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HISTOIRE, GEOGRAPHIE ET GEOPOLITIQUE DU MONDE CONTEMPORAIN

MODULE IV. Géodynamique continentale de l’Amérique et de l’Asie

IV.1. Les Amériques

IV1.3. Amérique latine: entre développement, indépendances et dépendances

Introduction
.

L’Amérique latine et les Caraïbes représentent 20 438 217 km² soit 15,26 % de la superficie
mondiale pour 8,58% de la population mondiale, soit 622 196 181 habitants en 2015.

C'est un espace qui a connu un métissage de peuples et de cultures. L'Amérique latine se


caractérise d'abord par sa diversité:

 Géographique (en raison de paysages et de climats très variés du Mexique à la Terre de


feu)

 Historique (en raison de son héritage européen, principalement ibérique, mais aussi dans
une moindre mesure asiatique),

 De peuplement (les populations d'origine indienne ont une place importante en


Amérique centrale et andine mais le littoral atlantique a connu un apport aussi de
population d'origine africaine et le cône d’origine européenne)

 Politique, que soulignent la diversité et la conflictualité entre les régimes politique et les
Etats.

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A l’instar de la Doctrine Monroe en 1823 des USA, a sucité un Rapport paradoxal avec
l’Amérique latine. Un sentiment paradoxal: Fascination et hostilité Recherche
d’émancipation de l’Amérique latine tant sur le plan politique qu’économique.
La fin de la guerre froide a flexibilisé une gouvernance jusque-là̀ contrainte par les fortes
pressions exercées par le voisinage de la superpuissance étasunienne, qui a profité également
de l’endettement des Etats de l’Amérique latine durant les années 1980. Ces derniers étaient
tenus d’accepter des formes de tutelle de la part des pays créditeurs du FMI et de la Banque
mondiale.

Rarement affirmée par des positions communes sur le plan mondial. Toutefois, la situation
d’aisance financière, portée par la demande asiatique de produits primaires – agricoles,
énergétiques, et miniers, ont multiplié́ les initiatives timides d’affirmation.

 Oscillation entre dépendance et indépendance/ Développement et sous-développement.

Citations :
• Sam Zemurray, le reconnaissait volontiers : « Au Honduras, il est moins cher
d’acheter un député qu’une mule ! »
Président d’United Fruit (FTN USA)
• « les 40 glorieuses de l’Amérique latine » 6% de croissance du sous-continent
entre 1935 et 1975, puis 1,5% dans la décennie 1980
Pierre Salama
• « Le problème de la terre, le problème de l'industrialisation, le problème du
logement, le problème du chômage, le problème de l'éducation et le
problème de la santé du peuple, voilà les six points pour lesquels nos efforts
auraient tendu à apporter des solutions ».
Fidel Castro, 16 octobre 1953

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Questionnements
• La stabilité politique conditionne l’émergence de l ’Amérique latine sur la
scène internationale?
• Quels sont les divergences entre les pays du sous-continent américain?
• L’Amérique latine entre dépendance et interdépendance?
• La Chine est l’avenir du sous-continent, une nouvelle dépendance ou plutôt un
enjeu entre les deux grandes puissances économique?

L'Amérique latine peut-elle envisager son émancipation malgré qu’il soit


intimement lié à la dépendance étrangère issue de la logique d’une mondialisation
forcée?

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I. La recherche d’un modèle de développement extraverti qui finit par montrer ses limites

2. La dépendance économique: de la colonisation aux années 19


A. La mise en place d'une économie extravertie

Pendant la colonisation, du 15eme siècle aux années 1820, l'Amérique latine a fait partie des
circuits de commerce internationaux. Un système économique extraverti s'est mis en place: les
métaux précieux comme l'argent des mines de Potosi ainsi que les productions agricoles
tropicales (café, canne à sucre...) cultivées dans les plantations étaient destinés à l'Europe. En
contrepartie, l'Amérique latine recevait des biens de consommation et d'équipement. Dès la
colonisation, l'Amérique latine est insérée à un système économique qui la rend dépendante de
l'extérieur.
Après l’indépendance, l’extraversion et la dépendance persistent. En effet, l’économie
européenne et nord-américaine étaient en pleine croissance, elles avaient ainsi besoin de
matières premières dont l’Amérique latine est bien dotée. Ainsi, les pays de l’Amérique latine,
plus particulièrement ceux qui ont réussi la stabilité ont commencé à satisfaire la demande
étrangère, d’où une division internationale du travail. En effet, l’Argentine s’est spécialisée
dans l’élevage et les céréales, le Brésil, la Colombie et d’autres pays dans le café, caoutchouc,
cacao et bananes. La Bolivie et le Chili dans les Minerais.
Toutefois, l’extraversion a produit une combinaison particulière : Dépendance et
développement :

B. Une extraversion qui dure et se transforme

Le système d’extraversion a connu des ruptures suite à trois évènements majeurs :


 La Première Guerre Mondiale : En effet, les économies exportatrices latino-
américaines avaient besoin d’importer les produits européens. Or, la PGM a fini par
détériorer les économies européennes jusqu’à ce qu’elles n’arrivent plus à exporter
leurs produits en Amérique latine. De ce fait, les prix des exportations de tous les

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produits européens ont augmenté ce qui favorisé encore une fois la dépendance de
l’Amérique latine aux exportations européennes. Comme résultats : Premièrement,
les exportations latino-américaines se sont orientées vers les Etats-Unis puisque
l’Europe n’arrivent plus également à se procurer les matières premières de
l’Amérique latine, ce qui a suscité un basculement de l’hégémonie de l’Europe vers
les USA.

 Crise de 1929 marque une autre rupture : La diminution des importations nord-
américaines et européennes suite à la crise et la baisse du niveau des prix mondiaux
a fait baisser les revenus d’exportations pour l’Amérique latine. De plus, le marché
international des capitaux s’est effondré et dont les transferts de capitaux vers
l’Amérique latine sont devenus négatifs entre 1929-1932. A cela s’ajoute, les
mesures protectionnistes américaines (Loi Hawley Smoot), qui ont imposé des
droits de douane élevés sur les exportations latino-américaines. De plus, les
économies d’enclaves où les industries d’exportation ont été détenues par des
compagnies étrangères, comme le cas du Chili, ont été plus touchées par la crise que
l’Argentine et l’Uruguay où les économies étaient entre les mains d’une bourgeoisie
nationaleL‘économie extravertie entre alors en crise remise en question de
ce modèle économique.

 Crise politique: Entre 1930 et 1935, la quasi-totalité des pays d'Amérique latine a
connu des changements de régimes plus ou moins violents. L'autoritarisme militaire
devient prépondérant.

2. La recherche d’un modèle latino-américain de développement autocentré après la


SGM
A. La réaction des États

 Populisme, dans les années 1930 et 1940 : il s'agit de préserver l'ordre oligarchique remis
en question par la crise du modèle exportateur non pas en réprimant mais en intégrant les classes
populaires au régime politique: c'est une adaptation pour empêcher la révolution. Les dirigeants
politiques utilisent la rhétorique de la nation et du peuple, qui met en place un pouvoir empreint
de paternalisme, de démagogie et de nationalisme.
 Action des partis politiques/ Syndicats/ Leaders charismatiques: (Getulio Vargas au Brésil
entre 1930 et 1954, Lazaro Cardenas au Mexique entre 1934 et 1940, Juan Peron en Argentine
de 1943 à 1955….) par la mise en place de politiques économiques interventionnistes:
Politiques de redistribution / Industrie nationale créatrice de l’emploi/ Mesures protectionnistes/
Processus d’industrialisation renforcé.
Stimuler le développement d’une production industrielle afin de satisfaire la demande interne
et créer des emplois Industrialisation par substitution aux importations (ISI): devenue
obligation après la SGM.

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ISI: Modèle de développement économique autocentré, qui consiste à réduire la part des
importations (Augmentation des protections douanières) afin de développer le potentiel
industriel et de répondre à la demande interne. Cette forme d’industrialisation est
progressive, il s’agit de réduire les importations et de développer un potentiel via de petites
productions, puis une industrie plus lourde, avant de baisser progressivement les barrières
tarifaires afin de confronter peu à peu la productivité des entreprises locales à celles des
entreprises étrangères.

B. Le développement par l’industrialisation

 Nationalisation des secteurs clé: Pemex au Mexique en 1938 (entreprise nationale


chargée de l'extraction, de la production, de la distribution et de la commercialisation
du pétrole) / Petrobras au Brésil en 1952 (l'entreprise nationale pétrolière) / Quant à la
Bolivie, en 1952, elle nationalise les mines d'étain et les transports.
 Investissements publics dans le cadre de banque de développement (le Mexique
fonde en 1935 la Nafinsa, l'Argentine en 1944 la BIRA).

Mais tous les pays ne parviennent pas à créer un puissant secteur industriel; en 1950, trois pays
représentent les trois quarts de la production du continent: Argentine, Mexique, Brésil. La
proportion atteint les 90 % avec la Colombie, le Chili, le Pérou et le Venezuela.
L'industrialisation provoque en outre des déséquilibres intérieurs. Au Brésil, un triangle
industriel se constitue autour de Sao Polo, Belo Horizonte et Rio de Janeiro. Au Mexique, un
pôle industriel se développe autour de Mexico et Monterrey, et en Colombie de Medellin.
3. Le modèle de développement d’industrialisation par SI a montré ses limites

A. Des faiblesses propres au modèle de développement choisi

 Dépendance aux brevets et savoir-faire occidentaux


 Coût de la production industrielle élevé
 Choix d’industrialisation s’est fait au détriment des activités agricoles

En 1970, l’Argentine, grande puissance agricole du XXème siècle (de par ses X° de viande et
de céréales) s’est mise à importer des denrées alimentaires.

En plus, l’industrialisation a suscité l’endettement pour investir et servir les dépenses de


fonctionnement aupres du FMI et des banques privées (pétrodollars) avec comme garantie la
hausse des prix des matières premières et les perspectives de développement des Etats
emprunteurs

 Augmentation de la dette (Mexique, Brésil, Argentine, Venezuela) qui sont devenus les pays
les plus endettés dans le monde

Comme résultat : Dépendance maintenue malgré un modèle de développement


autocentré.

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B. Des obstacles au développement propres à l’Amérique latine

L’Amérique latine était en début de sa transition démographique : Forte croissance


démographique. A l'exception de l'Uruguay et de l'Argentine, la grande majorité des pays
d'Amérique latine ont connu des taux de croissance démographique exceptionnellement élevés
durant les années 1960-1970 Défi de nourrir et de soigner.
L’urbanisation est un autre problème qui a suscité une croissance urbaine importante qui ne
rime pas avec le potentiel en infrastructures des villes où la population rurale s’y installait.
Ainsi, les villes urbanisées ont connu la naissance des bidonvilles pour abriter la population
urbaine. Tous ces facteurs, ont engendré la fin du modèle (ISI) à partir des années 70.

Tous ces facteurs, ont engendré la fin du modèle (ISI) à partir des années 70

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II. Un autre modèle de développement qui marque un retour à l’extraversion et une


persistance de la dépendance

1. D'un modèle de développement autocentré à une ouverture économique


extravertie forcée

La fin du modèle de développement autocentré

Par un changement de régime et d'idéologie politique: A partir de 1973, avec le coup d'état
du général Pinochet au Chili, l'Amérique latine entre dans une période de dictature militaire.
Certains de ces pays, et en premier lieu le Chili, changent alors d'orientation économique: ils
adhèrent aux théories monétaristes de Friedman qui prônent l'ouverture totale de l'économie.
Dès la prise du pouvoir des militaires au Chili, il y a une remise en ordre des finances qui se
traduit par une lutte contre le déficit budgétaire, une lutte contre l'inflation, une
dévaluation, une baisse des tarifs douaniers et une privatisation des entreprises nationales.

Par la crise de la dette : Au début des années 1980, les Etats-Unis changent de politique
monétaire en augmentant les taux d'intérêt, ce qui signifie une brusque augmentation des
montants à rembourser: les taux pour les emprunts latino-américains passent d'une moyenne de
8 % entre 1970 et 1979 à 16, 5 % en 1981. De plus, les pétrodollars se raréfient avec le contre-
choc pétrolier. Les banques qui avaient excessivement prêté aux pays latino-américains
interrompent brusquement leurs versements dès que les pays débiteurs sont apparus en
difficulté, aggravant encore la situation.
Les pays d'Amérique latine doivent rembourser alors que les recettes d'exportation diminuent
car le cours des produits agricoles et des matières premières s'effondre et qu'ils ne peuvent plus
emprunter. En outre, il y a eu une fuite des capitaux étrangers en Amérique latine qui aggravé
la situation.
En 1982, le Mexique se déclare en cessation de paiement des intérêts de sa dette Crise de la
dette.
Il s’agit du fameux consensus de Washington mis en place pour les Etats endettés pour se
tourner vers la libéralisation économique et d’opter vers une production industrielle
tournée vers les exportations.

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Le retour de l’extraversion dans les années 1990 sont marquées par :

 L'ouverture économique des pays latino-américains, l'afflux d'investissements directs


étrangers et la relance de la croissance dans ces espaces, mais la région ne représente
encore que 5,2 % des exportations et 4,8 % des importations à l'échelle mondiale.
 La libéralisation des échanges: abaissement des droits de douane et des obstacles non
tarifaires. (45 % en 1985 pour les droits de douane à 10 % depuis les années 1990). Les
obstacles non tarifaires se sont eux aussi effondrés et ont disparu dans certains pays comme
la Bolivie, le Chili ou l'Uruguay
Résultats contrastés : soudaine exposition à la concurrence internationale et la
désindustrialisation amorcée par la crise de la dette s'aggrava / conquête de nouveaux
marchés (soja brésilien et les fruits chiliens).
 Privatisation des entreprises publiques (96% des entreprises aux Chili)/ IDE sous formes
d’acquisition d’entreprises publiques Secteur: Energie transports (désengagement de
l’Etat)/ Tourisme/ Finances/ Distribution (carrefour)

Comme résultats : Essor économique mais inégal (puissances émergentes (Mexique, Brésil
face à des pays pauvres comme Haiti), avec une réorganisation d’espaces productifs et des pôles
de développement (Sao Paulo/ Mexico/ Santiago/ Buenos Aires. Mais qui doit faire face à la
Concurrence Sud-Est asiatique qui fragilise l’industrialisation.

2. Le développement enfin atteint?

Avec l'insertion à la mondialisation depuis les années 1980-1990, le niveau de vie a globalement
progressé en Amérique latine. Mais ce progrès reste fragile. D'un côté le sous-continent
apparaît relativement développé selon les critères du PNUD. Entre 1975 et 2014, I'IDH moyen
a progressé, passant de 0,651 (niveau moyen) à 0,748 (niveau élevé) avec de grandes disparités
entre Haiiti (0,483), cas extrême de pauvreté, et les pays du cône sud comme le Chili et
l'Argentine qui se distinguent du reste du continent en formant un ensemble cohérent au
développement relativement élevé (IDH supérieur à 0,830).
De plus, les sociétés latino-américaines sont parmi les plus inégalitaires du monde: 10 %
des habitants les plus riches reçoivent de 40 à 47 % des revenus totaux alors que 20 % des plus
pauvres ne perçoivent que 2 à 4 % des revenus. Le sous-continent reste l'une des régions du
monde où le coefficient de Gini est le plus élevé (presque partout supérieur à 0,50, contre 0,30

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en Europe). Les ressources et les moyens productifs sont concentrés entre les mains de l'élite
économique et politique: cette structure sociale s'est perpétuée jusqu'à nos jours. Au Brésil, 1
% de la population détient 53 % des richesses nationales. Le cas le plus extrême est celui de la
Colombie, où près de 70 % des terres productives se concentrent dans 0,4 % des exploitations
du pays. Le pays le plus égalitaire en Amérique latine est l’Uruguay dont 18% des terres
productives sont détenues par 1% des grandes exploitations alors que 81% des terres
productives sont détenues par des petites exploitations familiales.
Malgré l'amélioration du niveau de vie, la pauvreté persiste: elle touche en moyenne 35 % de
la population avec de grandes différences selon les pays (au Mexique, 37,1 % de la population
vit sous le seuil de pauvreté, en Argentine, 4,3 %). Celle-ci a explosé et a touché 48,3 % de la
population lors de la « décennie perdue » (années 1980-1990) quand, pour sortir de la crise de
la dette, les États latino-américains ont mis en application les principes du consensus de
Washington prônés notamment par le FMI qui se sont traduits par des coupes dans les dépenses
publiques, y compris sociales en vue de réduire les déficits.

Au Brésil, de 2003 à 2013, le nombre de personnes en situation de grande pauvreté a


diminué de plus de 60 %, passant de 40,9 à 15, 7 millions de personnes. Cette tendance Et non
seulement le résultat d'une conjoncture économique favorable mais aussi de politiques
économiques et sociales volontaristes. Le salaire minimum a été augmenté de 2003 à 2012 de
240 à 724 réaux. L'Etat a lancé un programme de lutte contre la pauvreté avec l’instauration de
programmes sociaux comme « Fome zero » en 1998 ou « Bolsa familia » depuis 2003:40
millions de Brésiliens sortent de la pauvreté. Ces programmes sociaux pour combattre la
pauvreté sont mis en place dans la majorité des pays latino-américains et sont tons conditionnés
à la scolarisation, la vaccination...

 Le retour à l'économie extravertie, a permis une amorce de développement, une amélioration


généralisée du niveau de vie sur le continent. Néanmoins, ce choix économique a généré de
nouvelles dépendances.
3. De nouvelles dépendances

Comme elle n'est pas vraiment parvenue à s'industrialiser, l'Amérique latine a retrouvé
une croissance économique stimulée par l'exportation des ressources naturelles, mais qui
sont dépendantes de l'instabilité du marché. Le continent dispose de ressources naturelles
abondantes, ce qui lui permet de dégager des excédents pour l'exportation, tant pour les
ressources renouvelables que non renouvelables :
 Les surfaces cultivées et cultivables se sont multipliées en raison de l'espace disponible et
des conditions satisfaisantes d'approvisionnement en eau. Les réserves en terres cultivables
sont encore importantes : en Colombie, les savanes orientales sont très peu mises en valeur
en raison du manque de sécurité. La réalisation des grandes infrastructures routières et
l'amélioration des voies navigables sont lancées pour mettre en valeurs ces réserves
foncières.
 Ressources minérales: le Chili a des réserves de cuivre et lithium parmi les premières
mondiales, l'Argentine des réserves de gaz de schiste, et le Brésil est le troisième producteur
pour la bauxite et l'étain, cinquième pour le fer... transformation technologique et
législative qui a rendu possible l'exploitation des gisements à faible teneur jusqu'alors peu

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exploités. C'est le cas pour l'exploitation des hydrocarbures. Le Brésil et l'Argentine ont
développé des exploitations pétrolières off-shore dans l'Atlantique.
 4,5% de la production mondiale du gaz (1% pour le Venezuela, 0,4% pour la Bolivie, et
1,7% pour l’Argentine)
 15% de la production mondiale du pétrole (Brésil est le 3ème producteur mondial, le
Mexique est le 4ème et le Venezuela le 9ème).

L’exploitation des ressources naturelles est donc devenue le principal moteur de la croissance
économique, alors qu’elle crée des dépendances qui ont fait leur réapparition :
 Dépendance aux cours et marchés internationaux.
 Reconfiguration géoéconomique: Intérêt pour l’Asie pour certains de ses produits
primaires peu ou faiblement transformés Pérou, Chili, Mexique, participent à la
coopération économique Asie-Pacifique dans le cadre de l’APEC et se lancent dans de
grands investissements portuaires et logistiques pour acheminer les produits destinés à
l'Asie. Dans cette perspective, les États d'Amérique du Sud ont lancé au début des années
2010 le programme IIRSA (initiative pour l'intégration de la région sud-américaine) qui vise
à établir de grands corridors de circulation internationaux de l'Atlantique au Pacifique. Il
s'agit d'ouvrir le continent au commerce international.
 Dépendance aux importations de produits manufacturés, principalement ceux à faibles
coûts achetés à la Chine, qui d'un côté permettent l'accès à la consommation des classes
moyennes et populaires, mais de l'autre entravent le développement industriel (Chili ou le
Pérou). D'autres cherchent à protéger leur industrie nationale comme (Argentine et le Brésil).
 Dépendance accrue vis-à-vis des grandes compagnies qui contrôle les secteurs clés

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III. L’intégration régionale: Une autre voie au développement


1. Relance d’anciennes organisations régionales

Trois facteurs expliquent le développement du régionalisme:


 Le régionalisme doit aller au-delà de la diminution des droits de douane et de la
suppression des barrières non tarifaires.
 Les accords d'intégration comme stimulation du commerce international et
contribution â l'insertion des pays du Sud dans les marchés mondiaux:
régionalisme ouvert.
 Le troisième est l'avènement d'accords Nord-Sud tels que l'Alena ou les accords de
libre-échange passés par l'Union européenne avec le Mexique. Au début des années
1990, l'essor de l'intégration régionale est allé de pair avec la reprise de la croissance en
Amérique latine.

Exemple: Marché commun centraméricain créé en 1960 relancé en 1990: Guatemala,


Honduras, Salvador, Nicaragua et Costa Rica car la petite taille de leurs marchés constituait
un obstacle au développement : zone de libre-échange et industrialisation
 Résultat: Bénéfice mal répartis au profit du Guatemala et du Salvador à hauteur de
61,5% au détriment des autres/ Industrie de montage au profit des capitaux extérieurs/
Activités réduite dans les années 80 en raison des conflits Nouveau départ en 1991.
2. Création de nouvelles organisations

MERCCOSUR: marché commun du Sud entre l’Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay. Il


s’agit d’une Union douanière qui a engendré une forte progression des échanges et l’attrait
d’IDE Réussite de l’intégration.
Cependant, et notamment avec l’intégration de Venezuela. Des divergences sur les finalités du
MERCOSUR apparaissent : le Brésil y voit avant tout une organisation économique et
commerciale, alors que le Venezuela, qui l’a rejoint en 2006, veut lui donner une dimension
politique clairement anti-américaine surtout avec la crise de Venezuela en 2012.

L’Alliance du Pacifique: Mexique, Colombie, Pérou, Chili depuis 2011. Elle tend à intensifier
ses relations avec l’Asie En 2012, la Chine représente le 2ème importateur de ces pays.
L’UNASUR (Union des nations sud-américaines) a pris en 2008 la suite de la Communauté
sud-américaine des nations, créée en 2004. Regroupant les douze pays d’Amérique du Sud et
366 millions d’habitants, elle projette de créer une monnaie, un parlement et un passeport
communs. Et des perspectives d’une armée commune sont même évoquées par certains
dirigeants.
Mais les difficultés économiques et politiques de nombreux pays, les rivalités entre eux et
parfois l’absence de complémentarité donnent à l’UNASUR un caractère surtout velléitaire.
PROSUR : Comme un nouveau projet d’actualité suite au retrait de plus de la moitié des
membres l’UNASUR. A cet effet, PROSUR pourrait-elle combler efficacement les fragilités
de l’UNASUR ?

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