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Chapitre 6 

: Les courants modernes et actuels en sciences économiques


I/ Distinction entre le post-keynésianisme, la nouvelle économie classique et le nouveau
keynésianisme
Vidéo : « Des keynésiens et des classiques  » (importante)

II/ La crise de la synthèse et les nouveaux classiques


Synthèse (Hicks) = modélisation macroéconomique des politiques keynésiennes  crise de la
synthèse : remise en cause du modèle IS-LM qui va initier de nouveaux courants

1. Retour sur le contexte


Robert Lucas (nouveau classique) introduit le concept des anticipations rationnelles (l’agent éco°
s’adapte aux politiques gouvernementales et anticipe les résultats à LT d’une politique éco° ce qui
vient contrer les effets des politiques économiques notamment expansionnistes)

A la fin des années 60, des fissures apparaissent dans le consensus keynésien  critique et remise en
cause de la crédibilité des modèles économétriques de type IS-LM car un décalage est constaté entre
les faits observés et ce qui est censé se produire avec le modèle on parle de crise de la synthèse
néoclassique

 Stagflation survient (faible croissance éco° + fort taux d’inflation)  les prédictions de la
synthèse néoclassique se révèlent être un échec économétrique à grande échelle

Forte critique de la part de la nouvelle économie classique (qui s’est imposée à l’heure actuelle en
science économique  les BC ont recours à leurs modèles macroéco°)

2. Les grandes idées autour de la nouvelle économie classique


Pour les nouveaux classiques (NC), le système est en permanence à l’éq et considèrent que l’agent
est rationnel et suit son intérêt

Ce qui fait la scientificité d’un modèle ce n’est pas le réalisme de ses hypothèses mais sa capacité à
prédire l’avenir  La maximisation de l’utilité et de l’intérêt est une hypothèse explicative et
pertinente pour les NC, peu importe qu’elle soit réaliste ou pas

Lucas considère que les agents jouissent de la mm connaissance des fondamentaux de l’économie
que le modélisateur. Ils sont donc capables de tirer profit de toute l’information disponible. Les
agents anticipent les effets positifs et négatifs des politiques économiques et peuvent donc adapter
leur comportement
Objectif central des nouveaux classiques : Remettre en cause les modèles macroéco° keynésiens

Les NC s’appuient sur la théorie de l’éq général de CPP où les agents ont un comportement
maximisateur. Reprise de toutes les grandes idées des néoclassiques (CPP, marché à l’éq…) 
prolongement de la théorie néoclassique et complexification !

 Introduction des choix intertemporels (arbitrage entre conso°/investissement ou


travail/loisir…)

Une fonction d’utilité intertemporelle est attribuée à l’agent où l’individu est au courant du
niveau des techniques disponibles à la fois présentes et futures ; il est supposé que l’agent prévoie
correctement le futur puisque ses anticipations sont rationnelles
L’économiste va calibrer les paramètres qui caractérisent les goûts, les techniques, les délais de
prod°… de façon que le choix de l’agent représentatif reproduise au mieux l’évolution observée pdt
une période donnée et dans un pays donné (conséquence  : ≠ modèles car modification de variables)
Les modèles deviennent de + en + complexes et précis au fur et à mesure que de nouveaux
paramètres sont introduits  permet de mieux refléter les désaccords relatifs aux habitudes des
agents et aux échanges monétaires

Les NC mettent à mal la théorie keynésienne du pdv de la méthode avec l’idée que les cycles
économiques proviennent des réactions rationnelles des agents à un phénomène imprévisible
Ainsi, puisque le cycle de productivité est imprévisible et aléatoire, l’intervention du gouvernement
n’a aucune légitimité

Auteurs néoclassiques qui n’intègrent pas la nouvelle économie classique car ils remettent en cause
un élément de la théorie classique  qui est l’hypothèse de l’agent rationnel  :

- Robert Solow : élabore un modèle de croissance néoclassique qui repose sur 2 hypothèses :
information parfaite et substituabilité des facteurs
Dans ce modèle, il cherche à comprendre l’écart entre la croissance potentielle (= croissance
que l’on obtiendrait compte tenu des structures fondamentales de l’économie et en l’absence
de perturbations exogènes) et la croissance réelle
Il va montrer que le taux de croissance potentiel est déterminé par l’accroissement des
facteurs de production et par le rythme du progrès technique (il dit que le PT explique 80%
de la croissance)  il définit l’output gap (= écart entre la croissance effective et la
croissance potentielle)
- Paul Samuelson
- James Tobin : inventeur de la taxe Tobin (surnommée «  taxe Robin des Bois  »), taxe sur les
transactions financières qui vise les + riches

3. La 1ère vague du « nouveau classicisme » : Friedman et le monétarisme


Voir chapitre 5  : « Friedman et le monétarisme »

Keynes considérait que la Grande Dépression (GD) était le résultat de l’insuffisance des politiques
monétaires expansionnistes
Au contraire, Friedman démontre que les politiques menées pdt cette période étaient déflationnistes
avec une diminution très forte de la Q de monnaie en circulation. Finalement, pour F, la GD est le
symbole tragique de la puissance de la politique monétaire et non comme le croyait Keynes la preuve
de son impuissance
Friedman développe toute une analyse centrée sur la rationalité et l’anticipations des agents (revenu
permanent, anticipations adaptatives)  c’est sur ces éléments que la 2e vague de la nouvelle
économie classique va s’enclencher

4. La 2e et 3e vague du « nouveau classicisme »

Auteur central de la 2e vague du nouveau classicisme : Robert Lucas

Friedman parlait d’anticipations adaptatives (=l’agent adapte son comportement ex post  ; délai


d’ajustement de son comportement) alors que Lucas parlait d’anticipations rationnelles.
Les anticipations rationnelles vont concerner les politiques économiques  les individus s’adaptent
directement avant mm que les politiques soient mep ce qui va rendre ces politiques inefficaces

2 auteurs principaux de la 3e vague : Edouard Prescott et Finn Kydland

Prescott et Kydland reprennent l’hypothèse que les prix s’ajustent instantanément pour équilibrer les
marchés. Même hypothèse que Lucas et Friedman mais pour Prescott et Kydland, les fluctuations
économiques ne sont pas causées par la politique monétaire mais par des chocs aléatoires
(technologie, substitution intertemporelle entre conso°/loisir…)
III/ La reconstruction de la synthèse : les nouveaux keynésiens et la nouvelle synthèse
néoclassique
1. Du scepticisme à la nouvelle économie keynésienne
A partir de cette critique de la synthèse, la nouvelle économie classique (les nouveaux classiques) va
élargir les modèles pour pouvoir intégrer des chocs d’offre (ex : variation du prix du pétrole)
Les solutions apportées consistaient à formaliser l’économie comme si les marchés étaient
concurrentiels et s’équilibraient instantanément mais cela n’a pas convaincu

 Donc naissance des nouveaux keynésiens

2. Les nouveaux keynésiens


Auteurs principaux de la nouvelle économie keynésienne : Solow, Modigliani, Samuelson et Tobin

Les nouveaux keynésiens (NK) tentent de réconcilier et mm de faire la synthèse entre les apports de
Walras et ceux de Keynes :
- Walras : Equilibre de Walras, éq partiel de Marshall, main invisible d’Adam Smith  vision
idyllique de l’économie avec des hypothèses extrêmement fortes
- Keynes : l’économie souffre d’une D globale insuffisante qui explique que l’économie est en
dépression/crise

Modigliani met en évidence la théorie du cycle de vie qui énonce comment un agent économique
choisit son niveau de consommation et d’épargne au cours de sa vie. L’âge détermine à la fois les
revenus de l’individu mais aussi son patrimoine

Il met en évidence 3 périodes autour d’une vie :


- Enfance et adolescence  : individus dépendant du revenu de leurs parents ; l’enfant ne gagne
pas de revenu et coûte de l’argent aux parents
- Adulte  : 2 sous-périodes :
o L’individu à des revenus faibles, inférieurs à sa fonction de consommation ce qui
implique une désépargne
o L’individu rembourse ses dettes et constitue une épargne qui servira à financer plus
tard sa consommation dans sa période de vieillesse
- Vieillesse  : Pouvoir d’achat très fort

Cette théorie a montré qu’au niveau macro° la consommation se glissait tout au long de la vie. Cela a
permis de fournir une explication à la stabilité de la propension moyenne à consommer (= part du
revenu consacré à la conso°) sur le LT qui était une faille importante de la théorie keynésienne

Ces nouveaux keynésiens disent que la théorie des classiques et néoclassiques est valide à LT, mais
qu’à CT il faut adopter la vision de Keynes et surtout les remèdes keynésiens

Les nouveaux keynésiens introduisent donc la temporalité avec une analyse spécifique à CT et à LT

 Les nouveaux keynésiens gardent un certain nombre d’éléments de cette synthèse qu’ils
vont compléter en réintroduisant encore plus d’éléments de la théorie de Keynes

3. La nouvelle synthèse néo-classique

La nouvelle synthèse (NS) s’inscrit entre les nouveaux classiques et les nouveaux keynésiens. Cette
nouvelle synthèse s’efforce à combiner plusieurs éléments de théories qui lui ont précédées

- Des nouveaux classiques, elle retient l’analyse sur les préférences, les contraintes et l’optimisation
 ces éléments servent de point de départ à l’analyse de la nouvelle synthèse qui est donc bâtie sur
des fondements micro°
Elle retient également les outils de la théorie moderne de l’éq général (modèle DSGE utilisé pour
évaluer l’impact macro° des politiques monétaires et budgétaires)

- Des nouveaux keynésiens, elle retient tous les raisonnements autour d’une rigidité nominale des
prix et des salaires et utilise cette idée pour expliquer pourquoi la politique monétaire a des effets
réels à CT

La NS nous dit que l’économie est un système d’éq général dynamique qui dévie de l’optimum de
Pareto à cause de la rigidité des prix et éventuellement des imperfections de marché

La courbe de Phillips a posé un réel problème dans la synthèse. La NS nous dit alors que l’on peut
remplacer cette courbe par un modèle de fixation explicite des salaires nominaux et des prix 
permet de retomber sur les résultats traditionnels de la synthèse

Cette nouvelle synthèse retient 2 éléments majeurs de la «  vieille  » synthèse :


- Elle réunit les comportements d’optimisation des entreprises, des consos et des travailleurs
- La rigidité nominale  ces rigidités dérivent des comportements d’optimisation notamment
des politiques monétaires et budgétaires

IV/ Les post-keynésiens


Les post-keynésiens (PK) sont ceux qui proposent la lecture la plus proche de la théorie de base de
Keynes. Ils cherchent à prolonger la théorie de 1936 de Keynes notamment à des thèmes que ce
dernier n’avait pas abordés à l’époque

Les PK se distinguent des NK ou de d’autres économistes keynésiens par 2 éléments principaux  :

- Le rejet total des modèles d’éq général des néoclassiques


- La monnaie a une importance décisive pour les variables macro° notamment la production et
l’emploi et cela vaut à CT et à LT

Pour les post-keynésiens, l’économie capitaliste n’a aucune tendance naturelle ou automatique à
revenir au plein emploi. Pour eux, l’investissement en capital fixe est le déterminant majeur du
niveau de la D globale  l’action de l’Etat est donc nécessaire pour soutenir les revenus et l’emploi
Vidéo : « L’école post keynésienne, une alternative à découvrir »

Marqueurs principaux de l’économie postkeynésienne  :


- La monnaie n’est pas neutre
- Notion d’incertitude radicale : « Dans le futur nous serons tous morts »  cette incertitude
pèse sur la décision éco° notamment pour les entrepreneurs dans leur décision d’investir ou
d’embaucher
- Le marché n’est pas l’unique élément de coordination de l’économie

Thèmes abordés par les PK : croissance, développement durable, monnaie, inégalités,


financiarisation de l’économie, l’Etat, les déficits publics et privés

Cause de la croissance molle :


 Les inégalités : résultat de la baisse du poids des salaires dans la valeur ajoutée ce qui
impacte la D et pèse sur le niveau de prod°, d’investissement et de croissance
 La financiarisation de l’économie : cela a tendance à concourir à une baisse de la part des
salaires dans la VA au profit de l’augmentation des dividendes distribués aux actionnaires
et contribue à la baisse de l’investissement qui conduit à une baisse possible des revenus
futur et qui vient freiner le dynamisme de la croissance

- La réflexion microéconomique, selon la pensée post-keynésienne, fait référence à la réflexion à


l’échelle de l’entreprise ; les entrepreneurs sont guidés par leur esprit animal

- La dette privée est perçue négativement par les post-keynésiens car elle crée de l’incertitude et est
responsable des cycles éco°
Les post-keynésiens sont les précurseurs en ce qui concerne la description du rôle de la dette privée
dans les cycles économiques. Minsky met en évidence le paradoxe de la tranquillité (=idée que
quand tout va bien dans une économie les agents éco° prennent bcp de risque  : les entreprises vont
bcp investir et les banques vont bcp prêter de l’argent mais à LT il y a de l’incertitude et ce contexte
d’euphorie crée une instabilité et une incertitude quant à la capacité de remboursement des agents)
Pour Minsky, ce contexte d’euphorie crée de l’incertitude et cela va préfigurer les signes avant-
coureurs des futures crises

- Chez les PK, l’Etat est l’élément central. Il a une fonction de régulateur à la fois dans la sphère
financière, concernant les inégalités, dans la croissance et l’emploi. L’Etat est là pour assurer que les
crises du capitalisme soient amorties et pour éviter que les cycles économiques soient trop violents.

Les PK ne font pas l’apologie de la dette publique, pour autant, ils considèrent qu’elle est nécessaire
pour réenclencher la croissance et que plus tard cette dette sera remboursée grâce à l’augmentation
des recettes publiques permise par la croissance

La dette publique et les dépenses publiques sont donc un levier de croissance. Les PK pointent du
doigt la dette privée mais encouragent la dette publique

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