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STRATEGIES DE COMMERCIALISATION DES PRODUITS MARAICHERS SUR LE

MARCHE DE MAROUA

Par:
FOLEFACK Denis Pompidou * et DJOULDE Darman Roger**
*
Chercheur, M.Sc. Centre Provincial de Recherche et de l’Innovation de l’Extrême Nord, Maroua,
B.P. 33 Maroua Cameroun, Email : dfolefack@yahoo.fr
**
Chercheur, Ph.D, Centre Régional de Recherche Agricole de Nkolbisson, Yaoundé,
B.P. 2123 Yaoundé, Cameroun, Email : djouldedarman@yahoo.fr

RESUME
Au Nord Cameroun, le maraîchage constitue un appoint non négligeable dans l’alimentation et
est une source de revenus substantiels qui permet à certaines populations locales de compléter les
recettes issues de la vente du coton. A travers une analyse des stratégies de commercialisation
des produits maraîchers cette étude détermine la structure du marché, identifie les principaux
acteurs impliqués et établi les relations entre acteurs tout en dégageant les principaux contraintes.
De cette étude il ressort que, la commercialisation des produits maraîchers est très développée et
rentable. Dans les marchés, l’oignon, la tomate, le piment, le gombo et les légumes feuilles sont
les plus commercialisés. L’essentiel des produits vendus provient de : Maroua, Koza, Mora,
Mokolo et Yagoua. Cependant, il faut signaler les apports en provenance du sud Cameroun.
L’offre des produits est fortement saisonnière ce qui entraîne des fortes fluctuations des prix.
L’analyse du circuit de commercialisation nous permet d’identifier deux types de circuits :
circuits longs pour la tomate et l’oignon, avec plusieurs intermédiaires ; circuits courts pour les
légumes de type Européen, avec peu d’intermédiaires et les circuits directs pour les légumes de
type local, avec aucun intermédiaire. Malgré les bénéfices substantiels tirés de cette activité, elle
fait face à de nombreuses contraintes à savoir : l’asymétrie d’information entre acteurs, l’absence
des structures, les difficultés de transport et la mauvaise organisation logistique des filières.
Toutefois, les produits maraîchers étant hautement périssable, ils doivent être rapidement et
efficacement distribué aux consommateurs, ce qui nécessite des efforts coordonnés de la part des
acteurs dans le marché, d’où la nécessiter de mettre sur pied un système d’information du
marché et de favoriser une meilleure coordination entre acteurs.

Mots clés : Produits maraîchers, Légumes feuilles, Commercialisation, Maroua, Nord


Cameroun.
I - INTRODUCTION
En Afrique subsaharienne, la croissance rapide de la population urbaine pose un triple défi : le
défi des changements dans la composition de la demande alimentaire dus à l’urbanisation des
populations, le défi posé par la pauvreté globale des populations urbaines et le défi d’une
demande alimentaire en constante augmentation qui suppose une réadaptation permanente de
modalités de l’approvisionnement, depuis la production jusqu’à la commercialisation
(Franqueville, 1997 ; Gbeboutin, 1997 ; Temple et Moustier, 2004 ; Broutin, et al, 2005).
Dans les savanes d’Afrique centrale, l'approvisionnement en produits alimentaires des villes
constitue un enjeu important pour l'agriculture. Cet approvisionnement est assuré par un
ensemble de filières traditionnelles, notamment les filières maraîchères (Essang, 1994). Au nord
Cameroun, une réorientation des activités vers l’exploitation de la filière maraîchère a été
observé en serait une réaction à la prévention réponses aux signes précurseurs des crises
cotonnières, des risques climatiques, des incertitudes économiques et l’urbanisation rapide
(Djoulde, 2002).
Dans les zones bassins de production, notamment les bas fonds, la pression sur les exploitations
agricoles maraîchères induit une hiérarchisation accrue des territoires, au profit de ceux dont les
potentialités géographiques s’adaptent le mieux aux mutations en cours. Les périmètres irrigués
périurbains deviennent alors les milieux de prédilections avec comme atout majeur, un accès aisé
à un marché urbain rémunérateur (Essang, 1994 ; Essang, 2001 ; Temple, 2001). Ainsi, dans la
zone plusieurs acteurs sont présents dans le système de commercialisation des produits
maraîchers avec des rôles plus ou moins différents (Moustier et d’Arondel de Haye, 1995).
Les opérateurs économiques commercialisant les produits maraîchers qui animent les échanges
permettent d’approvisionner la ville de Maroua en produits maraîchers à un impact important sur
l’économie de la région. Ainsi, Ferre et al. (op. cit.) estime que la filière maraîchère contribue
donc au total pour près de 30 millions de francs CFA par jour, au revenu des différents acteurs au
nord Cameroun, soit environ plus de 6 milliards de FCFA par an.
Face à l’enjeu économique des filières maraîchères au nord Cameroun en général et à Maroua en
particulier, il est important et impératif de rassembler des informations actualisées du système de
commercialisation des produits maraîchers. Cette étude tente d’analyser les stratégies de
commercialisation des produits maraîchers dans le marché de Maroua, ce qui permettrait de
déterminer la structure du marché, d’identifier les principaux acteurs impliqués et de dégager les
contraintes de cette activité.
II- METHODOLOGIE
Cette étude s’est effectuée en zone sahélienne du Cameroun, principalement dans la ville de
Maroua. Le choix de cette ville s’est justifié par : l’intensité de la commercialisation et de la
consommation des produits maraîchers ; la présence d’une gamme variée de produits maraîchers
sur le marché ; la présence d’une ceinture de production maraîchère et enfin au vu de
l’importance économique que revêt le maraîchage dans cette ville.
En outre, les données de cette étude ont été collectées au moyen d’une enquête diagnostic et des
observations directes sur les marchés de la ville de Maroua, à travers des guides d’entretien, des
fiches de collecte. Ces données ont été collectées auprès de 60 acteurs de la filière, à savoir : 20
grossistes et 40 détaillants identifiés et choisis au hasard dans les principaux marchés de Maroua
(marché central, marché abattoir, marché du pont vert, marché de Djarengol).
Par ailleurs, les informations recueillies portaient sur : les principaux produits maraîchers
vendus ; les zones d’approvisionnement ; les moyens de transports ; les prix de vente ; les
circuits de commercialisation ; l’organisation et les relations entre acteurs ; les contraintes et les
perspectives de commercialisation. En plus de ces données primaires, une analyse
bibliographique a été effectuée pour de compléter les informations collectées.
Après la collecte des données, les logiciels Excel et Statistical Package of Social Science (SPSS)
nous ont permis de saisir les données et de faire des analyses statistiques descriptives.

III- RESULTATS ET DISCUSSION

3.1. Zones d’approvisionnement des marchés de Maroua diverses


Les commerçants sur l’immédiat ont des stratégies comportementales variées. Ils
s’approvisionnent sur des zones en fonction de l’offre de la zone et de la demande sur le marché.
Ainsi, avec le développement de l’agriculture peri-urbaine au cours de ces dernières années, les
zones d’approvisionnement les plus proches se trouvent à l’intérieur même de la ville ou à sa
périphérie immédiate.
Ainsi, cette étude a permis de constater que les commerçants préfèrent s’approvisionner
essentiellement par les zones suivantes selon leur distance par rapport aux marchés : Maroua (0-
10 km), Koza (40 km), Mora (60 km), Mokolo (80 km), Yagoua (200 km) (tableau 1), Ces zones
présentant plus ou moins des avantages comparatives. Il faut cependant signaler que le
ravitaillement de certaines zones est fortement tributaire des saisons. Les zones
d’approvisionnement identifiées ravitaillent les marchés de Maroua en produits maraîchers, selon
le tableau suivant :
Tableau 1 : Principales zones et importance relative d’approvisionnement des produits
maraîchers de la ville de Maroua
Produits maraîchers Maroua Koza Mora Mokolo Yagoua Autres Total
Pourcentage (%) d’approvisionnement de chaque zone
Oignon 66 10 8 10 - 6 100
Tomate 70 5 1 - 18 6 100
Gombo 53 - - - 47 - 100
Piment 68 3 2 11 - 16 100
Choux rouge et blanc 60 - - - - 40 100
Poivron 65 - - - - 35 100
Carotte 42 - - 24 34 - 100
Autres légumes (Foléré, 100 - - - - - 100
salade, Lalo, Aubergine, …)

Source : Résultat d’analyse


Il ressort de la présente étude que les zones les plus proches des marchés fournissent l’essentiel
des produits commercialisés. Cependant, en fonction de la spécificité et de la saisonnalité de
certaines produits, certains zones quelques soient la distance fournissent des parts plus ou moins
importantes de produits (Essang, 2001).

3.2. Stratégies d’approvisionnement des marchés


* Un approvisionnement des marchés permanent
Dans la zone sahélienne, l’accroissement rapide des villes induit de manière inéluctable
l’augmentation de la demande en produits maraîchers. Les légumes sont très sollicités pour
diverses préparations dans les ménages urbains, à titre d’exemple selon Moustier et Essang
(1996), l’oignon est présent dans près de 80 % des préparations de la ville de Maroua. Ainsi, les
détaillants dans les marchés de Maroua adoptent des stratégies d’approvisionnement journalière
et hebdomadaire afin d’éviter les ruptures de stock, avec des manques à gagner importantes.
Dans le marché, il y a une spécialisation des activités, les détaillants s’approvisionnent en
général en fonction des produits et dans les différentes zones de productions chez les grossistes
et/ou les producteurs.

* Moyens et coûts de transports


En outre, les moyens et les coûts de transport varient selon les lieux et la distance
d’approvisionnement, le type d’acteurs, le type de produit et le lieu de revente du produit. Ainsi
plusieurs moyens de transport sont utilisés dans les marchés par les acteurs pour le transport des
produits du lieu d’achat ou de production jusqu’au lieu de vente, à savoir :
• La tête, est utilisée généralement pour le transport des légumes feuilles des zones de
production urbaine, et la tomate dans les marchés de gros par les détaillants, dans ce cas il
n’y a pas de coût direct.
• Le porte tout, est utilisé pour le transport de la tomate et l’oignon du marché de gros vers
les marchés de détail dans le même marché. Le coût de transport varie de 50 – 100 Fcfa par
carton de tomate ou de 100-150 Fcfa par sac d’oignon selon la quantité et la distance.
• Le taxi moto, est utilisé pour transport des produits des zones périurbaines vers les
marchés. Son coût varie généralement de 200 – 500 Fcfa par sac ou groupe de carton, selon
la distance et le type de produit.
• Le car ou camion, est utilisé pour le transport du produit des zones de productions les plus
éloignées du marché ou d’une ville à l’autre. Il est utilisé généralement pour le transport de
la tomate et de l’oignon. Le coût de transport est très variables selon les saisons, la distance
et le type de produits. Il est en moyenne de 100-200 Fcfa par carton de tomate et ou 200-
500 Fcfa par sac de 100 Kg d’oignon.
Enfin, il est nécessaire de signaler que le transport des produits maraîchers est assuré
exclusivement par les personnes de sexe masculin et se fait pour la plupart par des opérateurs
privés, qui semble faire des bonnes affaires en fonction de l’offre des produits par saison.

3.3. Stratégies de commercialisation des produits maraîchers


L’offre des produits sur les marchés est fortement saisonnière. Cette saisonnalité des produits
entraînent une fluctuation et une instabilité permanente des prix sur les marchés. Du fait de la
multiplicité des produits et des mesures de ventes sur les marchés, nous allons effectuer notre
analyse des plus importantes sur le marché.

*Oignon
Le commerce de l’oignon dans la zone est très convoité et rentable, surtout à cause du
développement des échanges commerciaux avec le sud du pays. Dans les marchés, les prix
reflètent l'équilibre entre l'offre et la demande. Il existe une productivité des saisons de
production et des apports sur les marchés. Cette productivité se reflète parallèlement dans les
prix qui subissent des fluctuations en sens inverse du volume des apports. En saison sèche,
correspondant à la période d’abondance, les prix moyen de gros sont de 5 000 Fcfa par filet (sac
de 50 kg) et 9 000 Fcfa par sac de 100 kg. En saison de pluie par contre, les prix augmentent
significativement jusqu’à 15 000 Fcfa par filet et 30 000 Fcfa par sac de 100 kg. En ce qui
concerne le détail, il est vendu généralement en tas de 50 Fcfa, 100 Fcfa et 200 Fcfa durant toute
l’année, soit 100 à 190 Fcfa par kg). Cependant, il faut noter la baisse importante des quantités
offertes sur ces prix en saison de pluie. Ces variations pouvant atteindre environ 50 % par
rapport à la période d’abondance.

*Tomate
La tomate fait partie des produits faisant l’objet d’un commerce florissant en gros et en détail.
L’étude nous permet de constater une forte variation saisonnière des prix de gros et de détail
avec une influence importante sur la consommation des ménages. En saison de pluie (juin -
novembre) les prix varient de 1 000 Fcfa à 2 500 Fcfa par carton de Diamaor d’une capacité de
18 à 20 kg avec une légère baisse. Par contre, en saison sèche (décembre – mai) les prix
grimpent jusqu’à 6 000 Fcfa à 7 500 Fcfa par carton de Diamaor, dans cette période la tomate
provient majoritairement du sud.
Pour ce qui est du prix de détail l’évolution des prix est fonction du prix de gros. Les ventes sont
effectuées en tas sur des étagères ou au sol, avec des prix allant de 50 Fcfa, 100 Fcfa à 200 Fcfa
par tas (soit, 100 Fcfa à 250 Fcfa par kg). On observe cependant, de grande variation sur les
quantités offertes par tas, en période de pénurie (saison sèche) qu’en période d’abondance
(saison de pluie).

* Piment
Le piment frais faisant l’objet d’un commerce intense dans les marchés est le gros piment jaune
et rouge. Les prix de ventes du piment subissent des variations saisonnières. Ainsi, les prix de
vente du carton du Diamaor de piment frais est d’environ 2 000 Fcfa et 3 000 Fcfa
respectivement en saison de pluie et saison sèche. Quant aux prix du détail, ils varient de 50 Fcfa
à 100 Fcfa par tas. Les quantités par tas fluctuant inversement aux prix de gros sur les marchés.

*Foléré
Le commerce du Foléré dans la région prend de plus en plus une part importante des activités de
commercialisation des produits maraîchers. Tandis que les feuilles du Foléré sont très appréciées
pour les sauces, les pulpes de fleurs rouges sont rentabilisées par la fabrication du jus de Foléré
(jus très consommé surtout en période de forte chaleur). La saisonnalité des prix est observé
surtout pour les feuilles du Foléré. Ils varient de 700 Fcfa à 1 000 Fcfa par sac de légumes
feuilles en saison de pluie à 1 500 Fcfa à 2 000 Fcfa en saison sèche, par contre, pour le Foléré
sec utilisé pour le jus, le prix fluctuent entre 15 000 Fcfa à 20 000 Fcfa par filet. En ce qui
concerne le détail, les feuilles vertes sont généralement vendues à 50 Fcfa et 100 Fcfa par tas,
tandis que le Foléré sec est vendu de 250 Fcfa à 350 Fcfa par petite assiette. Enfin, le jus du
Foléré est vendu à : 25 Fcfa pour le ¼ de litre ou petit sachet, 50 Fcfa pour le ½ litre et 150 Fcfa
pour 1.5 litre de jus d’oseille.

* Gombo
Le prix de vente du gombo sur les marchés de Maroua est fonction des saisons. Ainsi, on observe
des légères haussent de prix en saison sèche. Les prix d’achat aux producteurs varient de 400
Fcfa à 600 Fcfa par carton de Diamaor en saison de pluie à 1 500 Fcfa à 2 000 Fcfa en saison
sèche. Pour ce qui est du prix de détail, le gombo est vendu en tas de 50 Fcfa et 100 Fcfa durant
toute l’année, seulement on observe des variations importantes des quantités offertes par tas et
inversement proportionnel aux quantités offertes sur les marchés.

*Lalo et Gouboudo
Le Lalo et le Gouboudo font partie des légumes de type locaux très commercialisés dans les
marchés de Maroua. Les prix de vente de ces produits sont très fluctuants en fonction des saisons
avec quelques variations mensuelles. Les prix de ces légumes feuilles varient de 700 Fcfa – 900
Fcfa par filet (sac d’engrais) en saison de pluie par contre, à 1 000 Fcfa à 1 500 Fcfa par sac en
saison sèche. Pour ce qui est des prix de détail, ils sont de 25 Fcfa, 50 Fcfa et 100 Fcfa par tas de
légumes feuilles. Les quantités offertes dépendant de l’évolution du prix de gros sur le marché et
des quantités disponibles.

*Choux blanc et rouge


L’analyse du marché, nous permet de constater une variation saisonnière des prix du chou blanc
et rouge bien que sa commercialisation ne soit pas si intense dans la zone. Ainsi, en saison de
pluie, les prix sont relativement bas, avec en moyenne 50 Fcfa – 100 Fcfa par tête de choux,
tandis qu’en saison sèche les prix sont de 100 Fcfa – 150 Fcfa par tête.

* Carotte
Ce légume spécial est produit dans la zone, juste en saison sèche (décembre – mai), on enregistre
des variations de prix en début et en fin de production. Ainsi, dans les marchés de Maroua les
prix de vente en gros varient de 5 000 Fcfa à 6 000 Fcfa par sac en début de période contre, à 9
000 Fcfa à 10 000 Fcfa par sac en fin de période. Pour le détail, les détaillants pour la plupart
ambulant vendent en petit paquet de 25 Fcfa, 50 Fcfa et 100 Fcfa. Les quantités offertes pour ces
prix suivent une évolution du prix de gros durant la période de production.

*Aubergine, Poivron, Courgette, Poireau, Salade…


Dans les marchés de Maroua, on enregistre des variations mensuelles importantes. De manière
générale les variations saisonnières sont très peu observées du fait de l’approvisionnement
constate des marchés. Ainsi, on observe que durant toute l’année les prix de détails du poireau,
poivron sont de 25 Fcfa, 50 Fcfa, 100 Fcfa par petit tas, tandis que les aubergines, les courgettes
et les betteraves sont vendus à 50 Fcfa – 100 Fcfa par unité. Enfin, pour le cas de la salade, il est
vendu selon les quantités demandés de chaque client, à titre d’exemple, nous avons observé en
moyenne environ 4 à 5 tiges de salades à 100 Fcfa.

3.4. Diversités d’acteurs dans le circuit de commercialisation


A Maroua, on observe dans le circuit de commercialisation, une certaine spécialisation des
acteurs autour des catégories de produits pour la vente en détail ou en gros. Ainsi, les acteurs
sont spécialisés dans : l’oignon ; la tomate ; les légumes de type Européen (Salade, Carotte,
Choux, Aubergine, Poireau, Courgette, …) et les légumes locaux (Gombo, Foléré, Lalo,
Gouboudo…). Dans le cadre de cette étude, nous considérons pour notre analyse les acteurs les
plus prépondérant dans le circuit de commercialisation, à savoir : les grossistes, les
intermédiaires et les détaillants.

* les grossistes
La production maraîchère de la zone urbaine de Maroua n’étant pas suffisante pour satisfaire la
demande des marchés de Maroua. Elles sont chargées de collecter ou d'évacuer la production
vers les zones de consommation. Elles livrent les quantités achetées des zones de production sur
les principaux marchés de consommation à des détaillants. Les grossistes sont des acteurs très
importantes dans la filière oignon et tomate, pour approvisionner les marchés en volume de
produit importants.
Cette activité est exercée par des personnes de sexe masculin, qui sont pour la plupart des
commerçants spécialisés dans le commerce du gros possédant ou non des camions. Les
grossistes entretiennent des relations très intenses avec les producteurs et les détaillants, ce qui
régularise harmonieusement leurs échanges. Cette activité est très rentable pour ces acteurs.
* Intermédiaires ou dilalis
Les intermédiaires sont présents entre grossistes et producteurs. Ils sont des maillons important
de la filière (oignon), car, interviennent dans la régulation au sein du marché car ils acceptent les
produits quelle que soit la situation sur le marché [Ferré T. et al. (1996)]. La plupart des
commerçants ne connaissent pas les producteurs : il confient aux intermédiaires le soin de
collecter les quantités dont ils ont besoin. Cette opération doit se faire rapidement pour permettre
aux commerçants, informé régulièrement de l’évolution des prix sur les marchés, d’expédier
leurs produits. Son rôle consiste à repérer les producteurs, leur distribuer les sacs vides des
commerçants, en surveiller le remplissage et assurer le chargement des camions. Il perçoit pour
ce service une rémunération d’environ 200 Fcfa par sac.

* Détaillants
Dans une région, où la pauvreté est très présente, la vente en détail des produits maraîchers est
une activité très dynamique, qui intéresse les deux sexes dans les marchés de Maroua. A partir de
leurs capitaux modestes, les détaillants commercialisent des quantités relativement importantes
et sont spécialisés par produit ou type de produit. Ils sont dispersés dans les marchés selon
l’organisation du marché. Leur offre varie selon les saisons et dépend de l’approvisionnement
des grossistes. En outre, du fait de la non structuration du marché par type de produit, on
rencontre aussi des détaillants ambulants qui distribuent surtout des produits périssables et
arrêtent leur activité pendant la saison sèche (offre faible). On rencontre aussi bien des détaillants
de rue qui proposent des petites quantités de produits pour les ménages du quartier. Enfin, les
revenus des détaillants sont modestes, ils varient de 500 Fcfa à 3000 Fcfa par jour selon les
saisons et les produits vendus.

3.5. Des circuits de commercialisation complexe en fonction des produits


L’analyse des circuits de commercialisation met en exergue trois types de circuit à travers lequel
les produits transitent des producteurs aux consommateurs (figure 1) :
• Les circuits longs ou complexes pour l’oignon et la tomate. Les filières longues
empruntées par la tomate et l’oignon sont liées à la durée de conservation ou
périssabilités des produits, aux volumes et aux zones de production. Quatre ou cinq
intermédiaires interviennent le plus souvent dans la distribution : grossiste, semi-
grossiste, intermédiaire, détaillant.
• Les circuits courts pour les légumes de type européen. Dans ces cas, il existe peu
d’intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs.
• Les circuits directs pour les légumes de type locaux, où il n’existe presque pas
d’intermédiaire entre les producteurs et les consommateurs.
Dans ce circuit dans la zone, l’on observe qu’en période de surproduction les grossistes attendent
que les maraîchers viennent les trouver alors qu’en période de rupture, les grossistes se déplacent
sur les champs pour continuer leur activité. C’est l’occasion pour eux de nouer des relations avec
les maraîchers. Le même phénomène est observé en période de surproduction entre les
intermédiaires et les détaillants : les intermédiaires se déplacent vers les détaillants pour vendre
la marchandise qui leur est confiée et qu’ils ne peuvent pas refuser. En période de pénurie ou
pour les autres légumes, les détaillants doivent se déplacer et trouver les producteurs, la demande
étant supérieure à l’offre. Les maraîchers quant à eux se déplacent rarement, ils attendent les
détaillants dans leur champ (ils se déplacent quelquefois en période de surproduction pour
certains produits). Nous constatons aussi que la majorité des produits maraîchers vendus dans les
marchés de Maroua proviennent des circuits locaux (dans la province de l’extrême nord) et/ où
régionaux (sud du pays vers l’extrême nord).
Enfin, dans les circuits de commercialisation, la régulation du marché se réalise au niveau de
tous les acteurs. On constate qu’en période d’abondance le crédit est courant et accepté pour tous
les acteurs. Par contre en période de pénurie, le crédit n’est plus accepté, ce qui conduit à
l’élimination des acteurs les plus pauvres qui se replient alors sur la vente d’autres produits où
arrête l’activité.
CONSOMMATEURS

DETAILLANTS DETAILLANTS

GROSSISTES

INTERMEDIAIRES

Oignon Légumes de type Légumes de type


Tomate Européen local

PRODUCTEURS
Légumes de type local : Gombo, Lalo, Foléré, Gouboudou…
Légumes de type Européen : Choux, Poireau, Poivron, Carotte, piment…

Figure 1 : Circuit de commercialisation local des produits maraîchers

Source : Résultat d’analyse

3.6. Des contraintes de la commercialisation assez forte


La commercialisation des produits maraîchers dans la zone est soumise à plusieurs distorsions
qui entraînent le dysfonctionnement des marchés dans la ville de Maroua. Ainsi, nous pouvons
citer entre autres :

* Asymétrie d’information
L’asymétrie d’information observé dans les filières ne porte pas uniquement sur la qualité des
biens mais aussi sur la connaissance des « prix de marché » : des petits producteurs isolés ayant
un accès restreint à l’information sur les prix moyens pratiqués sont en situation d’infériorité vis-
à-vis des commerçants et grossistes. Cette situation est du probablement en raison de
l’émiettement des structures de production, de la vitesse de dégradation des produits, de la non
standardisation des unités de mesure. Cela est source d’instabilité des prix qui perturbent
l’efficacité des ajustements entre l’offre et la demande dans les marchés.
*Absence des structures de marchés
Le développement des cultures maraîchères dans la zone ne s’est pas accompagné d’une
politique d’aménagement des marchés avec des structures de marché adéquates et adoptés. Ainsi,
l’on observe une saturation et mauvaise organisation des marchés, ce qui suscite l’apparition de
marchés spontanés informels sur les bords de route ou dans les quartiers et la vente ambulante.
Les problèmes posés par ces nouveaux marchés sont l’absence de protection contre les
intempéries mais également l’absence d’aménagements favorisant la circulation des produits ou
de dispositions concernant l’évacuation des déchets, d’où des engorgements fréquents et par
conséquent le problème de qualité. On note aussi, une absence des structures de stockage
(magasin, chambre froide) et de capacité de transformation dans nos marchés. Face à la
saisonnalité et la périssabilité des produits, cela entraîne des pertes énormes pour les producteurs
et les commerçants. Car ils n’ont pas la possibilité de stocker et de transformer les produits en
période de grandes productions.

*Difficultés de transport
Ces problèmes se rencontrent d’une part à cause de l’atomisation de l’offre et d’autre part du fait
de l’éloignement des producteurs par rapport aux marchés. Dans les marchés, les commerçants
éprouvent d’énormes difficultés de transport des produits des zones de production vers les
marchés. L’on observe des difficultés pour les producteurs par exemple d’oignons de trouver des
transporteurs les conduisant sur des marchés (Maroua, du sud du pays et en République
centrafricaine) en période de grandes récoltes. On peut aussi signaler le mauvais état des pistes
en zone périurbaine et enfin, on note, des tracasseries policières qui ne permettent pas toujours
aux commerçants de transporter les produits dans les meilleures conditions jusqu’au différents
marchés. Tout cela entraîne des coûts de transactions importantes, qui augmentent les prix de
détail et limitent la commercialisation des produits.

*Mauvaise organisation logistique des filières


Dans la zone, on observe une mauvaise organisation des acteurs des filières tant au niveau du :
Transport, conditionnement, expédition, vente dans les marchés. Ces facteurs sont également
rattachés à l’instabilité forte de ces marchés pour des produits frais. Cette mauvaise organisation
à un impact sur la fluidité des échanges des produits frais. Enfin, la surproduction conjoncturelle,
qui provoque l’effondrement des cours est fréquente dans le marché du maraîchage.
IV. CONCLUSION

L’objectif de notre étude était d’analyser les stratégies de commercialisation des produits
maraîchers dans le marché de Maroua afin de déterminer la structure du marché, d’identifier les
principaux acteurs impliqués et de dégager les contraintes de cette activité.
Il ressort de notre analyse que les produits maraîchers occupent une place importante dans les
activités de commercialisation des produits agricoles à Maroua. Parmi ces produits, l’oignon, la
tomate, le piment, le gombo et les légumes feuilles sont les plus commercialisés et consommés.
En outre, l’étude nous a permis de constater que l’essentiel des produits commercialisés dans les
marchés de Maroua, provient des zones urbaines et périurbaines de : Maroua, Koza, Mora,
Mokolo et Yagoua. Cependant, on notre quelques apports extérieurs en provenance du sud du
pays (cas de la tomate en saison sèche). L’offre sur ces marchés est fortement saisonnière et les
approvisionnements sont généralement journaliers et hebdomadaires. Plusieurs moyens de
transport sont utilisés pour assurer l’approvisionnement des marchés en fonction du type de
produit, de la distance, du type d’acteur et du lieu de vente. On a ainsi le transport par : tête,
porte tout, taxi moto, car et camion.
Par ailleurs, l’analyse des prix des produits sur les marchés permet d’observer des variations
saisonnières en fonction de l’offre. L’analyse des circuits de commercialisation nous permet de
mettre en exergue trois types de circuits : circuits long pour la tomate et l’oignon, avec la
présence de plusieurs intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs : grossistes,
semi-grossistes, coxeurs et détaillants ; circuits courts pour les légumes de type européen, avec
peu d’intermédiaire et les circuits directs pour les légumes de type local, avec presque pas
d’intermédiaire.
Enfin, malgré la rentabilité de l’activité, la commercialisation des produits dans les marchés de
Maroua est soumise à plusieurs distorsions entre autres : Manque d’information sur les marchés,
absence des structures de marché, difficultés de transport des produits et la mauvaise
organisation logistique des filières. Toutefois, les produits maraîchers étant hautement périssable,
ils doivent être rapidement et efficacement distribué aux consommateurs, ce qui nécessite la mise
sur pied d’un système d’information du marché et de favoriser une meilleure coordination entre
acteurs.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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