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CPSD 2ème phase

Revue approfondie du secteur horticole


de Côte d’Ivoire
Rapport final

Décembre 2021
Le présent rapport est le produit de l’étude Deep Dive Horticulture Côte d’Ivoire, qui a été réalisée sous la direction
de Volker Treichel, Lead Economist de la SFI, par Patrick Labaste, agro-économiste, spécialiste en agribusiness et
chaînes de valeur, consultant, avec la collaboration de Christel Annequin, spécialiste en transport/logistique,
consultante, Pascal Hemar, spécialiste en transformation des produits agro-alimentaires, consultant, et Nathanaël
Zabé, assistant administratif et juridique, consultant.
Sommaire

Résumé exécutif
Messages principaux

Chapitre I: Conclusions du CPSD et méthodologie du Deep Dive

Chapitre II: Le secteur horticole de Côte d’Ivoire

Chapitre III: Tendances des marchés. Opportunités pour


l’horticulture de Côte d’Ivoire

Chapitre IV: Contraintes

Chapitre V: Pistes de solutions pour l’investissement privé, politiques et


programmes d’appui

Bibliographie détaillée

NOTE: L’horticulture est définie dans cette étude comme comprenant les fruits
et légumes (F&L), à l’exception des racines et tubercules (manioc, igname),
de la banane plantain, des noix (cajou, coco, cola, etc..), des épices et de
l’horticulture ornementale (fleurs coupées, boutures racinées, etc.).
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Liste des sigles et abréviations

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Résumé exécutif
Résumé exécutif

 Le secteur horticole, qui comprend la production, la transformation et la commercialisation de fruits et légumes, est
une composante importante de l’agriculture de Côte d’Ivoire. Il compte pour près de 10% du PIBA, occupe plus de
380 000 ha – hors plantain, noix et tubercules –, soit près de 5% de la superficie cultivée et concerne, à des degrés
divers, 80% des exploitations agricoles du pays. La production de fruits et légumes sert à l’autoconsommation des
ménages ruraux et à alimenter les centres urbains du pays. Le secteur contribue également aux exportations
agricoles, pour environ 5%, sous forme de fruits tropicaux, frais ou transformés.
 La Côte d’Ivoire a longtemps été le leader ouest-africain de l’exportation de fruits tropicaux. Elle occupe toujours une
place de premier plan. Toutefois, les performances des filières fruitières d’exportation ivoiriennes ont été irrégulières:
les exportations de banane dessert ont augmenté de 70% en 10 ans pour atteindre près de 460 000 tonnes en 2020,
dans un marché européen où s’exerce une très forte concurrence des origines d’Amérique latine; la filière ananas en
frais s’est effondrée dans les années 2000 et les exportations sont tombées aux alentours de 25 000 tonnes en 2020;
les exportations de mangue fraîche ont quasiment triplé de 2010 à 2019 (près de 32 000 tonnes exportées), avant de
reculer en 2020 (26 244 tonnes exportées), dans un marché européen en forte croissance. Pour ce qui est de la
production de légumes, les volumes ont suivi l’augmentation de la population.
 Les tendances futures de la demande de produits horticoles sont déterminées par plusieurs facteurs majeurs: la
croissance démographique du pays et du continent, l’urbanisation rapide, l’évolution des revenus et des modes de vie
des populations, les exigences des consommateurs pour une nourriture plus saine, l’attrait persistant des fruits
tropicaux, la demande croissante de produits bio, etc… Ces déterminants sont plutôt favorables aux produits que la
Côte d’Ivoire peut offrir. En particulier, les marchés domestique, sous régional et régional devraient connaître une
expansion soutenue dans les décennies à venir, tirée par la croissance démographique, l’amélioration de la situation
économique des populations et la facilitation du commerce dans l’espace du continent africain grâce aux accords de
libre-échange comme l’AfCFTA.
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Résumé exécutif (suite)

 L’analyse approfondie du secteur horticole montre un important potentiel de croissance et de création d’emplois pour
le futur. Les axes prometteurs sont les suivants: (i) l’exportation de fruits tropicaux en frais (banane, mangue, coco),
en réduisant les coûts, en diversifiant les marchés et en mettant l’accent sur la durabilité, le commerce équitable et le
bio, (ii) la transformation de ces produits, aujourd’hui très limitée, notamment en fruits déshydratés et surgelés à
destination de marchés en forte croissance, et (iii) l’augmentation du volume et surtout de la qualité des F&L qui
approvisionnent les centres urbains du pays et des pays voisins par des investissements dans la productivité, la
chaîne de froid et les infrastructures de distribution. Il faut toutefois garder en tête que, d’une part, le potentiel
horticole n’est pas illimité et que, d’autre part, les performances récentes des filières horticoles de Côte d’Ivoire ont
été mitigées en termes de gains de productivité et d’ajout de valeur.
 Ce potentiel ne pourra être réalisé que par une combinaison d’investissements privés, de politiques favorables et d’un
soutien par des programmes d’investissement public ciblés sur la levée des contraintes transversales majeures dans
le transport et la logistique, l’accès au financement, la recherche-développement et l’innovation, ainsi que
l’amélioration du cadre de la concurrence pour abaisser le coût des intrants, services et équipements. Une telle
stratégie reste à élaborer. Aujourd’hui le secteur horticole ivoirien, malgré ses avantages comparatifs importants, subit
la concurrence, non seulement des pays d’Amérique latine, mais aussi des industries de transformation des pays
voisins comme le Ghana, le Burkina ou le Sénégal.
 Différents types d’investissement et de profils d’investisseurs ont été identifiés dans cette étude: stations de
conditionnement de fruits, unités de séchage, augmentation de capacité des unités de transformation, recherche de
partenaires par des groupes étrangers, création de plateformes pour la commercialisation des F&L pour le marché
national et sous régional, investissement dans la logistique du froid. Mais les investisseurs hésitent et comparent. Il
faut rendre le secteur horticole ivoirien beaucoup plus attractif pour développer un pipe-line d’investissements solides
et profitables.
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Messages principaux

L’horticulture est un secteur important de l’économie agricole de Côte d’Ivoire en termes de revenus procurés en
1. milieu rural, d’approvisionnement du marché domestique en fruits et légumes et à travers les industries de conditionnement,
de transformation et d’exportation de fruits tropicaux.
Cette place peut être maintenue et augmentée dans l’avenir. L’horticulture est une source potentielle de croissance et
2. de création d’emplois pour le pays et pour le secteur privé, surtout si l’accent est mis sur la valorisation et la
transformation des produits frais.
Les marchés des produits horticoles de la Côte d’Ivoire sont (i) le marché international pour les fruits frais (banane,
3. mangue et quelques autres) et de première transformation (fruits séchés, surgelés, IQF), (ii) le marché des pays voisins
et du continent africain pour une large gamme de produits frais et transformés et (iii) le marché domestique.
Les chaînes de valeur d’exportation matures (banane, mangue, ananas) sont confrontées à des difficultés et doivent
4. relever des défis importants: défi de la compétitivité internationale pour la banane, défi du redéploiement sur le marché
régional et la transformation pour l’ananas, défi de la consolidation pour la filière mangue, défi des retards pris dans
l’industrialisation. Si ces défis sont relevés, la Côte d’Ivoire pourrait augmenter de 50% ses exportations de bananes, doubler
celles de mangue et exporter quelques milliers de tonnes de fruits séchés ou surgelés à l’horizon 2030. Les filières
secondaires (papaye, fruits de la passion, etc..), ainsi que le coco, ne sont pas à négliger. Elles ont des marchés en
demande dans le frais et sous forme de produits séchés, même si les volumes sont plus limités.
Le défi pour la production de légumes est de s’adapter à la demande croissante des centres urbains en modernisant
5. les circuits de conditionnement et de distribution, principalement par des investissements dans la chaîne de froid.
Le potentiel de l’horticulture pourra être réalisé par des investissements privés et par des programmes de soutien.
6. Des projets sont déjà réalisés ou en préparation. Mais une mise à l’échelle et une accélération de ces investissements est
nécessaire pour réaliser pleinement le potentiel du secteur, ce qui requiert la mise en œuvre d’une stratégie volontariste
et coordonnée pour lever les principales contraintes actuelles (transport/logistique, R&D et innovation, financement).
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Chapitre I
Conclusions du CPSD
et méthodologie du Deep Dive
Conclusions du CPSD

La Côte d’Ivoire a enregistré des performances économiques Certains secteurs offrent des opportunités importantes pour
plutôt remarquables au cours de la décennie passée l’investissement privé

• La croissance du PIB a été en moyenne de 8% par an entre 2012 et 2020 • L’analyse multicritères du CPSD montre que l’agriculture, l’agro-
transformation et le secteur manufacturier sont des secteurs à fort potentiel
• Le secteur agricole a également connu une forte croissance mais les de croissance future
exportations restent dominées par les matières premières non transformées
• Dans le domaine agricole, les secteurs prioritaires pour la diversification et
• Les revenus des producteurs ruraux ont augmenté et la pauvreté a été en l’augmentation de valeur ajoutée pourraient être la noix de cajou, le coton,
diminution constante depuis 2012, mais principalement en zone urbaine. l’horticulture, le caoutchouc et l’huile de palme.

Cinq problématiques transversales prioritaires ont été identifiées

• Niveau élevé d’informalité et degré de concurrence limité


Climat des affaires • Faiblesses persistantes dans la réglementation des affaires

• Besoin d’améliorer les capacités du port et l’entretien routier


Transport et logistique • Coûts de transport élevés, sous-équipement de la chaîne de froid domestique

• Crédit bancaire concentré et peu disponible pour les PME/PMI


Accès au financement • Accès au crédit très difficile et limité pour le secteur agricole

• Système éducatif insuffisamment équipé pour faciliter l’accès à l’emploi


Compétences professionnelles • Faiblesse des filières de formation technique

• Connectivité numérique inégalement répartie et relativement coûteuse


Connectivité numérique • Faible concurrence au niveau des prestataires de service
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Méthodologie

1) Revue 2) Rapport de 3) Interviews et 4) Analyse des 5) Validation et


documentaire démarrage consultations données synthèse
Calendrier Mars 2021 Avril 2021 Avril/Mai 2021 Mai/Juin 2021 Juin 2021
Activités-clés • Réunions SFI/BM • Identification des acteurs • Mise à jour et priorisation • Évaluation de la • Segmentation des
• Revue de la littérature et privés et publics pour les des contraintes compétitivité des sous- chaînes de valeur et des
documents Banque interviews transversales secteurs et chaînes de produits
mondiale • Sélection initiale avec • Approfondissement des valeur sélectionnées • Identification des types
• Analyse des données de WBG des filières clés marchés-cibles et liste • Approfondissement des de projets et profils
marché pour la suite de l’analyse des couples produit- contraintes et d’investisseurs
marché potentiels opportunités
Sources • Documentation • Recherche documentaire • Interviews structurées en • Équipe WBG pour la • Analyse des informations
d’information • Staff SFI/WBG • Interviews structurées en présentiel ou par sélection des CV collectées
présentiel ou par téléphone/VC d’acteurs • Interviews par • Discussions internes
• Experts et consultants du secteur privé,
téléphone/VC d’acteurs téléphone/VC de
du secteur privé, d’associations négociants, investisseurs
d’associations professionnelles et du potentiels et experts du
professionnelles et du gouvernement secteur horticole
gouvernement • Interviews par
téléphone/VC de
négociants, investisseurs
potentiels et experts du
secteur horticole
Résultats obtenus • Évaluation préliminaire • Liste longue des • Mapping des chaînes de • Liste des opportunités de • Élaboration d’un pipe-line
du secteur de opportunités de marché valeur ciblées et analyse marché et des de projets
l’horticulture et d’un et des contraintes de leurs performances contraintes validées d’investissement
certain nombre de CV transversales (rapport de • Liste des opportunités de • Profil stratégiqe du • Rapport final provisoire
horticoles démarrage) marché et des portefeuille de chaînes de du Deep Dive
contraintes validées valeur Horticulture Côte d’Ivoire
11
Interviews réalisées: plus de 40 interviews approfondies avec des entreprises
et autres organisations impliquées dans le secteur de l’horticulture
Opérateurs et Organisations
Industriels et Distribution et Transport et Secteur public
organisations internationales
négociants GMS logistique et associations
professionnelles et consultants

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Chapitre II
Le secteur horticole de Côte d’Ivoire
Contexte et performances économiques d’ensemble de la Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire enregistre depuis 2012 une croissance économique dynamique,


forte et stable avec une progression moyenne annuelle de 8 %, malgré un
ralentissement en 2020, dû à l’impact de la crise du COVID-19. La pauvreté y est
en net recul, passant de 46,3% en 2015 à 39,4% en 2020. Toutefois, cette baisse
se limite au milieu urbain, le nombre de pauvres ayant augmenté dans les zones
rurales sur la même période (+2,4%).
Avec une croissance du PIB de 6,4 % en 2019—soit + 4,2 % en termes de PIB par
habitant— la Côte d’Ivoire est restée l’une des économies les plus performantes
d’Afrique subsaharienne, tirée notamment par l’expansion de sa classe moyenne,
qui a soutenu la demande dans tous les secteurs. Avant l’apparition du COVID-19,
les perspectives pour 2020 demeuraient favorables, tablant sur une croissance
Source: FMI, Perspectives économiques
d’environ 7 %. Un chiffre revu à la baisse, à la suite de la baisse des exportations
et des mesures de confinement qui ont limité l’activité économique au cours de Mais une croissance insuffisamment tirée par
l’année. La croissance du PIB réel a finalement été de 1,8 % en 2020. l’investissement privé si l’on compare avec le Ghana..
Comme dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne, la croissance démographique
créera en Côte d’Ivoire une explosion importante de la jeunesse. Au cours des
deux prochaines décennies, entre 350 000 et 400 000 jeunes rejoindront chaque
année la population active. La part de la population en âge de travailler (15- 64
ans) passera d’environ 58 % en 2019 à près de 65 % en 2040. L’autre défi consiste
à réduire les disparités régionales. La voie la plus prometteuse est la promotion de
l’agriculture, de l’agro-alimentaire et des industries manufacturières connexes.
Le PIB nominal aux prix du marché était estimé à $49,7 milliards en 2020, avec
une croissance par tête de 4,8% par an en moyenne 2012 - 2019. L’investissement
direct étranger était de 1,4% du PIB en 2019, soit un niveau comparable à celui de
2018, mais nettement plus élevé que le niveau de 0,8% enregistré en 2016.

Source: FMI, Perspectives économiques 14


Une production agricole en augmentation régulière depuis 10 ans, mais
contribuant de manière modeste à la croissance économique du pays

L’agriculture est un secteur clé de l’économie. Elle contribue pour 22 % au produit intérieur brut (PIB) du pays. Les deux tiers de la
population active en vivent directement ou indirectement. Elle a fourni 60% des recettes d’exportation en 2018, le pays étant le premier
producteur mondial de cacao et de noix de cajou, ainsi que le premier producteur africain de bananes, le deuxième pour l’huile de palme et
le troisième pour le coton et le café. L’agriculture va demeurer un secteur fondamental pour la croissance future de la Côte d’Ivoire.

La part des matières premières dans les exportations ivoiriennes (81% en Contribution de l’agriculture à la croissance en Côte d’Ivoire,
2017) reste parmi les plus élevées des pays pairs structurels, et bien 2012-18
supérieure à celle enregistrée dans les pays de comparaison tels que le
Vietnam et le Maroc. Contrairement au Vietnam, la part des produits
manufacturés dans le panier des exportations de la Côte d’Ivoire est
demeurée relativement constante, autour de 15 à 20% durant les deux
dernières décennies. La forte concentration de matières premières dans les
exportations rend le pays vulnérable aux fluctuations des cours mondiaux et
phénomènes climatiques.
La croissance agricole a été surtout le résultat d’une expansion des surfaces
cultivées plutôt que d’un accroissement de la productivité. C’est pourquoi
l’agriculture n’a pas amené une réduction majeure de la pauvreté rurale,
qu’elle n’a pas entraîné le développement d’une économie rurale dynamique,
et qu’elle s’est faite au contraire au détriment des forêts naturelles du pays. La
pauvreté parmi les ménages ruraux est élevée: 4 ménages pauvres sur 5
résidaient en zone rurale en 2015. Source : Banque Mondiale, à partir de données MEF

La croissance récente de l’agriculture a été satisfaisante, mais la contribution directe du secteur à la croissance économique globale du pays et
à la réduction de la pauvreté a été modeste et en-deça de son potentiel, avec une moyenne de 1.2% par an de 2012 à 2018, avec des
fluctuations annuelles dues aux systèmes de production pluviaux et aux variations de prix des produits agricoles exportés. Il faut noter que la
contribution de l’agriculture à la croissance du PIB est sous-estimée car cet exercice comptable ne prend pas en compte ses effets indirects sur
le développement des emplois industriels et de services le long des chaînes de valeurs.
15
L’horticulture, un secteur important de l’agriculture de Côte d’Ivoire

Production

• L’horticulture est un secteur important de l’agriculture de Côte d’Ivoire, par sa


contribution à l’alimentation de sa population et par sa contribution au
commerce extérieur avec les exportations de fruits tropicaux frais,
principalement banane, ananas et mangue.

• D’après les données de la FAO, la production de légumes frais en Côte


d’Ivoire était de 740 000 tonnes en 2019. Les cultures de légumes
comprennent notamment, par ordre d’importance, les poivrons et piments, le
gombo, les aubergines et les tomates.

• En 2020, les exportations de fruits frais ont été de 457 379 tonnes de banane
dessert, 26 063 tonnes d’ananas et 35 124 tonnes de mangues.

• La production est réalisée par des exploitations familiales de petite et moyenne


taille (2 à 20 ha, voire plus), certaines spécialisées (hors sol et maraîchage
péri-urbain), et par des grandes plantations pour les cultures fruitières
d’exportation, individuelles ou appartenant à des sociétés.
Transformation Source: MINADER

Il existe un certain nombre d’entreprises qui transforment les fruits en jus et conserves et en produits séchés, principalement à destination du
marché domestique.
Distribution et mise en marché
Une partie importante de la commercialisation des F&L se fait sur les marchés traditionnels de proximité ou sur les marchés de gros des grandes
métropoles urbaines. Une partie de la demande urbaine est satisfaite par des importations de produits horticoles, frais ou transformés: environ 300
000 tonnes sont importées chaque année, principalement des oignons, des pommes de terre et des tomates.
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La banane dessert, produit leader et historique des exportations de fruits de
Côte d’Ivoire

Chiffres-clés
• Production: 500 000 t. en 2020, 1er producteur africain
• Valeur: 250 M€
• Ventes: 80% Europe, 17% sous-région, 3% local
• 9,5% du PIB agricole (PIB agri/PIB total: 22%) soit 2,1% du
PIB
• Superficie exploitée: 10 000 ha
• Rendement moyen: 50 t/ha
• Emplois directs : 15 000 ; indirects: 30 à 40 000
Exportations
• Volume: 457 000 t. en 2020
• Augmentation importante en volume depuis 10 ans (+87%)
Acteurs et institutions
• 6 sociétés de plantation
• Petits planteurs/coopératives
• 2 organisations professionnelles: OCAB et OBAM-CI,
comptant pour 50% des exportations chacune.
Atouts
• Modèles d’affaires: sociétés intégrant l’aval
• Logistique: quai fruitier géré la société Eolis pour le compte
des professionnels.
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Production et exportation par des groupes agro-industriels intégrant la
chaîne d’approvisionnement complète
Structures de production Des exportations majoritairement vers l’UE, mais
Les superficies dédiées à la culture de la banane dessert sont estimées à diversification croissante
environ 10 000 hectares et sont dominées par 6 groupes agro-industriels (8
200 ha plantés au total, selon détail ci-dessous). De nombreux producteurs 6,7 millions de tonnes de bananes ont été importées dans l’UE-
indépendants ont disparu au cours des 30 dernières années. L’industrie est 28 en 2020. La Côte d’Ivoire, 1er fournisseur africain, occupe
donc aujourd’hui assez concentrée. une part de marché d’environ 7%.
 SCB : 4 000 Ha - 250 000 t. (50% de la production ivoirienne) 17% des volumes exportés le sont dans les pays de la sous
 Plantations J. Eglin : 1 000 Ha région (ensemble CEDEAO). Les exportations sous régionales
 SAKJ : 1 000 Ha ont connu une franche progression depuis 2015.
 BANACI : 1 500 Ha
 BACIBAM : 700 Ha
On compte également quelques groupes coopératifs avec des petits
producteurs (BALY, SCOOPS-BANANORD, SCOOPS-BANASUD,
COSUCO…).
Les dynamiques contrastées du secteur privé bananier en Côte d’Ivoire
montrent les difficultés et opportunités de la filière:
• Rachats et faillites: Wanita, Canavese
• Investissements récents par des groupes originaires des Antilles: Banaci,
BACIBAM
Différenciation produit et marchés
Pour la commercialisation, les bananes sont classées en trois catégories:
- Cat A: marché international
- Cat B: marché régional
- Cat C: marché domestique 18
Un marché international très concurrentiel, dominé par les producteurs
d’Amérique latine

Deux phénomènes importants: dollarisation et “commoditisation” Un marché dominé par l’Amérique centrale et du Sud
Dollarisation
• Les origines d’Amérique latine - qui sont les gros producteurs et
exportateurs de bananes (Équateur, Colombie, Costa Rica,
Guatemala) - comptent pour 75% des importations de bananes
dans l’UE en 2020.
• On constate depuis 10 ans une baisse tendancielle du prix du
carton de bananes sur le marché européen, exprimé en € (et donc
influencé par le taux de change $/ €), en raison de la concurrence
des exportateurs d’Amérique latine.
• Les bananes dollar bénéficieraient du marché nord américain très
rémunérateur, où les bananes se vendent à $18 par carton (soit
15€/carton) pour proposer des prix très concurrentiels en Europe.
“Commoditisation”
La banane-dessert est traitée comme un produit de base par les GMS,
ce qui contribue à tirer les prix vers le bas. Sous l’impulsion des hard
discounters comme ALDI ou LIDL, le prix est aujourd’hui en-dessous de
12€/carton de 18Kg.
Difficile d’avoir des stratégie de démarcation de produit pour les
exportateurs africains qui s’orientent donc vers le marché de la banane
bio et fair trade.
Risques globaux pesant sur l’économie mondiale de la banane:
• Dépendance très forte d’une seule variété, la Cavendish, cultivée

Source: Fruitrop
en monoculture intensive à travers le monde entier.
• Risques phytosanitaires élevés et potentiellement létaux :
progression de l’infestation des sols par la souche TR4 de la
maladie de Panama, un champignon, déjà apparu au Vénézuela et
au Pérou.
19
La concurrence sévère des bananes dollar

D’après les données disponibles, il y a une différence de prix de revient C+F Rendements moyens en bananes (en t/ha)
de plus de 25% entre les bananes d’Amérique latine (Équateur et Costa Costa Rica et pays ACP
Rica) et les bananes d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Ghana et
Cameroun). Cette différence provident essentiellement du coût de
production qui est plus élevé d’environ 3€ par carton de bananes de 18,4
Kg.

Coût de production en plantation (en €/carton)

Source: évaluation MAB, 2017

Cependant, les rendements en plantation sont comparables (45


t/ha au Costa Rica et en Côte d’Ivoire). Différents facteurs sont
invoqués pour expliquer ce différentiel de compétitivité: climat et
sol, coût des intrants, meilleure gestion des infestations
parasitaires, taux de change €/US$.

Source: évaluation MAB, 2017

20
Le différentiel de compétitivité « coût »: bananes CIV vs bananes dollar

L’analyse du différentiel de compétitivité « coût « au niveau de la production bananière est


assez complexe et fait intervenir plusieurs facteurs:
Structure de coût comparée entre origines
(en €/carton)
• Des facteurs agro-climatiques: répartition des pluies moins favorable pour la production
bananière résultant en des coûts d’irrigation et de drainage plus élevés, sols plus sensibles
au parasites telluriques ce qui rend obligatoire des périodes de jachère et de
renouvellement des plantations.
• Conduite technique des plantations: les opérateurs agro-industriels d’Amérique latine ont
généralisé l’usage des techniques de « precision farming », ce qui, par un meilleur ciblage
des traitements, permet de réduire les applications d’engrais et de produits phytosanitaires.
• Productivité et coût de la main d’œuvre: on compte qu’en Côte d’Ivoire il faut en moyenne
1,15 UMO/ha contre 0,9 au Costa-Rica. Ce ratio a beaucoup baissé; il était de 1,5 à 2,5 au
début des années 2000. La productivité de la main d’œuvre est, entre autres, liée à la
mécanisation du transport des régimes, donc aux investissements faits dans ce domaine
par les opérateurs.
• Coût des intrants: le coût des intrants utilisés en Côte d’Ivoire est lié à l’euro; les prix sont
généralement réputés être élevés en raison de l’insuffisante concurrence entre
fournisseurs. Source: évaluation MAB, 2017

• L’impact du taux de change €/US$ est évident et important: les exportateurs d’Amérique
latine vendent sur le marché EU en € et ont leurs coût de production en US$, voire en Compte tenu des enjeux de la filière, le gouvernement et
monnaie locale (peso colombien. Quetzal au Guatemala, etc..). Donc un euro fort et une l’aide européenne restent impliqués. L’UE a mis en place
sous-valorisation du dollar renforce leur avantage comparatif sur le marché européen. et soutenu financièrement depuis 15 ans le programme
MAB qui doit permettre aux filières africaines de s’adapter
La gestion du compte d’exploitation relève en premier lieu des opérateurs privés eux-mêmes, et de mieux résister à la concurrence des bananes dollar
qui s’emploient à réduire et maîtriser leurs coûts pour essayer de rester compétitifs. Toutefois,
certains paramètres leur échappent complètement, comme le taux de change ou l’abandon du
régime de quotas qui prévalait jusqu’au milieu des années 2000.
21
Stratégie des pays ACP exportateurs de bananes (dont l’Afrique de l’Ouest)

Afruibana: association des producteurs africains de


Stratégies des pays et des opérateurs face à la concurrence des bananes bananes, créée en 2017 (Côte d’Ivoire, Ghana et
dollar: Cameroun)
• Négociation de mesures de soutien avec l’UE (voir ci-dessous) Lobbying politique: le livre blanc sur la banane africaine
(Afruibana, avril 2021).
• Réalisation d’économies d’échelle, en contrôlant transport, mûrissage, etc..
• Maîtrise/réduction des coûts de production
• Diversification des débouchés vers les marchés régional et sous régional.
• Orientation vers les marchés bio et commerce équitable
• Accent sur la qualité du produit et le respect de cahiers des charges (ex.
Programme Qualité Carrefour).
• Valorisation de la biomasse avec des unités de fabrication de compost
Réponses de l’UE aux demandes de soutien des origines ACP face à la forte
concurrence des bananes de la zone dollar :
• Protection tarifaire qui a remplacé les quotas en 2006 suite à la “guerre de
la banane” devant l’OMC: €75/tonne jusque fin 2021
• Mise en place du Programme de Mesures d’Accompagnement Banane
(MAB) de l’UE (€190 millions sur 4 ans) pour aider les 10 pays ACP
bénéficiaires à procéder aux ajustements face à la concurrence

22
Une nouvelle stratégie pour la filière banane de Côte d’Ivoire

Exportations de bananes de Côte d’Ivoire dans la


Élaboration d’une nouvelle stratégie pour la filière banane de Côte
sous-région, 2018-2019
d’Ivoire (étude SOFRECO, juin 2021).
Proposition d’une stratégie comportant 6 axes d’intervention:
1. Recherche-développement
2. Modernisation des pratiques afin de préserver les ressources
naturelles et la biodiversité.
3. Réalisation d’un plan de réduction des coûts de production, afin
de renforcer et d’accroître la compétitivité sur les marchés

Source: FruiTrop
4. Capital humain, engagement social et développement des
territoires.
5. Consolider les positions de la banane ivoirienne en Europe et
accroître les zones de prospection commerciale (national et
régional)
6. Renforcement des dispositifs institutionnels et des cadres
règlementaires
Les exportations de bananes de Côte d’Ivoire dans les autres pays
Coût des mesures proposées sur 10 ans estimé à 359 millions d’ €,
d’Afrique de l’Ouest ont doublé en 10 ans. Mais le transport et la
soit 236 milliards de Francs CFA, à répartir entre sociétés de
logistique, ainsi que le réseau de mûrisseries, doivent être adaptés
production (€242 millions), organisations professionnelles du secteur
à ces nouveaux marchés.
(€32 millions) et Etat ivoirien (€85 millions).
Transformation? Perspectives limitées aux chips, purées et farines
Objectif de la stratégie de la filière banane : 760 000 pour l’alimentation infantile sur le marché domestique et sous-
tonnes exportées en 2030 régional.
23
Ananas frais: stabilisation à un niveau bas après l’effondrement des
exportations vers l’Europe dans les années 2000
Aujourd’hui, la principale variété importée en Europe est le MD2
Pendant longtemps, la Côte d’Ivoire a été un exportateur majeur d’ananas
frais sur le marché européen. Les exportations ont culminé à plus de 250 (Sweet), dont le principal fournisseur est le Costa Rica. La Côte
000 tonnes par an dans les années 1980 et jusqu’au début du siècle. d’Ivoire s’est convertie tardivement au MD2 pour différentes
raisons (non disponibilité des rejets nécessaires à la production,
Mais, vers le milieu des années 2000, on a assisté à l’effondrement des conflits internes à la filière) jusqu’à se trouver marginalisée sur le
exportations d’ananas frais de Côte d’Ivoire du fait de l’introduction de la marché de l’ananas bateau en forte expansion (les importations
variété MD2 (Sweet) du Costa Rica. Cette variété a révolutionné le marché
par bateau représentent actuellement 98% du marché UE).
en offrant un ananas de format homogène et de qualité standard, sucré, ne
jaunissant pas et supportant très bien le transport maritime. Évolution récente des exportation d'ananas frais
2015- 2020 (en volume et en valeur)
Historique des exportations d'ananas frais de Côte
d’Ivoire, 1960 - 2019

300,000
250,000
200,000
150,000
100,000
50,000
0
Source: DGD

Au cours des dernières années, les exportations ont fluctué


entre 25 et 30 000 tonnes par an. Ceci inclut les exportations
Volume (tonnes) Valeur ('1000$) vers les pays sahéliens limitrophes.

Source: FAO Stat 24


Prédominance du Costa-Rica dans le commerce mondial de l’ananas en frais

Le Costa Rica est devenu en une décennie le leader mondial de la production et de l’exportation d’ananas frais. Il compte aujourd’hui à lui
seul pour 71% des exportations à travers le monde. L’Europe est le deuxième importateur d'ananas frais après l’Amérique du nord. En
2019, les importations ont atteint plus d’un million de tonnes. Elles sont en progression régulière (+ 20 % entre 2015 et 2020). Le marché
européen est principalement approvisionné par bateau. La variété MD-2 (appelée aussi Sweet ou Extra Sweet) représente 99,5% des
volumes d'ananas frais importés en Europe en 2019. Le marché de l’ananas avion en Europe est un marché de niche et représente moins
de 2% des volumes importés. Les quatre principales variétés d'ananas (Sweet, Cayenne, Pain de sucre et Victoria) sont présentes.

Source: Fruitrop 25
La Côte d’Ivoire a pratiquement disparu du marché de l’ananas avion

Les exportateurs ouest-africains d’ananas (Bénin, Togo, Ghana, Cameroun) se sont repliés sur
l’exportation d’ananas par avion sur l’Europe, qui est un marché de niche, beaucoup plus restreint que
celui de l’ananas bateau (environ 12 000 tonnes importées chaque année, soit 2% du marché).

Le marché de l’ananas avion permet de valoriser des variétés autres que le MD2 qui sont prisées pour
leurs qualités gustatives. Ces variétés sont principalement le Cayenne et le Pain de sucre.

La Côte d’Ivoire est peu présente sur ce marché.

Les sociétés agro-industrielles de Côte d’Ivoire, qui exportent


des bananes SCB, SAKJ), continuent à exporter de l’ananas
MD2 par bateau vers l’Europe, sans toutefois d’objectif de
développer cette chaîne de valeur.

La consommation locale est d’environ 20 000 tonnes.

Transformation

La transformation de l’ananas est par contre une activité plutôt


dynamique. Environ 20 000 tonnes par an d’ananas sont
transformées en conserves, jus et ananas séché.

Plusieurs sociétés sont actives (Atou/Ivorio, Comafruits, HPW,


MAPACI, AGRO-CI/Kirene Group, Traful, etc..) et porteuses de
projets d’investissement.

Source: Fruitrop 2019


26
Ananas : une filière en reconversion

Chiffres-clés Localisation de la production d’ananas


• Production estimée à 70 000 tonnes
• Surface exploitée: 1 500 à 2 000 has
• Plantations localisées dans le sud, dans les zones de Bonoua, Adiaké et Dabou.
• 1 000 à 2 000 producteurs
• Exportations: 26 063 tonnes en 2020
L’ananas suit un cycle de production complet d’environ 14 mois, suivi par une période
de jachère pouvant aller jusqu’à 3 ans
Absence de saisonnalité de la production: production en continu tout au long de
l’année
Destination de la production d'ananas
Culture peu sensible aux attaques parasitaires (en pourcentage)
Marché local en
Les rendements en plantation vont de 35 t/ha à 80t /ha pour les sociétés agro- frais, 9%
industrielles. Comafruits
(Andros)
Destination de la production (chiffres de 2019):
Divers
- Export en frais: 32 000 tonnes Transformation, autres
Export en frais, 33% Atou Ivorio
- Marché local: 8 000 tonnes 58%

- Transformation: 19 000 tonnes

27
Compétitivité et rentabilité actuelles de la production d’ananas

La production d’ananas en Côte d’Ivoire demeure rentable sous certaines conditions


- Les rendements en plantation varient de 35 à 80 t/ha selon de degré d’intensification, c’est-à-dire d’utilisation d’intrants (fertlisants
principalement), d’irrigation, etc.
- Les prix de revient se situent entre 50 et 100 FCFA/Kg, également selon le mode de gestion des plantations et le degré d’intensification
- Le prix de vente bord champ est de 135 FCFA/Kg pour la commercialisation sur le marché local. La structure indicative du prix jusqu’au
consommateur est donnée dans le graphique ci-dessous:
-

Source: P. Hémar, 2021


- L’ananas frais exporté dans l’UE se vend quant à lui entre 600 et 700 FCFA/Kg rendu en Europe
- Selon une enquête menée en 2021, les industriels de la transformation en Côte d’Ivoire offrent un prix d’achat de 115 FCFA/Kg (Atou,
Comafruits), de 125 FCFA/Kg (HPW), voire de 130 FCFA/Kg pour les ananas certifiés bio.

Néanmoins, plusieurs facteurs affectent la compétitivité de la production d’ananas


• La pression foncière importante et la faible disponibilité en terres agricoles adaptées en basse Côte d’Ivoire.
• La concurrence importante de l’hévéaculture et du palmier à huile qui font l’objet de programmes de soutien gouvernementaux depuis plusieurs
décennies et qui offrent de meilleures perspectives en termes de stabilité de revenus et de rentabilité sur le long terme.
• La perte de capacités et de compétences au niveau de l’écosystème de la filière due aux crises successives et à la sévère contraction de la
chaîne de valeur d’exportation en frais depuis le milieu des années 2000.
L’ananas produit est en partie transformé en jus, purée, conserves et produits déshydratés par les industriels présents (Atou-Ivorio, Comafruits,
HPW). Plutôt qu’un véritable pipe-line de projets dans une industrie encore en mutation, des opportunités d’investissement pourront se présenter, qui
sont à à évaluer selon les mérites intrinsèques du projet (qualités et expérience de l’opérateur, positionnement marché, solidité du business plan).
28
L’ananas transformé, un marché mondial dominé par de gros intervenants

L’ananas produit en Côte d’Ivoire est en partie transformé en jus, en purée et en conserves.
Sur une production mondiale d’ananas de près de 30 millions de tonnes, on estime qu’environ un tiers en volume est transformé, dont 30%
environ en conserve et 4% environ en jus, alors que les deux tiers restants sont consommés en frais.
Le Costa Rica fournit 93% du jus d’ananas importé en Europe. Le marché mondial de la conserve d’ananas est un marché de $1,4 milliards,
avec un taux moyen composé de croissance de 2,7% par an. Il est dominé par quelques origines, en Asie et en Amérique latine. La
production mondiale d’ananas de conserve est estimée à 1,7 million de tonnes.
Les principaux exportateurs sont les suivants;
• Thaïlande: 412 000 tonnes
• Philippines: 212 000 tonnes
• Indonésie, Vietnam: environ 20 000 tonnes chacun

La Thaïlande a occupé pendant longtemps la 1ère place mondiale pour les exportations d’ananas en conserve avec une part de
marché de près de 47% et de 31% pour les jus. Ces positions se sont toutefois dégradées ces dernières années, partiellement en
raison de l’évolution du taux de change des devises.

Pour les raisons mentionnées ci-dessus de dominance du marché de l‘ananas transformé par les producteurs asiatiques et
d’Amérique latine, les opérateurs de la transformation en Côte d’Ivoire se positionnent sur le marché domestique et sur le marché des
pays limitrophes.

En Côte d’Ivoire, Atou est un transformateur de fruits en jus destinés au marché domestique et sous régional. Comafruits (groupe
Andros) produit des jus de première transformation qui sont exportés à 100%.

29
La mangue fraîche d’exportation, une filière en expansion depuis 30 ans

Exportations de mangue fraîches de Côte d’Ivoire


L’exportation de mangues fraîches est une activité qui s’est 1961-2019 (en volume et en valeur)
développée en Côte d’Ivoire à la fin des années 1980, donc
bien après la banane et l’ananas. Elle a connu une forte
expansion depuis le début des années 1990.
Le commerce mondial porte sur environ 2 millions de tonnes.
Les importations européennes de mangues sont en nette
progression depuis plusieurs années, avec une augmentation
de prés de 40% des quantités importées depuis 2012.
Le marché européen des mangues importées est dominé par
le Brésil et le Pérou. 90% des mangues importées en Europe
sont transportées par voie maritime, toutes origines
confondues. En Côte d’Ivoire, la mise en place de la logistique
conteneurs via les navires de la compagnie AEL, ainsi que le
terminal fruitier, ont permis l’augmentation des exportations.
Les exportations par voie terrestre vers les marchés de la
sous-région (Mali, Ghana et Burkina-Faso) sont également en
augmentation.

Source: FAO Stat

30
Le marché international de la mangue, un marché en croissance soutenue

Les volumes de mangues fraîches exportées par la Côte d’Ivoire


ont été multipliés par trois en 10 ans: ils sont passés de 10 179
tonnes en 2011 à 35 124 tonnes en 2020 pour un volume global
de production estimé à 150.000 tonnes.
90 % des mangues fraîches exportées sont destinées au marché
européen. La Côte d’Ivoire est devenue le premier fournisseur
africain et le troisième fournisseur mondial de mangues sur le
marché européen. 80% des mangues sont exportées par voie
maritime, 20% par voie aérienne.
On observe également une diversification des exportations vers
la sous région, ainsi que vers le Maghreb (Maroc) et les pays du
golfe arabo-persique (environ 10% des exportations).
La croissance de la demande mondiale provient d’une plus
grande disponibilité, de l’amélioration de la qualité et d’une
popularité grandissante auprès des consommateurs.
Contrairement à la banane et à l’ananas, la part des origines
africaines dans les importations européennes de mangues s’est
accrue. Elle est passée de 12% en 2010 à 23% en 2016. Mais la
concurrence des exportations sud-américaines (Brésil et Pérou)
est très forte, avec des durées de campagne, et donc de Les importateurs en Hollande, qui est un hub d’importation important pour la
présence sur le marché, beaucoup plus longues. mangue en Europe, estiment que le marché pourrait doubler dans les quelques
années qui viennent car les marges de progression restent importantes: En effet,
seul un consommateur sur trois en Europe du nord achète aujourd’hui des
mangues.

31
La production de mangues est concentrée dans le nord du pays

Selon le Ministère de l’agriculture ivoirien, la production annuelle de mangues est évaluée à environ 150 000 tonnes. La Côte d’Ivoire
dispose d’un important verger de manguiers traditionnels et de quelques plantations de type moderne. Le verger ivoirien a connu une
croissance rapide ces dix dernières années. Selon la FAO, il est passé de 10 000 hectares en 1999 à plus de 20 000 hectares en 2020.
Plus de 80 % de la production nationale est assurée par des petits producteurs (au nombre d’environ 3 500), dont les superficies sont
inférieures à 4 ha, 15% par des producteurs dont les vergers sont compris entre 4 et 20 ha, et le reste, soit environ 5%, provient de
vergers de taille supérieure à 20 ha.

Source: FruiTrop
32
Des structures de production et de conditionnement fragmentées

En 2020, 38 unités de conditionnement de mangue fraîche ont


été recensées dans les villes de Korhogo (18 stations),
Sinématiali (10 stations), Ferkessédougou (9 stations) et
Odienné (1 station).
49 exportateurs étaient enregistrés. Une trentaine de structures
exportatrices privées assurent l’exportation de la mangue de
Côte d’Ivoire avec une certification GLOBALGAP.
On estime le nombre de producteurs propriétaires de vergers de
manguiers à environ 5 000.
La demande de mangues fraîches en Côte d’Ivoire est estimée
comme suit :
• 4 500 tonnes pour les unités de transformation
• 2 000 tonnes pour les séchoirs
• 6 000 tonnes pour les vendeurs locaux
• 33 000 tonnes pour les exportateurs avec un potentiel
d’exportation estimé à plus de 60 000 tonnes.

Une partie des mangues est exportée vers le Burkina Faso et le Ghana pour être transformée.
Il existe une multiplicité d’intervenants et d’arrangements entre planteurs, conditionneurs en Côte d’Ivoire et importateurs en Europe.
Les opérateurs du conditionnement travaillent avec des producteurs affiliés et des collecteurs (pisteurs) pour la récolte des mangues.
Certains de ces conditionneurs ont des accords de partenariat avec des importateurs en Europe (SIIM, NETA, CAPEXO, Natures
Pride, etc..).
33
Contraintes et fragilités de la filière mangue de Côte d’Ivoire

Très forte saisonnalité


Avril à mi-juin, 6 semaines, avec un pic en mai
Problème d’emploi très/trop saisonnier pour la
MO, difficile à retenir et à former.
Solutions:
(i) séchage des fruits et diversification avec
la noix de coco et les autres fruits séchés.
(ii) production de fruits surgelés

Pression parasitaire
L’infestation par la mouche du fruit reste très
problématique:
• Elle oblige à arrêter la collecte dès
l’apparition des premières pluies, donc
raccourcit encore davantage la campagne.
• Elle fait courir des risques d’interception des
conteneurs à l’arrivée en Europe.
Les infestations sont mal contrôlées.
Solution: appliquer plus strictement les
protocoles de lutte disponibles (piégeage des La mouche du fruit: Bactrocera dorsalis
insectes).
34
Besoin de consolidation de la chaîne de valeur mangue

Un faible degré d’organisation


Comme noté précédemment, la filière mangue de Côte d’Ivoire se caractérise par une grande diversité d’intervenants: planteurs/propriétaires
de vergers, pisteurs/collecteurs, conditionneurs/exportateurs, unités de transformation, importateurs européens, investisseurs européens,
négociants et intermédiaires. Dans chaque catégorie d’intervenants, on trouve également des profils très différents: collecteur/pisteur,
collecteur/trader, négociant export indépendant, courtier, négociant coopératif, conditionneur partenaire d’un importateur en Europe, etc.. Les
arrangements entre intervenants sont également très variables. Les opérateurs du conditionnement travaillent avec des producteurs affiliés et
des collecteurs (pisteurs) pour la récolte des mangues. Certains de ces conditionneurs ont des accords de partenariat avec des importateurs
en Europe (SIIM, NETA, CAPEXO, Natures Pride, etc..). Contrairement à la banane, les chaînes de valeur mangue sont peu ou pas intégrées.

Cette organisation de la filière (ou son absence) pose de sérieux problèmes, dont notamment:
• L’absence de système de financement de campagne autre que les avances faites par les importateurs européens
• La difficulté d’organiser et de coordonner efficacement des campagnes de traitement, en particulier contre les ravageurs
.• L’impossibilité de concevoir et de mettre en place une politique commerciale, de promotion de l’origine, de gestion des certifications, etc..
• L’absence de masse critique pour bénéficier d’appuis en R&D et innovation, y compris en matière d’amélioration variétale
• La difficulté de disposer de statistiques fiables et d’outils de pilotage stratégique de la filière..

L’association interprofessionnelle créée en 2018 (Intermangue) s’efforce de structurer la filière, mais on perçoit un certain découragement chez
les opérateurs en Côte d’Ivoire face aux difficultés et aux incertitudes, qui se traduisent notamment par des tensions importantes entre l’offre et
la demande de mangues. En dépit des perspectives de croissance de la demande des marchés, l’avenir de la filière n’est pas assuré.

35
La transformation de la mangue par le séchage

Le séchage des mangues est une activité qui a démarré tardivement en Côte d’Ivoire, ce qui fait
Principaux fournisseurs de mangue
que le pays a accumulé un retard important par rapport à ses voisins comme le Burkina Faso. Il
existe 17 unités de séchage en Côte d’Ivoire (contre 121 au Burkina). séchée en Europe (en %)
Au Burkina, la transformation par le séchage connait une progression régulière: elle est passée
de 612 tonnes de mangue séchée exportées en 2013 à 3 023 tonnes exportées en 2019,
principalement vers l’Europe (Allemagne, Angleterre, France, Italie).
La mangue est le fruit tropical représentant le plus gros du segment des fruits secs,
essentiellement composé des raisins, dattes, pruneaux et abricots secs, canneberges et figues
séchées. On estimait le marché européen de la mangue séchée à environ 5 600 à 6 200 tonnes
en 2018, avec une valeur des importations de 47 millions d’euros. Le marché EU serait
actuellement compris entre 8 à 10 000 tonnes, tandis que le marché nord-américain serait de 10
à 12 000 tonnes.
Depuis 2013, la demande de mangue séchée en Europe a augmenté, en volume, à un taux
annuel moyen de 13 %, nettement supérieur à celui de l’ensemble des importations de fruits
secs, qui n’a été que de 1 % sur la même période. Cette forte demande est due aux qualités
nutritionnelles et gustatives du produit, à sa coloration attractive, à son image de produit sain et
exotique, notamment auprès des consommateurs jeunes, et à ses multiples utilisations comme
ingrédient alimentaire.
Le marché de la mangue séchée se compose de trois segments principaux: (i) la mangue
séchée traditionnelle (environ 75% des volumes), (ii) la mangue séchée biologique (17 à 20 %),
et (iii) la mangue séchée sucrée (5 à 7 %).
La plus grande partie de l’approvisionnement en Europe vient de trois pays: l’Afrique du Sud, le
Burkina Faso et le Ghana, qui représentent ensemble plus de 75 % des importations de
mangue déshydratée sur le marché européen. Le Burkina Faso seul a une part de marché
d’environ 25% et dispose de l’offre la plus large de mangue séchée biologique.
36
Valorisation de la mangue par la déshydratation

Technologies disponibles:
Séchoir Atesta
- Séchoir à gaz Atesta et Atesta amélioré: largement diffusés en Afrique de l’Ouest depuis 25 ans
- Séchoir tunnel à vapeur sud-africain (fournisseur: Dryers for Africa), qui tend à remplacer le four
Atesta, car il produit de la mangue « déshydratée et non cuite ».
Modèle: unité de séchage de mangue dans le nord de la Côte d’Ivoire (Ouangolodougou) avec 3
séchoirs, et une capacité de production de 130 tonnes de produit séché par campagne de 3,5 mois
(100 jours), correspondant à environ 2 000 tonnes de mangues fraîches à l’entrée (ratio de 15 à 1).
1 300 Kg de mangue sont séchés par cycle de séchage de 18/24 h.
La vapeur est produite par une chaudière fonctionnant avec des coques de noix de cajou, abondantes
et peu chères (5 FCFA/Kg) dans le nord de la Côte d’Ivoire. On compte qu’il faut 5,33 Kg de coques
pour obtenir 1 Kg de mangues séchées.
Prix de vente de la mangue séchée (2020): €7,00/Kg CIF Europe (4,500 FCFA/Kg), et jusqu’à 6 000
FCFA/Kg (€7,00/Kg) pour de la mangue certifiée bio.
Compte d'exploitation simplifié: mangue séchée
L’investissement (bâtiment, séchoirs,
équipements divers) est d’environ 450
millions de FCFA (€660 000).

Le compte d’exploitation simplifié fait


apparaître une marge nette d’exploitation
de l’ordre de 50%, hors frais financiers,
taxes et frais de transport depuis l’usine.

Séchoir tunnel 37
Mangue et autres fruits séchés

Il existe une demande en forte croissance pour la mangue séchée en tant que
telle, mais aussi pour des mélanges de fruits séchés (ananas, noix de coco,
mangue, papaye, gingembre, banane) pour le grignotage (snacking).
L’UE représentait environ 40 % du marché mondial des noix et fruits séchés en
2018. Le marché mondial total des fruits à coque (`noix, noisette, noix de cajou,
cacahuètes, etc…) est estimé à 4 millions de tonnes, tandis que le marché
mondial des fruits secs est d’environ 2,8 millions de tonnes, pour une valeur de
7,8 milliards d’euros. Bien que plusieurs types de noix et, notamment, de cajou,
soient cultivés dans les régions tropicales, la majorité des fruits secs sont les
dattes et les raisins, qui poussent sous des climats plus tempérés.
On estime que les fruits tropicaux séchés représentent 1 % du marché total des
fruits secs en Europe. Par ailleurs, le marché des fruits secs ne représente à
l’heure actuelle que moins de 1% de celui des fruits frais, selon les données UN
COMTRADE de 2017. Ce qui voudrait tout de même dire un marché de l’ordre
de 30 000 tonnes, dont 6 à 7 000 tonnes pour la mangue seule. On peut estimer
que le marché nord américain des fruits tropicaux séchés est quant à lui de
l’ordre de 40 à 50 000 tonnes.
Selon les négociants européens, la croissance du marché des fruits secs va se
poursuivre, mais peut-être à un rythme moins rapide, sur les cinq prochaines
années.
Le Royaume-Uni et l'Allemagne représentent à eux seuls la moitié du marché
européen de la mangue séchée. L'Allemagne est un marché en pleine
croissance. Il y a encore quelques années de cela, les mangues séchées étaient
essentiellement vendues dans des magasins spécialisés. Elles sont aujourd'hui
également commercialisées par les grandes chaînes de supermarchés hard-
discount comme Aldi ou Lidl.

38
Filières secondaires et autres fruits tropicaux exportés en frais

Papaye
La Côte d’Ivoire a connu du succès dans la production et l’exportation de
papayes Solo dans les années 1990. Mais la filière s’est heurtée à des
problèmes de sensibilité des papayers aux viroses. Malgré cela, la Côte d’Ivoire
reste le second plus gros exportateur africain (658 tonnes exportées en 2020),
derrière le Ghana. Les exportations sont essentiellement à destination de
l’Union Européenne. Le marché européen est estimé à 40 000 tonnes par an et
essentiellement approvisionné par le Brésil.
Fruits de la passion
Les volumes exportés vers l’UE par les origines principales pour ce produit
seraient de l’ordre de 5 000 à 7 000 tonnes par an. Le marché est en
croissance. Les fruits de la passion sont principalement exportés par avion.
Les principaux fournisseurs sont le Vietnam, la Colombie, l’Afrique du Sud, le
Kenya et le Zimbabwe. Le Vietnam est la nouvelle origine émergente ; elle
propose une variété hybride violette de gros calibre présente sur l’ensemble du
marché européen. Le Kenya a été confronté sur la période récente à un
problème de dépassement de LMR de pesticides. Conséquence : une
diminution des exportations et une baisse de la part de marché des pays ACP
dans les importations de l’UE
Avocat tropical
3 551 tonnes exportées en 2019. Filière émergente, avec une forte croissance
depuis 2017.
39
Noix de coco

La noix de coco, fruit du cocotier, n’est pas strictement un produit


horticole, mais elle est souvent exploitée avec d’autres fruits tropicaux
comme la mangue dans la production et l’exportation de fruits
déshydratés, particulièrement par des opérateurs produisant de la
mangue séchée au nord de la Côte d’Ivoire.
En Côte d’Ivoire, la surface de production de noix de coco est estimée
entre 30 000 et 50 000 ha et le nombre de petits producteurs à plus de 10
000. Les zones de production se trouvent dans le sud et dans la frange
côtière.
La Côte d’Ivoire représente environ 0,7 % de l’ensemble des importations
de noix de coco déshydratée en Europe. Le taux de croissance annuel
composé depuis 2008 est de + 11 %. Les principaux fournisseurs de
l’Europe sont les Philippines, l’Indonésie et le Sri Lanka. Le Ghana, qui
est en compétition directe avec la Côte d’Ivoire en tant que principal
fournisseur du continent africain, affiche une croissance annuelle
moyenne de ses volumes exportés vers l’UE de 80 % sur la période
2015-2020, la Côte d’Ivoire affichant pour sa part une croissance
moyenne de 13 %. Source: Statistiques douanières

En 2020, les exportations de noix de coco de Côte d’Ivoire se sont


élevées à 41 750 tonnes selon les statistiques officielles, après avoir
atteint un pic d’environ 45 000 tonnes en 2019.

40
Fruits transformés: jus, purées et conserves

Les fruits peuvent être transformés en une multitude de produits


alimentaires qui peuvent être regroupés dans les catégories des fruits
secs, des fruits surgelés, de l’huile de coco, des fruits en conserve,
des jus de fruit et de l’eau de coco, et des confitures, des purées et
des concentrés.
Quelques entreprises, dont ATOU-Ivorio, Comafruits/Andros et AGRO-
CI (Groupe Kirene), sont présentes dans cette industrie. Il s’agit d’une
activité ancienne, avec un historique de crises (SIACA), mais qui
connaît un regain de dynamisme face à la demande nouvelle des
marchés.

Source: douanes

La technologie est éprouvée et il est difficile de rivaliser avec les


gros producteurs sur le marché mondial qui peuvent bénéficier
d’économies d’échelle importantes pour offrir des prix compétitifs
dans des marchés à faible croissance.
Les débouchés pour les industriels ivoiriens sont donc le marché
domestique et de la sous région (Mali, Burkina). ainsi que
l’exportation de produits de première transformation (jus de 1ère
extraction, purée, concentrés).
Source: douanes 41
Légumes et fruits frais préparés - Marché international

Ce modèle consiste à préparer, conditionner et exporter des légumes (haricots


verts, baby corn, etc..) ou des fruits tropicaux frais (ananas, mangue, etc..)
présentés en barquettes et acheminés par avion en quelques heures vers les
étals des grandes surfaces en Europe et dans quelques autres pays de
destination (pour les exportateurs africains).
Les cas réussis sont connus: Blueskies au Ghana, Leucofruit à Madagascar,
Vegpro et Sunripe au Kenya, etc... Dans le passé, le Burkina avait connu un
certain succès avec les exportations de haricots verts vers la France.
Au Rwanda, les exportations de légumes ont atteint 11 300 tonnes en 2019 pour
une valeur de $7,5 millions, en hausse de 47% par rapport à la même période
de 2018, où 8 387 tonnes ont été exportées pour une valeur totale de $5,1
millions $.
Ce modèle d’entreprise n’est pas présent en Côte d’Ivoire. Par contre, la société
Blueskies, qui possède trois unités de production au Ghana, s’approvisionne en
mangues en Côte d’Ivoire et au Sénégal.
La durabilité de ce modèle d’affaires pourrait toutefois être mise à l’épreuve à
plus ou moins long terme compte tenu des préoccupations environnementales
croissantes concernant le transport aérien et les tendances vers le locavorisme.

42
Produits horticoles surgelés - IQF

Principaux pays importateurs de fruits


L’ensemble du marché européen pour les fruits surgelés est évalué à 434 millions surgelés en Europe (en %)
d’euros. Les fruits tropicaux surgelés représentent toutefois un segment plus réduit
évalué à 64 millions d’euros. Les fruits surgelés constituent un marché important
dans l’UE et la part de marché des fruits tropicaux augmente rapidement.
Les fruits tropicaux surgelés (PSI) peuvent être coupés en dés ou réduits en purée.
Ces produits peuvent être vendus directement aux consommateurs (sous forme de
produits IQF) ou servir de base à une transformation secondaire. Une transformation
immédiate et d’approvisionnement à température contrôlée sont des éléments
essentiels, mais la taille du marché une chaîne est importante.
En Côte d’Ivoire, les potentialités du marché des produits surgelés attirent les
industriels déjà installés qui planifient des investissements en conséquence pour les
prochaine années. C’est le cas de sociétés comme MAPACI, TRAFUL ou encore
AGRO-CI (Groupe KIRENE).
Une ligne de production IQF est en cours de d’installation chez Comafruits (groupe
Andros) pour un démarrage en 2022 avec des objectif d’exportation d’un volume de
300 à 500 tonnes dans un premier temps.
Par ailleurs, des sociétés industrielles comme Agrana (production de préparation de
fruits surgelés pour l’industrie agro-alimentaire) sont à la recherche de partenaires
spécialisés pour s’approvisionner en fruits (mangue, ananas et éventuellement
fraise).

43
Production de légumes frais et maraîchage
Évolution des productions vivrières et de légumes
Les superficies en cultures fruitières et légumières, y compris les agrumes, dépassent
1960 - 2015
900 000 ha selon les estimations officielles. Le volume des productions correspondantes
est estimé à 3,5 millions de tonnes (y compris le plantain), en augmentation d’environ
500 000 tonnes depuis le début des années 2010. Entre 2001 et 2016, la production de
légumes a augmenté de 12,3% par an en moyenne. Le gombo, le piment et l’aubergine
représentent, en quantité, les productions maraîchères les plus importantes au niveau
national. Les légumes sont produits comme cultures de plein champ, sur des périmètres
maraîchers aménagés (bas-fonds, périmètres irrigués), en général en zone péri-urbaine,
et, de manière plus limitée, dans des exploitations en hors-sol (culture sous serre).

Le diagnostic de la filière maraîchage et de la consommation nationale en légumes


réalisé en 2014 dans le cadre du Projet PARFACI/FIRCA montrait que les maraîchers en
Côte d’Ivoire couvraient environ 80% de la consommation nationale, 20% devant encore
être importés (surtout l’oignon). La consommation annuelle en légumes frais est estimée Source: GIZ/CIRES, 2017
par la FAO à 38 kg/ habitant par an en Côte d’Ivoire, soit une consommation annuelle de
920 000 t de produits maraîchers par an (pomme de terre non compris). Cette
consommation était couverte par une production nationale de 750 000 tonnes, 120 000
tonnes étant importées du marché mondial et 50 000 tonnes importées de manière
informelle de la sous-région

La commercialisation des produits se fait localement par des circuits courts, ou sur les
marchés urbains, avec des circuits longs faisant intervenir collecteurs, transporteurs,
commerçants grossistes et détaillants.

La Côte d’Ivoire exporte aussi des produits comme le gombo et la banane plantain vers
les pays voisins, notamment sahéliens,

44
Les importations de fruits et légumes en Côte d’Ivoire

Les importations de fruits et légumes ne représentent qu’une part relativement faible de ce qui est consommé en Côte d’Ivoire. Les
importations de fruits sont limitées (20 000 t pour un peu plus de 14 M€ en 2018) et concernent 3 produits : les agrumes (oranges
principalement), le raisin, et les pommes qui restent des fruits consommés dans tout le pays, notamment en raison de sa praticité.

Les importations de légumes sont plus importantes. Elles avoisinent 250 à 300 000 t/an, avec trois produits phare (l’oignon, la pomme
de terre et la carotte) qui représentent plus de 90% des volumes.

Les salades arrivent après ces trois produits, mais avec des valeurs plus faibles (environ 1 M€, contre 34 M€ pour les oignons et un
peu plus de 9 M€ pour les pommes de terre). Ces salades sont destinées aux GMS locales, mais aussi à certaines chaines de fast-
food. L’offre nationale en légumes serait donc complétée par des importations enregistrées dans les ports d’Abidjan et San Pedro
d’environ 100 000 t/an auxquelles s’ajouteraient 86 000 t/an de légumes frais importées des pays sahéliens.

45
Analyse des performances des CV horticoles de Côte d’Ivoire

La section qui suit présente les résultats de l’analyse des performances économiques des principales chaînes de valeur
d’exportation:

• Analyse des ACR

• Analyse des prix de parité export

• Diagramme de Porter

46
Avantage Comparatif Révélé

Avantage Comparatif Révélé

L'Avantage Comparatif Révélé (ACR) est défini comme la proportion des


exportations d’un pays pour un produit ou une catégorie de produits par rapport
à la proportion des exportations mondiales pour ce même produit ou catégorie
de produits. On le calcule sur des moyennes sur 5 ou 10 ans pour observer les
tendances.

Les résultats des calculs de l’ACR faits pour la Côte d'Ivoire pour les CV
d’exportation de fruits en frais (banane dessert, ananas et mangue) figurent
dans le tableau ci-contre. Les indices sont très supérieurs à l’unité, indiquant
un très clair avantage comparatif de la Côte d'Ivoire dans l’exportation de ces
produits. Lorsqu'un pays dispose d'un avantage comparatif révélé
pour un produit donné (ACR> 1), il est présumé être un
Si l’on se place dans une perspective dynamique, il faut prendre en compte producteur et un exportateur compétitif de ce produit par
deux facteurs: d’une part la demande mondiale pour ces produits est en rapport à un pays produisant et exportant ce produit à un
croissance, mais en même temps la concurrence des autres origines, niveau égal ou inférieur à la moyenne mondiale. Un pays
particulièrement pour la banane et l’ananas, est très forte. Ce qui signifie qu’en qui possède un avantage comparatif révélé pour le
fait l’ACR de la Côte d’Ivoire pour l’ananas frais est supérieur à 1 mais en produit donné est considéré comme ayant une force
baisse tendancielle compte tenu de la perte catastrophique de part de marché d'exportation à l'égard de ce produit. Plus la valeur du
qu’a connue le pays dans les années 2000 suite à l’introduction de l’ananas ACR d’un pays est élevée, plus les exportations de ce
MD2 par le Costa Rica. dernier sont fortes.

47
Prix de parité export pour la mangue fraîche, l’ananas avion et la banane

Le prix de parité à l'exportation d'un produit est égal à son prix-frontière auquel on soustrait les coûts d'acheminement (y compris les
transformations éventuelles) correspondant à toutes les dépenses intervenant entre le point le lieu de production et le point de sortie

Source: Calculs des auteurs

48
Compétitivité des CV horticoles: les « cinq forces » de Porter

Diagramme des “cinq forces” de Porter

CONCURRENCE

MENACE D'UNE NOUVELLE PUISSANCE DES


RENTRÉE FOURNISSEURS

MENACE DE POUVOIR DES


SUBSTITUTION ACHETEURS

BANANE DESSERT, EN FRAIS


ANANAS FRAIS
MANGUE EN FRAIS
MANGUE SÉCHÉE
Source: auteurs

On peut tirer de cette analyse les éléments suivants:


• Les marchés de l’ananas frais et de la mangue fraîche sont des marchés très concurrentiels et ouverts dans lesquels il est important de
développer des stratégies qui soient inclusives de l’amont (et non pas qui se contentent d’exploiter le segment production qui est faible)
• Le secteur de la banane dessert est plus structuré du fait de l’intégration amont-aval et donc mieux à même de mettre en place des
stratégies de compétitivité pour résister aux pressions concurrentielles
• Pour le marché de la mangue séchée, dans lequel les pressions de la concurrence sont moins importantes, il doit être possible de créer et
de maintenir un avantage concurrentiel durable (competitive edge) par le biais d’un partenariat gagnant-gagnant entre amont et aval.
49
Chapitre III
Tendances des marchés. Opportunités
pour l’horticulture de Côte d’Ivoire
Quelles sont les tendances des marchés, existants ou potentiels, pour les
produits horticoles de Côte d’Ivoire ?

Le chapitre précédent a fourni une description des principales chaînes de valeur horticoles de Côte d’Ivoire, ainsi qu’une analyse de leur
évolution récente et de leurs performances.
À partir du scan rapide du secteur horticole réalisé dans la phase préliminaire de l’étude, il faut maintenant chercher à identifier les chaînes
de valeur les plus prometteuses pour le futur à partir des tendances observables de la demande et des marchés. En d’autres termes,
quels sont les marchés, filières et chaînes de valeur qui semblent les plus « porteurs » à l’avenir pour l’horticulture de Côte d’Ivoire?

51
Les grandes tendances du commerce mondial des F&L

La Côte d’Ivoire participe par ses exportations de fruits tropicaux et, dans une moindre mesure, de légumes au commerce mondial des
F&L.
Ces marchés sont très dynamiques en raison de l’évolution rapide des demandes des consommateurs, du cycle de production
relativement court, de la plupart des cultures horticoles – mais pas de toutes - et de la facilitation des échanges mondiaux, notamment les
progrès dans le transport, la logistique et la chaîne de froid.

52
Les flux du commerce mondial des fruits

Carte du commerce mondial des fruits


Ces flux sont illustrés sur le graphique ci-contre Flux commerciaux de fruits frais, excluant noix, fruits surgelés et fruits conservés
(données de 2016).
On distingue:
• les fruits tempérés (pommes, poires, fruits à
noyaux)
• les fruits méditerranéens (agrumes, figues,
dattes)
• les fruits tropicaux (banane, ananas, papaye,
etc..).
La Côte d’Ivoire exporte des fruits tropicaux.
Les flux de fruits tropicaux sont généralement
orientés Sud-Nord au niveau inter- et intracontinental,
avec l’exception notable et massive des flux
d’Amérique centrale et du sud vers l’Europe. Ainsi
que d’Asie du sud-est vers l’Europe pour certains
fruits et pour les produits transformés (jus,
conserves, fruits séchés).
On note la part réduite de l’Afrique en général et a
fortiori de l’Afrique de l’ouest dans ces échanges.
Source : Rabobank, 2017
Légende
Les données sur la carte se rapportent à l’année 2016. Le seuil minimum pour justifier une ligne commerciale pour le total des fruits frais est de 500
millions de $US, de 100 000 tonnes pour les bananes, plantains et agrumes et de 50 000 tonnes pour les pommes et le raisin. En bleu foncé,
bananes-dessert; en orange, agrumes; en vert, pommes et raisins.

53
Les flux du commerce mondial des légumes

Carte du commerce mondial des légumes


Le marché global des légumes est de manière
prépondérante un marché local. Seuls 5% des
légumes produits à travers le monde font l’objet
d’échanges internationaux. Toutefois, ce
pourcentage est en augmentation.
On estime que 70% de tous les légumes cultivés
à travers le monde sont vendus sous forme de
légumes frais et entiers. Ce marché est encore
en expansion, principalement en dehors des
États-Unis et de l’Europe. En revanche, la
consommation de légumes en conserve a baissé
au cours de la décennie passée. Dans le même
temps, la demande de légumes surgelés a
augmenté d’environ 1% par an.
Les flux commerciaux mondiaux sont beaucoup
plus multidirectionnels du fait de l’importance des
productions de légumes tempérés (pomme de
terre, oignons, choux, carottes, etc..) et des
produits maraîchers de proximité (tomates,
courgettes, etc..), ainsi que de la part Source : Rabobank, 2017
relativement limitée des légumes spécifiquement Légende
tropicaux (gombo, plantain, piments), qui sont Les données sur la carte se rapportent à l’année 2016. Les données pour les légumes frais et transformés sont exprimées en US$ par an. Les données
destinés aux marchés dits ethniques. pour les tomates, poivrons doux et cornichons sont exprimées en tonnes métriques par an. Le seuil minimum pour justifier une ligne commerciale
pour le total des légumes transformés est de 100 millions de US$ et de 500 millions de US$ pour les légumes frais. Le seuil minimum pour les
tomates, poivrons doux, piments et cornichons est de 30 000 tonnes. En bleu foncé, les légumes frais; en orange les légumes transformés; en rouge,
les tomates, en vert, les poivrons et piments; en brun, les oignons et échalotes. 54
Les flux du commerce mondial des jus de fruits et concentrés

Cette carte illustre la part prépondérante de


l’Amérique centrale (Mexique, Costa Rica) et du
sud (Brésil, Chili) dans le commerce des jus de
fruits et concentrés de fruits, ainsi que de l’Asie
de l’est (Chine, Thaïlande, Philippines).
Le jus de fruits tropicaux le plus importé en
Europe est le jus d’ananas. L’Europe représente
plus de 50% des quantités importées.
Les principaux fournisseurs de jus de fruits
tropicaux sont le Costa Rica (ananas), la
Thaïlande (ananas), le Brésil (guava et acerola)
et le Pérou (fruits de la passion).
On remarque la quasi-absence de l’Afrique de
ces marchés, à l’exception de l’Afrique du sud.

Source: Rabobank, 2017

55
Facteurs majeurs affectant l’offre et la demande mondiale de F&L

Trois grands groupes de facteurs vont continuer à influer sur l’offre et la demande mondiale de F&L à long terme:

Effet mécanique de l’augmentation de la population mondiale sur la


demande alimentaire, y compris de F&L.
Croissance
Diminution de la population agricole, en valeur relative et en valeur
démographique
absolue, qui va accroître la pression sur les systèmes de production pour
améliorer leur productivité et satisfaire la demande croissante.

Les effets attendus du changement climatique sont susceptibles de


modifier les aptitudes agro-écologiques des territoires: mangue cultivée en
Changement Espagne, plantations de bananes remontant vers Yamoussoukro, etc.
climatique Les préoccupations environnementales vont entraîner des évolutions des
systèmes culturaux: pression pour la réduction de l’usage de pesticides,
promotion d’une agriculture durable, agroforesterie, etc..

La structure et composition de la demande de F&L évolue rapidement dans


Préférences des
le monde, pas seulement en Occident, sous l’effet de plusieurs facteurs
consommateurs
(voir ci-après).

56
Démographie, croissance urbaine et augmentation des revenus

La population de la Côte d’Ivoire compte, d’après le recensement de 2014, 22,7 Population d’Abidjan
millions d’habitants (contre 10,8 en 1988 et 15,4 en 1998). Le taux de croissance
démographique, qui était de 3,57% de 1988 à 1998, a été ramené à 2,46% entre
1998 et 2014. En 2019, cette population est estimée à 25 millions. D’après les
projections, elle atteindra 50 millions en 2050.
La politique de la population engagée depuis le premier PND (2011-2015) vise à
réaliser la transition démographique (croissance démographique située entre 0,5%
et 1,5% par an et fécondité inférieure à 3 enfants/femme), qui est l’une des
transformations majeures pour bénéficier du « dividende démographique ».
Démographie du continent africain et émergence de la classe moyenne
La population du continent africain, qui est actuellement de 1,2 milliard de
personnes, va plus que doubler et devrait atteindre 2,5 milliards d’ici 2050. La
hausse des revenus des ménages, qui accompagne la croissance économique,
favorise l’émergence d’une classe moyenne, dont les pratiques de consommation Source: Banque mondiale
évoluent avec leur pouvoir d’achat.
La classe moyenne telle que définie par la Banque Africaine de Développement (BAD) comprend les personnes dont le revenu est compris entre
4$ et 20$ par jour. En Côte d’Ivoire, cette classe moyenne représente 26% de la population, soit environ 6,5 millions d’habitants, dont presque
les deux-tiers habitent en ville et la moitié fréquente les supermarchés, même si l’attractivité des aliments distribués en supermarché reste réduite
par rapport aux aliments proposés dans les échoppes, boutiques informelles et marchés de plein air.

Au niveau de l’ensemble du continent, les dépenses de consommation des ménages, qui s’élevaient à un total de 1,4 milliards de $ en 2015,
devraient atteindre 2,1 milliards de $ en 2025 et 2,5 milliards de $ en 2030. Ces dépenses ont augmenté à un taux annuel composé de 4%
depuis 2010, ce qui donne l’ordre de grandeur du rythme de croissance de la demande de produits alimentaires, dont les fruits et légumes. En
outre, on prévoit une augmentation de la part de la consommation du secteur formel – aujourd’hui estimée à seulement 25%, qui devrait se
traduire par un accroissement fort et soutenu de la demande de produits alimentaires plus élaborés.
57
Changement climatique

La Côte d’Ivoire est l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique – classé 147ème sur 178 pays. Ce classement est
similaire à celui des autres pays situés le long de la côte atlantique de l’Afrique, tels que le Togo (143), le Nigeria (145) et la Guinée (146),
légèrement meilleur que celui de la Mauritanie (154) et du Bénin (155) mais en deçà de celui obtenu par le Ghana (101), le Gabon (120) et
le Sénégal (130).
La forte vulnérabilité de la Côte d’Ivoire s’explique en partie par l’ampleur du changement climatique, mais aussi par le manque de
préparation du pays. Selon la communauté scientifique, l’effet de serre se traduit par une augmentation de la température moyenne, une
variabilité accrue de la pluviométrie et une montée des eaux des mers ainsi que des océans.
Malgré l’incertitude liée aux différents scenarios climatiques, ce triple phénomène est déjà visible et, sans modification de politiques et de
comportements, il devrait mener d’ici l’année 2050 à :
• Une hausse de la température de 2°C en moyenne pour l’ensemble du pays avec un pic qui peut dépasser 3.5° C en Janvier ; et des
hausses de température plus élevé au Nord qu’au Sud.
• Une variation de la précipitation allant d’une baisse de 9% des précipitations au courant des mois avril-mai à une augmentation des
précipitations allant jusqu’à 9% en octobre.
• Une élévation du niveau de la mer de 30 cm est prévue le long des côtes ivoiriennes.

Ces phénomènes risquent de progressivement entraîner des changements dans les aptitudes agro-écologiques des terroirs, en Côte
d’Ivoire comme dans le reste du monde.

Source: Pour que demain ne meure jamais: la Côte d’Ivoire face au changement climatique, étude Banque mondiale, juillet 2018
58
Impact potentiel
Facteurs de changement pouvant affecter la demande de fruits sur la demande
et légumes de Côte d’Ivoire en quantité et en qualité de F&L

• Croissance de la population du pays: 25 millions en 2020, doublement


Démographie attendu en 2050 +
Urbanisation • 50% de population urbaine en CIV en 2020 +
• Émergence de la classe moyenne, 6,5 millions de personnes en CIV en
Croissance des revenus 2020 +
• Campagnes nutritionnelles
F&L : Produits sains • Croissance de la demande de produits bio +
• Sensibilité du consommateur aux coûts d’acheminement des produits
Locavorisme: consommer local alimentaires -
Commerce équitable • Importance de la conformité à des valeurs éthiques +
• Prise en compte de l’empreinte carbone des activités de production et de
Durabilité environnementale mise en marché +
• Exigences croissantes de connaître la provenance des produits +
Besoins de traçabilité alimentaires (blockchain)

Certifications • Assurance de qualité pour le consommateur +


59
Les marchés de la banane bio et fairtrade sont en forte croissance

La banane biologique représente un volume de ventes de 1.3 million de


tonnes en 2020 sur un commerce mondial d’environ 20 millions de tonnes,
soit 6,5% du total.
• en 2020, 770 000 tonnes de banane bio ont été commercialisées en
Europe – 12 % du marché contre 2% en 2010 - et 530 000 tonnes en
Amérique du Nord ;
• en Europe, la banane bio compte pour plus de 20 % des ventes dans les
principaux marchés consommateurs : Allemagne, France, Royaume-Uni,
Suisse, Italie
• Comme sur le marché américain, l’Equateur poursuit sa percée et
dépasse 300 000 tonnes pour devenir le premier fournisseur du marché
européen en bananes bio
Avec 10 300 tonnes de bananes bio
issues du commerce équitable vendues
en 2020, la chaîne de distribution
allemande Lidl a pour objectif de
proposer à ses clients des bananes
certifiées conventionnelles en
provenance de Colombie et du Ghana.
Les bananes certifiées bio et
Fairtrade/Max Havelaar représentent déjà
11 % des volumes vendus par Source: FruiTrop
l'enseigne.
60
Les tendances du marché européen des fruits tropicaux transformés
Estimation du marché européen des fruits tropicaux
L’évolution des tendances de consommation sur les principaux marchés transformés en 2018 (en millions d’euros)
alimentaires urbains pointent à une probable croissance forte des fruits
transformés à l’avenir.
La question devient: quelles formes de transformation et quels types de
produits transformés sont et vont être le plus en demande au niveau du
commerce mondial?
Des éléments de réponse sont fournies par des analyses du marché,
comme celle du diagramme ci-contre qui donne la taille estimée du
marché EU. Les tendances de la demande se résument comme suit:
• Croissance soutenue des produits déshydratés
• Stagnation des conserves
• Forte croissance des surgelés
• Baisse de la demande de jus tropicaux

Tendances de
la demande du
marché
européen pour
les fruits
tropicaux
transformés

Source: CBI (2019)


61
Analyse AFOM du positionnement de l’offre horticole de Côte d’Ivoire par
rapport aux tendances des marchés

62
Opportunités des accords commerciaux: APE avec l’Union Européenne

La Côte d’Ivoire fait partie d’un espace de libre-échange, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui
compte 391 millions d’habitants en 2019. Le Nigéria est l’économie dominante et représente les 2/3 du PIB de la CEDEAO.

APE. La Côte d’Ivoire bénéficie des accords de partenariat


économique (APE) régionaux avec l’Union Européenne. Ces
accords ont vocation à assurer une réciprocité commerciale, à
promouvoir le développement durable et à renforcer l’intégration
régionale en encourageant les pays africains, des Caraïbes et du
Pacifique (ACP) à entrer dans des négociations avec l’UE dans le
cadre de regroupements régionaux.

En vertu des APE, les marchés de l’UE sont immédiatement et


complètement ouverts, tandis que les pays ACP ont 15 ans pour
s’ouvrir aux importations de l’UE (avec une protection des
importations sensibles), voire jusqu’à 25 ans dans certains cas
exceptionnels.

Avant l’adoption de l’APE régional avec l’Afrique de l’Ouest, des


accords de partenariat économique d’étape avec la Côte d’Ivoire
et le Ghana sont respectivement entrés en application provisoire
le 3/09/2016 et le 15/12/2016. Ces accords prévoient la sécurité
juridique des investisseurs et devraient stimuler la croissance
économique et les relations commerciales entre les deux parties.

63
Opportunités des accords commerciaux: AGOA

AGOA (African Growth and Opportunities Act) ou la loi sur la croissance et les opportunités en
Afrique, lancée en 2000 par les États-Unis, permet aux produits des pays africains répondant à
des critères précis d'accéder au marché américain sans barrières douanières et tarifaires. Les
critères d'éligibilité sont relatifs aux efforts dans la lutte contre la corruption notamment, au
respect des droits de l'homme et au libéralisme économique. Au total, l'accord autorise environ 6
400 produits africains à bénéficier d’un accès privilégié au marché américain, permettant aux
pays africains de mieux intégrer le commerce mondial dans lequel le continent ne représente que
3% des échanges.
Les produits éligibles appartiennent à divers domaines, comprenant des produits agricoles, le vin,
des appareils électroniques, des produits textiles, des pièces mécaniques, des produits Exportations de Côte d’Ivoire vers
chimiques, l’acier et autres minerais, etc. Parmi ceux-ci, on peut citer les produits pétroliers, les USA, 2012-2020 ($US’000)
textiles, industriels, artisanaux, agricoles, halieutiques et horticoles.
Exportations totales
Les produits agricoles incluent certains fruits et légumes, (mangues, ananas, tomates, oranges,
oignons séchés, concombre, raisins, avocats, papayes), ainsi que le beurre de karité, le bois, les
noix de cajou, le cacao, le café, etc. En Côte d’Ivoire, peu de produits horticoles ont profité des
dispositions de l’ AGOA, à part la banane plantain. Au total, entre 2012 et 2020, généralement
moins de 10% du montant des exportations ivoiriennes aux États-Unis ont bénéficié du régime
AGOA.
Certains entreprises de produits transformés (fruits séchés), comme HPW, sont en cours de
certification pour obtenir l’agrément du FDA, qui est une condition préalable à l’importation de Exportations sous régime AGOA
denrées alimentaires aux USA. et GSP

Parmi les difficultés mentionnées par les exportateurs, figurent la méconnaissance du marché
nord-américain et de ses exigences à l’importation, ainsi que la concurrence sur ce marché des
produits d’Amérique latine.
Source :agoainfos 64
Opportunités des accords commerciaux: AfCFTA

Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA). L’AfCFTA est entrée en vigueur le


30/05/2019 et couvre 54 des 55 membres de l’Union africaine. L’AfCFTA a pour objectifs de stimuler le
commerce intra-africain, de créer un marché africain unique pour les biens et les services et de
promouvoir la circulation des capitaux et des personnes à travers le continent. En juillet 2019, la phase
opérationnelle de la zone de libre-échange continentale africaine a été lancée.
Compte tenu de la population de l’Afrique, actuellement de 1,2 milliards de personnes, et qui devrait
atteindre 2,5 milliards d’ici 2050, l’AfCFTA sera l’une des plus grandes zones de libre-échange depuis la
formation de l’Organisation Mondiale du Commerce. Le commerce intra-régional représente aujourd’hui à
peine 15 %, du commerce total, contre environ 47% en Amérique, 61 % en Asie et 67 % en Europe
(données UNCTAD pour la période 2015-2017). L’AfCFTA pourrait changer ce constat de manière
radicale. On attend de l’AfCFTA qu’il stimule le commerce intra-africain par au moins un tiers lorsqu’une
libéralisation tarifaire complète aura été mise en œuvre pour attirer des investissements.
Les États membres ont décidé que le commerce des marchandises relèverait de l’AfCFTA à compter du
1/01/2021. Si l’on prend l’exemple du jus d’ananas et de la noix de coco déshydratée, les marchés
régionaux se sont déjà révélés être plus intéressants que le marché européen pour la Côte d’Ivoire, ce
que la mise en œuvre de l’AfCFTA pourrait renforcer.
Par contre, il est admis que l’opérationnalisation de cet accord va prendre du temps.

65
Implications pour l’offre de produits horticoles de Côte d’Ivoire par rapport
aux tendances des marchés
Par rapport aux tendances qui conduisent la demande de produits horticoles et qui viennent d’être caractérisées, comment peut se
positionner l’offre de produits horticoles de la Côte d’Ivoire? Quels marchés viser?
Trois axes semblent pouvoir être dégagés (détail dans le tableau de la page suivante):

La demande de fruits transformés,


notamment déshydratés et surgelés
Mais horizons de
temps différents
liés au stade de
maturité des
La demande internationale, régionale et marchés !
sous régionale de fruits tropicaux frais

La demande domestique et sous


régionale de légumes et de produits
maraîchers
66
Matrice des opportunités et profil stratégique du portefeuille de CV
horticoles de Côte d’Ivoire

67
Couples produit x marché (CPM) prometteurs

Du tableau précédent, on retient les couples produit x marché suivants comme susceptibles de présenter le potentiel de croissance le plus
significatif dans les années à venir:

Source: auteurs

68
Chapitre IV
Contraintes
Base productive, transport/logistique et contraintes CPSD revisitées

La première des contraintes au développement de l’horticulture en Côte d’Ivoire est que la base de production pour certaines CV
comme la mangue ou le maraîchage hors sol est actuellement faible et fragmentée.
Il est difficile de faire des projections trop optimistes sur les perspectives offertes par les marchés, car le secteur horticole ivoirien est
aujourd’hui contraint au niveau de son capital productif. Par exemple, les vergers de manguiers sont fragmentés, vieillissants et conduits
en mode extensif (absence de fumure organique, absence d’irrigation, faible densité, non respect des pratiques culturales). Le même
constat peut être fait pour la cocoteraie, les plantations d’ananas ou encore pour la production intensive de légumes en hors-sol. Le
renforcement de la base productive nécessiterait des investissements importants, donc l’accès à des financements à LT, à des fonds de
garantie et à des services d’appui-conseil technique et managérial. En outre, l’importance des problèmes fonciers non résolus est une
contrainte signalée par plusieurs acteurs importants du secteur horticole qui rapportent des difficultés pour investir en raison de situations
d’insécurité foncière.
Dans la suite de ce chapitre, on analysera successivement les autres contraintes importantes, à savoir:
(i) les performances logistiques des chaînes de valeur horticoles de Côte d’Ivoire
(ii) les autres contraintes principales identifiées dans le CPSD, dans le but de savoir quelle signification elles revêtent pour le secteur
horticole.

70
1. Transport et logistique (y compris TCL)

Les produits horticoles de Côte d’Ivoire sont pour une grande part commercialisés en Coût de transport par conteneur
frais, que ce soit les légumes et fruits pour le marché domestique ou pour l’exportation. La (en US cents par T-Km)
logistique doit être adaptée au transport de produits qui relèvent des catégories frais et
ultra-frais. L’efficacité du transport et de la logistique est donc un déterminant fort de la
compétitivité des chaînes de valeur concernées et même de leur existence et durabilité.
Le CPSD a noté que le secteur des transports en Côte d’Ivoire est l’un des plus
développés d’Afrique de l’Ouest. Le Port Autonome d’Abidjan (PAA) est le port le plus
important d’Afrique de l’Ouest (25,8 millions de tonnes de trafic en 2019). Il a vocation à
conférer à la Côte d’Ivoire un rôle de plaque tournante régionale pour le commerce qui est
l’ambition du gouvernement dans le contexte de la politique d’intégration régionale
africaine. Pour les exportations de fruits, par rapport à ses concurrents sud-américains, la
Côte d’Ivoire peut capitaliser sur son avantage d’avoir un transit time entre Abidjan et les
ports européens de 7 jours, alors qu’il est de 14 jours depuis les ports d’Amérique latine.
Malgré cela, les coûts de transport intérieurs sont beaucoup plus élevés que dans les Source : CPSD et Projet d’intégration Port Ville du Grand
pays pairs régionaux. Le port d’Abidjan est souvent congestionné du fait du stationnement Abidjan, (rapport de la Banque mondiale n° PAD2771).
des camions sur le domaine portuaire et ses alentours et ne peut de ce fait qu’opérer à
55% de sa capacité. Les délais de chargement et déchargement des navires, ainsi que
les procédures en douane, sont longs et parmi les plus élevés d’Afrique. Il faut en Au niveau du classement mondial du
moyenne 10 jours à un conteneur pour quitter le port. Les incertitudes qui en résultent Logistics Performance Index (LPI),
créent un environnement difficile pour les opérateurs, ce qui nuit à son attractivité. publié par la Banque mondiale, la
Par ailleurs, les déficiences dans la logistique du froid entraînent des pertes post-récolte Côte d’Ivoire est passé de la 96ème à
très importantes, pouvant aller jusqu’à 40 ou 50% des quantités produites. ll n’existe pas la 50ème place entre 2016 et 2018, ce
actuellement en Côte d’Ivoire, hormis pour les produits des filières d’exportation (banane, qui reflète les progrès réalisés dans
ananas, mangue) de logistique du froid (TCL) adaptée permettant de préserver l’état de le domaine de la logistique.
fraîcheur et la qualité des produits jusqu’à ce qu’ils parviennent aux consommateurs.

71
Contraintes logistiques et opportunités de marché

L’analyse des contraintes de transport et logistique fait ressortir les problématiques spécifiques
suivantes au vu des marchés horticoles potentiellement ciblés:
MESURES RECOMMANDÉES
(1) Besoin d’améliorer les performances du Port Autonome d’Abidjan (PAA). Face à la
concurrence des ports de Tema (Ghana) et Lomé (Togo), il est impératif d’améliorer l’efficacité • Désengorger le port d’Abidjan par la
des opérations du PAA et éviter des crises comme celle de 2017 qui avait gravement compromis réalisation des infrastructures
les exportations de mangues. Le gouvernement a engagé un important programme prévues dans le PACOGA et la
d’investissements, notamment à travers le projet d'intégration Port-Ville du Grand Abidjan création d’un port sec à
(PACOGA) lancé en 2018 avec l’appui de la Banque mondiale. Les investissements incluent la Ferkéssédougou.
création d’une plateforme logistique pour améliorer la gestion des flux, l’amélioration des voies • Mettre en place des procédures
d’accès (construction de la rocade d’Abidjan ouest et voies d’accès au port) et la création d’un douanières automatisées et
nouveau terminal fruitier. coordonnées (guichet unique).
(2) Besoin de développer une offre de transport compétitive pour servir les marchés • Créer une plateforme informatique
régionaux en croissance. Les exportateurs de fruits tropicaux, notamment banane et ananas, pour gérer les flux de camions.
sont engagés depuis quelques années dans un processus de diversification de leurs débouchés • Encourager l’utilisation du transport
vers le marché sous régional ou régional. Mais l’offre de transport n’est pas adaptée pour servir maritime avec atmosphère contrôlée.
de manière compétitive ces destinations nouvelles, tant au niveau du maritime que de l’aérien • Soutenir l’élaboration d’un plan de
(fréquence des dessertes, de la capacité cargo, etc..), ce qui veut dire qu’au final ces services facilitation du commerce régional
sont aujourd’hui coûteux. Il est donc stratégiquement important de chercher à développer l’offre dans le cadre de la mise en œuvre
de services et à réduire leur coût pour positionner la Côte d’Ivoire sur ces marchés émergents.
des accords de la zone de libre-
(3) Besoin de favoriser le développement de services de logistique à température contrôlée échange continentale africaine
(TCL). Les mauvaises conditions de transport, de stockage et de distribution des produits (AfCFTA).
horticoles frais, comme l’insuffisance du respect des normes sanitaires et d’hygiène, sont des • Appuyer le développement des
freins importants qui ne valorisent pas correctement les produits des chaînes de valeur horticoles, services TCL par des mesures
génèrent des pertes importantes et ne vont pas permettre à l’avenir de satisfaire la demande incitatives et de facilitation de l’accès
urbaine croissante. Il y a un manque de fournisseurs de services TCL dans le secteur de
l’horticulture, au niveau du stockage et du transport. Une étude récente (Frost & Sullivan, 2019) a au financement.
évalué la taille du marché des services de logistique à température contrôlée à $43,6 millions à
l’horizon 2027, dont 6% pour les filières F&L. 72
2. Environnement des affaires

Le classement « Doing business » 2019 de la Banque mondiale a noté une amélioration du climat des affaires en Côte d’Ivoire: le pays
est passé de la 139ème place en 2018 à la 122ème place en 2019. Néanmoins, comme l’a montré le CPSD, des difficultés subsistent. En
particulier dans le secteur horticole, on relève les contraintes suivantes:

Les industries de fourniture de services ou d’intrants pour l’horticulture ne sont pas suffisamment performantes et
compétitives. La concurrence limitée renchérit considérablement le coût des fournitures (intrants agricoles, pièces détachées) et
services, ce qui nuit à la compétitivité. Comparée à des pays pairs structurels et à des pays de l’UEMOA (Mali, Burkina Faso, Sénégal et
Cameroun), la Côte d’Ivoire présente un niveau de domination du marché trop élevé pour son revenu par habitant. Concrètement, les
opérateurs de la filière mangue d’exportation doivent importer des cartons d’Espagne pour conditionner leurs produits, en raison d’un
manque de disponibilité et de diversité des emballages locaux, ainsi que de prix élevés. Les producteurs de légumes en périurbain ne
disposent pas des intrants spécifiques à leurs cultures. Souvent importés, ces intrants sont coûteux et les producteurs en sont réduits à
se procurer sur le marché informel des intrants destinés à des cultures comme le coton ou le cacao. Pour les entreprises
agroindustrielles, le manque de diversité de l’offre de pièces détachées, de consommables ou de services après-vente est une
contrainte importante. Les investisseurs locaux sont amenés à contracter des prestataires étrangers pour la construction et la
maintenance de leurs installations.
MESURES RECOMMANDÉES
Interférence du secteur public dans la vie des affaires. II y a une perception chez • Afficher clairement le fait que l’horticulture est
des investisseurs potentiels interrogés, notamment étrangers, que le secteur public l’affaire du privé de manière à créer un cadre
ivoirien interfère beaucoup dans la conduite des affaires privées, avec des contrôles plus attractif pour l’investissement privé
incessants et arbitraires, fiscaux et autres, et que la seule manière de faire des affaires • Réduire les délais de récupération des crédits
est d’avoir le bon réseau de relations dans l’administration. Il est impératif que les TVA par les exportateurs (2 ans actuellement).
autorités envoient un signal très clair, directement et à travers les institutions et • Attirer des entreprises nouvelles dans l’agro-
organisations compétentes (CEPICI, APEX-CI, CGPME, etc..) que les investisseurs fourniture.
privés sont les bienvenus en Côte d’Ivoire et qu’ils peuvent développer leurs projets • Renforcer la législation en faveur de la
dans le cadre de l’Etat de droit et de régulations claires et prévisibles. concurrence.

73
3. Accès au financement

Les taux d’intérêt élevés, des exigences de garanties irréalistes et des produits non adaptés au secteur de la production et de la
transformation agricole ont tous été signalés comme des contraintes importantes. Les PME/PMI interrogées ont mentionné l’absence
d’accès au financement de leurs activités comme étant un obstacle majeur, particulièrement pour les entreprises du secteur horticole. Ceci
concerne les crédits de campagne comme l’obtention d’emprunts à moyen et long terme destinés aux investissements nécessaires pour
augmenter les capacités de production et mettre à niveau les installations de transformation.
L’exemple du préfinancement des campagnes de commercialisation de la mangue qui doit toujours être assuré par les opérateurs en aval
est illustratif de l’absence complète de solutions de financement par le crédit bancaire.
Il n’y a aucun financement à MLT disponible pour planter, densifier ou intensifier les vergers de manguiers du nord alors que cette filière
est dite prioritaire par le gouvernement. Des mécanismes adaptés ont pourtant été mis en place avec succès en Côte d’Ivoire pour
l’hévéaculture ou la culture de l’anacardier sur des centaines d’hectares, ou encore au Burkina Faso qui compte aujourd’hui 3 000 ha de
manguiers en culture intensive plantés depuis 10 ans.

Quelques initiatives méritent toutefois d’être signalées: MESURES RECOMMANDÉES


• Le Fonds Compétitif pour l’Innovation Agricole Durable (FCIAD), d’un montant de 5 • Mettre en place un fonds de garantie dédié
milliards de FCFA (7,5 millions d’euros), vise à contribuer au financement de projets aux investissement dans l’horticulture
de recherche appliquée innovants, en vue d’améliorer la durabilité des systèmes de intensive
production agricoles de la Côte d’Ivoire. Le FIRCA a été chargé par le MINADER • Inciter les banques commerciales à financer
comme agence de mise en œuvre technique et financière du FCIAD. les crédits de campagne d’exportation
• Le programme d’investissement dans les fermes et coopératives (FCIP) de la DEG • Opérationnaliser la restructuration du
développe les capacités des agriculteurs et des coopératives et les aide avec des FGPME
produits financiers adaptés à leurs besoins, dont des prêts et assurances numériques • Mettre en place un mécanisme pour financer
et l’accès à des comptes bancaires mobiles. Elle a notamment apporté son soutien à l’investissement dans l’intensification et
Ivoire Organics. Elle fournit des capitaux d’investissement à long terme sous la forme l’extension des vergers de manguiers (sur le
de prêts ou de fonds propres associés à des conseils d’experts. modèle hévéa ou anacarde).

74
4. Compétences, R&D et innovation

Les capacités en innovation et R&D existantes en Côte d’Ivoire sont actuellement


beaucoup trop faibles par rapport aux besoins d’une industrie horticole performante et
compétitive. MESURES RECOMMANDÉES
Malgré les interventions du FIRCA, l’activité du CNRA et des projets, la R&D et la capacité • Créer une plate-forme de type
d’innovation en Côte d’Ivoire n’est pas à la hauteur de ce que requiert un secteur horticole Knowledge and Innovation Center
performant pour se maintenir dans des marchés évoluant très rapidement et qui sont à la pointe (KIC) pour promouvoir l’innovation en
de l’innovation pour l’introduction de nouvelles variétés, pour s’adapter aux exigences des horticulture.
consommateurs ou pour proposer de nouveaux emballages et mode de conditionnement des • Mettre en œuvre le projet Agrifood
produits. Sector Development de la Banque
En Jordanie, une plate-forme active a été créée pour servir de base régionale et nationale pour mondiale qui prévoit des appuis
amener des innovations aux chaînes de production et de post-récolte, introduire de nouvelles importants au niveau formation et R&D
technologies, faire des démonstrations de nouvelles techniques horticoles, former des • Relancer le programme régional de
partenariats avec des entreprises locales et internationales, and développer des programmes de recherche WAPPP.
formation à la demande. Le centre sert aussi à aider les entrepreneurs agricoles à pénétrer de • Soumettre une demande d’appui au
nouveaux marches en investissant dans des cultures à forte valeur ajoutée et se mettant en programme ouest-africain de
conformité avec les exigences de certification globales. renforcement de la compétitivité
(WACOMP).
Un déficit de techniciens en horticulture
• Appuyer les initiatives de formation
La filière F&L en Côte d’Ivoire connait un déficit structurel en spécialistes des systèmes maraichers
professionnelle en alternance, du type
(du pluvial au hors-sol). Les structures de vulgarisation ne disposent pas d’un personnel spécialisé
de celle d’Agrifer et de l’INSPA
en maraîchage sur le terrain. Les centres de formation agricoles de base comme supérieurs ne
(Hortivoire).
proposent pas de cursus en horticulture. Le nombre de chercheurs dédiés à plein temps aux
• Soutenir les joint ventures du type PFI
cultures maraîchères est très limité. Les enseignants-chercheurs des universités sont nombreux,
et Agrifer.
mais ne comptent pas d’experts en cultures maraîchères. De plus, les activités des chercheurs,
enseignants-chercheurs et celles des dispositifs de R&D des projets, des ONG et du secteur privé
manquent d’un cadre de coordination et d’échanges. De ce fait, les résultats sont rarement
capitalisés, partagés et discutés. 75
5. Connectivité numérique

Malgré les investissements très importants faits par le secteur privé et les pouvoirs publics, la qualité des services numériques en Côte
d’Ivoire reste limitée. La vitesse moyenne de téléchargement disponible aux utilisateurs est inférieure à celle de pays de comparaison
comme le Vietnam, le Kenya et le Ghana, probablement en raison de la concurrence limitée sur la qualité et des droits de licence élevés.
Comme on peut le voir dans les chaînes de valeur de la transformation industrielle des fruits, l’avenir sera numérique. Il suffit de penser à
des noms comme Food Tech, à l’industrie agroalimentaire o2o (en ligne à hors ligne) ou à l’alimentation numérique (SIAL Network, 2018).
La technologie des registres distribués (DLT) ou blockchain est l’aspect le plus pertinent à souligner. Associée à des contrats intelligents, la
blockchain qui permet aux utilisateurs de codifier des parts importantes des processus de travail, des contrats ou des tâches est un
développement technologique pertinent pour les chaînes d’approvisionnement agro-alimentaires. Ce phénomène est étroitement lié à la
crise de confiance éprouvée par les consommateurs face à l’industrie alimentaire, suite au scandale de la viande de cheval en 2013 et,
plus récemment, au problème de la contamination des œufs au fipronil, deux évènements à l’origine d’appels à une transparence et une
traçabilité accrues.
La blockchain est considérée comme un outil important pour assurer l’intégrité des aliments parce qu’elle est une promesse de traçabilité,
de réduction des risques, de responsabilisation, d’audibilité, de durabilité, d’amélioration des performances et d’efficacité de l’entreprise
pour tous les participants d’une chaîne donnée.
MESURES RECOMMANDÉES
En Côte d’Ivoire, ModulTrade a signé en 2018 un contrat avec l’ANOPACI (Association • Appuyer les initiatives et projets-
Nationale des Organisations Professionnelles Agricoles de Côte d’Ivoire), une pilotes sur l’application des concepts
association agroalimentaire de premier plan qui utilise une plateforme contractuelle de blockchain aux chaînes de valeur
intelligente basée sur la blockchain. horticoles
En 2019, un pilote d’application de la blockchain sur la filière mangue en Côte d’Ivoire a • Renforcer la concurrence entre
été réalisée par l’opérateur SIIM de Rungis avec l’appui du COLEACP et d’une start-up fournisseurs d’accès internet pour
belge. améliorer les services et réduire les
coûts pour les utilisateurs

76
Chapitre V
Pistes de solutions pour l’investissement
privé. Politiques et programmes d’appui
Segmentation stratégique des CPM dans les chaînes de valeur horticoles

Trois facteurs majeurs permettent de différencier les types d’investissement potentiels

Quels marchés sont visés?


Quelle logistique est nécessaire?
Quelle technologie est disponible?

En croisant ces facteurs avec les couples produit x marché (CPM) qui pointent aux opportunités de développement de marchés, on obtient
dans le tableau suivant une classification des projets d’investissement et des types d’investisseurs susceptibles de les porter.

78
Segmentation stratégique des produits et chaînes de valeur horticoles

Source: auteurs 79
Segmentation des projets et investisseurs potentiels

CV des fruits tropicaux, frais et transformés


1 - Le marché du fruit tropical frais à l'international requiert une excellente maîtrise de la production et du conditionnement, une logistique
performante, des certifications et une bonne maîtrise de la commercialisation. Les acteurs sont des opérateurs intégrant l’ensemble de la chaîne
d’approvisionnement ou des négociants basés dans les marchés de destination (ces derniers étant toutefois peu enclins à investir en amont sauf
dans certains cas sous forme de partenariats avec des producteurs/exportateurs locaux). Les investisseurs cibles sont les opérateurs intégrés
et négociants importateurs dans les marchés de destination.
2 - Les marchés sous régionaux et domestique du fruit tropical frais et des légumes, bien qu’en forte croissance, n’ont pas les mêmes exigences
et font intervenir des négociants, grossistes et distributeurs locaux. Les opérateurs intégrés et négociants internationaux décrits ci-dessus sont
mal équipés et pas forcément très motivés pour développer ces marchés, qui peuvent par contre intéresser, au moins dans une première étape,
des négociants et opérateurs nationaux, sous régionaux, voire régional (Maroc). Les investisseurs cibles peuvent être des négociants et
opérateurs nationaux et sous régionaux, voire régionaux.
3 - Les industriels de la conserverie et du jus déjà présents ou potentiellement intéressés à investir en Côte d’Ivoire de type PME/PMI ont des
projets de création ou d’expansion de leurs capacités de transformation. Ils font appel à des technologies relativement traditionnelles, n’ont pas
besoin de logistique sophistiquée. Ils visent le marché national ou sous régional avec la volonté, à terme, de se substituer aux gros importateurs
de jus, concentrés et pulpes en Côte d’Ivoire. Ce sont des industriels nationaux ou sous régionaux, voire régionaux.
4 - La production et l’exportation de fruits surgelés (fruits entiers ou en morceaux, préparation de fruits, IQF) exige une grande maîtrise technique
en quantité et qualité, une technologie de pointe, une chaîne de froid performante et une maîtrise des ventes en B2B à l’international. Elle
intéresse des groupes industriels de classe internationale, tels que Agrana Fruit, apportant la technologie de production et les connexions
avec les clients majeurs de l’industrie alimentaire en B2B. Ils sont à la recherche de partenaires locaux fiables en amont pour s’approvisionner en
matière première.
5 - La mangue séchée a pu être produite à l’échelle industrielle et pénétrer le marché de la grande distribution grâce à l’utilisation d’une nouvelle
technologie de séchage et de conservation avec des partenaires étrangers maîtrisant bien cette technologie, connaissant parfaitement les circuits
de distribution des fruits séchés sur le marché international et en même temps soucieux de conserver leur position de leader. Le profil est celui
d’un investisseur de dimension internationale cherchant à s’associer en joint venture avec un partenaire local. Le modèle est l’entreprise
Timini SA au Burkina Faso qui associe une entreprise locale du secteur fruitier et un partenaire sud-africain spécialisé, le groupe Westfalia.
80
Segmentation des projets et investisseurs potentiels (suite)

(6) Les autres fruits séchés sont produits sous forme de mélanges destinés à la vente sur les marchés domestique, du continent et à
l’international. Des investisseurs internationaux spécialisés, comme le groupe suisse HPW, ont déjà investi et sont intéressés à se
positionner sur ces marchés avec une vision à long terme sur la croissance de la demande. Il existe également des structures artisanales
locales ou des investisseurs locaux qui souhaitent consolider et/ou créer des unités de production modernes pour progresser sur le
marché domestique et s’attaquer au marché international.
(7). Il existe des exemples réussis d’entreprises ayant développé le segment des fruits tropicaux frais préparés en barquette et expédiés
en quelques heures vers des distributeurs spécialisés et les GMS en Europe. Le modèle est Blue Skies au Ghana, Lecofruit à Madagascar
ou encore VegPro ou Sunripe au Kenya. Il n’y a pas aujourd’hui d’entreprise présente sur ce créneau en Côte d’Ivoire, mais ce modèle
d’affaires pourrait intéresser, à terme plus ou moins rapproché, un investisseur international, régional ou sous régional, avec des
partenaires locaux.
CV légumes et produits maraîchers frais
Pour le développement de la production et de la commercialisation des légumes, les projets d’investissement porteraient sur :
(1) Au niveau de la production, (i) l’aménagement de périmètres irrigués et périurbains en plein champ, sous forme de PPP, et (ii)
l’installation ou l’extension de serres de culture intensive en hors-sol pour alimenter le marché domestique suivant le modèle promu
par AGRIFER à Tiébissou et Produits Fermiers Ivoiriens (PFI) à Gbélouville, en JV avec un partenaire étranger pour assurer le transfert de
technologie.
(2) La construction en PPP de centres de collecte et de transit intermédiaires, avec équipements de conditionnement et logistique
adéquats dans le contexte du développement des agropoles régionaux.
(3) Pour l’amélioration de la fourniture d’intrants et de services à l’industrie horticole, (i) création d’une plateforme avec incubateur
d’entreprises et établissements de formation ciblés, selon un modèle PPP, (ii) des unités de production et de distribution de compost sur le
modèle réussi de Green-country avec l’appui d’ Atou, et (iii) l’importation et la distribution d’intrants de nouvelle génération (biostimulants,
biopesticides), en s’inspirant de la réussite de la startup A2P.

81
Profil d’investisseurs et exemples de projets

Source: auteurs 82
Approche recommandée pour la SFI

Poursuivre l’identification des opportunités par segment et type de projet


pour développer un ensemble structuré de projets d’investissement

Initier/intensifier le dialogue avec chaque catégorie d’investisseurs


potentiels

Obtenir le financement des études de faisabilité des projets (si nécessaire)

Concrétiser une ou deux opérations (quick wins)

À moyen terme, travailler sur les contraintes majeures identifiées pour


améliorer l’attractivité du secteur de l’horticulture, créer un avantage
compétitif et faire aboutir une deuxième série de projets d’investissement

83
Programmes de soutien et mesures de politique

Recommandations
Pour faciliter et accroître l’investissement privé dans le secteur de l’horticulture en Côte d’Ivoire, les actions suivantes sont recommandées
pour le groupe de la Banque Mondiale :
Pour la SFI:
• Amorcer (ou relancer) le dialogue avec les différentes catégories d’investisseurs recensés, de manière à faire aboutir à horizon de 2-3
ans les projets actuellement à l’étude ou qui sont au niveau prospectif
• Impliquer les banques commerciales et autres institutions financières dans le montage d’offre de prêts à MLT adaptés aux types
d’investissement dans l’augmentation des capacités de production (agricoles et de transformation)
• Faciliter la recherche de partenaires pour les investisseurs étrangers
• Développer des services de conseil et d’assistance aux PME du secteur horticole et mettre en place un fonds de capital-risque dédié
pour la production horticole intensive.
Pour la Banque mondiale:
• Inciter le gouvernement à investir dans la levée des contraintes principales à l’investissement privé qui ont été caractérisées et dans
des domaines clés (infrastructure, R&D, financement) pour le soutien des chaînes de valeur horticoles les plus prometteuses.
• Agriculture GP : soutenir la R&D, l’innovation, l’accès au financement et la formation technique à travers le projet Agrifood Sector
Development et promouvoir des améliorations et clarifications du régime foncier pour les investisseurs privés
• FCI GP : appuyer le lancement du projet CVJET, qui vient d’être approuvé, notamment dans le but d’apporter des solutions concrètes
au problème de financement des campagnes des chaînes d’approvisionnement à l’export comme la mangue (supply chain financing)
et d’accélérer la constitution de bases de données en vue de la digitalisation des opérations (blockchain).
Pour la Banque mondiale et la SFI conjointement:
• Aider le gouvernement à évaluer les limitations de la politique actuelle de la concurrence et à réaliser les réformes nécessaires
• Inciter le gouvernement à améliorer l’attractivité du pays et du secteur de l’horticulture pour les investisseurs privés.
84
Conclusions et recommandations finales

L’analyse approfondie du secteur de l’horticulture en Côte d’Ivoire montre que ce secteur recèle un important potentiel de croissance et de
création d’emplois pour le futur, en ciblant les chaînes de valeur et les marchés prometteurs qui ont été identifiés. Ce potentiel pourra être mis en
valeur par des investissements privés, des politiques favorables et un soutien par des programmes d’investissement public centrés sur la levée
des contraintes transversales majeures qui ont également été identifiées et analysées.
Mais, d’une part, ce potentiel n’est pas illimité et, d’autre part, la performance récente de la plupart des sous-secteurs et chaînes de valeur du
secteur horticole n’a pas vraiment été à la hauteur de ce potentiel. Le secteur de l’horticulture de Côte d’Ivoire a plutôt bénéficié de situations de
rente comme la croissance régulière de la demande domestique et sous régionale et l’avantage comparatif considérable dont jouit le pays de par
sa situation géographique pour les chaînes de valeur à l’export.
Sinon comment expliquer pourquoi les marchés alimentaires des grandes agglomérations tardent à se moderniser – comme en témoigne la faible
utilisation de moyens logistiques à température contrôlée –, pourquoi la Côte d’Ivoire accuse un retard très important dans l’industrialisation du
séchage et de la transformation de la mangue, ou encore pourquoi des investisseurs étrangers spécialisés dans les produits horticoles et dérivés
préfèrent s’installer au Ghana ou au Burkina ?
Il faut faire attention parce qu’il y des risques à éviter (et donc des défis à relever) très importants pour l’avenir, à savoir principalement:
1. L’expérience de l’effondrement de la filière ananas d’exportation dans les années 2 000 montre que rien n’est acquis dans les
marchés internationaux très compétitifs vers lesquels la Côte d’Ivoire exporte ses fruits et qu’il est extrêmement difficile - pour ne pas
dire impossible - de regagner des positions perdues sur ces marchés qui évoluent très rapidement. Un tel risque existe aujourd’hui pour la
filière mangue, en dépit du grand potentiel qu’elle présente, si des progrès ne sont pas réalisés dans la productivité, la maîtrise technique de la
production, le contrôle des infestations parasitaires, la transformation, la gestion de la qualité et les certifications.
2. L’approvisionnement en F&L du marché national est également un défi majeur pour le secteur horticole de Côte d’Ivoire. Les modes
de fonctionnement actuels ne vont pas permettre de continuer à satisfaire la demande en forte croissance des marchés urbains. Le risque serait
alors de voir les importations se substituer de plus en plus à la production nationale.
Il y a donc deux options : laisser se poursuivre les tendances actuelles ou aller vers un changement de paradigme, qui consiste essentiellement
à reconnaître que l’horticulture est un domaine d’activités d’entrepreneurs privés, et non celui de filières stratégiques qui doivent être pilotées par
l’État avec des PND quinquennaux comme le cacao, l’hévéaculture ou la noix de cajou. Seule la banane est peut-être à considérer comme étant
dans ce cas du fait de son poids et des enjeux géostratégiques et politiques. Pour les autres chaînes de valeur horticoles, il faut concevoir et
mettre en oeuvre des approches plus effectives et plus ambitieuses que par le passé pour stimuler et accompagner l’investissement privé. 85
Étapes suivantes: opérationnalisation du Deep Dive

À partir de la présente étude Horticulture Deep Dive, quelques propositions peuvent être formulées pour rendre opérationnelles les conclusions et
recommandations des analyses, dans le but d’en tirer un plan d’action composé d’interventions possibles pour le court et moyen terme (1 à 3 ans) pour le
Groupe de la Banque Mondiale.
Dans le but de réduire le champ du secteur horticole de Côte d’Ivoire – qui est très vaste comme observé dans l’étude diagnostic – et de se concentrer sur
les sous-secteurs et chaînes de valeur les plus prometteuses en termes de croissance, emploi et ajout de valeur, il est proposé de retenir les cinq chaînes
de valeur ci-dessous:
• Banane dessert
• Mangue fraîche
• Fruits surgelés et IQF pour l’industrie alimentaire
• Fruits tropicaux déshydratés
• Légumes frais à forte valeur ajoutée
Le tableau des pages suivantes présente, pour chacune des CV de la liste ci-dessus, un bref résumé des principales conclusions à retenir du DD
Horticulture, les principles problématiques identifiées, les défis à relever spécifiquement pour chaque CV, les mesures de réforme des politiques et les
investissements publics recommandés et enfin les opportunités d’investissement pour le secteur privé avec des indications prréliminaires sur la nature et la
dimension des projets et sous-projets potentiels.
Avec le lancement récent des projets CVJET et Agrofood Sector Development Project financés par la Banque mondiale, le Groupe de la Banque Mondiale
semblerait parfaitement équipé pour permettre à la SFI de développer un portefeuille de projets d’investissement privé qui aiderait la Côte d’Ivoire à
matérialiser l’important potentiel de croissance de son industrie horticole.

86
Plan d’actions pour les interventions dans les chaînes de valeur horticoles
sélectionnées
Chaîne(s) de Principales conclusions Défis Recommandations pour les politiques et Opportunités pour
valeur investissements publics requis l’investissement privé
Banane-fruit Les exportations ont augmenté de 87% durant Améliorer la compétitivité par Fournir des incitations à réduire les coûts de Soutenir les agro-industries
les 10 dernières années rapport aux bananes dollar sur production par l’utilisation de la biomasse et de établies (Compagnie
le marché UE compost organique. fruitière/SCB, SIPEF) et
Les exportations vers les marchés régionaux
nouvelles (Banaci, Bacibam)
ont doublé en volume et en pourcentage Diversifier les débouchés sous Concevoir et mettre en œuvre un programme de
dans la mise en œuvre des
durant les 10 dernières années régionaux et régionaux facilitation du commerce pour desservir les
leurs plans de modernisation
marchés sous régionaux et régionaux
Opportunités dans les marchés UE du Différencier les produits vers les ($1-5 millions), également
commerce équitable et organique (la part de marches commerce équitable et Mettre en œuvre ZLECAf pour fournir une cadre appuyés par le programme
marché des bananes organiques dans l’UE organique de préférences commerciales régionales. BAM de l’UE.
est passée de 2 à 12% depuis 10 ans, le prix
Améliorer la durabilité (E&S) Contribuer à renforcer la structuration
est passé de +2 à +3 € par carton comparé
professionnelle du secteur en fusionnant les deux
aux bananes conventionnelles)
organisations existantes.

Mangue (en Forte demande, marché global en croissance, Manque d’investissement dans Investir d’urgence dans la R&D (variétés, gains Promouvoir des partenariats
frais) produit de haute qualité (variétés Keitt et la base de production, dans de productivité, contrôle parasitaire). de filière entre segments
Kent). l’intensification et la productivité amont et aval ($0.5-1 million
Soutenir/renforcer l’organisation
par projet).
Les mangues de Côte d’Ivoire sont en forte Besoin de mieux maîtriser les interprofessionnelle (Intermangue).
demande pour l’exportation en frais et par les infestations parasitaires
Faciliter l’accès au crédit (financement court
industries de transformation des pays voisins
Besoin de consolider la CV et terme des CV, prêts à LT and subventions pour
(Ghana et Burkina Faso)
l’industrie par des arrangements renouveler/étendre les vergers).
La saison de commercialisation est très courte contractuels – les
Fournir des incitations pour les agriculteurs et
(6 semaines) et la concurrence très forte comportements opportunistes
entrepreneurs ruraux à investir en amont.
(internationalement et sous régionalement). actuels augmentent les coûts et
les risques.
Menace des infestations parasitaires par la
mouche du fruit.

87
Plan d’actions pour les interventions dans les chaînes de valeur horticoles
sélectionnées (suite)
Chaîne(s) Principales conclusions Défis Recommandations pour les Opportunités pour l’investissement
de valeur politiques et investissements privé
publics requis
Fruits Marché en croissance (urbain) domestique Demande des investisseurs qui Améliorer le climat des affaires pour Engager un dialogue avec des investisseurs
tropicaux régional, international (industrie du prêt=à- possèdent à la fois la maîtrise des attire des investisseurs internationaux internationaux pour obtenir des informations
déshydratés manger et du grignotage). technologies et les connexions qui recherchent des alternatives par sur leurs projets et aider à leur conception et
avec les marchés. rapport aux pays voisins comme le mise en œuvre ($1 à 5 millions).
La demande de mangue séchée sur le
Burkina ou le Sénégal.
marché UE a augmenté de 13% par an au
cours des 10 dernières années
Intérêt des investisseurs régionaux et
internationaux (HPW, Westfalia)
Fruits Intérêt d’investisseurs internationaux de Requiert des investisseurs avec à Améliorer le climat des affaires pour Promouvoir l’investissement dans des JV en
congelés ou premier rang (Agrana Fruit) pour la fois des technologies de pointe attire des investisseurs internationaux amont par des partenaires locaux ($1 à 2
IQF pour s’approvisionner en quantités importantes en et des connections dans les qui recherchent des alternatives par millions).
l’industrie fruits congelés (mangues, fraises) marchés. rapport aux pays voisins comme le
Burkina ou le Sénégal.
alimentaire
Légumes Demande croissante pour des produits frais Demande des entrepreneurs avec Fournir un cadre propice et mettre en Appuyer les partenaires techniques
frais à haute dans les centres urbains (tomates cerise, des équipements de haute place un écosystème d’appui efficace, étrangers (Agrifer, FPI, etc…) qui possèdent
valeur concombres, laitue, etc...) technologie, un accès aux fonds comprenant assistance technique, les compétences techniques et managériales
ajoutée de capital-risque, des capacités R&D, accès à des équipements et à mettre en œuvre des programmes visant à
Opportunités en import substitution
managériales et des connections intrants à prix compétitifs, capital- l’installation de jeunes entrepreneurs dans
avec les marchés. risque et crédit bancaire, formation et l’horticulture à haute valeur ajoutée ($1 à 2
assistance à la gestion. millions par programme).
Promouvoir des JV avec les grandes
surfaces principales (Prosuma, Carrefour,
CFAO Retail) et des fournisseurs de service
spécialisés pour développer une offre
moderne et adaptée de services de
logistique à température contrôlée ($0.5 à 1
million par projet). 88
Bibliographie

Publications officielles et études

AFRUIBANA (2021). La banane au cœur du développement rural africain : un défi commun pour l’Afrique et l’Europe, Février 2021.
AGRER/INCATEMA Consulting (2016). Comparative analysis and assessment of the competitiveness of banana production in the BAM countries, Advisory Services, Monitoring and Evaluation of Banana Accompanying Measures, Ana
Romero, J.-Y. Hansart, September 2016.
Arnoldus, Michiel, van der Pol F. (2009), L’amélioration des performances de la filière des produits transformés de la mangue au Burkina Faso et au Mali, Royal Tropical Institute/ UE/banque mondiale.
Balineau, Gaëlle, Arthur Bauer, Martin Kessler et Nicole Madariaga (2020). Les systèmes agroalimentaires en Afrique. Repenser le rôle des marchés. Collection « L’Afrique en développement ». Coédition de l’Agence française de
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