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TROISIEME ANNEE DE DROIT PRIVE PROCEDURES COLLECTIVES

GROUPE GENIE JURIDIQUE


PROPOSITION DE SUJETS - CORRIGES FAISANT OBJET D’EXAMEN

TROISIEME ANNEE DE DROIT PRIVE

SUJET 1 : LE ROLE DU SYNDIC DANS LES PROCEDURES COLLECTIVES


Le syndic joue un rôle important dans l’ouverture des procédures collectives ; son rôle s’est
accru depuis 1935, date à laquelle le rôle dues créanciers s’est considérablement amoindri. La
détermination de ce rôle fait l’objet de ce sujet soumis à notre réflexion.

Le syndic est l’organe chargé de représenter les intérêts des créanciers dans l’ouverture des
procédures collectives qu’il s’agisse du redressement judiciaire ou de la liquidation des biens.
L’expression « procédures collectives » n’a pas fait l’objet de définition ni dans l’acte
uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif (AUPC), ni
en droit français. Mais Dans la tradition juridique, la notion s’entend dans l’ensemble du
traitement des entreprises en difficulté, c’est-à-dire des entreprises malades. Il s’agit en
quelque sorte « du droit de la maladie et de la mort des entreprises malades. Un auteur a
cependant tenté une définition. En effet, selon le professeur F.M. SAWADOGO, les
procédures collectives peuvent être définies comme « des procédures faisant intervenir la
justice lorsque le commerçant n’est plus en mesure de payer ses dettes ; on dit d’un tel
commerçant aux abois qu’il est en état de cessation de paiements ou, à tout le moins, connaît
des difficultés financières ».

La problématique que soulève ce sujet soumis à notre réflexion est celle de déterminer le rôle
du syndic dans les procédures collectives

En guise de réponse, il faut noter que le syndic joue un rôle déterminant dans le redressement
judiciaire et dans la liquidation des biens. Dans le cadre du redressement judiciaire, le syndic

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est l’assistant du débiteur et le rapporteur des organes intéressés. Dans le cadre de la


liquidation des biens, il administre les biens du débiteur et paie les créanciers.

Eu égard, il faut noter le rôle du syndic dans le redressement judiciaire (I) et son rôle dans la
liquidation des biens (II).

I- LE ROLE DU SYNDIC DANS LE REDRESSEMENT JUDICIAIRE

Dans le redressement judiciaire, le syndic est l’assistant du débiteur (A) et le rapporteur des
organes intéressés (B).

A- L’assistant du débiteur

Dans la procédure de redressement judiciaire, le syndic ne supplante pas le débiteur, il ne fait


que l’assister. Tout acte important requiert pour sa validité le concours du débiteur et du
syndic. Mais si le débiteur ou les dirigeants de la personne morale manifestent de la mauvaise
volonté, le syndic peut se faire autoriser par le juge-commissaire à agir seul. L’acte uniforme
a opportunément prévu la possibilité pour le débiteur d’accomplir seul non seulement les actes
conservatoires mais également les actes de gestion courante entrant dans l’activité habituelle
de l’entreprise. Cette marge de liberté reconnue au débiteur a un but bien précis : favoriser
l’atteinte de l’objectif poursuivi par le redressement judiciaire. La seule obligation qui lui est
faite est celle de rendre du déroulement des opérations au syndic.

B- Le rapporteur des organes intéressés

Le syndic remet au juge-commissaire dans le mois de son entrée en fonction, sauf prorogation
exceptionnelle, un rapport sommaire de la situation apparente du débiteur, des causes et
caractères de cette situation faisant apparaître un bilan économique et social de l’entreprise et
les perspectives de redressement résultant des propositions concordataires du débiteur. L’avis
des contrôleurs, s’il en a été nommé, est joint au rapport, lequel est transmis au représentant
du ministère public par le juge-commissaire avec ses observations. En cas de retard dans la
transmission du rapport au juge-commissaire, celui-ci peut inviter le syndic à expliquer les
causes du retard (article 66 AUPC). Le syndic informe le juge-commissaire de façon régulière
sur l’avancement de la procédure dont le succès passe par l’adoption du concordat. A cet

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effet, le syndic met à profit les détails de production et de vérification des créances pour
rapprocher les positions du débiteur et des créanciers sur l’élaboration du concordat (article
119 AUPC).

Le syndic fait un rapport à l’assemblée concordataire sur l’état du redressement judiciaire, les
formalités qui ont été remplies, les opérations qui ont eu lieu ainsi que sur les résultats
obtenus pendant la durée de la continuation de l’activité. En cas d’adoption du concordat, le
syndic peut être maintenu en fonction pour surveiller l’exécution. En cas de conversion du
redressement judiciaire et liquidation des biens, le syndic revêt le manteau de liquidateur.

II- LE ROLE DU SYNDIC DANS LA LIQUIDATION DES BEINS

Le syndic joue un rôle d’administrateur des biens du débiteur (A) et celui du payeur des
créanciers (B) dans les procédures collectives.

A- L’administrateur des biens du débiteur

Le premier rôle du syndic dans cette procédure est de conserver les biens et la consistance du
patrimoine du débiteur : le syndic va procéder à l'apposition des scellés et à l'inventaire,
prendre les mesures conservatoires comme l'inscription ou le renouvellement de sûretés,
réaliser la vente des objets dispendieux à conserver ou soumis à dépérissement prochain ou à
déprécation imminente, etc. (article 52 AUPC).

Il joue un rôle central dans la production, la vérification et l'admission des créances. Il exerce
des actions en justice, en demandant ou en défendant, en tant que représentant de la masse des
créanciers, par exemple en inopposabilité de la période suspecte, en responsabilité civile
contre un tiers, banquier ou non, qui a causé un préjudice à la masse, en inopposabilité de la
période suspecte, en comblement du passif social ... ou en tant que représentant du débiteur
dessaisi, par exemple lorsqu'il agit en recouvrement des créances du débiteur.
Le syndic supplante complètement le débiteur et administre ses biens : il recouvre ses
créances et liquide l'actif. A ce titre, il vend les meubles et les immeubles.
Concernant les fonds ou deniers recueillis par le syndic, l'article 45 prévoit des règles qui sont
valables aussi bien en cas de liquidation des biens qu'en cas de redressement judiciaire. Ainsi,
les deniers éventuellement recueillis par le syndic, quelle qu'en soit la provenance, sont versés
immédiatement à un compte spécialement ouvert pour chaque procédure collective auprès
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d'un établissement bancaire ou postal ou au Trésor. Dans les huit jours de la perception des
recettes, le syndic doit justifier lesdits versements au juge- commissaire.

En cas de retard, le syndic doit les intérêts des sommes qu'il n'a pas versées. Le juge-
commissaire arbitre les sommes nécessaires aux dépenses et frais de la procédure. Si des
fonds dus au débiteur ont été déposés à un compte spécial par des tiers, il en est fait transfert à
un compte ouvert par le syndic au nom de la procédure collective, à charge pour lui d'obtenir
mainlevée des oppositions éventuelles. Les fonds ainsi versés ne peuvent être retirés qu'en
vertu d'une décision du juge-commissaire. Au total, la nécessaire utilisation d'un compte
bancaire, postal ou du Trésor, l'immobilisation des sommes versées ainsi que l'intervention du
juge-commissaire dans le déblocage des fonds réduisent les risques de malversation qu’il faut
craindre dans les procédures collectives.
Au-delà de l’administrateur des biens du débiteur, le syndic est également celui qui paie les
créanciers du débiteur.

B- Le payeur des créanciers


Le syndic procédera au paiement des créanciers conformément à l’ordre fixé par les articles
166 et 167 AUPC. Les créanciers chirographaires, si un reliquat subsiste après le paiement
des créanciers privilégiés au sens large, sont payés au marc le franc, c’est-à-dire
proportionnellement au montant de la créance de chacun.
Le syndic est responsable des livres, papiers et effets remis par le débiteur ou appartenant à
celui-ci, ainsi que par les créanciers ou toute autre personne pendant cinq ans à partir du jour
de la reddition des comptes. L’intérêt de la conservation des documents réside dans la
possibilité de les restituer à leurs « propriétaires » et de servir de preuve pouvant intervenir
dans l’appréciation de la gestion du syndic.
Il faut souligner que dans les deux procédures, c’est-à-dire dans le redressement judiciaire et
liquidation des biens, le syndic, du moins théoriquement, engage sa responsabilité dans
l’exercice des prérogatives qui lui sont reconnues.

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SUJET 2 : LE PASSIF EXIGIBLE


La cessation des paiements reste la clé de voûte du droit des entreprises en difficulté. Elle est
composée de deux éléments : le passif exigible (1) et l’actif disponible. L’étude du passif
exigible fera objet de ce sujet soumis à notre réflexion.

Le passif exigible s’entend de l’ensemble des dettes certaines, liquides et exigibles.

La problématique que soulève ce sujet est celle de déterminer l’assiette du passif exigible.

En guise de réponse, par principe, le passif exigible se limite aux dettes certaines, liquides et
exigibles (a) ; mais exceptionnellement, on prend en compte le passif échu et payé.

Réfléchir sur ce sujet, revient à définir d’une part le principe du passif exigible (I) et d’autre
part les exceptions au principe (II).

I- LA DEFINITION DU PRINCIPE DU PASSIF EXIGIBLE

Pour bien cerner la notion du passif exigible, il faut tout d’abord l’énoncer (A) avant de
décrire sa mise en œuvre (B).

A- Enoncé du principe

Le passif exigible s’entend de l’ensemble des dettes certaines, liquides et exigibles. La


créance doit être certaine, c’est-à-dire qu’elle doit exister et ne pas être litigieuse ou
sérieusement contestable. Elle doit être liquide, c’est-à-dire que son montant doit être
déterminé. Lorsque la créance n’est pas certaine ou n’est pas liquide ou encore n’est pas
exigible, on ne peut pas reprocher au débiteur de ne pas l’acquitter.

Les dettes litigieuses, contestées dans leur montant ou dans leur principe, ne sont donc pas
prises en compte puisqu’elles ne sont alors ni certaines, ni liquides (Cass. com. 22 fév. 1994,
JCP E 1994, I, n° 394, obs. PETEL). Mais le débiteur ne peut se contenter de son refus de
payer pour écarter une dette de son passif exigible. Il doit en outre établir le bien-fondé de son
refus, c'est-à-dire le caractère litigieux de la créance et les moyens qu’il a par ailleurs de
l’honorer (Cass. com. 25 nov. 1997, Bull. Joly Sociétés, 1998, p. 150, obs. CALENDINI : à
propos du refus de payer des cotisations sociales à la suite d’un mot d’ordre syndical).

Quant à la condition d’exigibilité, elle doit être entendue dans son sens juridique (et non
comptable) : sont exigibles les dettes échues au jour du jugement qui ouvre la procédure
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collective, qui sont logiquement les seules pour lesquelles le débiteur encourt le reproche
du non-paiement. Cette date s’impose également à la cour d’appel lorsque le jugement
d’ouverture est frappé d’appel (Cass. com., 8 juill. 2003, JCP E 2003-5, n° 151, obs. P. P.).

A cette condition, la jurisprudence a pu sembler en ajouter une autre : le passif doit être échu
et exigé dès lors que le créancier est libre de faire crédit au débiteur (Cass. com. 28 avril
1998, JCP E 1998, p. 1926, note LIKILLUMBA). Mais en réalité, le créancier qui ne réclame
pas ce qui lui est dû octroie tacitement un moratoire ou une réserve de crédit au débiteur,
reportant ainsi la date d’exigibilité de la créance. De même, les dettes qui ont fait l’objet d’un
report d’échéance dans le cadre d’un accord négocié par le conciliateur intervenu dans une
procédure de conciliation ou de règlement amiable ne remplissent plus cette condition
d’exigibilité.

B- Mise en œuvre du principe

Le nombre de dettes importe peu : le non-paiement d’une seule dette suffit. La jurisprudence
française exigeait en plus, jusqu’en 1967, que les dettes ou créances, suivant le côté où l’on se
place, soient commerciales, la justification étant qu’il n’y a pas de faillite civile. Cette
jurisprudence considérait que les dettes fiscales étaient de nature civile et celles vis-à-vis de la
sécurité sociale de nature commerciale, position qui a connu des critiques. Cette exigence a
été abandonnée en 1967 à la faveur de l’extension du champ d’application des procédures
collectives à des personnes non commerçantes. Il n’est donc pas étonnant que l’Acte uniforme
n’ait pas non plus retenu une telle exigence. Il a même tenu préciser que peu importait la
nature de la dette ou de la créance (articles 25 et 28). Ce qui est exigé, c’est que les trois
conditions sont remplies. Sont donc prises en compte aussi bien les dettes civiles que les
dettes commerciales, les dettes professionnelles que les dettes se rattachant aux besoins
familiaux (Cass. com. 22 juin 1993, D. 1993, p. 167, obs. A. HONORAT), etc. Les dettes
fiscales ou sociales constituent ainsi une composante souvent essentielle du passif exigible
des débiteurs soumis à une procédure collective. Le trésor, comme tout autre créancier, peut
demander l’ouverture d’une procédure collective en cas de non-paiement d’une dette fiscale.

II- L’EXCEPTION AU PRINCIPE DU PRINCIPE DU PASSIF EXIGIBLE

La prise en compte, exceptionnelle du passif échu et payé (A) par la jurisprudence, rend
difficile (B) sa mise en œuvre.

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A- La prise en compte exceptionnelle du passif échu et payé

Le passif échu mais payé peut exceptionnellement être pris en compte par la jurisprudence
lorsqu’il s’agit de fixer définitivement la date de cessation des paiements et de la faire
remonter à une date antérieure à la constatation de l’arrêt du service de caisse. Au non-
paiement des dettes échues, la jurisprudence assimile depuis longtemps le paiement par des
moyens frauduleux ou ruineux : mauvais effets de complaisance (Cass. civ. 2 mars 1932, D.
1933, I,p. 121, note BESSON), emprunt ruineux avec des taux d’intérêts excessifs (Cass. req.
3 nov. 1937, DC. 1941, I, p. 13, note PIC), ventes à perte ou encore avances anormales en
compte courant consentis par un dirigeant (Cass. com. 13 juin 1989, D. 1990, somm. P. 69),
etc. Dans tous ces cas, ce recours à des moyens de paiements artificiels ou anormaux,
voire illicites, dissimule bien une crise de trésorerie : sans ces artifices, le débiteur
n’aurait pu payer ses dettes exigibles et exigées. Il est usuel de qualifier cette situation de «
cessation des paiements déguisée ».

B- La difficile mise en œuvre de la notion

La difficulté concrète est alors de distinguer dans les moyens de paiement obtenus par une
entreprise débitrice ceux qui sont purement artificiels et ceux qui correspondent à une volonté
réelle de faire crédit. Peut alors être éventuellement en cause la question de la responsabilité
de telle ou telle banque pour soutien abusif d’une entreprise en difficulté

SUJET 3 : LES CARACTERISTIQUES DE L’AUPC

L’OHADA a consacré en 1998, un acte uniforme portant organisation des procédures


collectives qui présente des caractéristiques dont l’analyse fera objet de ce soumis à notre
réflexion.
Par caractéristique, on entend la particularité c’est-à-dire les signes distinctifs de l’AUPC.
L’AUPC est l’Acte Uniforme portant organisation des Procédures Collectives.

La problématique que soulève ce sujet est celle de savoir les caractéristiques de l’AUPC.

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En guise de réponse, L’AUPC apparaît comme un droit classique apparu sous deux angles,
comportant des innovations. C’est donc un droit moderne avec un nouveau champ
d’application.

Cela dit, L’AUPC apparaît comme un droit classique (I), comportant des innovations (II).

I- L’AUPC, UN DROIT CLASSIQUE

Le caractère classique de l’AUPC apparaît sous deux angles à l’instar des finalités de base (A)
et des autres finalités (B).

A- Les finalités de base

Tout d’abord, la finalité pour toutes les procédures collectives est d’aboutir à l’apurement
collectif du passif ; ce qui met en 1ère ligne l’intérêt des créanciers par rapport au
redressement de l’entreprise, même si celui-ci n’est pas pour autant négligé ;

Ensuite, toutes les quatre procédures ont pour justiciables, d’une part, les personnes physiques
exerçant une activité professionnelle indépendante, civile, commerciale, artisanale ou
agricole, et d’autre part les personnes morales de droit privé ainsi que les entreprises
publiques ayant la forme d'une personne morale de droit privé ;
Par ailleurs, la cessation des paiements reste une notion essentielle permettant de distinguer
les entreprises relevant des procédures préventives que sont la conciliation et le règlement
préventif, qui ne sont donc pas en état de cessation des paiements, de celles qui relèvent des
procédures curatives (redressement judiciaire et liquidation des biens), qui, elles, ont franchi
le « seuil clinique » de la cessation des paiements. Le redressement judiciaire est réservé aux
entreprises qui font une proposition de concordat sérieux, les autres entreprises se voyant
appliquer la liquidation des biens.

B- Les autres finalités


Les créanciers sont réunis en une masse à compter du jugement d’ouverture de la procédure
collective et auront à se prononcer sur la proposition de concordat par un vote à la majorité du
nombre des créanciers représentant au moins la moitié du montant des créances.
Les procédures classiques prennent fin avec le vote et l’homologation du concordat, la clôture
de l’union, la clôture pour extinction du passif ou encore la clôture pour insuffisance d’actif,
modes de clôture qui étaient déjà connus, sauf le dernier, du Code de commerce.

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II- L’AUPC, UN DROIT INNOVATEUR


L’innovation de l’AUPC implique qu’il est un droit moderne (A) et un droit nouveau (B).
A-L’AUPC, un droit moderne
L’AUPC est un droit moderne en ce sens qu’il comporte des innovations. Le législateur ne
s’est pas contenté de reprendre des solutions du droit positif ; il a essayé de trouver des
réponses adéquates aux problèmes qui se posent. Plusieurs innovations peuvent être relevées
pour attester la véracité des affirmations avancées.
La 1ère innovation remarquable est l’institution d’une procédure de prévention qui n’existait
pas dans la plupart des Etats parties au Traité de l’OHADA, ainsi que le mécanisme mis en
place, lequel permet la consultation des créanciers afin d’aboutir à l’adoption d’un concordat
préventif soumis à l’homologation de la juridiction compétente. A cette procédure vient
s’ajouter la procédure de conciliation qui a été introduite avec la révision de l’AUPC.
La deuxième innovation a trait au dépôt rapide de la proposition de concordat aussi bien pour
le règlement préventif que le redressement judiciaire. La célérité est une condition essentielle
de succès des procédures collectives.
On note également l’effort fait pour clarifier la situation des créanciers et assurer au mieux la
satisfaction de leurs intérêts : classement des créanciers, possibilité pour les créanciers munis
de sûretés réelles spéciales de réaliser eux-mêmes leur gage en cas d’inaction prolongée du
syndic (plus de trois mois après le jugement d’ouverture dans le cadre de la liquidation des
biens).
Il faut relever enfin la large panoplie des sanctions applicables aux débiteurs ou aux dirigeants
fautifs : sanctions patrimoniales (comblement du passif, extension de la procédure), sanction
professionnelle et morale (faillite personnelle), sanctions pénales (banqueroute simple ou
frauduleuse), indisponibilité des titres sociaux appartenant aux dirigeants dès le jugement
d’ouverture.

B-L’AUPC, un droit nouveau


Cette nouveauté s’apprécie par rapport au champ d’application du nouveau droit. Il faut
apprécier le nouveau droit par rapport à son application dans l’espace et dans le temps.

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Pour ce qui est du champ d’application dans l’espace, il faut dire que l’AUPC tient lieu de
droit positif en matière de droit des procédures collectives pour tous les Etats parties au Traité
de l’OHADA.
Pour ce qui concerne l’application dans le temps, l’article 9 du Traité relatif à l’harmonisation
du droit des affaires en Afrique (OHADA) prévoit que les Actes uniformes entrent en vigueur
90 jours après leur adoption, sauf modalités particulières en vigueur. C’est sur cette base que
l’article 258 a prévu l’entrée en vigueur de l’Acte uniforme portant organisation des
procédures collectives d’apurement du passif révisé le 24 décembre 2015 ; ce qui devait
laisser le temps aux praticiens de connaître et de maîtriser le nouveau texte.
L’AUPC révisé n’est applicable qu’aux procédures collectives ouvertes après son entrée en
vigueur. C’est dire que pendant une période plus ou moins longue, les dispositions anciennes
continueront de s’appliquer aux procédures ouvertes avant son entrée en vigueur.

SUJET 4 : STATUT ET MISSION DU CONCILIATEUR

L’AUPC a opté pour le pluralisme des procédures collectives : la conciliation et le règlement


préventif pour les entreprises en difficulté qui ne sont pas encore en état de cessation des
paiements, le redressement judiciaire pour les entreprises en état de cessation des paiements
qui peuvent être sauvegardées et la liquidation des biens pour les entreprises en état de
cessation des paiements qui ne peuvent plus être sauvées. Le statut et la mission du
conciliateur fera objet de notre devoir.

Le statut est un ensemble de dispositions contractuelles, légales ou réglementaires qui


définissent les règles impersonnelles et objectives applicables à une situation juridique
déterminée. Par mission, il faut entendre une charge dont une personne se trouve investie en
vue de remplir une fonction de représentation ou d’exécuter des actes matériels ou juridiques
que son mandant le requiert d’accomplir dans un intérêt et avec les moyens que ce dernier
doit prévoir. Le conciliateur, quant à lui, est chargé de trouver une solution amiable pour
régler un différend entre deux parties.

La problématique que soulève ce sujet est celle de savoir le statut et la mission du conciliateur
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En guise de réponse, Le conciliateur n’est pas à proprement parler doter d‘un statut
particulier. Il peut donc être librement choisi parmi les personnes estimées qualifiées,
indépendamment de tout diplôme ou inscription sur une liste particulière. Il a pour mission
fondamentale de « favoriser la conclusion entre le débiteur et ses principaux créanciers, ainsi
que, le cas échéant, ses cocontractants habituels, d’un accord amiable destiné à mettre fin aux
difficultés de l’entreprise ».

A la lumière de tout ce qui précède, il faut noter le statut (I) et la mission (II) du conciliateur.

I- LE STATUT DU CONCILIATEUR

Le statut du conciliateur doit être examiné sous deux angles : son mode de désignation (A) et
sa rémunération (B).

A- Les restrictions au libre choix du conciliateur

Le conciliateur n’est pas à proprement parler doter d‘un statut particulier. Il peut donc être
librement choisi parmi les personnes estimées qualifiées, indépendamment de tout diplôme ou
inscription sur une liste particulière. Si cette liberté permet une adaptation à chaque cas
particulier, il faut souligner qu’elle a dans le passé été source d’abus. Le législateur a donc
instauré à minima quelques règles destinées à renforcer son indépendance, et applicables dans
les mêmes termes au mandataire ad hoc. Au-delà des possibilités de récusation à la demande
du débiteur (C.com, art. L.611-27), et conformément aux exigences de l’article 5-4, al ; 2
AUPC, le conciliateur doit : avoir le plein exercice de ses droits civils, justifier de sa
compétence professionnelle et demeurer indépendant et impartial vis-à-vis des parties
concernées par la conciliation.

Au-delà de ces exigences à caractère général, le conciliateur : ne doit pas avoir perçu, à
quelque titre que ce soit, directement ou indirectement, une rémunération ou un paiement de
la part du débiteur intéressé, de tout créancier du débiteur ou d'une personne qui en détient le
contrôle ou est contrôlée par lui, au cours des vingt-quatre (24) mois précédant la décision
d'ouverture.

Ainsi par exemple le commissaire aux comptes de la société débitrice, son expert-comptable)
ou celui de ses créanciers (ou de la société mère de l’un de ceux-ci) ou même un créancier
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ayant reçu un paiement peu de temps avant l’ouverture de la procédure ne pourront être
désignés. Mais le mandataire ad hoc pourra prolonger sa mission ce qui permet d’assurer une
continuité, très fréquemment constatée, entre le mandat ad hoc et l’ouverture d’une procédure
de conciliation.
Lorsque plusieurs sociétés d’un même groupe font l’objet de procédures de conciliation
distinctes mais ouvertes concomitamment, les textes n’interdisent pas a priori la nomination
d’un même conciliateur puisqu’il n’a pas reçu de rémunération antérieure de l’une d’entre
elles. Mais cette solution se concilie avec l’interdiction, qui devrait le conduire à renoncer à
ces mandats dans les sociétés autre que celle qui la rémunéré en premier, même si elle a pour
elle l’avantage de confier l’avantage du dossier à une même personne ne peut être parent ou
allié du débiteur, jusqu'au quatrième degré inclusivement, ne peut être désigné en qualité de
conciliateur. Il en va de même pour tout magistrat en fonction ou ayant quitté ses fonctions
depuis moins de cinq (5) ans

B- La rémunération du conciliateur

Le président de la juridiction compétente qui désigne le conciliateur, est celui qui fixe le
montant de sa rémunération. Mais il ne fait pas de façon autoritaire, mais avec l’accord du
débiteur. L’article 5-4, al. 4 AUPC le dit clairement en ces termes : « Les modalités de
rémunération du conciliateur sont déterminées par le président de la juridiction avec l'accord
du débiteur au jour de l'ouverture de la conciliation. ». La détermination du montant ne se fait
pas de façon arbitraire, mais à partir de certains critères ayant servi de base à son calcul. Aussi
pour éviter toute contestation ultérieure, les critères sur la base desquels elle est arrêtée, son
montant maximal chiffré et le montant des provisions sont-ils précisés dans un document
signé par le débiteur et le conciliateur et annexé à la décision d'ouverture.
Aucune fixation du montant de la rémunération n’est définitive et toute révision du montant
reste toujours possible dès lors que les parties sont d’accords. Aussi si au cours de sa mission,
le conciliateur estime que le montant initialement déterminé est insuffisant, il doit en informer
sans délai le président de la juridiction qui fixe les nouvelles conditions avec l'accord du
débiteur. A défaut d'accord, il est mis fin à la mission du conciliateur. Mais il faut préciser que
quel et soit la procédure, la rémunération du conciliateur est à la charge du débiteur et fait
l'objet d'une ordonnance de taxe (article 5-4, al. 4 AUPC).

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Quid de la mission du conciliateur ?

II- LA MISSION DU CONCILIATEUR

Le contenu et le déroulement de la mission (A), les moyens à la disposition du conciliateur


(B) seront sans doute développés.

A- Le contenu et le déroulement de la mission

Le conciliateur a pour mission fondamentale de « favoriser la conclusion entre le débiteur et


ses principaux créanciers, ainsi que, le cas échéant, ses cocontractants habituels, d’un accord
amiable destiné à mettre fin aux difficultés de l’entreprise » (article 5-5, al. 1 AUPC). Dans le
prolongement de cette première mission, il peut également « présenté toute proposition se
rapportant à la sauvegarde de l’entreprise, à la poursuite de l’activité économique et au
maintien de l’emploi » (C.com, art. L. 611-7 al. 1er). Cette exigence n’a pas été expressément
mentionnée pas dans l’AUPC, mais elle peut être considérée comme étant implicite car elle
est considérée le prolongement naturel de la mission du conciliateur. Son intervention est
donc essentielle pour faire aboutir une négociation à laquelle peuvent être invités des
partenaires non créanciers, qui pourra avoir été entamé auparavant sans succès dans un cadre
purement amiable, ou, souvent, dans le cadre de la mission d’un mandat ad hoc qui a «
préparé le terrain ». Pour les besoins de sa mission, il peut obtenir du débiteur tous
renseignements utiles (article 5-5, al. 2 AUPC).

Il appartient alors au conciliateur d’animer la négociation et de susciter des propositions


sérieuses et acceptables par les principaux créanciers. C’est dans ce contexte que l’expérience,
la réputation ou même le « carnet d’adresses » du conciliateur peuvent se révéler
particulièrement utiles.

Il est tenu à la confidentialité, comme d’ailleurs toute personne qui est appelée à la procédure
ou qui, par ses fonctions en a connaissance (article 5-1, al. 3 AUPC, article L.611-15 C.
com.). Cette obligation de discrétion, dont le respect est essentiel pour que les débiteurs en
difficulté acceptent de solliciter l’ouverture d’une procédure de conciliation, mais pas toujours
facile à établir, n’est sanctionné que civilement.
Il reste dans le cadre de cette confidentialité lorsqu’ il « rend compte au président de la
juridiction compétente de l’état d’avancement de sa mission et formule toutes observations
utiles » (article 65-6 AUPC, article L .611-7 al. 4 C. com.) sur les diligences du débiteur, ou

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lorsqu’ « il éclaire le juge compétent » saisi par le débiteur d’une demande de délai de grâce
en cas de mise en demeure ou de poursuite d’un créancier (article L .611-7, al. 5 modifié C.
com. et art. R. 611-35 modifié qui précise les règles procédurales applicables à cette demande
et ses incidences sur la procédure entamée par le créancier) ou encore, lorsque constatant
l’impossibilité de parvenir à un accord « il rend compte sans délai au président de la
juridiction compétente qui met fin à sa mission » (article 5-8, al. 1 AUPC ; article L. 611-7, al.
6 C. com.).

B- Les moyens à la disposition du conciliateur

Il bénéficie pour l’accomplissement de sa mission des informations transmises par le


président de la juridiction compétente et, lorsqu’elle a été ordonnée, des résultats de
l’expertise. Mais il ne dispose d’aucun pouvoir propre vis-à-vis des tiers tels que les
administrations, qui peuvent et doivent même refuser de lui communiquer toute information.
Le conciliateur peut également « obtenir du débiteur tous renseignements utiles » (article 5-5,
al. 2 AUPC, art. L. 611-7, al. 2 C. com.). Celui-ci ne peut donc lui opposer un quelconque
secret des affaires. Il faut toutefois remarquer que le droit à l’information reconnu au
conciliateur n’est pas sans limite car il ne l’autorise pas à avoir un véritable droit de
communication sur les documents dressés ou détenus par le débiteur : en cas de résistance du
débiteur, il lui appartient donc de saisir le juge et de faire la démonstration de l’utilité du
renseignement pour le bon exercice de sa mission. Il s’agit là d’une situation conflictuelle qui
laisse mal augurée des suites de la négociation.

Le conciliateur peut également peser, au moins indirectement, sur la négociation en éclairant


le juge saisi par le débiteur d’une demande d’octroi de délais de grâce (délais de paiement) en
cas de mise en demeure ou poursuite d’un créancier au cours de la procédure. L’article 5-7
AUPC permet au président du tribunal, à la demande du débiteur, et après avis du
conciliateur, de reporter le paiement des sommes dues et ordonner la suspension des
poursuites engagées par un créancier. Ces mesures prennent fin de plein droit lorsque la
conciliation prend fin et, en tout état de cause, à l'expiration du délai prévu à l'article 5-3,
alinéa 1er AUPC. L'ordonnance du président du tribunal prononçant ces mesures est déposée
au greffe et ne fait l'objet d'aucune publicité. Elle est communiquée au créancier concerné,
sans délai, et elle rappelle l'obligation de confidentialité à laquelle celui-ci est tenu. Il en va de
même en droit français où l’article L.611-7, al.5 (modifié) du Code du commerce autorise le

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juge à faire application des articles 1244-1 à 1244-3 du Code civil, qui prévoient cette facilité
d’accorder des délais de paiement dans la limite de deux ans sans possibilité d’appel de la part
du créancier, et à imposer par ces biais une certaine discipline collective aux créanciers qui
refusent de rentrer dans le processus de négociation. Cette possibilité est ouverte même au cas
où les poursuites ont été entamées avant l’ouverture de la conciliation.
Mais elle ne permet pas au juge saisi de remettre en cause une clause résolutoire déjà acquise,
donc de faire revivre un contrat, en imposant ainsi au créancier poursuivant une suspension de
leurs poursuites individuelles, maintenant supprimé par les textes : ainsi par exemple si un
débiteur preneur à bail avait obtenu antérieurement, par ordonnance du juge des référés, des
délais de paiements suspendant les effets d’une clause résolutoire et que ces échéances n’ont
pas été respectées, l’arme du délai de grâce ne peut être utilisée dès lors que l’ordonnance du
juge des référés est passé en force de chose jugée.

SUJET 5 : MODE DE SAISINE DU TRIBUNAL COMPETENT

L’instance d’un jugement d’ouverture d’une procédure collective est soumise à deux
conditions essentielles : déterminer le tribunal compétent et saisir ledit tribunal par des voies
autorisées. L’étude de ces modes de saisine fera objet de ce sujet soumis à notre réflexion.

Par mode de saisine, il faut entendre l’ensemble des règles légalement reconnu pour saisir un
tribunal compétent. Le tribunal compétent, autre, s’entend de la juridiction compétente pour
l’ouverture d’une procédure collective. La notion « procédures collectives » n’a pas fait
l’objet de définition ni dans l’acte uniforme portant organisation des procédures collectives
d’apurement du passif (AUPC), ni en droit français. Mais Dans la tradition juridique, la notion
s’entend dans l’ensemble du traitement des entreprises en difficulté, c’est-à-dire des
entreprises malades. Il s’agit en quelque sorte « du droit de la maladie et de la mort des
entreprises malades. Un auteur a cependant tenté une définition. En effet, selon le professeur
F.M. SAWADOGO, les procédures collectives peuvent être définies comme « des procédures
faisant intervenir la justice lorsque le commerçant n’est plus en mesure de payer ses dettes ;
on dit d’un tel commerçant aux abois qu’il est en état de cessation de paiements ou, à tout le
moins, connaît des difficultés financières ».

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La problématique que soulève ce sujet est de savoir les modes de saisine du tribunal
compétent.

En guise de réponse, il faut noter que les modes de saisine varient suivant la procédure en
cause. Ils varient suivant la procédure en cause. Avec l’AUPC révisé, ils sont au nombre de
quatre contre trois dans l’ancien AUPC. Certains sont d’utilisation fréquente, les autres sont
rarement utilisés. On peut les regrouper en deux catégories : les modes de saisine habituels
constitués du dépôt du bilan et de la saisine par les créanciers et les modes de saisine
occasionnels qui sont d’une part la saisine d’office et d’autre part la saisine par le ministère
public, un mode de saisine non prévu.

A la lumière de tout ce qui précède, il convient de noter d’une part les modes de saisine
habituels (I) et d’autre part les modes de saisine occasionnels (II).

I- LES MODES DE SAISINE HABITUELS


Deux modes de saisine peuvent être considérés comme usuels : la saisine par déclaration du
débiteur ou le dépôt du bilan (A) et la saisine par assignation des créanciers (B).

A- La saisine par déclaration du débiteur ou le dépôt du bilan


L’AUPC semble considérer la saisine par déclaration du débiteur, également appelée dépôt de
bilan, comme le mode de saisine habituel ou de droit commun (article 25). De fait, elle ne sera
probablement utilisée que lorsque le débiteur sollicite l’ouverture du redressement judiciaire
et non lorsque celui-ci ne paraît pas possible. Pourtant, la déclaration par le débiteur constitue
une obligation. En effet, selon l’article 25, al. 3 de l’AUPC, « Le débiteur qui est en cessation
des paiements doit faire une déclaration aux fins d’obtenir l’ouverture d’une procédure de
redressement judiciaire ou de liquidation des biens, quelle que soit la nature de ses dettes. ».
La déclaration doit être faite dans les trente jours de la cessation des paiements et déposée au
greffe de la juridiction compétente contre récépissé. Le débiteur doit joindre à la déclaration
des pièces.

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Tous ces documents, arrêtés à la date de la déclaration, doivent être datés, signés et certifiés
conformes et sincères par la déclaration. Si l’un des documents ci-dessus ne peut être fourni
ou ne peut l’être qu’incomplètement, la déclaration doit contenir des motifs de cet
empêchement.
La non-déclaration dans les délais est sanctionnée par la banqueroute simple obligatoire
(article 228). Auparavant, c’était la banqueroute simple facultative (article 586 du Code de
commerce) mais à l’époque la déclaration devait faire dans le délai de quinze jours.
L’allongement du délai de quinze à trente jours ainsi que la volonté d’accélérer la déclaration
de la cessation des paiements expliquent certainement la sévérité plus grande dans le
traitement du défaut de déclaration dans le délai.
La pertinence de ces documents ne paraît pas discutable dans la perspective du redressement
de l’entreprise et de l’apurement de son passif. En revanche, il semble difficile de les réunir et
cela pourrait retarder la déclaration, ce qui serait dommageable pour l’entreprise. La
procédure est donc trop lourde. En effet, l’une des causes de l’échec des procédures
collectives réside dans le caractère tardif de leur ouverture, après une accumulation de dettes.
Ce qui entraîne que la cessation des paiements recouvre assez souvent une véritable
insolvabilité. Il ne faudrait pas que dans la pratique, l’hypothèse où les documents seraient
incomplets, qui est conçue comme une exception, se révèle comme étant la règle ou puisse
retarder le dépôt de bilan.
La déclaration ou dépôt du bilan du débiteur doit être accompagnée en même temps ou au
plus tard dans les quinze jours qui suivent celle-ci, d’une offre de concordat précisant les
mesures et conditions envisagées pour le redressement, notamment les modalités de
continuation de l’entreprise, les personnes tenues d’exécuter l’ensemble des engagements
souscrits par elles et nécessaires au redressement de l’entreprise, les modalités du maintien et
du financement de l’entreprise, du règlement du passif né antérieurement à la décision
d’ouverture ainsi que, s’il y a lieu, les garanties fournies pour en assurer l’exécution, les
licenciements pour motif économique et le remplacement de dirigeants (article 27 AUPC). Il
faut mentionner que lorsqu’un commerçant est décédé en état de cessation des paiements, la
juridiction compétente peut être saisie dans le délai d’un an à partir du décès sur déclaration
d’un héritier.

B- La saisine par les créanciers

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Un ou plusieurs créanciers peuvent saisir la juridiction compétente aux fins d’ouverture d’une
procédure collective en établissant de manière certaine leurs créances et le défaut de
paiement, en exhibant, par exemple, le protêt d’un chèque ou d’un effet de commerce impayé.
Peu importe la nature de la créance impayée : il suffit qu’elle soit certaine, liquide et exigible.
Au regard de la pratique antérieure, l’on peut penser que ce sera le mode de saisine le plus
couramment utilisé, tout au moins pour l’ouverture de la liquidation des biens, ce qui se
comprend : la liquidation des biens ne présente aucun intérêt évident pour le débiteur alors
qu’elle ouvre des perspectives de paiement pour les créanciers. L’AUPC, à la suite du décret
du 20 mai 1955, prévoit l’assignation aux lieu et place de la requête. Cette solution est logique
car la requête suppose l’absence d’opposition d’intérêt, ce qui n’est pas le cas en l’espèce.
La possibilité est laissée au débiteur assigné en liquidation des biens de faire la déclaration
évoquée plus haut dans le délai d’un mois afin d’obtenir l’ouverture du redressement
judiciaire s’il remplit toutes les conditions y afférentes.

D’autres modes de saisine sont ou auraient pu être prévus, qui paraissent d’utilisation rare au
regard de la pratique antérieure qui ne risque pas d’être bouleversée sur ce plan.

II- LES MODES DE SAISINE OCCASIONNELS


Ils sont, d’une part, la saisine d’office (A), d’autre part, la saisine par le ministère public (B).

A- La saisine d’office
La juridiction compétente peut se saisir d’office, contrairement aux principes classiques de
procédure, parce que les procédures collectives intéressent l’ordre public. Cette
permission vient de l’article 29, al. 1 AUPC révisé. D’après ce texte, la saisine d’office peut
se faire « notamment sur la base des informations fournies par le représentant du ministère
public, les commissaires aux comptes des personnes morales de droit privé, les membres de
ces personnes morales ou les institutions représentatives du personnel qui lui indiquent les
faits de nature à motiver cette saisine ». Ces informations peuvent provenir de la connaissance
personnelle du juge, suite à la rumeur publique ou d’enquêtes informelles qu’il diligente.
Dans l’ensemble, la saisine d’office suppose que la juridiction soit informée de la situation
difficile du débiteur.

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Si la juridiction possède des éléments pouvant motiver sa saisine d’office, son président fait
convoquer, par les soins du greffier, par signification d’huissier de justice ou notification par
tout moyen permettant d'établir la réception effective par le destinataire, le débiteur à
comparaître devant la juridiction compétente siégeant en audience non publique. Il faut
souligner que la signification ou notification doit contenir la reproduction intégrale de l’article
29 AUPC, à peine de nullité. A la suite de la convocation, deux situations peuvent se
présenter. En premier lieu, si le débiteur comparaît, le président l’informe des faits de nature à
motiver la saisine et reçoit ses observations. Si le débiteur reconnaît être en cessation des
paiements ou en difficulté ou si le président acquiert l’intime conviction qu’il est dans une
réelle situation, ce dernier lui accorde un délai de trente jours pour faire la déclaration et la
proposition de concordat de redressement prévues aux articles 25, 26 et 27 de l’Acte
uniforme. Le même délai de trente jours est accordé aux membres tenus indéfiniment et
solidairement responsables du passif de la personne morale contre laquelle l’on veut
prononcer d’office une procédure collective. Il y a là une différence fondamentale avec la
liquidation judiciaire de la loi du 4 mars 1889 dont le bénéfice impliquait que le débiteur ait
introduit sa requête dans les quinze jours de la cessation de ses paiements. Passé le délai
accordé, la juridiction compétente statue en audience non publique pour décider d’ouvrir ou
de ne pas ouvrir la procédure collective. En second lieu, si le débiteur ne comparait pas, il en
est pris acte et la juridiction compétente statue à la première audience utile par une décision
réputée contradictoire à l'égard du débiteur (article 29, al. 5 AUPC).

B- La saisine par le ministère public


La saisine par le ministère public est le quatrième mode de saisine introduit par l’AUPC
révisé. Elle a été prévue par l’article 29, al. 3 AUPC qui dispose : « La juridiction compétente
peut également être saisie par le Ministère public. Dans ce cas, il fournit les éléments
motivant sa demande. »
Ce mode de saisine nouvelle introduit ne doit pas se faire de façon intempestive, mais à la
suite d’éléments d’information détenus par le ministère public et de nature à rendre crédible
sa demande. Ce mode de saisine illustre le caractère d’ordre public des procédures collectives
qui finalement intéressent hautement l’intérêt général. Il est probablement plus efficace que la
pratique officieuse de l’information du président du tribunal parce qu’il oblige le procureur à
exposer le bien-fondé de sa prétention comme tout plaideur.

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La saisine d’office et la saisine par le ministère public n’ont jamais été utilisées dans la
plupart des Etats parties au Traité OHADA, malgré des circonstances particulièrement
favorables : faute des dirigeants, fermeture de l’entreprise, accumulation d’un passif
important, assignations au paiement émanant des créanciers, autant d’éléments qui offrent
l’occasion à la juridiction compétente d’ouvrir d’office et suffisamment tôt la procédure

SUJET 6 : COMMENT DETERMINE-T-ON LE TRIBUNAL COMPETENT POUR


L’OUVERTURE D’UNE PROCEDURE COLLECTIVE ?

L’instance d’un jugement d’ouverture d’une procédure collective est soumise à deux
conditions essentielles : déterminer le tribunal compétent et saisir ledit tribunal par des voies
autorisées. L’étude de la détermination du tribunal compétent fera objet de ce sujet soumis à
notre réflexion.

Par tribunal compétent, il faut entendre la juridiction compétente pour l’ouverture d’une
procédure collective. La notion de « procédures collectives » n’a pas fait l’objet de définition
ni dans l’acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif
(AUPC), ni en droit français. Mais Dans la tradition juridique, la notion s’entend dans
l’ensemble du traitement des entreprises en difficulté, c’est-à-dire des entreprises malades. Il
s’agit en quelque sorte « du droit de la maladie et de la mort des entreprises malades. Un
auteur a cependant tenté une définition. En effet, selon le professeur F.M. SAWADOGO, les
procédures collectives peuvent être définies comme « des procédures faisant intervenir la
justice lorsque le commerçant n’est plus en mesure de payer ses dettes ; on dit d’un tel
commerçant aux abois qu’il est en état de cessation de paiements ou, à tout le moins, connaît
des difficultés financières ».

La problématique que soulève ce sujet est celle de savoir : comment détermine –t-on le
tribunal compétent pour l’ouverture d’une procédure collective ?

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En guise de réponse, Une distinction fondamentale est à faire entre la compétence interne et la
compétence internationale. Les règles de compétence interne sont relatives, d’une part, à la
compétence d’attribution et, d’autre part, à la compétence territoriale. En ce qui concerne les
règles de compétence internationale, Les procédures collectives soulèvent en droit
international privé des théories qui seront mise en œuvre.
Cela dit, il faut noter d’une part les règles de compétence interne (I) et celles de compétence
internationale (II).

I- LA REGLE DE COMPETENCE INTERNE

Les règles de compétence sont relatives, d’une part, à la compétence d’attribution (A) et,
d’autre part, à la compétence territoriale (B).

A- La compétence d’attribution

Elle pose la question de savoir quelle est, parmi les différentes catégories de juridictions
existant sur le territoire national, celle qui peut connaître d’une affaire en raison de la nature
des faits (compétence ratione materiae) et éventuellement de la personne qui les a commis
(compétence ratione personae). La compétence d’attribution est accordée en matière de
redressement judiciaire et de liquidation des biens, tout comme pour la conciliation et le
règlement préventif, à la juridiction compétente en matière de procédures collectives. Elle
connaît également, en vue de favoriser une bonne administration de la justice et le
déroulement rapide des procédures collectives, « de toutes les contestations nées de la
procédure collective, de celles sur lesquelles la procédure exerce une influence juridique, ainsi
que de celles concernant la faillite personnelle et les autres sanctions, à l’exception de celles
qui sont exclusivement attribuées aux juridictions administratives, pénales et sociales »
(article 3 AUPC).

Il appartient donc à chaque Etat partie de désigner le ou les juridictions compétentes pour
connaitre des procédures régies par l’AUPC (article 3, al ; 3 AUPC). En attendant cette
précision de la part des Etats, les choses vont continuer par se faire comme par le passé. Au
Togo, c’est le tribunal de première instance (ou du tribunal régional pour le Sénégal) qui est
pour le moment compétent pour connaitre des procédures régies par l’AUPC.

B- La compétence territoriale
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Elle précise quel est, de tous les tribunaux de même catégorie répartis sur le territoire national,
celui qui devra connaître de l’affaire en raison de sa localisation. L’article 3-1 AUPC retient,
pour les personnes physiques, le tribunal dans le ressort duquel le débiteur a son principal
établissement. Le principal établissement est l’endroit où s’exerce l’activité principale.
Certains indices permettent de le fixer comme l’adresse commerciale, le lieu d’exercice de la
direction, le lieu de conclusion des marchés, de domiciliation des traites, etc. S’agissant des
personnes morales, le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel la personne morale a
son siège social. S’agit-il du siège social réel ou du siège social statutaire ?

En France, on retient le siège social réel. Pour les Etats parties au Traité de l’OHADA, il est
précisé que le siège social ne peut pas être constitué uniquement par une domiciliation à une
boîte postale et que les tiers peuvent se prévaloir du siège statutaire. Mais celui-ci ne leur est
pas opposable par la société si le siège réel est situé en un autre lieu (articles 25 et 26,
AUSCGE). A défaut de siège sur le territoire national, l’on retient le principal établissement.
Si le siège social est à l’étranger, la procédure se déroule devant la juridiction dans le ressort
de laquelle se situe le principal centre d’exploitation situé sur le territoire national. Il y a
comme une volonté de permettre aux juridictions nationales d’ouvrir des procédures contre
les entreprises ayant leur siège social à l’étranger. Cela pose le problème de la compétence
internationale des juridictions.

II- LA REGLE DE COMPETENCE INTERNATIONALE

Les procédures collectives soulèvent en droit international privé deux principales catégories
de questions. Ces questions se posent lorsque le débiteur, personne physique ou personne
morale, possède des biens et des créanciers situés dans deux ou plusieurs Etats. L’énoncé (A)
et la mise en œuvre de ces théories (B) feront objet de développement dans cette partie.

A- L’exposé des théories

La première dite théorie de l’unité et de l’universalité de la faillite, veut qu’une seule


procédure soit ouverte contre le débiteur et permette d’appréhender l’ensemble de ses biens
quel que soit leur lieu de localisation et de payer ses créanciers domiciliés dans les différents
Etats sur un

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pied d’égalité ; une procédure répondant aux critères ci-dessus doit être ouverte uniquement
dans l’Etat qui abrite le centre des affaires du débiteur ; une décision rendue dans ces
conditions peut être aisément reconnue à l’étranger et recevoir l’exequatur. La seconde,
appelée théorie des procédures dites plurales et territoriales, permet l’ouverture d’une
procédure dans tout Etat où le débiteur possède des biens ; cette conception favorise les
créanciers des Etats où le débiteur possède beaucoup de biens alors que le nombre des
créanciers et surtout le montant des créances ne sont pas très élevés ; les procédures ouvertes
sur la base de la seconde théorie ne peuvent pas fort logiquement obtenir l’exequatur à
l’étranger ; c’est d’ailleurs pour cela qu’elles sont dites territoriales ; au total, « la
territorialité de la faillite est moins un système que l’effet d’une liquidation anarchique
du patrimoine dont les éléments se localisent en plusieurs pays ».

B- La mise en œuvre des théories

En France, on admet les deux théories opposées : La première pour son équité et sa cohérence
elle semble acceptée par beaucoup d’Etats européens ; elle ne joue pas lorsqu’il n’y a pas de
convention entre la France et l’Etat du siège social ou du principal établissement. «
Malheureusement le droit des faillites internationales est aujourd’hui quasiment inexistant. En
effet, chaque créancier voudrait pouvoir saisir les biens de son débiteur situé à l’étranger, tout
en échappant sur son propre territoire au concours des créanciers étrangers. Une attitude aussi
contradictoire qu’égoïste bloque tout espoir de coordination internationale ». La seconde est
acceptée en vue de protéger ou de favoriser les créanciers français. L’AUPC de l’OHADA
(articles 3-1 et 247 à 256-31) s’inscrit dans cette logique. Il admet, d’une part que l’on puisse
ouvrir une procédure contre une entreprise n’ayant pas son siège social dans l’Etat dont le
tribunal est saisi ; il prévoit, d’autre part, l’existence d’une procédure principale et d’une ou
de plusieurs procédures secondaires. Il est prévu un devoir d’information réciproque entre les
syndics et une hiérarchisation au profit de la procédure principale. Cela peut réduire le
désordre qu’entraîne la pluralité de procédures.

AVEC DIEU TOUT EST POSSIBLE

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