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Année après année, le prix des produits agricoles, sur le marché mondial, a
été déconnecté du coût de production. La pression s’est accentuée…
Produire, produire encore, produire toujours plus, en s’agrandissant, en
s’équipant, en s’endettant…
La PAC - dont il faut rappeler qu’elle n’est pas décidée par une Europe sans
visage mais par les ministres de l’Agriculture des Etats de l’Union d’une part,
par le Parlement européen d’autre part, au sein duquel les écologistes
n’occupent que 10 % des sièges – a accompagné cette dérive. Plus on est
gros, plus on produit, plus on est « aidé ». C’est la logique même du 1er
pilier de la PAC !
Année après année, les « gros » ont mangé les « petits », acculés à la
ruine, au suicide, au départ. Deux exploitations sur trois ont disparu en 40
ans !
Qui est responsable ? Nous tous, qui avons pris l’habitude d’acheter des
produits alimentaires dont l’emballage et le marketing coûtent bien plus cher
que le prix payé au paysan. Mais aussi l’industrie agroalimentaire et les
distributeurs qui se gavent ; les grosses coopératives qui vendent semences
et intrants et fixent des prix toujours plus bas pour le lait ou le grain ; les
politiques qui craignent qu’on ne déverse du purin devant leur permanence…
et les agriculteurs eux-mêmes qui, malgré leur détresse et leur colère,
continuent à voter syndicalement et politiquement pour ceux qui les ont
acculés dans cette impasse.
Moins de « normes » ? Mais toutes ne sont pas à jeter ! Les AOP n’ont-elles
pas permis de valoriser des produits et des filières de qualité ? Les normes
européennes ne permettent-elles pas une harmonisation des bonnes
pratiques et une concurrence plus loyale ? S’agit-il de faire « comme on
veut », pesticides, hormones, OGM, pollutions ? C’est hors de question !
Quant à ceux qui, à droite toute, tapent sur l’Europe à bras raccourcis, il faut
leur rappeler que la France est le pays qui, de loin, bénéficie le plus de la
PAC, que leurs élus en ont voté les dispositions qui, aujourd’hui acculent les
agriculteurs au désespoir et qu’on attend d’eux aujourd’hui un peu d’humilité
à défaut de repentir et d’excuses.
Dominique Voynet
Secrétaire régionale
EELV Franche-Comté