L'avenir de L'alimentation Et de L'agriculture: Tendances Et Défis

L’avenir de
l’alimentation
et de l’agriculture
Tendances
et défis
RÉSUMÉ
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n’impliquent de la part de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) aucune
prise de position quant au statut juridique ou au stade de développement des pays, territoires, villes
ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. La mention de sociétés
déterminées ou de produits de fabricants, qu’ils soient ou non brevetés, n’entraîne, de la part de la FAO,
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L’avenir de
l’alimentation
et de l’agriculture
Tendances
et défis
RÉSUMÉ
TABLE DES MATIÈRES
Cette brochure reprend les messages clés du rapport L’avenir de l’alimentation et de
l’agriculture - Tendances et défis. Les tableaux et figures sont extraits de ladite publication.
AVANT-PROPOS 4
INTRODUCTION 6
TENDANCES 8
1 Croissance démographique, urbanisation et vieillissement 9
2 Croissance économique mondiale, investissement,

échanges commerciaux et prix des produits alimentaires 10
3 Concurrence accrue pour l’exploitation

des ressources naturelles 15
4 Changements climatiques 17
5 Productivité et innovation agricole 20
6 Ravageurs et maladies transfrontaliers 22
7 Conflits, crises et catastrophes naturelles 24
8 Pauvreté, inégalité et insécurité alimentaire 26
9 Nutrition et santé 29
10 Changements structurels et emploi 32
11 Les migrations et la féminisation de l’agriculture 34
12 Des systèmes alimentaires en évolution 36
13 Pertes et gaspillage alimentaires 39
14 Gouvernance pour la sécurité alimentaire et la nutrition 41
15 Financements pour le développement 42

L’ A V E N I R D E L’ A L I M E N T A T I O N E T D E L’ A G R I C U L T U R E TENDANCES ET DÉFIS
DÉFIS 44
1 Améliorer, de manière durable, la productivité agricole

afin de satisfaire la demande croissante
2 Garantir une base de ressources naturelles durable
3 Lutter contre les changements climatiques

et l’intensification des aléas naturels
4 Prévenir les ravageurs et maladies transfrontaliers
5 Éradiquer la pauvreté extrême et réduire les inégalités
6 Éliminer la faim et toutes les formes de malnutrition
7 Améliorer les opportunités rémunératrices en

milieu rural et remédier aux causes fondamentales
de la migration
8 Renforcer la résilience face aux crises de longue durée,

aux catastrophes et aux conflits
9 Rendre les systèmes alimentaires plus efficaces,

inclusifs et résilients
10 Répondre aux besoins pour ce qui est d’une gouvernance

nationale et internationale cohérente et efficace
AVANT-PROPOS
L
a vision de la FAO est moment de réduire la faim et la
celle d’«un monde pauvreté et d’améliorer la sécurité
libéré de la faim et de alimentaire et la nutrition. Les
la malnutrition, gains de productivité et les progrès
dans lequel l’alimentation et technologiques ont contribué à
l’agriculture contribuent à améliorer une utilisation plus efficace des
le niveau de vie des populations, ressources et à l’amélioration
notamment des plus pauvres, de l’innocuité des aliments.
et cela de manière durable en Mais il subsiste d’importantes
termes économiques, sociaux et préoccupations. Quelque 795 millions
environnementaux». Afin d’aider de personnes souffrent encore de
ses pays membres à faire de la faim et plus de deux milliards
cette vision commune une réalité de carences chroniques en
– individuellement au niveau micronutriments ou de formes de
national et collectivement aux suralimentation. De plus, la sécurité
niveaux régional et mondial – la alimentaire mondiale pourrait être
FAO organise son travail en tenant en danger, en raison des pressions
compte des principaux défis auxquels de plus en plus intenses s’exerçant
sont confrontés les secteurs de sur les ressources naturelles et des
l’alimentation et de l’agriculture. La changements climatiques, deux
présente étude, qui a été entreprise facteurs qui menacent la durabilité
aux fins du bilan quadriennal du des systèmes alimentaires en
Cadre stratégique de la FAO et en général. Les limites de la planète
vue du Plan à moyen terme 2018- pourraient bien être dépassées si les
2021 de l’Organisation, présente les tendances actuelles se poursuivent.
tendances et défis mondiaux clés qui
influeront le futur de l’alimentation Notre évaluation des tendances
et de l’agriculture au cours des dominantes suggère donc que, si l’on
décennies à venir. veut faire de la vision de la FAO une
réalité, de véritables transformations
Les tendances et défis analysés ici au niveau des systèmes agricoles et
donnent des raisons d’espérer, mais alimentaires sont requises de par le
aussi de s’inquiéter. Des progrès monde. D’après la FAO, il y a 10 défis
considérables ont été effectués au à relever pour parvenir à éradiquer
|4|
L’ A V E N I RL’ DA VE E L’
N IARL DI M
E EL’NA TL IAMTEI O
N TNA E
T ITO N R IACGUR LI CTUULRT EU R ET ETNEDNAD N
D EE TL’DAEG L’ ANC CE ESS EETT DD ÉÉ FF IISS
la faim et la pauvreté tout en développement durable (ODD),

garantissant la durabilité des et ils englobent le Programme
systèmes agricoles et alimentaires. d’action d’Addis-Abeba, l’Accord
Parmi ces défis figurent la de Paris sur le climat, le Sommet
croissance démographique humanitaire mondial et l’Agenda
inégale qui aura lieu au cours des pour l’humanité du Secrétaire
décennies à venir, les menaces général des Nations Unies.
exercées par les changements
climatiques, l’intensification L’objet du présent rapport est
des catastrophes naturelles et de contribuer à mobiliser les
les flambées de ravageurs et de actions concrètes et concertées
maladies transfrontaliers, ainsi requises pour mener à bien
que la nécessité de s’adapter aux ces programmes mondiaux. Il
importants changements ayant contribue à une compréhension
lieu dans les systèmes alimentaires commune des grands défis et
mondiaux. tendances à long terme qui
détermineront l’avenir de la
Nous nous réjouissons de sécurité alimentaire et de la
l’attention croissante accordée par nutrition, de la pauvreté rurale,
la communauté internationale à de l’efficacité des systèmes
ces préoccupations. Les tendances alimentaires et de la durabilité
et questions globales ont poussé et résilience des moyens de
la communauté internationale subsistance ruraux, des systèmes
à prendre des mesures sous agricoles et de leur base de
forme d’une série d’initiatives et ressources naturelles.
d’accords en 2015 et 2016 qui ont
supposé un changement radical
à l’ordre du jour en matière de
développement. Ces progrès
délimitent le contexte mondial pour
le travail de la FAO à l’avenir, sous
le parapluie global du Programme
de développement durable à José Graziano da Silva
l’horizon 2030 et des Objectifs de Directeur général de la FAO
|5|
INTRODUCTION
Tendances et défis
qui influencent l’avenir
de l’alimentation et de l’agriculture:
Raisons d’espérer
et de s’inquiéter
Au cours du siècle passé, d’énormes contribuent à améliorer le niveau

progrès ont été accomplis vers de vie des populations, notamment
l’amélioration du bien-être humain des plus pauvres, et cela de manière
de par le monde. Les sociétés se sont durable en termes économiques,
radicalement transformées grâce à sociaux et environnementaux».
des bonds en avant en matière de
technologies, l’urbanisation rapide Dans un contexte de surabondance,
et des innovations dans les systèmes des milliards de personnes
de production. Or, les conditions sont encore confrontées à une
en présence dans le monde actuel pauvreté endémique, à des
sont à des années-lumière du inégalités criantes, au manque de
monde «libéré de la peur et du débouchés, à la dégradation de
besoin» imaginé par les fondateurs l’environnement, aux maladies et
des Nations Unies. De fait, il reste aux privations. Les déplacements
beaucoup à faire pour réaliser et les flux migratoires sont à leurs
la vision de l’Organisation des niveaux les plus élevés depuis la
Nations Unies pour l’alimentation Seconde Guerre mondiale. Si de
et l’agriculture (FAO), à savoir nombreux conflits armés ont été
créer «un monde libéré de la faim résolus, de nouveaux sont apparus.
et de la malnutrition, dans lequel Une grande partie des progrès
l’alimentation et l’agriculture effectués par l’humanité ont coûté
|6|
L’ A V E N I RL’ DA VE E L’
N IARL DI M
E EL’NA TL IAMTEI O
N TNA E
T ITO N R IACGUR LI CTUULRT EU R ET ETNEDNAD N
D EE TL’DAEG L’ ANC CE ESS EETT DD ÉÉ FF IISS
cher à l’environnement. Les impacts actuels sont-ils capables de satisfaire

des changements climatiques se les besoins d’une population mondiale
font d’ores et déjà sentir et, s’ils ne qui, selon les projections, devrait
sont pas atténués, s’intensifieront dépasser les neuf milliards d’ici au
considérablement au cours des milieu du siècle? Sommes-nous en
années à venir. Les processus de mesure d’atteindre les augmentations
production mondialement intégrés de la production requises, même si
ont eu des impacts positifs à de cela suppose d’ajouter une pression
nombreux égards. Toutefois, les à des ressources en terres et en
difficultés rencontrées au moment de eau d’ores et déjà en diminution,
réglementer ces processus soulignent et de le faire dans un contexte de
la nécessité de les orienter vers des changements climatiques?
résultats plus équitables et durables.
«L’avenir de l’alimentation et
Les tendances à l’échelle mondiale de l’agriculture – Tendances et
ont des répercussions sur la défis» cherche à répondre à ces
sécurité alimentaire et la durabilité questions, en présentant et en
globale des systèmes alimentaires analysant les tendances mondiales
et agricoles, et soulèvent également clés qui influencent et influenceront
un certain nombre de questions. Les l’alimentation et l’agriculture, ainsi
systèmes alimentaires et agricoles que les défis qu’il faudra relever.
|7|
Tendances: les
principaux moteurs
du changement au
XXIe siècle
|8|
TENDANCE 1
CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE, URBANISATION ET VIEILLISSEMENT
La croissance démographique mondiale monde vivra en milieu urbain. D’ici à 2100, l’Asie
connaît un ralentissement, mais l’Afrique et l’Afrique pourraient bien accueillir à elles deux
et l’Asie vont tout de même assister à une une population totale de neuf milliards, sur les
considérable augmentation de leur population. 11 milliards de personnes qui, selon les
La dynamique de la population modifiera prévisions, peupleront la Terre. De 2015 à 2050,
radicalement les données démographiques le nombre de personnes vivant dans des pays à
au cours des décennies à venir et vers la fin revenu faible et intermédiaire et âgées de 15 à
du siècle. Selon les prévisions, la population 24 ans devrait passer d’un milliard à 1,2 milliard.
mondiale atteindra 9,7 milliards de personnes
d’ici à 2050 (figure 1.1). La croissance prévue La plupart de ces jeunes vivent en Afrique
de la population mondiale sera probablement subsaharienne et en Asie du Sud, en particulier
concentrée en Afrique et en Asie du Sud, en milieu rural, où les emplois risquent d’être
ainsi que dans les villes du monde entier. Si peu abondants. Cette tendance démographique,
cette expansion se matérialise, elle pourrait dans un contexte d’emplois en nombre
sérieusement compromettre les perspectives de insuffisant, peut aboutir à une accélération
développement globales de ces régions, lesquelles de l’augmentation des taux d’émigration et
sont tributaires de l’agriculture pour la création d’urbanisation et, éventuellement, à des conflits.
d’emplois et de revenus et ne sont pas en mesure Entre-temps, les autres régions devront s’adapter
de développer l’agriculture en raison de terres au vieillissement rapide de la population, le
et de ressources en eau surexploitées. D’ici au vieillissement affichant aussi une accélération
milieu du siècle, deux tiers de la population du dans les pays à faible revenu.
FIGURE 1.1 PROJECTIONS DE LA CROISSANCE DE LA POPULATION MONDIALE JUSQU’EN 2100, PAR VARIANTE
18 100
totale (en milliards)
16 HAUTE 90
14 80 SOURCE: ONU
MOYENNE (Nations Unies).
Augmentations annuelles (en millions)
70
12 MOYENNE
60
2015. World
Population
10 Population
To
50 Prospects: the 2015

8
FAIBLE 40 Revision.
6
30 Disponible sur
4 https://esa.un.org/
20
unpd/wpp
2 10 Consulté en
0 0 novembre 2016.
2015
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100
|9|
Tendances: les principaux VIET NAM
moteurs du changement Un agriculteur fait paître son
bétail dans une rizière.
au XXIe siècle ©FAO/Hoang Dinh Nam
TENDANCE 2
CROISSANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE, INVESTISSEMENT,
ÉCHANGES COMMERCIAUX ET PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES
La croissance économique pourrait modérée jusqu’en 2050, laquelle affiche
accélérer les évolutions des régimes une mesure de rétrécissement de l’écart
alimentaires et faire augmenter la de revenu (ou convergence économique)
demande de produits agricoles. entre les pays à revenu faible et
La croissance économique a été intermédiaire et les pays à revenu élevé.
considérable au cours des dernières
décennies. Le produit intérieur brut (PIB) Ces projections supposent que le PIB par
mondial s’est accru de 2,6 pour cent habitant au niveau mondial augmenterait
par an de 1990 à 2014, principalement entre 2005-2007 et 2050 de 7 600 à
impulsé par les progrès dans les pays à 13 800 dollars des États-Unis, soit un taux
revenu faible et intermédiaire, au sein de croissance annuel moyen d’environ
desquels le PIB a augmenté de quelque 1,4 pour cent (figure 2.4). Le PIB par
5,1 pour cent par an. La rapide croissance habitant des pays à revenu faible et
des revenus dans les pays émergents a intermédiaire ferait plus que tripler,
donné naissance à une classe moyenne passant de 2 400 à 7 500 dollars É.-U.,
mondiale et, par conséquent, détermine traduisant un taux de croissance annuel
une accélération des évolutions des moyen de 2,7 pour cent. La croissance
régimes alimentaires. La demande de dans les pays à revenu élevé, en revanche,
produits alimentaires évolue vers une serait beaucoup plus lente: environ
consommation accrue de produits carnés 1,2 pour cent par an. En dépit de cette
et laitiers, et d’autres articles alimentaires différence sur le plan de la croissance
plus gourmands en ressources. Cette jusqu’en 2050, les revenus moyens de
évolution comporte des implications la population des pays à revenu faible et
sérieuses pour l’utilisation durable des intermédiaire continueraient de constituer
ressources naturelles. une fraction de ceux des habitants des
pays à revenu élevé, passant de 8,5 pour
Les plus récentes projections de la FAO cent en 2005-2007 à 16 pour cent.
des schémas futurs de la demande et
de l’offre agricoles sont fondées sur Il convient toutefois de noter que toutes
une croissance économique mondiale les voies économiques éventuelles sont
| 10 |
Tendances: les principaux
moteurs du changement
au XXIe siècle
TENDANCE 2 CROISSANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE, INVESTISSEMENT, ÉCHANGES

COMMERCIAUX ET PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES
entourées d’une grande incertitude L’agriculture continue d’exiger

et dépendent d’une large variété de beaucoup moins de capitaux dans les
facteurs interdépendants, dont le pays à revenu faible et intermédiaire.
comportement des producteurs et des Les niveaux mondiaux d’investissement
consommateurs, les changements dans l’ensemble de l’économie (ou
technologiques, la disponibilité formation brute de capital fixe, FBCF)
et la productivité des ressources ont augmenté au cours des 25 dernières
et la dynamique démographique, années, en particulier dans la région Asie
les changements climatiques et les de l’Est et Pacifique, grâce à la Chine,
réponses en matière politique. où les investissements se sont accrus
FIGURE 2.4 CROISSANCE DU PIB PAR HABITANT JUSQU’EN 2050, PAR RÉGION
45 NOTE: Les groupes régionaux n’incluent

En milliers d’USD par personne au taux de change en vigueur en 2005/2007
pas les pays à revenu élevé.

40 SOURCE: Les données pour l’année 2015
2005/2007
sont basées sur les Études prospectives
mondiales de la FAO (données non
2050
35
2030
publiées); les données pour 2005- 2015
2007, 2030 et 2050 sont basées sur
30 Alexandratos et Bruinsma, 2012.
25
20
15
10
0
Monde Pays à Pays à East
AsieAsia
de Amérique Proche Asie du Afrique
revenu revenu l’Est latine et Orient/ Sud subsaha-
élevé faible et Caraïbes Afrique du rienne
intermé- Nord
diaire
| 12 |
d’environ 15 pour cent par an, tandis que présentent un tableau quelque peu
la hausse des investissements dans les différent. À l’heure actuelle, les pays à
pays à revenu élevé a été en moyenne de revenu faible et intermédiaire investissent
moins de deux pour cent par an de 1991 dans l’agriculture presque autant, en
à 2014. Durant la même période, la part termes absolus, que les pays à revenu
des investissements par rapport au PIB élevé – environ 190 milliards de dollars
est passée de moins de 30 pour cent à É.-U. dans les deux cas. Cependant,
plus de 45 pour cent en Chine. Cependant, l’agriculture dans les pays à revenu élevé
la part des investissements par rapport continue d’exiger considérablement plus
au PIB oscillait entre 22 et 27 pour cent de capitaux que dans les pays à revenu
dans les pays à revenu élevé et les autres faible et intermédiaire. Elle requiert
pays à revenu faible et intermédiaire. Les quatre unités de capital pour générer
tendances des investissements agricoles une unité de valeur ajoutée dans les pays
FIGURE 2.9 RAPPORT CAPITAL-PRODUIT NET AGRICOLE (VALEUR AJOUTÉE), 1990-2015

Ratio
Pays à revenu élevé

4
NOTE: Les groupes régionaux n’incluent pas
les pays à revenu élevé. Le rapport capital-
produit agricole est défini comme étant la
proportion de la formation nette de capital
3 fixe dans l’agriculture par rapport à la valeur
ajoutée de l’agriculture (PIB).
SOURCE: Études prospectives mondiales
de la FAO, basées sur les données de la FAO,
2016a.
1990 1995 2000 2005 2010 2015

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NIGER
Tendances: les principaux Programme de la FAO visant à
moteurs du changement améliorer la sécurité alimentaire
des ménages vulnérables.
au XXIe siècle ©FAO/Giulio Napolitano
TENDANCE 2 CROISSANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE, INVESTISSEMENT, ÉCHANGES

COMMERCIAUX ET PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES
à revenu élevé, contre environ 1,5 dans l’opportunité de gagner, d’épargner et

les pays à revenu faible et intermédiaire. d’investir de l’argent tout en améliorant
Cependant, dans la région Asie de l’Est leurs moyens de subsistance.
et Pacifique (y compris la Chine), en Asie
du Sud, en Europe et en Asie centrale, Après avoir atteint un pic en 2011, les prix
l’intensité en capitaux de la production des produits alimentaires ont diminué.
agricole est à la hausse (figure 2.9). Bien que l’Indice FAO des prix réels des
produits alimentaires continue de se situer
Des schémas d’investissement fondés sur au-dessus des niveaux des années 1990 et
le maintien du statu quo laisseraient des 2000, l’évolution à long terme de l’indice
centaines de millions de personnes en suggère un déclin depuis 1960, avec les
situation de sous-alimentation d’ici à 2030. différences qui s’imposent entre denrées.
Cependant, en dépit de l’augmentation des Les fluctuations des prix des produits
investissements agricoles, la FAO, le Fonds alimentaires ont fait l’objet d’une attention
international de développement agricole considérable après la crise des prix de ces
(FIDA) et le Programme alimentaire produits alimentaires de 2007-2008. Les prix
mondial (PAM) estiment que les schémas ont atteint un pic durant les années 1970,
actuels des investissements et les dépenses tandis que les fortes augmentations
actuelles en mesures de protection sociale observées durant les années 2000 et 2010
ne suffiraient pas à améliorer la croissance étaient supérieures aux niveaux observés
des revenus ou l’accès à l’alimentation durant les décennies antérieures. C’est
en mesure suffisante pour éradiquer la pour cette raison que la volatilité des prix
faim d’ici à 2030. À l’échelle mondiale, un durant les deux dernières décennies est
investissement annuel supplémentaire de considérée comme comparable à celle des
265 milliards de dollars É.-U. est requis années 1970. Les niveaux futurs des prix
pour éradiquer la pauvreté extrême des produits alimentaires dépendront de la
et la faim d’ici à 2030, par rapport à manière dont les systèmes de production
un scénario fondé sur le maintien du seront à même de s’adapter à la pression
statu quo. Ce montant comprend les d’une demande en expansion dans un
investissements dans les programmes contexte d’appauvrissement croissant des
de protection sociale (67 milliards de ressources et de changements climatiques.
dollars É.-U.) et les investissements dans Ils dépendront enfin de la mesure dans
les activités de production en faveur des laquelle les échanges commerciaux agricoles
pauvres (198 milliards de dollars É.-U.) serviront de mécanisme d’adaptation à cet
qui donnent aux personnes sans ressouces environnement en évolution.
| 14 |
TENDANCE 3
CONCURRENCE ACCRUE POUR L’EXPLOITATION
DES RESSOURCES NATURELLES
L’expansion des terres agricoles Globalement, l’expansion des terres
continue d’être le principal facteur de agricoles s’est stabilisée au cours des
la déforestation. 20 dernières années à un niveau
La production alimentaire en pleine d’environ 4,9 milliards d’hectares et
expansion et la croissance économique le rythme des pertes nettes au niveau
coûtent souvent cher à l’environnement mondial a ralenti de plus de 50 pour
naturel. Presque la moitié des forêts cent, soit une diminution de 3,3 millions
qui couvraient jadis la planète ont d’hectares par an sur la période 2010-
maintenant disparu. Les sources d’eau 2015. Cependant, ces chiffres masquent
de la nappe phréatique sont en voie des différences régionales considérables.
d’épuisement rapide. La biodiversité Dans les régions tropicales et
a été gravement érodée. Chaque subtropicales, par exemple, les pertes
année, la combustion de combustibles annuelles de forêts se sont élevées à
fossiles émet des milliards de tonnes sept millions d’hectares de 2000 à 2010,
de gaz à effet de serre (GES) dans tandis que la superficie agricole s’est
l’atmosphère, avec pour conséquences accrue durant cette même période de six
le réchauffement planétaire et les millions d’hectares par an. Entre-temps,
changements climatiques. les pays à faible revenu ont subi la plus
| 15 |
au XXIe siècle
TENDANCE 3 CONCURRENCE ACCRUE POUR L’EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES
importante perte annuelle nette de l’agriculture, de l’industrie et des villes

superficie forestière et le plus important a provoqué une pénurie d’eau.
gain net de superficie agricole. Les prélèvements d’eau à des fins
agricoles représentent 70 pour cent
La concurrence autour des ressources de tous les prélèvements. L’industrie,
naturelles pour la production de les villes et l’agriculture sont les
nourriture et d’énergie s’accroît principaux secteurs en concurrence
tandis que les pays cherchent des pour les disponibilités en eau.
alternatives bioénergétiques aux
combustibles fossiles. La FAO estime que plus de 40 pour
La consommation de céréales, de graines cent de la population rurale mondiale
oléagineuses et de canne à sucre pour vit dans des bassins fluviaux qui
la production de biocarburants s’est sont classifiés comme pauvres en
accrue, tout comme l’utilisation de la eau. Dans de nombreuses zones de
biomasse pour remplacer les produits faibles précipitations du Moyen-
pétrochimiques. La concurrence accrue Orient, de l’Afrique du Nord et de
entre les utilisations alimentaires et non l’Asie centrale, ainsi qu’en Inde et
alimentaires de la biomasse a renforcé en Chine, les agriculteurs utilisent
l’interdépendance entre les marchés une grande partie des ressources
des produits alimentaires, des aliments en eau, ce qui aboutit à un grave
pour animaux et des sources d’énergie. assèchement des fleuves et aquifères.
Par exemple, environ deux tiers des Dans certaines de ces zones, entre
bioénergies utilisées de par le monde 80 et 90 pour cent environ de l’eau
requièrent la combustion de bois et est utilisée à des fins agricoles.
d’autres formes de biomasse pour la Conjugué à la pénurie en eau, le taux
cuisson des aliments et le chauffage. Une d’expansion des superficies de terres
grande partie de cette énergie ligneuse irriguées connaît un considérable
traditionnelle est produite de manière ralentissement. Selon les prévisions
non durable et brûlée inefficacement, de la FAO, la superficie à l’échelle
a des effets néfastes sur la santé des mondiale équipée pour l’irrigation
populations pauvres et contribue à la pourrait s’accroître à un taux restant
dégradation de l’environnement. relativement faible de 0,24 pour cent
par an, et la plus grande partie de
La concurrence accrue autour des cette augmentation se produira dans
ressources naturelles émanant de les pays à faible revenu.
| 16 |
TENDANCE 4
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Les secteurs de l’alimentation Au cours des 50 dernières années,
et de l’agriculture contribuent les émissions de GES résultant de
considérablement aux émissions de l’«agriculture, foresterie et autres
gaz à effet de serre. utilisations des terres» (AFAUT) ont
Selon le plus récent rapport presque doublé, et les projections
d’évaluation du Groupe d’experts suggèrent une augmentation
intergouvernemental sur l’évolution supplémentaire d’ici à 2050. En 2010,
du climat (GIEC), publié en 2014, les les émissions du secteur AFAUT
niveaux de gaz à effet de serre (GES) s’élevaient, selon les estimations, à
anthropogènes se situent actuellement 10,6 gigatonnes d’équivalent dioxyde
au niveau maximum jamais atteint de carbone, et étaient principalement
(figure 4.2). causées par l’utilisation des terres,
Gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone
FIGURE 4.2 ÉMISSIONS ANNUELLES DE GAZ À EFFET DE SERRE - ENSEMBLE DES SECTEURS
45 Autres sources
Déchets
40
Industrie
35 Secteurs
résidentiel,
30 commercial et
institutionnel
25 Transports
20 AFAUT
15 Énergie
10
5
0
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
NOTE: La catégorie «Autres sources» comprend le transport international.

SOURCE: FAO. 2016b.
| 17 |
BANGLADESH
Tendances: les principaux Vue aérienne des inondations et des dégâts
moteurs du changement provoqués par le cyclone Sidr dans la région
des Sundarbans.
au XXIe siècle ©FAO/Giulio Napolitano
TENDANCE 4 CHANGEMENTS CLIMATIQUES
l’élevage et la gestion des sols et des L’impact des changements climatiques

nutriments. Le secteur génère, selon sur la sécurité alimentaire
les estimations, 21 pour cent des mondiale sera lié non seulement aux
émissions de GES mondiales totales. disponibilités d’aliments mais aussi
Cependant, les forêts freinent aussi les à la qualité, à l’accès et à l’utilisation
effets des changements climatiques en de ces derniers et à la stabilité de la
supprimant les GES de l’atmosphère à sécurité alimentaire. L’adoption de
travers la croissance de la biomasse. pratiques de gestion durables des
terres, de l’eau, des pêches et des
Les changements climatiques auront forêts par les petits exploitants sera
une incidence sur la production cruciale pour les efforts d’adaptation
alimentaire, la sécurité alimentaire aux changements climatiques,
et la nutrition. d’éradication de la pauvreté mondiale
La variabilité croissante des et d’élimination de la faim. Cependant,
précipitations et la fréquence des afin d’encourager l’adoption de ces
sécheresses et des inondations sont pratiques, des améliorations seront
susceptibles de réduire les rendements aussi nécessaires sur le plan des
agricoles en général. Les changements infrastructures, de la vulgarisation, de
climatiques peuvent par ailleurs avoir l’information climatique, de l’accès au
une incidence sur l’environnement crédit et de l’assurance sociale.
aquatique, par exemple du fait des
changements de la température de Dans le même temps, il est tout aussi
surface de la mer, de la circulation important de s’efforcer d’atténuer
océanique, des systèmes de vagues les effets de l’agriculture, car cela
et de tempêtes, de la salinité, de suppose d’ouvrir des voies pour le
la concentration en oxygène et de développement agricole qui peuvent
l’acidification, et peuvent avoir accroître la production alimentaire
des retombées sur les pêches. Des de manières occasionnant des
températures accrues et des réserves émissions moindres de GES par
moins fiables d’eau créeront aussi unité alimentaire. Si des efforts
de graves difficultés pour les petits ne sont pas fournis pour s’adapter
éleveurs, en particulier dans les aux changements climatiques et les
écosystèmes arides et semi-arides atténuer, l’insécurité alimentaire
de prairie et de pâturage à faibles connaîtra probablement une
latitudes. augmentation considérable.
| 18 |
| 19 |
au XXIe siècle
TENDANCE 5
PRODUCTIVITÉ ET
INNOVATION AGRICOLE
La production agricole devra
augmenter, mais les hausses de
rendement ralentissent.
La production agricole a plus que triplé
entre 1960 et 2015, en partie grâce aux
technologies améliorant la productivité
associées à la Révolution verte et à naturelles à des fins agricoles. Durant
l’expansion considérable de l’utilisation la même période, l’alimentation et
des terres, de l’eau et d’autres ressources l’agriculture ont été confrontées à un
TABLEAU 5.1 AUGMENTATION DE LA PRODUCTION AGRICOLE NÉCESSAIRE POUR FAIRE

FACE À LA DEMANDE, 2005/2007-2050 (POURCENTAGE)
2005/2007 2012-2050 2005/2007 2013-2050

2012
Monde
Selon les projections de AT2050 (1) 100 159,6 14,8 44,8
Avec les projections de population
mises à jour (ONU, 2015) (2) 100 163,4 14,8 48,6
Afrique subsaharienne et Asie du Sud

Selon les projections de AT2050 100 224,9 20,0 104,9
mises à jour (ONU, 2015) 100 232,4 20,0 112,4
Reste du monde
Selon les projections de AT2050 100 144,9 13,8 31,2
mises à jour (ONU, 2015) 100 147,9 13,8 34,2
1
World Agriculture Towards 2030/2050: the 2012 revision. ESA Working Paper No. 12–03. Rome, FAO.
Alexandratos and Bruinsma, 2012.
2
Études prospectives mondiales de la FAO, basées sur ONU, 2015. Disponible sur
https://esa.un.org/unpd/wpp. Consulté en novembre 2016.
| 20 |
SÉNÉGAL
Un agriculteur
appartenant à une école
pratique d’agriculture
mesure le taux de
croissance d’un plant de
riz tandis que son collègue
recueille les données.
©FAO/Olivier Asselin
processus inédit d’industrialisation serait d’environ un tiers au-dessus des

et de mondialisation. Les chaînes niveaux actuels (tableau 5.1).
d’approvisionnement alimentaires se sont
spectaculairement allongées à mesure Historiquement, des augmentations
que la distance entre l’exploitation bien plus importantes de la production
agricole et l’assiette s’est accrue et la agricole ont été obtenues durant des
consommation d’aliments transformés, périodes comparables. Cependant,
emballés et préparés a augmenté malgré les améliorations globales de
dans toutes les communautés, sauf les l’efficacité agricole, les hausses de la
communautés rurales les plus isolées. production connaissent actuellement un
ralentissement, de sorte qu’il pourrait
Pour satisfaire la demande, l’agriculture se révéler difficile de maintenir le
en 2050 devra produire presque 50 pour rythme historique des augmentations
cent de plus d’aliments, d’aliments de la production. Les pratiques
pour animaux et de biocarburants de conservation des ressources,
qu’en 2012. L’estimation de la FAO comme l’agriculture de conservation
tient compte des récentes projections et l’agriculture intelligente face au
des Nations Unies qui indiquent que climat, contribuent certainement à
la population mondiale atteindra l’augmentation de la productivité
9,7 milliards en 2050. En Afrique agricole. Il est encourageant de
subsaharienne et en Asie du Sud, la constater, après une période de
production agricole devrait plus que stagnation, une reprise de la recherche
doubler d’ici à 2050 pour satisfaire la et du développement agricoles, et
demande accrue, tandis que, dans le l’augmentation considérable des
reste du monde, l’augmentation prévue investissements privés dans ce domaine.
| 21 |
Tendances: les principaux SRI LANKA
moteurs du changement Examen d’un échantillon de sang pour s’assurer
que le virus de la peste bovine ne refait pas son
au XXIe siècle apparition. ©FAO/Ishara Kodikara
TENDANCE 6
RAVAGEURS ET MALADIES TRANSFRONTALIERS
Avec la mondialisation, les ravageurs ravageurs et de maladies transfrontaliers
et les maladies transfrontaliers touchant les plantes et les animaux, qui
augmentent tandis que la résistance compromettent la sécurité alimentaire
aux antimicrobiens constitue une des zones touchées et ont des impacts
menace pour la santé humaine. plus larges sur les plans économique,
Il s’est produit une augmentation social et environnemental. Une étude
inquiétante du nombre de flambées de analysant les tendances de la fréquence
FIGURE 6.2 PROPAGATION MONDIALE DES RAVAGEURS ET DES AGENTS PATHOGÈNES, 1950-2000
Amérique du Nord
0.6
Degré de saturation des ravageurs
0.4
Asie/Pacifique
Europe/Asie centrale
0.2
Amérique latine/
Caraïbes
Afrique/Moyen Orient
0
1950 1960 1970 1980 1990 2000
NOTE: Le degré de saturation des ravageurs pour une région est la moyenne des degrés de saturation des pays dans
la région. Le degré de saturation dans un pays équivaut au nombre des ravageurs et des agents pathogènes (CPPs
pour son acronyme en anglais) présents divisé par le nombre de CPPs susceptibles de se propager.
SOURCE: Bebber, Holmes et Gurr, 2014.
| 22 |
des ravageurs et des maladies des plantes et peuvent modifier la distribution des
(figure 6.2) a constaté que le degré de ravageurs et des maladies des animaux
saturation pour chaque ravageur a atteint et des plantes, phénomène dont tous les
presque 10 pour cent en Afrique, 20 pour effets sont difficiles à prédire.
cent en Asie et jusqu’à 60 pour cent en
Amérique du Nord. L’impact potentiel des maladies animales
sur la santé humaine est encore amplifié
L’encéphalopathie spongiforme bovine, par le niveau croissant de résistance des
la fièvre aphteuse, la très pathogénique bactéries, parasites, virus et champignons
grippe aviaire et la grippe porcine sont aux médicaments antimicrobiens, comme
des exemples de pandémies récentes les antibiotiques, les antifongiques,
qui ont touché le monde entier. La les antiviraux, les antipaludéens et les
propagation de ces flambées dans anthelminthiques. La résistance aux
des zones géographiques plus larges antimicrobiens se propage à l’échelle
s’accroît à mesure qu’un nombre accru mondiale, nuit à l’aptitude à traiter
de personnes, d’animaux et de produits des maladies infectieuses communes
agricoles se déplacent au sein des pays et aboutit à de longues maladies, aux
et entre eux, et que les systèmes de handicaps et à la mort. À l’heure actuelle,
production deviennent plus intensifs. Les quelque 700 000 personnes meurent
changements climatiques pourraient bien des suites d’infections résistantes aux
exacerber les menaces transfrontalières médicaments tous les ans.
| 23 |
Tendances: les principaux JORDANIE
Des réfugiés syriens résidant dans des communautés
moteurs du changement d’accueil, devant leurs tentes, dans le gouvernorat
au XXIe siècle de Mafraq. Les familles doivent survivre avec le peu
d’eau et d’électricité disponibles.
© Alessandra Blasi/UNDP.
TENDANCE 7
CONFLITS, CRISES ET CATASTROPHES NATURELLES
Le nombre des conflits est à nouveau à Les pays affichant les niveaux les plus élevés
la hausse. de sous-alimentation tendent à être ceux qui
Ces 10 dernières années ont été marquées se trouvent en situation de conflit ou en sont
par une poussée du nombre des conflits, récemment sortis. Les conflits entraînent
lesquels constituent un important la destruction physique ou le pillage des
facteur d’insécurité alimentaire et de cultures, du bétail et des réserves d’aliments,
malnutrition. Environ 80 pour cent des tandis que le recrutement par les forces
appels humanitaires au financement sont combattantes constitue une ponction sur les
désormais canalisés vers des zones en sources clés de main-d’œuvre. Une autre
conflit, dont la plupart sont des conflits tendance inquiétante est que les impacts
de longue durée. Environ la moitié des négatifs des conflits sur le bien-être des
pauvres du monde vivent dans des États populations ne se limitent plus à certaines
fragiles et touchés par les conflits, ils régions particulières. Ils sont devenus un
n’étaient qu’un cinquième en 1990. problème mondial, avec le déplacement des
FIGURE 7.3 PERTES DE PRODUCTION AGRICOLE APRÈS DES CATASTOPHES DE MOYENNE OU DE LARGE
AMPLEUR DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT, PAR CAUSE ET PAR RÉGION, 2003-2013
Afrique Asie Amérique latine/ Proche-Orient

subsharienne Caraïbes
89% 86% 60% 99,6%
9% 10% 29% 0,4%
2% 4% 11%
SOURCE: FAO. 2015. The impact of natural hazards and disasters on agriculture and food security and
nutrition: A call for action to build resilient livelihoods. Rome.
| 24 |
personnes et la migration, comme l’illustre L’agriculture en Asie a été principalement

la guerre civile qui continue de faire rage au touchée par les inondations, tandis que les
sein de la République arabe syrienne. pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont
été surtout touchés par des inondations et,
Le nombre et l’intensité des en moindre mesure, par des sécheresses et
catastrophes naturelles de par le des tempêtes (figure 7.3).
monde augmentent également.
La fréquence des catastrophes naturelles On s’attend à ce que les catastrophes
a augmenté au cours des 30 dernières naturelles et les conflits coïncident
années. Cette augmentation est tout davantage à l’avenir. Selon les prévisions,
particulièrement notable du fait des les événements météorologiques extrêmes
événements climatologiques comme les liés aux changements climatiques, qui
sécheresses, les événements hydrologiques contribuent aux risques de conflit et à la
comme les inondations et les événements pression associée sur les populations pour
météorologiques comme les tempêtes. Étant qu’elles migrent, viendront exacerber
donné la dépendance du secteur agricole un besoin mondial de plus en plus
face au climat, l’augmentation du nombre marqué de secours humanitaires. Les
d’événements liés au climat soulève des changements climatiques en eux-mêmes
inquiétudes considérables pour le secteur, ne sont pas forcément associés à la
accroît la vulnérabilité des personnes et violence. Cependant, l’interaction entre
met en péril leur sécurité alimentaire. Entre la vulnérabilité face aux changements
2003 et 2013, c’est la sécheresse qui a fait climatiques et la fragilité institutionnelle
les plus grands ravages dans l’agriculture en et socio-économique en général peut
Afrique subsaharienne et au Proche-Orient. accroître le potentiel de conflit.
| 25 |
au XXIe siècle
TENDANCE 8
PAUVRETÉ, INÉGALITÉ ET INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Si la pauvreté extrême diminue à l’échelle personnes en situation de pauvreté extrême,
mondiale, en Afrique subsaharienne il y a dont la plupart en Afrique subsaharienne
plus de personnes extrêmement pauvres à et en Asie du Sud. Plus de 400 millions de
l’heure actuelle que dans les années 1990. personnes extrêmement pauvres vivent
La pauvreté extrême diminue depuis 1990. dans des zones en conflit, ce qui indique la
Ceci dit, il y a encore plus de 700 millions de nécessité de lutter contre la pauvreté dans
FIGURE 8.2 INDICATEURS PAR HABITANT DES PAYS À REVENU FAIBLE ET INTERMÉDIAIRE
PAR RAPPORT AUX PAYS À REVENU ÉLEVÉ, 1990-2015
Pays à revenu faible et Croissance par habitant

Pourcentage
intermédiaire (sauf Chine) Chine de la formation de capital
20
Revenu
par habitant
10 Consommation
par habitant
0
1990 2000 2010 1990 2000 2010
SOURCE: FAO, Études prospectives mondiales de la FAO, basées sur les données des Nations Unies. 2016. The
System of National Accounts (SNA).
SITE WEB: disponible sur http://unstats. un.org/unsd/nationalaccount/sna.asp. Consulté en février 2016.
| 26 |
l’ensemble du continuum entre les actions en faveur des pauvres va au-delà de

humanitaires et de développement. l’agriculture. À ce jour, le large processus
en cours de développement économique
L’agriculture est essentielle pour a abouti, dans de nombreux cas, à une
l’atténuation de la pauvreté et de la faim réduction du nombre de personnes exerçant
en milieu rural, mais elle ne suffit plus. une activité agricole, et à l’urbanisation
Les politiques agricoles jouent un rôle qui en résulte. La réduction permanente
important dans la croissance en faveur de la pauvreté suppose des actions qui
des pauvres. Elles pourraient soutenir des concernent les zones rurales et urbaines,
augmentations de la productivité et de la comme la fourniture d’un accès large à une
rentabilité, ce de plusieurs manières: par éducation de bonne qualité, la promotion
exemple en fournissant des services efficaces de la diversification économique dans
de vulgarisation et de conseil agricole, les activités rémunératrices rurales non
en améliorant la coordination le long des agricoles, le soutien à la création d’emplois
chaînes de valeur et en veillant à ce que dans toute l’économie, l’augmentation du
les segments les plus faibles de la chaîne potentiel d’épargne et d’investissement des
profitent de l’intégration de l’agriculture pauvres, et la mise en œuvre de mécanismes
dans les marchés. Cependant, la croissance de protection sociale adéquats.
FIGURE 8.4 PRÉVALENCE DE LA SOUS-ALIMENTATION SUIVANT UN SCÉNARIO BASÉ SUR LE MAINTIEN DU STATU QUO, 2005-2050
1000 Afrique subsaharienne

Millions de personnes
900 Asie du Sud

Proche Orient/Afrique du Nord
800
Amérique latine/Caraïbes
700
Asie de l’Est
600
Pays à revenu élevé
500
SOURCE: FAO, FIDA et PAM. 2015. Objectif
400 Faim Zéro. Le rôle crucial des investissements
dans la protection sociale et l’agriculture.
300 Rome, FAO; FAO, FIDA et PAM. 2015. L’état
de l’insécurité alimentaire mondiale dans le
200 monde. 2015. Objectifs internationaux 2015
de réduction de la faim: des progrès inégaux.
100 Rome, FAO; et N. Alexandratos, et J. Bruinsma,
2012. World agriculture towards 2030/2050:
0 the 2012 revision. ESA Working Paper No.
2005-2007 2014-2016 2030 2050 12–03. Rome, FAO.
| 27 |
au XXIe siècle
TENDANCE 8 PAUVRETÉ, INÉGALITÉ ET INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Les pays à revenu faible et extrême en Afrique. Les inégalités en matière

intermédiaire sont-ils en train de de propriété de biens peuvent contribuer aux
rattraper les pays à revenu élevé? inégalités de revenu futures, en particulier si
Au cours des 25 dernières années, le revenu, la les pauvres ne bénéficient pas d’occasions de
consommation et la formation brute de capital gagner des revenus décents, d’épargner ou
par habitant dans les pays à revenu faible et d’investir.
intermédiaire sont restés largement en-dessous
de 10 pour cent des indicateurs respectifs des Si les tendances actuelles se poursuivent,
pays à revenu élevé. Cette tendance suggère la cible qui consiste à éliminer la faim d’ici
qu’il n’y a guère de convergence entre les pays. à 2030 ne sera pas atteinte.
Seule la République populaire de Chine a suivi Malgré les progrès effectués dans la réduction
une autre voie: la formation brute de capital de la prévalence de la sous-alimentation,
par personne s’est considérablement accrue quelque 794 millions de personnes, selon les
depuis le début du siècle et est presque de estimations, ont souffert de sous-alimentation
30 pour cent de celle des pays à revenu élevé de 2014 à 2016. Les projections les plus
(figure 8.2). récentes de la FAO des tendances de la sous-
alimentation, présentées dans le rapport
Les schémas de revenus affichant une lente Objectif Faim Zéro, suggèrent qu’au titre d’un
convergence pourraient ne pas éliminer scénario basé sur le maintien du statu quo
les différences considérables de revenus (business as usual), quelque 637 millions
pendant encore bien des décennies. La de personnes dans les pays à revenu faible
persistance d’énormes différences de revenu et intermédiaire souffriraient de sous-
entre groupes de pays pourraient continuer alimentation d’ici à 2030, pour la plupart
à impulser des migrations économiques en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud
massives, lesquelles pourraient devenir (figure 8.4).
ingérables si elles se conjuguent aux
migrations impulsées par la détresse. De plus, Les améliorations de la sécurité alimentaire
les différences considérables de revenu brut étant associées à l’amélioration du pouvoir
par habitant alimentent les inégalités sur d’achat, une approche à deux voies est
le plan de la propriété de biens, laquelle est requise: une approche qui conjugue
d’ores et déjà extrêmement polarisée. D’après l’investissement dans la protection sociale,
Oxfam, en 2016, huit personnes à peine afin de lutter contre la sous-alimentation dans
possédaient la même quantité de richesses l’immédiat, et des investissements en faveur
que les 50 pour cent les plus pauvres de la des pauvres dans les activités de production,
population du monde, et la Banque mondiale afin d’accroître durablement les opportunités
souligne que cette polarisation est encore plus rémunératrices pour les personnes pauvres.
| 28 |
TENDANCE 9 riches en calories et en graisses, et contenant

du sucre ou du sel ajouté.
NUTRITION ET SANTÉ
Du fait de l’augmentation de la quantité
Le «triple fardeau» de la malnutrition d’aliments disponibles au cours des
demeure une urgence sanitaire mondiale. dernières décennies, le monde produit
La malnutrition continue de constituer maintenant plus qu’assez de nourriture
une urgence sanitaire mondiale. Le «triple pour satisfaire les besoins alimentaires
fardeau» de la malnutrition, où la sous- de la population mondiale tout entière.
alimentation coexiste avec les carences en Une analyse par groupe d’aliments met
micronutriments, le surpoids et l’obésité, en évidence le fait qu’au cours des 50
touche un grand pourcentage de la population dernières années, la disponibilité de calories
de par le monde. S’il est encourageant de par habitant et la diversité des aliments
voir que la sous-alimentation diminue à consommés ont augmenté dans les pays
l’échelle mondiale, presque 11 pour cent de la à revenu élevé, ainsi que dans les pays à
population du monde s’endort encore le ventre revenu faible et intermédiaire (figure 9.1a).
vide. De fait, il y a des régions du monde, Dans l’ensemble, la disponibilité énergétique
comme l’Afrique subsaharienne, où le taux alimentaire moyenne (DEA) dans les pays
de retard de croissance ne diminue pas assez à revenu faible et intermédiaire reste
rapidement. Les carences en micronutriments largement en-dessous de celle des pays
touchent plus de deux milliards de personnes à revenu élevé, mais l’écart se rétrécit
de par le monde. Enfin, les niveaux de progressivement. En 1961, la DEA des pays à
surpoids et d’obésité augmentent et touchent revenu faible et intermédiaire n’était que de
les hommes et les femmes de tous âges, en 68 pour cent de celui des pays à revenu élevé,
raison de la consommation accrue d’aliments mais est passée à 81 pour cent en 2011. Il
FIGURE 9.1A APPORT ÉNERGÉTIQUE PAR HABITANT PAR SOURCE, 1961-2050

Kcal/personne/jour
Pays à revenu élevé Pays à revenu faible

3500 Autre
et intermédiaire
Viande, lait, œufs
3000 Fruits, légumes
Céréales
2500
2000
1500
1000
500
0
2030
2050
2030
2050
1961 1971 1981 1991 2001 2011 1961 1971 1981 1991 2001 2011
SUITE À LA PAGE SUIVANTE FIGURE 9.1B

| 29 |
MADAGASCAR
Tendances: les principaux Des enfants du projet “Green Class” reçoivent un
moteurs du changement repas par semaine avec les légumes et légumineuses
qu’ils ont fait pousser dans le potager de l’école.
au XXIe siècle ©FAO/Marco Longari
TENDANCE 9 NUTRITION ET SANTÉ
est prévu qu’elle atteigne 86 pour cent d’ici des aliments, tels que le manque d’accès aux
à 2050. Dans tous les groupes d’articles services comme le stockage des aliments, le
alimentaires, les types d’alimentation des matériel de préparation et l’eau salubre, et à
deux groupes de pays tendent à converger – des services comme les soins de santé et une
les rapports de la figure 9.1b se rapprochent éducation nutritionnelle de base. En troisième
progressivement de 1, sauf pour le rapport lieu, cette transition alimentaire se traduit en
relatif aux fruits et légumes. partie dans l’accès amélioré à des aliments
plus nutritifs, dont la viande, les produits
Cependant, une quantité adéquate d’aliments laitiers, les fruits et les légumes, mais pas
disponibles ne signifie pas automatiquement forcément en proportions équilibrées. Cette
une consommation adéquate d’aliments par tendance, conjuguée à la consommation en
tous. En premier lieu, les inégalités de revenus croissance rapide d’aliments transformés qui
et concernant les autres moyens de subsistance comportent souvent des quantités excessives
expliquent les importantes différences de sucre, de sel et de conservateurs, a
constatées sur le plan de l’accès des personnes donné lieu à des inquiétudes sur le passage
aux aliments. En deuxième lieu, les ménages à des régimes alimentaires moins sains et
les plus pauvres tendent à se heurter à des à la prévalence croissante de carences en
obstacles entravant une utilisation adéquate micronutriments et de surpoids.
FIGURE 9.1B APPORT ÉNERGÉTIQUE PAR HABITANT DANS LES PAYS À REVENU FAIBLE ET
INTERMÉDIAIRE PAR RAPPORT AUX PAYS À REVENU ÉLEVÉ
Céréales Projections
1.6
Ratio
1.4
SOURCE: Études
1.2 prospectives mondiales,
basées sur les données
1 de la FAO. 2016. FAOSTAT
SITE WEB: disponible
0.8 sur http://faostat.fao.
Fruits, légumes
Autre org. Consulté en octobre
0.6
2016; et N. Alexandratos,
0.4 et J. Bruinsma, 2012.
Viande, lait, œufs World agriculture
0.2 towards 2030/2050:
the 2012 revision. ESA
0 Working Paper No.
1961 1971 1981 1991 2001 2011 12–03. Rome, FAO.
2030
2050
| 30 |
| 31 |
au XXIe siècle
TENDANCE 10
CHANGEMENTS STRUCTURELS ET EMPLOI
La rapidité et les schémas des Dans une moindre mesure, les parts des
changements structurels et de la emplois agricoles ont aussi diminué au cours
transformation agricole diffèrent entre des 20 dernières années. La transformation
les régions. économique et l’efficacité accrue du secteur
L’économie dans son ensemble s’est accrue agricole ont donné naissance à des villes
en même temps que les changements rurales et de petits centres urbains, qui font
structurels, tels que l’importance partie du développement socio-économique
amoindrie du secteur agricole et une rural. Cette tendance a été renforcée par
expansion des secteurs des services et de des liens économiques plus forts entre les
l’industrie. Si les expériences des pays zones rurales et urbaines, qui ont contribué
et des régions varient, des schémas de à réduire la pauvreté et souvent à réduire
transformation similaires ont été observés l’écart entre les villes et les campagnes sur
de par le monde. Au cours des le plan des indicateurs de la qualité de vie
50 dernières années, la contribution en matière de santé, de bien-être social et
relative de l’agriculture au PIB a diminué de moyens de subsistance. Cependant, dans
presque partout (figure 10.1). certains cas, ces processus de transformation se
FIGURE 10.1 CONTRIBUTIONS SECTORIELLES DU PIB GLOBAL, PAR RÉGION, 1980-2010

Pays à revenu
Monde élevé SOURCE: Estimations
Pourcentage du PIB
basées sur les

Services données de la Banque
mondiale. 2016.
60
World Development
Indicators
(dataset). (Dernière
40 actualisation: 14
octobre 2016).
Industrie Consulté en
20 novembre 2016.
SITE WEB: http://
data.worldbank.
Agriculture org/data-catalog/
0 world-development-
1980 1990 2000 2010 1980 1990 2000 2010 indicators
| 32 |
matérialisent à un rythme très lent, et présentent souvent rares et leurs revenus potentiels sont
des inconvénients sociaux et environnementaux plus faibles que ceux de leurs parents. Selon les
qui mettent en question le paradigme de estimations, à l’échelle mondiale, quelque
développement conventionnel. En Afrique et en 620 millions de jeunes ne travaillent ni n’étudient.
Asie du Sud en particulier, le remembrement des Les jeunes des zones urbaines ont récemment
terres n’a pas encore eu lieu et, de fait, la taille exprimé leur mécontentement concernant leur
moyenne des exploitations a diminué du fait de situation, comme on a pu l’observer par exemple
la fragmentation. Dans d’autres cas, la mobilité à l’occasion du Printemps arabe. La plupart des
de la main d’œuvre et le fait que les jeunes ne populations rurales, et en particulier les jeunes,
souhaitent pas rester dans le secteur ont abouti à qui tendent à être moins instruits que leurs pairs
l’augmentation de l’âge moyen des agriculteurs, à en milieu urbain, sont aussi confrontés à des
la stagnation ou à la diminution des rendements, perspectives de moins en moins bonnes en ce
et à la baisse de la productivité. Dans de qui concerne un emploi stable et rémunéré. Il y a
nombreux cas, quel que soit le type de transition plus de personnes dans la tranche d’âge de 10 à
sectorielle, la distribution inégale des ressources, 24 ans aujourd’hui que jamais auparavant. Dans
et en particulier des capitaux, peut aboutir à des certains pays à revenu faible et intermédiaire,
résultats moins efficaces et, quelques fois, à des elles constituent un tiers de la population.
tensions sociales.
Il y a quatre grandes voies potentielles pour la
Les politiques foncières inefficaces et l’insécurité création d’emplois pour les jeunes en milieu
du régime foncier, du fait de l’absence rural: le travail à temps plein dans l’exploitation
d’inventaires fonciers et de la non-attribution familiale; le travail à temps partiel dans
de titres fonciers, limitent les investissements l’exploitation conjugué à des activités familiales
des propriétaires dans les terres, ainsi que la non agricoles; l’emploi agricole salarié; et les
productivité. Les grandes exploitations agricoles activités au sein d’entreprises familiales non
commerciales sont sujettes à controverse car, agricoles. Les petites entreprises familiales non
souvent, elles ne sont pas transparentes. Selon les agricoles peuvent fournir des emplois productifs
données disponibles, elles donnent des résultats et rémunérés, lorsque les contraintes découlant
médiocres sur le plan de la création d’emplois et de leur statut informel et de leur manque de
de la génération de revenus pour l’État. capital sont résolues. Les investissements dans
les infrastructures peuvent générer des retours
Les petites entreprises non agricoles positifs en termes de développement et de
peuvent créer des emplois, en particulier réduction de la pauvreté et peuvent contribuer
pour les jeunes, si l’on remédie aux à la création d’emplois dans le secteur agricole
contraintes institutionnelles et financières. et d’autres secteurs. Il faut toutefois mener des
Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, évaluations pour sélectionner et prioriser les
les perspectives d’emploi pour les jeunes se font interventions.
| 33 |
ALBANIE
Tendances: les principaux Conditionnement d’anchois salés. L’industrie
moteurs du changement italo-albanaise EuroFish conditionne des
anchois pour l’exportation vers l’Europe et
au XXIe siècle l’étranger. ©FAO/Gent Skhullaku
TENDANCE 11
LES MIGRATIONS ET LA FÉMINISATION DE
L’AGRICULTURE
La pauvreté, les changements La féminisation de l’agriculture alourdit
climatiques, les conflits et la concurrence souvent le fardeau des femmes, mais
autour des ressources naturelles leur offre aussi des opportunités.
devraient alimenter une hausse des Tandis que l’agriculture adopte des
migrations causées par la détresse. technologies qui facilitent le travail, on
Les conflits, la violence et les catastrophes s’attend à ce que le marché de l’emploi
naturelles figurent parmi les causes du secteur de l’agriculture se contracte,
fondamentales des migrations et des et à ce que les femmes et les hommes
déplacements forcés. Cependant, de intègrent d’autres secteurs. Cependant,
nombreux migrants sont contraints de si les hommes peuvent se diversifier et
se déplacer du fait de facteurs socio- sortir de l’agriculture de subsistance ou
économiques, dont la pauvreté, l’insécurité de l’agriculture tout court, les femmes de
alimentaire, le manque de perspectives nombreux pays à faible revenu restent
d’emploi, l’accès limité à la protection dans les zones rurales et continuent
sociale, l’épuisement des ressources de travailler dans le secteur agricole,
naturelles et les impacts négatifs de la et les tendances vers la féminisation
dégradation environnementale et des de l’agriculture s’amplifient. Ainsi, les
changements climatiques. femmes peuvent remédier à l’inégalité
entre les sexes, mais seulement à
La part de migrants internationaux dans les condition qu’elles puissent davantage
pays de destination s’accroît – en particulier influencer la prise de décisions et le
dans les pays à revenu élevé – et cela a contrôle des ressources du ménage. Si
commencé à soulever des défis sociaux car dans la plupart des pays de l’Afrique
les migrants sont souvent perçus comme subsaharienne les femmes ont toujours
des concurrents sur le marché de l’emploi constitué une importante partie de la
et une menace pour le niveau des salaires. main-d’œuvre agricole, les tendances
Néanmoins, du fait du vieillissement de la vers la féminisation de l’agriculture
population et des faibles taux de fécondité dans sont tout particulièrement marquées
plusieurs pays à revenu élevé, la migration au Proche-Orient et en Afrique du Nord
pourrait comporter des avantages pour les et en Asie du Sud et centrale. De 1980 à
pays d’accueil ainsi que les pays d’origine. 2010, la part des femmes employées dans
| 34 |
le secteur de l’agriculture est passée Cependant, certaines données indiquent

d’environ 30 pour cent à 43 pour cent en que les femmes qui travaillent
Afrique du Nord, et de 35 pour cent à dans des exploitations et dans des
48 pour cent au Proche-Orient. entreprises d’emballage de chaînes
d’approvisionnement de valeur ajoutée
L’augmentation de la part des femmes élevée tendent à être concentrées dans
sur le marché de l’emploi agricole est des emplois faiblement qualifiés et
aussi évidente dans un certain nombre demandant beaucoup de main-d’œuvre.
de pays latino-américains, dont le Chili,
l’Équateur et le Pérou. Le rôle en expansion des femmes dans
l’agriculture peut leur permettre de
Les changements observés dans les s’autonomiser à condition qu’elles
systèmes alimentaires vers un rôle aient également voix au chapitre
plus important pour les exploitations au sein de leur foyer. Cependant,
commerciales et une consommation cela peut également exacerber les
accrue d’aliments transformés charges de travail des femmes, car les
créent quelques opportunités de infrastructures et les institutions des
travail rémunéré pour les femmes en pays à faible revenu sont rarement
dehors des exploitations familiales. adaptées au soutien des femmes actives.
| 35 |
au XXIe siècle
TENDANCE 12
DES SYSTÈMES ALIMENTAIRES EN ÉVOLUTION
Si la croissance démographique fait transformés dans des unités industrielles,
augmenter la demande de produits agricoles ce qui suppose la création d’unités de
et stimule les activités agricoles, l’urbanisation transformation des aliments automatisées
requiert que les aliments soient facilement et à grande échelle qui demandent la
transformés, transportés, stockés et distribués. standardisation de la production agricole
Ainsi, la transformation et la distribution des ce qui, dans de nombreux cas, a requis la
aliments sont devenues des facteurs clés dans concentration de la production primaire
l’évolution des systèmes alimentaires. et le remembrement des terres agricoles.
Ainsi, les chaînes de valeur se caractérisent
La production alimentaire change en même progressivement par la coordination
temps que les canaux de distribution. verticale – et, dans certains cas l’intégration
L’agriculture et la production alimentaire – des installations de production primaire,
approvisionnent de plus en plus les de transformation et de distribution,
supermarchés urbains et périurbains. De l’automatisation de la transformation à grande
2001 à 2014, la part des aliments transformés échelle, une plus forte intensité de capitaux et
distribués à travers les supermarchés (y de connaissances et une concentration accrue
compris les hypermarchés, les enseignes à du secteur agro-alimentaire entre les mains
bas prix et les commerces de proximité) s’est d’un plus petit nombre d’agents.
considérablement accrue dans les pays à
revenu intermédiaire de la tranche supérieure, Bien qu’elle donne des occasions de créer
passant de moins de 40 pour cent à 50 pour des emplois formels, l’évolution des chaînes
cent. Durant la même période, cette part est de valeur présente des défis pour les petits
passée d’environ 72 pour cent à 75 pour cent agriculteurs, pour lesquels les questions de
dans les pays à revenu élevé tandis que, dans financement, d’accessibilité des marchés et
les pays à revenu intermédiaire de la tranche de transport, en plus de la variété de normes
inférieure, elle est passée de 22 à 27 pour cent relatives à la qualité, à la traçabilité et à la
de 2001 à 2014 (figure 12.1). certification, font qu’il est difficile de participer
à des chaînes de valeur intégrées. De
Les changements observés au niveau des nombreux petits agriculteurs sont devenus des
canaux de distribution ont des impacts ouvriers agricoles sans terres ou ont migré
considérables en amont. Les supermarchés vers des villes, grandes et petites, en quête de
ont besoin d’aliments standardisés, travail, ce qui a encore accéléré l’urbanisation.
| 36 |
Des chaînes de valeur alimentaires plus qui englobe les émissions de gaz à effet
longues peuvent avoir une empreinte de serre (GES), l’utilisation d’eau, les
écologique plus importante. pertes et le gaspillage alimentaires, et ses
Tandis que la pression qui s’exerce sur effets sur la santé des sols, les services
des terres et des ressources en eau peu écosystémiques et la biodiversité.
abondantes s’intensifie, le secteur agro- Cependant, les systèmes alimentaires en
alimentaire doit trouver des manières évolution aboutissent de plus en plus à
de réduire son impact environnemental, la production intensive et à des chaînes
FIGURE 12.1 PART DU COMMERCE DE DÉTAIL ALIMENTAIRE, PAR MOYEN ET PAR RÉGION
Moyen
Amérique Europe Asie/ Orient/ Amérique
Pourcentage
du Nord Pacifique Afrique latine

100
90
80
70 Autre
60 Bars,
kiosques
50 Enseignes
à bas prix
40 Pharmacies
Petits
supermarchés
30
Commerces
de proximité
20 Commerces
traditionnels
10 Hypermarchés
Grands
0 supermarchés
SOURCE: The Nielsen Company. 2015. The future of grocery. E-commerce, digital technology and changing
shopping preferences around the world. New York (États-Unis d’Amérique).
| 37 |
AFGHANISTAN
Tendances: les principaux Une jeune fille achète des produits laitiers dans un
moteurs du changement magasin local. La FAO vient en aide au secteur de
transformation du lait pour améliorer les revenus des
au XXIe siècle femmes dans les zones rurales. ©FAO/Danfung Dennis
TENDANCE 12 DES SYSTÈMES ALIMENTAIRES EN ÉVOLUTION
d’approvisionnement alimentaires plus aval liées à des chaînes de valeur «longues».

longues, ce qui peut être associé à des Cependant, si des technologies générant
émissions de GES plus élevées, tant émanant des niveaux élevés d’émissions de GES sont
des intrants de production (p. ex. engrais, adoptées pour produire des aliments qui sont
machines, pesticides, produits vétérinaires et transportés à une grande distance de leur lieu
transport) et des activités menées en dehors d’origine, cela aboutira à des émissions de
des exploitations agricoles (p. ex. transport, GES relativement plus élevées. Par exemple,
transformation et distribution). Les chaînes les agriculteurs kenyans qui fournissent des
de valeur mondiale ont considérablement choux aux supermarchés locaux utilisent
accru l’utilisation du transport sur de longues presque deux fois plus de produits chimiques
distances entre la production primaire, la par unité de production que les agriculteurs
transformation et la consommation. ne le font normalement. Si la fourniture
de supermarchés nécessite plus d’engrais
L’adoption de technologies générant des chimiques et d’énergie fossile par unité de
émissions relativement faibles dans les phases production, les émissions de GES pourraient
de production primaire pourraient largement augmenter durant la transition de chaînes de
compenser les émissions plus élevées en valeur «traditionnelles» à «modernes».
| 38 |
TENDANCE 13
PERTES ET GASPILLAGE ALIMENTAIRES
À l’échelle mondiale, environ un tiers représenterait plus de 10 pour cent de la
de tous les aliments produits est perdu consommation énergétique mondiale pour
ou gaspillé. la production d’aliments, tandis que les
Une autre indication de l’inefficacité des autres empreintes environnementales sont
systèmes alimentaires actuels est le fait liées à la génération d’émissions de GES et
qu’environ un tiers de tous les aliments au gaspillage des ressources naturelles pour
produits est soit perdu soit gaspillé à un produire les aliments perdus.
stade ou un autre de la chaîne alimentaire.
Cela peut se produire tant lors de la Dans les pays à faible revenu, une partie
production primaire qu’au stade de la considérable de la perte d’aliments
transformation ou de la consommation survient en amont, lors de la récolte et
(figure 13.1). Selon les estimations, l’énergie durant la manutention post-récolte, du
intrinsèque des aliments perdus ou gaspillés fait des infrastructures médiocres, du
FIGURE 13.1 DISTRIBUTION DES PERTES ET DU GASPILLAGE ALIMENTAIRE LE LONG DE LA CHAÎNE DE DISTRIBUTION
Afrique du
Europe Amérique Japon/ Amérique Nord/Asie Afrique Asie du
(dont la du Nord/ République latine de l’Ouest sub- Sud et du
Fédération Océanie de Corée/ et Asie saharienne Sud-Est
de Russie) Chine centrale
35
Pourcentage
3.7 1.3
5.5 Consommation
4.6
30 4.1
10.3
Distribution
5.6 4.5 2.6
25 12.6 10.6
7.5
Transformation,
4.6 emballage
6.3
20 4.4 Post-récolte
2.2 2.7
2.4 12.7
3.9 3.1 7.5 Récolte
15 3.4
7.8
3.4 9.6
3.5 6.6
10
11.3 13.4 12.5
5 10.5 9.0 10.8
8.7
SOURCE: HLPE. 2014. Food losses and waste in the context of sustainable food systems. Un rapport du Groupe
d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition du Comité de sécurité alimentaire mondiale.
Rome; et FAO. 2011. Global food losses and food waste. Extent, causes and prevention. Rome.
| 39 |
moteurs du changement Gaspillage alimentaire.
au XXIe siècle ©FAO/Jonathan Bloom
TENDANCE 13 PERTES ET GASPILLAGE ALIMENTAIRES
faible niveau de technologies, d’une base aliments sont perdus ou gaspillés durant les
de connaissances limitée et du manque stades de distribution et de consommation.
d’investissements dans la production. Ce pourcentage est inférieur en Afrique du
Les pertes d’aliments tendent aussi à être Nord et en Asie centrale (11 pour cent) et
causées par des contraintes techniques beaucoup plus faible en Amérique latine,
et relatives à la gestion en matière de en Asie du Sud et du Sud-Est et en Afrique
récolte, de stockage, de transport, de subsaharienne (de 5,9 à 7,8 pour cent).
transformation, de conditionnement et de
commercialisation. Les plus grandes pertes Il n’est pas facile de quantifier les tendances
ont lieu dans les secteurs de la production et des pertes et du gaspillage d’aliments
de la transformation agricoles et halieutiques car les chaînes d’approvisionnement
à petite et moyenne échelle. L’incertitude alimentaires sont en pleine évolution,
concernant les conditions météorologiques varient considérablement d’une région à
et de marché et les cadres institutionnels l’autre et font intervenir plusieurs acteurs.
faibles contribuent aussi aux pertes. Tous En dépit de cela, les données de plus en
les ans, en Afrique, environ 13 millions de plus nombreuses du degré de pertes et de
tonnes de céréales – soit plus de 15 pour gaspillage d’aliments ont mené à des appels
cent de la production céréalière totale – sont à l’action, y compris des efforts de suivi d’un
perdues durant les opérations post-récolte. Indice mondial des pertes alimentaires, ainsi
En Amérique du Nord, en Europe, au Japon qu’à un travail de sensibilisation afin de
et en Chine, environ 15 pour cent des modifier les comportements des gens.
| 40 |
TENDANCE 14
GOUVERNANCE POUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
ET LA NUTRITION
Pendant plus de 20 ans, à partir du début des engagement en faveur d’approches itératives,
années 1990, la réflexion des experts de la ascendantes, axées sur la résolution des
communauté internationale du développement problèmes et expérimentales en vue d’une
se concentrait principalement sur le concept gouvernance améliorée ou plus efficace.
de promotion de la «bonne gouvernance»,
c.-à-d. l’amélioration de la transparence, Un nouveau cadre de gouvernance est
l’élargissement de la participation et la nécessaire pour réaliser les Objectifs de
garantie de l’inclusion sociale dans les développement durable.
processus délibératifs, l’élimination de la Pour être efficaces, les efforts fournis pour
corruption et la promotion de la réforme réaliser les Objectifs de développement durable
institutionnelle. Grâce à des prêts destinés (ODD) demandent une prise de conscience
à des programmes de bonne gouvernance, du rôle crucial qu’une gouvernance mondiale
d’énormes investissements ont été faits pour et nationale responsable et efficace pourrait
encourager de nouvelles normes de gestion jouer dans la réalisation des objectifs de
financière et d’administration publique, en développement clés, et ce parce que 1) aucun
suivant les progrès grâce à des systèmes de pays n’a emprunté une voie durable et aucun
suivi et des indicateurs spécifiques de «bonne pays ne peut atteindre tous les objectifs à lui
gouvernance». Une limite clé de l’ordre du seul; 2) les objectifs mondiaux doivent être
jour de la bonne gouvernance était qu’il atteints dans une optique «ascendante»;
était trop formel et orienté, sur le plan de 3) les ressources nationales ainsi que les
la procédure, vers la résolution des goulots partenariats privés doivent être mobilisés;
d’étranglement complexes en matière de 4) les politiques publiques doivent être
politiques générales et des conflits politiques cohérentes, car le développement est complexe
qui entravent une gouvernance efficace. et doit faire intervenir tous les acteurs et
Dans le même temps, les gouvernements se secteurs; 5) le Programme de développement
sont montrés de moins en moins disposés durable à l’horizon 2030 promeut une
à investir dans des programmes offrant coopération élargie pour améliorer l’accès
peu d’avantages tangibles et perçus comme aux financements, aux investissements, aux
une diversion par rapport à des objectifs marchés et aux technologies, au soutien aux
de développement plus importants. Enfin, politiques publiques et au développement des
au cours des 10 dernières années, les idées capacités; et 6) le cadre mondial des indicateurs
prépondérantes privilégiaient un ordre du jour pour suivre les progrès laisse clairement
plus modeste et pragmatique, défini par un entendre le concept de «redevabilité mutuelle».
| 41 |
MALAWI
Tendances: les principaux Une bénéficiaire du Programme de
moteurs du changement transferts sociaux se tient devant sa maison,
sa bicyclette à la main.
au XXIe siècle ©FAO/Amos Gumulira
TENDANCE 15
FINANCEMENTS POUR LE DÉVELOPPEMENT
Le paysage des financements pour le niveau des flux financiers vers les pays
développement est en évolution. à revenu faible et intermédiaire et
Les financements pour le développement l’importance croissante des financements
constituent le moyen le plus efficace privés (en particulier investissements
de stimuler la croissance économique directs étrangers et obligations) et de la
et de réduire la pauvreté. Ce paysage mobilisation de ressources au sein des
est en pleine évolution, et on observe pays. La disponibilité de financements en
une augmentation considérable du quantité suffisante est l’un des principaux
FIGURE 15.2 COMPOSITION DES FLUX FINANCIERS POUR LES PAYS À REVENU FAIBLE, 2012
Pourcentage
100 Envois de fonds

90 Dons privés
80 Flux commerciaux
privés
70
Autres flux
60 officiels
50 Aide publique au
développement
40
30
20
10
0
Pays à revenu Pays à revenu Pays les
élevé et faible et moins
intermédiaire intermédiaire développés
SOURCE: OCDE. 2015. Development Cooperation Report 2015. Making partnerships effective coalitions for
action. Paris, OCDE.
| 42 |
défis à relever pour assurer le succès du dans le financement externe global pour
Programme 2030. En effet, bien que le les pays à revenu intermédiaire de la
secteur public ne soit pas un investisseur tranche supérieure est relativement
majeur, il peut jouer un rôle de catalyseur faible – ils dépendent maintenant
au moment de donner forme aux principalement de flux privés prenant
politiques et au cadre de réglementation. la forme d’investissements directs
De nouveaux mécanismes de financement étrangers (IDE) et d’obligations – ils
comme le Fonds vert pour le climat ont reçoivent cependant 40 pour cent des
fait leur apparition, et peuvent avoir subventions APD. Dans un monde
des effets multiplicateurs au moment post-2015, l’APD et la mobilisation
d’obtenir par effet de levier des flux traditionnelle de ressources sont
d’investissement publics et privés. susceptibles de continuer à être
importantes pour financer les efforts de
L’aide publique au développement développement des pays à faible revenu.
(APD) reste une source considérable Cependant, elles pourraient ne pas
de financement pour les pays à faible suffire pour financer les efforts qui
revenu, les États fragiles et les États en répondent aux ambitions mondiales
situation de conflit. Si la part de l’APD des ODD.
| 43 |
Défis mondiaux
pour l’alimentation
et l’agriculture
| 44 |
Les tendances mises en évidence plus-haut garantir la sécurité alimentaire pour tous,
évoquent des défis précis que l’alimentation à améliorer les moyens de subsistance
et l’agriculture doivent relever si l’on veut ruraux et à rendre l’agriculture, les pêches
que la faim, l’insécurité alimentaire et la et la foresterie et leur base de ressources
malnutrition soient éliminées d’ici à 2030. naturelles plus résilientes, productives
et durables. Ces défis ont tous un point
Les défis identifiés sont tous pertinents commun: ils doivent être relevés de manière
pour la mission de la FAO consistant à globale et systémique.
DÉFIS POUR LA STABILITÉ maintien de la capacité La plupart des personnes

ET LA DISPONIBILITÉ DES de la base de ressources pauvres et souffrant de la
ALIMENTS naturelles de la planète faim dans le monde sont
Améliorer, de manière durable, à nourrir la population des habitants de zones
la productivité agricole afin mondiale croissante tout rurales qui parviennent
de satisfaire la demande en réduisant l’empreinte à peine à subvenir à
croissante. Des améliorations environnementale et leurs besoins grâce à
considérables de l’efficacité climatique de l’agriculture l’agriculture, la pêche et
de l’utilisation des ressources est crucial pour garantir le la foresterie. Cependant,
et de la conservation des bien-être des générations la croissance en faveur
ressources seront requises si actuelles et futures. des pauvres dépend de
nous voulons collectivement facteurs qui vont au-delà de
parvenir à l’augmentation Prévenir les ravageurs et l’agriculture: elle suppose
prévue de la demande maladies transfrontaliers. l’accès à une éducation de
d’aliments de 50 pour cent Le contrôle des ravageurs qualité, la diversification
entre 2012 et 2050. et maladies transfrontaliers économique vers des
est un facteur majeur dans activités rurales non
Garantir une base de l’optimisation de l’élevage agricoles rémunératrices,
ressources naturelles durable. et de la production agricole un soutien à la création
En raison de leur expansion et de l’innocuité des d’emplois, et des
récente ininterrompue, aliments. Il nécessitera une mécanismes adéquats de
les terres agricoles sont coordination et des capacités protection sociale, dont tous
soumises à des contraintes internationales pour doivent être financés.
et l’eau se raréfie, de sorte comprendre les risques, puis
que toute augmentation de pour contrôler, prévenir et, Éliminer la faim et toutes
la production agricole devra en fin de compte, éradiquer les formes de malnutrition.
provenir principalement tous ces ravageurs et La croissance moyenne
de la conservation et de maladies. des revenus par habitant
l’utilisation efficace des devrait donner lieu à des
ressources naturelles. DÉFIS POUR L’ACCÈS résultats positifs sur le plan
AUX ALIMENTS ET LEUR de la nutrition, tandis qu’un
Lutter contre les changements UTILISATION nombre accru de personnes
climatiques et l’intensification Éradiquer la pauvreté extrême consomment des produits
des aléas naturels. Le et réduire les inégalités. dérivés des animaux et des
| 45 |
Défis mondiaux
pour l’alimentation
et l’agriculture
aliments riches en graisses DÉFIS SYSTÉMIQUES POUVONS-NOUS SUBVENIR

et sucres. Cependant, au vu Rendre les systèmes DURABLEMENT AUX BESOINS
des modes de vie urbains alimentaires plus efficaces, ALIMENTAIRES D’UNE
sédentaires, toutes les inclusifs et résilients. Les POPULATION QUI DEVRAIT
formes de malnutrition changements survenant ATTEINDRE LES 11 MILLIARDS
risquent d’augmenter – au niveau des systèmes DE PERSONNES D’ICI À 2100?
sous-alimentation, carences alimentaires donnent lieu à Plusieurs conclusions clés
en micronutriments, de nouvelles préoccupations peuvent être tirées du bilan
surpoids et obésité. et défis concernant la teneur et de l’analyse qui précèdent
nutritionnelle des aliments, des tendances mondiales
Améliorer les opportunités l’empreinte écologique des qui influencent la sécurité
rémunératrices en milieu chaînes d’approvisionnement alimentaire, la pauvreté et la
rural et remédier aux alimentaires et la participation faim, ainsi que la durabilité
causes fondamentales de la des petits exploitants à ces des systèmes agricoles et
migration. La gestion des flux chaînes. alimentaires. Tout d’abord, la
migratoires et l’amélioration demande globale d’aliments
des revenus et des Répondre aux besoins pour continuera à augmenter, et ce
opportunités d’investissement ce qui est d’une gouvernance dans un contexte de pénurie
dans les zones rurales nationale et internationale croissante de ressources
demanderont des efforts cohérente et efficace. naturelles et de changements
supplémentaires pour veiller Les défis à relever en matière importants de la composition
à ce que les plus faibles d’alimentation et d’agriculture structurelle de la demande
profitent des avantages de sont largement interconnectés, d’aliments et de produits
l’intégration des marchés comme le souligne le agricoles. Les changements
et des investissements Programme de développement climatiques et la concurrence
dans l’agriculture, et durable à l’horizon 2030 accrue autour des ressources
pour lutter contre les et les accords mondiaux naturelles continueront à
causes fondamentales des associés. Pour relever tous contribuer à la dégradation et
migrations. ces défis, il faudra mettre à l’insuffisance de ressources
en œuvre des approches naturelles, avec des impacts
Renforcer la résilience face nationales et internationales négatifs sur les moyens de
aux crises de longue durée, aux qui s’éloignent de la subsistance et la sécurité
catastrophes et aux conflits. formulation de politiques liées alimentaire des populations.
Des processus de résilience à des secteurs spécifiques. Il Les problèmes de pauvreté
et de développement faudra par ailleurs éviter les extrême, de faim, d’insécurité
davantage déterminés par les lacunes passées au sein des alimentaire et de sous-
risques, plus inclusifs et plus mécanismes de gouvernance, alimentation persisteront,
équitables seront essentiels systèmes de réglementation, ainsi que la hausse du
pour prévenir l’augmentation et cadres de suivi et de surpoids, de l’obésité et des
du nombre de conflits de par redevabilité mondiaux et maladies chroniques liées au
le monde. nationaux passés. régime alimentaire.
| 46 |
Les catastrophes naturelles monde dans le processus de communauté internationale

augmentent en nombre et développement. en septembre 2015 présente
en intensité et on s’attend une vision convaincante, mais
à ce que, conjuguées aux Les changements et riche en défis, de la manière
événements météorologiques transitions rapides en cours dont des objectifs multiples
extrêmes, elles renforcent le au niveau des systèmes peuvent être combinés pour
besoin à l’échelle mondiale alimentaires exigent de définir de nouvelles voies de
d’aide humanitaire et de plus en plus des systèmes développement durable.
renforcement de la résilience de gouvernance nationaux
pour les agriculteurs et les et internationaux efficaces, Les accomplissements
ménages ruraux. Dans le ainsi que des réponses dépendront de la manière
même temps, les ravageurs fondées sur les données dont les décideurs et les
et maladies des plantes factuelles et bien ciblées en parties prenantes intégreront
transfrontaliers et d’autres matière de politiques. Des différentes actions pour
menaces émergentes investissements accrus dans parvenir à des objectifs
continuent de provoquer les systèmes agricoles et interconnectés et aborderont
des crises au niveau des agroalimentaires, y compris les défis interdépendants. Sur
systèmes agricoles et des dépenses accrues en le chemin du développement
alimentaires et d’avoir une recherche et développement, durable, tous les pays sont
incidence sur la productivité sont requis pour améliorer interdépendants.
et la santé humaine. Les la productivité agricole et
conflits se poursuivent et promouvoir l’innovation afin Le développement durable
pourraient s’intensifier de parvenir à une agriculture, est un défi universel et la
dans de nombreuses une prospérité rurale et une responsabilité collective en
régions du monde, avec des sécurité alimentaire durables. incombe à tous les pays. Il
conséquences économiques suppose des changements
et sociales répandues au-delà Pour ce qui est de l’avenir, les fondamentaux de la manière
des pays touchés. systèmes actuels pourraient dont toutes les sociétés
bien être en mesure de produisent et consomment.
Une transformation rurale produire assez d’aliments L’approche fondée sur le
dynamique a lieu dans la mais, si l’on veut qu’ils le statu quo n’est plus une
plupart des pays à faible fassent de façon inclusive et option. D’importants
revenu et on s’attend à ce durable, ils nécessiteront un changements sont requis
qu’elle se poursuive. Elle remaniement total. au niveau des systèmes
aura des impacts sur les agricoles, des économies
systèmes de production La communauté rurales et de la gestion des
agricole, l’emploi, la internationale est on ne peut ressources naturelles pour
nutrition et la migration, et plus consciente de ces défis. relever des défis multiples
soulèvera pour la société En particulier, le Programme et garantir un avenir sûr et
le défi de trouver des de développement durable à sain pour chacun et pour
manières d’inclure tout le l’horizon 2030 adopté par la l’environnement.
| 47 |
L’AVENIR DE Le présent rapport a pour but
L’ALIMENTATION de mieux faire comprendre
ET DE la nature des défis auxquels
L’AGRICULTURE sont actuellement confrontés
TENDANCES l’agriculture et les systèmes
ET DÉFIS alimentaires, et ceux auxquels
ils seront confrontés plus
avant dans le XXI siècle. Quinze grandes tendances
e
se dégagent, qui permettent de mieux comprendre les

enjeux, et les actions à mener. Ces tendances sont pour la
plupart fortement interdépendantes et, prises dans leur
ensemble, débouchent sur 10 défis auxquels il faudra
trouver des réponses si l’on veut parvenir à la sécurité
alimentaire et à la nutrition pour tous et instaurer une
agriculture durable. On ne peut pas continuer sans rien
faire. De profonds changements devront intervenir dans
les systèmes agricoles, les économies rurales et la gestion
des ressources naturelles pour que le plein potentiel de
l’alimentation et de l’agriculture se réalise afin d’assurer
un avenir sain et sûr à chacun et à la planète tout entière.
I6881FR/1/02.17
La publication intitulée L’avenir de

l’alimentation et de l’agriculture:
Tendances et défis est disponible à
l’adresse: www.fao.org/3/a-i6583e.pdf
| 48 |
RÉSUMÉ

L'avenir de L'alimentation Et de L'agriculture: Tendances Et Défis

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L’avenir de

1 Croissance démographique, urbanisation et vieillissement 9

2 Croissance économique mondiale, investissement,

3 Concurrence accrue pour l’exploitation

5 Productivité et innovation agricole 20

6 Ravageurs et maladies transfrontaliers 22

7 Conflits, crises et catastrophes naturelles 24

8 Pauvreté, inégalité et insécurité alimentaire 26

10 Changements structurels et emploi 32

11 Les migrations et la féminisation de l’agriculture 34

12 Des systèmes alimentaires en évolution 36

13 Pertes et gaspillage alimentaires 39

14 Gouvernance pour la sécurité alimentaire et la nutrition 41

15 Financements pour le développement 42

1 Améliorer, de manière durable, la productivité agricole

2 Garantir une base de ressources naturelles durable

3 Lutter contre les changements climatiques

4 Prévenir les ravageurs et maladies transfrontaliers

5 Éradiquer la pauvreté extrême et réduire les inégalités

6 Éliminer la faim et toutes les formes de malnutrition

7 Améliorer les opportunités rémunératrices en

8 Renforcer la résilience face aux crises de longue durée,

9 Rendre les systèmes alimentaires plus efficaces,

10 Répondre aux besoins pour ce qui est d’une gouvernance

la faim et la pauvreté tout en développement durable (ODD),

Au cours du siècle passé, d’énormes contribuent à améliorer le niveau

cher à l’environnement. Les impacts actuels sont-ils capables de satisfaire

50 Prospects: the 2015

TENDANCE 2 CROISSANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE, INVESTISSEMENT, ÉCHANGES

entourées d’une grande incertitude L’agriculture continue d’exiger

45 NOTE: Les groupes régionaux n’incluent

pas les pays à revenu élevé.

FIGURE 2.9 RAPPORT CAPITAL-PRODUIT NET AGRICOLE (VALEUR AJOUTÉE), 1990-2015

Pays à revenu élevé

1990 1995 2000 2005 2010 2015

TENDANCE 2 CROISSANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE, INVESTISSEMENT, ÉCHANGES

à revenu élevé, contre environ 1,5 dans l’opportunité de gagner, d’épargner et

TENDANCE 3 CONCURRENCE ACCRUE POUR L’EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES

importante perte annuelle nette de l’agriculture, de l’industrie et des villes

NOTE: La catégorie «Autres sources» comprend le transport international.

TENDANCE 4 CHANGEMENTS CLIMATIQUES

l’élevage et la gestion des sols et des L’impact des changements climatiques

TABLEAU 5.1 AUGMENTATION DE LA PRODUCTION AGRICOLE NÉCESSAIRE POUR FAIRE

2005/2007 2012-2050 2005/2007 2013-2050

Afrique subsaharienne et Asie du Sud

processus inédit d’industrialisation serait d’environ un tiers au-dessus des

Afrique Asie Amérique latine/ Proche-Orient

personnes et la migration, comme l’illustre L’agriculture en Asie a été principalement

Pays à revenu faible et Croissance par habitant

intermédiaire (sauf Chine) Chine de la formation de capital

l’ensemble du continuum entre les actions en faveur des pauvres va au-delà de

1000 Afrique subsaharienne

900 Asie du Sud

TENDANCE 8 PAUVRETÉ, INÉGALITÉ ET INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Les pays à revenu faible et extrême en Afrique. Les inégalités en matière

TENDANCE 9 riches en calories et en graisses, et contenant

FIGURE 9.1A APPORT ÉNERGÉTIQUE PAR HABITANT PAR SOURCE, 1961-2050

Pays à revenu élevé Pays à revenu faible

SUITE À LA PAGE SUIVANTE FIGURE 9.1B

TENDANCE 9 NUTRITION ET SANTÉ

FIGURE 10.1 CONTRIBUTIONS SECTORIELLES DU PIB GLOBAL, PAR RÉGION, 1980-2010

basées sur les

le secteur de l’agriculture est passée Cependant, certaines données indiquent