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Développement : ensemble des problèmes structurels, qui accompagne la croissance démographique et l’élévation
du niveau de vie
« Le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la
rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global » François Perroux
Evoquer l’agriculture et la question du développement suppose de s’interroger sur les conditions de la production
agricole, les conditions naturelles, économiques et juridiques. Les systèmes de production, les performances
agricoles obtenues (bonnes ou mauvaises) permettant le développement ou non.
Les politiques agricoles menées par les Etats. Le rôle des puissances extérieures dans ce domaine. Les effets enfin de
l’agriculture sur la question de développement africain.
L’Afrique doit relever en réalité un triple défi sans lequel le développement ne peut avoir lieu :
- Nourrir la population
- Faire vivre décemment les populations rurales alors qu’elles connaissent pauvreté et sous-développement et
qu’avec l’explosion démographique les conséquences sont d’autant plus problématiques (migrations,
conflit…).
- Assurer le développement économique avec un capital primitif pouvant ensuite être investi dans le tertiaire
pour promouvoir la croissance du produit réel global.
Pour résoudre ces défis, l’Afrique dispose d’atouts remarquables : des climats qui peuvent être favorables,
superficie disponible, sols souvent de qualité, une MO abondante. Pourtant les performances sont pour le moins
décevantes pour l’instant conditionnant ainsi mal et retard de développement.
Comment expliquer cette situation et comment l’améliorer et sous quelles conditions ?
I. Constat
II. Raisons qui l’explique
III. Perspectives et solutions
On peut reprendre ce plan sur tout sujet qui porte sur une situation décevante (qui pourrait être meilleure)
2. Les systèmes agricoles traditionnels variés montrent l’intelligence capacité des producteurs
africains à s’adapter à leur milieu
- Dans les régions refuges menacées par les razzias, la forte densité de population pousse à cultiver le riz
- Ailleurs les systèmes ont été le plus souvent extensifs avec « l’Afrique des greniers » dans la savane et
pratiquant la céréaliculture (blé dans les plateaux éthiopiens)
- Dans l’Afrique des forêts, c’est « l’Afrique des paniers », l’agriculture sur brûlis est peu productive
notamment pour les céréales, en réalité l’essentiel de l’alimentation provient de 2 tubercules : le magnoc et
l’Igname
- Il existe également un autre type d’Afrique, l’Afrique des nomades qui se trouve plus au nord, là où les
conditions sont plus propices à l’agriculture, c’est l’Afrique des éleveurs où l’on fait paitre des troupeaux
pendant la saison des pluies. Le bétail étant plus souvent utilisé pour le lait que pour la viande
- A l’est, dans l’Afrique des hauts plateaux, l’altitude permet d’échapper aux contraintes de l’Afrique tropicale,
on y pratique une polyculture dans un cadre sédentaire avec une productivité permettant de fortes
concentrations de populations
3. Ces pratiques traditionnelles se sont révélées inadaptés au fil du temps à cause de la forte
croissance démographique
- A partir des années 1950-1960 l’Afrique entre dans la transition démographique avec une forte croissance
ceci aboutissant à des problèmes : l’agriculture traditionnelle n’est plus capable de répondre aux besoins de
la population
o Du fait de l’exode rural
o Mutation des pratiques alimentaires avec une demande croissante de lait, de viandes et de céréales
nécessitant des importations croissantes
o Pression croissante sur la terre du fait de la raréfaction relative du fait de l’explosion urbaine et avec
une croissance démographique posant la question de la taille suffisante des exploitations
- Face à cette situation la croissance largement extensive de l’agriculture n’est plus adaptée et les résultats
agricoles sont plus problématiques
B) Les résultats agricoles ont ainsi été globalement décevants pour les
Etats africains devenus indépendants
1. A partir des années 70-80, les conditions agricoles se sont dégradées affectant ainsi les
productions agricoles
- Dégradation des conditions climatique
o Raréfaction de la pluviométrie entrainant le début du phénomène de désertification et faisant
baisser les rendements pour la céréaliculture
o Récurrence de plus grandes sécheresses pouvant aboutir à des famines comme celle de 1984 en
Ethiopie
- L’environnement économique est moins favorable à partir des 80’
o Tendance au retournement des cours à partir des années 80-90 lié notamment à l’apparition de
nouveaux producteurs (Malaisie, Vietnam, Indonésie, Inde, Brésil) pour des produits comme l’huile
de palme, le café ou le cacao
o Protectionnisme des pays développés sur certaines productions
o Cela aboutit à une certaine surproduction entrainant la baisse des cours pouvant fragiliser certains
miracles comme celui de la Cote d’Ivoire a partir du cacao
o L’influence croissante des idées libérales ont pu également affecter les conditions de la production
agricole dans la logique du FMI avec un désengagement de l’Etat affectant l’agriculture
o La logique libre échangiste qui s’est imposée avec les accords de Cotonou en remettant en cause les
aides des accords de Lomé ont également accru les difficultés
- Dégradation des conditions politiques dans un certain nombre de régions ont abouti à la dégradation de la
situation agricole
2. Au-delà des conditions qui se sont ponctuellement dégradées, les performances agricoles restent
encore trop souvent médiocres car trop soumises aux aléas naturels
- L’Agriculture est encore largement extensive comme le montre la faiblesse notable des rendements
o La moyenne de rendements de prod céréalières en Afrique est de 17 Q/ha en 2022 ce qui est moins
des pays développés entre 80 et 100 dans la Beauce)
- Agriculture encore largement dépendante des autres secteurs, elle souffre de la faiblesse des autres secteurs
o Absence de valorisation des matières premières fautes d’industries de transformation
o Transport et logistiques largement insuffisant
- Pour les exportations les archaïsmes dominent
o Part des produits primaires pas ou peu transformés souvent de l’ordre de 80%
o Part de l’Afrique dans l’exportation mondiale diminue drastiquement (de 10% à 3-4%)
o Autre signe d’archaïsme, l’agriculture emploi 56% de la population africaine pour une part dans le
PIB de 30%
o Dépendance alimentaire particulièrement grave pour l’Afrique du Nord, le Maghreb est 20% des
importations alimentaires mondiales
- Certes toute l’Afrique n’est pas concernée de la même façon, les
2. Les faiblesses agricoles entraînent des conséquences négatives sur les autres activités
- La malnutrition induit une moindre productivité (charges de santé, absentéisme)
- L’extensivité de l’agriculture limite les ressources des Etats car les recettes fiscales sont faibles ne
permettant pas alors la mise en place d’infrastructures favorisant le développement
- D’autre part, les revenus tirés à l‘exportation ne sont pas non plus suffisants pour entrainer un
développement
La faiblesse de l’agriculture se répercute sur le reste de l’économie et n’est pas un levier de développement
efficace
3. La contrainte extérieure qui s’impose aussi aux africains dans le cadre d’une mondialisation
inégalitaire et sur laquelle par conséquent les africains peuvent difficilement jouer
- Ils n’ont pas le contrôle du prix des matières premières
- Protectionnisme des pays du Nord qui derrière un discours mobilisateur en faveur de l’Afrique n’hésitent pas
à protéger leurs agricultures subvention aux exportations (subventions des cotonniers américains au
détriment des pays du sahel Mali, Bénin, Burkina et Niger) ou normes techniques qui permettent d’éliminer
la concurrence des pays africains
- La libéralisation des échanges agricoles notamment avec les accords de Cotonou en 2000 a aussi contribué a
faciliter l’accès des produits européens aux pays africains tout en démantelant STABEX
B) Les conditions d’exploitations agricoles sont souvent problématiques
révélant ainsi une part de responsabilité africaine
1. La question de la terre pose problème pour plusieurs raisons
- Question de la superficie avec une pression de plus en plus grande sur les superficies agricoles utiles
o Croissance démographique exige a priori une demande accrue en terres cultivables
indépendamment de la hausse des rendements or cela pose plusieurs problèmes
Concurrence de l’urbanisation et des infrastructures qui diminuent le potentiel de surfaces à
utiliser
Exigences en termes de production sont telles qu’on en vient à abandonner la jachère qui
affecte le rendement des cultures
La solution des fronts pionniers atteint rapidement ses limites car en général les terres sont
de moins bonne qualité
- D’autre part se pose la question du statut de la terre
o En Afrique subsaharienne, théoriquement la terre appartient à l’Etat depuis les indépendances
laissant la jouissance des terres aux populations locales. Dans les faits la terre appartient aux
communautés rurales et dans un lignage représenté par un chef qui a à la fois une fonction sociale et
parfois religieuse. Un des rôles du chef est d’attribuer des parcelles à un chef de famille qui exploite
alors la terre en gardant l’usufruit pour une durée donnée avant que la terre ne soit attribuée à un
autre chef de famille sauf pour les cultures arbustives
o La conséquence de ce statut est que les paysans sont peu incités à se moderniser car ils ne sont pas
sûr de conserver la terre sur une durée importante. Ils ne peuvent pas non plus s’endetter car la
terre ne lui appartient pas.
- Manque de maîtrise de l’eau : l’Afrique est le continent avec le moins de terres irriguées (4% en Afrique
subsaharienne)
o Seuls l’Egypte, le Maroc, la Tunisie et le Mali ont de véritables systèmes d’irrigation
o Les barrages n’aboutissent pas à une maitrise de l’eau pour l’agriculture déficit d’infrastructures
qui limite les possibilités de croissance agricole
- Préférence pour l’extensivité plus que pour l’intensivité parce que les paysans africains préfèrent minimiser
les risques plutôt que maximiser les rendements
- Les paysans ne sont pas incités à produire davantage à cause de l’insécurité. Pas d’encouragement aux
investissements
o A cause de la confiscation des produits par des réseaux mafieux notamment
o Stratégie de faire de la polyculture plutôt qu’une seule production à cause des risques climatiques
Faible productivité de l’agriculture africaine
3. L’Afrique a peu connu la révolution verte qui a été la solution trouvée sur d’autres continents en
particulier en Asie et en Amérique latine
- L’absence de maitrise de l’eau rend compliquée l’adoption des méthodes de la révolution verte
- Manque de mécanisation
- Manque de moyens financiers et d’accès au crédit à cause de la faiblesse des institutions financières et de la
faible implication de l’Etat
La révolution verte est restée quasi-lettre morte en Afrique
Les paysans africains ont donc une part de responsabilité dans la situation agricole
2. A l’inverse, quand l’Etat ou les institutions internationales out voulu se mêler de l’agriculture, les
résultats ont souvent été décevants : échec des voies socialisante
- Villagisation tanzaniennes, fermes d’Etat en Guinée, réformes agraires en Algérie, fermes collectives
éthiopiennes les résultats ont été décevants voire pénalisant quand les monocultures imposées
appauvrissent les sols
- Les initiatives prises par les instances internationales (PNUL, FAO, Banque Mondiale) n’ont pas souvent été
couronnées de succès
o Pas assez de synergie avec les paysans locaux
o Pas les bonnes cultures plantées
o Les étrangers n’étaient pas assez compétents face aux enjeux locaux eucalyptus pour la barrière
verte s’est avéré assez contreproductive car les eucalyptus nécessitaient beaucoup d’eau et
pénalisaient donc les acteurs locaux financés par conseil international des bois tropicaux notamment
o La construction de puits dans les régions sèche n’est pas toujours très efficace : elle concentre les
troupeaux en aggravant la question des pâturages
2. Rôle des acteurs nationaux ruraux ou urbains qui peuvent être précieux pour la modernisation
- Afrique du Golfe de guinée avec acteurs du monde rural :
o Paysans innovateurs a proximité des villes avec donc des débouchés garantis
o Les femmes jouent un rôle en développant une production locale qu’elles revendent ensuite en ville
(volailles et maraicher)
o Réseau de producteurs qui se mobilisent et pèsent ensemble sur les marchés
AOPP association des organisations professionnelles paysannes du Mali qui font du
lobbying auprès des pouvoirs publics
- Des acteurs qui viennent de la ville, des investisseurs qui espèrent que les potentialités agricoles de l’Afrique
se développent
o Filière du lait en Mauritanie
o Filière des agrumes au Maroc et en Tunisie
B) Cette modernisation même si elle se fait à petits pas n’est pas absente
du continent comme le montre certaines réussites agricoles africaines
1. On constate l’essor d’un vivrier marchand désormais indéniable depuis les années 1990’
- Difficulté des cultures commerciales à cause de la DTE ou la concurrence d’autres producteurs qui ont
conduit à délaisser les cultures commerciales et se tourner vers le vivrier
- La dévaluation du franc CFA a contribué à promouvoir l’agriculture vivrière
- L’essor des villes favorise la modernisation des campagnes environnante pour satisfaire la demande des
villes, assurant des revenus aux agriculteurs qui peuvent donc investir
- L’essor de classes moyennes africaines constitue un puissant facteur de demande supplémentaire et donc de
nouveaux débouchés cultures maraichères à proximité des villes
2. Il parait nécessaire de laisser la priorité à une agriculture plus moderne ce qui n’est pas
forcément le cas
- En effet on observe un décalage entre le discours tenu par les dirigeants africains
o L’attention accordée à l’agriculture n’est pas suffisante
o La sécurité alimentaire est désormais défendue par les dirigeants africains dans le discours mais n’y
consacrent pas toujours les moyens
- Les institutions internationales en remettant en cause les aides à l’agriculture dans une logique libérale ne
vont pas forcément dans le bon sens
- L’Afrique n’utilise pas la piste des OGM
o Sauf le coton malien, diminution des prix de productions et amélioration des rendements mais au
prix d’une dépendance
3. Il parait nécessaire également de mettre en œuvre les conditions d’une plus grande souveraineté
et d’une indépendance alimentaire
- Cela passe notamment par la maitrise des 6P selon Sylvie Brunel
o Paix : les troubles politiques nuisent à l’agriculture
o Puits : améliorer la question de la maitrise de l’eau pour développer une agriculture plus efficace
o Propriété : garantir la propriété de la terre pour que les paysans puissent investir
o Prix : seul une garantie de prix décent peut encourager l’agriculteur à investir et moderniser sa
production. Cette garantie des prix à été la condition de la révoltion agricole en Europe et Amérique
du Nord
o Politiques : ne pas négliger l’agriculture
o Protection des productions locales face à la concurrence des pays du Nord
Conclusion :
L’Afrique se doit d’augmenter sa production agricole en misant davantage sur l’agriculture et les paysans qu’elle ne
l’a fait aujourd’hui. Comme dans bien d’autres domaines ont peut être à la fois afro pessimiste pour certaines
régions qui ont du mal à entrer dans cette démarche, mais on peut tout aussi être afro optimiste si l’on constate le
potentiel en réserve de l’Afrique et les quelques exemples de réussite qui montrent qu’il n’y a pas de fatalité mais
cela suppose de créer un environnement favorable qui n’est pas forcément aisé à atteindre.