Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Résumé exécutif
1. Stratégie
Face à une situation où la production céréalière reste insuffisante pour couvrir les
besoins alimentaires de la population, et malgré les efforts déployés, l’opportu-
nité de réduire le déficit de la balance commerciale alimentaire, objectif de la Tu-
nisie, passe par : i) la réduction des importations en soutenant la filière céréalière
nationale et la coopération Sud-Sud ; ii) l’augmentation des exportations de pro-
duits oléicoles au niveau national, tout en étendant les acquis à d’autres pays
africains ; iii) la mise à l’échelle des acquis de la filière avicole en Afrique.
• Pour la filière avicole et cunicole : valoriser les acquis de cette filière mise en
place depuis la fin des années 1960 et qui est extrêmement bien organisée avec
le GIPAC (Groupement interprofessionnel des produits avicoles et cunicoles).
2. Engagement politique
Pour les filières retenues par le Pacte, la Tunisie dispose de stratégies spécifiques
: i) la Stratégie de développement des céréales à l’horizon 2025 ; ii) la Stratégie
de promotion de l’huile d’olive à l’horizon 2030 ; iii) la Stratégie de promotion de
l’aviculture et la cuniculture à l’horizon 2025.
Par ailleurs, la Tunisie dispose d’un cadre juridique et réglementaire des affaires
et d’un Code unique des investissements, qui donnent des garanties aux inves-
tisseurs, simplifient les formalités et procédures légales de constitution d’une en-
treprise, et offrent des incitations au secteur agricole. L’Agence de promotion
des investissements agricoles (APIA) opère pour renforcer les acquis réalisés
en matière de développement de l’investissement privé, national et étranger. Un
cadre relatif aux partenariats public-privé est mis en place. La Tunisie a mis l’ac-
cent également sur des réformes structurantes, qui permettent d’agir, à cours et
moyen terme, sur le secteur agricole et de contribuer à l’autosuffisance alimen-
taire de la population.
3
3. Engagement de financement
Les ressources nécessaires pour soutenir les objectifs du Pacte sont évaluées à 460
millions de dollars américains, dont :
La Tunisie finance, à partir de ses ressources propres, différentes initiatives qui con-
tribuent à la réalisation des objectifs fixés dans le Pacte. Parmi celles-ci figurent l’appui
aux activités de l’Office des céréales (campagnes agricoles, collecte, stockage, impor-
tations), l’appui à la production des engrais (Groupe chimique tunisien), l’appui aux ac-
tivités de l’Office de l’huile (campagnes agricoles, collecte, stockage, exportations), des
opérations de développement des cultures fourragères et des partenariats public-privé
(trois filières).
Des contributions des partenaires sont en cours ou susceptibles de découler des initia-
tives suivantes :
5. Mécanisme de coordination
4
Table des matières
1. Introduction et état des lieux 1
5. Un appel à l’action 25
6 Mise en oeuvre 31
5
1
Introduction et état des lieux
Introduction et état des lieux
L’agriculture occupe une place prépondérante dans l’économie de la Tunisie. Son rôle
dans la dynamique de croissance, la sécurité alimentaire, l’équilibre de la balance com-
merciale et ses effets d’entraînement sur d’autres secteurs d’activité, en amont et en
aval, est crucial.
Le secteur agricole contribue à hauteur de 10% du PIB du pays, de 20% des emplois
(directement dans l’agriculture et indirectement dans les industries agroalimentaires)
et d’environ 12% des recettes d’exportations.
Entre 2011 et 2019, la croissance annuelle moyenne du secteur, en valeur ajoutée, a at-
teint 10,7%. Plus d’un tiers (34%) de la population tunisienne vit dans les zones rurales
et dépend du secteur agricole.
Malgré les progrès réalisés, les performances agricoles restent globalement insuffi-
santes, au regard du potentiel du secteur. La productivité agricole demeure faible, la
variabilité interannuelle est importante et obère la stabilité de l’offre. À cela s’ajoutent
une compétitivité et une valorisation encore insuffisantes des produits agricoles.
L’agriculture tunisienne est confrontée à des défis importants, dont : i) les effets du
changement climatique, affectant directement la production et la productivité ; ii) les
effets de la pandémie de Covid-19 et ses graves conséquences sur l’économie mondiale
et nationale ; iii) les effets de la guerre en Ukraine et ses répercussions sur l’approvi-
sionnement du marché mondial des céréales et des engrais et de l’énergie.
Les effets du changement climatique sont de plus en plus marqués (périodes de sé-
cheresse plus fréquentes, vagues de chaleur, stress hydrique, etc), avec, pour consé-
quence, une détérioration des investissements dans le secteur agricole. Ce recul avait
déjà été observé, notamment durant les cinq dernières années, les investissements
dans le secteur agricole ne représentant en 2015 que 7,4% des investissements totaux
contre 12,7% en 2000.
Toutefois, il est utile de préciser que le secteur agricole tunisien bénéficie d’opportu-
nités importantes liées à son ancrage africain. D’une part, avec la ratification, en juillet
2020, de l’accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine
(ZLECAf), qui vise à établir un cadre global et mutuellement avantageux pour les re-
lations commerciales entre les États membres de l’Union africaine. D’autre part, avec
l’adhésion de la Tunisie à la zone de libre-échange du COMESA, permettant l’accès aux
produits tunisiens depuis janvier 2020.
1
développement du secteur agricole 2023-2025, soutient la durabilité et l’inclusion des
systèmes alimentaires et agricoles. Il a pour objectif de transformer les systèmes ali-
mentaires en une source sécurisée d’alimentation, de revenus et d’emplois décents pour
la population agricole, notamment pour les plus vulnérables (jeunes, femmes et popula-
tion rurale) afin de lutter contre la pauvreté, le chômage et l’insécurité alimentaire.
Pour atteindre les objectifs fixés, les efforts seront concentrés notamment sur : i) des
investissements pour stimuler les chaînes de valeur (depuis l’amont productif jusqu’à
l’aval commercial : production, productivité, transformation, commercialisation, etc) ; ii)
la mise en place des infrastructures structurantes et l’appui à l’accès aux financements ;
iii) la mobilisation de l’investissement privé pour accompagner l’initiative publique ;
iv) la promotion des nouvelles technologies (appui à la transformation digitale et à la
promotion des start-up innovantes, etc).
Ce Pacte sera également un appel à une action claire pour la Tunisie et ses partenaires
et proposera une feuille de route pour les prochaines étapes nécessaires à la réalisation
de ses objectifs en matière de production alimentaire.
2
Point de situation des filières clés
La filière céréalière
Elle est d’une importance vitale pour la Tunisie en raison de son rôle central dans le
régime alimentaire des Tunisiens, avec une consommation de 174 kilos par personne
et par an, ce qui représente 52% des apports caloriques, et dans l’alimentation animale
(entre 80 à 60% des besoins du cheptel selon les conditions pluviométriques).
Les emblavures céréalières ont couvert, en moyenne, une superficie d’environ 1,18 mil-
lion d’hectares par an sur quelle période ? depuis 2013 ? (27 % de la superficie labou-
rée). Cette superficie est en baisse d’environ 14% par rapport à la période précédente
(2005-2013), qui était de l’ordre de 1,37 million d’hectares par an. Cette baisse montre
une certaine mutation dans l’occupation de la superficie agricole du pays au profit no-
tamment de l’arboriculture.
C’est aussi une filière fortement importatrice (75% des besoins importés) car la produc-
tion nationale ne suffit pas à répondre à la demande. Elle est très bien structurée avec
l’Office des céréales, qui joue un rôle central que ce soit pour l’acquisition de blé dur,
de blé tendre et d’orge auprès des agriculteurs tunisiens, aux prix fixés par le ministère
de l’Agriculture, ou pour l’approvisionnement en céréales importées à travers un pro-
cessus d’appel d’offres international.
La transformation du blé dur et du blé tendre est réalisée par des entreprises indus-
trielles privées. Ce secteur est fortement subventionné par l’État à travers la Caisse
générale de compensation aussi bien pour les céréales que pour leurs dérivés (pain,
pâtes alimentaires, couscous, etc).
Les attentes stratégiques pour cette filière sont les suivantes : i) améliorer la produc-
tion et la productivité et soutenir la résilience (semences certifiées, valorisation des ac-
quis de la recherche, extension de la céréaliculture irriguée là où les ressources en eau
sont disponibles, conseil agricole, etc) ; ii) renforcer le stock stratégique de céréales à
travers la réhabilitation des silos existants et la mise en place de nouveaux silos ; iii)
améliorer la compétitivité de la filière à travers le développement du transport ferro-
viaire de céréales (infrastructures, acquisition de wagons, etc).
Omniprésent depuis la Haute Antiquité et sans discontinuité à travers tous les âges et
dans tout le pays, à l’état sauvage ou cultivé, l’olivier peut être considéré comme un
trait d’union qui fédère la Tunisie dans le temps et dans l’espace. Il valorise les terres
du centre et du sud du pays comme celles des zones littorales et des vallées du nord.
La filière oléicole compte aujourd’hui près de 105 millions d’oliviers sur près de deux
millions d’hectares, soit plus du tiers de la superficie agricole utilisée (SAU) au plan na-
tional. La Tunisie se classe au premier rang mondial pour les terres labourables consa-
crées à l’olivier (un tiers des terres labourables).
Les superficies oléicoles sont réparties sur les divers systèmes agroécologiques, du
nord au sud du pays, et offrent la pratique d’une oléiculture biologique. Ce potentiel
de production fait de la Tunisie le quatrième producteur mondial d’huile d’olive et le
deuxième exportateur de ce produit après l’Union européenne.
3
La filière oléicole est aussi très importante en raison de sa contribution aux exporta-
tions et de son apport en devises pour le pays. Exprimées en valeur, les performances
de cette filière représentent plus de 10% de la valeur totale de la production agricole et
des exportations, qui varient entre 500 millions et deux milliards de dinars (près de 152
millions et plus de 607 millions d’euros), selon les années.
La production est exportée à hauteur de 70% et représente plus de 40% du total des
exportations agricoles. Elle contribue, totalement ou partiellement, aux revenus d’en-
viron 310 000 exploitants, qui comptent pour près de 60% de l’ensemble des exploita-
tions agricoles en Tunisie. Elle fournit la matière première à plus de 1 610 huileries et 50
unités de conditionnement. Elle procure ainsi près de 35 millions de journées de travail
par an, soit 20% de l’emploi total dans l’agriculture, secteur bien structuré grâce l’ap-
pui du ministère de l’Agriculture et de ses structures (CRDA, AVFA, Institut de l’olivier,
Office national de l’huile, etc).
L’une des principales faiblesses de la filière est l’exportation à l’état brut de l’huile d’oli-
ve : 10% seulement de la production sont exportés en bouteille, ce qui laisse des marges
de valorisation importantes.
Les attentes stratégiques pour cette filière sont les suivants : i) rajeunir les oliveraies
et améliorer la production et la productivité (plants certifiées, valorisation des acquis
de la recherche, extension de l’oléiculture irriguée là où les ressources en eau sont dis-
ponibles, conseil agricole, etc) ; ii) renforcer la transformation et le conditionnement
(mise en bouteille, valorisation de l’huile d’olive, etc) ; iii) améliorer la commercialisation
et la logistique d’exportation ; iv) promouvoir les indications géographiques (marché
bio et labellisation d’origine permettant de mieux valoriser les huiles d’olive tunisiennes
et de positionner le pays sur un marché de niche, de promouvoir des systèmes de pro-
4
tection des indications géographiques et appellations d’origine et de mécanismes de
traçabilité, etc) ; v) améliorer la gouvernance de la filière ; vi) valoriser les sous-produits
(feuilles de l’olivier, grignons d’olive, margines, bois d’olivier, etc).
La filière avicole
L’élevage industriel avicole en Tunisie a démarré à la fin des années 1960 par la création
d’un noyau d’élevage de poulets de chair par l’opérateur privé ‘’Groupe POULINA’’.
Cette filière qui, grâce aux faibles coûts de production, permet de produire la protéine
animale la moins chère, est importante pour la Tunisie. Elle est extrêmement bien or-
ganisée avec le GIPAC (Groupement interprofessionnel des produits avicoles et cuni-
coles), qui joue un rôle clé en termes de régulation, de gestion et de promotion de la
filière. Cette structure de partenariat public-privé est chargée de la programmation de
la production à travers un système de quotas pour les éleveurs. Le GIPAC intervient
aussi dans la régulation du marché (stockage d’œufs, etc) et permet de maintenir un
équilibre du marché. La production, l’abattage, la découpe et la transformation (char-
cuterie, plats cuisinés, « pet food », etc) sont assurées par des structures privées.
Les attentes stratégiques pour cette filière sont les suivantes : i) structurer la filière,
assurer sa montée en gamme et conclure des accords de coopération ; ii) renforcer la
chaîne de valeur et la transformation des produits avicoles ; iii) améliorer la gouver-
nance de la filière ; v) promouvoir des initiatives de PPP et valoriser les sous-produits.
5
Pertes après récolte et valeur ajoutée
Pertes post-récolte
6
7
2
Plans nationaux
d’investissement agricole et
progrès réalisés à ce jour
Plans nationaux d’investissement
agricole et progrès réalisés à ce jour
Grandes lignes d’un programme de transformation agricole pour atteindre l’autosuf-
fisance
D’une façon générale, l’amélioration du climat des affaires, la relance des investisse-
ments et le développement du secteur privé occupent une place de choix dans l’agen-
da des réformes structurelles prioritaires du gouvernement, avec l’amélioration de la
sécurité alimentaire, de la transition énergétique et numérique, et l’amélioration de l’ef-
ficacité du secteur public. En plus de ces réformes structurelles, des mesures visant à
assurer la soutenabilité des finances publiques devront être mise en œuvre.
D’une façon spécifique, le MARHPM a mis l’accent sur des réformes structurantes per-
mettant de stimuler, à court terme et moyen terme, le secteur agricole, et de contribuer
ainsi à l’autosuffisance alimentaire.
Aussi, la promotion des exportations des produits agricoles constitue une finalité, ce
qui exige de moderniser et d’améliorer l’attractivité du secteur agricole pour améliorer
la performance du secteur, notamment en termes d’amélioration de la compétitivité, de
création de valeur, de création d’emplois et de croissance économique, et pour assurer
une meilleure transformation structurelle du tissu productif du secteur.
Les autorités tunisiennes œuvrent pour remédier aux insuffisances de capacité pro-
ductive, des infrastructures agricoles et rurales, des compétences en place, du climat
9
des affaires, et pour ouvrir et faciliter les échanges commerciaux. Des filières ont été
considérées comme essentielles, notamment céréalière, oléicole et avicole, pour maî-
triser les coûts et optimiser les avantages afin de valoriser les extrants de chaînes de
valeur à haute valeur ajoutée.
Afin de bâtir une plus grande résilience, la Tunisie compte sur la valorisation des ac-
quis de la recherche, la promotion du conseil agricole, le développement des services
agricoles de proximité, basés sur une démarche écosystémique, et la mobilisation des
acteurs clés, notamment l’implication des entités administratives, des organisations de
base (groupements de développement agricole et de la pêche-GDAP, sociétés mu-
tuelles de services agricoles-SMSA, coopératives agricoles, etc), des structures profes-
sionnelles et du secteur privé.
La promotion des filières a porté, dès le départ, sur les possibilités d’amélioration de
la production et de la productivité car le potentiel en place (terres agricoles, cultures
pratiquées) permettent des niveaux de production et de productivité plus élevés (cé-
réaliculture, oléiculture). Des objectifs de rendement et de production, en moyenne, ont
été affichés par filière pour inciter les producteurs à atteindre des niveaux améliorés.
S’agissant de l’oléiculture, il est prévu de planter, à l’horizon 2030, 200 000 hectares
d’oliviers, dont 50 000 irrigués, dans le nord du pays à vocation non-céréalière.
L’objectif est de trouver un modèle économique qui combine, selon les spécificités de
la filière, le produit et la qualité des extrants, le choix de technologies appropriées, l’or-
ganisation adéquate des acteurs et leur accès aux marchés et la forme de distribution
de la valeur ajoutée générée.
10
Une amélioration de la gouvernance des filières stratégiques
L’élaboration et la signature d’un Pacte dans une filière vise à responsabiliser davan-
tage les structures interprofessionnelles en place et à renforcer l’autonomisation finan-
cière et les initiatives au profit de la filière.
Le Pacte de la filière avicole est le plus avancé, avec le GIPAC (Groupement interpro-
fessionnel des produits avicoles), qui représente le parfait exemple de PPP (partenariat
public-privé) ; son conseil d’administration, qui comprend huit membres représentants
des professionnels et quatre membres représentants de l’administration, est très dy-
namique, et une commission technique consultative du secteur avicole, présidée par le
ministre de l’agriculture est fonctionnelle. Plus de 34 SMBSA sont encadrées et suivies
par le GIPAC (regroupant la majorité des éleveurs), dont la création date de 1985.
Dans ce contexte, les technologies de « big data », les algorithmes de machines, l’in-
telligence artificielle, l’Internet des objets, l’usage de drones ou encore la robotique
seront considérés pour accompagner le développement des filières. L’exemple typique
est le projet d’appui technique relatif à l’utilisation de drones dans le secteur agricole
financé par la Banque africaine de développement : il a donné des résultats concluants
à mettre à l’échelle et à répliquer. La digitalisation de la filière céréalière, amorcée avec
les projets d’urgence financés par la Banque africaine de développement, la Banque
mondiale, la Banque européenne d’investissement et la Banque européenne de recons-
truction et de développement, sera soutenue et consolidée. La même démarche sera
adoptée pour d’autres filières (oléicole, avicole, etc.).
11
En effet, les filières oléicole et avicole, l’élaboration et la mise en place des cartes agri-
coles, le renforcement des capacités et la formation agricole, sont prometteurs pour
la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, car la valorisation des bonnes
pratiques, la mise à l’échelle des acquis enregistrés, l’assistance par des pairs ayant
piloté des expériences s’avèrent plus pertinentes que les mécanismes d’aide classique.
Ancrage stratégique
La vision stratégique s’articule autour de quatre axes : i) l’utilisation durable des res-
sources naturelles avec la capacité de s’adapter aux changements climatiques ; ii) la
promotion du secteur de la pêche maritime et de l’aquaculture pour assurer sa pérenni-
té ; iii) la promotion de la production et de la productivité, tout en garantissant la qua-
lité ; iv) la mise en place d’un environnement agricole inclusif garantissant l’intégration
avec un cadre institutionnel approprié.
12
Il s’agit de permettre une amélioration de la gouvernance des ressources en eau dans
une vision de gestion intégrée et à long terme. Avec les principaux effets attendus de
l’adoption par le gouvernement de la stratégie du secteur de l’eau à l’horizon 2050
comme référentiel unique d’intervention pour tous les acteurs et le financement des
actions prioritaires des premiers plans d’action.
Elle comporte dix objectifs stratégiques: i) la gestion des extrêmes et la réduction des
risques ; ii) la maîtrise de la qualité de l’eau ; iii) la mitigation de l’effet du dérèglement
climatique ; iv) la satisfaction prioritaire des besoins en eau potable ; v) la satisfaction
raisonnée de la demande en eau d’irrigation ; vi) la sauvegarde des écosystèmes ; vii)
la viabilité éco-financière des organismes publics ; viii) l’accès social à l’eau potable et
irriguée ; ix) le développement inclusif et durable des territoires ; et x) la gouvernance
participative et le pilotage rationalisé du système hydrique.
13
Stratégie de promotion de l’huile d’olive
La stratégie pour l’huile d’olive nécessitera des investissements de 824 millions dinars
tunisiens (265 millions de dollars) d’ici à 2030.
Bilan des réalisations du Plan antérieur : le bilan des principales réalisations est reflété
principalement comme suit :
14
pour la filière du lait, et lancement de la préparation de partenariats similaires
pour l’aviculture, la pêche et l’huile d’olive.
• Divers types d’appui à la femme en zone rurale dans les domaines de la com-
mercialisation, de l’entreprenariat, de l’emploi et du crédit à travers la Banque
tunisienne de solidarité.
Le tableau suivant donne les productions des principales spéculations du pays (en
millier de tonnes) :
15
Principaux défis auxquels le secteur agricole doit faire face
• Une pression de plus en plus grande sur les ressources due à la surexploitation, au
développement urbain, à la pollution sur toutes ses formes et aux problèmes liés
au changement climatique (exemple : niveau d’exploitation des eaux souterraines
estimé à 128%).
• Perte de grandes quantités d’eau à cause de réseaux vétustes (pertes sur le ré-
seau de la SONEDE estimé à 32%) et diminution des capacités de mobilisation des
eaux à travers les barrages (taux d’envasement estimé à 23% des capacités des
barrages).
• Il est impératif de s’orienter vers une utilisation efficiente et durable des ressources,
limitées et surexploitées, dont dispose le pays, et particulièrement l’eau qui repré-
sente un grand enjeu économique et social au présent et dans un futur proche.
L’étude « Eau 2050 » est pleine d’enseignements et a permis de justifier les orien-
tations futures et de cadrer la vision pour les ressources en eau.
• Il est utile d’adopter une démarche axée sur les chaînes de valeur (vision écosysté-
mique des filières) au lieu d’une démarche centrée sur la production et la produc-
tivité qui a montré ses limites dans le contexte actuel.
16
Coûts (en
Projets Objectifs million de Observations
dollars)
Intensification des
Modernisation et réhabilitation des
périmètres publics 195
PPI (31 000 ha)
irrigués
Stations de
dessalement à Mise en place des stations de
Gabès et à Sfax pour dessalement à Gabès et à Sfax pour 400
l’alimentation en eau l’alimentation en eau potable
potable
Construction de deux réservoirs
Alimentation en eau
d’eau pour le Grand Tunis et le Sahel
du Grand Tunis et du 125
et mise en place des infrastructures
Sahel
de transport de l’eau
Protection et
Réhabilitation et modernisation des
réhabilitation des 1 000
ports de pêche
ports de pêche
Projet de
Infrastructures, CES et développement
développement rural 55
des filières pour 173 000 bénéficiaires
intégré de Sousse
Projet de
Infrastructures, CES et développement
développement rural 75
des filières pour 164 000 bénéficiaires
intégré de Mahdia
Total 4 520
17
3
Combler le déficit :
que faire ?
Combler le déficit : que faire ?
Céréaliculture
Oléiculture
Besoin d’appui
• Une plus grande résilience, avec une utilisation de nouvelles variétés adaptées
au changement climatique, en concentrant les efforts sur les zones à plus forte
pluviométrie, en développant l’irrigation des céréales et en introduisant les tech-
nologies digitales.
• Des rendements plus élevés : il faudra augmenter les rendements moyens de 25%
d’ici à 2035, avec un objectif moyen de rendement céréalier de 2,2 tonnes par
hectare.
• Des terres cultivées supplémentaires : jusqu’à 900 000 hectares de terres sont
nécessaires dans les conditions tunisiennes (en sec) ou 350 000 hectares dans
des conditions plus favorables (culture irriguée).
Une extension des superficies agricoles de 900 000 hectares pour les céréales s’avé-
rant difficile en Tunisie, il est envisagé d’étendre la culture de 350 000 hectares de
céréales supplémentaires à l’étranger dans le cadre de la coopération Sud-Sud, à tra-
vers des conventions tripartites et un mécanisme de coopération trilatéral à convenir
conjointement : à titre indicatif, environ 175 000 hectares à conduire en Afrique de l’Est
pour la culture du blé tendre, du maïs et de l’orge, et 175 000 hectares en Afrique de
l’Ouest.
19
4
Contribution des partenaires
aux principales possibilités
Contribution des partenaires aux
principales possibilités
Cartographie et contribution des partenaires
La Tunisie bénéficie également de l’assistance des agences des Nations unies qui sou-
tiennent le développement du secteur agricole et rural et les questions alimentaires
(FAO, ONUDI, UNOPS).
Contribution nationale
21
• Promotion de l’entreprenariat agricole et rural et développement des start-up in-
novantes : écosystème entrepreneurial, mise en place de plateformes collabora-
trices, mise en réseau des start-up innovantes, etc.
D’autre part, les actions d’optimisation devront aussi se focaliser sur les opportuni-
tés nouvelles qu’offre la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), les
technologies émergentes en matière agricole et la valorisation des sous-produits des
filières (économie circulaire pour optimiser les profits, valoriser des sous-produits au-
paravant abandonnés et gérer efficacement les déchets).
22
La digitalisation des filières ouvre des perspectives très importantes : appui au système
de suivi-évaluation, collecte-analyse des données agricoles et amélioration de la prise
de décisions, appui à l’agriculture climato-intelligente, etc.
Les principales leçons, tirées de la conjoncture actuelle dominée par les crises sanitaire,
alimentaire et climatique, mettent en avant les bonnes pratiques agricoles durables.
En effet, le changement climatique impose une gestion rationnelle des ressources na-
turelles et l’adoption de pratiques culturales compatibles avec l’environnement pour
préserver le capital naturel (eau, sol, énergie).
Dans un contexte marqué par la rareté des ressources, une agriculture intensive, qui
provoque des dégâts et gaspille les ressources naturelles, notamment l’eau, n’est plus
soutenable. Ainsi, une démarche durable invite à promouvoir et pratiquer une agricul-
ture économiquement viable et pérenne, saine pour l’environnement et socialement
équitable.
Les objectifs de l’agriculture durable doivent répondre aux besoins actuels sans re-
mettre en cause les ressources naturelles pour les générations futures. L’agriculture
durable se fonde sur le concept de développement durable et s’appuie sur un système
circulaire dans lequel les ressources prélevées ont le temps de se regénérer.
Développement durable et agriculture vont de pair pour former une exploitation du-
rable. De ce fait, une exploitation durable est viable, vivable, responsable et transmis-
sible. Elle s’oppose à une agriculture productiviste, fragilisant l’environnement avec
l’usage excessif d’engrais chimiques, de traitements herbicides, de fongicides, d’insec-
ticides, de pesticides, qui privilégie la productivité au détriment des questions sociales,
environnementales et institutionnelles.
Les bonnes pratiques à considérer de façon appuyée sont les suivantes : i) prévoir des
politiques et outils de développement d’une agriculture durable ; ii) assurer l’intégra-
tion de la céréaliculture à l’élevage ; iii) promouvoir l’agriculture biologique (oléicul-
ture biologique où la Tunisie est considérée comme le 1er pays producteur mondial en
bio) ; iv) adopter une gestion rationnelle et efficiente des ressources en eau et en sols ;
v) conserver les ressources génétiques des semences de qualité ; vii) promouvoir les
approches participatives et mettre en place des outils de facilitation et de modération
à la portée des agriculteurs (former et renforcer les capacités des agriculteurs et or-
ganisations leaders) ; viii) promouvoir la culture et l’esprit de partenariat agricole et
introduire les innovations réussies à grande échelle.
23
5
Un appel à l’action
Un appel à l’action
Il s’agit de :
• Mettre en place un cadre de financement ciblant les filières et initiatives des jeunes
et des femmes, ciblant l’entreprenariat et tenant compte des profils et des activités
visées en matière de promotion des chaînes de valeur et d’agrobusiness.
• Développer des initiatives de PPP pour faciliter l’implication du secteur privé et des
formes d’agrégation permettant de financer la petite agriculture et faciliter l’accès
au financement des petits agriculteurs non viables et non bancables pour promou-
voir des dispositifs de financement inclusifs.
• Définir des critères d’éligibilité pour orienter les investissements vers des zones de
potentialités agroécologiques et socio-institutionnelles (organisations de base dy-
namique et disponibilité d’adhésion, de participation et de collaboration confirmées
par les bénéficiaires) pour une meilleure valorisation des investissements.
25
Soutenir la transformation et la promotion des chaînes de valeur des filières de bout
en bout
• Digitaliser les filières, structurer les acteurs et promouvoir le réseautage et leur mise
en relation depuis la production jusqu’à la mise sur le marché.
26
Un appel à l’action
Sachant que :
• L’Afrique dispose de plus de 100 millions d’hectares de terres agricoles non exploi-
tées et présente un potentiel très important à valoriser à travers des conventions
tripartites (coopération trilatérale).
• La Tunisie importe une grande partie de ses besoins en céréales pour une valeur an-
nuelle de 1,2 milliard de dollars américains (2021).
• Les importations, avant 2022, provenaient principalement d’Ukraine (31%), des pays
de l’Union européenne (31%) et de Russie (14%), soit du blé tendre (1,147 million de
tonnes), du blé dur (521 940 tonnes) et de l’orge (714 928 tonnes en 2022).
27
Deuxième projet : coopération Sud-Sud
La Mauritanie est un pays qui n’a pas de production oléicole. Une étude, réalisée par la
Banque africaine de développement en 2019, a montré que certaines zones du nord du
pays présentaient des potentialités pour l’oléiculture et pouvaient introduire l’oléicul-
ture en Mauritanie.
Sachant que la Tunisie est un des plus grands producteurs et exportateurs d’huile d’oli-
ve au monde et qu’elle dispose d’une infrastructure de recherche et développement de
haut niveau (Institut de l’olivier) et d’une expertise reconnue dans l’oléiculture, la Tuni-
sie propose la mise en place d’un projet de coopération Sud-Sud tripartite entre la Tu-
nisie, la Mauritanie et la Banque africaine de développement pour initier la production
d’huile d’olive en Mauritanie dans le cadre d’un PPP, avec un transfert de savoir-faire et
de technologie de la Tunisie vers la Mauritanie.
D’un autre côté, plusieurs pays africains sont fortement importateurs de produits avi-
coles : par an, 436,1 millions de dollars pour le Ghana, 112,4 pour le Gabon, 108 pour le
Bénin, etc.
28
29
6
Mise en oeuvre
Mise en oeuvre
Afin de stimuler l’action et d’obtenir des résultats à grande échelle pour atteindre les
objectifs fixés par le présent Pacte, une préparation des supports détaillés de mise en
œuvre post-Dakar 2, d’une Feuille de Route détaillée et du dispositif conventionnel, est
nécessaire. Ces supports doivent être approuvés. Les pays candidats à la coopération
Sud-Sud doivent confirmer leur disponibilité et adhésion au processus. Toutefois, la
mise en œuvre du Pacte national pour l’Alimentation et l’Agriculture de la Tunisie devra
se greffer sur le dispositif institutionnel d’exécution des opérations ciblant les filières
céréalière et oléicole programmées avec la Banque.
Sa création et sa composition feront l’objet d’un décret présidentiel, qui fixera la nature
et les attributs des membres. De nature ad hoc, ce Conseil restera opérationnel tout au
long de la mise en œuvre du Pacte.
Coordination et supervision
Le comité de pilotage, déjà en place pour le suivi du PAUSAT, présidé par le ministre
de l’Agriculture ou son représentant, assurera de fait, le pilotage du Pacte. Son rôle
sera notamment : i) de suivre l’exécution du Pacte ; ii) de veiller à la cohérence et à la
planification des activités éligibles ; iii) de faire la revue annuelle du rapport d’activité,
du programme technique et du budget ; iv) d’évaluer les impacts liés à la réalisation
des objectifs du Pacte ; v) d’identifier les opportunités et les contraintes d’amélioration
des impacts du Pacte ; vi) de s’assurer de la conformité technique et méthodologique
des objectifs du Pacte et des différentes politiques sectorielles pertinentes en lien avec
l’agriculture, l’alimentation et la nutrition.
31
opportunités nouvelles et existantes et les options d’investissement exceptionnelles
nécessaires, telles que définies dans le présent Pacte, doit primer sur l’alignement sur
les procédures de financement des partenaires techniques et financiers. D’autre part,
l’adéquation entre la stratégie de mobilisation des ressources et l’atteinte des objectifs
du Pacte sera systématiquement développée. Cette approche permettra de disposer
de cadres de performance plus réalistes, indispensables aux partenaires avant de pou-
voir envisager la planification des appuis budgétaires.
La principale modalité de mise en œuvre des actions prioritaires du Pacte sera donc
une approche par projet. La gestion des financements basés sur les résultats, entrant
dans le cadre des investissements exceptionnels, pourra rester spécifique aux pro-
cédures de chaque partenaire financier impliqué. Pour une gestion plus flexible des
contrats de performance, des « fonds communs » pourront être développés, tout en
offrant un cadre unique de mobilisation des crédits sur la base des résultats.
La stratégie de mobilisation des ressources devrait s’opérer sur la base des modalités
et principes de partenariat, en s’inscrivant dans une démarche de consultation et de
planification stratégique et programmatique multi-bailleurs.
En conformité avec les objectifs à réaliser, les appuis aux différentes actions du Pacte
pourront adopter, de manière combinée, différentes modalités de financement :
• Des financements directs ciblés sur les actions principales du Pacte, définis selon des
modes de gestion spécifiques (approche par projet).
• Un financement commun d’un groupe de bailleurs, qui pourra se faire sous plusieurs
formes, notamment par un panier commun, sous la gestion d’un ordonnateur natio-
nal et d’un chef de file du côté des bailleurs de fonds.
La capacité de mise en œuvre des actions du Pacte ainsi que les solutions aux capaci-
tés limitées reposeront sur le dispositif institutionnel déjà existant et mis en place par
le Projet d’appui d’urgence à la sécurité alimentaire (PAUSAT), financé par la Banque
africaine de développement, et qui sera poursuivi par des opérations inscrites dans le
programme de prêts en 2023 (appui à la filière céréalière), 2024 et 2025 (appui à la
filière oléicole et projet ODESYPANO).
Les principaux risques susceptibles d’entraver la mise en œuvre du présent Pacte sont
liés à : i) la faible capacité institutionnelle et organisationnelle pour une planification
et une mise en œuvre efficiente des actions du Pacte ; ii) la faible capacité de mobi-
lisation des ressources financières internes et externes ; (iii) la faible implication des
parties prenantes quant au processus de mise en œuvre dudit Pacte ; iv) la persistance
des crises sanitaire, économique et financière internationales, la crise énergétique et la
volatilité des cours mondiaux des produits agricoles (chocs externes) ; v) la coordina-
tion insuffisante des interventions, la maîtrise insuffisante des procédures des PFT et la
lourdeur du processus des acquisitions et décaissements ; vi) la faible interconnectivité
des acteurs dans le processus de transformation des chaînes de valeur, qui constituent
les principaux risques pouvant affecter le respect du calendrier d’exécution du Pacte
et l’atteinte des résultats.
32
les mesures à prendre ; v) des sessions de formation organisées pour renforcer les ca-
pacités en termes de procédures de passation de marchés et de décaissements ; vi) la
sensibilisation et l’implication des acteurs locaux dans le processus de transformation
des chaînes de valeur à travers des actions de structuration et de formation des ac-
teurs, notamment des structures professionnelles des filières, et le développement d’un
cadre incitatif à l’implication du secteur privé, et des initiatives de PPP permettant une
meilleure exécution du Pacte.
33
7
Déclaration du
Gouvernement et
des partenaires
Déclaration du Gouvernement et
des partenaires
La Tunisie adhère à ce Pacte et manifeste son intérêt pour mettre en œuvre les actions
programmées. Elle rappelle qu’elle veillera au respect des orientations stratégiques af-
fichées dans le cadre de ses activités de développement en soutien au secteur agricole
et de l’alimentation, dont notamment :
• L’appui au développement inclusif et durable du secteur agricole et à la promotion
des filières stratégiques (céréaliculture, oléiculture, aviculture) en vue d’atteindre
l’autosuffisance alimentaire à l’horizon 2025, notamment pour le blé dur.
Avec ces investissements, la Tunisie peut réaliser les objectifs du Pacte agricole et
atteindre l’autosuffisance, générant ainsi des progrès significatifs vers la réduction du
fardeau des importations et l’élimination de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition.
Pour atteindre cet objectif d’investissement sur le plan alimentaire et agricole, les dif-
férents partenaires s’engageront à mettre à disposition des financements selon un plan
de mobilisation défini de façon participative et inclusive.
35
36
37