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Thème 3 - Les espaces ruraux dans le monde entre multifonctionnalité et fragmentation

Nous allons voir dans cette leçon comment les espaces ruraux se recomposent-ils dans le monde.
Recomposition territoriale ; évolutions fonctionnelles et paysagères que connaissent les territoires face à la
concurrence qui les oppose et aux nouveaux enjeux liés notamment à la mondialisation.

I/ la fragmentation des espaces ruraux


1/ l'importance globale des espaces ruraux dans le monde
Aujourd'hui les espaces ruraux dans le monde comptent environ 3,4 milliards d'habitants. Pourtant en valeur
relative la part des ruraux ne cesse de diminuer : ils sont aujourd'hui globalement minoritaires, 45 % de la
population mondiale est une population rurale.
Le recul du nombre d'agriculteurs est due à plusieurs facteurs, parmi eux on peut citer la modernisation de
l'agriculture qui est de plus en plus mécanisée et qui emploie donc moins de main-d'oeuvre qu'auparavant ; de
plus, le monde connaît également une transition urbaine (passage d’un stade où la population est
majoritairement rural à un stade où la population est majoritairement urbaine) nourrie par un exode rural
massif ; ainsi la plupart des agglomérations dans le monde voient leur nombre d'habitants augmenter du fait
de l'arrivée des ruraux dans la ville et cette arrivée les transforme de fait en citadins.
Schématiquement, on peut opposer les pays des Nords à certains pays des Suds. Dans les Nords la transition
urbaine est achevée, les agriculteurs ne représentent plus qu’entre 5 à 20% de la population active alors qu'en
revanche dans certains pays des Suds notamment dans les PMA (les pays les moins avancés), le taux de ruraux
dépassent fréquemment les 70% de la population comme le montre l'exemple de l'Afrique subsaharienne (600
millions de campagnards) ou de l'Asie du Sud-Est (2 milliards de campagnards).

2 / ces espaces ruraux connaissent des dynamiques différenciées, on parle même de fragmentation
La fragmentation est lorsqu’il y a la perte d'une unité d'un espace et que les liens entre les activités
économiques et les populations se distendent.
Aujourd'hui les espaces ruraux connaissent une fragmentation entre les espaces ruraux bien insérés dans la
mondialisation et les espaces ruraux aux marges de celle-ci, donc on peut différencier ici deux grands types
d'agricultures : l'Agriculture productiviste et l'Agriculture vivrière.
L’agriculture vivrière ou agriculture familiale est une agriculture dont la production est destinée à nourrir
l’agriculteur et sa famille. Cette agriculture s’appuie sur des exploitations de petite taille, peu mécanisées et
utilisant principalement la main d’oeuvre familiale. Les espaces de cette agriculture sont très divers et se
concentrent en Afrique subsaharienne, en Asie et dans les Andes. Elle est généralement peu productiviste et
peine à nourrir les populations, avec une population touchée par la malnutrition. Cependant, certains modèles
vivriers comme les rizicultures irriguées en Chine et en Inde permettent de nourrir une population nombreuse,
supportant de fortes densités. Dans les pays des Nords, l’agriculture familiale persiste mais reste limitée et se
tourne davantage vers l’agriculture biologique ((agriculture n’utilisant pas ou très peu d’intrants chimiques,
respectueuse de l’environnement et du bien-être animal) ou raisonnée (agriculture limitant les intrants
chimiques, sans remettre en cause la rentabilité des exploitations).
L’agriculture productiviste s’est largement développée dans le monde. Elle s’appuie sur une forte
mécanisation et l’ajout d’intrants (engrais, pesticides…). Les rendements sont élevés et le besoin en main
d’oeuvre est plus faible. Avec la mondialisation, le modèle productiviste s’est largement développé dans le
monde, dans les pays émergents comme dans les pays des Suds et les PMA avec la céréaliculture, les serres,
l’élevage hors sol ou les plantations (palmiers). Cette agriculture produit l’essentiel des flux agricoles
mondiaux et participe à la mise en place d’un modèle d’agrobusiness dans lequel l’agriculture est totalement
intégrée dans un système économique avec une forte industrie chimique et mécanique en amont et des FTN
agro-alimentaires en aval de la production agricole. Ainsi, le groupe Nestlé est très présent en Côte d’Ivoire
pour contrôler la production de cacao, favorisant l’accès aux engrais et au matériel agricole pour augmenter
les productions.

3/ une recomposition des espaces ruraux liés aux grands enjeux mondiaux (développement durable)
Les espaces ruraux notamment agricoles vont devoir s'adapter à la fois à l'impératif d'augmentation de la
production agricole, celle- ci devrait augmenter de 70% d'ici 2050 pour pouvoir nourrir 9 milliards d'habitants,
mais l'agriculture doit aussi répondre au cadre du développement durable, c'est à dire non seulement
répondre aux besoins alimentaires actuels mais aussi ne compromettant pas le développement des
générations futures ; alors pour ça il y a plusieurs pistes :
D’abord limiter les intrants chimiques, c'est la révolution doublement verte dans les pays en développement
c'est l'agriculture raisonnée ou le recours à l'agriculture biologique surtout dans les pays développés.
L'autre piste sera plutôt du côté de la consommation, c'est à dire favoriser la consommation de produits sains
notamment par la labellisation de produits agricoles comme les AOC (appellations d’origine contrôlée), les
AOP (appellations d'origine protégée), qui vise à promouvoir une agriculture de bonne qualité .
Enfin, il s'agit aussi dans le volet social de favoriser le commerce équitable qui permet la juste rémunération
des producteurs.
II- affirmations des fonctions non agricole et conflits d'usage dans les espaces ruraux
1/ Des espaces ruraux de plus en plus sous la dépendance de la ville
L’étalement urbain transforme les espaces ruraux les plus proches des villes, effaçant les limites entre villes et
campagnes et aboutissant à la périurbanisation très présente en Europe et en Amérique du Nord et en
développement ailleurs. Les campagnes deviennent des espaces résidentiels ce qui signifie que les populations
urbaines s’y installent. Les paysages ruraux se transforment avec le développement de lotissements ou
d’immeubles à proximité des voies de communication.
Dans ces espaces ruraux, le mode de vie urbain se diffuse et participe au développement d’une économie
résidentielle basée sur les services et les commerces. Les infrastructures de communication se multiplient,
augmentant les échanges entre ces deux types d’espaces. Les villes fournissent au monde rural des services
pour les populations rurales (soin, éducation, commerce, culture). En échange, les espaces ruraux fournissent
des produits agricoles pour alimenter les marchés urbains. Ils sont aussi perçus comme une réserve d’espace
pour les activités récréatives et de loisirs (vélo, randonnées).

2/ Une infirmation progressive des fonctions non agricole


Mais au- delà de l'activité résidentielle les espaces ruraux développent aussi d'autres activités, on assiste ainsi
à un renouveau de l'industrie rurale, c'est souvent une industrie ancienne mais qui aujourd'hui redynamisée
par la mise en exploitation de nouvelles mines par exemple ou liée à l'exploitation forestière qui s'est
grandement industrialisés comme le montre l'exemple de l'exploitation forestière au canada de même on va
assister à une tertiarisation des espaces ruraux par l’exemple du tourisme rural qui se développe surtout dans
les Nords et encore timidement dans les Suds, l'Afrique australe par exemple fait de gros efforts et axe une
politique touristique sur le tourisme rural en préservant une partie de ces espaces notamment par le biais
des réserves.

3/ la multiplication des conflits d'usage


Alors du fait de la multiplication des activités autres qu'agricoles on assiste à la multiplication de conflits
d'usage c'est-à-dire de concurrence entre différentes activités et acteurs pour contrôler l'utilisation d'un
espace où d'une ressource par exemple on va avoir des conflits pour l'eau c'est le cas en Andalousie où les
ressources en eau douce doivent être partagés entre l'agriculture et le tourisme de masse ce qui multiplie bien
entendu les tensions mais c'est le cas également pour la pression foncière urbaine sur les espaces ruraux qui a
accentué la concurrence pour la possession de la terre ce qui pose la question de la sécurité alimentaire or
cette question porte les conflits à une échelle plus globale puisque pour répondre à la pression foncière
certains Etats ont développé l'accaparement des terres, c'est à dire que des Etats tels que la Chine voire
même des entreprises agroalimentaires louent et achètent des terres au détriment des Etats les plus pauvres
comme en Afrique.
C'est un aspect qui pose la question aussi de l’équilibre des relations internationales .

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