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Agriculture au

Burkina Faso

Le secteur agricole constitue une


composante essentielle de l’économie du
Burkina Faso. Il contribue pour 35 % au
produit Intérieur Brut (PIB) du pays et
emploie 82 % de la population active[1].

La production agricole est dominée par


les céréales (sorgho, mil, maïs et riz),
principales cultures vivrières, par le
coton, principale culture de rente, et par
l’élevage. L’arboriculture et le maraîchage
occupent aussi une place non
négligeable.

Producteurs et productions agricoles du Burkina


Faso

Caractéristiques générales
Les terres à vocation agricole sont
estimées à 11,8 millions d’hectares, mais
seulement 5,7 millions d’hectares sont
cultivées[1].
Agriculture familiale à Tanwalbougou, dans le
département de Fada N'Gourma

L’agriculture burkinabé est très


majoritairement une agriculture familiale
avec 900 000 exploitations[2] environ de
moins de 5 ha, soit 72 % du total des
exploitations. Les exploitations de plus
de 20 ha, au nombre de 15 000 environ,
sont très minoritaires. Elles sont en
partie détenues par des investisseurs
privés. Une classe intermédiaire entre 5
et 20 ha existe toutefois ; elle représente
335 000 exploitations, soit 26 % de
l’ensemble.

Il s’agit d’une agriculture de type pluvial


rythmée par l’alternance de la saison
sèche (novembre à avril en moyenne) et
de la saison des pluies (juin à septembre
en moyenne), les mois de mai et octobre
étant des mois de transition. La durée de
chacune de ces périodes varie cependant
selon les zones, la durée de la saison
sèche augmentant lorsqu’on remonte
vers la zone sahélienne du nord. Les
surfaces irriguées sont faibles avec à
peine 46 000 ha de périmètres irrigués et
37 500 ha de bas-fonds, très en deçà des
potentialités.
Le secteur agricole burkinabé, malgré les
progrès réalisés au cours des dernières
années, souffre d’une faible productivité
en raison de plusieurs facteurs
défavorables : aléas climatiques, baisse
de la fertilité des sols, faiblesse des
infrastructures notamment des routes,
manque d’organisation des filières (hors
celle du coton), faiblesse des
investissements, insuffisance de
formation des ressources humaines...

Politique agricole
Au cours des années 1990, comme dans
bon nombre d’autres pays africains, le
gouvernement a mis en œuvre un
Programme d’Ajustement du Secteur
Agricole (PASA). Ce programme avait
pour objectifs la libéralisation du
commerce des produits agricoles, la
privatisation des entreprises agro-
industrielles ainsi que la suppression des
subventions pour les intrants[2].

En 2000, a été adopté un Cadre


Stratégique de Lutte contre la Pauvreté
(CSLP) avec un important volet agricole
traduit en 2003 dans la Stratégie de
Développement Rural (SDR). Les
principaux objectifs de la SDR sont les
suivants :

- accroître les productions agricoles,


pastorales, forestières, fauniques et
halieutiques grâce à l’amélioration de la
productivité

- augmenter les revenus grâce à une


diversification des activités économiques
en milieu rural - renforcer la liaison
production/marché

- assurer une gestion durable des


ressources naturelles

- améliorer la situation économique et le


statut social des femmes et des jeunes
en milieu rural

-responsabiliser les populations rurales


en tant qu’acteurs de développement.
En décembre 2010, la Stratégie de
Croissance Accélérée et de
Développement Durable (SCADD 2011-
2015 ) a remplacé le CSLP. La SCADD est
en cohérence avec la politique régionale
de développement adoptée par la
Communauté Économique des États de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Elle est
déclinée dans un Programme National du
Secteur Rural (PNSR) qui comporte un
certain nombre de projets opérationnels,
relatifs par exemple au développement
des filières prioritaires, de
développement de l’irrigation et de
l’accès à l’eau potable, de création d’un
pôle de croissance dans le Centre Est du
pays,…
Mais les résultats concrets de ces
politiques demeurent incertains. Selon la
FAO, en dépit des progrès effectués dans
l’adoption d’une approche sectorielle, les
politiques agricoles sont mises en œuvre
à travers de nombreux programmes,
projets et politiques commerciales qui ne
sont pas clairement priorisés[2]. De plus,
certains programmes ont été annulés
avant même d’avoir été mis en en œuvre.

Par ailleurs, certaines organisations de la


société civile burkinabé considèrent que
les orientations politiques devraient
donner la priorité à la souveraineté
alimentaire du pays et rompre avec les
politiques commerciales libérales
édictées par l’OMC, ceci afin de protéger
les populations rurales de la concurrence
exercée par les produits agricoles
importés à bas prix et de lutter plus
efficacement contre la pauvreté.

Principales productions
Coton

Fileuses de coton dans la région d'Oury

Cultivé sur environ 586 000 ha, la


production de coton graines pour la
campagne 2013-2014 est estimée à 760
000 tonnes[1].

Le coton est cultivé dans l’ensemble du


pays, sauf dans la zone sahélienne du
nord. La région Ouest autour de Bobo
Dioulasso demeure cependant la grande
région cotonnière.

Il s’agit pour une grande partie de coton


Bt génétiquement modifié (GM). Cet
emploi massif de semences de coton
GM suscite cependant certaines
oppositions de la part de plusieurs
associations de la société civile
burkinabé et d'une partie des paysans[3].
De plus il semble que la qualité des fibres
du coton GM soit inférieure à celle du
coton conventionnel, ce qui a conduit à la
réduction des surfaces ensemencées en
coton Bt à partir de la campagne
2012/2013.

Le Burkina Faso commence aussi à


produire du coton biologique dont la
production, bien qu’encore très faible
(864 tonnes en 2013/2014)[4]est en
croissance.

Le coton est une source de revenus


monétaires importante pour les 325 000
producteurs du pays. Il contribue
largement aux recettes d’exportation : il a
occupé la première place des produits
exportés jusqu’en 2009, mais à la suite
du développement de mines d’or, il est
passé à la deuxième place avec 26 % de
l’ensemble. Le coton est donc d’un
intérêt stratégique pour le Burkina Faso
qui occupe le douzième rang mondial
des pays producteurs[5]. Le pays fait
partie du groupe (appelé C4) des grands
pays producteurs de l’Afrique de l’Ouest
avec le Mali, le Bénin et le Tchad. Le C4
intervient dans les négociations
internationales sur le commerce pour
dénoncer les mesures de soutien au
coton prises par les États-Unis et l’Union
Européenne qui créent des distorsions de
concurrence au détriment des pays
africains pauvres.
La filière coton au Burkina est une filière
bien structurée selon une organisation
pyramidale[5]. À la base, les producteurs
font partie de groupements de
producteurs de coton (GPC) bénéficiant
d’un encadrement technique. Chaque
GPC comprend entre 12 et 50 membres.
Il en existe environ 8500[6] dans le pays.
Ces GPC sont coiffés par des
organisations faîtières au niveau
départemental, puis provincial et enfin
national. Au niveau national, l’Union
Nationale des Producteurs de Coton du
Burkina (UNPCB) a pour mission de
représenter les producteurs de coton du
pays et de défendre leurs intérêts.
L’UNPCB est même actionnaire des
grandes sociétés cotonnières qui
assurent l’encadrement technique des
producteurs, le transport de la
production, la transformation et la
commercialisation du coton. Ces
sociétés sont au nombre de trois : la
SOFITEX, la plus ancienne et de très loin
la plus importante qui couvre les grandes
zones cotonnières de l’Ouest et du Sud-
Ouest du pays, la SOCOMA qui couvre la
région Est et FASO COTON, la plus petite,
située dans le Centre.

Sésame

La production de sésame est de l’ordre


de 60 000 tonnes en 2012. La grande
majorité de la production est exportée.
Le sésame est une culture attractive pour
les paysans car sa mise en culture est
postérieure aux autres cultures,
notamment aux céréales. Elle constitue
une source de revenus intéressante avec
des couts de production peu élevés et
une commercialisation facile[7]. Ceci
explique son développement rapide au
cours des dernières années.

Céréales
Rizière de Bama

Sorghum bicolor, près de Fada N'Gourma

Elles couvrent 4,2 millions d’hectares,


soit les trois quarts des superficies
cultivées. La production céréalière pour
la campagne 2013-2014 est estimée à 49
millions de quintaux en hausse de 15 %
par rapport à la moyenne des 5 dernières
années (42 millions de quintaux). Elle est
dominée par le sorgho suivi du mil, du
maïs et du riz avec respectivement 44,
31, 21 et 4 % de la production [6].

La culture du sorgho (rouge ou blanc) est


pratiquée en saison des pluies par plus
de 70 % de agriculteurs dans l'ensemble
du pays. Sa production moyenne sur 5
ans (2008 à 2012) a été de 17,3 millions
de quintaux[6]. Elle est à 90 %
autoconsommée.

La culture du maïs est en plein


développement, notamment dans les
zones cotonnières où le maïs est intégré
aux systèmes de production et peut
bénéficier des intrants (engrais) attribués
aux producteurs de coton. La superficie a
quasiment doublé entre 2007 et 2012 où
elle a atteint plus de 800 000 ha. La
production annuelle est de l'ordre de 11
millions de quintaux. Le taux
d'autoconsommation est de 85 %[6].

Le riz est également une culture en


développement. Pour la campagne
2012/2013, pour une superficie de 137
000 ha, la production a atteint 320 000
tonnes environ alors qu'elle n'était que de
195 000 tonnes en 2008/2009[6]. La
culture du riz est pratiquée
essentiellement dans les bas-fonds
(aménagés ou non), mais aussi dans
quelques périmètres irrigués par
gravitation ou pompage et dans des
zones pluviales. 75 % de la production
est commercialisée sur le marché
national et 25 % auto-consommée. Les
besoins du pays ne sont couverts qu'à
42 %. Le reste est importé des pays
asiatiques, ce qui n'est pas sans
influence sur les revenus des
producteurs nationaux .

Niébé

Le niébé est une légumineuse largement


cultivée en Afrique et tout
particulièrement au Burkina Faso.
Résistant à la sécheresse, la plante est
bien adaptée au climat aride de l’Afrique
subsaharienne. Riche en protéines, la
graine, semblable à un haricot, est très
intéressante pour la consommation
humaine ; ses résidus (fanes) peuvent
également être utilisés comme fourrage.
C’est essentiellement une culture vivrière
autoconsommée ou destinée aux
marchés locaux ; mais elle est de plus en
plus présente sur les marchés urbains et
commence à être exportée. En ce sens,
elle acquiert progressivement un statut
de culture de rente. Le niébé est surtout
présent dans les petites exploitations de
moins de 3 ha où il est le plus souvent
cultivé comme plante secondaire en
association avec les céréales
traditionnelles[8]. Sa culture pure existe
aussi, mais est beaucoup plus rare et
plutôt le fait d’exploitations de grande
taille. Sa production est difficile à
quantifier de façon précise en raison d’un
taux élevé d’autoconsommation ; selon
les statistiques officielles, elle serait de
l’ordre de 600 000 tonnes lors de la
campagne 2012/2013. Elle s’est
fortement développée au cours des
dernières années.

Arboriculture

Plantation de manguiers à Gando


L'arboriculture occupe une place non
négligeable. Les principales productions
sont la mangue, la banane, la papaye,
l’anacarde et les agrumes.

La production de mangues pratiquée par


près de 60 % des arboriculteurs, très
majoritairement sur de très petits
vergers, a été sur les 5 années allant de
2008 à 2012 de 130 000 tonnes en
moyenne[6]. Une faible partie est
exportée, de l'ordre de 7000 tonnes ;
mais des potentialités de développement
existent car la demande internationale
est en croissance. Les principales zones
de production se situent dans les régions
des Hauts-Bassins et des Cascades.
Cultures maraîchères

Choux irrigués près de Bobo Dioulasso

Elles sont diversifiées. Les plus


répandues sont l’oignon, la tomate, la
pomme de terre et le chou. Nécessitant
une irrigation régulière, elles sont
pratiquées surtout dans les bas-fonds.
Les périphéries urbaines comportent
également d’importantes zones
maraichères permettant d’approvisionner
rapidement les marchés.
Les femmes sont très impliquées dans
ces filières fruits et légumes[9]. Ceci leur
permet d'améliorer sensiblement les
revenus familiaux.

Productions animales

Bovins à Gorom-Gorom

L’élevage représente une fraction très


importante du secteur agricole
burkinabé.
Le cheptel est numériquement le
deuxième des États de l’Afrique de
l’Ouest après celui du Mali. En 2011, on
dénombre 8,6 millions de bovins, 8,5
millions d’ovins, 12,7 millions de caprins
et 2,3 millions de porcins[10]

Il s’agit essentiellement d’un élevage à


vocation viande ou parfois mixte viande-
lait. Les systèmes de production sont
très extensifs et relèvent du pastoralisme
ou de l’agropastoralisme. Seuls quelques
élevages d’embouche proches des villes
sont plus intensifs.

Il existe très peu d’élevages laitiers


spécialisés (environ 200) et la plupart
d’entre eux ont une productivité faible.
Les besoins en lait ne sont pas couverts
et le pays doit importer des quantités
importantes de produits laitiers
(essentiellement sous forme de lait en
poudre) pour satisfaire la demande.

L’élevage avicole avec 30 millions de


poulets et 7,7 millions de pintades[10] est
aussi bien représenté.

L’élevage est le troisième poste


d’exportation du pays[1]. Ces
exportations se font essentiellement
sous forme d’animaux vivants à
destination des pays voisins : Côte
d’Ivoire, Bénin, Ghana.

Références
1. Ministère de l'agriculture, de
l'agroalimentaire et de la forêt -
Politiques agricoles à travers le
monde - Fiche pays - Burkina Faso,
2015
2. FAO - Revue des politiques agricoles
et alimentaires au Burkina Faso -
Rapport pays, juillet 2013
3. Le Monde Afrique - Manifestation au
Burkina Faso contre les OGM de
Monsanto, 23 mai 2015
4. Commodafrica - Le Burkina, premier
producteur de coton bio en Afrique
de l'Ouest, juin 2015
5. Ministère de l'environnement et du
cadre de vie - Projet Initiative
Pauvreté et Environnement - Analyse
économique du secteur du coton -
Liens Pauvreté et Environnement -
Rapport final, août 2011
6. Ministère de l'agriculture et de la
sécurité alimentaire - Situation de
référence des principales filières
agricoles au Burkina Faso, avril
2013
7. RONGEAD - Le sésame au Burkina
Faso - État des lieux 2013 - Fiches
techniques de production, 2013
8. MH.DABAT, R.LAHMAR, R.GUISSOU,
La culture du niébé au Burkina Faso :
une voie d’adaptation de la petite
agriculture à son environnement ?
2012
9. FAO - EASYPol - Analyse de la filière
maraichage au Burkina Faso,
novembre 2007
10. Ministère des ressources animales -
Statistiques du secteur de l'élevage -
Annuaire 2011

Annexes
Bibliographie

Cadre d'action pour l'investissement


agricole au Burkina Faso, OECD
Publishing, 2012, 135 p.
(ISBN 9789264169098)
(en) Estelle Mousson Koussoubé,
Institutions, Technology Adoption and
Agricultural Development in Burkina
Faso, Université Paris-Dauphine, 2015
(thèse de Sciences économiques)
Ophélie Robineau, Vivre de l'agriculture
dans la ville africaine : une géographie
des arrangements entre acteurs à
Bobo-Dioulasso, Burkina Faso,
Université Paul Valéry, Montpellier,
2013 (thèse de Géographie et
Aménagement de l'espace)
Zakaria Sorgho, L'économie agricole du
Burkina Faso : un potentiel de
développement, Éd. Baudelaire, Lyon,
2010, 320 p. (ISBN 978-2-35508-606-9)
Filmographie

Pierre Rabhi : au nom de la terre, film


documentaire de Marie-Dominique
Dhelsing, Les Films du Paradoxe, Bois-
Colombes, Nour Films, Paris, 2012, 1 h
38 min (DVD + brochure)

Articles connexes

Économie du Burkina Faso

Liens externes

« Profil de pays : Burkina Faso »


(Organisation des Nations unies pour
l'alimentation et l'agriculture)

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