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LICENCE 1
Administration Economique
Et sociale
HISTOIRE ECONOMIQUE ET SOCIALE | chapitre 2 - de la première mondialisation aux premières crises
3 La crise de 1929
o 4.3 Le bilan de la 2e GM
o 5.3 Conclusion
Cette période est aussi une période de globalisation sans précédent et, à certains égards
(ouverture des économies, mouvements des capitaux et des personnes), la
mondialisation était au moins aussi avancée qu’elle ne l’est au début du 21ème siècle.
Depuis le milieu du 19ème siècle, les investissements internationaux sont en plein essor.
L’Angleterre et la France investissement massivement partout dans le monde. La notion
de « risque pays » n’existe pas. Les investisseurs ont la certitude que, sous réserve
d’une gestion saine des projets, leurs fonds seront rentabilisés.
L'opposition entre Europe du Nord et Europe du Sud. L'Europe de 1914 ne forme pas
un ensemble homogène. Elle est constituée d'États qui présentent des situations très
diverses
o du point de vue de l'étendue (vastes empires et petits pays) ;
o du point de vue de la population (plus de 140 millions de Russes, 65 millions
d'Allemands, 45 millions de Britanniques, à peine 40 millions de Français et
seulement 36 millions d'Italiens et 20 millions de Turcs) ;
o du point de vue du système politique (républiques et monarchies ; régimes
démocratiques parlementaires et autocraties ; unifications politiques anciennes ou
au contraire tardives et récentes ; États plus ou moins centralisés ; États plus ou
moins intégrés autour d'une nation et États multinationaux) ;
o du point de vue économique (Europe industrielle du Nord-Ouest et Europe
agrarienne du Sud et de l'Est).
Les rivalités entre puissances européennes. Elle s'exprime à trois niveaux. :
o sur le plan des nationalités
Dans les pays neufs, comme les Etats-Unis, mais aussi en Europe, l’effort de
guerre et la pénurie de main-d’œuvre se traduisent par une rationalisation
économique et des progrès de productivité.
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En 1921 alors que règne un mécontentement général lié à la guerre et que certaines
régions souffrent de famine, LENINE (1870-1924) au 10ème Congrès du parti
communiste, fait connaître sa décision de mettre en œuvre une « Nouvelle Economie
Politique», dont les principaux axes sont la réconciliation avec le monde paysan (la
redistribution des terres est arrêtée et les paysans peuvent librement commercialiser
leurs surplus sur les marchés locaux), la reconstitution d’un secteur privé (les usines de
moins de 10 ouvriers sont rendues à leur propriétaire, le travail obligatoire est supprimé
et la hiérarchie des salaires réintroduite), le retour progressif au rouble sur le plan
monétaire, le rétablissement partiel de l’héritage et enfin l’encouragement au retour des
investisseurs privés étrangers
Vers la fin des années 1920, STALINE qui a succédé à LENINE décide de renoncer à la
Nouvelle politique économique (NEP) et impose la planification. Le premier plan débute
en 1928 privilégiant l’industrie lourde. Dans les campagnes, les terres sont à nouveau
collectivisées, des fermes d’Etat, les kolkhozes, sont créées, ainsi que des coopératives
paysannes, les sovkhozes. Ces modifications se font dans un climat de terreur et
provoquent des famines en Ukraine en 1933-1934, ainsi que des déportations massives
et arbitraires. Une industrialisation rapide axée sur la sidérurgie, les chemins de fer et
autres industries lourdes et polluantes s’ensuit dans les années 1930, à un prix humain
insensé et au détriment des industries de consommation.
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Les difficultés économiques sont encore aggravées par la crise de 1929 qui éclate aux
Etats-Unis, quand les banques américaines font faillite, entraînant celles de banques
autrichiennes et allemandes à qui elles avaient consentis des prêts importants.
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3 La crise de 1929
La crise de 1929 éclate au milieu de la prospérité générale. La rapidité avec laquelle elle
se répand a surpris tous les observateurs. Aucun remède ne parvient à résorber le
chômage massif et la crise de confiance engendrés. Même le New Deal, inspiré par les
théories keynésiennes, ne parvient pas à remettre l’économie américaine sur le sentier
de croissance qu’elle a connu durant les « années folles ». Il faudra attendre la seconde
guerre mondiale, puis le plan Marshall et les années 1950 pour connaître à nouveau ces
taux de croissance.
Les signes de prospérité sont partout. Chaque américain jouait en bourse et comptait
bien s’enrichir car la valeur des actions ne cessait d’augmenter depuis 1919, soit près de
10 ans d’augmentation. Si l'on refait le calcul en suivant l'évolution réelle du cours des
actions on s’aperçoit que 400 dollars investis en 1919 sur le marché boursier seraient
devenus 21 000 dollars en 1929, juste avant le krach, soit une multiplication par 52 de
la mise initiale. Plus le temps passait, plus la prospérité s'installait et plus les américains
étaient persuadés qu'en investissant habilement en bourse, ils pouvaient devenir riches.
Tout change le jeudi 24 octobre 1929, baptisé le jeudi noir, date à laquelle le marché
s'effondre. Avec la crise, des millions d'américains qui avaient investi leurs économies en
bourse furent ruinés. Le pouvoir d'achat s'effondra brutalement. Les entreprises
fermaient les unes après les autres et le chômage augmenta dramatiquement. Plus de la
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d'un côté les puissances de l'Axe, dictatures fascistes qui exaltent le chef, l'Etat tout
puissant, la discrimination raciale, la force, le droit de conquérir le monde, et qui
prétendent instaurer partout de gré ou de force un « ordre nouveau » ;
et de l'autre les Etats de la Grande Alliance et les mouvements de résistance qui
déclarent défendre les valeurs de liberté, de démocratie et les droits de l'homme.
C'est une guerre qui s'appuie sur des stratégies résolument offensives : « guerre éclair »
; batailles de chars (Koursk) et batailles aéronavales (Pearl Harbor, Midway) de grande
ampleur ; débarquements massifs (opérations Torch et Overlord).
Une guerre motorisée qui met massivement en œuvre des moyens de destructions de
plus en plus puissants (chars, bombardiers, porte-avions).
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Une guerre qui s'appuie sur la production de masse et standardisée d'armes de plus en
plus destructrices et de moyens de transports dont la vitesse, le rayon d'action et la
capacité ne cessent de croître : V1 et V2 allemands ; B29 américains ; bateaux de
transport Liberty ship.
Pour gagner la guerre, il faut avoir la capacité de construire plus d'avions, de navires, de
chars, de canons que l'adversaire ne peut en détruire.
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C'est une guerre sans merci qui ne peut s'achever que par la défaite totale de l'un des
deux camps.
4.3 Le bilan de la 2e GM
Dans les pays les plus touchés, la surmortalité a frappé davantage les jeunes et le sexe
masculin, entraînant une féminisation et un vieillissement de la population (aggravé par
le déficit des naissances), ainsi qu'une diminution de la population active. Les séquelles
démographiques sont cependant moins durables qu'après la 1ère guerre mondiale. On
enregistre avant même la fin du conflit une reprise de la natalité, amplifiée après la
guerre par un baby-boom de grande ampleur et de longue durée.
Les dévastations matérielles considérables, et seuls les États-Unis sont épargnés. Les
pays les plus touchés sont l'URSS, la Pologne, la Yougoslavie, l'Allemagne et le Japon.
Les destructions entraînent une paralysie des transports et de l'appareil productif, et un
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La guerre a révélé la puissance militaire de l'URSS et lui a permis de réaliser une double
expansion :
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La guerre a mis en évidence les faiblesses et les divisions des puissances coloniales et
réveillé les nationalismes indigènes. Elle a entraîné l'effondrement des empires coloniaux
des pays vaincus et conduit les vainqueurs, tantôt à faire des concessions, tantôt à
réprimer. La décolonisation est en marche, mais il apparaît déjà qu'elle va se faire au
prix de guerres meurtrières :
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Pendant les deux guerres mondiales, les pays colonisateurs n’hésitent pas à puiser dans
leur vivier colonial. Des unités prélevées souvent de force dans toutes les colonies ont
donc participé activement à l’effort de guerre.
Ainsi, pendant la 1e GM, l'armée française a recruté près de 158 000 hommes en Afrique
du Nord et 134 000 en Afrique noire... Tous les pays africains sont impliqués. Des
affrontements ont également eu lieu sur le sol africain. Si l'Afrique dispose de peu de
soldats de formation au début des hostilités, commence alors une “véritable chasse à
l’homme”, aussi qualifiée de nouvelle traite des Noirs. Nombreux sont les hommes,
femmes et enfants, recrutés, souvent de force, pour servir de porteurs et suppléer aux
moyens dont dispose traditionnellement l’intendance pour ravitailler les armées, comme
la route, le rail ou les animaux de charge. Plus de 150.000 soldats et porteurs perdent la
vie au cours du premier conflit. Le nombre des blessés et mutilés est encore plus élevé.
Le rapatriement des soldats est accompagné en 1918-1919 par une épidémie de grippe
qui touche tout le continent.
Durant la 2e GM, les sujets français des colonies étaient de nouveau soumis au
recrutement et à la conscription. Déjà, à partir de 1930, 15.000 hommes furent recrutés
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Jusqu’en juin 1940, l’Afrique du Nord fournit à elle seule 216.000 hommes dont 123.000
Algériens. De 1943 à 1945, 385.000 hommes originaires d’Afrique du Nord, dont
290.000 Algériens, Tunisiens et Marocains, participent à la libération de la France.
L’armée d’Afrique intervient dans la libération de la Corse (septembre-octobre 1943), la
campagne d’Italie (entrée à Rome le 15 juin 1944), la campagne de Provence (août
1944) avant de remonter vers le nord pour rejoindre l’ensemble de l’armée française.
Pour l’Afrique noire, l’effort de guerre ne consistait pas seulement à fournir des soldats
mais aussi des matières premières et des denrées alimentaires qui étaient prélevées sur
la production de la population locale dans des conditions parfois dramatiques.
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La guerre eut néanmoins quelques contrecoup heureux : au Sénégal par exemple, une
fabrique d’huile végétale y fut créée, prélude à une bien timide industrialisation par
l’entreprise française Lesieur qui fut autorisée à construire une huilerie à Dakar ; sa
production atteignit 40 000 tonnes en 1941. Le gouvernement reçut des demandes
d’autres industriels sollicitant l’autorisation d’ouvrir des usines et, malgré le
conservatisme et les tracasseries administratives, le mouvement était amorcé vers une
nouvelle autosuffisance économique. Ainsi, « malgré l’opposition des industriels
métropolitains, l’huilerie se développa au Sénégal à la suite de la pénurie de matières
grasses inhérente à l’état de guerre et du manque de transport ».
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Les deux guerres mondiales ont influé directement sur la situation politique de l’Afrique
occidentale selon plusieurs modalités. Tout d’abord, la mobilisation forcée de tant
d’Africains pour la guerre suscita une vive colère chez tous les Africains de toutes les
classes et en particulier chez les épouses, les mères et les grands-mères qui ne
supportaient pas de se voir arracher maris, fils et petits-fils. Beaucoup d’Africains qui
étaient restés devaient d’ailleurs souffrir presque autant que ceux qui avaient été
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Par ailleurs, l’aspiration à vivre mieux et autrement se manifeste dans les années 1945-
1948 de façon parfois explosive en raison du régime économique et politique imposé
pendant la guerre. Les excès de « l’effort de guerre » (travail forcé, prélèvement de
produits, etc.), la pénurie et les hausses vertigineuses de prix entraînant le marché noir
combinées avec le blocage des salaires, les méthodes autoritaires de la chefferie et des
autorités coloniales, tout cela devient insupportable avec le retour de la paix. Dans ce
contexte, l’aspiration des élites à voir reconnaître leurs droits et leur vocation à jouer un
rôle économique et politique va s’appuyer sur un profond mouvement populaire dans
lequel les revendications économiques sont étroitement associées aux revendications
anticoloniales telles que l’abolition du travail forcé et de la discrimination raciale, et
l’octroi des droits politiques. Cette unanimité recouvre des divergences qui apparaissent
dès la fin des années 40 et surtout après les indépendances. Pour certaines couches
bourgeoises, l’objectif se limite à prendre la place occupée par les Européens ; pour les
masses, l’aspiration à la libération nationale est indissociable d’une aspiration à la
libération sociale. Certains leaders issus de l’élite (la minorité ayant reçu une formation
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5.3 Conclusion
La seconde guerre mondiale fut donc un événement décisif, le catalyseur d’une
transformation radicale. L’Afrique qui émergea du conflit était bien différente du mirage
de tranquillité qu’y avaient vu les colonisateurs. De ce point de vue, la période 1914-
1945 correspond non pas à l’apogée du colonialisme mais au commencement de sa
décadence. La seconde guerre mondiale rompit en particulier le silence entourant la
politique coloniale dans les années 30 et jeta l’Afrique dans une nouvelle tourmente. Elle
accéléra l’évolution d’attitudes qui avaient déjà commencé à changer, et en particulier,
de nouvelles politiques se dessinaient. Dans l’ensemble, la période 1914-1945 a vu se
cristalliser de nouvelles formes de résistance africaine, notamment des mouvements
politiques, une ébullition religieuse et culturelle, une activité syndicale nouvelle, un essor
des mouvements de grève et l’apparition du journalisme politique africain. La seconde
guerre mondiale a joué un rôle particulièrement important de catalyseur. Cette
guerre n’apprit pas à l’Europe à être moins impérialiste, mais elle apprit à l’Afrique à
être plus nationaliste et y stimule la prise de conscience politique. Les masses
paysannes, épuisées par l’effort de guerre, écoutèrent avec une attention particulière les
dirigeants qui bientôt apparurent, lorsque le moment vint d’élire des députés noirs à
l’Assemblée nationale française. Le système colonial devint d’autant plus intolérable
qu’on avait combattu à côté du colonisateur pour la liberté. L’effervescence gagna
l’Afrique tropicale tout entière ; les soubresauts, grèves, manifestations et révoltes
révélèrent le caractère de la période d’après-guerre, qui se distingua nettement de
l’immobilisme de la période précédente.
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