvé et si le concordat
préventif comporte une demande de délai n'excédant pas deux ans, la juridiction peut rendre ce
délai opposable à tous les créanciers qui ont refusé tout délai ou toute remise, à condition que
cela ne mette pas en péril l'entreprise des créanciers (art.15 AUPC). Dans ce cas, seul le délai
leur est opposable et non les remises consenties au concordat.

Le président peut constater que la situation du débiteur ne relève d'aucune procédure collective,
il peut également rejeter le concordat préventif proposé et dans ce cas le règlement préventif
prend fin immédiatement et les parties reprennent leur liberté de mouvement. La décision ainsi
rendue est susceptible d'appel dans un délai de 15 jours à compter de son prononcé.

Le président de la juridiction homologue le concordat préventif si les conditions sont réunies,


par une décision qui met fin aux missions de l'expert. Les délais consentis ne doivent pas
excéder 3 ans pour l'ensemble des créanciers et un an pour les salariés.

c - L'exécution et les effets de la décision homologuant le concordat préventif

Le concordat préventif est une mesure dans le cadre du règlement préventif consistant à obtenir
un accord écrit entre le débiteur dont l’entreprise est en difficulté financière et ses créanciers
visant à éviter la faillite de l’entreprise.

En prenant la décision d’ouverture de la procédure de règlement préventif, le président de la


juridiction compétente (le juge) peut désigner d'office ou à la demande du débiteur ou d'un
créancier un syndic et/ou un ou des contrôleurs chargés de surveiller l'exécution du concordat
homologué. Il désigne également un juge-commissaire qui contrôle les activités du syndic ou
des contrôleurs, lequel lui adresse un rapport tous les trois mois ou à sa demande.

La décision d'homologation est susceptible d'appel des créanciers et du ministère public dans
le délai de 15 jours à compter de son prononcé pour le ministère public, à compter de la première
mesure de publicité pour les créanciers.

Le concordat préventif homologué s'impose à toutes les parties prenantes, notamment les
créanciers antérieurs et le débiteur. Le syndic ou les contrôleurs désignés contrôlent l'exécution
du concordat préventif et signalent tout manquement au juge-commissaire. Ils lui rendent
compte tous les trois mois du déroulement de leurs missions.

B - L'intervention des mandataires judiciaires

Au sens de l’article 1-3 de l’AUPC, l’expression « mandataire judiciaire » renvoie à l’expert


au règlement préventif et au syndic de redressement judiciaire ou de liquidation des biens.

La nouvelle règlementation a mis en place un cadre juridique général qui permet désormais
d’avoir une lisibilité sur ses fonctions, ses obligations, sa rémunération et ses responsabilités,
ce cadre devant faire l’objet au niveau national d’un texte plus élaboré dans chaque Etat partie.
Le législateur communautaire définit de manière générale les conditions d’accès et d’exercice
des fonctions de mandataire judiciaire (1) ainsi que la rémunération du mandataire judiciaire
(2).

1- Les conditions d’accès et d’exercice des fonctions de mandataire judiciaire

a- Conditions d’accès

Le législateur communautaire demande aux Etats parties d’exercer un contrôle, une supervision
des mandataires judiciaires opérant sur leur territoire, « au besoin en mettant en place à cet effet
une autorité nationale dont il fixe l’organisation, la composition et le fonctionnement ». Il s’agit
en réalité de mettre en place un organe chargé de contrôler l’accès et l’exercice des fonctions
de mandataire judiciaire, de prononcer et suivre l’application des sanctions disciplinaires et
globalement de mettre en place un code déontologique applicable à tous les mandataires
judiciaires inscrits. Cet organe devrait jouer pratiquement le même rôle que certains ordres
professionnels tel que l’Ordre des Avocats, l’Ordre des Experts comptables, la Chambre
nationale des Notaires, etc… Bref, il s’agit d’une profession règlementée que ne pourront
exercer que des personnes en remplissant les conditions et préalablement inscrits sur une liste.

Pour exercer la profession de mandataire judiciaire, il faut être inscrit sur la liste nationale des
mandataires judiciaires. Cinq conditions sont requises pour être inscrit sur ladite liste, lesdites
conditions pouvant être rallongées43 par chaque Etat partie :

- Avoir le plein exercice de ses droits civils et civiques ;


- N’avoir subi aucune sanction disciplinaire, une condamnation définitive à une peine privative
de liberté d’au moins 3 mois ou commis un délit contre les biens ou une infraction économique
ou financière ;
- Etre expert-comptable ou habilité par la législation nationale ;
- Justifier d’un domicile fiscal dans l’Etat Partie et être à jour de ses obligations fiscales ;
- Présenter des garanties de moralité jugées suffisantes par l’autorité de supervision ou par la
juridiction compétente

L’inscription sur cette liste qui est communiquée aux juridictions de l’Etat partie est faite par
décision de l’autorité nationale, susceptible de recours devant la juridiction compétente en cas
de refus d’inscription.

b- Les conditions d’exercice et la discipline

Pour exercer les fonctions de mandataire judiciaire, il faut présenter toutes les garanties
d’indépendance, de neutralité et d’impartialité, et se montrer désintéressé. A cet effet, avant
d’entrer en fonction, la mandataire judiciaire doit non seulement prêter serment devant le
président de la juridiction désignée, mais également signer une déclaration d’indépendance, de
neutralité et d’impartialité. La fonction est incompatible avec toute activité de nature à porter
atteinte aux qualités morales sus énumérées.
Ne peut être nommé mandataire judiciaire dans une procédure collective tout expert-comptable,
tout avocat, tout comptable agréé ayant un lien quelconque avec le débiteur ou les créanciers
(article 4-4).
Le mandataire judiciaire qui pose des actes contraires à la probité, à l’honneur ou à la délicatesse
s’expose à des poursuites disciplinaires sur une période allant jusqu’à trois ans à compter de la
découverte des faits. Les sanctions disciplinaires encourues sont l’avertissement, le blâme, la
suspension provisoire, l’interdiction provisoire et la radiation de la liste des mandataires
judiciaires.

Toutefois, les fonctions de mandataire judiciaire sont rémunérées.

c- La rémunération du mandataire judiciaire

L’article 4-16 & 17 énonce que le mandataire judiciaire est rémunéré sur le patrimoine du
débiteur, cette rémunération étant fixée, en fonction du barème mis en place par l’Etat partie,
par la décision homologuant ou rejetant le concordat préventif, ou mettant fin au règlement
préventif.

C – Le redressement judiciaire et la liquidation des biens

Le redressement judiciaire et la liquidation des biens constituent les autres procédures


collectives d’apurement du passif en plus des procédures préventives que sont la conciliation et
le règlement préventif. Si la conciliation et le règlement préventif sont envisagés pour éviter la
cessation des paiements, le redressement judiciaire et la liquidation des biens sont entrepris
quand l’entreprise est en faillite.

En effet, il a toujours admis que dès qu’un débiteur est dans l’impossibilité de faire face à son
passif exigible avec son actif disponible, il est en état de cessation des paiements et peut alors
solliciter l’ouverture d’une procédure collective d’apurement du passif, en l’occurrence le
redressement judiciaire ou la liquidation des biens, quelle que soit la nature de ses dettes.

La version de l’AUPC du 10 septembre 2015 entrée en vigueur le 24 décembre 2015 ne s’est


pas éloignée de ce postulat. Toutefois, la philosophie qui a sous-tendu la révision du texte de
1998 ayant été de sauver au maximum les entreprises, il a fallu donner une nouvelle définition
de l’état de cessation des paiements qui, à l’analyse, permet désormais d’ouvrir la porte au
redressement là où hier c’était la liquidation. Ainsi, l’article 25 précise que « la cessation des
paiements est l’état où le débiteur se trouve dans l’impossibilité de faire face à son passif
exigible avec son actif disponible, à l’exclusion des situations où les réserves ou les délais de
paiement dont le débiteur bénéficie de la part de ses créanciers lui permettent de faire face à
son passif exigible ».

Il est dès lors intéressant de cerner le contenu de la notion de cessation des paiements (1), avant
d’explorer les améliorations apportées à la procédure de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens (2).

1- Le contenu de la notion de cessation des paiements

Tout en reprenant la définition traditionnelle de la cessation des paiements, l’article 25 alinéa 2


souligne qu’on ne parlera plus de cessations des paiements si le débiteur qui est dans
l’impossibilité actuelle de faire face à son passif exigible avec son actif disponible dispose de
réserves de crédit ou bénéficie des délais de paiement consentis par ses créanciers pour faire
face audit passif exigible. L’article 2 de l’AUPC du 10 septembre 2015 apporte une certaine
flexibilité à la définition de la notion de cessation des paiements.

Il ressort de cette définition souple de la cessation des paiements qu'il revient au débiteur de
prouver qu'il a des réserves ou que ses fournisseurs et autres créanciers lui ont accordé des
moratoires (délais) qui lui permettent de faire face au passif exigible. Cette solution est salutaire
pour les entreprises, car elles sont le plus souvent confrontées à des problèmes de trésorerie que
les réserves permettent précisément de résoudre.

Outre cette définition souple de la notion de cessation des paiements, des améliorations ont été
apportées à la procédure de redressement judiciaire et de liquidation des biens.

2- Les améliorations apportées à la procédure de redressement judiciaire et de


liquidation des biens

Une amélioration notable de la procédure est introduite par l’article 25 alinéa 5 qui offre au
débiteur, au moment du dépôt de sa requête, de choisir entre le redressement judiciaire et la
liquidation des biens. Par ailleurs, l’article 27 alinéa1 lui permet de déposer un projet de
concordat dans un délai de 60 jours à compter de la requête.

Nous pensons que la multiplication par quatre de l’ancien délai pour atteindre deux mois
pratiquement, n’a d’autre but que de permettre au débiteur, de surcroît qui a opté pour le
redressement judiciaire, de mieux peaufiner le projet de concordat qui se veut sérieux, afin de
donner un peu plus de chance à sa requête. Cette analyse est d’ailleurs confortée par le point 10
de l’article 26 qui énumère au nombre des pièces devant accompagner la requête, si l’occasion
s’y prête, «… un document indiquant les noms, prénoms, qualités et domiciles des personnes
qui envisagent de consentir un nouvel apport en trésorerie ou de fournir un nouveau bien ou
service dans les conditions de l’article 33-1, avec l’indication du montant de l’apport ou de la
valeur du bien ou du service ». Or, l’établissement d’un tel document ne peut être que la
résultante de plusieurs démarches qui n’auraient pas pu se faire en seulement quinze jours.

Par ailleurs, le déroulement des procédures collectives est désormais enfermé dans des délais.
Point n’est plus question d’attendre indéfiniment que les acteurs posent des actes pour faire
avancer les choses.

Ainsi, aux termes de l’article 33 alinéa 6, « … à l’expiration d’un délai de six (6) mois à compter
de la décision d’ouverture du redressement judiciaire, qui peut être prorogé une seule fois par
la juridiction compétente, d’office ou à la demande du débiteur ou du syndic pour une durée de
trois mois, ladite juridiction convertit le redressement judiciaire en liquidation des biens,
d’officie ou à la demande de tout intéressé ». Ce délai devra permettre qu’avec le concours du
débiteur, le syndic établisse un bilan économique et social qui précise l’origine, l’importance et
la nature des difficultés du débiteur. Cette période est suffisante et déterminante pour avancer
si bien qu’au-delà, la juridiction compétente peut prendre ses responsabilités en l’absence de
toute évolution notable.

De même, l’article 33 alinéa 3 impartit, dans le cas où elle prononce la liquidation des biens,
un délai aux termes duquel la clôture de la liquidation est examinée. Ce délai est de dix-huit
(18) mois, susceptible d’être prorogé une seule fois pour une durée de six (6) mois. La
juridiction compétente prononce, à l’expiration de ce délai, d’office où à la demande de tout
intéressé, la clôture de la liquidation.

D – Les procédures collectives simplifiées

Les procédures simplifiées destinées aux petites entreprises répondent à un réel souci
d’adaptation du droit des procédures collectives aux réalités socioéconomiques et à
l’environnement des dix-sept Etats parties de l’OHADA. En effet, le législateur communautaire
avait, le 15 septembre 2010, révisé l’Acte uniforme portant sur le droit commercial général et
avait créé le statut d’entreprenant pour les entrepreneurs individuels, adapté au secteur informel
ayant un régime juridique allégé. C’est donc ce même souci de simplification et d’adaptation
qui justifie l’allègement des procédures collectives pour certaines catégories de structures.

L’article 1-3 donne une définition de la notion de « petite entreprise » afin de mieux circonscrire
le champ d’application des procédures simplifiées. Il considère en effet qu’est petite entreprise
« toute entreprise individuelle, société ou toute autre personne morale de droit privé dont le
nombre de travailleurs est inférieur ou égal à vingt (20) et dont le chiffre d’affaires n’excède
pas cinquante (50) millions de francs CFA hors taxe au cours des douze (12) mois précédant
la saisine de la juridiction compétente conformément au présent Acte uniforme ».

Les procédures ont été simplifiées en ce qui concerne le règlement préventif, le redressement
judiciaire et la liquidation des biens, avec le tempérament que s’agissant particulièrement de la
procédure de liquidation des biens, la petite entreprise qui souhaiterait en bénéficier ne doit pas
être titulaire d’un actif immobilier.

1- Le règlement préventif simplifié

C’est le règlement préventif tel que développé plus haut, à la différence qu’il est un peu plus
allégé dans ses conditions de mise en œuvre. Ainsi, en application de l’article 24-2, tout débiteur
répondant à la définition de la petite entreprise telle que donnée par l’article 1-3, et qui
souhaiterait en bénéficier, doit déposer une requête à cette fin, accompagnée des pièces visées
à l’article 6-1.

La simplification tient ici de ce que par dérogation à l’article 6-1. 13°qui prescrit, à peine
d’irrecevabilité, le dépôt au même moment que la requête, d’un projet de concordat, le débiteur
n’est pas tenu d’en fournir un au moment du dépôt de la requête. Toutefois, l’expert au
règlement préventif assiste le débiteur dans l’élaboration dudit projet.

Par ailleurs, le rapport que doit dresser l’expert et contenant l’accord intervenu entre le débiteur
et ses créanciers doit être déposé dans un délai de deux mois qui peut, exceptionnellement, être
prorogé de 15 jours. Le débiteur doit en outre produite une déclaration sur l’honneur établissant
qu’il remplit les conditions d’application du règlement préventif simplifié.

La décision de la juridiction compétente d’appliquer ou non le règlement préventif simplifié


n’est susceptible d’aucune voie de recours.
2- Le redressement judiciaire simplifié

La petite entreprise en situation de cessation de paiements qui souhaiterait bénéficier de la


procédure de redressement judiciaire simplifiée, doit faire la déclaration prévue aux articles 25
et 26. Elle doit l’accompagner d’une déclaration sur l’honneur attestant qu’elle remplit les
conditions d’application du redressement judiciaire simplifié, et déposer en même temps ou au
plus tard dans les 45 jours, avec le concours du syndic, un projet de concordat.

Aux termes de l’article 145-4, le projet de concordat de redressement judiciaire peut se limiter
à des délais de paiements, des remises de dettes ainsi qu’aux garanties éventuelles que le chef
d’entreprise doit souscrire pour en assurer l’exécution. Ici, il n’est pas dressé de bilan
économique et social comme dans le redressement judiciaire ordinaire.

Il convient de relever que si la décision d’appliquer au débiteur le redressement judiciaire


simplifié n’est pas susceptible de recours, elle n’est pas non plus irrévocable dans la mesure où,
au regard de l’article 145-7, à tout moment, jusqu’à l’homologation du concordat de
redressement judiciaire, la juridiction compétente peut décider, par décision spécialement
motivée, ce à la demande du débiteur, du syndic, du ministère public ou même d’office, de ne
plus appliquer la procédure simplifiée.

Préalablement à l’homologation du concordat, précisément dans les quinze jours qui précèdent
ladite homologation, le syndic doit en communiquer le projet à tous les créanciers par tout
moyen laissant trace écrite. Si le projet de concordat comporte des remises de dettes et des
délais de paiement au-delà de deux ans, l’accord de chaque créancier concerné est nécessaire,
le défaut de réponse dans les quinze jours suivant la réception étant considéré comme un
refus65. Ces réponses sont nécessaires pour la finalisation du projet de concordat définitif qui
sera homologué dans les mêmes conditions que s’agissant du redressement judiciaire ordinaire
(voir les conditions aux articles 126 & 127).

3- La liquidation de biens simplifiée

La petite entreprise éligible à la procédure simplifiée de liquidation des biens ne peut en


bénéficier que s’il n’est pas propriétaire d’un actif immobilier66. Cela revient à dire que la
réalisation d’actifs portera essentiellement sur les meubles.

Il n’est pas prévu l’intervention du juge-commissaire dans la liquidation simplifiée. De la sorte,


dans la décision qui ordonne la liquidation simplifiée, sont déterminés les biens devant faire
l’objet de la vente de gré à gré67. Le syndic procède à ladite vente dans un délai de 90 jours à
l’issue duquel il faudra obligatoirement procéder à la vente aux enchères publiques.

La vérification des créances est allégée, car il n’est vérifié que celles susceptibles de venir en
rang utile, ainsi que les créances salariales.

Aux termes de l’article 179-8, à l’issue des vérifications et admissions de créances, ainsi que la
réalisation d’actifs, le syndic établit un projet de répartition qui est déposé au greffe. Tout
intéressé peut en prendre connaissance et même le contester dans un délai de 10 jours à compter
de la publicité. Le juge-commissaire statue sur les contestations élevées par une décision
insusceptible de recours qui est notifiée aux créanciers intéressés. Puis suit la répartition par le
syndic.
Dans les 120 jours au plus tard qui suivent la décision d’ouverture ou de liquidation simplifiée,
la juridiction compétente rend une décision de clôture de la liquidation des biens, le débiteur
entendu ou appelé. Ce délai peut, par décision spécialement motivée de la juridiction
compétente, être prorogé pour une durée n’excédant pas 60 jours.

A travers cette simplification, le législateur communautaire a consacré la souplesse et


l’adaptabilité des procédures collectives aux réalités économiques, sociologiques et juridiques
de l’espace OHADA.

A côté des procédures collectives d’apurement du passif, l’OHADA a également fixé un cadre
communautaire pour les garanties et les sûretés.

II. Les sûretés et garanties

Selon l’Acte uniforme de l’OHADA portant organisation des sûretés (AUOS) du 17 avril 1997,
les sûretés sont les moyens accordés au créancier par la loi ou la convention des parties pour
garantir l’exécution des obligations, quelle que soit la nature juridique de celle-ci.

Il y a deux catégories de sûreté, les sûretés personnelles et les sûretés réelles.

A. Les sûretés personnelles

Les sûretés personnelles sont celles qui consistent en l’engagement d’une personne de répondre
de l’obligation du débiteur principal en cas de défaillance de celui-ci ou à première demande du
bénéficiaire de la garantie.

Les sûretés personnelles sont composées du cautionnement et de la lettre de garantie et de contre-


garantie.

1. Le cautionnement

Le cautionnement est un contrat par lequel la caution s’engage, envers le créancier qui accepte,
à exécuter l’obligation du débiteur si celui-ci n’y satisfait pas lui-même.
La caution est une personne qui s’engage à garantir l’exécution d’un contrat par l’une des parties
au profit de l’autre. Lorsque la caution accepte d’exécuter elle-même, dans le cas où le débiteur
principal ne remplirait pas son engagement, elle est appelée caution personnelle. Lorsque la
caution, au lieu de s’engager à exécuter personnellement, donne en garantie une hypothèque
sur un immeuble lui appartenant, elle est dite caution réelle.
On distingue le cautionnement simple du cautionnement solidaire.

Le cautionnement est réputé (en principe) solidaire. Le caractère solidaire est relatif au fait que
le créancier peut poursuivre chacun des débiteurs pour la totalité de la créance. Dans le
cautionnement solidaire, la caution n’a ni le bénéfice de discussion, ni le bénéfice de division.

Le cautionnement n’est simple que lorsqu’il en est ainsi décidé expressément par la loi ou par
la convention entre les deux parties (le créancier et la caution). Dans le cautionnement simple,
la caution ne peut être poursuivie par le créancier que si le débiteur principal est défaillant. Dans
ce cas, l’acte uniforme organisant les sûretés accorde à la caution le bénéfice de discussion et
le bénéfice de division.

Le bénéfice de discussion est la possibilité accordée à la caution d’exiger du créancier qu’il se


retourne d’abord contre le débiteur principal et, en cas de défaillance de ce dernier, de lui
réclamer le paiement de la dette.

Quant au bénéfice de division, c’est la possibilité offerte à plusieurs cautions d’exiger du


créancier qu’il divise ses poursuites entre elles. Autrement dit que la somme réclamée aux
cautions soit équitablement partagée entre elles.

La caution qui a payé le créancier dispose d’un recours personnel contre le débiteur principal
pour se faire rembourser. Elle peut réclamer des dommages intérêts pour préjudice subi du
fait des poursuites du créancier.

En plus du cautionnement, l’AUOS a prévu une autre sûreté personnelle : la lettre de garantie
ou de contre-garantie.

2. La lettre de garantie ou de contre-garantie

Aux termes l’article 28 de l’AUOS, la lettre de garantie est une convention par laquelle, à la
requête ou sur instructions du donneur d’ordre, le garant s’engage à payer une somme
déterminée au bénéficiaire, sur première demande de la part de ce dernier.

La lettre de contre-garantie est une convention par laquelle, à la requête ou sur instructions
du donneur d’ordre ou du garant, le contre-garant s’engage à payer une somme déterminée au
garant, sur première demande de la part de ce dernier.

Les lettres de garantie et de contre-garantie ne peuvent être souscrites sous peine de nullité par
les personnes physiques.

Le garant doit payer le bénéficiaire qui en fait la demande si le donneur d’ordre manque à ses
obligations. La demande de paiement doit résulter d’un écrit du bénéficiaire accompagné des
documents prévus dans la lettre de garantie, en précisant en quoi le donneur d’ordre a manqué
à ses obligations.

Le garant ou le contre-garant qui fait un paiement utile au bénéficiaire dispose des mêmes
recours que la caution contre le donneur d’ordre.

A côté des sûretés personnelles, il y a les sûretés réelles.

B. Les sûretés réelles

Les sûretés réelles sont des droits réels accessoires, c’est-à-dire des droits subjectifs reconnus,
non sur des personnes, mais sur des biens sous forme de garantie en cas de non-paiement d’une
dette. En d’autres termes, une sûreté réelle est le droit subjectif patrimonial du créancier de se
faire payer, par préférence, sur le prix de réalisation du bien meuble ou immeuble affecté à la
garantie de l’obligation de son débiteur. Les sûretés réelles sont soit mobilières ou
immobilières.

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