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Milleret
Géographie – Première
Thème 3 – Les espaces ruraux : multifonctionnalité ou
fragmentation ? (12-14h)
2 questions :
- La fragmentation des espaces ruraux.
- Affirmation des fonctions non agricoles et conflits d’usages.
Notions :
- Recomposition
- Espace rural
- Multifonctionnalité
- Fragmentation
- Conflits d’usage
- Agritourisme
- Ecotourisme
- Accaparement des terres (ou land grabbing)
Introduction :
Carte p.192-193 : La multifonctionnalité des espaces ruraux dans le monde 3 questions.
Carte p.194-195 : La fragmentation des espaces ruraux dans le monde 2 questions.
2) Les espaces ruraux sont multifonctionnels : on y trouve des industries (exemple : les
grands groupes de luxe ou les entreprises automobiles qui installent leurs usines dans
les espaces ruraux car ça prend beaucoup de place et ça coûte moins cher), des
activités minières (or, diamant, charbon, etc.), de l’agritourisme (exemple : un
agriculteur qui va mettre en place un système de gîtes pour diversifier son économie
et ne pas dépendre seulement de l’agriculture), de l’écotourisme (tourisme qui se veut
respectueux de l’environnement : aller visiter des volcans en Islande par exemple), ou
encore de l’économie présentielle (qui repose seulement sur les populations
concernées).
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3) Les régions où les espaces ruraux sont les plus multifonctionnels sont l’Europe,
l’Amérique du Sud et les Etats-Unis.
Trace écrite : Les espaces ruraux dans le monde présentent des activités très diverses. On les
associe essentiellement à l’activité agricole, mais ce n’est pas la seule présente dans l’espace
rural et elle se voit même de plus en plus concurrencée par d’autres activités : les industries,
l’agritourisme (activité touristique pratiquée sur une exploitation agricole), l’écotourisme ou
tourisme vert (tourisme centré sur la découverte de la nature), etc. Les espaces ruraux
deviennent alors de plus en plus multifonctionnels (pluralité de fonctions dans un même
espace).
De même, les espaces agricoles sont très diversifiés : ils peuvent être intensifs, extensifs,
vivriers ou au contraire dédiés à l’exportation. On parle alors de fragmentation des espaces
ruraux, qui peuvent également provoquer des conflits d’usage (rivalités opposant différents
acteurs autour de l’utilisation d’un territoire ou d’une ressource : l’eau par exemple).
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I) La fragmentation des espaces ruraux
A) Des sociétés inégalement rurales
2.a) On explique cette différence par le fait que le 1er graphique indique la population rurale
par rapport à la population totale (donc il faut avoir en tête la population urbaine) tandis que
le 2ème graphique indique la population rurale en nombre.
Pour mieux comprendre, la population TOTALE dans le monde est d’approximativement :
- En 1960 : 3,03 milliards d’habs.
- En 2017 : 7,3 milliards d’habs.
On a donc une augmentation de plus de 4 milliards de personnes dans le monde entre ces
deux dates.
Si on prend maintenant uniquement la population RURALE :
- En 1960 : 2 milliards de ruraux.
- En 2017 : 3,4 milliards de ruraux.
On remarque donc qu’on a une augmentation de « seulement » 1,4 milliards de ruraux entre
1960 et 2017 alors que la population globale de la Terre a augmenté de plus de 4 milliards.
Par conséquent, la population rurale augmente mais la population urbaine a augmenté
davantage, ce qui explique pourquoi la part de la population rurale a diminué par rapport à la
population totale.
b) Concernant l’évolution de la population rurale, le 2ème graphique semble plus pertinent car
il indique des données déjà traitées alors que le 1er graphique est exprimé en % de la
population totale, ce qui induit de calculer en amont la population urbaine. Si on regarde le
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1er graphique, on pourrait penser à première vue que la population rurale diminue alors que
non.
On peut définir l’espace rural comme un espace caractérisé par de faibles densités de
peuplement, de bâti, d’activités, de services et d’équipements.
Trois critères caractérisent les espaces ruraux, ou les campagnes, dans le monde :
Fonctionnel : place plus ou moins importante de l’agriculture et des espaces cultivés ;
Paysager : discontinuité du bâti et part importante des paysages dits « naturels » ;
Démographique : faibles densités de population, néanmoins relatives car leur seuil
varie en fonction des pays.
Les espaces ruraux n’ont jamais été aussi peuplés qu’aujourd’hui mais la part de la population
rurale diminue au profit de la population urbaine : 84% en 1900, 66% en 1960, 45% en 2018.
La population urbaine est devenue majoritaire en 2007 car sa croissance est plus rapide que
celle de la population rurale. De plus, cette dernière est inégalement répartie sur la planète :
sur les 3,4 milliards de personnes habitant dans un espace rural dans le monde, 640 millions
sont situés en Afrique subsaharienne et 2,2 milliards en Asie. Les ruraux représentent plus de
50% de la population des pays des Suds contre 18% en Amérique du Nord et 25% dans l’Union
européenne.
Mais bien que les densités de peuplement constituent un des critères pour définir l’espace
rural, il en existe aussi des très densément peuplés : littoraux en Indonésie, grands deltas en
Asie (exemple : l’Inde).
Fragmentation : processus de séparation au sein d’un espace qui crée des inégalités et des
disparités économiques et sociales. Pour les espaces ruraux, la fragmentation se caractérise
par la spécialisation des productions, la séparation de populations, d’activités qui coexistent
en s’ignorant ou en s’opposant.
Problématique : Quels sont les facteurs de recomposition des espaces ruraux en Inde ?
1) Les mutations agricoles des espaces ruraux indiens ont surtout eu lieu à partir des
années 1960 grâce à la « Révolution verte » (surtout dans la région du Pendjab), ce qui
a permis un développement et une modernisation de l’agriculture sans précédent en
Inde (infrastructures d’irrigation, usines, recherche agronomique, prix garantis pour
les agriculteurs, aide alimentaire), ainsi qu’une augmentation des rendements. On a
également des zones très productives : c’est le cas des grands deltas irrigués
(exemple : delta du Gange) où on retrouve majoritairement de la riziculture et qui
bénéficient chaque année de la mousson (période de pluies abondantes). Mais cette
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« Révolution verte » ne s’est pas diffusée partout : c’est le cas de l’est du pays, ce qui
a donné lieu à des revendications. De plus, à partir des années 1990, l’Etat n’intervient
plus, ce qui creuse les inégalités entre les agriculteurs car beaucoup sont surendettés
et se suicident.
3) La « Révolution verte » ne s’est pas diffusée partout, ce qui donne lieu à des inégalités
entre les régions et à des revendications portées par les naxalites (= paysans délaissés,
ils souhaitent une réforme agraire et une meilleure redistribution des terres).
Certaines régions comme la zone himalayenne sont plus alphabétisées que d’autres.
Enfin, le centre du pays présente des zones sèches et enclavées tandis que le reste du
pays a des fonctions agricoles développées (Pendjab et riziculture au nord-est) ou une
économie diversifiée (littoral de la mer d’Oman du Gujarat au Kerala).
Question 4 (Bilan) : Avec la « Révolution verte » amorcée à partir des années 1960, l’Inde a vu
ses rendements agricoles augmenter considérablement et ses infrastructures se moderniser
grâce au fort interventionnisme de l’Etat dont le but est d’atteindre l’autosuffisance
alimentaire. Toutefois, cette « Révolution verte » a surtout été efficace dans les espaces où
elle est née et où elle s’est diffusée (dans la région du Pendjab et tout le long du littoral de la
mer d’Oman, de la région du Gujarat à celle du Kerala). Elle a également permis à certaines
régions de diversifier leur économie en se tournant vers des activités rurales non agricoles.
Cela peut être des activités industrielles ou touristiques : c’est le cas du Kerala, région où la
recomposition des espaces ruraux indiens est la plus marquante, qui promeut l’écotourisme
à travers ses publicités. A l’inverse, les paysans des régions qui n’ont pas bénéficié de la
« Révolution verte » (surtout dans l’est du pays) militent pour une réforme agraire et pour une
redistribution des terres agricoles : ce sont les naxalites. Ils s’estiment mis de côté par le
gouvernement indien. Beaucoup sont surendettés et n’ont d’autres choix que le suicide.
Problématique : Quels sont les enjeux liés aux mutations des espaces ruraux toscans ?
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1) La photographie a été prise dans le Val d’Orcia au sud de la Toscane, région développée
située au nord de l’Italie. Le paysage toscan présente « de douces collines qui ondulent
à perte de vue » (doc. 2) ainsi que le triptyque méditerranéen : des vignobles, des
oliviers cultivés en terrasses et des cyprès alignés, ce qui représente une véritable
mosaïque (doc. 3).
Question 4 (Bilan) : Les espaces ruraux toscans présentent des fonctions variées, qu’elles
soient agricoles (blé, vigne, olivier) ou non agricoles (tourisme). Ses paysages singuliers
composés de cyprès alignés en « i », d’oliviers et de vignes constituent à la fois des raisons
pratiques (les cyprès servent à couper le vent et à délimiter des propriétés) et esthétiques (le
Val d’Orcia est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco).
Le principal atout de cette région est le vin de Chianti, bénéficiant d’une AOP (Appellation
d’Origine Protégée) « Chianti classico », connu et reconnu internationalement par sa
présentation (bouteille entourée de paille), par son ancienneté et par sa qualité révélatrice
d’un véritable terroir (= portion de territoire caractérisée par des aptitudes agricoles
particulières liées au climat, aux sols et au relief, valorisée par des savoir-faire locaux souvent
ancestraux).
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une des causes de la déforestation. Quant au document 6, la présence d’un terrain de
golf à proximité de serres horticoles et de prairies peut fragiliser les espaces ruraux car
ils utilisent une ressource commune : l’eau.
2) Pour protéger un espace rural, l’Etat peut créer un parc national (exemple du parc
national de Banff créé en 1885) qui devient un territoire réglementé. Un site peut aussi
être inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, ce qui participe à sa
préservation et à sa patrimonialisation. Sur le document 6, on remarque la présence
d’une réserve ornithologique qui est un espace naturel protégé voué à la préservation
des oiseaux. Elle peut être créée par la commune sur laquelle elle se trouve ou par
l’Etat. Enfin, on peut aussi citer les réserves amérindiennes qui sont des territoires
réservés aux tribus nord-amérindiennes, et les territoires autonomes inuits. Dans tous
les cas, l’Etat est un acteur quasi-indispensable à la création ou à la protection de ces
espaces ruraux.
Question 3 (Bilan) : En prenant l’exemple du gaz de schiste (document 4), on se rend compte
que deux camps s’opposent : d’un côté l’industrie minière qui souhaite exploiter le gaz de
schiste, d’un autre côté les agriculteurs qui souhaitent garder leurs terres en mettant en avant
l’héritage familial et en évitant la pollution qu’engendre l’industrie (document 7). On est donc
clairement dans un conflit d’usage puisque deux acteurs s’opposent sur l’utilisation d’un
territoire.
Si l’on observe maintenant le document 6, on remarque la présence d’un terrain de golf, ainsi
que de serres horticoles, de prairies pour l’élevage laitier et de cultures de céréales et de
légumes. On a donc d’un côté une activité réservée aux touristes ou aux habitants de
Vancouver située à proximité, et d’un autre côté des activités agricoles. Toutes deux
nécessitent une ressource commune : l’eau, ce qui prouve une fois de plus que la
multifonctionnalité des espaces ruraux peut engendrer des conflits selon l’usage qui y est fait.
Une solution pour éviter ces conflits est la protection, comme c’est le cas pour les parcs
nationaux où l’Etat intervient directement et impose ses règles sur un territoire dans le but de
conserver la nature face à des activités polluantes (document 5 : exemple de Banff, premier
parc national créé au Canada en 1885).
Conclusion