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Agriculture et développement en Afrique

Accroche sur les problèmes alimentaires (Egypte), émeutes de la faim qui re

Développement : ensemble des problèmes structurels, qui accompagne la croissance démographique et l’élévation
du niveau de vie
 « Le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la
rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global » François Perroux

Evoquer l’agriculture et la question du développement suppose de s’interroger sur les conditions de la production
agricole, les conditions naturelles, économiques et juridiques. Les systèmes de production, les performances
agricoles obtenues (bonnes ou mauvaises) permettant le développement ou non.
Les politiques agricoles menées par les Etats. Le rôle des puissances extérieures dans ce domaine. Les effets enfin de
l’agriculture sur la question de développement africain.
L’Afrique doit relever en réalité un triple défi sans lequel le développement ne peut avoir lieu :
- Nourrir la population
- Faire vivre décemment les populations rurales alors qu’elles connaissent pauvreté et sous-développement et
qu’avec l’explosion démographique les conséquences sont d’autant plus problématiques (migrations,
conflit…).
- Assurer le développement économique avec un capital primitif pouvant ensuite être investi dans le tertiaire
pour promouvoir la croissance du produit réel global.

Pour résoudre ces défis, l’Afrique dispose d’atouts remarquables : des climats qui peuvent être favorables,
superficie disponible, sols souvent de qualité, une MO abondante. Pourtant les performances sont pour le moins
décevantes pour l’instant conditionnant ainsi mal et retard de développement.
Comment expliquer cette situation et comment l’améliorer et sous quelles conditions ?

I. Constat
II. Raisons qui l’explique
III. Perspectives et solutions
On peut reprendre ce plan sur tout sujet qui porte sur une situation décevante (qui pourrait être meilleure)

I. Les faiblesses de l’agriculture africaine paraissent comme


fortement dommageables pour le continent et son
développement
A)L’Agriculture africaine caractérisée par une diversité intelligente
correspondant aux conditions locales traditionnelles est désormais
inadaptée face à la vitalité de la croissance démographique
1. Après les indépendances, l’agriculture connait globalement une situation favorable même si la
modernisation reste limitée malgré les efforts des Etats
- Une situation plutôt favorable après les indépendances
o Des héritages coloniaux qui ont pu être positifs
 Agriculture d’exportation pouvant apporter des devises
o Cours des demandes agricole plutôt élevée et demande en expansion dans les pays développés
grâce à l’augmentation du niveau de vie et la croissance démographique
o Des conditions climatiques favorables
- Les Etats ont voulu moderniser les conditions de la production agricole parfois encore archaïque
o Création de sociétés d’Etat
o Mise en place de filières agricoles gérées par les Etats pour les grandes cultures commerciales (en
particulier dans des pays comme la Cote d’Ivoire)
o En Afrique du nord, les Etats ont mis l’accent sur des politiques de développement rural pour
améliorer les conditions de production agricole
- Conséquences :
o Croissance extensive car les Etats ont dû faire face à une double résistance paysanne
 Refus des populations d’être enrôlés dans de nouvelles politiques étatiques après la
colonisation (grandes plantations)
 Primauté de techniques traditionnelle adapté à une population faiblement nombreuse
o Croissance de la production agricole

2. Les systèmes agricoles traditionnels variés montrent l’intelligence capacité des producteurs
africains à s’adapter à leur milieu
- Dans les régions refuges menacées par les razzias, la forte densité de population pousse à cultiver le riz
- Ailleurs les systèmes ont été le plus souvent extensifs avec « l’Afrique des greniers » dans la savane et
pratiquant la céréaliculture (blé dans les plateaux éthiopiens)
- Dans l’Afrique des forêts, c’est « l’Afrique des paniers », l’agriculture sur brûlis est peu productive
notamment pour les céréales, en réalité l’essentiel de l’alimentation provient de 2 tubercules : le magnoc et
l’Igname
- Il existe également un autre type d’Afrique, l’Afrique des nomades qui se trouve plus au nord, là où les
conditions sont plus propices à l’agriculture, c’est l’Afrique des éleveurs où l’on fait paitre des troupeaux
pendant la saison des pluies. Le bétail étant plus souvent utilisé pour le lait que pour la viande
- A l’est, dans l’Afrique des hauts plateaux, l’altitude permet d’échapper aux contraintes de l’Afrique tropicale,
on y pratique une polyculture dans un cadre sédentaire avec une productivité permettant de fortes
concentrations de populations

3. Ces pratiques traditionnelles se sont révélées inadaptés au fil du temps à cause de la forte
croissance démographique
- A partir des années 1950-1960 l’Afrique entre dans la transition démographique avec une forte croissance
ceci aboutissant à des problèmes : l’agriculture traditionnelle n’est plus capable de répondre aux besoins de
la population
o Du fait de l’exode rural
o Mutation des pratiques alimentaires avec une demande croissante de lait, de viandes et de céréales
nécessitant des importations croissantes
o Pression croissante sur la terre du fait de la raréfaction relative du fait de l’explosion urbaine et avec
une croissance démographique posant la question de la taille suffisante des exploitations
- Face à cette situation la croissance largement extensive de l’agriculture n’est plus adaptée et les résultats
agricoles sont plus problématiques

B) Les résultats agricoles ont ainsi été globalement décevants pour les
Etats africains devenus indépendants
1. A partir des années 70-80, les conditions agricoles se sont dégradées affectant ainsi les
productions agricoles
- Dégradation des conditions climatique
o Raréfaction de la pluviométrie entrainant le début du phénomène de désertification et faisant
baisser les rendements pour la céréaliculture
o Récurrence de plus grandes sécheresses pouvant aboutir à des famines comme celle de 1984 en
Ethiopie
- L’environnement économique est moins favorable à partir des 80’
o Tendance au retournement des cours à partir des années 80-90 lié notamment à l’apparition de
nouveaux producteurs (Malaisie, Vietnam, Indonésie, Inde, Brésil) pour des produits comme l’huile
de palme, le café ou le cacao
o Protectionnisme des pays développés sur certaines productions
o Cela aboutit à une certaine surproduction entrainant la baisse des cours pouvant fragiliser certains
miracles comme celui de la Cote d’Ivoire a partir du cacao
o L’influence croissante des idées libérales ont pu également affecter les conditions de la production
agricole dans la logique du FMI avec un désengagement de l’Etat affectant l’agriculture
o La logique libre échangiste qui s’est imposée avec les accords de Cotonou en remettant en cause les
aides des accords de Lomé ont également accru les difficultés
- Dégradation des conditions politiques dans un certain nombre de régions ont abouti à la dégradation de la
situation agricole

2. Au-delà des conditions qui se sont ponctuellement dégradées, les performances agricoles restent
encore trop souvent médiocres car trop soumises aux aléas naturels
- L’Agriculture est encore largement extensive comme le montre la faiblesse notable des rendements
o La moyenne de rendements de prod céréalières en Afrique est de 17 Q/ha en 2022 ce qui est moins
des pays développés entre 80 et 100 dans la Beauce)
- Agriculture encore largement dépendante des autres secteurs, elle souffre de la faiblesse des autres secteurs
o Absence de valorisation des matières premières fautes d’industries de transformation
o Transport et logistiques largement insuffisant
- Pour les exportations les archaïsmes dominent
o Part des produits primaires pas ou peu transformés souvent de l’ordre de 80%
o Part de l’Afrique dans l’exportation mondiale diminue drastiquement (de 10% à 3-4%)
o Autre signe d’archaïsme, l’agriculture emploi 56% de la population africaine pour une part dans le
PIB de 30%
o Dépendance alimentaire particulièrement grave pour l’Afrique du Nord, le Maghreb est 20% des
importations alimentaires mondiales
- Certes toute l’Afrique n’est pas concernée de la même façon, les

3. Le retard des sociétés rurales en matière de développement en est la conséquence


- Des signes de mal développement qui s’accumulent pour les sociétés rurales
o Faiblesse du pouvoir d’achat des paysans
o Indice de fécondité record particulièrement pour les régions rurales  Région de Maradi au Niger
(8.4)
o Situation souvent désastreuse pour les femmes (faible scolarisation, forte mortalité juvénile liée a la
précocité des mariages et des grossesses, société patriarchale d’exploitation des femmes)
o Faiblesse des taux de scolarisation plus généralement
o Moindre accès à la santé (1 médecin pour 55k personnes au Mali)  41% d’urbanisation au Mali
o Les ¾ des pauvres en Afrique occidentale et centrales vivent à la campagne

C)Les conséquences de ces faiblesses agricoles sont donc problématiques


pour le développement et l’équilibre politique du continent africain
1. La question de l’alimentation n’est pas du tout réglée
- L’Afrique subsaharienne est la région la plus confrontée à ce fléau et même la seule où la sous-nutrition
progresse
o En 2015, près de 220M africains sont sous-nourris
o ¼ des personnes souffrant de la faim dans le monde vivent en Afrique
o 4 pays sont particulièrement touchés  RDC, Burundi, Tchad et Erythrée (Corne de l’Afrique et
Afrique centrale)
o C’est en Afrique qu’il y a des situations de famines récurrentes (1984, 2008)
 Depuis 2010, de nombreuses famines  2016 Soudan du Sud, 2021 dans la Corne de
l’Afrique à cause des criquets
 Les enfants sont particulièrement touchés  40% des enfants africains de moins de 15 ans
souffrent de la faim
- Les causes de cette malnutrition ne sont pas toujours liées à l’activité agricole elle-même
o Maladies
o Instrumentalisation politique des famines
- Les problèmes d’alimentation doivent être en parti relativiser
o On ne tient pas compte de l’aide alimentaire souvent précieuses
o Les méthodes de comptage ne sont pas souvent efficientes (récoltes de tubercules ne sont pas pris
en compte)

2. Les faiblesses agricoles entraînent des conséquences négatives sur les autres activités
- La malnutrition induit une moindre productivité (charges de santé, absentéisme)
- L’extensivité de l’agriculture limite les ressources des Etats car les recettes fiscales sont faibles ne
permettant pas alors la mise en place d’infrastructures favorisant le développement
- D’autre part, les revenus tirés à l‘exportation ne sont pas non plus suffisants pour entrainer un
développement
 La faiblesse de l’agriculture se répercute sur le reste de l’économie et n’est pas un levier de développement
efficace

3. Les conflits fonciers fréquents en Afrique et notamment en Afrique subsaharienne peuvent


dégénérer en véritable guerre pour la terre qui influence donc la production agricole : Terres,
pouvoirs et conflits, Pierre Blanc
- Des conflits fonciers qui ont tendance à se multiplier aujourd’hui avec plusieurs types de conflits
o Héritage de la colonisation entre groupes ethniques différents (en Afrique australe entre les blancs
et les noirs)
 Conséquences de la réforme agraire de Mugabe au Zimbabwe (transfert de terres de
fermiers blancs vers des noirs qui entraine un départ de fermiers blancs du pays diminuant
la production agricole)
 Tensions en Afrique du Sud, le projet de transférer des terres de propriétaires blanc à des
propriétaires noir fut un échec du fait de la résistance des blancs (30% des terres destinées,
c’est en réalité de l’ordre de 5%) d’où les tensions qui existent dans la société sud-africaine
qui risquent de dégénérer en guerre civile
 Dans la région des grands lacs, c’est un enjeu de tensions entre les hutus et les tutsis
 Vallée du Rift entre Kikuyus et Kalenjins
o Concurrence entre nomades éleveurs et sédentaires cultivateurs
 Darfour janjawids sont chassés de leur espace naturel par la désertification et doivent aller
au sud la où il y a des populations sédentaires
o Concurrence entre ethnie locale et population d’origine étrangère
 Cote d’ivoire avec des populations venant du Burkina ou Mali et qui rachètent des terres
 RDC avec la région du Kivu
o Chefs de terres détenteurs de droits coutumiers qui sont censé attribuer les terres aux familles
locales et qui en réalité se les approprient en les vendant à des entrepreneurs agricoles qui les font
exploiter par des populations locales ou les vendent pour du Land grabbing
o Conflits d’usage notamment dans les espaces vides entre la volonté d’étendre les terres cultivables
par une population paysanne toujours plus nombreuses qui se heurtent à d’autres intérêts
(écologistes ou tourisme avec des safaris)  Tarzanisation de l’Afrique (Sylvie Brunel)
o Concurrence enfin entre les africains et les grands groupes internationaux pratiquant le Land
grabbing vu parfois comme une nouvelle forme de colonisation avec l’attribution de terres à des prix
faibles à des compagnies internationales avec des baux de 99 à 50 ans pour les rentabiliser
 Soit pour des placements spéculatifs (RU et EU  13% des terres louées)
 Ou pour développer des productions et réduire la dépendance alimentaire (Inde 9%, Chine
6%, EAU et Arabie Saoudite, Singapour et Italie, 4 à 5%)
 Les surfaces sont parfois considérables, le géant indien de l’agroalimentaire Ram Karuturi 
300k hectares dans l’est de l’Ethiopie, le malaisien Sime Darby possède 220k hectares au
Libéria, 300k hectares au Cameroun pour faire de l’huile de palme.

II. Cette situation est le produit de contraintes difficilement


surmontées par les paysans et les pouvoirs publics africains
A)Le fruit de contraintes souvent imposés et sur lesquels les africains ont
souvent peu de prise
1. L’Histoire et notamment la colonisation a laissé des héritages souvent problématiques
- La question foncière héritée de l’inégale répartition des terres
o Desmond Tutu : « Quand les blancs sont arrivés, nous avions la terre et ils avaient la Bible. Ils nous
ont dit prions ensemble et fermons les yeux. Quand nous avons rouvert, nous n’avions plus que la
Bible »
- Héritage de la dualité des structures foncières qui constituent un handicap car rendent difficiles l’émergence
d’une agriculture productive
o Les grandes plantations concentrant les cultures commerciales avec les meilleures terres
o Micro-exploitations rendant difficile toute idée de modernisation faute de terres suffisantes
o Porte un coup dur au nomadisme cultural dans le but de limiter les déplacements de populations par
les colons  Touaregs dans le Sahara

2. La géographie n’est pas toujours propice aux agricultures africaines


- Problème de l’eau aux tropiques  climat tropical sec, la question de l’aridité limite les exploitations
agricoles
- Contraintes physiques particulièrement en Afrique du Nord avec l’emprise des montagnes et des déserts
- D’autres part, la forte érosion de certains sols avec le lessivage des sols qui aboutit soit à l’enfouissement
des matières organiques soit leur écoulement par gravitation entrainant un appauvrissement des sols
- La trypanosomiase  maladie de la mouche Tsé-tsé qui interdit l’élevage bovin
- Il faut ajouter à ces contraintes naturelles les conséquences du réchauffement climatique
o Désertification de la région sahélienne
o Diminution des réserves en eau douce
o Augmentation de 1.5 à 2°, une grande partie des terres serait impropres a certaines cultures
 60% des terres en Afrique qui cultivent du maïs risquerait de ne plus pouvoir
o Risques climatiques  invasion de criquets en 2020 en Ethiopie

3. La contrainte extérieure qui s’impose aussi aux africains dans le cadre d’une mondialisation
inégalitaire et sur laquelle par conséquent les africains peuvent difficilement jouer
- Ils n’ont pas le contrôle du prix des matières premières
- Protectionnisme des pays du Nord qui derrière un discours mobilisateur en faveur de l’Afrique n’hésitent pas
à protéger leurs agricultures  subvention aux exportations (subventions des cotonniers américains au
détriment des pays du sahel Mali, Bénin, Burkina et Niger) ou normes techniques qui permettent d’éliminer
la concurrence des pays africains
- La libéralisation des échanges agricoles notamment avec les accords de Cotonou en 2000 a aussi contribué a
faciliter l’accès des produits européens aux pays africains tout en démantelant STABEX
B) Les conditions d’exploitations agricoles sont souvent problématiques
révélant ainsi une part de responsabilité africaine
1. La question de la terre pose problème pour plusieurs raisons
- Question de la superficie avec une pression de plus en plus grande sur les superficies agricoles utiles
o Croissance démographique exige a priori une demande accrue en terres cultivables
indépendamment de la hausse des rendements or cela pose plusieurs problèmes
 Concurrence de l’urbanisation et des infrastructures qui diminuent le potentiel de surfaces à
utiliser
 Exigences en termes de production sont telles qu’on en vient à abandonner la jachère qui
affecte le rendement des cultures
 La solution des fronts pionniers atteint rapidement ses limites car en général les terres sont
de moins bonne qualité
- D’autre part se pose la question du statut de la terre
o En Afrique subsaharienne, théoriquement la terre appartient à l’Etat depuis les indépendances
laissant la jouissance des terres aux populations locales. Dans les faits la terre appartient aux
communautés rurales et dans un lignage représenté par un chef qui a à la fois une fonction sociale et
parfois religieuse. Un des rôles du chef est d’attribuer des parcelles à un chef de famille qui exploite
alors la terre en gardant l’usufruit pour une durée donnée avant que la terre ne soit attribuée à un
autre chef de famille  sauf pour les cultures arbustives
o La conséquence de ce statut est que les paysans sont peu incités à se moderniser car ils ne sont pas
sûr de conserver la terre sur une durée importante. Ils ne peuvent pas non plus s’endetter car la
terre ne lui appartient pas.

2. Les conditions d’exploitation sont inadaptées à une agriculture performante


- Les exploitations familiales sont souvent trop petites
o En moyenne moins de 5 hectares en Afrique subsaharienne
o Témoigne de cette situation la multi activité fréquente des paysans qui sont aussi pécheurs, artisans
- D’autre part les pratiques culturales sont souvent inadaptées
o La faible mécanisation et le travail manuel pour l’essentiel des productions
o Faible interaction entre culture et élevage qui ne permet pas d’utiliser les fumiers comme engrais
o Faibles rendements des sols souvent du fait de l’agriculteurs eux-mêmes a cause de l’absence de
jachères ou la culture de brûlis

- Manque de maîtrise de l’eau : l’Afrique est le continent avec le moins de terres irriguées (4% en Afrique
subsaharienne)
o Seuls l’Egypte, le Maroc, la Tunisie et le Mali ont de véritables systèmes d’irrigation
o Les barrages n’aboutissent pas à une maitrise de l’eau pour l’agriculture  déficit d’infrastructures
qui limite les possibilités de croissance agricole
- Préférence pour l’extensivité plus que pour l’intensivité parce que les paysans africains préfèrent minimiser
les risques plutôt que maximiser les rendements
- Les paysans ne sont pas incités à produire davantage à cause de l’insécurité. Pas d’encouragement aux
investissements
o A cause de la confiscation des produits par des réseaux mafieux notamment
o Stratégie de faire de la polyculture plutôt qu’une seule production à cause des risques climatiques
 Faible productivité de l’agriculture africaine

3. L’Afrique a peu connu la révolution verte qui a été la solution trouvée sur d’autres continents en
particulier en Asie et en Amérique latine
- L’absence de maitrise de l’eau rend compliquée l’adoption des méthodes de la révolution verte
- Manque de mécanisation
- Manque de moyens financiers et d’accès au crédit à cause de la faiblesse des institutions financières et de la
faible implication de l’Etat
 La révolution verte est restée quasi-lettre morte en Afrique
Les paysans africains ont donc une part de responsabilité dans la situation agricole

C)Les effets de la mal gouvernance interne expliquent également les


difficultés agricoles
1. L’agriculture a longtemps été délaissée par les pouvoirs publics africains après les indépendances
pour plusieurs raisons
- On n’a pas considéré que l’agriculture vivrière pouvait être un levier de développement, on a surtout
privilégié soit l’agriculture commerciale ou l’industrie
- D’autre part l’agriculture vivrière a été un moyen pour les Etats de financer l’Etat  l’agriculture vivrière a
été assez lourdement taxée pour alimenter l’industrie… limitant les perspectives de modernisation de
l’agriculture
- La primauté à été longtemps laissée aux villes du fait de la croissance démographique
 Pour pérenniser leurs pouvoirs, les dirigeants ont privilégiés les importations pour garantir l’alimentation
dans les villes plutôt qu’une agriculture vivrière locale aléatoire car peu modernisée
- Préférence donnée a de grands projets d’aménagement rural conçu par de grands groupes du nord souvent
peu adaptés aux conditions locales sans tenir compte des savoirs-faires

2. A l’inverse, quand l’Etat ou les institutions internationales out voulu se mêler de l’agriculture, les
résultats ont souvent été décevants : échec des voies socialisante
- Villagisation tanzaniennes, fermes d’Etat en Guinée, réformes agraires en Algérie, fermes collectives
éthiopiennes  les résultats ont été décevants voire pénalisant quand les monocultures imposées
appauvrissent les sols
- Les initiatives prises par les instances internationales (PNUL, FAO, Banque Mondiale) n’ont pas souvent été
couronnées de succès
o Pas assez de synergie avec les paysans locaux
o Pas les bonnes cultures plantées
o Les étrangers n’étaient pas assez compétents face aux enjeux locaux  eucalyptus pour la barrière
verte s’est avéré assez contreproductive car les eucalyptus nécessitaient beaucoup d’eau et
pénalisaient donc les acteurs locaux financés par conseil international des bois tropicaux notamment
o La construction de puits dans les régions sèche n’est pas toujours très efficace : elle concentre les
troupeaux en aggravant la question des pâturages

3. Les conditions politiques n’ont pas toujours été propices


- Un certain nombre de campagnes ont été touchées dans les périodes de déstabilisation politique, les
populations rurales étant les principales victimes dans les guerres civiles
- L’agriculture, souvent victime des logiques de prédation en cas de trouble politique dans le cadre des
famines  instrumentalisation politique des famines (Sylvie Brunel), destruction des réserves par les
belligérants, immobilisation des vivres car les moyens de transport sont contrôlés
 L’instabilité politique du contient ont aussi été un frein
- Les effets pervers de l’aide alimentaire mondiale
o Ces aides ne reviennent pas forcément aux plus pauvres car sont détournées
o Créés des dépendances alimentaires (riz)
o Elles arrivent parfois après coup et viennent concurrencer alors la production locale en entrainant un
effondrement des cours qui se retournent contre les paysans
Les raisons pour une part ne dépendent pas des africains mais ils sont en réalité les principaux responsables. Ainsi
l’Afrique n’est pas condamnée par l’agriculture à condition de changer de pratique

III. Pour autant, l’Afrique n’est pas condamnée par son


agriculture, mais pour espérer un véritable développement,
elle doit procéder à des réformes difficiles à accomplir
A)Il a existé et il existe encore des acteurs du changement allant dans le
sens de la modernisation
1. Acteurs du passé souvent incriminés (le colonisateur) mais qui en réalité n’a pas toujours été
néfaste car elle a encouragé les cultures commerciales parfois utiles
- La colonisation a insérée le continent africain dans l’économie mondiale et spécialisant les territoires en
fonction de leur potentiel productif avec en réalité 2 types de systèmes d’exploitation
o Petites propriétés paysannes ont parfois été l’occasion de développer leur production et d’accéder
ainsi à un statut de bourgeoisie rurale capable d’innover et de produire davantage (cultures
arbustives en Côte d’Ivoire)
o Grandes plantations agroindustrielles dirigées par des grandes compagnies du Nord ont permis de
développer la production et d’accumuler les devises qui pouvaient être précieuses
 Culture de l’hévéa au Cameroun ou au Libéria
 Culture du sisal introduite en Tanzanie pour faire des cordages
 Récemment les produits tropicaux (Ananas de CI, mangues du Cameroun)
- Souvent critiqué par le mouvement tiers-mondiste rappelant le travail forcé et évoquant le risque de
monoproduction. Ce débat sur les cultures commerciales est un peu dépassé aujourd’hui avec la
réhabilitation de ces cultures parce que :
o Différence avec une agriculture vivrière archaïque
o Cette culture est capable de se moderniser
o Permet d’attirer des capitaux et des devises étrangères
o Créer des pôles d’excellence qui rejaillissent ensuite sur d’autres cultures
- Par le biais des cultures commerciales, il y a une modernisation de l’agriculture
- Il ne faut pas exagérer l’opposition entre les 2 types de culture car il y a parfois complémentarité
o Plan Arachide au Sénégal dans les 60’ a permis de moderniser l’agriculture vivrière

2. Rôle des acteurs nationaux ruraux ou urbains qui peuvent être précieux pour la modernisation
- Afrique du Golfe de guinée avec acteurs du monde rural :
o Paysans innovateurs a proximité des villes avec donc des débouchés garantis
o Les femmes jouent un rôle en développant une production locale qu’elles revendent ensuite en ville
(volailles et maraicher)
o Réseau de producteurs qui se mobilisent et pèsent ensemble sur les marchés
 AOPP  association des organisations professionnelles paysannes du Mali qui font du
lobbying auprès des pouvoirs publics
- Des acteurs qui viennent de la ville, des investisseurs qui espèrent que les potentialités agricoles de l’Afrique
se développent
o Filière du lait en Mauritanie
o Filière des agrumes au Maroc et en Tunisie

3. Acteurs extérieurs parfois précieux


- Diaspora qui peut jouer un rôle en envoyant des remises qui financent des projets locaux ou possibilité par la
diaspora d’avoir une expertise grâce aux membres de la diaspora
- Les ONG dont le rôle est souvent précieux : soutien technique avec la possibilité de distribuer des pompes
électriques, plantations d’arbres pour limiter la désertification, création de coopératives. Utiles aussi dans le
cadre du commerce équitable en permettant au producteur de trouver des débouchés dans les pays du nord

B) Cette modernisation même si elle se fait à petits pas n’est pas absente
du continent comme le montre certaines réussites agricoles africaines
1. On constate l’essor d’un vivrier marchand désormais indéniable depuis les années 1990’
- Difficulté des cultures commerciales à cause de la DTE ou la concurrence d’autres producteurs qui ont
conduit à délaisser les cultures commerciales et se tourner vers le vivrier
- La dévaluation du franc CFA a contribué à promouvoir l’agriculture vivrière
- L’essor des villes favorise la modernisation des campagnes environnante pour satisfaire la demande des
villes, assurant des revenus aux agriculteurs qui peuvent donc investir
- L’essor de classes moyennes africaines constitue un puissant facteur de demande supplémentaire et donc de
nouveaux débouchés  cultures maraichères à proximité des villes

2. Une modernisation lente mais réelle a lieu aujourd’hui


- Introduction de nouvelles espèces et de nouvelles variétés
o Exploitation du maïs et du riz qui sont plus productifs que le mil ou le sorgo et qui surtout ont grâce
aux progrès de la recherche agronomique ont pu s’adapter à des sols pauvres
- Progrès dans l’élevage avec des croisements notamment ne ndama croisements de zébus du sahel et de
taurins des zones forestières qui permet de mieux lutter contre la trypanosomiase
- Essor de cultures commerciales spéculatives insérées dans le marché mondial
o Cultures maraichères de contre saison importées dans le marché européen
o Essor de la culture du karité au Burkina Faso pour faire du beurre
- Au-delà de nouvelles espèces, ce sont aussi de nouvelles pratiques
o Charrue à la place de la houe, petits tracteurs avec des regroupements d’agriculteurs, augmentation
de la consommation d’intrants, goutte-à-goutte en Afrique du Nord
o De nouvelles exploitations plus modernes avec des entrepreneurs agricoles qui l’intègre à
l’économie de marché
- Le land grabbing et l’arrivée de firmes internationales favorise aussi la modernisation avec l’introduction de
nouvelles techniques qui peuvent être reproduites par des paysans locaux

3. Des réussites agricoles spectaculaires peuvent même servir d’exemple à suivre


- Révolution agricole au Malawi, un des pays les plus pauvres d’Afrique traditionnellement importateur qui est
devenu exportateur en quelques années dans les années 2000
o Maïs blanc au Malawi : adapté aux cultures locales, investissement de l’Etat dans les pratiques avec
des distributions de semence à la population et d’engrais, l’Etat garantissait un prix d’achat
permettant donc aux paysans d’anticiper l’avenir et de s’endetter pour se moderniser et fin des
cultures illicites
 Campagne de l’Etat  « Chimanga Ndi Moyo » : le maïs c’est la vie en Chewa
o Cet exemple montre que l’Afrique n’est pas condamnée
o Autres exemples avec des progrès en Afrique du Nord (progrès dans l’Agriculture)

C)Des conditions doivent cependant encore être réunies pour pouvoir


évoquer l’avenir sereinement
1. La mise en valeur de nouvelles terres peut être une solution
- De nombreuses terres sont encore inexploitées
o Selon la FAO, 40% des terres africaines sont cultivables et sur ces 40%, seuls 20% sont utilisés par les
cultures le reste étant pour la faune ou l’élevage
o Les potentialités sont donc encore considérables, ce qu’on compris les entreprises étrangères dans
le cadre du land grabbing
- Les Etats sont encore très loin des engagements de Maputo de 2003 où il était prévu que les Etats dépensent
10% de leur budget pour l’agriculture
- Cependant cette course à la terre n’est pas sans poser plusieurs problèmes
o Les meilleures terres sont souvent déjà exploitées
o Cela signifie remettre en cause certains modes de vie traditionnels
o Concurrence avec la faune sauvage et donc risque en terme de biodiversité
o Le land grabbing est souvent contesté car considérer comme prédateur et extrêmement
consommateur en eau (Canne à sucre en Ethiopie)

2. Il parait nécessaire de laisser la priorité à une agriculture plus moderne ce qui n’est pas
forcément le cas
- En effet on observe un décalage entre le discours tenu par les dirigeants africains
o L’attention accordée à l’agriculture n’est pas suffisante
o La sécurité alimentaire est désormais défendue par les dirigeants africains dans le discours mais n’y
consacrent pas toujours les moyens
- Les institutions internationales en remettant en cause les aides à l’agriculture dans une logique libérale ne
vont pas forcément dans le bon sens
- L’Afrique n’utilise pas la piste des OGM
o Sauf le coton malien, diminution des prix de productions et amélioration des rendements mais au
prix d’une dépendance

3. Il parait nécessaire également de mettre en œuvre les conditions d’une plus grande souveraineté
et d’une indépendance alimentaire
- Cela passe notamment par la maitrise des 6P selon Sylvie Brunel
o Paix : les troubles politiques nuisent à l’agriculture
o Puits : améliorer la question de la maitrise de l’eau pour développer une agriculture plus efficace
o Propriété : garantir la propriété de la terre pour que les paysans puissent investir
o Prix : seul une garantie de prix décent peut encourager l’agriculteur à investir et moderniser sa
production. Cette garantie des prix à été la condition de la révoltion agricole en Europe et Amérique
du Nord
o Politiques : ne pas négliger l’agriculture
o Protection des productions locales face à la concurrence des pays du Nord

Conclusion :
L’Afrique se doit d’augmenter sa production agricole en misant davantage sur l’agriculture et les paysans qu’elle ne
l’a fait aujourd’hui. Comme dans bien d’autres domaines ont peut être à la fois afro pessimiste pour certaines
régions qui ont du mal à entrer dans cette démarche, mais on peut tout aussi être afro optimiste si l’on constate le
potentiel en réserve de l’Afrique et les quelques exemples de réussite qui montrent qu’il n’y a pas de fatalité mais
cela suppose de créer un environnement favorable qui n’est pas forcément aisé à atteindre.

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