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Méthodologie pour Programme

Africompost
l’élaboration de tests
agronomiques

Avril 2013 Josselin Krikorian


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Méthodologie pour l’élaboration de tests agronomiques

Sommaire
Introduction ................................................................................................................. 3
I. Expliciter les objectifs des tests agronomiques................................................. 5
II. Définir un cadre de référence technique ........................................................ 6
III. Identifier les bénéficiaires potentiels .............................................................. 7
1. Définir une zone de commercialisation en fonction des coûts de transport
et des débouchés éventuels. ............................................................................... 7
2. Identifier les différents systèmes présents dans la zone de
commercialisation. ............................................................................................... 8
IV. Rechercher des données sur les bénéficiaires potentiels............................ 11
V. Définir le niveau d’implication des acteurs ciblés ........................................ 12
VI. Rechercher un site d’expérimentation ......................................................... 14
VII. Définir les espèces à tester au sein d’une rotation cohérente .................... 14
VIII. Définir des traitements fertilisants adaptés............................................... 15
1. Évaluer la valeur agronomique des fertilisants testés ............................. 15
2. Raisonnement de la fertilisation ............................................................... 18
IX. Définir les paramètres à tester .................................................................... 20
X. Effectuer un diagnostic de sol .................................................................... 20
1. Le diagnostic de terrain ............................................................................ 21
2. L’analyse de sol en laboratoire ................................................................. 23
XI. Rédiger le protocole expérimental ............................................................... 24
1. Organisation de l’espace .......................................................................... 24
2. Organisation du travail ............................................................................. 24
XII. Mettre en œuvre le protocole défini ............................................................. 25
XIII. Interpréter les résultats............................................................................. 25
Conclusion ................................................................................................................ 26

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Programme Africompost
Méthodologie pour l’élaboration de tests agronomiques

Introduction Politique agricole du programme Africompost


La mise en place de tests
D’un point de vue agricole, les projets de
agronomiques est une étape
compostage intégrés dans Africompost ont pour
nécessaire dans le
objectif de :
développement d’unités de
compostage. L’intérêt principal -Pérenniser économiquement l’activité de
de ces tests est de pouvoir tester compostage à travers une large diffusion de
in situ la valeur agronomique du l’utilisation du compost urbain auprès des
compost produit. agriculteurs locaux
Pour appréhender la notion de -Agir pour l’environnement en incitant les
valeur agronomique du compost, agriculteurs à diminuer l’utilisation d’intrants
il est nécessaire d’avoir des chimiques de synthèse
notions sur le cycle des matières -S’engager dans la lutte contre la pauvreté et la
organiques dans le sol. Pour dégradation des terres agricoles
cela, il est conseillé de lire
l’annexe 3 « guide des amendements organiques » préalablement à toute initiative
de test agronomique sur les matières organiques (MO). Les commerciaux devraient
également lire ce guide pour pouvoir mieux conseiller les agriculteurs.
Les processus de transformation des Matières Organique (MO) dans le sol
dépendent de la nature même du sol (physique, biologique et chimique), du climat et
des conditions de culture. Ils sont donc spécifiques à chaque situation. Ce sont des
processus qui s’équilibrent naturellement en milieu naturel mais qui peuvent aboutir
en milieu agricole à d’importants déséquilibres qu’il convient de comprendre et de
maîtriser.
La relative complexité de cette tâche exige d’employer une méthodologie permettant
de répondre à l’objectif principal : pouvoir communiquer de façon fiable sur la qualité
du compost et son action sur le sol et la plante dans des conditions données.
Les tests agronomiques doivent être envisagés sur la durée pour pouvoir, au fur et à
mesure des années, affiner nos connaissances des processus étudiés, mais aussi
constater les effets des traitements des années précédentes sur la fertilité.
Le présent document propose une méthodologie pour réaliser des tests
agronomiques. Il n’est pas exhaustif et se veut avant tout une aide à la réalisation de
tels tests.
La méthode proposée se décompose en plusieurs phases consécutives ou
simultanées.

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Méthodologie pour l’élaboration de tests agronomiques

Etapes chronologiques à respecter pour la mise en place de tests agronomiques

I. Expliciter les objectifs


des tests agronomiques

II. Définir un cadre de référence technique

IV. Rechercher des données sur les bénéficiaires potentiels


XI. Rédiger
le protocole
V. Définir le expérimental XII. XIII.
III. Identifier les niveau VII. Définir les VIII. Définir des Mettre en Interpréter
bénéficiaires d’implication espèces à tester traitements œuvre le les
potentiels des acteurs dans une rotation fertilisants adaptés protocole résultats
ciblés cohérente
X. Effectuer
un diagnostic
IX. Définir les paramètres à tester
de sol

VI. Rechercher un site d’expérimentation

Temps

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Méthodologie pour l’élaboration de tests agronomiques

I. Expliciter les objectifs des tests agronomiques

Avant de se lancer dans la réalisation de tests agronomiques, il est essentiel de bien


expliciter les objectifs de ces tests. En fonction de l’avancement du projet, les
objectifs des tests agronomiques peuvent varier. Comme les pratiques agricoles des
années passées influent sur l’état du sol, il est nécessaire de planifier les objectifs
des tests sur la durée.
Il est donc important de bien définir les objectifs des tests agronomiques, de les
limiter et de les classer par ordre de priorité. On peut planifier les tests agronomiques
sur la durée totale d’un ou deux cycles de cultures (rotation). Il peut s’agir par
exemple:
 De montrer que l’utilisation de compost permet de diminuer l’utilisation des
engrais minéraux NPK avec de coûts inférieurs ou égaux et des
rendements supérieurs ou égaux;
 De proposer des alternatives agro-écologiques viables incluant l’utilisation
de compost;
 De montrer comment le compost peut contribuer à l’amélioration de la
fertilité d’un certain type de sol à long terme ;
 De montrer que le compost peut réhabiliter des terres dégradées devenues
infertiles ;
 De connaître les cinétiques de minéralisation/ humification*dans les
conditions de l’expérimentation ;
 De prouver que l’utilisation de compost permet un meilleur stockage de
l’eau et peut par conséquent augmenter la période de culture en cas de
ressource en eau limitée ;
 etc.

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Ceci permettra d’adopter un format d’expérimentation adapté aux objectifs identifiés.

Différents types d’expérimentation :

 Expérimentation scientifique en micro-parcelles :

Permet de tester des options de fertilisation en milieu plus ou moins contrôlé et connus afin
de dégager des tendances et de comprendre les mécanismes mis en jeu dans les processus
de fertilisation au niveau du sol et des plantes.
Pour être jugés significatifs par la communauté scientifique, les tests doivent présenter des
répétitions et les résultats doivent faire l’objet d’une analyse statistique. Ce genre
d’expérimentation a été entrepris notamment par l’IRD à Ouagadougou (Edmond Hien)

 Parcelles de démonstration

Afin de diffuser les recherches faites par la communauté scientifique, des parcelles de
démonstration incluant les nouvelles technologies peuvent être mises en place afin de faire
l’objet de visites par des groupes d’une dizaine d’agriculteurs.

 Expérimentation participative type Champ Ecole Paysan :

Un groupe de paysans organisés au sein d’un groupement de producteurs est sélectionné


pour participer à une session de formation/expérimentation sur une problématique qui les
concerne (ex : la gestion de la fertilité en système tubercule-céréales). Les agriculteurs
participent à toutes les phases de la conception du programme, (planning de formation,
conception du protocole expérimentation, mise en œuvre de l’expérimentation, etc.)

II. Définir un cadre de référence technique

Une fois définis les objectifs des tests on fera une recherche bibliographique et on
recherchera des experts locaux sur le sujet choisi. Ceci constituera un cadre de
référence pour les expérimentations. Ce cadre est susceptible de se déplacer au fur
et à mesure de l’avancée du projet e fonction des attentes des bénéficiaires.
Les experts locaux peuvent être des chercheurs, techniciens expérimentés,
agronomes, agriculteurs de référence, ONG etc.

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III. Identifier les bénéficiaires potentiels

Avant de commencer la réalisation de tests agronomiques, il convient de définir


précisément la cible visée pour commercialiser le compost. Cette étape doit faire
écho aux résultats de l’étude de marché si celle-ci a été réalisée précédemment.

1. Définir une zone de commercialisation en fonction des coûts de


transport et des débouchés éventuels.

La définition de la zone de commercialisation permet de cibler les utilisateurs


potentiels concernés par les tests agronomiques. Elle doit se faire localement en
fonction de plusieurs paramètres qui sont la distance de livraison du compost, les
quantités livrables et la structure du réseau commercial.

Exemple de définition d’une zone de commercialisation :


A Dschang, après interview des intermédiaires sur l'origine géographique de leurs
clients, échanges avec l'équipe et prise en compte des habitudes de déplacement des
populations et des contraintes liées au transport, la cartographie de la zone de
commercialisation a été établie. Elle concerne un secteur qui s'étend au maximum à
50km de Dschang et couvre la totalité du département de la Menoua.
3 zones ont été définies :
- la zone 1 est celle de la grande proximité où l'ensemble des cibles (petits, moyens et
gros clients) peuvent être démarchés, c'est la zone prioritaire.
- la zone 2 nécessite plus d'effort de déplacement, la démarche commerciale sera
concentrée sur les clients potentiels de capacité d'achat moyens et gros
- la zone 3 : l'agent vulgarisateur ne s'intéressera qu'aux gros clients.

Cette zone de commercialisation doit-être liée aux habitudes commerciales des


populations concernées et des infrastructures facilitant les échanges (route, voies
ferrées, fleuves, ports).
On peut donc avoir des opportunités de vente aux groupements de producteurs
éloignés lorsqu’ils livrent leurs produits agricoles, soit pour l’approvisionnement direct
des villes ou le transit par un port ou une gare. On pourra ainsi mutualiser les coûts
de transports.
Il faut donc bien analyser les réseaux commerciaux des produits agricoles (y compris
des intrants).Bien que les producteurs très éloignés soient difficilement impliqués
dans des tests agronomiques, les agents de vulgarisations des filières commerciales
pourront, dans certains cas, être des relais intéressants.

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2. Identifier les différents systèmes présents dans la zone de


commercialisation.

Les différents systèmes pour caractériser un mode de production agricole peuvent


être classés selon trois terminologies, du plus général au plus particulier :
 Les systèmes agricoles (ou agraires)
 Les systèmes de production
 Les systèmes de culture

Tableau 1: Objets, concepts et emboîtement d'échelle (« Les mots de l’agronomie », Hubert Cochet)

a. Les systèmes agricoles


Un système agricole se définit comme une population de systèmes d’exploitation
individuels comparables en termes de bases de ressources, de structure
d’entreprise, de moyens d’existence et de contraintes des ménages, et pour lesquels
il serait approprié d’appliquer des stratégies et des interventions de développement
analogues. Selon l’échelle de l’analyse, un système agricole peut concerner
quelques douzaines de ménages, ou plusieurs millions. (Définition FAO).
La FAO a retenu les critères suivants pour classer les systèmes agricoles dans les
régions en développement:
 Les bases de ressources naturelles disponibles, dont l’eau, les terres, les
zones de pâturages et les forêts; le climat, l’altitude étant l’un des facteurs
déterminants; la topographie, y compris les pentes; la taille des exploitations,
la structure et l’organisation foncières;
 Les types d’activités agricoles et de moyens d’existence les plus répandus, y
compris les cultures de plein champ, l’élevage, l’arboriculture, l’aquaculture, la
chasse et la cueillette, la transformation des produits et les activités non-
agricoles;
 Les principales technologies utilisées, qui jouent un rôle déterminant sur
l’intensité de la production et l’intégration de l’agriculture, de l’élevage et
d’autres activités ont également été prises en compte.

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En Afrique subsaharienne, la FAO a identifiés 15 grands systèmes agricoles dont 13


peuvent éventuellement bénéficier de compost (tableau 1).
Les systèmes les plus répandus sont « dispersés » et « pastoral » en zone soudano-
sahélienne et « plantes racines », « céréales plantes racines mixte », « fondé sur la
forêt », et « maïs mixte » en zone soudano-guinéenne représentant à eux seuls plus
de 75 % de la superficie des terres cultivées.

Tableau 2 : Systèmes agricoles principaux présents en Afrique sub-saharienne

Principales Incidence de la
Systèmes agricoles Surface concernée
ressources pauvreté
(% de la région)

Riz, coton, maraîchage,


Irrigué 1% cultures pluviales, élevage, Limitée
aviculture
Cacao, café, palmier à huile,
Arboricole 3% caoutchouc, igname, maïs, Limitée-modérée
cueillette
Fondé sur la forêt 11% manioc, maïs, haricots, taro Élevée
Riz, banane, café, maïs,
Rizicole-arboricole 1% manioc, légumineuses, Modérée
élevage, travaux externes
Banane plantain, ensete,
Hautes terres, cultures café, manioc, patate douce,
1% Élevée
pérennes haricots, céréales, élevage,
volailles, travaux externes
Blé, orge, teff, pois, lentilles,
fèves, colza, pommes de
Hautes terres, tempéré, Modérée-
2% terre, moutons, chèvres,
mixte Élevée
élevage, volaille, travaux
externes
Igname, manioc,
Limitée-
Plantes racines 11% légumineuses, travaux
modérée
externes
Maïs, sorgho, millet, manioc,
Céréales-plantes racines,
13% igname, légumineuses, Limitée
mixte
bovins
Maïs, tabac, coton, bovins,
Maïs, mixte 10% chèvre, volailles, travaux Modérée
externes
Grandes exploitations Maïs, légumineuses,
commerciales et petits 5% tournesol, bovins, moutons, Modérée
agriculteurs chèvres, envoi de fonds
Bovins, chameaux, moutons,
Pastoral 14% Élevée
chèvres, envois de fonds
Maïs irrigué, légumes,
Dispersé (Terres arides) 17% palmiers dattiers, bovins, Élevée
travaux externes
Fruits, légumes, lait, bovins,
Urbain Très peu chèvres, volaille, travaux Modérée
externes
Source:FAO data and expert knowledge.
Note: L’incidence de la pauvreté se réfère ici aux nombre de personnes atteints par la pauvreté et non à la gravité de
cette pauvreté, et est considérée de façon relative dans le contexte régional.

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On pourra également distinguer les systèmes agraires selon leur degré


d’intensification et leur utilisation des intrants, le recours à des cahiers des charges
contraignants (plus ou moins formels) auxquels le compost produit se conformera ou
non (voir étude sur l’insertion du compost en agriculture biologique) :
 Agriculture biologique
 Agro-écologie
 Agriculture durable
 Agriculture intensive
Pour chaque site de compostage, on pourra utiliser les études de marchés réalisées,
les ressources de l’IRD, les rapports de la FAO, les données de l’IFAD (Fonds
international de développement agricole), les données ministérielles, la
connaissance des acteurs du terrain, etc.
A ce stade, il est nécessaire de sélectionner un des systèmes agricoles présents
localement en fonction de l’importance que représente chacun des systèmes dans
l’agriculture locale, de leur capacité à l’achat de compost et de leur besoin en
compost (ou autre fertilisant produit). Les organismes locaux pourront
éventuellement nous guider pour déterminer quel système agricole représente le plus
gros potentiel d’achat de compost.

b. Les systèmes de production


Après avoir déterminé le système agricole susceptible d’utiliser le plus de fertilisants
produits par l’organisme de compostage, on s’intéressera à plusieurs groupements
de producteurs appartenant à ce système agricole et on évaluera leur système de
production d’un point de vue agro-économique à l’échelle de l’unité de production. A
ce stade, plusieurs exploitations seront analysées et on s’assurera de leur capacité
de financement des intrants, de leurs besoins d’intrant et de leur capacité à adopter
de nouvelles pratiques agricoles.
On analysera à ce stade l’intégration de l’élevage et de la culture végétale (qui
déterminera la disponibilité en fumier), le statut foncier des exploitations, leur
capacité d’organisation (en groupement de producteurs), leur accès aux intrants etc.
(cf tableau

c. Les systèmes de cultures


Le système de culture se situe au niveau de la parcelle. On devra rapidement
identifier un ou plusieurs groupe(s) d’agriculteurs représentatif du système agraire
choisi pour être support de l’étude et éventuellement y participer.

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Plusieurs exploitations seront sélectionnées et analysées de manière à en faire


ressortir les points communs dans la gestion de la fertilité. Une dizaine de
producteurs bien choisis pourront suffire mais un bon compromis serait entre 20 et
25 producteurs test.

IV. Rechercher des données sur les bénéficiaires potentiels

Pour le système susceptible de devenir supports de l’expérimentation, on devra


rechercher des données. Ces données devront porter sur le système agricole
sélectionné et jusqu’aux systèmes de culture des producteurs sélectionnés. Ces
données serviront dans un premier temps à confirmer la sélection effectuée puis
dans un deuxième temps, à cerner le cadre de l’étude, choisir un site approprié,
proposer des options de fertilisation adaptées et pouvoir capitaliser les résultats
obtenus.
La liste des données susceptibles d’être collectées, présentée ci-dessous (tableau 3)
ne constitue pas une liste exhaustive mais une base pouvant servir de réflexion à
l’équipe de décision. Il se peut qu’une partie de ces données soit difficilement
disponible, des approximations seront alors souvent suffisantes.
Les données à collecter sont classées dans quatre grandes catégories puis
différentes sous-catégories, de gauche à droite, par code couleur.
Les rubriques apparaissant en caractère gras portent sur les points essentiels à la
sélection comme support de l’expérimentation. Les caractéristiques pédoclimatiques
des exploitations sélectionnés devront correspondre à ceux du système agricole dont
ils font parti.

Tableau 3 : Données à collecter pour le système agraire ciblé


Température Annuelle Maximum/moyenne/minimum
Climatiques

Mensuelle Maximum/moyenne/minimum
Précipitations Annuelle Maximum/moyenne/minimum
Mensuelle Maximum/moyenne/minimum
Saisonnalité Bimodale/monomodale Occurrence de changements climatiques
Texture*
Structure*
Profondeur
Classification Description des différents horizons Hydrologie
Pédologiques

pédologiques du sol cultivé Vie biologique


Taux de MO
pH
Appauvrissement / enrichissement en éléments
Éléments de relief Plateau/cuvette/bas-fond/coteau Risque d’érosion ou non / écoulement de l’eau
Sous-sol Roche mère Interaction ou non avec le sol cultivé
Bassin aquifère Disponibilité en eau ou non pour irrigation

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Tableau 4 : Données à collecter pour les systèmes de production et culturaux choisis

Disponibilité des Autoproduction / achat Élevage, subventions, boutique d’intrants


intrants
Organismes de public/privé/projets internationaux/ Politique en matière de développement agricole
conseil référents ONG
Surface cultivée En totalité sur la zone de commercialisation définie
En moyenne par domaine agricole
Données technico-économiques

Rendements Rendements actuels Facteurs limitant


moyens Possibilités de progression
Main d’œuvre Main d’œuvre employée par hectare Coût / disponibilité
en moyenne Profil sociodémographique
Locale Vente directe/filière courte/filière longue
Stratégie de Consommation humaine/animale/industrielle
commercialisation Exportation Biologique / conventionnel
Consommation humaine/animale/industrielle
Capacité d’organisation Structures décisionnaires opérationnelles
Capacité Capacité d’autofinancement Données statistiques ou calculs approximatifs
d’organisation et
Facilités de financement des intrants Programmes de développement
d’investissement Présence de structures facilitatrices
Régimes fonciers Évaluer la pérennité du foncier et la possibilité de projection des paysans dans la durée
majoritaires (pour une bonne gestion de la fertilité)
Plantes cultivées Rotations utilisées
Aménagements antiérosifs
Gestion de la Travail du sol Labour / non-labour
fertilité Outils de travail du sol
Données culturales

Enrichissement en MO autoproduites Arbres, couvres-sol, fumier, compost


Fertilisants achetés Nature, prix, quantité
Agriculture pluviale Conséquences du changement climatique,
Gestion de l’eau Stratégies d’optimisation des pluies
Agriculture irriguée Irrigation partielle ou totale
Gestion d’état ou privée
Gestion des Principaux problèmes rencontrés Méthodes de prévention et de lutte utilisées
pathogènes
Gestion de Désherbage total, partiel, Désherbage chimique / mécanique
l’enherbement enherbement permanent

V. Définir le niveau d’implication des acteurs ciblés

Les expérimentations agricoles doivent répondre à une problématique paysanne et


sont destinées à être adoptées par les agriculteurs.
Deux possibilités s’offrent alors :
 Le schéma classique : Le protocole expérimental est défini par l’équipe décisionnaire
et les résultats sont transmis à la profession par l’intermédiaire d’un conseillé.
 L’approche participative : Un animateur organise des réunions avec des agriculteurs
ciblés qui délimitent un cadre de référence, mettent en lumière leurs problématiques et

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co-construisent un protocole expérimental répondant à leurs problématiques. La


construction de ce protocole est facilitée par la rencontre avec des intervenants ayant
les domaines d’expertise recherchés et la mise à disposition des informations
inhérentes au thème d’expérimentation.
Schéma classique (descendante) Approche participative

Enquête Enquête

Sélection d’un cadre de référence technique (Bibliographie, Sélection d’un cadre de référence technique (Bibliographie,
recherches) recherches)

Construction d’un protocole Sélection d’acteurs ciblés (agriculteurs, experts, animateur)


réunions hebdomadaire co-construction d’un protocole

Expérimentation
Expérimentation

Diffusion par les conseillers


Diffusion par l’ensemble des acteurs

 Rapidité de mise en place  Forte adoption des Technologies mises au


Avantages

 Coût d’exploitation plus faible point


 Adéquation entre les résultats de recherche
et les besoins réels sur le terrain

 Faible adoption des technologies mises au  Nécessite des moyens humains plus
Inconvénients

point et dans une large part abandon pur et importants.


simple de celles ci par la population.  Implique des coûts supplémentaires relatifs
 Inadéquation entre les résultats de aux intervenants, et à la mobilisation d’un
recherche et les besoins réels sur le terrain animateur technicien.

L’approche participative et le processus de co-construction d’un projet est la méthode


la plus efficace pour initier des changements durables et positifs dans les activités
humaines. Cependant, le temps et les coûts nécessaires à sa mise en œuvre sont
supérieurs.
Cette approche participative tient compte du fait que les processus d’apprentissage
de l’adulte passent par la pratique et l’expérience. Elle permet aux différents acteurs
de définir un cadre de référence commun, de mettre en lumière leurs problématiques
et de co-construire avec le facilitateur et les différents intervenants un ou plusieurs
itinéraires techniques à tester. La transparence tout au long du processus est un
facteur essentiel pour obtenir la confiance des professionnels. Pour intéresser les
producteurs, l’usage du compost doit être présenté comme une des composantes à
la gestion de la fertilité au même titre que les autres techniques culturales. Pour cela,

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le site d’expérimentation doit se situer à proximité de parcelles cultivées par des


producteurs organisés en une ou plusieurs organisations de producteurs, dont la
problématique est l’amélioration de la fertilité, et que les fertilisants « Africompost »
puissent améliorer dans le cadre de pratiques agricoles adaptées.
Pour aller plus loin dans la connaissance de cette approche, on pourra consulter la
fiche FAO « Champs Ecole Paysan », (Niger, 2012), annexe 4.
www.fao.org/docrep/017/ap777f/ap777f.pdf

VI. Rechercher un site d’expérimentation

Deux options sont envisageables :


 Des tests agronomiques chez un ou plusieurs agriculteurs
 Des tests agronomiques sur un site dédié à cet effet
Chacune des deux options présentent des avantages et inconvénient mais dans tous
les cas il faut s’assurer qu’on disposera de suffisamment d’espace pour mettre en
place les différentes planches expérimentales.
Chez l’agriculteur, les conditions d’expérimentation sont des conditions réelles et
peuvent, si l’on choisit une ferme bien représentative, coller au plus près de la
situation de la cible dans sa globalité, mais cela demande de trouver des agriculteurs
volontaires avec qu’il faut trouver des accords pour qu’ils réalisent les tests
correctement. De plus il est dans ce cas judicieux de simplifier le protocole au
maximum. Dans le cas d’une expérimentation participative, un agriculteur peut mettre
un terrain à disposition de la communauté (moyennant rétribution)
Sur un site dédié, il est nécessaire de s’assurer que les conditions pédoclimatiques
soient similaires à celles de la cible choisie. Ce site peut accueillir des
expérimentations plus complexes et devenir un lieu d’échange avec les agriculteurs.
Afin de vérifier la cohérence du choix du site par rapport à la cible choisie, il est
nécessaire d’effectuer une analyse du sol.

VII. Définir les espèces à tester au sein d’une rotation cohérente

Après avoir identifié un système agricole cible et analysé son système de production.
Il est nécessaire de définir quelles spéculations feront l’objet des tests et dans quel
ordre chronologique.
 De leur importance dans la production locale
 De leur faculté à dégager des capitaux pour l’investissement
 Du calendrier de culture
 De leur cohérence dans le système cultural de la cible choisie (rotation).

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 Des besoins de fertilisation (MO, exportation de NPK …)


 Mettre au point des rotations adaptées incluant des plantes fertilisantes
(légumineuses, engrais vert, etc.). Chaque spéculation entrant dans la rotation
ne fera pas forcément l’objet de tests agronomiques mais, l’étude doit se faire
dans le cadre d’une rotation cohérente pour ne pas introduire de biais dans
l’analyse de la fertilité.

VIII. Définir des traitements fertilisants adaptés

Pour définir des traitements fertilisants adaptés qui feront l’objet des tests
agronomiques, on devra évaluer la valeur fertilisante des amendements et engrais
afin de proposer différents traitements expérimentaux équilibrés permettant
d’améliorer le système cultural choisit.

1. Évaluer la valeur agronomique des fertilisants testés

Indépendamment des éléments nutritifs contenus, un fertilisant aura un effet plus ou


moins engrais ou amendement. Un engrais fournit des éléments nutritifs à la plante
mais ne permet pas la formation d’humus alors qu’un amendement permet la
formation d’humus mais ne fournit pas d’éléments nutritifs aux cultures. Un compost
est généralement à la fois engrais et amendement.
Les tests de matières en labo donnent des indications pour évaluer la valeur
fertilisante du compost. Dans le cas de compost de déchets ménagers, la
composition de matières premières étant propre à chaque région, on ne dispose pas
de données fiables dans la bibliographie mais les indicateurs présentés dans le
tableau 3 suivant peuvent être obtenus relativement facilement.

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Tableau 3 : Indicateurs permettant d’évaluer l’effet engrais/amendement d’un fertilisant

Indicateur Détail Interprétation Limites


Plus le rapport C/N est élevé, plus la matière organique sera difficilement Dans un mélange de différentes
minéralisable et inversement. matières organiques, la moyenne
C=carbone
Rapport C/N Pour une matière organique compostée, la frontière se situe aux C/N peut dissimuler de grandes
N=Azote
alentours de 10. Pour des matières organiques fraîches, elle se situe aux disparités.
alentours de 25.
Les matières organiques peuvent
évoluer différemment les unes par
Avec des procédés de compostage identiques, plus le temps de rapport aux autres dans un
maturation est long plus le compost devient stable. compost. Les processus de
Temps de
Plus la matière organique est fraiche plus elle va fournir de nutriments décomposition sont soumis à de
maturation
facilement assimilables aux organismes décomposeurs qui vont se nombreux facteurs durant le
multiplier. compostage qui peuvent les
ralentir ou les accélérer.

La neutralité d’un sol se Le pH n’est pas uniforme dans le


Le pH d’un compost est généralement légèrement basique ce qui a un sol comme dans une solution. Il
situe aux alentours de 6.5
effet positif sur les sols ferralitiques légèrement acides à très acides. dépend aussi fortement du régime
au lieu de sept en chimie
Le pH KCl révèle l’acidité de réserve facilement mobilisable car les ions K+ hydrique.
classique.
prennent la place des ions H+ lié par liaison électromagnétique sur le De plus, souvent, on ne prend en
pH Quand on ne précise pas,
complexe adsorbant. compte que le pH eau alors qu’il
on parle de pH de la
Le pH de titration révèle la quantité totale de sites sur le complexe faudrait prendre en compte la
solution d’eau pure.
adsorbant occupé par des ions H+ liés par liaisons électron ou par réserve d’acide immobilisé par le
Il existe aussi le pH KCl
covalence. complexe adsorbant.
dans une solution de KCl et

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le pH de titration en
présence d’une base forte.
Ce procédé permet de
doser du moins au plus
Chaque type de tissu organique (abcd) est plus ou moins stable le rapport
stable :
de ces composés permet d’évaluer la nature fertilisante d’un compost
Caractérisation - Fraction organique
(plutôt engrais ou plutôt amendement). Cette analyse ne prend pas en
biochimique de soluble (a)
la MO (CMB) - Hémicellulose (b) compte la formation de composés
(a) (b) (c) et (d) sont classés par ordre de stabilité croissante. humiques dans un compost.
- Cellulose (c)
La CBM permet de calculer l’ISB et l’ISMO (voir annexe3 « guide des
- Lignine (d)
amendements organiques »)
- Matières minérales
Nature des Pour chaque type de
déchets ou déchet on prend en
matières utilisés compte le rapport C/N On peut faire des moyennes pour connaître le rapport C/N global et/ou
en matière et/ou la composition utiliser la caractérisation biochimique des différentes MO.
première biochimique.

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Méthodologie pour l’élaboration de tests agronomiques

2. Raisonnement de la fertilisation

Les stratégies de fertilisations proposées doivent à la fois satisfaire les besoins


agronomiques du sol et des cultures, correspondre aux contraintes économiques des
agriculteurs et s’insérer facilement dans les pratiques agricoles de la cible.

Pratiques Agronomie
locales

Economie

d. La fertilisation organique
Les différents fertilisants organiques n’ont pas tous la même influence sur les
fertilités physiques, chimiques et biologiques des sols. Les préconisations
d’utilisation doivent être réalisées au regard du type de sol, du système de culture et
de la problématique rencontrée (maintien ou augmentation du taux de MO). Il
n’existe pas un produit universel mais une alternance raisonnée dans le temps peut
être bénéfique. De manière générale, nous pouvons conseiller d’associer l’utilisation
de produits stables comme le compost de déchets verts et de produit plus
fermentescibles comme le fumier afin de bénéficier de leurs effets complémentaires.
Dans la mesure du possible, les fertilisants rapidement dégradables seront apportés
chaque année (effet intense mais peu durable dans le temps). Les produits plus
stables pourront être apportés tous les deux à quatre ans. Selon la problématique
rencontrée, on privilégiera un amendement plutôt qu’un autre, par exemple, un
produit fermentescible pour améliorer rapidement un problème de stabilité
structurale, un compost végétal pour augmenter la CEC, etc. La dose d’apport devra
être raisonnée en fonction du type de sol et de sa capacité de fixation des humus
(texture), de sa teneur initiale en MO et des pertes de MO (lessivage et
minéralisation). On ne visera par exemple pas le même objectif de teneur en MO
selon que l’on se trouve en sol argileux ou en sol sableux.

e. Les engrais minéraux


Les engrais minéraux stimulent énormément la croissance des plantes et
augmentent les rendements mais les carences et déséquilibres en éléments
secondaires et oligo-éléments rendent les plantes sensibles aux parasites et
maladies obligeant à recourir aux produits phytosanitaires.

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Un engrais minéral azoté aura tendance à stimuler de manière exagérée la


microflore minéralisatrice ce qui aboutit à une minéralisation poussée de la matière
organique du sol (MOS) et éventuellement à la mort biologique du sol après
épuisement des réserves et acidification (dû à la nature des ammonitrates). De plus,
l'utilisation d'engrais chimiques, ainsi que de produits phytosanitaires, peut
sensiblement réduire le nombre et les types d'associations mycorhiziennes
(champignons qui aident les plantes à assimiler les éléments nutritifs).
La présence des mycorhizes est particulièrement limitée dans les sols riches en
phosphore.
Par ailleurs, les molécules utilisées à l’encontre des agents pathogènes des cultures
ont une action néfaste sur cette symbiose.

f. Raisonnement technico-économique de la fertilisation


En fonction de la cible visée et de ses capacités d’investissement, de la disponibilité
des différents fertilisants, proposer des stratégies de fertilisations permettant de
dégager le plus de valeur ajoutée.
Dans le contexte de diffusion pionnière du compost, il paraît adapté de proposer des
stratégies de fertilisation permettant d’améliorer les rendements et la fertilité du sol
sans occasionner de surcoût pour l’agriculteur, en baissant par exemple la dose
d’autres intrants traditionnellement utilisés (comme les engrais minéraux) et en
maximisant les processus agro-écologiques (comme la culture de plantes
fertilisantes).
On pourra, à partir de la pratique paysanne, proposer des substitutions d’une partie
des intrants utilisé par des fertilisants « Africompost » tout en gardant la même
quantité d’éléments fertilisants et en assurant leur disponibilité aux moments ou les
cultures en ont besoin.
On peut également raisonner à partir d’un objectif de rendement et effectuer un bilan
azoté pour l’ensemble de la rotation.

NB : Les coûts de productions liés à la fertilisation ne sont pas uniquement le coût


d’achat des fertilisants, mais aussi :
 Le coût de main d’œuvre lié à l’épandage
 Le coût éventuel de la lutte phytosanitaire engendrée par une fertilisation
déséquilibrée
 La perte de fertilité du sol dans le cas d’une fertilisation déséquilibrée
 La pollution de l’environnement liée au lessivage

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IX. Définir les paramètres à tester

Les objectifs des tests ayant été préalablement définis d’un commun accord avec les
partenaires du projet, et, éclairé par les données collectées précédemment, on
choisira un ensemble de paramètres qui nous semble les plus pertinents.
 Rendements des cultures
 Influence du compost sur la Vie du sol
 Les teneurs du sol en élément(s) fertilisant (évolution de la teneur du sol en azote
minéral, cinétique de minéralisation du compost)
 Rétention de l’eau
 Influence du compost sur la structure du sol
 Qualité des récoltes
 Sensibilité des plantes aux maladies
 Comparaison par rapport à tel ou tel type de fertilisant (à la place, en
complément)
 Evolution des différentes fractions de la MO dans le sol

NB : Si les le paramètre rendement semble être incontournable dans une


optique de rentabilité pour les agriculteurs, il peut également s’avérer utile de
comprendre les raisons qui se cachent derrière ces résultats pour mieux piloter la
gestion des MO dans les conditions des agriculteurs locaux.
 Plus les paramètres à tester seront nombreux plus les tests seront compliqués
à mettre en œuvre et à interpréter et plus ils demanderont de surface au sol et
de temps. On se focalisera donc sur les paramètres les plus intéressants.

X. Effectuer un diagnostic de sol

Avant de mettre en place les essais agronomiques, il est nécessaire d’effectuer un


diagnostic de sol afin :
 D’évaluer la fertilité de départ et de pouvoir observer l’effet des différents
traitements sur le sol.
 De comparer les observations effectuées aux données pédologiques
obtenues sur le système agricole ciblé.
 De mieux piloter la fertilisation notamment le pilotage des MO.

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Un diagnostic de sol s’appuie sur une analyse de terrain qui peut être complétée par
une analyse en laboratoire.
L’analyse de terrain, test bêche ou profils de sol permet de visualiser la structure du
sol, d’évaluer sa texture, sa vie biologique, et peut s’accompagner de tests
chimiques simplespermettant par exemple de mettre en évidence la présence ou
l’absence d’éléments alcalino-terreux.
L’analyse en laboratoire permet d’obtenir des informations précises sur les
constituants du sol. Les résultats de l’analyse en laboratoire devront toujours être
interprétés à la lumière des observations effectuées sur le terrain en raison de
l’imperfection des méthodes laborantines. Elle sera néanmoins très utile pour
surveiller certains paramètres du sol dans le cadre d’essai ou pour détecter et
éventuellement corriger un défaut du sol pouvant fausser les tests.

1. Le diagnostic de terrain

Le diagnostic terrain est une façon rapide et fiable pour évaluer la fertilité d’un sol. Si
l’on souhaite évaluer la fertilité des sols d’un groupe d’agriculteurs ciblés, un
diagnostic de terrain sera souvent suffisant. On peut effectuer un profil de sol
complet (voir annexe 4 « Guide du profil Cultural » de Gautronneau et Manichon) ou
procéder à un « test bêche », plus rapide et moins destructeur. Cela permet aux
agriculteurs de mieux comprendre leur sol et d’investir dans la fertilité du sol en
général. Dans une démarche pédagogique, onpeut encourager les fermiers à
observer l’activité des organismes du sol qui décomposent la matière organique
(résidus de culture) et aussi à observer le devenir des résidus de culture soumis à
dégradation. Cela peut faire partie du diagnostic de terrain, mais peut également être
un premier pas vers la reconnaissance du sol comme un écosystème vivant et actif.

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Test Bêche (1ère partie)

1. Choisir un emplacement 2. Avec une bêche plate, creuser le 3. Découper avec précaution un bloc
représentatif du terrain. sol verticalement le long de la face de sol en évitant toute compaction ou
destinée à être examinée. déformation.

5. Présenter le bloc de sol de façon que les


différentes couches, la distribution de l’humus, la
4. Prélever le bloc de sol avec précaution. porosité du sol, les racines, etc. puissent être
inspectés.

Source: African Organic Agriculture Training Manual, FIBL

Test bêche (2ème partie)

1.Comment est l’humidité du sol ? 3. Y a-t-il des taches couleur rouille ou


2. Que sent-il ?
bleu-gris sur la coupe ? Quelle couleur
domine dans les différents horizons ?

4. Quand on brise une motte, tombe-t-elle en 5. Les racines montrent-t-elle 6. Y a-t-il des signes d’activité biologique ?
petits morceaux grumeleux ou en plus gros des signes de perturbations ?
morceaux compactés ?

Source: African Organic Agriculture Training Manual, FIBL

(Pour réaliser ce test, se référer à l’annexe 5)

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2. L’analyse de sol en laboratoire

L’analyse en laboratoire peut être utile pour estimer la fertilité du sol, cependant, elle
est souvent limitée car l’assimilation des nutriments dépend de nombreux facteurs
du sol, comme l’activité biologique. Alors que les analyses chimiques de sol donnent
de bons résultats dans les sols fertilisés chimiquement, la plus grande activité
biologique des sols cultivés selon des méthodes biologiques peut aboutir à une
meilleur assimilabilité des éléments nutritifs, faisant que les résultats de l’analyse ne
soient pas totalement appropriés et utilisables. De plus, le taux d’azote du sol fluctue
énormément en seulement quelques jours, ce qui fait que la quantité d’azote présent
dans l’échantillon est fortement dépendante du moment de son prélèvement.
Les analyses chimiques de sol peuvent être utiles pour tester l’acidité du sol (pH),
pour détecter des déficiences ou toxicités de certains nutriments comme le
Phosphore (P), Potassium (K) ou Zinc (Zn) ou pour connaitre et piloter la quantité de
MO présente dans le sol (Corg).
Les tests physiques lies à la capacité de rétention en eau ou à la structure du sol
peuvent apporter d’intéressantes informations, mais les échantillons doivent être
prélevés avec beaucoup de précautions.
Les analyses biologique de l’activité des organismes du sol doivent être faites dans
des laboratoires spécialement équipés et sont plutôt chères.
Yves Herody, au sein du BRDA, utilise des indicateurs particulièrement pertinents
pour la gestion de la matière organique, notamment dans le contexte africain dans
lequel sa méthode a été développée pour faire face aux limites des analyses
classiques :
 coefficient de fixation des particules minérales actives (limons et argiles)
 saturation du complexe en bases échangeables pour justifier d’éventuels
chaulages
 stabilité des agrégats
 distinction entre plusieurs formes de matière organique (MO fugitive, 3e
fraction, Humus stable et MO ni minéralisée, ni humifiée). Toutes ces formes
donnent de précieuses indications sur la dynamique de transformation de la
MO dans le sol
 dosage du fer amorphe et de liaison, qui intervient dans la formation du
complexe organo-minéral

 La mise en place de ces analyses nécessite de faire appel à des laboratoires


familiarisés à ces analyses ou de faire appel au BRDA qui dispense des
formations en technique de laboratoire et pour les techniciens agricoles en zone
tropicale.

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XI. Rédiger le protocole expérimental

La rédaction du protocole expérimentale est une étape clef dans la mise en place de
tests agronomiques. Elle nécessite la synthèse de toutes les étapes ultérieures.

1. Organisation de l’espace

Organiser l’espace pour mettre en place à la fois :


 Toutes les cultures entrant dans la rotation du système agricole ciblé, de façon
simultanée (comme en milieu paysan si l’espace le permet) ou de manière
successive (par manque d’espace ou par désir de simplification)
 Les différents traitements de manière à avoir un échantillonnage suffisamment
large pour obtenir des résultats significatifs statistiquement.
Pour obtenir des résultats statistiquement significatifs, il faut un minimum de trois
répétitions par traitement donc trois planches recevant les mêmes traitements
fertilisants et la même culture.
On devra espacer les planches recevant le même traitement pour ne pas avoir d’effet
local et s’assurer que les traitements des planches voisines ne se contaminent pas
mutuellement par des phénomènes de ruissèlement ou par le vent lors d’éventuelles
pulvérisations foliaires.
Pour les parcelles de démonstration ou les expérimentations en Champs École
Paysan, on cherchera au contraire à mettre en place des parcelles de surfaces
équivalentes à celles mises en culture par les paysans.

2. Organisation du travail

 Prévoir un itinéraire technique (ensemble des opérations à effectuer) comparable


à celui utilisé par les agriculteurs et/ou recommandé par les organismes
techniques agricoles.
 Calendrier cultural (date de semis, plantation, récolte par espèce sous forme
de tableau)
 Travail du sol
 Semis / plantation (densité, variété utilisée)
 Rotations (ex : carotte : rotation de 5 ans minimum, possibilité d’association
de culture avec une alliacée)
 Assolement : implantation des cultures à une date donnée)
 Prévoir la gestion des adventices (=mauvaises herbes)
(Faux semis, désherbage manuel, utilisation de couvre sol biodégradables ou non,
vivant ou non, association de culture)

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 Prévoir la gestion des parasites et maladies.


Si l’on fait des essais en culture biologique et conventionnelle, il est conseillé
de n’utiliser que des méthodes de lutte biologique pour ne pas introduire de
biais puisque seuls les fertilisants feront l’objet des tests.
 Prévoir l’irrigation (avec ou sans, quel système)

 Définir les données à prélever, les procédures et stades de prélèvement de ces


données.
 Estimer la charge de travail sur la durée du test
 Si le test est réalisé chez l’agriculteur, seules les taches spécifiques au test
seront estimées.
 Si le test se déroule sur un site spécialement dédié, il faudra estimer
l’ensemble des taches de l’itinéraire de production.
 Calculer les coûts prévisionnels

XII. Mettre en œuvre le protocole défini

 Enregistrer les données météorologiques, les paramètres testés, et noter les


observations effectuées dans un cahier et un fichier tenus à jour
 Noter toute anomalie (climatique, etc.) pouvant subvenir durant le test agro.
 Il est important de s’en tenir au protocole défini, (sauf cas de force majeur)
 Si les essais sont effectués chez un ou plusieurs agriculteurs, prévoir des visites
régulières

XIII. Interpréter les résultats.

A la fin de chaque saison de test agronomique (récolte des plantes utilisées pour les
tests), il est nécessaire d’analyser les résultats et de ré-envisager la prochaine
saison de tests à la lumière de ceux-ci.
 Compiler les données
 Analyser et interpréter les résultats de façon statistique
 Tirer les conclusions des tests
 Evaluer le protocole utilisé et si besoin le modifier pour la suite des tests

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Conclusion
Les tests agronomiques demandent à être menés de façon rigoureuse et surtout bien
raisonnés en amont. La planification, en fonction d’objectifs clairement définis,
permet d’orienter les expérimentations de façon rationnelle, sur plusieurs années.
Il est important de se fixer des objectifs en rapport avec nos possibilités en matière
de compétence agronomiques et de capacité de financement.
Ainsi, si des tests agronomiques basiques peuvent être facilement envisagés, pour
participer aux recherches sur le pilotage des MO dans la gestion de la fertilité, il
parait judicieux de se rapprocher de structures internationales comme l’IRD qui mène
une programme nommé « Agriculture périurbaine ou comment recycler utile » et
dirigé par Dominique Masse et Edmond Hien.
Les jardins d’expérimentation peuvent aussi devenir des relais de diffusion des
« bonnes pratiques agricoles » au niveau local.
Dans cette optique, il est souhaitable de :
- S’associer à des structures de conseil technique présentes localement ;
- Constituer une petite bibliothèque agricole consultable sur place ;
- Organiser des journées d’échange et de formation ;
- S’inspirer de l’approche « Champs École Paysan ».

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Glossaire :

Approche Champs École Paysan (CEP) :Le champ école paysans est un système
participatif de transfert de technologies aux producteurs et de renforcement de leurs
capacités à prendre des décisions.
La mise en place de CEP est un processus qui va du diagnostic de la situation de production
à l’application de nouvelles techniques et technologies appropriées en passant par des
formations, des tests variétaux, de fertilisation et de comparaison de parcelles témoins,
pratiques paysannes (PP) et de parcelles de gestion intégrée de production et de protection
(GIPP).
Humification : Terme qui implique la formation de l'humus à partir de matière organique
morte, faisant intervenir de nombreuses réactions enzymatiques réalisées par les bactéries,
les champignons et la microfaune du sol.
Minéralisation : processus de décomposition de substances complexes de grande taille
d'origine organique ou minérale. Ces substances sont découpées en composés plus petits et
de forme plus simple, en général par une action microbienne. C'est un processus très
important dans les sols pour la libération des éléments nutritifs de la forme organique vers
une forme minérale assimilable par les racines.
Structure : On définit la structure du sol comme le mode d'organisation des différentes
particules de sable, de limon et d'argile entre elles. Les particules isolées, une fois
assemblées, apparaissent comme des particules plus grosses. C'est ce qu'on appelle des
grumeaux. Ces grumeaux s'organisent en agrégats.
Texture : Indique l'abondance relative, dans le sol, de particules de dimensions variées:
sable, limon ou argile. De la texture dépendent la facilité avec laquelle le sol pourra être
travaillé, la quantité d'eau et d'air qu'il retient, la vitesse à laquelle l'eau peut entrer et circuler
dans le sol, et sa capacité à créer des complexes organo-minéral.

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Liste des annexes :

Annexe 1 : « La fertilité des sols : L’importance de la matière organique » de Gérald


Huber et Christiane Schaub

Annexe 2 : « La fertilisation organique des cultures, les bases », Jacques Petit et


Pierre Jobin, octobre 2005

Annexe 3 :« Guide méthodique du profil cultural » de Yvan Gautronneau et Hubert


Manichon

Annexe 4 : « Test Bêche simplifié » adapté par Joséphine Peigné

Annexe 5 : Fiche FAO « Champs Ecole Paysan » 2012

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